Les derniers bateaux aux lignes de flottaison basses s’amarrèrent aux quais alors que le Soleil offrait ses derniers rayons sur le port. Assis sur une des jetées, les jambes dans le vide, l’Homme Lézard contemplait pour la première fois de sa vie la plus grande étendue d’eau qu’il lui ait été donné de voir. Les embruns iodés soufflaient dans ses quelques plumes et amenaient des parfums de poissons, d’algues, de sel et de sable, inconnus jusqu’à lors de Sslozmek. Il admirait la conception des immenses navires aux coques lourdes, épaisses mais néanmoins élancées et lisses. Il était stupéfait de voir de telles masses flotter, mues uniquement par la force du vent et d’avantage encore à l’idée qu’elles  transportent des tonnes de vivres et marchandises. L’homme lézard avait passé la majeure partie de la journée à contempler les allées et venues au port. Il s’était amusé à suivre certains bateaux jusqu’à ce qu’ils disparaissent à l’horizon. Il s’était alors demandé où se rendaient les équipages, pour combien de temps, allaient ils seulement revenir ? Sslozmek ignorait tout de l’Océan. Il n‘en avait entendu parler que rarement. Autrefois, il pensait que, passé quelques kilomètres dans les eaux, le bout du Monde était atteint. Visiblement il s’était trompé. En écoutant les conversations de certains marins, l’homme lézard appris que la plupart des équipages voguaient pendant plusieurs mois avant de mouiller à nouveau dans un port. Certains allaient pêcher, d’autres exporter ou importer des biens et ressources et d’autres encore piller ces dits biens et ressources. Ainsi, les voleurs et les malfrats ne se contentaient pas du rivage.

   Lorsque le Soleil eut disparu de l’horizon, l’homme lézard retourna dans la ville aussi vivante la nuit que le jour. En s’éloignant du port, les maisons prestigieuses en pierres taillées laissaient place aux bicoques en bois et en torchis. Il rejoignit les quartiers les plus pauvres de la ville et s’engouffra dans les ruelles étroites, sombres et infestées par la vermine. Il garda une main sur sa dague en la dégainant à moitié lorsqu’il croisait des passants aux allures de brigands. La plupart passaient leur chemin sans même le regarder, d’autres avisaient son sac puis détournaient la tête devant le Naga qui les dépassait tous à peu près d’une tête. « Ou alors ce n’est que partie remise » pensa-t-il.

   Après un long moment à se perdre dans les rues presque désertes, il suivit les bruits familiers de cliquetis de couverts, de chocs de choppes sur les tables ainsi que des conversations plus ou moins animées. Il arriva enfin devant une auberge alors que son ventre criait famine. Il lut l’enseigne branlante à haute voix :

-Au rat d’égout lub…

   Il ne s’embêta pas à lire la suite et leva les yeux au ciel tout en poussant la vieille porte de la bâtisse. Le brouhaha était encore plus assourdissant à l’intérieur. D’autant plus que certains clients semblaient être bien trop joyeux pour en être qu’à leur première pinte. L’Homme lézard se rendit au comptoir, commanda une bière ainsi qu’un repas puis demanda une table la plus éloignée possible de tout ce raffut d’ivrognes. Un serveur lui montra une minuscule table longeant l’un des murs en bois de l’auberge. A en juger par l’état des tables ébréchées, des poutres amochées et des mûrs aux multiples griffures et éclaboussures, les bagarres devaient y être très fréquentes. A vrai dire, l’homme lézard avait choisi de passer la nuit dans l’auberge la moins chère de tout Ishtar sans prendre en considération le type de fréquentation qu’un tel lieu pouvait avoir. Il s’assit donc sur le tabouret bancal de la petite table ronde et sortit de sa grosse sacoche l’épais livre de Srishti qui l’accompagnait toujours. Une chaîne était solidement attachée au livre et s’enroulait autour de son cou afin qu’aucun voleur ne puisse le subtiliser. Il déposa le lourd ouvrage inachevé sur la table, caressa la couverture en écailles bleues et vertes de sa bien-aimée puis l’ouvrit enfin. Il le feuilleta, lu en travers quelques prières et s’arrêta sur une histoire comptant plus en détail ce que Srishti décrivait comme la « Grande Eclosion » : lorsque le peuple Naga vit le jour. Aujourd’hui où en étaient-ils après des centaines d’années de sacrifices? Le Basilic, la Mère de tous les Nagas, n’était toujours pas revenue et cela commençait à peser lourdement sur ses enfants. Mais Sslozmek n’était pas venu à Ishtar pour chercher une piste sur le Basilic, il était peu probable qu’il se trouve enfermé sous la ville. Cela dit, tout était possible. La perfidie et la complexité des elfes n’avaient pas de limites. Ecarter cette hypothèse serait une erreur.

   Il tourna les pages unes à unes puis finalement retourna le livre pour arriver directement à la fin. Il arracha une page vierge avec précaution qu’il posa sur la table. Il rangea l’ouvrage dans sa sacoche et en sortit à la place une plume ainsi qu’un petit pot d’encre. Il s’attela alors à écrire une description succincte de sa fille. « Une jeune femme-lézard-Naga avec des écailles noires et rouges, de longues plumes rouges, des yeux jaunes aux pupilles verticales, deux longues cornes droites, trois autres paires bien plus petites derrière ses joues, grande, élancée et musclée, âgée de… » Un homme s’écroula sur la table, renversant la bière, l’encre et la page sur le sol qui était devenu un torchon illisible. L’homme lézard hoqueta de surprise avant d’aviser deux autres hommes armés de gourdins qui venaient de frapper le malheureux à ses pieds. L’ambiance de la taverne s’était dégradée. Beaucoup de groupes se battaient entre eux et quelques utilisateurs de magie étaient également de la partie. Sslozmek regarda l’homme à terre qui semblait assommé puis les deux agresseurs tour à tour, sans dire un mot.

-Qu’est-ce qu’il a la face de hareng ?Interrogea l’un d’eux.

   Il serra les poings alors que son interlocuteur révéla un sourire édenté en se préparant à frapper. « Sslozmek, tu ne fais pas le poids, ce n’est pas la peine. ». Il prit une grande inspiration, indiqua avec des gestes qu’il n’en avait rien à faire de l’homme à terre et sortit en trombe de l’auberge sans oublier ses affaires. Là, il relâcha toute sa colère ce qui fit ressortir d’avantage son accent :

-Sssat’tanés humains !

   Il donna un coup de pied dans une cagette vide.

-Sssat’tanée ville !!

   Cette fois ci, il jeta son dévolu sur une caisse qui vola dans la ruelle.

-Et fout’tue gamine !!!

   Il frappa un tonneau plusieurs fois jusqu’à s’en abîmer les mains. Il tenta alors de se calmer. Mieux valait ne pas trop attirer l’attention sur lui. Il prit une profonde inspiration et se laissa glisser contre un mur où il s’assit sur les dalles humides. Puis, il dégaina sa dague en forme de serpent ondulant et la fixa un moment avant de marmonner :

-je n’y arriverais pas Mère. Ni à vous sauver, ni à retrouver Shelzee. Je ne sais pas ce que Srishti a vu en moi, mais elle a eu tort.

Kaïna venait de rendre le canasson qu'elle avait loué aux écuries et se dirigeait vers l'Âme du Vent. Tandis qu'elle arrivait au port, elle croisa Pevar qui se dirigeait vers la ville. L'homme lézard la salua et dit:

"Hey capitaine, tu es revenue! Mais, le nain est pas avec toi? Il en avait déjà marre d'être pirate?

-Non, on a reçu une missive par oiseau messager. Il s'agissait d'une commande de minerais d'un certain Sslozmek. J'ai chargé Thorfin de l'honorée à ma place. Non seulement j'avais la flemme mais, il semblait quand même content de revoir ses compagnons. Cette fois, il pourra les quitter le coeur léger quand il reviendra.

-Je comprends. C'est pas trop mon truc les affaires de sentiments mais, depuis que j'ai rejoint ton équipage, je commence à m'y faire. Je dis pas que je serais triste si je devais m'en aller mais, je n'en ai pas envie. J'allais en ville boire un coup, je suppose que tu voudras m'accompagner.

-Demande à un aveugle si c'est de l'ivoire!"

Pevar ne comprit pas tout de suite. Il avait un instant oublié que Kaïna se mélangeait tout le temps à chaque fois qu'il s'agissait de sortir une expression. Bon cela dit, cette fois, elle faisait fort. Cela n'avait absolument aucun sens. Il préféra toutefois ne rien répondre et ils prirent tous les deux le chemin des troquets. Kaïna sautillait à moitié plus qu'elle ne marchait et se retournait régulièrement pour regarder où en était son compagnon, percutant ainsi "malencontreusement" certains passants. Elle s'excusait alors avant de se remettre en marche toute guillerette et les poches un peu plus lourdes. Si Pevar savait à quoi elle jouait, lui-même n'était pas parvenu à la surprendre. Si on lui avait dit qu'un jour, il rencontrerait une voleuse aussi douée tout en étant aussi peu discrète, il n'y aurait pas cru. C'était pourtant son indiscrétion qui faisait sa discrétion. En effet, personne ne se méfiait d'une gamine qui s'agitait dans tous les sens en criant à tout va.

Les deux compagnons marchaient chacun à leur allure, Kaïna ralentissant parfois pour ne pas perdre son camarade. C'est alors qu'il s'arrêta devant une taverne dont la jeune femme n'eut pas besoin de regarder l'enseigne pour en connaître le nom. En effet, elle connaissait presque tous les troquets d'Ishtar. Si elle venait parfois ici, c'était uniquement parce que le nom l'amusait. En effet, ni la nourriture ni l'alcool n'y était bon et si les rats n'y étaient pas si lubriques que ça, ils pullulaient. Kaïna avaient beau n'avoir rien contre les rongeurs, elle avait déjà dû balancer le contenu de sa chope à la face du tavernier car il y avait une crotte de rat dedans et que ce dernier ne voulait pas lui la changer. Lorsque Pevar se dirigea vers l'entrée, elle soupira. La jeune femme passait certes son temps à boire mais, gaspiller son or dans de la piquette ne lui plaisait guère. D'autant qu'ils avaient sur le bateau quelques fûts du meilleur rhum de tout Dùralas. Enfin, il paraissait que boire de l'alcool avec un ami le rendait meilleur. Elle allait bien voir.

Sur le chemin du bar, Kaïna salua quelques visages familiers. Elle reconnut même des membres de l'équipage de son père. Il était évident toutefois que Gustav ne serait pas là. Tout comme sa fille adoptive, il avait en horreur les breuvages servis en ces lieux. Lorsqu'il furent face au tavernier, celui-ci devint blême en voyant la petite blonde. Celle-ci dit alors:

"Fais pas c'te tête, je vais pas te jeter ta bière à la tronche! Sers moi ce que tu as de meilleur et plus vite que ça!

-Mouais... A chaque fois que tu mets les pieds ici, ça se finit mal. Tu me demandes vraiment de te faire confiance?

-Je t'ai pas demandé de me faire confiance mais, de me servir ton meilleur alcool. Et si tu te dépêches pas, non seulement ça va mal finir mais, ça ne va pas bien commencer non plus.

-Tu crois peut-être que tu me fais peur?

-Arrête ton cirque! On croirait que je t'ai menacé... J'ai juste soif bordel! Alors sers moi ce que tu as de mieux pour moi et aussi pour mon ami bien entendu!"

Le tavernier s'exécuta finalement et revint avec deux pintes remplies de rhum. En tout cas, c'est ce que laissait penser l'odeur. Pevar avait été surpris par l'échange entre sa capitaine et le tenancier. Il dit alors:

"Je ne savais pas que tu n'aimais pas cette taverne. On aurait pu aller ailleurs si tu me l'avait dit.

-Personne n'aime cet endroit. Mais bon, les prix sont presque aussi bas que la qualité des produits qu'on y trouve. On peut donc boire à foison pour presque rien. Allez, levons plutôt nos verres!"

Ils trinquèrent alors et burent. Kaïna recracha aussi sec, prenant soin de viser le tavernier. Celui-ci saisit alors une bouteille vide sous le bar et tenta de l'abattre sur la jeune femme. C'était sans compter sur Pevar qui vint stopper son geste avant de lui asséner un violent coup de tête qui le projeta au sol, à moitié ko. Aussitôt, quelques clients rappliquèrent et tentèrent de passer par dessus le comptoir pour dérober des bouteilles. Malgré qu'elle n'aimait pas ce rade, Kaïna avait grandi dans une taverne et il y avait une règle d'or. Même si le tavernier est mêlé à la bagarre et fini à terre, personne ne dépouille le bar. Si cette règle est respectée, c'est pour que le tavernier puisse se réapprovisionner ensuite et ne pas épuiser le filon. Hors, ces types étaient en train de manquer à la règle. Aussitôt, elle se jeta sur eux et commença à distribuer des pains. Pevar lui emboîta le pas et une bagarre générale se déclencha alors. Grâce à son agilité, elle parvenait à esquiver la plupart des coups. L'homme lézard quant à lui les encaissait sans broncher avant de projeter ses adversaires au sol.

La baston continuait bon train quand Kaïna remarqua un autre homme lézard qui se dirigeait vers la sortie. Elle fit signe à son compagnon et le lui désigna. Ce à quoi il répondit:

"Un autre homme lézard? Oui et alors? J'en ai rien à secouer!

-Mais non, idiot! Même si ça avait été un probotyre, je te l'aurais montré. C'est bizarre la façon dont il fuit la baston.

-Je ne vois pas...

-Je vais le voir, tu viens avec moi?"

Sans même attendre de réponse, elle s'extirpa de la bagarre et se dirigea vers la sortie où elle espérait pouvoir rattraper l'inconnu. Pevar soupira et la suivit. Dehors, ils ne tardèrent pas à le trouver, assis, jouant avec une dague d'assez belle facture. Vu le foutoir alentour, il avait dû pester et passer ses nerfs sur la caisse qui se trouvait proche d'eux. En fait, Pevar l'avait entendu. Il roulait les "s". Sans doute avait-il grandi aux côtés de pairs. Le lézard pirate avait été élevé par des humains et avait vite perdu cette manie. Il salua l'étranger le premier en disant:

"Salut, on dirait que tu n'es pas du coin. Ici, les bagarres dans les bars sont monnaie courante, tu vas devoir t'y faire! Et ne maudits pas les humains ainsi. A Ishtar, il y a de tout. C'est le hasard si ce sont des humains qui te sont tombés dessus. Dans ce rade, la plupart sont des parias, s'ils t'ont regardé de travers, c'était seulement pour t'inciter à te battre.

-C'est bon, t'as fini? Bon, toi là, le pleurnichard! Tu vas ranger cette dague, c'est une baston de taverne, on va pas commencer à s'entretuer. Et puis, quand tu auras fini de t'apitoyer sur ton sort, tu pourras peut-être me dire ce qui t'arrive. Enfin, quand tu m'auras suffisamment raconté ta vie ou quand j'en aurai marre, on retournera à l'intérieur et on ira péter la gueule à quelques bouffons. Si tu t'en sors bien, je t'emmènerai dans un endroit plus calme avec des produits de meilleure qualité. Tu en dis quoi?"

Elle tendit alors la main à l'homme lézard. A côté, Pevar gardait l'oeil rivé sur son congénère. Rien ne garantissait qu'il n'allait pas tenter quelque fourberie. C'est alors que la capitaine se rendit compte qu'elle avait oublié de se présenter. Elle dit alors en souriant:

"Capitaine Kaïna Garnet, à ton service! Et toi, tu as un nom ou je dois t'en trouver un?"

   L’homme Lézard leva la tête vers les deux individus qui étaient sortis de la taverne peu après lui. Ils  l’avaient abordé en violant à peu près toutes les règles de politesse et le faisaient passer pour plus dérangeant que la bagarre de taverne. L’homme lézard supposait que la plupart de ceux qui désiraient profiter d’un tel lieu préféraient d’avantage boire dans une ambiance de camaraderie et se reposer d’une journée de dur labeur plutôt que de se battre. Apparemment il avait tort.

   Sslozmek s’attarda sur son homologue. Il parlait comme les humains, s’habillait comme eux et n’avait jamais fait son apparition au temple. Au début, l’homme lézard aurait pu imaginer qu’il fasse partie d’un de ces peuples situés dans une caverne extrêmement difficile à trouver dans les chaînes de montagnes bordant Ishtar. D’après les légendes la dite grotte serait en réalité une sorte de Monde souterrain abritant une vie dangereuse et insolite et protégée par ses ancêtres lointains. Du plus loin qu’il se souvenait, sa famille avait cultivé la terre dans les marais d’Hukutav depuis au moins trois ou quatre générations avant son père. Du moins, c’est ce qu’il lui avait raconté à l’époque. L’homme lézard qui le faisait face ne semblait pas venir d’une civilisation de la caverne mystérieuse. Il serait certainement bien moins familiarisé avec le langage Dùralassien à moins qu’il ne l’ait apprit étant tout jeune.

-[...]Et ne maudits pas les humains ainsi. A Ishtar, il y a de tout. C'est le hasard si ce sont des humains qui te sont tombés dessus. Dans ce rade, la plupart sont des parias, s'ils t'ont regardé de travers, c'était seulement pour t'inciter à te battre.

   Certes, Sslozmek avait remarqué qu’il y avait bien d’autres espèces présentes à Ishtar. Mais la majorité de la population locale était tout de même composée d’humains tout comme l’ensemble de Dùralas. Ils pullulaient dans toutes les villes et se répandaient tel un virus dans toutes les contrées. Ils étaient la source de bien des maux et leur mode de vie s’était imposé à toutes les autres races civilisées. Mais pour avoir passé des journées à Stellaraë et voyagé entre Ishtar et Baldorheim, ce n’était pas toujours un mal et le monde tournai à peu près rond. De plus, il ne pouvait pas haïr une espèce entière et encore moins celle qui était la plus présente sur le Monde. En revanche il enviait leur expansion, leur influence et leur prospérité. Il aimerait au fond de lui que l’on parle des Nagas comme un grand peuple et non plus qu’il soit considéré comme une « bande de serpents fanatiques se terrant dans un marais ».

-C'est bon, t'as fini? Bon, toi là, le pleurnichard! Tu vas ranger cette dague, c'est une baston de taverne, on va pas commencer à s'entretuer. Et puis, quand tu auras fini de t'apitoyer sur ton sort, tu pourras peut-être me dire ce qui t'arrive. Enfin, quand tu m'auras suffisamment raconté ta vie ou quand j'en aurai marre, on retournera à l'intérieur et on ira péter la gueule à quelques bouffons. Si tu t'en sors bien, je t'emmènerai dans un endroit plus calme avec des produits de meilleure qualité. Tu en dis quoi?"

   Sslozmek s’intéressa à présent à la jeune femme qui faisait preuve d’une insolence clairement volontaire qui frôlait la provocation. L’homme lézard serait probablement entré dans son piège en se montrant outré si l’effrontée qu’il avait en face de lui ne lui rappelait pas sa propre fille. Elle était tout de même mieux éduquée et il s’en félicitait mais elle était tout aussi impulsive, directe et manquait parfois de tact. Il regarda alors la jeune femme droit dans les yeux avec un léger sourire. Son humeur exécrable venait de s’améliorer.

-Capitaine Kaïna Garnet, à ton service! Et toi, tu as un nom ou je dois t'en trouver un?"

   Soit le Monde n’était pas si grand que Sslozmek l’imaginait, soit le hasard faisait bien les choses, soit le basilic l’avait guidé jusqu’à elle. Quoi qu’il en soit, l’homme lézard fut surpris que ce soit ce visage qui correspondait à Kaïna Garnet la mineuse. Elle était à l’exact opposé de ce qu’il imaginait être une femme extrayant durement du minerai.  Il pensait d’avantage qu’il aurait affaire à une géante ou une naine et non à une jeune humaine fluette. « Mais avec un fort caractère » se dit l’homme lézard. Dès les premiers instants de cette rencontre, il s’avérait que ce petit bout de femme était plein de surprise et brisait tous les codes. Ssolzmek détacha son regard d’elle pour s’attarder sur sa dague qu’il rangea dans son fourreau sous les conseils avisés de la jeune Kaïna. Il lui répondit ensuite d’un ton calme et chaleureux :

-Sslozmek Hann, ton fidèle client. J’ai une contre-offre à te faire : d’abord nous allons casser la gueule à quelques gredins avant qu’ils ne se soient déjà tous assommés à coup de bouteilles, choppes ou pied de table et ensuite, une fois que nous nous serons passé les nerfs, oui, je vous accompagnerai volontiers vers un lieu plus…convivial.  

   Son sourire s’élargit alors qu’il saisit la main de la jeune femme avec poigne et se releva en s’appuyant sur le mur derrière lui. Assis, il ne devait pas être très impressionnant mais une fois ses longues jambes dépliées et son buste droit, il dominait une bonne partie des badauds ainsi que Kaïna qu’il devait dépasser de près d’une tête et demie. Il avait plusieurs questions à lui poser comme ce que voulait dire le grade de capitaine. Elle n’avait pas l’air de faire partie d’une force armée, mais Sslozmek préféra ne pas émettre de conclusions trop hâtives. Il aura tout le temps de converser avec elle mais dans un premier temps, place à la baston !

Ainsi donc, l'homme lézard face à Kaïna était son meilleur client. Pour être franche, elle n'était que partiellement surprise. Certes, elle ne s'attendait pas à le rencontrer ainsi mais, le grand nombre de S dans son nom laissait penser à un naga ou autre espèce reptile. Ainsi donc, à ce sujet elle ne s'était pas trompée. En tout cas, la réaction de Sslozmek en apprenant l'identité de la pirate semblait s'améliorer. Il tint même des propos qui laissait transparaître une motivation nouvelle. Il avait cessé de s'apitoyer sur son sort et semblait même déterminé à retourner se battre. Kaïna sourit alors et dit:

"Alors tu es mon plus gros client? Enfin bon, si tu es motivé à aller te battre, on parlera de cela plus tard!"

Une fois que Sslozmek fut debout, elle se rua vers la taverne sans attendre. Même si Pevar n'y tenait pas plus que cela, il suivit Kaïna. Après tout, c'était lui qui avait amené sa capitaine ici et tout cela était donc en partie sa faute. Toutefois, il savait très bien qu'elle n'avait pas besoin de lui pour semer la pagaille. Même si Kaïna avait un bon fond, son côté explosif attirait pas mal d'ennuis. Cette fois encore, elle n'avait pas dérogé à ses habitudes.

Le groupe avait donc rejoint la taverne et Kaïna se mit à distribuer des coups à tout va, faisant seulement attention de ne pas s'en prendre au deux hommes lézards. Les coups fusaient dans tous les sens et divers objets volaient de ci de là. Bien que la jeune capitaine recevait quelques coup, elle maîtrisait mieux le combat qu'eux. Enchaînant les adversaires, elle commençait à se lasser. Elle fit donc en sorte de se rapprocher de ses camarades et elle dit à leur attention:

"Bon allez, moi je m'ennuie, on se casse? En plus, y a rien de décent à picoler ici!"

Sur ces mots, elle envoyait valser tous ceux qui rentraient dans son périmètre, attendant la réponse de ses compagnons.

   Kaïna ne se fit pas prier et sa désinvolture envers Sslozmek s’effaça pour laisser place à la castagneuse qu’elle était. L’auberge grouillait encore de bagarreurs à moitié ou complétement saouls. Certains s’étaient placés ou avaient été placés sous des barriques tandis que d’autres ouvraient le robinet pour que la mauvaise bière se déverse directement dans leurs gosiers.

   L’établissement plongeait de plus en plus dans le chaos : Les tabourets volaient, tout comme les choppes, les bouteilles et toutes sortes de choses tranchantes ou contondantes pouvant faire mal.  La jeune femme plongea dans la mêlée avec Pevar. Sslozmek hésita quelques secondes avant qu’un homme-félin au poil revêche ne vienne s’en prendre à lui avec une demi-bouteille brisée. Il essaya de la lui planter dans le torse, mais l’homme lézard parvint à esquiver sans grande difficulté le coup maladroit. Il attrapa le bras de son assaillant et l’envoya contre deux autres clients de la taverne. Ceux-ci eurent moins de pitié envers l’homme félin qui se retrouva matraqué au sol par les deux individus. Ils se tournèrent ensuite vers celui qui leur avait envoyé le projectile ambulant. L’un était un orc à la peau brune couturée de multiple cicatrices, l’autre un humain moins grand mais à la musculature qui n’avait rien à envier à son confrère. Les deux compères marchaient à moitié en titubant vers l’homme-lézard. S’il y avait bien un avantage qu’il avait contre tous ces ivrognes c’est que lui au moins était tout à fait sobre. C’est bien pour cette raison qu’il se pensait parfaitement capable de se défendre contre les deux individus qui semblaient néanmoins être bien plus habitués que lui à se battre. Sslozmek ne semblait cependant pas vraiment être dans son élément.  Il avait pour habitude de faire preuve de discrétion en surprenant son adversaire avec des feintes et des pas sur le côté. Mais dans cette taverne bondée et exigüe où le moindre geste déplacé provoquerait une autre personne, il était loin d’être à l’aise. Surtout que d’habitude c’était avec sa dague qu’il se battait et non avec ses poings.

   L’orc, probablement le plus impétueux des deux, visa son visage. Sslozmek esquiva son attaque, lui saisit le bras et tira de toutes ses forces pour l’envoyer dans une autre direction. Il réussit à l’envoyer contre un mur mais pas avec assez de force pour que cela le mette hors de combat. L’ami de l’orc profita que l’homme lézard soit occupé et lui donna un violent coup de matraque dans les côtes. Sslozmek poussa un glapissement de douleur et se retourna vers son nouvel assaillant. Il contra un nouveau coup avec ses bras et arracha l’arme des mains de l’homme pour s’en servir contre lui. Heureusement qu’il était saoul, l’homme lézard parvint à en venir à bout plutôt rapidement avec quelques coups bien placés. Mais un hurlement de rage venant de derrière lui l’empêcha de se satisfaire de sa victoire contre l’humain. L’orc était revenu à la charge et le poussa contre un pilier. Il lui donna ensuite un puissant coup de tête en évitant ses cornes et enchaîna avec un coup de poing dans le ventre.

   Acculé et à moitié sonné, l’homme lézard s’effondra à terre entre les corps inanimés des clients cuvant leurs boissons ou assommés après une rixe. Lui, n’avait pas eu l’occasion de boire une goutte, mais son esprit était embrumé après le choc d’un crâne orc visiblement plus solide que le siens. Les sensations étaient identiques à un état d’ébriété d’autant que des effluves d’alcool et de tout type de fluides corporels parvinrent jusqu’à ses narines. Sentir ce cocktail d’odeurs nauséabondes eut l’effet d’une gifle et lui remit les idées en place. A moins que ce ne soit plutôt Pevar. Ce dernier lui tendit la main que Sslozmek saisit fermement. Il chercha des yeux l’orc mais il gisait à ses pieds. Le pirate lui avait déjà réglé son compte. Toujours désorienté, il bafouilla un remerciement et se prépara à affronter un nouvel adversaire. Ce fut sans compter sur Kaïna qui s’était finalement rapprochée d’eux et força sur sa voix pour couvrir le brouhaha :

"Bon allez, moi je m'ennuie, on se casse? En plus, y a rien de décent à picoler ici!"

   Sslozmek hoqueta de surprise en voyant la pile de corps d’hommes et de femmes hébétés qui entouraient la jeune capitaine. Un peu honteux en comparaison des deux seuls individus qu’il était parvenu à vaincre, il préféra ne pas s’en vanter auprès d’elle de peur de paraitre ridicule. Visiblement il avait des choses à apprendre de cette petite. Il malaxa son abdomen et ses côtes encore douloureux et acquiesça lentement.

- Bonne idée, allons-nous-en, dit-il d’une voix rauque qui trahissait sa souffrance.

   Encore une fois, il avait sous-estimé ses adversaires, se croyant plus supérieur en étant sobre. Toutefois, l’humain et l’orc semblaient avoir leurs esprits intacts bien qu’ils sentaient aussi fort l’alcool l’un que l’autre. L’homme lézard essayait de se trouver des excuses pour avoir échoué aussi lamentablement à se passer les nerfs. Non seulement sa colère était revenue mais pour couronner le tout il se sentait maintenant impuissant.

   Sslozmek sortit en premier et pris une grande bouffée d’air frais, ce qui le changea drastiquement de l’atmosphère étouffante et viciée de l’auberge. Il fut rapidement suivit par les deux pirates qu’il laissa passer devant lui pour ensuite leur emboiter le pas. Ne connaissant pas encore suffisamment la ville, il préféra suivre la jeune pirate qui semblait savoir où elle allait. Il regardait néanmoins autour de lui, vérifiant que les ivrognes qui avaient subis plusieurs roustes par leur petit groupe -surtout par Kaïna et Pevar- ne les aient pas suivis. Il crut par ailleurs apercevoir plusieurs silhouettes sortir de l’auberge et se fondre subrepticement dans les ombres. Bien que se sentant protégé par les deux pirates, il était encore loin d’être serein et avait hâte d’arriver dans un lieu plus chaleureux où il pourra discuter autour d’une bonne pinte et d’un bon feu de cheminée.

Le trio avait quitté l'auberge miteuse. Dans un premier temps, Kaïna avait prévu de les emmener à l'auberge de sa mère. L'alcool y était bon et l'homme lézard pourrait y dormir pour pas cher. Toutefois, plus ils avançaient, plus lui venait la certitude que les types qui avaient quitté la taverne en même temps qu'eux les suivaient. Ce n'étaient pas dans les habitudes des Ishtariens de faire tant de manières après une baston de bar. Kaïna devait d'abord déterminer ce qu'ils voulaient et combien ils étaient afin d'établir un plan. Elle soupira. Elle envisageait de s'éclipser et les prendre au dépourvu mais, ils remarqueraiênt vite que la seule humaine du groupe n'était plus là. Aussi, en fonction de qui était leur cible, cela pourrait s'avérer dangereux. Sslozmek n'avait pas brillé par ses performances au combat dans la taverne. La jeune femme ne voulait pas le mettre en danger. Oh et puis zut, elle regarda Pevar, lui adressa un sourire en coin et lui indiqua le port d'un geste furtif. Elle se tourna alors vers Sslozmek et lui dit:

"Bouge pas, je reviens tout de suite!"

Kaïna ne savait pas face à combien d'ennemis elle allait se retrouver mais, elle tiendrait bon jusqu'à l'arrivée de son équipage. Elle n'était pas inquiète. Toutefois, elle n'avait pas dit à Sslozmek ce qu'elle faisait afin de le tenir loin des ennuis. Elle espérait bien entendu qu'il ne la suivrait pas mais, elle n'était pas convaincue. Elle avait choisi de passer par les toits et très vite, elle trouva les forbans qui les suivaient. Elle jeta un poignard sur l'un d'eux et avant même de savoir si elle l'avait touché, elle se tenait à côté de l'un d'entre eux. Elle glissa sa dague à sa ceinture et la trancha puis, la saisie rapidement, le privant ainsi de sa lame.

"Allons mon grand, ceci est dangereux. Tu ferais mieux de m'y confier, je ne voudrais pas que tu te blesses! Maintenant, tu vas me dire ce que vous nous voulez!"

En guise de réponse, l'homme cracha à ses pieds. Kaïna esquiva le glaviot mais, cette fois, elle était en colère. Pas question qu'il s'en tire comme ça. Elle jeta la ceinture au loin et sortit sa deuxième dague, prête à se battre. Elle entendit alors des pas se rapprocher et son instinct lui dictait que ce serait un ou des alliés. Le combat allait pouvoir commencer et ce coup-ci, pas besoin de retenir les coups.

Grâce à l'attaque furtive, Kaïna inflige 405 dégâts à l'ambitieux sincère-rôdeur.



Les joueurs débutent le combat.

Vitesse des joueurs : 1778

Kaïna Garnet : 2046
Vitesse : 1260
Dégâts : 810
Capacités spéciales :

Voleuse : +100% d'or en fin de combat.

Nunchaku : CC +25%.

Kimono : Vitesse +25%.

Dissuasion : Évite la prison en cas de K.O.

Boussole d'exploration : +25% de vitalité (511) en cas de C.C

Rapidité : Peut lancer deux dés sur Détrousseur.

Sslozmek Hann : 2090
Vitesse : 518
Dégâts : 757
Capacités spéciales :

Calebasse : Les récompenses en pièces d'or de fin de combat concernant les tours passés sont multipliées par 10 (le voleur aura le droit à une multiplication par 20).

Résistant comme la roche : Augmente la vitalité à hauteur de 10 × le niveau du porteur.

Katana : CC +25%.

Sorcellerie : Augmente les effets des remèdes et des poisons de 50% sur les êtres superstitieux. Permet d'utiliser deux potions tous les deux tours (à commencer par le deuxième) et permet de distiller des potions de niveau "novice" ;

Rapidité : Peut lancer deux dés sur Détrousseur.

Ennemis :

Vitesse des adversaires : 1150

Détrousseur : 300
Vitesse : 150
Dégâts : 65
Capacités spéciales :

Pique-pocket : Si vous mourrez, vous perdez 25 pièces d'or.

Butin : 2 perles OU 3 morceaux de charbon OU 1 bourse de 5 pièces d'or (aléatoire)

Sincère-Rôdeur : 400
Vitesse : 500
Dégâts : 170
Capacités spéciales : /
Butin : Bourse de 40 pièces d'or

Sincère-Rôdeur ambitieux : 795
Vitesse : 500
Dégâts : 510
Capacités spéciales : /
Butin : Bourse de 80 pièces d'or

   Ishtar était loin d’être une ville accueillante selon les critères de l’homme lézard. Les rues étroites et sombres des quartiers les moins riches laissaient place à toutes sortes de trafics et de règlement de comptes sans que personne ne s’en soucie. Il espéra que personne ne vienne lui causer du tort après les combats dans la taverne. Il serait facilement identifiable si des gens habitués de la ville le recroisaient. Par ailleurs il ne connaissait pas le degré de rancœur que pouvait avoir un humain battu dans une bagarre de taverne et s’il voudrait se venger plus tard. Cela devait probablement dépendre des individus. Il se rapprocha encore des deux pirates, alors que l’angoisse montait petit à petit. Le regard des deux compères se croisa. L’instant d’après, Pevar trottina en direction du port tandis que la jeune Capitaine intima l’ordre à l’homme lézard de rester sur place. Pris au dépourvu, il la regarda rebrousser chemin, puis grimper sur des tonneaux.

- Qu’est-ce que tu fais ? Demanda-t-il avec inquiétude.

    Mais elle l’ignora. Depuis les tonneaux, elle se hissa sur le toit d’une bâtisse et, aussi agilement qu’un chat, se mit à courir en dégainant l’une de ses dagues. Sslozmek la suivit du regard jusqu’à ce qu’il la perde de vue. Il se rappela alors des hommes qu’il avait vu sortir de l’auberge peu après eux. Si au début il pensait à une coïncidence, au vu de la réaction de Kaïna, il était maintenant certain que c’était leur groupe qu’ils avaient suivis. Elle avait alors dû prendre les devants pour éviter aux trois compagnons de tomber dans une embuscade. Dans un premier temps, l’homme lézard resta sur place. Ces nouveaux ennemis étaient peut être meilleur que lui et peut être même voulaient ils sa mort. Sslozmek n’avait jamais fait de combats à mort et encore moins ôté la vie de quelqu’un de sang-froid. Il n’aimait pas les humains mais il ne les détestait pas non plus au point de vouloir en tuer de ses propres mains juste pour le plaisir. Les seules fois où il devait tuer c’était pour se nourrir.

    L’homme lézard regarda aux alentours. Les ruelles sombres regorgeaient de vie et probablement de personnages fourbes ayant des vues sur sa besace. Un rire tonitruant attira son attention. Puis un autre bruit, une bouteille qui se brise. Il entendit cette fois-ci un rire rauque. Est ce qu’on se moquait de lui ? La main sur sa dague, il tourna sur lui-même en guettant le moindre son suspect. Il avait cette sensation d’être constamment épié. Vraiment cette ville le mettait mal à l’aise. Il préférait aller au-devant des combats plutôt que d’attendre qu’ils viennent à lui. Finalement, il allait rejoindre la capitaine. Peut-être sera-t-elle en colère d’avoir contesté l’un de ses ordre? Peu importe, il pourra bien affronter le courroux d’un petit bout de femme qui n’était vraisemblablement pas beaucoup plus âgée que sa fille. D’autant plus que vis-à-vis de lui, elle n’avait aucun grade.

    Sslozmek ajusta sa capuche et se mit en marche forcée dans la direction où il avait vu partir Kaïna. Au bout d’une poignée de seconde, il entendit le bruit sourd d’un homme en train de manifester sa douleur et des cliquetis de métal caractéristiques. Il pressa le pas pour se diriger vers le combat et dégaina sa dague. Il arriva dans une rue où la jeune pirate était aux prises avec trois hommes. L’un d’eux semblait avoir reçu un poignard dans l’une de ses côtes tandis que le second, attrapa une arme lancée par le dernier de ses congénères. Au vu des prouesses de kaïna dans la taverne, l’Homme lézard jugea bon de s’en prendre à celui qui n’était pas déjà au corps à corps avec elle. Il se doutait qu’avec son agilité et ses talents au combat elle parviendrait à lui faire ravaler toutes ses dents sans problèmes. Il fonça alors vers l’un des membres du groupe ennemi. L’ayant vu venir, l’humain esquiva sa première attaque et tenta de riposter. Sslozmek n’était pas tout à fait dans son élément mais il savait s’adapter quand il le fallait. Il se saisit du bras de son adversaire au moment où celui-ci tenta de lui porter un coup et fit passer l’homme au-dessus de lui où il s’écrasa contre les pavés de la rue. A moitié hébété, il tenta de se saisir de son couteau à terre. Visiblement il en voulait à la vie de Sslozmek et cela était impardonnable. L’homme lézard lui planta sa dague dans la main et son infortuné adversaire hurla de douleur. Ses cris risquaient de rameuter du public voir pire, des alliés à lui. L’homme lézard le frappa au crâne avec le manche de sa dague. Il perdit alors connaissance.




[attaque sincère rôdeur]

Le membre 'Sslozmek Hann' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Naga' :

Les pas se faisaient de plus en plus proches et très vite, en jetant un bref coup d'oeil, Kaïna reconnut Sslozmek. Bien qu'elle lui ait demandé d'attendre, elle n'était pas mécontente qu'il soit là. Les ennemis étaient moins nombreux que ce à quoi elle s'attendait et l'équipage allait mettre du temps à arriver. Avec l'homme lézard à ses côtés, elle n'allait plus avoir besoin de gagner du temps et allait pouvoir se battre sérieusement.

Sslozmek semblait avoir choisi son adversaire et sans s'en préoccuper d'avantage, Kaïna se tourna vers celui qui semblait diriger le groupe. Arborant un sourire narquois, la jeune femme l'approchait en faisant tourner sa dague dans sa main. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua qu'elle avait touché son adversaire lorsqu'elle avait lancé son couteau. Elle fit alors la moue et dit:

"Mon jouet est déjà abimé, on échange?"

Mais, l'homme lézard semblait déjà bien occupé avec son adversaire. Le chef, bien que blessé, tenta de se jeter sur Kaïna mais, celle-ci n'eut aucun mal à l'éviter et lui faire un croche-pied. Une fois qu'il fut au sol, elle l'immobilisa et elle saisit un de ses bras et tira jusqu'à le lui briser. L'homme poussa un cri de douleur. En réponse, elle le frappa derrière la tête.

"Dis donc, t'es vachement bruyant toi! Tu vas refaire le même bruit si je casse le deuxième? Je trouve ça amusant! Ou peut-être que tu vas nous dire pourquoi vous nous suiviez?

-Pitié, non! On... Dans la taverne, toi et ton pote, vous avez fait un sacré carnage mais, cet homme lézard faisait pale figure à côté. On s'est dit que si on arrivait à le prendre à part, avec un petit coup de pression, on pourrait facilement le recruter.

-Ok, je vois. Tu fais partie des Sincères Fraudeurs c'est ça?

-C'est Rôdeurs...

-Je m'en fous en fait! Tu vas filer le mot à tous tes petits copains, je veux plus vous voir lui tourner autour. Si j'apprends que vous l'avez ne serait-ce que regardé avec un peu trop d'insistance, vous aurez à faire à moi. Et la prochaine fois, je te casserai plus qu'un bras. On est clair? Ah, si jamais ça ne suffisait pas, t'attirer des ennuis avec moi, c'est t'en attirer avec tous les Pirates. Vaudrait mieux pas que le Kalevala entende du mal de vous!"

Kaïna le releva alors en tirant sur son bras cassé, lui faisant pousser un nouveau cri de douleur. Elle le dégagea alors d'un coup de pied aux fesses et s'assura qu'il parte sans demander son reste. Elle constata alors que Sslozmek en avait également fini avec son adversaire. Ne restait plus que le dernier larron. Celui-ci ne semblait pas trop savoir ce qu'il faisait là. Sans doute pensait il avoir flairé un bon coup. Il devait commencer à regretter. Allait il lancer un assaut désespéré ou prendre ses jambes à son coup?

[Attaque sincère rôdeur ambitieux]

Le membre 'Kaïna Garnet' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Humain' :

@Kaïna Garnet aura juste à rédiger son ancien post.

Détrousseur attaque à 65 sur Kaïna.



Les joueurs débutent le combat.

Vitesse des joueurs : 1778

Kaïna Garnet : 1981
Vitesse : 1260
Dégâts : 810
Capacités spéciales :

Voleuse : +100% d'or en fin de combat.

Nunchaku : CC +25%.

Kimono : Vitesse +25%.

Dissuasion : Évite la prison en cas de K.O.

Boussole d'exploration : +25% de vitalité (511) en cas de C.C

Rapidité : Peut lancer deux dés sur Détrousseur.

Sslozmek Hann : 2090
Vitesse : 518
Dégâts : 757
Capacités spéciales :

Calebasse : Les récompenses en pièces d'or de fin de combat concernant les tours passés sont multipliées par 10 (le voleur aura le droit à une multiplication par 20).

Résistant comme la roche : Augmente la vitalité à hauteur de 10 × le niveau du porteur.

Katana : CC +25%.

Sorcellerie : Augmente les effets des remèdes et des poisons de 50% sur les êtres superstitieux. Permet d'utiliser deux potions tous les deux tours (à commencer par le deuxième) et permet de distiller des potions de niveau "novice" ;

Rapidité : Peut lancer deux dés sur Détrousseur.

Ennemis :

Vitesse des adversaires : 1150

Détrousseur : 300
Vitesse : 150
Dégâts : 65
Capacités spéciales :

Pique-pocket : Si vous mourrez, vous perdez 25 pièces d'or.

Butin : 2 perles OU 3 morceaux de charbon OU 1 bourse de 5 pièces d'or (aléatoire)

Sincère-Rôdeur : 0
Vitesse : 500
Dégâts : 170
Capacités spéciales : /
Butin : Bourse de 40 pièces d'or

Sincère-Rôdeur ambitieux : 0
Vitesse : 500
Dégâts : 510
Capacités spéciales : /
Butin : Bourse de 80 pièces d'or

    Sslozmek trouva curieux que la jeune pirate prenne autant sa défense et cherche même à le protéger au péril de sa vie. D’après tout, ils ne se connaissaient que depuis quelques heures et même s’ils avaient combattus ensemble, cela ne suffisait pas à forger des liens aussi étroits. A moins que la raison ne soit purement pécuniaire et qu’elle ne veuille pas perdre l’un de ses plus gros clients. Quoi qu’il en soit, Sslozmek n’allait pas cracher sur un peu d’aide et de sympathie. C’était peut être la première personne qui en faisait preuve à son égard. Ses premiers pas dans le nouveau monde avaient été légèrement houleux. Il s’était d’abord installé à Stellaraë pour gagner un peu d’argent avant de se rendre dans les différentes arènes pour y chercher sa fille. Elle qui aimait gagner le respect des autres par la force, il était plutôt logique qu’elle se retrouve dans l’une d’elle. Mais malheureusement, il ne la trouva ni à l’arène de Baldorheim ni au Dépotoir d’Ishtar. Ses recherches ne faisaient que commencer et il devra certainement avoir besoin d’aide pour la retrouver ainsi que de gens en qui faire confiance. Depuis qu’il était à Ishtar il n’avait eu le droit qu’à des regards méfiants, des moqueries et des bagarres. Il pensait aux marais tous les jours en se disant que ce Monde n’était pas vraiment fait pour lui.

    L’homme lézard sortit de ses pensées et s’attarda sur le dernier ennemis qui jaugeait ses deux adversaires avec une once de peur dans le regard. Il menaça néanmoins l’homme lézard avec sa dague.

-Eeeuh…La…la bourse ou la vie ?

    Si Sslozmek avait eu des sourcils, il en aurait soulevé un. Il prit sa propre dague par la lame et se prépara à la lancer sur l’humain.

- Je te retourne la question.

    L’homme lézard jeta un regard vers Kaïna qui devait probablement trouver cet échange amusant. L’humain la regarda à son tour, rangea sa dague et balança une partie des fruits de ses forfaits nocturnes avant de partir en courant. L’homme lézard poussa un soupir de soulagement, il n’avait guère envie de devoir se battre à nouveau pour sa vie. Tout ce qu’il désirait c’était un endroit calme où se reposer et discuter avec la jeune femme.  Il observa les alentours avant de rengainer sa dague. L’homme qu’il avait assommé ne risquait pas de se réveiller de sitôt et il espéra qu’il ne soit pas rancunier sinon sa liste d’ennemis risquerait de s’allonger encore d’avantage que celle de ses alliés.

- Qui sont ces…sincères fraudeurs et pourquoi vouloir me recruter ?

    La question était peut être judicieuse mais pas l’endroit où il la posait. Si Sslozmek n’avait constaté aucune activité anormale, il n’était pas écarté que les malfaiteurs allaient revenir avec du renfort. Ils seraient alors probablement plus à l’abri dans une taverne.

- Ce n’est peut-être pas le lieu pour en parler, ajouta-t-il.

Le membre 'Sslozmek Hann' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Naga' :

Les joueurs l'emportent. Ils gagnent 27 points d'expérience, 284 pièces d'or pour Kaïna (cumul or combat + bourse x2) et 162 pièces d'or pour Sslozmek (17 PO + 20 PO Calebasse + les bourses)

Le RP peut continuer.

Kaïna observa le dernier adversaire tenter de menacer son compagnon, le regard amusé. Il faut dire qu'il manquait cruellement de crédibilité. Elle l'aurait presque pris en pitié. Presque. Au fond, ce n'était qu'un voleur de bas étage sans foi ni loi. Kaïna aussi était une voleuse mais, elle avait des principes. Voler était une chose. Elle ne le faisait pas forcément pour la bonne cause mais, elle ne souhaitait pas nuire à autre chose qu'au portefeuille de ses cibles. Ces types n'avaient que faire de tuer leurs ennemis. Tout ce que la jeune Pirate détestait. Cela pouvait arriver de devoir se défendre mais, lors d'un larcin, porter un coup ne devait arriver qu'en cas de nécessité. Lorsque Sslozmek envoya un juste retour à son adversaire, celui-ci détala en laissant un maigre butin derrière lui. Être prêt à tant de violence pour gagner si peu... Il était vraiment méprisable... Kaïna sourit à son compagnon et il lui demanda alors qui étaient leurs adversaires. Elle se frotta alors la tête avant de répondre:

"Une secte d'abrutis. Ils manquent sûrement de membres et ont dû penser que tu étais suffisamment faible pour pouvoir te convaincre de les rallier. Bref, comme tu dis, ce n'est pas le lieu pour en parler, il n'y a pas de bière ici."

Kaïna saisit alors sa dague et grava une flèche en direction de la taverne de Greta. Celle-ci était suffisamment loin pour que quelqu'un qui ne connaissait pas la Pirate n'y comprenne rien mais, les membres de l'équipage sauraient où aller en arrivant.

"Suis moi! Je connais un endroit où on pourra boire de tout notre saoul de la bière digne de ce nom. Si jamais tu tiens à en savoir plus sur les Sacrés Rôdeurs, on pourra en parler si tu veux. Cela te permettra sûrement de comprendre pourquoi j'ai pris ta défense ainsi. En dehors du fait que je sois impulsive je veux dire."

Sur ces mots, elle saisit le bras de son compagnon et l'entraîna à sa suite jusqu'à la taverne où ils furent accueillis à bras ouverts par la mère adoptive de Kaïna. Elle devina vite qu'ils s'étaient battus et elle examina sa protégée sous tous les angles pour s'assurer qu'elle n'était pas blessée. Quand ce fut fait, elle les installa à une table et les Pirates autour la saluèrent elle et Sslozmek. Après tout, ici tout le monde connaissait la jeune capitaine et quiconque arrivait ici comme son ami était traité en tant que tel par tous. Greta revint alors avec deux chopes et leur dit de profiter de leur répit. Kaïna but alors une grosse gorgée de bière et dit:

"Alors, on n'est pas bien ici?"

    Faible. Il paraissait faible aux yeux des autres. Ses épaules s’affaissèrent. Décidément Ishtar n’était pas une ville faite pour lui. Elle était remplie de requins prêts à fondre sur lui au moindre signe de défaillance. Il n’avait qu’une envie c’était de courir dans la direction opposée et de retourner dans les marais, dans le Temple. Chez lui. Là où l’attendait Srishti. Mais il se souvint de ses menaces s’il revenait bredouille et finalement il préférait affronter les rues mal famées d’Ishtar. D’autant qu’il était plutôt bien accompagné. La jeune pirate savait se battre c’était certain et étant cheffe d’un équipage, il était fort probable qu’ils suivent ses ordres à la lettre. Néanmoins, il espéra que le prix de ce sauvetage ne soit pas trop conséquent et qu’elle ne le force pas à la rejoindre en tant que forgeron de bord ou quelque chose du genre, si cela existait.

    Il n’avait plus vraiment envie de fêter quoi que ce soit et de boire de l’alcool. Il se laissa tout de même entraîner dans les rues de la ville plongée dans les ténèbres. Mais être considérer comme un enfant par une enfant, cela il ne pouvait l’accepter. Il balança son bras pour la forcer à le lâcher et rengaina sa dague qu’il n’avait pas eu le temps de ranger à sa ceinture. Il avait compris qu’il devait la suivre et avait des suffisamment grandes jambes pour garder le rythme. Durant leur trajet jusqu’à la taverne, il regarda chaque maisons, essaya de se souvenir de chaque passage et de chaque noms de rues. Il en aura besoin s’il devait retrouver son chemin seul en pleine nuit puisqu’il ne sera pas toujours accompagné et protégé par la pirate.

    Ils arrivèrent devant l’établissement qui se nommait sobrement « la vieille barrique ». Il semblait effectivement extérieurement bien plus entretenu que le « rat d’égouts…». Lorsqu’ils pénétrèrent dans le bâtiment, l’ambiance semblait alors bien plus accueillante. Beaucoup de regards se tournèrent vers eux et Sslozmek se sentit très vite intimidé. S’il y avait bien une chose qu’il détestait c’était attirer l’attention. Celle qui semblait être la tenancière, une femme corpulente aux cheveux grisonnants fut la première à accueillir Kaïna. Sslozmek se surprit à trouver une analogie entre le nom de la taverne et la vieille femme et du faire des efforts considérables pour masquer le sourire qui se dessinait sur son visage. Il observa l’échange entre les deux femmes et en conclut qu'au vu de son âge apparent et de la façon dont elle prenait soin de la jeune pirate, devait probablement être sa mère ou tout du moins une personne de sa famille. Lorsqu’ils furent enfin assis à une table située presque au centre de la pièce principale, Sslozmek commença à se sentir de plus en plus mal à l’aise. Hommes et femmes autour de lui commencèrent à le saluer comme s‘ils le connaissaient de longue date. Il chercha du regard un visage familier, un naga peut être mais ici, hormis Pevar avec qui il avait combattu plus tôt, ils n’étaient pas monnaie courante. De plus si des nagas faisaient aprtis d’un équipage de pirates, c’est qu’ils n’avaient pas grandi au Temple et n’avaient rien en commun à partager avec l’homme lézard. Il répondit aux membres des autres tablées avec un timide signe de tête avant de se précipiter sur sa bière une fois qu’elle eut été apportée. Il but une gorgée, deux gorgées, trois gorgées en profitant à peine des saveurs et reposa sa chope plus bruyamment qu’il ne l’aurait pensé.

- Ah oui ! Répondit-il sur un ton bien trop enthousiaste pour sonner juste.

Kaïna sentait Sslozmek méfiant. Que redoutait il? Il était vrai qu'elle était une voleuse doublée d'une Pirate et peut être que cela n'inspirait pas confiance. Après tout, il courait de nombreuses rumeurs au sujet de la faction. Bah ça lui passerait. Après tout, Kaïna n'avait aucune intention de le rouler ou de lui jouer le moindre tour. Elle n'avait pas pour habitude de s'en prendre à ses camarades. D'ailleurs, même si c'était une voleuse, elle n'était pas fourbe au point de voler ceux qu'elle aidait. Elle estimait que la confiance était quelque chose de sacré et la trahir était impardonnable. Bien sûr, elle n'était pas un ange mais, on pouvait compter sur elle quand on était de son côté. Seules quelques exceptions pouvaient l'amener à retourner sa veste. En effet, si elle découvrait qu'elle avait à faire à quelqu'un de la Congrégation des Ombres, cela changerait beaucoup de choses. Déjà, les deux factions n'étaient pas en très bons termes. En plus, la jeune capitaine ne pouvait plus du tout se les voir depuis qu'ils avaient débarqué sur son bateau. Ce Stryge Noir surtout... Lui, elle allait lui arracher ses ailes plume par plume.

Quand Kaïna avait saisit Sslozmek par le bras, il s'était aussitôt dégagé. Les manières de la jeune femme semblaient lui déplaire. Bah vieux ronchon vas! Enfin, il fallait bien admettre qu'elle s'emballait parfois un peu. Son camarade ne semblait pas s'enjailler autant qu'elle. Peut être n'était il pas d'humeur festive. De toute façon c'était presque toujours le cas quand les gens débarquaient à Ishtar. Il fallait du temps pour apprendre à aimer cette ville. Kaïna avait grandi ici et elle n'échangerait sa ville pour rien au monde. Elle aimait se rendre à BaldorHeim pour combattre à l'arène ou jouer au Dùraball mais, elle ne voudrait pas y vivre.

Lorsqu'ils arrivèrent à la taverne de Greta, même si Sslozmek avait répondu à Kaïna par l'affirmative, elle ressentit bien que cela sonnait faux. Bah, il ne voulait sans doute pas la vexer. Kaïna sourit, ce n'était pas très important. Au moins, il pouvait être tranquille ici, à l'abri des coupes jarrets et autres forbans d'Ishtar. Bien sûr, les clients de Greta n'étaient pas des enfants de choeur mais, ils savaient ce qui allait leur arriver s'ils ne se tenaient pas à carreau. Derrière ses airs de vieille mama, la tenancière avait un caractère bien trempé et savait remettre à leur place les plus hardis des Pirates. Même Kaïna n'osait pas toujours lui tenir tête malgré son absence de bienséance totale. La jeune capitaine décida alors d'aider Sslozmek à se sentir plus à l'aise. Peut-être que discuter aiderait.

"Qu'est-ce qui t'amène à Ishtar? Je doute que tu désires t'engager dans un équipage et tu ne m'as pas non plus l'air d'un marchand. Quand on connait la réputation d'Ishtar, j'imagine qu'on préfère l'éviter. Bon après, ce ne sont peut-être pas mes oignons. En tout cas, si je peux t'aider de quelque manière que ce soit, n'hésite pas. Parole de Pirate, je ferai tout mon possible!"

Après tout, s'il n'était pas à son aise ici, est-ce que le mieux à faire ne serait pas de l'aider pour qu'il puisse repartir au plus vite? Bah, Kaïna verrait bien ce qu'il lui répondrait.

    Evidemment, la question méritait d’être posée. Maintenant que la tension des combats était retombée, c’était le moment de faire plus ample connaissance et de savoir réellement à qui il avait à faire. Elle lui semblait bien encline à devenir une alliée précieuse bien qu’il ne comprenne pas réellement les motivations de la jeune pirate. Sslozmek ne se considérait pas comme plus important ou meilleur au combat qu’un autre. Et même s’il était son client, au vu de l’appétence pour les armes de la plupart des habitants de Dùralas, elle n’aurait aucune difficulté à trouver d’autres forgerons qui s’arracheraient ses matières premières.

    Lorsqu’elle évoqua l’idée de se faire engager dans un équipage, Sslozmek eut un temps de réflexion. Un équipage de quoi ? Puis il se souvint du port et de ses immenses embarcations regorgeant de marchandises qui l’avaient fasciné. De fil en aiguille, il en vint à repenser à ses paroles lorsqu’elle s’était présentée sous le titre de capitaine. La première fois il l’avait imaginée à la tête d’une escouade militaire et non d’un navire. Elle était si jeune et bien peu imposante. Néanmoins elle avait un charisme indéniable et malgré sa taille et son allure frêle, savait s’imposer. Des qualités que Sslozmek avait tout de suite observé même au vu du peu de temps qu’il l’avait côtoyée. Des qualités qui la désignaient comme meneuse malgré le peu d’expérience qu’elle devait avoir.  

    Bien que Sslozmek ne soit pas le plus doué pour détecter le mensonge -lui qui savait lui-même bien peu cacher ses réelles intentions- perçut toute la sincérité du Monde dans les paroles de la jeune femme. En revanche, pour lui, le mot « pirate » ne sonnait pas vraiment juste avec le mot « promesse ». Il se contenta de traduire dans son esprit que c’était bien Kaïna et non une pirate qui lui donnait sa parole. Etant entouré de ce qui semblait être les congénères de la demoiselle, il préféra ne pas partager sa pensée à voix haute, peut être étaient-ils également susceptibles.  S’il avait appris une chose dans cette ville, c’est qu’il était aisé de se faire des ennemis. Autant faire profil bas et rester le plus discret possible. De même que pour la réelle raison de sa venue, il était préférable qu’elle ne sache pas toute la vérité mais suffisamment pour que son aide qu’elle lui offrait si généreusement puisse lui être utile. Il termina sa bière et la reposa sur la table en regardant avec une petite moue sa choppe vide. Il plongea ensuite ses yeux jaunes dans ceux de Kaïna et répondit :

- Je cherche quelqu’un. Une jeune fille de mon espèce. Elle s’est perdue loin des marais, loin du Temple et j’aimerai la convaincre de revenir.  Lorsque je suis arrivé à Ishtar, j’ai été démarché par une sorte de rabatteur qui m’a emmené dans ce qu’ils appellent ici le Dépotoir. J’ai combattu, avec plus ou moins de succès. Ça tombait bien car, au vu de son esprit revêche et combatif, c’est typiquement un lieu où je pourrai la retrouver. C’est une première piste, je compte bien en suivre d’autres et je n’écarte aucune possibilité.

    Il marqua une pause avant de serrer une main sur sa chope et de se rappeler qu’il avait bu tout son contenu. Il continua alors :

- Tu possèdes un navire, un équipage. Tu dois avoir fort à faire sur les mers. Pourquoi m’offrir ton aide ?

Sslozmek avait terminé sa chope, il allait sans dire que Kaïna aussi. Aussi, elle s'écria:

"Hé la vieille, tu nous en ramènes deux autres? Et une bouteille de rhum!

-Kaïna, tu tiens vraiment à ce que je te lance un sabot à la figure? Quand apprendras tu à te conduire correctement?

-Peut-être le jour où tu parviendras à me toucher avec ton sabot."

Sur ces mots, Greta sourit, saisit le sabot de bois mais, lorsqu'elle voulut le lancer sur Kaïna, elle se ravisa. Cette fichue gamine allait encore l'éviter, le sabot atteindrait quelqu'un d'autre et une bagarre éclaterait. Fichtre, cette morveuse était maline! Greta reposa donc le projectile et partit chercher les boissons. Après tout, elle savait bien que Kaïna ne paierait pas mais, c'était elle qui la fournissait en rhum et cela lui faisait faire de sacrées économies. Aussi, elle ne pouvait pas la blâmer. Au fond, c'était elle qui gagnait au change. Et elle savait bien que quand Kaïna la provoquait ainsi, c'était sa façon à elle de lui montrer qu'elle l'aimait. Quand on grandit au milieu des Pirates, dire "je t'aime" n'est pas toujours une chose facile. Toutefois, la plupart de ces hommes et femmes avaient le coeur sur la main et braveraient milles tempêtes pour secourir leurs compagnons. Bien sûr, ils avaient leur lot d'ivrognes et c'étaient des pillards mais, la plupart n'étaient au final que des gros nounours. Rares étaient ceux qui aimaient faire couler le sang.

Les boissons arrivèrent à la table de la Pirate et de l'homme lézard. Kaïna embrassa Greta sur la joue et lui dit:

"Merci maman! J'aime bien t'embêter, tu le sais?"

Greta lui ébouriffa les cheveux et repartit à ses affaires le sourire aux lèvres. Kaïna tendit alors une chope à Sslozmek et remplit deux verres de rhum avant de lui en poser un devant lui. Elle lui dit alors:

"Tu vois, ici l'alcool coule à flot, quand tu es à sec, n'hésite pas à me le dire!"

Elle but alors une grande lampée de rhum puis, répondit aux propos de son nouvel ami.

"Tu es bien évasif dans sa description. Tu parles d'une jeune femme lézard. Je suis navrée mais, j'ai du mal à vous donner un âge. Par chance, à ce niveau, Pevar peut m'aider. Peut être pourrais tu me dire son nom, me la décrire un peu? Non parce que je veux bien t'aider mais, je ne peux pas te ramener toutes les jeunes femmes lézard que je croise. Bon après, tu dis qu'elle est combattive donc je pourrais faire le tri en les défiant."

Sslozmek exprima alors sa surprise quand à pourquoi Kaïna l'aidait. Elle sourit alors et dit:

"J'ai un équipage et un navire. C'est ton cas? Je ne penses pas. Dans ce cas, si elle a traversé les mers, j'ai plus de chances de la trouver que toi. Et puis, je suis une Pirate, sache que je fais ce que je veux, quand je veux et où je veux. Je passe beaucoup de temps en mer mais, pas uniquement. J'aime me défouler à l'arène de BaldorHeim et au dépotoir. Je joue même au Dùraball de temps en temps. Ah et tu te dis que vu que je suis une Pirate et que je te propose mon aide, il va forcément y avoir une contrepartie, je me trompe? Bah écoute, tu me paieras un verre. Je vais pas me concentrer sur sa recherche mais, si je la croise, qu'est ce que ça me coûte de te la ramener? Par contre, je ne suis pas une assassine. Tu l'aurais voulu morte, j'aurais refusé de t'aider. Je ne te promets pas de réussir mais, si je la rencontre, je te ramènerais ton amie."

Kaïna avait joué cartes sur table. Bien sûr qu'elle avait des choses à faire. Toutefois, ce n'était pas incompatible avec l'aide dont Sslozmek avait besoin. Ainsi, lors de ses voyages, la capitaine ouvrirait l'oeil.

    Un rare sourire se dessina sur la bouche de l’homme lézard qui dévoila une partie de ses dents pointues. L’échange entre la jeune fille et sa mère était peu conventionnel. Il n’y avait pas vraiment de respect entre elles, plutôt un rapport d’égal à égal comme deux bonnes copines et non une supériorité de l’ancienne face à la plus jeune. Certes, Sslozmek trouvait cela amusant mais tout de même curieux. D’habitude, du moins lorsque l’éducation était complète, les enfants ne se permettaient pas ce genre de familiarité avec leurs parents. Peut-être était-ce ainsi chez les humains ou seulement à Ishtar et ses alentours. A moins que ce ne soit juste Kaïna, cette jeune femme atypique, qui se démarquait par sa grande maturité pour son âge apparent ainsi que par son franc parler. Cette petite saynète entre Kaïna et la tenancière le détendit et lui permis de penser à autre chose que tous ces pirates qui, malgré leurs airs à vouloir faire la fête, n’étaient toujours du point de vue de Sslozmek que des personnes malhonnêtes et aimant s’attirer les ennuis.  

    Il huma l’alcool contenu dans son petit verre. Il sentit des notes boisées, épicées et sucrées qui lui évoquèrent immédiatement les navires amarrés au port déchargeant les marchandises semblant provenir d’une autre contrée. Puis il commença à boire lentement, en profitant de chacun des arômes. L’alcool était moins fort que celui que brassait autrefois son père. En revanche, son goût exquis le dépassait largement. Bien que, subjectivement, son honneur lui intimait de préférer le Gin Naga, il fut tout de même forcé de reconnaître qu’il n’avait jamais rien bu d’aussi savoureux.

- Je n’y manquerais pas !

    Il se servit lui-même un verre plein au dépend de toutes les convenances qui lui avaient été enseignées par Srishti. Mais il n’avait clairement pas à faire à une noble qui allait s’offusquer du moindre code de l’étiquette qu’il transgressait. Au contraire, cela sembla faire plaisir à son interlocutrice qu’il apprécie autant la boisson qu’elle lui avait proposée.

    L’homme lézard pesa ses mots. Il ne devait pas éveiller les soupçons quant à ses liens du sang avec Shelzee. Si l’affaire venait à s’ébruiter, cela risquait de nuire à la réputation de Srishti. Alors il la décrivit comme quelqu’un qui la connaissait depuis qu’elle avait éclos. Il tenait à elle, cela se ressentait dans sa voix chaleureuse et passionnée. Mais n’importe qui ayant participé à l’éducation d’une enfant, même sans être le père biologique, finissait par s’y attacher. Cela pouvait alors sembler tout à fait normal :

-Elle s’appelle Shelzee. Elle est grande, même pour une naga. Pas autant que moi, mais ça doit se jouer à quelques centimètres. Elle a des écailles noires, quelques variations de rouges sur sa tête et une longue crinière de plume qu’elle a toujours refusé de tailler.

    Il fit un léger sourire en repensant à un souvenir lorsqu’il lui courait après avec une paire de ciseaux tandis qu’elle s’enfuyait avec sa queue de serpent pour le distancer. Il avait finit par abandonner l’idée de couper les plumes de sa petite princesse.

- Ses yeux sont jaunes, similaires aux miens. Elle a deux longues cornes qu’elle aime orner avec tout un tas de breloques dorées et de tissus colorés. Elle aime beaucoup les bijoux de façon  générale. Elle volait quelques fois ceux de sa mère et les revêtait en cachette. Mais cela ne l’empêche pas de se battre avec férocité. Elle est aussi une chasseuse hors pair. Je pense même qu’elle est devenue meilleure que moi.

    Tout en regardant le contenu de son verre, il souffla légèrement par ses naseaux, comme pour appuyer ses propres dires. Puis il continua :

- Elle a un caractère bien trempé. En fait…

    Ses yeux se levèrent vers la jeune pirate.

- En fait, elle te ressemble un peu. Très jeune. Mais forte, en avance sur son âge. C’est une meneuse, mais un tantinet insolente. Quoi que j’eus essayé de lui apprendre, elle n’en faisait toujours qu’à sa tête.

    Il se souvint alors qu’il avait avec lui un dessin qu’il avait réalisé à partir d’une gravure sur bois. Il fouilla dans sa sacoche et sortit un petit papier plié en quatre. Il voulait au départ s’en servir comme modèle pour concevoir des avis de recherche mais finalement, il décida de reporter cette idée pour laisser une chance à la jeune pirate.

- Tiens, si jamais toi, Pevar ou le reste de ton équipage parvenez à la reconnaître avec ceci. La gravure d’origine était très fidèle.

    Il fit glisser le croquis sur la table, devant le verre de Kaïna.


- J’espère qu’elle ne s’est pas aventurée trop loin, et surtout pas dans les océans. Si tu la retrouves, je t’offrirais plus qu’un verre, ça c’est certain. Je tiens beaucoup à…

    Il hésita l’espace d’une seconde, la dernière phrase avait été prononcée avec une voix légèrement chevrotante alors qu’il était parvenu à couvrir un sanglot.

- …à la retrouver. Vivante évidemment.

    Puis il but son verre d’une traite. Cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas vu. Il s’en voulait d’avoir tardé pour commencer les recherches, il pouvait lui être arrivé n’importe quoi. Non, elle était forte. Elle savait se défendre et lorsqu’elle avait une idée en tête, bien peu de choses pouvaient l’arrêter. L’homme lézard reposa bruyamment son second verre alors que l’alcool commençait lentement mais sûrement à lui monter à la tête.

Kaïna et Sslozmek buvaient allègrement tout en poursuivant leur conversation. L'homme lézard semblait même avoir oublié son malaise et lorsqu'il commença à décrire la femme lézard qu'il cherchait, une fois qu'il eut passé la description physique, la Pirate eut l'impression d'entendre Gustav parler d'elle. Kaïna en était sûre, ce n'était pas son amante qu'il cherchait mais, sa fille. Enfin, peut-être pas sa fille biologique, ça Kaïna ne pouvait pas le savoir. Après tout, elle n'avait jamais connu ses vrais parents mais, elle savait que l'amour des parents adoptifs était tout aussi inconditionnel. Peu importe que ce soit lui ou non qui avait planté la graine, la blondinette avait deviné quel rapport il existait entre son camarade de beuverie et la fille de sa requête. Cela l'amusa d'ailleurs lorsque Sslozmek lui dit qu'elle lui ressemblait. Il trouvait qu'elle ressemblait à sa fille et elle trouvait qu'il ressemblait à son père. La jeune femme sourit alors et lui dit:

"Cette fille, tu me la feras pas, c'est ta fille! Ahah ça sert à rien de nier, je t'ai percé à jour! Tu sais, j'ai un père moi aussi. Ce que tu dis là, c'est pas ce qu'il me dit mais, quand il parle de moi à ses compagnons, il tient à peu près le même discours. Sauf que moi j'ai pas de plumes. Enfin, tu as fini de me convaincre. Je sais pas pourquoi tu voulais pas le dire, je ne sais même pas si c'est ta vraie fille et je m'en fous. Je sais ce qu'un père est prêt à faire."

Kaïna repensa alors à tout ce que son père avait fait. Il lui en avait fait baver. Pendant un temps, il avait même tout fait pour qu'elle ne devienne pas Pirate. Pourtant, quand ça a été le cas, c'était sa plus grande fierté. S'il avait voulu l'en dissuader, c'était seulement parce qu'il s'inquiétait à cause de la fois où elle avait failli se faire tuer lors d'un pillage. Il n'avait jamais voulu lui nuire. Quand on ne connaissait pas Gustav, il passait pour un bandit sans foi ni loi mais, en réalité, c'était un homme de valeurs et avec le coeur sur la main sans foi ni loi. Il veillait sur sa famille et était prêt à tous les sacrifices pour eux. Toutefois, au sein de sa famille, il y en avait une qui passait avant tous les autres. Sa fille adoptive. S'il apprenait qu'il était arrivé quoique ce soit à Kaïna, il retournerait Dùralas pour elle. La jeune femme ne le savait que trop bien et par conséquent, elle savait ce que ressentait Sslozmek. Elle dit alors:

"Puisque tu ne veux pas que ça se sache, je ne dirai rien aux autres à ce sujet. Si je la croise, crois moi, je saurai la convaincre de venir te voir. Après tout, tu l'as dit toi même, je lui ressemble. Par contre, tu devras être à la hauteur si tu veux pas qu'elle disparaisse de nouveau. Ecoute là, comprends la, tu peux lui dire que tu n'apprécies pas ses choix mais, elle ne t'écoutera pas. Dans ce cas, contente toi de la soutenir quoiqu'il arrive. Elle doit savoir que même si tu n'approuves pas ses décisions, tu seras toujours derrière elle. Tu sais, avec mon père on se dispute parfois, assez souvent même mais, je sais que peu importe mes choix, je resterai sa gamine. Même dans quarante ans, s'il n'est pas cané, il continuera de m'appeler petite, merdeuse ou que sais je encore. Bien sûr que ça m'agace mais, c'est mon père et c'est sa façon de me dire qu'il sera toujours là."

Kaïna se servit un autre verre de rhum, le but d'un trait et se leva alors avant de dire:

"Mes amis ne sont toujours pas là, je ferais bien d'aller les chercher en ville avant qu'ils ne dérouillent tous les bandits du coin. Au plaisir de te revoir!"

La jeune capitaine alla embrasser Greta puis, elle quitta la taverne afin de retrouver le reste de son équipage. Après tout, Pevar avait été chercher les autres pour leur demander de l'aide pour un combat, s'ils n'étaient toujours pas arrivés, ils avaient probablement croisé quelques badauds à rosser. Mieux valait que Kaïna les retrouve rapidement.

    Les épaules de l’homme lézard s’affaissèrent. Décidément il ne pouvait rien lui cacher à cette petite. Elle avait deviné. Cela ne devait pas s’ébruiter mais vu comment elle parlait fort, il suffisait que quelqu’un fasse un peu attention à leur conversation pour avoir eu l’information à son tour. S’il s’était détendu, il avait à nouveau retrouvé son angoisse bien que plutôt atténuée grâce à l’alcool. Même si elle jurait de ne pas révéler le secret il allait sans dire qu’une partie de la taverne était déjà au courant qu’un homme lézard recherchait sa fille et qu’il avait probablement une récompense substantielle à donner pour la retrouver. Certains voudraient peut-être alors faire du chantage s’ils parvenaient à la récupérer. Peut-être que finalement il sera contraint de rendre la chose officielle et de proposer des avis de recherche, même si cette solution attendra au moins quelques mois si la pirate parvenait à trouver une piste. Au moins, elle savait comment le contacter grâce à son métier de forgeron.

    Il l’écouta attentivement et hocha la tête de temps en temps. Tout ce qu’elle disait, il le savait déjà. Tout semblait facile à l’entendre parler. Mais les choses n’étaient pas aussi simples. Préparer sa fille à un avenir des plus radieux, lui sauver la vie pour qu’à la fin elle le quitte. Tout cela, il n’avait pu s’y préparer. Elle lui donnait des conseils qu’il avait déjà tenté d’appliquer et de faire respecter. Mais sa fille était trop jeune et peut être moins mature que Kaïna pour décider d’elle-même de voie qu’elle devait suivre. Elle ne connaissait rien en dehors du Temple et s’aventurer en dehors de lui est bien la pire décision qu’elle n’ait jamais prise. Une décision qui n’était pas celle de ses parents. Preuve que la petite Shelzee n’était pas prête. Kaïna ne la connaissait pas et se permettait de donner des conseils à Sslozmek sur comment s’y prendre avec elle. Même si elles pouvaient se ressembler dans le caractère, Shelzee demeurait imprévisible. Il était très difficile de comprendre tout ce qu’il se passait dans sa tête. Ecouter Shelzee qui n’avait pas assez de recul pour savoir ce qui était bon pour elle était une manière de lui nuire. Pour cela, Kaïna non plus n’avait ni le recul ni l’expérience. Ce n’était certainement pas elle qui allait lui apprendre la manière d’élever sa fille. Elle avait certainement de grandes connaissances dans la manière d’appréhender les coutumes locales et encore, cela il pouvait les observer lui-même et apprendre de cette façon, comme il l’avait toujours fait. Mais pour ce qui était de l’éducation, au vu du peu de respect qu’elle accordait à sa mère, il était peu probable qu’elle lui soit utile dans ce domaine.

    Il espérait que Shelzee se jette dans ses bras lorsqu’ils se retrouveront mais il savait pertinemment que ça ne se produirait pas, bien qu’il lui soit impossible d’imaginer comment elle réagira. Tout dépendra de comment cela se passe. Si elle est capturée de force, elle lui en voudra certainement. Si c’était lui-même qui la retrouvait, peut-être sera-t-elle plus conciliante et lui laissera le temps de s’expliquer. Tout n’était que supposition. Qui sait ce qu’elle avait vécu en presque trois ans et la manière dont elle avait probablement changé.

    L’homme lézard fixa son verre jusqu’à ce que la pirate décide finalement de lui fausser compagnie. Il aurait pu l’accompagner, lui répondre, mais il n’avait plus grand-chose à lui dire. Il espéra simplement qu’elle lui restera fidèle si jamais elle retrouvait Shelzee. Qu’elle ne tenterait pas de la lui cacher. De toute manière, elle lui avait donné sa parole et elle avait tout intérêt à la respecter au risque de s’attirer les foudres d’un père en colère.

    L’homme lézard refusa le tarif préférentiel d’une chambre proposé par la vieille tenancière et préféra payer le prix normal. Il ne souhaitait pas recevoir de traitement de faveur, il aurait l’impression d’être redevable sur tout.  De cela, il en avait horreur. Il monta alors à l’étage pour rejoindre sa chambre somme toute assez simple d’apparence mais semblant assez confortable. Les douleurs de ses blessures se ravivèrent alors que l’alcool se dissipait peu à peu. Quant à la fatigue, elle se faisait également ressentir de plus en plus. L’homme lézard, tout habillé, s’avachit sur son lit avant de s’endormir comme une masse.



[fin du RP, à archiver]