Madhi est le premier. Il est né garçon, mais très vite il a senti qu’il n’était pas à l’aise avec ça. Alors, dès l’enfance, il ne se sentait jamais à sa place, il s’isolait pour pouvoir être lui-même. De ce fait, Madhi est assez timide et craintif. Il sait redoubler d’effort pour être un minimum accepté.
Quand c’est lui qui front, quand c’est lui qui est au premier plan, c’est pour gérer tout l’émotionnel, les sentiments. C’est très souvent lui qui tombe amoureux, qui a peur et déteste. Quand une émotion est trop forte, il sait l’accepter et la gérer. Cependant, il ne sait absolument pas manipuler les émotions des autres, il serait totalement incapable de faire semblant. Tout ce qu’il exprime ou fait, c’est à coup sûr quelque chose de vrai et d’honnête. Il est également bosseur, il n’a pas peur de travailler pour satisfaire les autres. Et ce n’est que parce qu’il est correctement épaulé de Tamara et Adiel qu’il est capable de travailler pour lui, pour ses objectifs.
Alors qui sont Tamara et Adiel ? Ce sont des Alters. Madhi a ce que l’on appelle un trouble dissociatif de l’identité. Ce n’est absolument pas reconnu comme tel autour de lui, ni même nommé, car pour lui et les alters, c’est un état qui leur semble normal. D’autant plus que personne ne semble choqué par ce changement de personnalité au sein de Spelunca.
Tamara est la seconde personnalité, la seconde personne à vivre dans ce corps. Elle est apparue alors que Madhi était une victime. Elle, contrairement à l'hôte principal de l’époque, ne réfléchit pas trop, elle fonce tête baissée sans se poser de question. Assez impulsive, elle agit avant de parler. D’ailleurs, elle ne parle que très peu et souvent pour se défendre ou agresser. Elle front quand le Système (le corps et les différentes personnes qui y résident) est en danger. Si elle avait une apparence physique, elle ressemblerait peut-être à une orc agressive.
Côté sentiment, Tamara n’exprime rien. Elle garde tous ses sentiments pour elle, sauf quand ceux-ci deviennent trop imposants et la font exploser. Fidèle à elle-même, elle les balancera sans manière.
Adiel est arrivé en dernier. Il est… Manipulateur, malin, intelligent. Il sait assez rapidement cerner les gens quand il prend la peine de le faire. Dans le Système, il est celui qui prend les décisions les plus importantes. Il arrive qu’il ne se concerte pas avec les autres, mais c’est assez rare. Il a rapidement su s’imposer dans le trio et les deux autres lui font confiance. S’il est totalement sincère et loyal envers les autres Alters, mentir aux autres ne lui pose aucun problème. Cependant, quand il donne sa confiance, quand il commence à apprécier quelqu’un, et cela n’arrive pas souvent, il est sincère.
Côté sentimental et émotionnel, il aime ou déteste avec parcimonie. Vu qu’il met beaucoup de temps à faire entrer quelqu’un dans son cercle, il ne montre ce qu’il ressent que lorsque cela peut lui servir. Il cherche l'intérêt dans toutes les relations.
Il existe un monde, un endroit dans leur esprit où ils ont leur propre forme, leur propre existence. Là bas, ils sont indépendant les un des autres et ont leurs propres occupations.Madhi est né en hiver, ses parents boulangers avaient déjà trois garçons et deux filles. Ils ne se sont jamais vraiment occupés de lui et de ses deux petites sœurs ensuite. Très vite, Madhi montre des signes particuliers, il préfère s’habiller avec les vêtements de ses sœurs, il refuse de faire les activités masculines que lui proposent ses frères et a des manières que son père qualifie de trop féminines.
Ses frères et sœurs sont les premiers à se moquer de lui. Ce n’est pas forcément toujours par méchanceté, mais le jeune garçon le prend comme une agression. Dans cette petite ville au nord de BaldorHeim, il a du mal à se faire des amis et ses transgressions des normes sexuées ne plaisent pas du tout. Il est montré du doigt, isolé et très vite les autres enfants, intolérants, le frappent, l'humilient et se moquent de son malheur.
Madhi se renferme, et s'il continue à se travestir, il se cache. Malheureusement, les moqueries ne s'atténuent pas et se changent petit à petit en agressions plus virulentes que ses parents ne prennent pas en compte. Quelle honte d'avoir un garçon si… fille.
Il n'a plus l'impression de vivre et l'année de ses huit ans, il tente une première fois de mettre fin à ses jours. Il survit et ne cesse de subir violences psychologiques et bousculades.
Ce n'est que trois ou quatre ans plus tard qu'il a l'impression qu’un changement survient. Il perd la notion du temps et Madhi a parfois l'impression d'être un automate, il voit les scènes mais ne les joue pas. Il a même la sensation de devenir fou car il se retrouve parfois dans une situation particulière sans savoir comment il y est parvenu.
Son souvenir le plus marquant, c'est lorsqu'il s'est retrouvé debout face à un jeune nain allongé, blessé, au sol, alors que ce qui semblait être ses amis reculaient de crainte. Madhi avait alors lâché une arme qu'il ne se souvenait même pas avoir prise et s'était enfui.
C’est au alentour de ses seize ans, qu’il découvre l'existence de Tamara. Après plusieurs périodes manquantes dans ses souvenirs, il s’est retrouvé dans un endroit totalement étrangé, à quelques dizaines de kilomètres de son village natal. Il comprend donc que c’est elle qui l’a mené ici. Tamara est une jeune fille un peu plus âgée que lui et assez violente. Elle ne laisse rien passer, elle ne supporte aucune agression, aucun mauvais regard et ne réfléchit pas vraiment avant d’agir. C’est pourquoi après une ultime bagarre pour protéger leur vie et leur intégrité, elle a fugué des montagnes. Ils partagent leurs pensées les plus intimes.
Madhi apprend à la connaître et à l’apprécier, il sait quand lui laisser les rennes et pendant une longue période, c’est elle qui gère et lui qui reste en retrait, présent, mais pas actif. Tamara va donc se diriger vers la capitale, la traversée du désert est compliquée mais elle parvient à sa destination. Évidemment, être une femme avec un corps comme le sien et des attitudes comme les siennes n’attire pas la sympathie et ni elle, ni Madhi ne se plait et ne se sent bien à la capitale.
Après deux années de galère dans Stellaraë, Tamara et Madhi réalisent qu’il y a une personne de plus : Adiel. Si Madhi est timide, peureux et renfermé, si Tamara est fonceuse, brutale et directe, Adiel, lui, est plus sournois, rusé et calculateur. Il parvient à trouver de quoi payer des vêtements, de la nourriture et finit même par faire le choix de quitter la capitale. Ses oreilles ayant capté une solution à leur problème.
Le jeune homme avait petit à petit conquis la sympathie d’une fille d’à peu près leur âge. Elle était assez timide et le charme naturellement androgine d'Adiel l’avait intéressé. S’insinuant dans sa vie comme un serpent beau parleur, la jeune fille avait supplié son père de prendre son ami pour travailler avec lui. Les manières du garçon mettaient mal à l’aise ce poissonnier et c’était lui qui avait lâché des informations sur Spelunca.
Adiel parvient à se trouver une place dans une caravane en direction du Sud. Le voyage ne dure pas très longtemps et quand il quitte le convoi, il se retrouve au abord des cavernes des vampires. Madhi et Tamara sont en retrait, c’est Adiel qui gère. Parfois, quand le danger est trop grand, quand il n’arrive pas à s’en sortir seul, la jeune femme prend le relais. Ce n’est au plus sombre de la nuit que Madhi revient parfois.
En quelques jours, peut-être semaines, Adiel parcourt une grande partie du nord des cavernes et rencontre une famille humaine qui travaille pour un vampire. Etrangement, il ne sent plus les regards étranges ou les petites agressions verbales sur son apparence. Adiel tout comme Madhi ou Tamara, s’affirme habillé en femme. Mais contrairement à eux, il ne craint plus les critiques. Spelunca est pour eux une libération, un lieu qui leur permet à tous d’être eux-mêmes sans être jugés.
Il réussit à convaincre le maître des lieux de l’embaucher et c’est ainsi qu’Adiel pose définitivement des bagages, même si c’est plus souvent Madhi qui s’occupe du travail. Discret et bosseur, il fait tout pour toujours être dans les bonnes grâces mais ses démons le rattrape très souvent et il fuit tout au fond de lui même quand cela arrive pour laisser Tamara ou plus rarement Adiel finir sa journée de travail.
Environ cinq ans plus tard, Adiel décide seul qu’il est temps de changer, qu’il est temps de voir plus grand. Madhi et Tamara n'interfèrent pas dans ses idées même s’ils n’ont pas été consultés. C’est ainsi qu’il se présente dans le Maître des lieux. Celui-ci appréciait pas mal le jeune homme, tant par son travail que par leurs conversations. Le chef de famille lui avoue même, en lui tournant autour, qu’il a parfois du mal à le cerner, à comprendre comment il pense et pourquoi il agit d’une manière ou d’une autre.
Adiel, et par extension les deux alters qui l’accompagnent, apprennent comment se déroule la transformation, comment ils vont souffrir s’ils survivent. Durant les préparatifs, Madhi reste tapis dans l’ombre et Adiel use de son charme pour le réconforter. Le seul désir du premier, c’est que l’entreprise échoue, et qu’il soit libéré. Tamara, elle, est résignée, elle accepte mais a peur de ce qui pourrait arriver à leurs corps.
Quand le moment arrive, c’est Adiel qui se présente, confiant, serein. Dans leur monde, Madhi pleure et Tamara s’agite.
Quand le vampire s’approche d'eux, c'est Madhi qui tremble. Adiel ferme les yeux et Tamara bout.
Quand il mord, c'est Tamara qui se débat. Madhi s'effondre et Adiel sourit.
Quand le corps tombe, sanguinolent et parcouru de spasmes, c’est Tamara qui lutte. Adiel prend Madhi dans ses bras.
Quand les cauchemars commencent, c’est Madhi qui les affronte. Tamara se trouve impuissante et Adiel soutient.
Quand la soif finit par prendre le dessus, c’est Tamara qui réclame. Madhi reprend son souffle et Adiel réconforte.
Le temps n’a que très peu de place, aucun ne sait comment il s’écoule, comment il file, peut-être même qu’il s’est arrêté le temps qu’ensemble ils reprennent le dessus sur la faiblesse, la faim et l’inconfort…
Tamara est la première à goûter au sang, à goûter à l'apaisement d'une partie d'elle-même. Madhi, lui, ne veut pas, il refuse, il ne veut pas faire ça. Adiel reste donc avec lui, pour lui parler, le convaincre : Si Madhi abandonne, ils dépérissent tous les trois.
Quand le corps est enfin apaisé et que les rêves, les douleurs et la faim son régulier, calme et maîtrisable, Madhi ne panique plus, Tamara ne front plus et Adiel prend le contrôle. Il sait ce qu'il doit faire, et, même s'il ne le montre pas ouvertement, il remercie ses deux moitiés d'avoir gérer le changement, qu'ils peuvent se reposer et qu'il va diriger pendant quelque temps. Sans avoir à signer quoi que ce soit, l'accord est scellé. Pendant quelques semaines, ni Tamara ni Madhi ne prennent la place d'Adiel.
Le jeune homme, quant à lui, fait sa cour. Il charme, il flatte, il se fait petit à petit une place de plus en plus importante au sein du clan Van Cullen. Il sera ainsi présenté à bon nombre de vampires plus ou moins important. Ses belles paroles ne tombant jamais ou rarement dans l'oreille d'un sourd dans sa propre maison, il n'avait pas vraiment besoin de prouver sa place. Cependant, c'est un invité qui remet les choses dans leurs droits chemins.
Madhi et Tamara durent revenir et se relayer pour participer aux différentes tâches. Comme dans bon nombre de famille Alpha, les Van Cullen était fervent adorateur du culte d'Adam. C'est donc assez logique mais naturellement qu'Adiel, Tamara et Madhi s'y sont convertis. Leur rapport à celle-ci était différent et personnel, il est toujours curieux de les voir prier. Adiel est dans la retenue, Tamara contraire à ses habitudes n'y fonce pas tête baissée et respecte scrupuleusement les règles. C'est Madhi qui, lors des rassemblements, y lâche totalement prise. Et c'est pourquoi c'est souvent lui qui s'y rend. Il se laisse totalement aller et ne souffre plus d'aucune barrière : plus de crainte, plus de timidité, plus de voile protecteur, il s'y sent totalement libre.
Au fil des années, Adiel parvient à prendre le dessus sur certains autres vampires anciennement elfe ou humain, il leur délègue des tâches de plus en plus importantes. Il sait se faire bien voir, il sait jouer de sa sympathie et de ses attitudes pour plaire et être dans les bonnes grâces. Son créateur finit même par le considérer comme un joyaux et lui confie une partie de ses terres, celles que ses propres enfants ne veulent pas.
La terre n’est pas, ne semble pas exploitable. Les récoltes sont assez maigres mais juste assez suffisantes pour ne pas que ce soit en faillite. Les vampires et humains qui y vivent, se tuent presque à la tâche. Madhi, le pessimiste, avait alors proposé d’y renoncer, et Tamara avait envie de tout brûler de colère. Mais Adiel leur promet de trouver une solution.
C’est un Vampire, esclave du grand Maître qui trouva la solution quelques mois après l’arrivée d’Adiel. Dans l’une des petites grottes, il avait trouvé un filon de pierre précieuse. Peu de chose, un presque rien qui avait su satisfaire le nouveau régent. C’est comme ça que la culture sur le déclin fit place au minage productif.
Il mit cependant plusieurs années avant d’avoir ce qu’il possède aujourd’hui, une belle demeure, suffisamment attirante mais pas aussi luxuriante que Château Rouge, endroit dans lequel il aime particulièrement aller quand rien ne le retient chez lui.
Aujourd’hui, Madhi, Tamara et Adiel continuent de vivre en harmonie, l’un dans l’abandon au culte d’Adam, une autre dans la chasse pour assouvir ses instincts et l’autre, enfin, dans les affaires et les mondanités.