- Occupes toi des tables.
- Oui !

Tamel se faufile dans la salle pour passer un coup de chiffon humide sur toute les tables inoccupés, à cette heure là, il n'y a pas grand monde, quelques voyageurs, quelques habitués mais fort peu comparé aux grandes heures. Elle replace les chaises, même si dans quelques temps, il faudra le refaire. Qu'importe. Elle sourit à ceux qui son déjà là puis retourne vers le comptoir. Son père la regarde en essuyant des choppes.

Il ne lui dit pas, mais il est fier d'elle depuis qu'elle est de plus en plus à l'apprentissage. La jeune femme lui ment, évidemment, elle n'ose pas lui dire qu'elle est devenue une élève d'Irma.   Alors, si lui est content, c'est parce qu'il pense qu'elle est avec son Maître pour apprendre son métier de fabricante de bijoux. Cependant, malgré ce sentiment, il montre parfois de l'agacement, il est content pour elle, c'est évident, mais... elle lui manque parfois quand elle disparait trop longtemps.

La Stryge sourit à son père en disparaissant dans l'arrière boutique pour rejoindre sa mère aux fourneaux. Celle-ci cuisine pour tous le monde, généralement, elle ne fait qu'un plat et tous s'en accommodes. Tamel lui donne ce dont elle a besoin, mélange parfois à sa place et discute avec elle. Contrairement à son père, la vieille femme est moins chaleureuse, plus distante, mais ne porte pas moins d'affection à l'enfant qu'elle a accepté chez elle il y a des années.

Après quelques longues minutes de bavardages à propos de voyageur, Tamel fut renvoyé à la salle, il allait être pas loin de dix-huit heure et les clients allaient commencer à arriver. Elle entre dans la salle à peu près en même temps qu'un inconnu, mais ne s'en préoccupe pas vraiment. Son père en revanche, ne le quitte pas des yeux sans pour autant engager la conversation.

Cependant, quand le Stryge ouvre la bouche pour passer commande, sa voix grave et profonde le surprend. Si on le lui avait demandé, il n'aurait sans doute pas associé une telle voix à une personne semblable à lui, mais qu'importe. Il jette un regard vers l'arrière et fait un signe de tête à Tamel qui disparaît presque aussitôt pour revenir avec une assiette pleine qu'elle vient poser devant l'homme.

- Tenez ! Bon appétit !

Elle lui offre un petit sourire en glissant sur la table une serviette et quelques couverts utiles. Elle avait envie qu'il parle de nouveau, pour être sur que cette voix venait de lui. Sans doute était-elle trop curieuse, mais même si celle-ci était hors norme, elle avait un petit truc en plus... ou en moins ... elle n'était pas sur.

- Vous voulez boire quelque chose avec ? Bière ? Hydromel ?

Demande-t-elle alors que son père servait déjà de nouveau client sans doute venu de loin au vue de leurs absence d'aile et vêtement particulier. La taverne allait petit à petit se remplir et une bonne partie des clients ne seraient que de passage.

Tamel hoche de la tête à sa réponse. Ses sourcils tout de même froncé, il n'est pas habituel de boire chaud avec un plat. Généralement, les clients préféraient la bière pour accompagner un plat, et les boissons chaudes réservé pour les soirs où la météo peu clémente aurait rafraîchit jusqu'aux os. De plus, elle servait principalement ces boissons aux personnes plus âgées ayant quelques rhumatisme ou toux chronique.

Cependant, elle ne s'attarde pas et préparer une infusion de plante proche de la tisane et disparait quelques instants en cuisine pour y ajouter une petite cuillère de miel. En revenant, son regard tombe sur l'homme en train de prier devant son assiette. Encore une fois, elle affiche un air étonné mais garde son commentaire pour elle. Une fois devant lui, elle fait glisser la choppe fumante.

- Tenez, vous avez de la chance, il nous restait du miel.

Souffle-t-elle dans un murmure comme si elle avait peur de le déranger pendant son repas. Elle n'avait jamais vu quelqu'un prier avant de manger. Elle sait, évidemment, que certains prient beaucoup, mais elle n'en a jamais croisé jusqu'à aujourd'hui. Sans doute ne fréquente-t-elle pas les mêmes endroits. Quand il reprend la parole, sa voix la surprend de nouveau.

- Ah ! Oh, non non... bredouille-t-elle d'abord avant de reprendre plus normalement, Je n'avais jamais vu ça, mais je ne pense pas que ca dérange qui que ce soit...

La stryge jette un regard autour d'elle, effectivement il y avait eut des regards curieux, et des froncements de sourcils interrogateur, mais globalement, chacun était reparti dans sa discussion préalable. Elle reporte, elle aussi, son attention vers le buveur de tisane avec un petit sourire.

- Ne vous inquiétez pas, ma mère n'empoisonne pas souvent les plats !

Bien sûr, c'était plus une taquinerie qu'une remarque. Tamel sait bien que ce n'était pas pour ça qu'il avait prier, mais l'idée qu'il puisse le faire pour purifier son repas n'était pas totalement idiote. Plus elle le regarde, moins elle parvient à lui donner un âge. Il semble jeune, mais sa brûlure au visage peut la tromper, sa voix grave peut laisser penser qu'il est mature et sa tisane qu'il est âgé. Il semble également avoir beaucoup voyager et finalement, elle ne retient plus sa question.

- Je ne vous avez jamais vu dans le coin, vous rentrez de voyage sans doute ?

La jeune femme le quitte des yeux pour récupérer des mains de son père un chiffon et une panière plein de choppe à essuyer.

- Vous priez comme ça souvent ?

Tamel qui commençait à essuyer les verres ne manque pas de le voir quitter son manteau, et aperçoit en s'y attardant du regard, un tatouage dans le bas de son cou. Est ce qu'il était beaucoup tatouer ? Cependant, elle fut ramenée à la réalité par son commentaire.

Elle sourit bien largement en ajoutant que si un jour l'un de ces clampins mettaient les pieds ici, il ne serait même pas servit à défaut de le chasser à coup de poing. Quand il lui confirme ensuite être un Adepte du Cri et qu'en plus de ça il revient de voyage, sa curiosité se fait plus grande encore.

La jeune femme n'a jamais voyager sans avoir un but précis. Son premier voyage était pour revenir à la tour... Et avec les récit des voyageurs, elle se faisait sans nul doute une fausse image du voyage et des endroits lointains et magnifiques.

- Je comprend, oui...

Elle n'était pas croyante ou plutôt, elle n'était pas dans le fanatisme. Elle aimait Mahriser comme elle avait appris à le faire, mais elle pensait aussi parfois à ce qu'elle avait pu connaître avant. Tamel ne comptait pas débattre de la religion et des croyances avec lui, elle partageait les siennes sans aucun doute, mais n'y était pas pour autant enfermée.

- Moi ? Heu... Disons que mon cas est particulier, je n'ai pas passer la Validation.

Elle baisse le regard pour éviter celui d'un client qui fronçait déjà des sourcils. L'Orpheline ne sait pas toujours comment les gens vont réagir, alors généralement, elle n'en parle pas. Comment expliquer dans une société si bien rangé que l'on n'entre dans aucune case à cause de sa naissance ? Elle le fixe un petit instant avant de reposer ce qu'elle avait entre les mains pour se pencher vers lui et chuchoter avec presque honte.

- Je n'ai malheureusement jamais été référencer. Je ne suis pas née ici, et en arrivant vers six ans, c'était bien trop tard... Mes... parents biologiques sont donc des traitres sans doute... et n'étant qu'une enfant, j'ai pu revenir.

Doucement, elle se redresse en jetant un regard vers son père. Il ne semblait pas avoir entendu, lui non plus n'aimait pas trop qu'elle parle de ça. Même si la plupart des habitués connaissaient l'histoire, il était plus simple pour lui de dire qu'elle avait simple échoué la Validation et qu'elle était désormais avec eux.

A l'époque, ils n'avaient même pas chercher à savoir si c'était possible de l'inscrire, ils avaient juste eut l'autorisation de la garder et de l'élever comme une Stryge Noire qui ne serait pas candidate à la validation, comme si elle avait échoué d'office.

- Si j'avais eut le choix, et que j'avais réussi la Validation... peut-être serais-je Adepte du Dragon... ou assassin ? Je ne sais pas du tout... L'un ou L'autre...

Tamel marque un petit temps d'arrêt en le fixant... puis reprend avec de nouveau cette curiosité dans la voix.

- Mes parents ne m'en ont pas parlé, c'est un sujet un peu tabou... Mais comment ça se passe la Validation ?

Si il était Adepte du Cri, c'est qu'il avait non seulement réussi la validation mais également la suivante pour le spécialiser dans la propagation de l'unique foi.

Tamel n'avait pas vu l'expression tendu de Fudo et de son voisin, mais quand son visage se radouci, elle le constate. Et, quand il prend la paroles, elle ne peut qu'approuver. A cette époque, c'était un orc qui l'avait raccompagné jusqu'à la tour, et c'était lui qui avait pris soin d'elle durant tout le trajet. Aujourd'hui, après toute ces années, elle pouvait bien dire que c'était sans doute Mahriser qui le lui avait envoyer pour la guider jusqu'ici.

Elle jette un oeil en direction de son père et attrape de quoi occuper ses mains. Il n'aimait pas trop la voir discuter sans rien faire. Et, quitte à rester là, intéressée par la conversation, autant essuyer de nouveau les verres devant elle... Elle reporte son regard vers le stryge tout autant que son attention.

La jeune femme était d'accord sur bien des points, mais elle n'était pas certaines d'avoir un rôle bien important pour la Tour. Evidemment, elle n'avait secrètement pas l'envie de rester derrière ce bar toute sa vie, c'était d'ailleurs bien pour ça qu'elle était apprentie chez le bijoutier. Mais au delà de ça, elle avait l'envie de découvrir les étages les plus hauts...

Quand il se présente, elle sourit, juste un instant. Ce n'était pas si important que ça de se présenter, mais c'est vrai que c'était quand même plus sympa de connaitre son interlocuteur. Elle n'eut pas le loisir de répondre immédiatement, celui-ci répondant à présent à sa curiosité.

Totalement attentive, elle s'était arrêter dans sa tâche et s'était de nouveau penché en avant pour ne rien perdre de ses paroles. Elle était impressionnée. Cela ne semblait effectivement pas compliqué, mais... En voyant à quel point elle-même avait du mal à la chasse, elle était presque sur qu'elle ne serait pas passée. Mais il semblait dire que même un non initié à la chasse pouvait réussir.

« Oh, je vo...»

Interrompu par le grognement de l'autre client, elle tourne le visage vers lui. Ce dernier n'avait pas totalement tord, mais il était évident pour elle que ce n'était pas aussi simple. Mais c'est Fudo qui reprend la parole et toute l'attention de la Stryge. Et, si elle affiche un air impressionné à l'idée qu'il ait pu abattre une aussi grosse bête d'un seul cri, elle fronce un peu le nez à la suite. Ce ne devait pas être facile de voir ses amis combattre et échouer, que ce soit le combat ou la validation.  

Tamel hoche doucement la tête quand il explique que son cri avait eut des répercussions. Elle avait ressentit une drôle de chose, comme de la confusion ou de la peine... elle n'arrivait pas trop à l'identifier et avait finalement mis ça sur le compte de sa compassion envers le client plutôt que sa réelle provenance.

« Et vous en trouverez toujours ici ! »

Répond-elle en répondant à son sourire par le sien. Le client de l'autre coté, avait haussé des épaules comme si il trouvait absurde d'argumenter avec l'Adepte. Cependant, il lève tout de même sa choppe pour réclamer une nouvelle rasade. Elle attrape le godet puis après l'avoir remplis, le lui rend. Cela lui laisse le temps de tourner et retourner ses nouvelles questions dans son esprit. Elle en avait d'autres, et ne savait pas trop comment les formuler.

« Mais du coup... Dites-moi si mes questions sont trop... » Elle hésite un instant avant de reformuler. « Je veux dire que je ne vous oblige pas à y répondre si c'est trop... privé. »

Elle sourit avant de reprend, et d'enfin poser ses questions.

« Concernant la validation... Le grizzly à largement du être suffisant pour les points non ? Cela vaut beaucoup j'imagine ? Cela a du être impressionnant... Comment vous l'avez ramener ? »

Elle attendait ses réponses avant de poser les suivantes.

« Et du coup... vous ne pouvez plus utilisez votre voix ? je veux dire ce cette manière là ? »

L'orpheline était toujours impressionné quand les gens avaient des dons, mais c'était assez rare, de son point de vue en tout cas, de croiser ces même personne parlant librement des limites de ceux-ci.