Le Vieux Bonhomme la MineTchok Tchok Tchok… Vous avez déjà entendu piocher au fond d’une galerie déserte tout en sachant pertinemment que personne dans le coin n’était en train de l’exploiter ? Vous avez déjà senti un souffle chaud éteindre la flamme de votre lampe juste avant de sentir l’odeur du Grisou qui vous aurait pulvérisé ? Vous avez déjà vu une étrange silhouette barbue et muni d’une pioche disparaître soudain à la limite de votre champ de vision ? Si c’est le cas, vous avez peut-être déjà croisé le chemin du Vieux Bonhomme la Mine…La légende du Vieux Bonhomme la Mine est un de ses contes qu’affectionnent les nains des montagnes du Baldor. Elle raconte l’histoire d’un antique ancêtre nain, perdu dans un invraisemblable dédale de galerie au cours d’un combat contre des peaux vertes, et qui, errant et mourant de faim, finit par croiser une ombre ressemblant étrangement à un grand nain barbu et muni d’une pioche, qu’il suit sans jamais réussir à le rattraper, jusqu'à ce qu’il s’aperçoive que la mystérieuse silhouette l’a guidé à travers les tunnels jusqu'à un endroit connu avant de disparaître sans laisser de traces.
Il existe évidemment des milliers de versions de cette histoire, et chacun des nombreux clans nains a la sienne, où le héros est évidemment un ancêtre direct, guidé dans les profondeurs par la mystérieuse silhouette, protégé d’un effondrement par des bruits de pioches salvateurs, voir dirigé vers de fantastiques filons de pierres et de métaux précieux. Mais toutes ces histoires se recoupent sur les points les plus importants, la créature mystérieuse, la longue barbe, la pioche, et l’aide apportée sous terre aux nains en périls.
Nommé le plus souvent Le Vieux Bonhomme la Mine, mais parfois aussi le Très Longue Barbe, le Nain du Fond, le Porion, ou tout simplement le Vieux Mineur, l’étrange créature guidant les mineurs égarés est devenu au fil des âges un élément majeur du folklore des exploitations et des villages nains. D’origine inconnu, tantôt considéré comme une sorte d’esprit de la mine, d’incarnation des nains morts sous terre, voire comme un ancêtre nain des âges antiques, immortel et protecteur, le Vieux Bonhomme la Mine protège ceux qui respectent la montagne et les valeurs du peuple nain, envoie des signes à ceux qui creusent les entrailles de la terre pour leur indiquer des dangers, des filons, voire leur vient en aide en cas de besoin.
Et il suffit d’observer les nains à l’ouvrage pour s’apercevoir à quel point il est présent dans leur quotidien. Ainsi, quand vient le moment de rentrer dans la mine, il n’est guère de mineur qui ne se frappe le casque trois fois de sa pioche, reproduisant le bruit caractéristique du Vieux Mineur, pour lui signaler qu’il entre dans son domaine et solliciter sa protection. Protection qu’il remerciera en sortant, le plus souvent en laissant dans le coin le plus profond de la mine un cadeau pour le Bonhomme la Mine, gourde de bière ou assiette de nourriture qu’on retrouvera toujours vidé le lendemain.
Léon de Stellarae, Ma vie chez les nains, croyances et superstitionsL'or des FousLes contes et légendes des nains sont remplis d’histoires d’infortunés mineurs trouvant soudain un merveilleux filon et pris à sa vue d’une telle frénésie qu’ils se tuent à la tâche en essayant de le récolter, ou de nains devenus des tueurs après avoir massacré sauvagement leur groupe pour éviter de partager cet or si brillant qu’ils venaient de mettre à jour.
L’or des Fous, que les nains appellent aussi Mal’hor ou Kwartzk (souvent utilisé comme un juron ou comme une insulte) est selon les récits un étrange minerai qui semble, pour le mineur inattentif ou fatigué, revêtir, dès qu’il est mis à jour et apparaît à la lueur des lampes, tous les aspects d’un riche filon aurifère, avec l’étrange particularité de paraître de plus en plus riche alors qu’on creuse de plus en plus loin dans sa veine, entraînant chez le nain qui l’a découvert une véritable frénésie de terrassement qui peut le mener à la mort par épuisement, ainsi qu’une obsession pour la propriété de son filon qui peut le conduire à attaquer sauvagement des camarades de longue date pour le protéger…
Longtemps, les récits des nains ont fait de ce Malh’or une sorte de malédiction, la plupart le considérant comme un mythe surtout destiné à servir d’avertissement aux jeunes mineurs trop pressés ou peu désireux de partager une belle découverte avec leurs camarades. Ainsi, les nains parlent volontiers d’éviter d’attirer le Mal’hor par une action qu’ils réprouvent, et ponctuent régulièrement leurs accords à l’amiable d’un « Kwartzk qui s’en dédit ! »
Mais plus récemment, des chercheurs de la guilde des ingénieurs ont fait une surprenante découverte, mettant la main non pas sur un minerai, mais sur un étrange champignon souterrain qui contrefait les reflets de l’or dans la pierre, et qui, dès qu’on le touche, crache dans l’atmosphère des spores qui ont chez les nains de fortes propriétés hallucinogènes, apportant paranoïa, fébrilité, et de brusques envies de violence…
Le mystère de l’or des Fous serait-il enfin résolu ?
Léon de Stellarae, Ma vie chez les nains, croyances et superstitionsLe Galapiat des tunnelsLe Galapiat des tunnels, ou Galapiat moqueur, surtout connu chez les humains via la chanson de taverne naine « Il court il court le galapiat » que tout le monde s’accorde à trouver très obscure, serait un petit animal du monde souterrain, croisement étrange de taupe et de singe, quasiment invisible, discret, espiègle, capable de creuser dans le sol comme un fouisseur, tout en possédant des mains et des jambes lui permettant de courir et d’assouvir sa passion pour la collection d’objets en volant les outils des mineurs (qui lui servent d’après les récits pour sa parade nuptiale, le galapiat mâle étant attiré par les femelles les mieux outillées).
Outre son étrange apparence et sa passion pour le vol, le galapiat est aussi considéré comme l’animal le plus moqueur et le plus bête de Dùralas, ce qui le pousse immanquablement à imiter tout comportement qu’il trouve ridicule, du moment que celui qu’il imite ne le voit pas.
La méthode de chasse traditionnelle du Galapiat est donc de se mettre un seau sur la tête jusqu'à cacher les yeux (pour faire apparaître le galapiat) puis de se donner de grands coups de pioches sur le seau (ou de n’importe quel outil équivalent), ce qui poussera le galapiat à faire de même, et comme il ne porte pas de seau, à s’assommer tout seul…
Après étude, il me semble assez évident que le galapiat est un animal imaginaire, servant surtout aux mineurs expérimentés à se moquer des apprentis descendant pour la première fois dans les tunnels, et permettant de rire à leurs dépens en leur faisant parcourir les galeries un seau sur la tête en se donnant des coups de pioches.
Léon de Stellarae, Ma vie chez les nains, croyances et superstitionsLa RespirationLa Respiration est un mythe très ancien du peuple nain, et qui contrairement aux autres n’a rien de populaire. Je n’en ai entendu parler que par hasard, et j’ai eu ensuite beaucoup de mal à trouver des interlocuteurs de confiance acceptant de m’en révéler plus. Les écrits qui vont suivre sont donc une compilation tout à fait unique et rarissime, et je pense pouvoir à juste titre prétendre être le premier homme à les coucher sur le papier…
Nous connaissons tous les récits des premiers âges et des quatre dragons gardiens, chacun posté à l’un des points cardinaux de notre monde, et veillant sur ses limites. L’histoire des nains est évidemment la même que celles des humains sur ces points-là. Mais si les nains ne disent pas grand-chose des dragons du Nord, du Sud, et de L’Ouest, ils se sont en revanche grandement intéressés à celui de l’Est, et l’ont longuement cherché avant d’arriver à une conclusion évidente pour ce peuple souterrain. Si un être de cette taille était impossible à trouver, c’est qu’il ne se cachait pas en surface, mais bien sous terre, comme les nains eux-mêmes !
Et c’est comme preuve de cette allégation que l’on en vient à parler de la respiration. Imaginez… Vous êtes dans un tunnel obscur, pas un tunnel creusé et étayé de mains de nains, mais plutôt une faille tectonique aussi vieille que le continent. Vous avancez à tâtons dans les profondeurs lointaines de la terre, et soudain, l’air devient plus chaud, plus lourd, chargé d’une odeur étrange, oppressant comme si vous avanciez soudain non pas dans l’air, mais dans une épaisse mélasse. Vos gestes se font plus lents, votre respiration difficile, un souffle irrépressible semble soudain vous attirer vers l’avant, vers le cœur de la terre. Vos compagnons les plus faibles sont arrachés du sol, les cordes qui vous tiennent se tendent prêtes à rompre pendant que vous luttez contre le souffle… Et soudain, vous êtes projeté en arrière, renvoyé d’où vous venez… Mais la sensation d’engourdissement ne diminue pas, peu à peu, elle gagne tout votre corps, paralysant chacun de vos membres, et le temps de réaliser ce qui vous arrive, c’est votre cœur qui s’arrête à son tour pendant que vous êtes lentement changé en statue de pierre. Pétrifié par le souffle du dragon !
Légendes ? Exagération ? Peut-être ? Mais vous ne trouverez pas beaucoup de nains qui n’aient pas entendu parler de ces histoires de groupes descendant dans les profondeurs et retrouvés transformés en statues… Quant au récit que j’ai retranscrit fidèlement au-dessus, il m’a été fait par un nain si vieux qu’il est certainement mort aujourd’hui, un nain que j’ai rencontré chez lui, incapable qu’il était de se lever de sa chaise. Et qui, à la fin de notre entretien, sentant mon incrédulité, a écarté le plaid qui lui couvrait les jambes pour me les montrer.
Et croyez en votre serviteur sur parole, elles étaient de pierre jusqu’aux hanches !
Léon de Stellarae, Ma vie chez les nains, croyances et superstitionsCette œuvre rapporte 1 bracelet argenté à Corbeau