Nom : Kraho
Âge : 28
Sexe : Homme
Race : Humain
Classe envisagée : Guérisseur
Métier envisagé : Fabriquant de potions
Capacité magique : Aucune
Mode hardcore : Non

Kraho approche de la trentaine, mais la crasse qui recouvre ses habits et sa peau le vieillit en apparence. Dormir dehors semble être son habitude. Un citadin dira probablement qu'il pue. En réalité, il sent la terre, la forêt et la vie au grand air.
Il porte des vêtements solides mais usés, aux tons ocres. Une large pièce d'étoffe recouvre son corps comme une toge, et un foulard épais lui sert de capuche. Partout sur lui, des poches, des sacoches et des baudriers, tous pleins d'on ne sait quoi mais qui semblent importants à ses yeux.
Lorsqu'il s'exprime, c'est avec une voix enrouée et cassée, comme si elle servait peu.
Il est toujours accompagné d'un chien aux longs poils qu'il appelle Ficelle. Ce dernier, tout aussi crasseux que son maître, lui semble totalement dévoué.
L'un comme l'autre ne paraissent pas dangereux. Le chien s'allonge à la première occasion, et la seule arme que porte l'homme est un couteau presque trop usé pour dépecer une proie.

Tout glisse sur lui comme l'eau sur une plume. Sa constitution à toute épreuve lui permet de se contenter du minimum, et son mental d'acier le rend insensible à toute peur. Pourtant, ce n'est ni un casse-cou, ni un provocateur. Il semble toujours être en pleine réflexion calculatoire, pesant le pour et le contre de chaque décision qu'il prend, même pour choisir s'il va saler ou non sa soupe. On pourrait considérer qu'il se prend la tête, mais cela serait un raccourci maladroit. On pourrait le croire indécis, ou lent à l'action, mais il n'en est rien. Il sait faire preuve d'un esprit à la fois rapide et fin.
Il préfère laisser les gens tranquilles autant que possible, mais répond volontiers à une entame de conversation, même futile. Une fois passée la barrière de l'hygiène, on trouve en lui un interlocuteur sympathique, même s'il ne se perd ni en détails, ni en tournures prolongées.
Les plus fins psychologues comprendront que ce détachement et cette réserve qui sont les siennes, sont les cicatrices d'un fort sentiment de mal du pays. Il ne se sent chez lui nulle-part, et se considère comme un étranger de passage partout où il va. Créer des attaches envers des lieux, ou des liens avec les gens n'est pas son fort, ou peut être simplement se l'interdit-il.
Même s'il parait à l'aise en voyage, sa géographie et son érudition de manière générale laissent à désirer. On peut le croire tout juste sorti de sa grotte, inconscient de ce qu'il se passe dans le monde, des enjeux politiques, des guerres, du fonctionnement des cités, de l'art... tout ceci lui échappe et ne semble pas l'intéresser.
Il se passionne néanmoins pour les animaux, et s'occupe bien de son chien. Il lui parle et se comporte comme s'il lui répondait. Pour ainsi dire, il le traite comme son égal.
Tout ces indices sur lui laissent comprendre qu'il a probablement passé la majeure partie de sa vie au même endroit, sans jamais le quitter, et qu'il a pris la route subitement pour ne plus s'arrêter ni regarder en arrière, n'emportant que son chien. Un brusque changement de mode vie qui doit forcément trouver son explication dans un événement précis.

C'est dans un petit village des plaines d'Aràn, à la lisière des Fjords, que Kraho a grandi. Travaillant à la ferme de ses parents comme berger, parce que les chiens l'aimaient bien, mais sans grandes convictions, ce qui se ressentait dans la qualité de ses accomplissements. La seule activité agricole que Kraho pratiquait sans râler était la botanique. La pousse, le croisement végétal, les caractéristiques des plantes, leur utilisation thérapeutique ou récréative... ça, il y passait du temps. Dans une famille en bonne santé, malheureusement, ça n'attire que des moqueries. On le laissait "cultiver son jardin", mais avec le temps, ses frères, sœurs et parents avaient fini par le considérer comme un tire-au-flanc. Pourtant, il avait constaté l'efficacité de ses pratiques sur Garan, son meilleur ami, enfin... le seul de son age qui acceptait de passer du temps avec lui. Garan, c'était un gars malin, parfaitement adapté à la vie en village. Pour ainsi dire, il entourloupait tout le monde. "Et Garan est bien gentil" par ci, "Et Garan est très serviable par là". Il rendait des services, faisait les courses des vieux en se servant allégrement dedans, réparait les meubles des trop occupés en se servant au passage dans les tiroirs, retrouvait les chats et les chiens primés qu'il avait lui-même kidnappés. Tout le monde n'y voyait que du feu, et Kraho et lui rigolaient bien en ce racontant ces péripéties.
Garan voyait le monde différemment des autres. Normal quand on est mourant et qu'on le sait depuis le plus jeune age. Aucun médecin ne savait dire précisément ce qu'il avait, si ce n'est que son cœur était défaillant, et qu'un jour, sans prévenir... dans un mois ? dans dix ans ? Il avait souvent des douleurs partout dans le corps que Kraho arrivait à soulager avec ses préparations. Les plantes, ça lui a pris comme ça un jour, en lisant un des quelques livres sur l'étagère peu fournie du rebouteux du Bois-Sud. Le vieux avait bien voulu lui apprendre, lui donner des bases, et Kraho s'était très vite mis à faire ses expériences dans son coin. Garan, c'était un peu son cobaye. Il était d'accord pour avaler tout ce que Kraho lui présentait. Des fois, ça se passait mal pour son estomac, mais... à force d'expérimentations, les douleurs avaient disparues et le cœur avait ralenti. Sans parler des fois où ils abusaient volontairement de certaines décoctions hallucinogènes. Voila ce qui poussa Kraho à continuer dans cette voie, tout en travaillant à la ferme.
A sa majorité, Kraho décida qu'il ne devait plus rien à personne, et rejoignit la milice du village, pour quitter la monotonie des moutons. Ce choix ne fut approuvé ni par son père ni par sa mère, qui dès lors, le traitèrent comme un étranger. Kraho savait ce qu'il encourait en refusant d'assurer la relève de l'activité familiale, mais cette vie n'était par pour lui. Il l'avait compris depuis tout petit, lui ce qu'il voulait, c'était voir le monde, partir loin.
La vie dans la milice d'un village aussi paisible reste tout aussi peu mouvementée que la guidance d'un troupeau, et pendant des années, Kraho s'ennuyait, mais au moins il accumulait un pécule dont il savait qu'un jour, il lui permettrait de partir confortablement.
Il continuait de traiter Garan, mais ne parvenait pas à le guérir définitivement. De plus, la maladie évoluant, les doses devenaient plus fortes, et les effets secondaires plus présents. Il s'en voulait de ne plus pouvoir progresser, faute de nouveau savoir à portée de main. Il lui fallait se rendre en ville pour étudier, mais c'était encore trop tôt.
Son affinité avec les canidés lui permit de prendre le poste de maître-chien. Il apprit la chasse, la traque, la survie dans les bois, et quelques notions de stratégie et de combat. Cependant, pendant ses dix années de service, il n'eut pas vraiment besoin de se battre. Patrouiller ça, oui. Faire comprendre aux étrangers malvenus d'aller voir ailleurs à 8 contre 1, ça aussi. Régler les conflits de voisinage, tous les jours. Mais rien ne l'avait préparé à ce dernier jour.
Alors qu'il chassait le renard accompagné de Ficelle, le meilleur de ses chiens, il vit l'épaisse fumée noire qui cachait le ciel, en direction de son village. Son premier réflexe fut d'accourir à toutes jambes, mais il s'arrêta net lorsqu'il pu apercevoir l'origine du tableau. Des skarniens venus en masse des Fjords pour piller le village. Kraho regardait ses collègues mourir un à un, tentant de défendre leur terre avec leurs maigres talents, ses voisins se faire étriper par les créatures sanguinaires que les prisonniers n'intéressaient pas. Il pensa à sa famille, à qui il n'avait pas parlé depuis des années, qui devait être en train de subir le même sort. Et Garan ? Il n'était pas en vue.
L'espace d'un instant Kraho se mit à envisager les actions qu'il pouvait entreprendre, ainsi que leurs conséquences. Il voulait aller se battre, mais quelle différence ferait-il ? Dans sa tête, ça allait dans tous les sens. Mourir ici proprement et dignement, et avoir eu une existence sans intérêt, ou bien fuir comme un lâche et passer le restant de ses jours à se haïr et à éviter les miroirs... Il profita de ne pas encore avoir été repéré pour tourner le dos à cette scène, et partir. Il ne s'arrêta que pour déterrer le sac de cuir qui contenait ses dix années d'économies et qu'il gardait dans un endroit secret, puis il partit vers l'est.

Kraho est désormais tiraillé entre la raison et la culpabilité. Évoquer cet événement tragique lui est pénible. Il espère rejoindre la grande cité de Kastalinn pour y construire une nouvelle vie, comme il l'a toujours voulu. La bas, il souhaite avoir accès à un plus grand savoir pour comprendre cette magie qu'il sait exister en lui, mais qu'il a toujours laissée de coté. Avec le temps, il a compris que les plantes ne sont pas les seules responsables de ses performances.
Il n'a aucune idée des opportunités qui peuvent s'offrir à un étranger comme lui dans une si grande ville, mais cela ne lui fait pas peur. Toute sa vie, il s'est battu pour trouver sa place, et son voyage ne fait que commencer.