Il y'a de cela 300 ans...

« Vous êtes sûr que c’était elle ? »

La voix de l’homme assis à sa table favorite était emprunte de contrariété en levant les yeux de son assiette vers son invité, tournant la tête.

L’elfe hocha alors la tête gravement.
« Certain. Ce qui contrariera fortement mon seigneur si il venait à l’apprendre. » lâcha le commerçant elfe pour son hôte avec désinvolture et une menace latente qui ne plut pas au maitre des lieux. L’elfe restait dans l’ombre, adossé en arrière sur sa chaise alors qu’il tapotait la table ornée d’une belle nappe à carreaux de ses ongles manucurés, n’offrant à son hôte que la vision de la manche de sa belle veste de velours grenat malgré la chaleur étouffante de ce début d’après midi sur le port d’Ishtar.

Le maitre des lieux posa son couvert sur le coté de son plat de faïence, plongeant ses mains dans la bassine de cuivre sur la table basse à coté de lui pour les laver et les essuyer avec lenteur.
« Vous me menacez ? » demanda t il lentement.

Ishtar Ben Youssef était un homme que le pouvoir avait rendu un peu gras, mais il restait un prédateur et s’était hissé à la tête de son organisation à force de ténacité, de fourberie, de cruauté et d’intelligence et savait encore mettre la main à la pâte. Il aurait volontiers égorgé sur le champ de cancrelat à longues oreilles, mais il aurait été mal avisé de se mettre à dos ses employeurs.

« Je vous rappelle simplement à vos obligations, maitre Ben Youssef, rien de plus, et rien de moins. » sourit l’elfe
« Vous nous aviez assuré qu’il n’y avait aucun survivant. Je suis dans l’obligation de croire que vos exécutants ont menti. » lâcha l’elfe, reprenant en soutenant son regard. Lui non plus n’était pas né de la dernière pluie.

« Remédiez à cela, voulez vous, et je considérerais l’incident clos. La providence vous épargne même le déplacement sur nos terres. Celle que vos assassins ont manqué se pavane sous votre nez, dans votre ville, avec sa famille adoptive. Vous avez été grassement payé pour faire disparaitre ces gêneurs, alors faites le.» continua l’elfe d’une voix tranquille.

Maitre Ben Youssef devait reconnaitre qu’il n’avait pas tort, et nota mentalement de châtier les coupables de cette opération en servant deux tasses de thé à la menthe.
Il agita une petite clochette.

Un de ses sbires les rejoignit dans l’alcove.

« Une elfe, jeune, cheveux noirs, sûrement accompagnée, environ 5 pieds de haut vêtue d’une robe émeraude. Je l’ai vue sur le marché aux épices.» détailla l’elfe sans sortir de l’ombre à l’attention des deux humains.
« Tu a compris ? fais vite et ne revient pas si elle n’est pas morte ava nt ce soir. » renchérit le maitre des lieux en fixant son sbire avec intensité.

Celui-ci n’avait que deux choix, tuer cette gamine aux oreilles pointures sans se faire prendre ou quitter très vite cet endroit en passant le reste de sa vie à regarder derrière lui.