Il faisait plutôt doux en Ishtar, et ce malgré la saison hivernale qui battait son plein. Loin des températures drastiques du Nord, le Sud se targuait de conserver des températures accommodantes, et je remerciais mes parents de ne pas avoir été de ces fous qui ont émigré pour s'installer dans les Fjords. J'avais accosté avec Sval, quittant l'Ombre des Côtes pour refourguer la came qu'on avait produite cette semaine et dont l'inventaire se comptait en kilos. Il y avait des galettes lunaires, de la poudre, des skoobiscuits, et même de l'acide.
Nos clients comme à l'accoutumé, désormais bien plus dociles que lors des premières transactions (l'usage de la force avait été nécessaire pour instaurer un dialogue convenable avec ces roublards) nous payèrent en or que l'on trouvait dissimulé dans le conteneur 666 du dock, et nous déposions les sacs d'amusement physique dedans, ensuite nous allions nos poser à la Taverne du Digue du fût en profitant du soleil couchant. On parlait longtemps de ce que nous avions accompli jusqu'ici, des premières heures où nous nous étions rencontrés Sval et moi sur les sables rouges plus à l'est jusqu'à l'embarcation à bord de l'Ombre des Côtes grâce à l'élimination de ce trafiquant d'humains détestable. Je mentirais en disant qu'un plaisir de justice ne m'avait pas gagné tandis que ceux qu'il tenait autrefois en laisse se chargeait de lui trancher la gorge lorsque nous le laissions, pieds et mains liés, attachés à un poteau dans les favelas Ishtariennes. Il l'avait cherché, me confirmait Sval, et j'approuvais. Mon camarade m'affirmait aussi ne pas s'être aussi bien senti que lorsqu'il avait accompli cet acte de bienfaisance, et me glissait comme idée de continuer à œuvrer, tant qu'on était au centre de la Piraterie, à démanteler les réseaux esclavagistes. Ma mine se renfrognait.
- Nous sommes des marchands, Sval. Pas des héros. - Ah donc on va s'contenter de laisser tous ces gens se faire exploiter par ces connards ? Y'a des garçons qui s'font tripoter pendant qu'on parle, Ziggs, des filles qui doivent faire l'tapin aussi. Tu es ok avec ça ? - Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, jeune ami. Tu sais très bien que je partage ton point de vue, mais si on se met à dos des futurs clients... - Tu me casse les couilles. J'me barre, profite bien de l'or que t'as amassé vu que c'est la seule chose qui compte à tes yeux, Monsieur le Magicien.
J'essayais de le rattraper mais il me dégageait d'un coup d'épaule, je retombais sur ma chaise, et protestais.
- Je suis un Ensorceleur, si tu permets la correction ! Et puis... il est parti. Cool, cool. Cool cool cool. Je me retrouve tout seul. Super.
Je soupirais avant de fixer le plafond, ma pinte en main. Mes pieds allaient et venaient sur le banc de la taverne qui me semblait désormais tout à fait inconfortable. Mon ami avait raison, devais-je admettre. Toutes ces années passées en tant que vampire et homme de lettres m'avaient rendu terriblement pragmatique et je pesais à présent la passivité de mes mots face à l'horreur du commerce d'humains. Je ne comptais pas rester ici à me morfondre néanmoins, et lorsque je montais dans la chambre que j'avais réservée, peinant à trouver le sommeil, j'interrogeais mon grimoire magique a propos des têtes mises à prix par la Couronne. Je tombais très vite sur un Harwey Winstin, et recopiais soigneusement toutes les données qui le concernaient, jusqu'à ce que le travail me fit oublier ma dispute avec mon ami. Qui n'avait d'ailleurs qu'à bien se tenir, j'allais lui ramener de quoi me pardonner.
Le lendemain je partais pour la Red Sun Belt et ses plages rouges, qui ne cessaient de me remémorer Sval. Toutefois je n'étais plus triste à l'idée de l'avoir fâché, mais plutôt excité de la traque que j'entreprenais.
- Dis Guthemberg, tu me trouve égoïste ? - Eh bien... c'est surement l'un de tes principaux défauts, Ziggs. Tu sais les années passées à pas te soucier de la mort, voir tout le monde vieillir sauf toi, vagabonder à droite à gauche, ça n'a surement pas arrangé ton rapport aux autres. Oh et puis il y aussi cette horrible manie que tu as de jamais prendre d'initiatives genre "ouh je suis un écrivain je dois observer" bah non en fait tu peux aussi casser des bouches et être maître de ton destin. Tu as peur de l'engagement en fait. Par rapport à toi, par rapport aux autres ! Je crois que j'ai mis le doigt sur... - Hé oh, je t'ai posé une question pas besoin de dérouler le tapis de psychanalyse. Mais merci, je crois que j'ai encore beaucoup à apprendre, en effet. Peut-être serait-il temps pour moi de devenir un peu plus actif au sein de ma propre histoire et arrêter de me cantonner à un rôle d'observateur. - Et qu'est-ce que tu as en tête ? - De l'action.
J'arrivais près de l'embarcation d'un certain Hugou après deux heures de marche au travers des paysages paradisiaques de la Red Sun Belt. C'était selon mes données un ami de Winstin, et un sacré connard condamné deux fois pour viol. Assis avec ses hommes sur le ponton à jouer aux dés, je les observais un moment avant de réajuster mes deux poignards cachés dans mes manches, et de tester mes pouvoirs de télékinésie conférés par l'Immatériel sur un cailloux de la taille de mon poing à mes pieds. La pierre se soulevait et allait voler jusqu'à une dune plus loin, sans bruit. Parfait. C'était l'heure de mener un petit interrogatoire.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Ven 18 Déc 2020 - 21:36
Cela n’avait pas été simple de remonter la trace de ses anciens tortionnaires, mais Rowtag s’était armé de persévérance et il avait eu particulièrement de la chance. En effet, il était difficile, voire impossible, d’enquêter avec le peu d’éléments qu’il détenait, d’autant plus qu’il n’était pas inspecteur, mais la chose devenait nettement plus aisée quand la personne était recherchée par la capitale dùralassienne ! Ainsi, après plusieurs investigations au sein de la cité humaine, non sans faire usage de quelques petits tours facilitant bien des choses, le stellarois avait été en mesure de déterminer avec plus ou moins de précisions les traces d’Harwey Winstin.
Cet humain, qui avait rejoint la sombre activité de l’esclavagisme, n’était sûrement pas un des acheteurs des amis du djöllfulins. Néanmoins, l’illusionniste avait retenu ce nom, dans les vagues souvenirs de son séjour au cachot. Alors avec un peu de chance, se dit-il, peut-être qu’il réussirai à mettre la main sur les autres acteurs du réseau afin de localiser ses compagnons, mais aussi de découvrir qui était à la tête de tout ce manège. Mené par une furieuse avidité de retrouver Winstin, Rowtag prit tout de même son mal en patience et décida de s’équiper comme il se devait avant de se lancer dans une telle opération. Il retrouva donc son nouvel allié Ran, un elfe noir sauvé d’un démon de la Convergence. N’ayant plus d’objectifs après cela, ce dernier s’installa à son compte dans la capitale en qualité d'apothicaire.
Comme il voulait venir en aide à celui qui lui permit d’échapper à un supplice éternel, l’alchimiste dévoué avait préparé plusieurs petites choses qui ne manqueraient pas de faire leur effet…
-Herbes médicinales. Essence soporifique, très efficace, agit en quelques secondes seulement, attention à ne pas t’endormir toi même…La fameuse fumigène, au cas où tu te retrouves à court de magie, fit l’elfe en pointant du doigts successivement les différents objets présentés sur son comptoir. Et enfin…la gargoulue en fiole ! -Hein ? Ran gigota de malice et d’excitation. -Hihihi ! C’est mon petit bébé ! Les gargoulues sont des plantes géantes des marais capables de digérer quiconque marchant sur elles. J’ai trouvé le moyen d’en miniaturiser une dans une fiole qu’il te suffit de lancer sur la tête de quelqu’un, par exemple. La plante lui fera un sacré ravalement de façade, crois-moi ! Ahaha ! Le djöllfulin lui darda deux pupilles intriguées. Il n’était pas sûr pour le dernier objet, mais il savait qu’il s’en sortirait bien mieux avec cet attirail. -Merci beaucoup…Fit-il avant de s’emparer des différentes potions, sans plus de cérémonies. -Tu te prépares pour un gros morceau ? Demanda l’autre, curieux. Le cambrioleur se figea quelques instants. Lui qui était si remué par ses pensées ces derniers temps, il commençait tout juste à percevoir un semblant de lumière au bout du tunnel. Il savait néanmoins le chemin jusqu’à cette dernière parsemé d’épines et il pressentait que ce n’était pas la décision de le franchir qui allait le guérir instantanément. Il ne fallait pas s’illusionner : sa cage avait peut-être été ouverte, son esprit n’en restait pas moins emprisonné. Il venait seulement de réaliser cet état de fait, c’est tout. -Disons que j’ai trouvé une cible plus intéressante…En disant cette phrase, un sourire fendit sa face et ses yeux d’ambres brillèrent. Il devait se l’avouer : il avait une relation on ne peut plus particulière avec le danger. D’autant plus que son objectif, comme à chacun de ses larçins, n’était pas de tuer, mais de dérober. Il désirait « seulement » ôter à l’esclavagiste la moindre chance d’avoir un avenir financier, balayant dans un même temps son joyeux commerce d’êtres vivants. *Ou de… « marchandises »* pesta-t-il intérieurement, en se remémorant une énième fois le verbe acerbe de ses anciens propriétaires. Ce faisant, et quittant la boutique de l’apothicaire, il ne perdit pas plus de temps et se mit en route.
Le voyage jusqu’à la Red Sun Belt s’était fait à dos de cheval cadavérique et l’illusionniste eut prit soin de recouvrir sa monture d’un drap noir afin de camouflé ses plaies en décomposition (comment se pouvait-il qu’il bouge encore ? Il fallait qu’il questionne ce marchand suspect stellarois…). Par ailleurs, il était important de préciser que le voleur avait gardé son chapeau en cuir pour camoufler ses cornes et sa nature de djöllfulin, un masque pour dissimuler le haut de son visage, ses gants de scène recouvrant son ceste discret et un long manteau garni de lames, fioles et autres réjouissances. Ayant jusqu’ici, fait un sans faute dans le déroulement de son plan, il repéra avec peu de difficultés le navire de Winstin qui s’apprêtait à partir de la berge. Tout juste avant son départ, l’homme réussit à se hisser à bord sans éveiller de soupçons…pour l'heure.
J'étais resté caché derrière la dune où je réfléchissais à un plan d'action lorsque du raffut sur la plage silencieuse attirait mon attention.
Ils partaient.
Ayant anticipé qu'à un moment ou à un autre ils pourraient lever les voiles, j'avais pris soin d'envoyer ma plume graver sur la coque une glyphe runique, qui me servirait à me téléporter sur le navire en cas de besoin, ou de le traquer à travers Dùralas au cas où mon plan tournerait au vinaigre. Les voiles à présent déployées, le "Chasseurs de Minettes" (je vous jure...) voguait en direction des Mers Maudites. Je rompais la chaîne d'or qui reliait Guthemberg d'une main, tandis que de l'autre ma plume se mettait à écrire rapidement sur les pages vierges du grimoire enchanté.
"Un pirate qui désire un navire aborder, ferait mieux d'à bord se hisser"
Des étincelles dorées allaient et venaient tout autour de moi, et mes vêtements, soufflées par l'énergie arcanique issue de l'Immatériel exécutaient une danse folle l'espace de quelques instants. Puis j'étais réduit à un clignotement ambré sur le sable rouge.
L'instant d'après j'ouvrais les yeux sur le pont du Chasseur de Minettes (... !) et constatait la surprise avec laquelle me dévisageaient les matelots de Hugou. L'un d'entre eux, le plus proche de moi, au niveau du mât, tirait un sabre de son fourreau mais je l'envoyais par dessus bord comme mon état de communion avec l'Intangible permettait à mon esprit d'user de télékinésie. Il décrivait un arc de cercle, hurlait, puis était réduit au silence par le fracas des vagues sur la coque. Désormais au nombre de cinq, les autres membres commençaient à m'encercler et afin d'éviter d'avoir à affronter un groupe qui aurait raison de ma personne seule, j'ouvrais un trou dans le pont où s'engouffraient deux autres louveteaux de mer. Je faisais parti de l'Ombre des Côtes, et avait grandement progressé en combat depuis mon adhésion, et je constatais joyeusement les fruits de mes entraînements. Une fois mon piège ayant avalé le duo d'imprudents, je refermais le trou pour les garder enfermés dans le deck inférieur. De derrière moi, j'entendais la détonation d'un tromblon, mais Guthemberg avait levé un bouclier magique tout autour de moi. La balle ricochait, allait se perdre dans le ciel d'azur, et l'instant d'après ma plume rendue hargneuse par l'agression furtive du coupe-jarrets allait lui sectionner les doigts qui avaient tenu son pistolet.
ll ne restait plus que deux hommes, sur le pont, mais aucun d'entre eux n'était Hugou. Ils tiraient chacun un poignard de leur mains et faisaient mine de m'attaquer par des petites feintes rapides, de sous mes pieds je percevait qu'on chargeait quelque arme à poudre, et si je n'avais pas reculé rapidement le tir qui créait un trou dans le bois du navire m'aurait transpercé. J'aurais pensé que la chute les aurait assommés, mais maintenant je me retrouvais en une bien difficile position. Un binôme juste en face de moi, un autre en-dessous, et je percevais encore deux autres présences sur ce bateau. Hugou et... une autre aura, plus familière, comme un inconnu que j'aurais croisé quelque part sans que je me rappelle vraiment où.
L'un des hommes au couteau avançait, et Guthemberg fonçait droit sur sa face dans le but de le mettre hors d'état nuire. La charge fonctionnait, à ma grande surprise, et le marin après avoir craché un peu de sang, se relevait, titubait, levait un doigt, et s'effondrait à nouveau.
- Ohohoh ! Voilà le poids de la culture, infâme pourceau !
Je n'étais pas tiré d'affaire pour autant. Sous mes pieds j'entendait distinctement de l'agitation, et devinais que les deux hommes pris au piège remonteraient très prochainement. Face à moi, mon adversaire bien que dans une attitude passive devait se faire la même réflexion puisqu'il arborait à présent un sourire édenté aux traits mauvais. Qui plus est, Hugou devait être au courant de l'attaque et se joindre à nous à n'importe quel instant.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 27 Déc 2020 - 19:10
Immiscé sur l'embarcation criminelle, le clandestin avait réussi à s'infiltrer dans les compartiments inférieurs par une fenêtre maladroitement laissée entrouverte. Par chance, aucun de ces hommes ne paraissait être dans la pièce où il se trouvait et, bien que ce bateau n'était pas immense, le djöllfulin qui s'était attendu à voir plus de monde trouvait cela étrange...Alors sans un bruit, il progressa plus en avant. Rendu devant une porte étroite, il aperçut par la serrure un homme qui était à son bureau, plongé dans la paperasse. Tandis qu'il l'espionnait, Rowtag entendit du grabuge en haut, ce qui manqua de lui faire lâcher un hoquet mais il se retint et demeura tapi dans un recoin du passage, derrière la porte, quand l'homme quitta la pièce et traversa ce même couloir pour enquêter sur l'origine du boucan.
Le djöllfulin pénétra alors le bureau et y jeta un coup d'oeil, repérant quelques écrits intéressant. Il se rendit vite compte qu'il n'était pas sur la propriété de Winstin, et cela expliquait ses premières impressions dans cette opération, mais de celle d'Hugou, un de ces chiens de garde. Il se blâma alors, lui qui s'était lancé dans une telle aventure, il était loin d'avoir mis la lumière sur toutes les zones d'ombres et il réalisait une fois de plus son ignorance. Ce n'était pas bien grave, il prenait pour cible un réseau criminel, il était loin d'être au bout de ses révélations. Mais alors qu'il ne savait plus réellement quoi faire, n'ayant prévu une telle tournure dans les événements, il discerna d'autres bruits, cette fois-ci, plus proches, provenant d'un compartiment juxtaposant le bureau.
Le cambrioleur ouvrit la seconde porte de la pièce, mais à peine eut-il balayé du regard ce qui se trouvait de l'autre côté qu'il la referma aussitôt. Deux pirates le virent et tentaient désormais de forcer la poignée. Le djöllfulin essayait difficilement de les retenir et la surprise s'empara de lui lorsqu'un sabre traversa la paroi les séparant. Il devait réagir, vite, avant de payer très cher son indiscrétion. Cédant consciemment aux pillards il les accueillit sous un visage peu commode, qui en ferait pâlir plus d'un. Des flammes livides sortirent de tout son corps tandis que ses traits semblaient être ceux de la Liche même : un squelette imposant et macabre, dégageant une aura malsaine, leur susurrant des paroles d'outre-tombes dans le creux de l'oreille. La mort en une image animée et parlante, avançant sa main d'os vers les enfants de chair, venue réclamer sa portion d'énergie vitale. Immédiatement, leurs faces blêmirent tandis qu'ils se figèrent. Leur faisant presque des cheveux blancs, l'effroi inondait leurs pauvres âmes de mortels et ils détalèrent en sens inverse, traversant le deck inférieur en poussant des cris insensés. Puis, une fois sur le pont, ils passèrent par dessus la rambarde, se jetant à la mer pour tenter de retrouver les sables rouges dans l'hystérie la plus totale.
Le petit diable reprit sa forme normale, pas peu fier d'avoir mis au point ce petit tour pour les clients du Cirque de l'Éclipse friands d'horreur et de frissons. Suivant le chemin qu'avaient emprunté les malheureux, il se retrouva à son tour sur le pont pour découvrir enfin ce qui se tramait ici. Le chapeauté écarquilla les yeux en voyant une tête connue. Il put également reconnaître Hugou qui avait dégainé sa rapière et tentait de venir en aide à ce qui semblait être le dernier de ses hommes aptes à combattre. Un livre qui parle, une plume volante et des airs chics, il ne pouvait y avoir aucuns doutes quant à l'identité de l'extravagant. Visiblement, ce Ziggy Zolero avait prit de la graine depuis leur dernier combat d'arène puisqu'il les avait déjà presque tous rétamé ! Aussi le djöllfulin comprit alors comment le duo précédent s'était retrouvé en dessous et discernait bien là la magie mesquine de cet humain farfelu.
Farfelu...et dangereux. Il ne fallait pas oublier qu'il avait tenté de l'éborgner à BaldorHeim, alors même qu'il ne s'agissait que d'un simple duel. Au moins le cornu eut pris sa revanche en décrochant la victoire, mais sur les mers il y avait encore moins de règles que sur le sable, pour ne pas dire aucune, et l'illusionniste savait pertinemment qu'il mettait les pieds en terrain inconnu. Aussi avait-il prit le soin de garder son accoutrement, et, lors de leur dernière rencontre, une illusion avait dissimulé ses cornes. Néanmoins, il n'était pas dupe et suspectait le poète mystique de pouvoir le reconnaître à son aura.
-Encore toi ? fit-il pour illustrer sa surprise tandis que son attention se déporta sur le capitaine de bateau et son acolyte. Ce dernier, d'ailleurs, prit d'un regain de courage du à la présence de son chef, se précipita maladroitement sur les assaillants, couteau en main. Mais alors Rowtag en profita pour prendre part aux festivités, fonçant sur lui pour lui éclater son poing gantelé en pleine mâchoire. Il ne fallut pas de plus de violence pour le faire plonger dans l'inconscience. Ainsi restait-il trois hommes toujours debout sur ce bateau. Le poète, le capitaine et l'illusionniste. Hugou empoignait fermement sa rapière, bien qu'acculé. L'homme masqué se tourna vers l'ensorceleur, perplexe. Ziggy et lui avaient peut-être les mêmes ennemis cette fois, mais que venait-il faire ici ? Les évènements s'étaient enchaînés très rapidement et il restait encore à interroger le commandant des pourceaux cependant le cornu devait se préparer à l'éventualité de combattre à nouveau l'arcaniste, puisqu'il n'était pas dit que ce dernier ne faisait pas partie des rouages sombres de l'esclavagisme.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Jeu 7 Jan 2021 - 10:55
Rowtag Ex Machina ! Alors que la situation semblait tourner au vinaigre pour moi tandis que l'équipage lubrique du Chasseur de Minettes (...?!) commençait à m'encercler, la présence familière que j'avais ressentie quelques instants plus tôt est apparue sous les traits mystérieux et camouflés d'un illusionniste qui ne m'est plus tout à fait inconnu. D'un revirement de situation très favorable, la brigue s'est soudainement équilibrée tandis que nos adversaires, pour la plupart hors d'état de nuire, se réduisent à l'effectif de son seul capitaine.
Ah ! La réalité est parfois plus épique que le plus travaillé des ouvrages !
- Encore toi ?
Tandis que je me tiens sur le pont principal, l'Immatériel encore chaud dans mes veines et Guthemberg prêt à lancer son prochain sort, c'est ma plume qui reconnait d'abord mon interlocuteur alors que je cherche dans mes souvenirs qui peut bien se cacher derrière ce timbre familier. Je l'arrête en vol, à l'aide du pouce et de l'index, alors qu'elle s'apprêtait à foncer à la gorge de ce dernier.
- Rowtag ! Voilà le nom que je cherchais ! Cesse de vouloir le saigner toi, navré mon brave, Plume est d'un naturel bien plus belliqueux que moi et Guthemberg. Vous renversez le cours des événements, une fois n'est pas coutume ! Grandiose ! - C'est pas comme si c'était toi qui avait commandé mentalement à la plume dans l'A...
D'un geste prompt, je refermais mon grimoire fort bavard et m'inclinait devant Rowtag. Un des brigands, celui qu'avait assommé mon encyclopédie, en profitait pour se relever et d'une pichenette chargée de télékinésie je l'envoyais heurter le bord du navire et je priais pour que le bruit de craquement qui avait donné suite à l'action ne fut pas celui de son cou. Oups.
- Bon, j'adorerais converser avec vous mais le récit demande à ce que j'interroge tout d'abord ce cher Hugou sur l'emplacement de son ami violeur/esclavagiste/pédophile/probablement dévoreur d'enfants avant tout.
Le capitaine avait décidé de marcher à quatre pattes vers une embarcation de naufrage, mais d'un geste de la main je le ramenais entre moi et Rowtag, le retournais sur le dos, et le plaquais fermement au sol. Puis j'allais l'enfourcher, plaçant mes genoux sur ses avants-bras, avant que Plume n'aille malicieusement se planter à quelques millimètres de ses organes en un vrombissement menaçant, et que Guthemberg de se place au niveau de sa tête et fasse tourner ses pages avec violence sur son visage buriné.
- Mes amis de l'Ombre des Côtes préconisent une torture des captifs bien trop sanglante à mon goût, cher Hugou. Bien que votre nature, et le nom de votre navire, m'inspire un dégoût sans égal, je rejette la violence gratuite, et connais des moyens bien plus ludiques de faire parler un homme. Rowtag, voulez-vous bien vous munir de Guthemberg et de penser à l'ouvrage le plus barbant que vous ayez jamais lu ? - Oh Ziggs, t'es vraiment un monstre parfois !
Autour de moi une aura doré grandissait, et décrochant ma Plume des plissures du pantalon de mon prisonnier, j'allais poser délicatement sa pointe ambrée sur le front d'Hugou qui se débattait en poussant des hurlements apeurés.
"L'obscurantisme fait en Dùralas des ravages, voilà pourquoi, Hugou décide de lire tout entier un ouvrage. Sur l'idée de Rowtag, Hugou plein de fièvre littéraire, avec son bouquin contemplera les vagues. Seul moyen de rompre la malédiction, un petit acte de délation..."
Un petit éclair éthéré traversait ma main, filait au travers de ma Plume d'oie Dorée et s'en allait parcourir l'esprit d'Hugou lequel hurlait à présent à la mort.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 24 Jan 2021 - 22:02
La voix de l'ensorceleur était comme celle que Rowtag avait connu au sein de BaldorHeim, lui indiquant qu'il ne se trompait définitivement pas. Cette fois-ci, il ne se laisserait pas avoir par les manières de l'homme : sa politesse semblait plus être là pour embellir un rôle que véritablement sincère. Cela ne le rendait pas détestable, l'illusionniste avait bien souvent également recours à ce genre de stratagème, mais il savait que derrière la courtoisie du poète se cachait de terribles pouvoirs. Aussi cette pensée trouva un écho sinistre lorsqu'il eut (presque ?) tuer un des hommes qui se relevait en un simple mouvement de l'index.
Ainsi le djöllfulin resta en retrait quelques instants, surveillant avec méfiance autant Hugou que Ziggy. Il ne se laisserait pas berner par ces élogieuses retrouvailles et gardait en tête l'objectif de sa venue. D'ailleurs, le capitaine tenta de leur fausser compagnie, mais l'écrivain prit les devants et le ramena vers eux tout en l'immobilisant. Un spectacle entre lui et ses deux artefacts magiques se mit alors en place et le cornu se demanda bien quel genre de torture réservait-il à l'esclavagiste. Il observait, songeur, lui serait sûrement passer à la violence gratuite justement, au risque d'être classique, celle-là s'avérait souvent assez utile. D'autant qu'un mal psychologique ou magique pouvait être, à sa manière, plus cruel que quelques coups de poings.
"L'obscurantisme fait en Dùralas des ravages, voilà pourquoi, Hugou décide de lire tout entier un ouvrage. Sur l'idée de Rowtag, Hugou plein de fièvre littéraire, avec son bouquin contemplera les vagues. Seul moyen de rompre la malédiction, un petit acte de délation..."
Un sourire fendit le visage du djöllfulin qui fut tout à fait surpris, agréablement. En effet, cela semblait être une délicieuse façon de lui mettre la pression, bien qu'il doutait de l'efficacité de cette méthode. La complainte de la victime de ce sort l'encouragea cependant à se prêter au jeu. *Très bien, se dit-il, essayons cela et si ça ne marche pas, j'explose son crâne.* Il prit une dizaine de secondes pour fouiller dans sa mémoire l'arme littéraire parfaite.
Au village des djöllfulins, il y a de cela bien des années, il arrivait au trio d'ami de fréquenter le grand frère de Leyun'ar. Enfin, fréquenter, cela était vite dit, car le concerné était d'un naturel peu social. Il passait le plus clair de son temps à peindre, calligraphier et écrire des livres. Aussi s'exprimait-il d'une façon peu courante ce qui amplifiait encore plus le fossé entre lui et le reste de la société. Au village, il était plutôt respecté par ses connaissances infinies et sa dévotion envers Kar'Magûl ainsi que quelques oeuvres ayant fait un petit succès, mais au final, peu lui parlait véritablement et certains l'évitaient. Respecté mais seul. Cela n'avait pas l'air de le déranger plus que cela.
Ainsi les jeunes djöllfulins venaient le voir. À certains moments tout se passait bien, à d'autres, ils tentaient de le fuir dès que la situation devenait trop ennuyante. Ce souvenir se base sur l'un de ses ouvrages, qu'il leur fut compté avec ardeur par la verve de son auteur passionné.
"...Un vieil ermite, dans la brume lointaine qui s'évapore dans les contrées insolubles et incertaines du volcan. Départ mystifié par la recherche personnelle d'un but dont on pourrait questionner la nature narcissique mais qui est là, et s'affirme. Oh, prompte analyse qu'il serait de dire cela car la quête est avant tout spirituelle. Néanmoins, ne se cache-t-il pas le narcissisme dévorateur en chaque prière ou toute autre inclinaison de l'esprit vers son créateur divin ? Passionnante question qu'il serait intéressant de parcourir en long et en large dans d'autres circonstances.
Regardons plutôt l'homme ramolli par la vie se hisser péniblement entre les marches escarpées infernales du paradis. Qui oserait défier ce coeur bouillant et éjaculatoire, débordant d'amour et de haine, de sang vivant et de mort calcinée. L'aventure est un doux euphémisme pour parler d'une telle ruine. La ruine qu'engendre cette entité mais également la ruine qui se trouve en chacun de nous. La ruine qui nous grignote à chacune de nos pensées auto-destructrices. La ruine, tapie en nous, se repaît aussi bien de nos espoirs les plus inspirés car un acte de création est intrinsèquement un acte de destruction. En ce moment j'écris ces lignes et je détruis la blancheur virginale du papier, ou une voix résonne dans vos têtes, si ce texte est dictée, alors la pureté sonore de l'air est bafouée. Mais revenons au héros qui transgresse les limites de nos petits corps déconfits avec sa sacro-sainte illumination transcendantale.
Les striures sur sa peau font de lui une véritable antiquité monolithique de nos générations antérieures, mais il la saccage tel un sauvageon des fjords en se perforant de la sorte sur la pierre. Par Lagmarù cet homme est-il fou de penser que son maître se fera plus disponible s'il se tord l'échine, s'empale sur les pointes obscures et incandescentes pour finalement se réduire à l'état de statue de cendre. Un de mes confrères stellarois disait : "Il n'y a pas de Dieu pour les morts, la substance divine n'existe que grâce à ses vivants penseurs." Ma culture djöllfuline me force à nuancer ses propos, mais il est néanmoins intéressant de s'interroger sur ceux-ci. La religion requiert-elle la croyance pour tous ? Nos dieux rouges sont bien là, et pourtant, les autres peuples hors du village ont parfois besoin de se persuader de l'existence des leurs. Entre autre ces considérations se trouve celle de la mort. En effet, si notre moine passe de vie à trépas pour son dieu, sera-t-il sanctifier de la même manière ? Son sacrifice en vaudra-t-il le coût ? Nous connaissons Lagmarù pour ses élans de colères, mais il n'est sanguin que pour nos assaillants et je ne pense pas qu'il soit avare de chair au point de sentir son égo reluire pour chaque sacrifice vain en son nom, sans vouloir écrire en son nom.
Passons sur ces velléités théologiques, car le vieil emboîtement osseux et rachitique avance. Après avoir atteint la petite grotte qui lui permit d'implorer son seigneur sans s'écrouler sous les vapeurs toxiques et les coulées de flammes insatiables, l'homme y resta quelques tours d'astre à moins que la brume opaque ne lui jouait des tours. Aussi préféra-t-il se mettre au voyage intérieur d'emblée avant qu'un destin empli de magma ne l'attende. Il ferma aussitôt les pupilles et fit de grands gestes de ses bras faisant presque une danse ritualiste s'il n'était pas aussi misérable. Mais il était fort quand même, ayant surmonté cette ordalie humainement impossible.
Il n'a pas le corps d'un fils du dieu golem mais l'esprit taillé dans la roche, aiguisé par le temps avec autant de patience et de méthodologie qu'un meurtre au cure-dent. Les plissures sur sa face grise se firent plus intense et le voilà parti. Il resta extatique dans les limbes éthérés de la sorte, à tenter de décrypter les champs énergétiques en abondance dans ce temple de la colère. Qu'il serait austère de dire simplement le mot méditation, comme si la seule évocation de ce terme signifiait tout ce que cela implique. Si c'est votre cas, gardez-vous de penser de la sorte, naïf et bête, vous qui ignorez les impulsions du corps et de l'esprit. Cela est simple à expliquer mais difficile à comprendre. Tout est comme un château de cartes, se construisant en trouvant un équilibre idéal entre chaque pièce. Néanmoins, si l'une d'elle fait défaut, alors tout s'écroule. Il s'agit de reprendre le commandement sur la moindre particule parcourant son organisme et trouver cet équilibre intérieur. Le moine est maître de l'enveloppe charnelle que la création lui a prodigué. Il s'agit ensuite de reprendre en main le flot de pensée. Le moine est maître de son esprit et ne saurait être parasité par des idées nuisibles ou déconcentrantes. Enfin, il s'agit d'affermir ses possibilités sur les flux immatériels, ce qui requiert une totale symbiose avec les deux points précédents. Le moine est maître de son âme, il doit accepter pleinement qui il est comme un don suprême et c'est par cette pleine conscience de l'entièreté de son être qu'il sera en mesure d'influer sur les énergies spectrales. S'il veut agir sur le continuum espace-temps, alors il doit d'abord maîtriser le continuum vital de toute son entité.
Après tout ce temps, notre martyre arriva donc à l'apogée de son périple dans le monde éthéré. Mais rien n'y fait. Il décida finalement de redescendre, désoeuvré et en piteux état ! Quelle folie se dit-il alors même qu'il était si pieu et sacrificateur. Mais il se reprit bien vite, écarta loin de lui ces idées égocentriques et sa ferveur reprit de plus belle. "Il me teste, encore et encore, et je lui montrerai que je ne lâcherai pas." se renfrogna-t-il. D'autant plus qu'il alla quérir l'oracle pour lui demander conseil, cette dernière l'encouragea davantage à recommencer un peu plus tard, prétextant que c'était des aléas divins.
Alors, cette fois-ci sera la bonne ? Nous voilà reparti, quelques semaines suivantes à ces événements, pour une nouvelle ascension du Vulkar. Il disparu, avec son sac, et ses bandages, dans la brume lointaine qui s'évapore dans les contrées insolubles et incerta..." -Extrait des Récits métaphysiques
Les yeux injectés de sang, Hugou faisait défiler les pages du livre magique qui restait comme aimanter à ses mains. Une détresse immense tiraillait ses traits à chaque fois qu'il commençait un paragraphe indigeste de l'ouvrage. Pris au piège sur son propre bateau, l'ennui et le désespoir l'accompagnant déliait un peu plus sa langue.
-Tu sais ce qu'on veut, insista Rowtag, lui rappelant que tout son malheur pouvait cesser par un acte aussi facile. Cela faisait déjà un quart d'heure qu'ils attendaient et le djöllfulin commençait à perdre patience. Il lança un regard à l'attention de Ziggy, comme pour le prévenir que cela ne marchait pas et qu'une séance de bourre-pifs s'imposait, mais comme s'il eut sentit les pulsions de haine s'emmagasinant dans le poing de l'homme au chapeau, Hugou céda, pour son plus grand soulagement.
-Arhhh !! Très bien ! Je vous montre l'emplacement de son bateau et vous me foutez la paix ?! Le cambrioleur qui avait alors subtiliser une carte à son bureau la-lui montra. Ils sont partis direction sud-est, ils sont sûrement encore à quelques lieues marines de là...Immédiatement, le tortionnaire cisela le point désigné sur la carte avec une dague tandis que le livre invoqué disparu.C'est bon ?! L'air désabusé et vulgaire de leur victime eut raison du voleur qui balança son poing dans son abdomen. -Silence...fit-il à celui qui se tordait de douleur. Une fois calmé, il s'adressa à Ziggy. Bien, qu'allons nous faire de lui ? Je pense qu'un pirate doit savoir nager...
La face d'Hugou blêmit. Rowtag, lui, voulait le faire payer de sa vie, mais il se résignait à le tuer directement. Ce n'était pas à cause d'un code d'honneur ou autre chose du genre. Le meurtre était trop simple, en plus de faire des tâches, il ne saurait être suffisant pour laver les crimes du passés. Son existence misérable ne pesait pas bien lourd dans la balance du cornu. En revanche, brûler son Chasseur de Minettes, le déposséder de tout pouvoirs, richesses et biens, jusqu'à même l'abandonner sur une île, une plage ou une barque, nu comme un ver, sans rien, voilà qui était bien plus amusant. Il se garda cependant de dire tout cela, voulant au préalable sonder l'avis du poète.
Une fois l'enchantement appliqué sur le captif sous la forme d'une rune à l'encre évanescente, je me retirais en direction de la proue, et dans l'accalmie post-combat, mon corps bercé par les vagues regagnait son état normal accompagné d'une fatigue propre au passage des forces Immatérielles dans la moindre de ses veines. Je m'allumais une pipe d'herbe, et contemplait l'immensité azurée en profitant de l'arrêt du navire pour fermer quelques instants les yeux et me délecter des sensations tandis que j'entendais Rowtag prendre part à la délicieuse torture littéraire proposée. L'air marin étanchait les douleurs des coups infligés par les roublards, l'odeur saline apaisait mon esprit encore tourmenté par la fâcheuse conversation avec Sval, et le soleil sur mon visage me faisait envisager le lendemain avec plus de sérénité que jamais.
Guthemberg dans les mains d'Hugou aux yeux exorbités, et sous la surveillance de mon ami Djöllfulin, je l'avertissais aller inspecter leur bateau à la recherche de victuailles et m'éclipsais dans la cabine du capitaine. En désordre, des cendriers remplis jonchaient la bordure des fenêtres donnant sur l'Est, tandis que des cadavres de bouteilles d'alcools variés -rhum, vodka, gin- mêlaient leur putride senteur à celle d'un mâle qui aurait besoin d'une douche, et se mélangeaient à des vêtements sales que j'évitais soigneusement lors de mes déplacements. Triste Sire que cet Hugou.
Sur son bureau, qui n'en portait que le nom tant il était plus un étalage de gazettes de sirènes dénudées et mouchoirs durcis par un usage profane, je trouvais néanmoins un peu de poudre Speluncienne encore sous forme de cailloux que j'écrasais et... Au moment de poser mon nez sur le bois ciré et d'en absorber la trace, je regardais autour de moi. Voulais-je vraiment avoir la même vie que ce pauvre type, me plonger dans les excès qui caractérisaient les individus aux mœurs dissolues, me transformer en un énième pirate accroc aux substances ? La pente qui mène à devenir similaire à ce péquenaud est longue et peu abrupte, mais facile. D'un souffle décidé je répandais la poudre au vent, qui allait maculer de son grain blanc si distinctif les cendres au sol.
J'avais rejoint la piraterie dans le but d'installer mes propres codes ; débusquer des trésors enfouis et raconter des histoires qui inspireraient les âmes aventurières, pas pour partager les travers qui érodaient la réputation des loups de mer. Car telle est la malédiction des clivages, s'il est facile de les perpétuer tant la solution évidente est de les reproduire, il faut bien qu'à un certain moment un ou plusieurs individus franchissent le pas et présentent d'autres modèles de comportement, non ? N'était-ce pas là ce que Sval avait voulu me faire comprendre dans la Taverne ? Qu'on pouvait devenir un équipage qui cassait la gueule aux esclavagistes tout en menant notre bout de chemin en tant qu'explorateurs du côté clair de la barrière ? Même en ma qualité de dramaturge, un pareil équipage me semblait diablement plus excitant que nos camarades dont je ne dénigre pas les comportements, je les refuse personnellement, voilà tout. A ce moment là, je me surprenais à penser à ce jeune humain, bourru et que je pensais jusqu'ici paumé, Sval, comme étant bien plus mature que moi.
Alors, et comme je sentais approcher la fin du récit de Guthemberg à Hugou, je sortais de la cabine avant que la puanteur de l'endroit ne m'englobe, en ayant pris le temps de découper du poulet que je mettais dans un bol que je rendais propre grâce à ma télékinésie.
Sur le pont, j'assistais à la fin du calvaire du prisonnier qui livrait les informations dont nous avions besoin en mâchant une cuisse. Ils étaient peut-être tous des porcs crados ici, mais ils savaient assaisonner leur viande, wahou. Comme Rowtag m'interrogeais sur la suite des événements, je lui tendais le bol.
- Tu veux du poulet ? Il est vraiment bon. En ce qui concerne notre prisonnier, j'entends les esprits des hommes, femmes et enfants qu'il a tué au travail, ou simplement violé, me commander vengeance. D'un autre côté, je sens en toi Rowtag une grande animosité, un feu... fais-toi plaisir, tant que tu ne le tue pas et me promets qu'il sera traduit en justice à la fin de ton châtiment, je te laisse décider de ça. Je n'ai pas de temps à perdre avec des merdes de sa trempe, il ne ferait même pas un antagoniste décent dans une trame.
Plutôt fier d'avoir évolué plus en quelques heures qu'en deux-cent ans, le mépris que je lui témoignais me fit gagner plus de confiance encore, et me saisissant de la carte qu'il avait plantée d'une dague, je la montrais à Plume qui allait s'enrouler autour de la barre du "Chasseur de Minettes" (ce mot m'énervant vraiment, j'en désintégrais la peinture avec férocité en un éclair) et commandait à Guthemberg de servir de navigateur.
- Cap sur le navire de Winstin, Guthemberg indique je te prie la route à tenir à Plume ! - Mais le vent ne souffle pas en notre faveur, Ziggs.
J'allais mouiller mon doigt pour constater ses dires, et me souvenais que j'étais capable de lever des objets par la pensée, alors animé de ma fougue toute nouvelle mes yeux s'éclairaient de la magie des Esprits. Ils semblaient fiers eux aussi des décisions que j'avais prises aujourd'hui.
- Je serais le vent, et la marée aussi, dans ce cas.
Déclarais-je tandis que je m'élevais dans les airs, que les voiles se gonflaient et que les vagues tournaient en notre faveur. En quelques instants, nous atteignions une vitesse considérable, il ne faudrait pas plus d'une heure pour atteindre notre destination.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 7 Fév 2021 - 21:46
La première réponse de Ziggy était un bol de poulet mariné que Rowtag accepta non sans hésiter. Il prit le risque de lui faire confiance après avoir constater que lui-même dévorait goulûment une cuisse. Il engloutit à son tour un morceau de viande qui lui rafraîchit les idées tandis qu'Hugou l'observait en attendant sa sentence.
-En ce qui concerne notre prisonnier, j'entends les esprits des hommes, femmes et enfants qu'il a tué au travail, ou simplement violé, me commander vengeance. D'un autre côté, je sens en toi Rowtag une grande animosité, un feu... Le concerné avala d'une traite ce qu'il était entrain de mâcher et dès lors sa gorge resta nouée, incapable d'accueillir quoique ce soit d'autres. ...fais-toi plaisir, tant que tu ne le tue pas et me promets qu'il sera traduit en justice à la fin de ton châtiment, je te laisse décider de ça. Je n'ai pas de temps à perdre avec des merdes de sa trempe, il ne ferait même pas un antagoniste décent dans une trame.
Le djöllfulin était resté médusé par les dires de l'homme. D'une part cela lui donnait preuve que Ziggy était bel et bien de son côté par rapport à tout ce trafic d'esclave. D'une autre part, comment pouvait-il résumer les choses de la sorte ? Oui, Rowtag avait l'inextricable envie de démolir cet ennemi pièce par pièce, de lui ôter toute once de bonheur dans sa vie...de le réduire à néant. Mais qu'en savait-il ? Et comment pouvait-il penser qu'un quelconque châtiment pouvait suffire ? Même sa mort ne suffirait pas. Le cambrioleur se garda de souligner ce qu'il prenait pour de l'arrogance et tiqua sur la dernière phrase de l'ensorceleur qui résonnait avec acidité dans son esprit. Lui, avait du temps à perdre avec ce genre de merde. Ce n'était peut-être pas ce qu'il avait voulu dire, mais cela fit réfléchir l'illusionniste de la même manière.
Aussi devait-il se concentrer sur ce qu'il allait faire désormais. La torture était rendue futile dans ces circonstances et l'homme se résigna. Il y avait tant de têtes à faire tomber au sein de la pyramide de l'esclavage et ce n'était pas ce Hugou qui allait pouvoir assouvir sa vengeance. Si l'on réfléchissait comme ces commerçants d'humains, Ziggy avait au moins raison sur ce point : celui-là ne valait rien. Alors Rowtag refusait de s'abaisser au châtiment. Il refusait qu'il soit sa catharsis, il ne lui ferait certainement pas ce privilège. Et, comme dis plus haut, il n'était pas digne de mourir non plus. "Traduit en justice"...Le masqué repensait aux dires de l'écrivain. La prison était ce qu'il convenait le mieux à ce genre d'individu, en effet, et ce sort lui paraissait être un châtiment on ne peut plus correcte pour ces sequestreurs.
-Mange. Ainsi décidé sur le destin de ce pitoyable individu, le djöllfulin lui balança le bol contenant le reste de viande. Il le contempla obéir immédiatement, comme celui-ci le prenait enfin au sérieux du fait du coup de poing de tout à l'heure. Bois, ordonna-t-il après avoir déversé un peu d'eau de sa gourde dans le bol. Ceci fait, il s'attela à ôter toute ses armes et l'attacha à la rambarde en prenant bien soin de lui bander les yeux et de le bâillonner. Simples mesures de précaution. Il s'abaissa ensuite à son niveau et lui chuchota ces mots au creux de l'oreille.
-Crois-moi bien je n'ai aucunes confiances en les prisons ishtariennes. Au pire tu passeras le reste de tes jours à Stellaraë en compagnie de tes amis les Gardiens. Mais pour sûr ta seule place est de pourrir dans les cachots d'Urgaal'Mar où celui-ci te fera l'honneur de t'offrir la punition que tu mérites...Et tu ne connais de notre peuple que tes esclaves, tu n'as aucunes idées de toutes les tortures qui s'y trouvent, tu ne peux pas même les imaginer. Il lui tapota l'épaule et le laissa-là.
Revenant auprès de Ziggy avec une certaine amertume, le voleur écarquilla les yeux en le découvrant manipuler les éléments naturels jusqu'à même faire mouvoir l'embarcation à vive allure.
-Décidément, de quoi n’es-tu pas capable ? Affirma-t-il à son égard avec un léger amusement. Un sourire apparut sur ses lèvres. Réfléchir à toutes ces choses lui avait causé une certaine fatigue mentale et cela le rendait désireux de parler d'autre chose et aussi propice à la rigolade. D’autant que son interlocuteur commençait à prouver qu’il était digne d’être son allié, au moins pour aujourd’hui, ce qui l’amena à un point. Alors, d’où te viens cette passion pour l’éborgnement ? Sa question était franche, son rictus l’accompagnant, acerbe, mais la volonté de cette confrontation était autant de lever un voile sur les événements de BaldorHeim que sur ce curieux personnage.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 7 Fév 2021 - 23:11
- Décidément, de quoi n’êtes-tu pas capable ? Alors, d’où te viens cette passion pour l’éborgnement ?
Je sentais le vent au bout de mes doigts, l'eau battre ses vagues au rythme de mon cœur. Le bateau avançait bien, et le cap était tracé, mais au bout d'un temps qui me parut rapide, soit-ce par le soleil qui brillait intensément en cette journée, ou par mon usage abusif de la télékinésie, je me sentais faible lorsque Rowtag m'adressait la parole, et constatait sur mon plastron du sang. Mon nez en laissait échapper une quantité inquiétante et je redescendais un peu trop vite, mes jambes amortissaient la chute, mais je perdais l'équilibre avant de me rattraper de justesse. Quelle honte aurait été mienne de chuter devant lui ! En toussant je faisais mine de m'épousseter les manches, et réajustait mon col.
Je l'avais vu traiter le prisonnier en le nourrissant, et l'abreuvant, chose que la plupart de mes camarades lui auraient nié. Fichtre, même moi l'aurait laissé croupir attaché au mât en plein cagnard en attendant de le jeter sur le premier port côtier. D'un seul coup, j'éloignais mon regard de celui de Rowtag. Des yeux de chat que j'avais jugé farouches lors de notre première rencontre, à tort j'avais également attribué ses cornes et peau différentes de mes coutumes à une forme d'antagonisme que je jugeais aujourd'hui bien sottes. Aujourd'hui, je voyais dans ce manteau long, ce chapeau et ces gants, une dissimulation. Et qui dit dissimulation, dit une forme de protection de l'extérieur. Quelle que fussent les raisons de mon interlocuteur, je les avait d'une certaine manière justifiées et éprouvait des regrets. Sval avait donc raison, je pouvais être un parfait connard. Un vieux con de 228 ans, à vrai dire, cela n'avait rien d'exceptionnel on les compte par milliers en Spelunca.
Alors je plantais de nouveau mon regard dans le sien comme je constatais son ton, dur, éprouvé, marqué, mais qui faisait l'effort de se montrer amical alors qu'il aurait pu patienter le temps de la navigation de son côté. Sous le soleil, je trouvais à vrai dire son visage tout à fait agréable à regarder. Il faisait parti de ces garçons dont la vie a marqué les traits à grand coup de violence, et cette dernière se reflétait dans le tableau général du Djölfulin. Une réalité que ne pourrait exprimer aucune description, dans nul livre, il était beau.
- Visiblement, je suis capable de beaucoup mais pas pour très longtemps, haha. Je te dois des excuses, mon désormais ami, car tu as constaté en Arène ce qui aujourd'hui m'apparaît comme de la faiblesse. Pour rejoindre ta question première, je suis un écrivain qui existe depuis trop longtemps et aux vies pas toutes très recommandables, j'ai à chaque fois considéré la violence comme une compensation à mon manque de fougue. J'ai essayé de t'éborgner pour me prouver que j'en étais capable, et les muses soient louées j'ai échoué. Un acte déplorable motivé par des insécurités, auxquelles j'essaye aujourd'hui de remédier...
D'un geste du menton, je lui indiquais Hugou, puis ramenais mon regard sur le sien.
- Et toi alors, d'où te viens ce goût du déguisement ? Je te dois une fière chandelle, d'ailleurs. Attends ! Ne réponds pas tout de suite, je connais un moyen de rendre les présentations bien plus drôles.
Presque en courant, je retournais dans la cabine du capitaine, et revenais avec deux coupes au bout des doigts de ma main droite, et une bouteille de vin dans l'autre que je débouchonnais à l'aide de mes dents. Je recrachais le bouchon en plein sur le front d'Hugou qui grognait, et pouffais avant de nous servir un verre chacun.
- Discutons, à présent.
Disais-je en esquissant un clin d'œil à mon cher roublard.
À peine avait-il fini de poser cette question mesquine que des gouttes de sang perlèrent sur le pont. Les dons de l'écrivain possédaient donc leurs limites et c'était avec un certain soulagement que le voleur le découvrit. Dans un même temps, une inquiétude germait en lui au moins car cet individu représentait son seul allié pour cette aventure. Il lui aurait sans doutes fait remarquer si ce dernier ne faisait pas volontairement comme si de rien n'était. Après tout, peut-être avait-il l'habitude de ce genre de phénomène et que cela ne causait pas plus de problèmes que cette brève perte d'hémoglobine. Il prit la parole, ensuite, sur un ton qui surprit le djöllfulin : celui de la repentance.
- Visiblement, je suis capable de beaucoup mais pas pour très longtemps, haha. Je te dois des excuses, mon désormais ami, car tu as constaté en Arène ce qui aujourd'hui m'apparaît comme de la faiblesse. Pour rejoindre ta question première, je suis un écrivain qui existe depuis trop longtemps et aux vies pas toutes très recommandables, j'ai à chaque fois considéré la violence comme une compensation à mon manque de fougue. J'ai essayé de t'éborgner pour me prouver que j'en étais capable, et les muses soient louées j'ai échoué. Un acte déplorable motivé par des insécurités, auxquelles j'essaye aujourd'hui de remédier...
Rowtag écoutait attentivement ses dires, impassible. Seule une once de mépris lui fit grimacer imperceptiblement, le temps d'une fraction de seconde. Ainsi l'autre fois, il n'avait été que le loup à traquer, la bête sauvage qui devait être conduite à la mort autant pour nettoyer le monde d'une menace que pour honorer le héros de son courage. Il savait qu'il n'avait pas eut l'air commode ce jour-là, mais il ne s'imaginait pas à recevoir une telle violence en retour.
Le brun se frotta la figure, il ne comprenait pas un tel comportement mais après tout, lui non plus ne visait pas la sagesse ou la bienveillance. Au moins ce retour de bâton lors de leur duel le remettait un peu à sa place : il ne pouvait pas être désinvolte ou provocateur avec n'importe qui, à moins d'être prêt à perdre un oeil. Peut-être fallait-il choisir. Se brider pour se protéger ou s'abandonner à l'éphémérité. Mais si Rowtag voulait embrasser sa liberté il n'était cependant pas prêt à subir toutes les conséquences, qui pouvait l'être ? Arrivé à cet impasse dans son esprit, il la balaya d'un revers de la tête lorsque le poète s'adressa à lui.
- Et toi alors, d'où te viens ce goût du déguisement ? Je te dois une fière chandelle, d'ailleurs. Attends ! Ne réponds pas tout de suite, je connais un moyen de rendre les présentations bien plus drôles.
Il agissait avec frivolité, c'était une qualité qui n'était pas pour déplaire au cambrioleur. D'autant que même s'il exécrait à la base ce genre de personnage bourgeois et paraissant déconnecté de la réalité et de la violence du monde, les agissements et les pouvoirs destructeurs de celui-ci entraient en contradiction avec ce portrait. Par ailleurs, l'illusionniste n'adoptait leur costume que pour se fondre parmi eux et pour les caricaturer sans vergognes, se foutant ouvertement de leur gueule. Souvent, ces idiots marchaient. Ziggy n'était assurément pas de ces idiots. Bien qu'il en avait tout l'air, aux premiers abords, il n'était pas déconnecté de la violence, au moins car il l'avait commise dès leur première rencontre.
Le voilà qui revint, non sans un acte moqueur à l'égard de leur otage, avec du vin et un léger air de fierté. Ce qui aurait été drôle c'était qui lui ramène un globe oculaire.
- Discutons, à présent.
Rowtag crut rêver en apercevant un clin d'oeil piquer la face de son interlocuteur lorsqu'il s'empara du verre qu'il lui tendit. Le malaise s'empara de son corps et alla jusqu'à lui enserrer la gorge, mais pas de la même façon que la dernière fois. Cette fois-ci, la gêne le crispait mais restait quelque chose de suave. Le pauvre homme n'avait tout simplement pas eut d'amitié sincère depuis très longtemps. Il ne connaissait plus cela. Toujours il mettait son masque sur son visage et partait s'acoquiner avec on-ne-sait-qui, et toujours cela n'était que d'un bref réconfort. Cette fois-ci, le contexte différait. La situation le concernait trop pour qu'il garde son masque, et pour une fois, quelqu'un lui tendait la main à sa véritable personne et pas au personnage qu'il incarnait. Sauf que cela faisait horriblement peur d'oser l'accepter. Alors pendant un instant, le djöllfulin hésitait entre remettre le masque ou répondre simplement, pour la gratuité du désir. Allait-il réussir à franchir le cap du terrain de la sincérité qu'il avait jusque là renoncé ? Allait-il fouler cette zone interdite ?
Rien n'était moins sûr, mais pour l'heure, il pouvait essayer.
-Cet habit m'apporte ce que je veux, répondit-il vaguement en goûtant une gorgée. Avouer qu'il le protège des regards pouvait passer pour une forme de vulnérabilité. D'ailleurs, il convenait de changer de sujet pour brouiller les pistes. Ce vin est bon, c'est gentil de ta part, commença-t-il sur un ton neutre qui ne laissait en rien présager de la suite, mais ne serait-il pas encore plus gentil de me raconter ta présence ici ? Allons, je suis sûr qu'un pirate éborgneur à de bonnes raisons de s'en prendre à un esclavagiste, tout autant pirate qui plus est. Ses mots étaient si froids, et pourtant, il souriait tendrement et dégustait l'alcool avec un plaisir certain. Ziggy avait beau l'air amical -cette fois-ci, Rowtag n'en oubliait pas ses objectifs pour autant.
-Car j'espère que tu comprends, reprit-il sur un ton plus doux, qu'il me faut un minimum d'information avant de te laisser m'appeler ton ami. À moins que ce ne soit qu'un mot lancé à la volée et vide de sens ? Haha ! S'exclama-t-il en faisant un grand geste de la main. Mais comment être sûr de l'honnêteté de quelqu'un qui manie si bien les mots ?!
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Jeu 11 Fév 2021 - 19:37
[Je regardais mon contenant, son liquide rougeâtre, tirant sur le brun, d'un sourire léger mais je demeurais pensif. Rowtag avait raison. Il est vrai que de considérer notre rencontre ici comme une coïncidence serait trop simpliste, ça l'était indubitablement, car la providence et ses agissements sont autant de mystères plus grands encore que les pouvoirs des dieux, mais il fallait avouer que des interrogations étaient de mise.
Quoique de mon côté je ne jugeais pas cela utile, peut-être par accoutumance aux actions dirigées par des raisons qui ne tenaient qu'aux lubies des voleurs, malfrats, et nobles que je côtoyais, je comprenais ce qui poussait le Djölfulin à me questionner. Levant les yeux de ma coupe de vin, non sans y avoir goûté, je me passais rapidement la langue sur les lèvres, par anxiété et gêne, car il n'était pas banal que je discute ainsi avec quelqu'un, préférant souvent les subterfuges aux vérités, et commençait à lui répondre. S'il voulait que je sois honnête...
- Ho, oui. Je vois. Eh bien disons qu'il y a bien longtemps, très longtemps, vivait un jeune écrivain que la vie n'avait ni maltraité, ni gâté en expérience. Il désirait connaitre le monde, le vrai, avec cette même pointe de condescendance qu'implique pareille réflexion. Alors il a quitté son domicile confortable, et s'est lancé à la conquête de Stellarae. On pourrait dire que là-bas tout ce qu'il ne savait pas qui lui manquait lui a été inculqué; on lui a appris qu'il fallait séduire pour vendre sa piètre plume, souvent de manière forcée. On lui a charcuté ses textes, moqué sa prose, condamné ses écrits. Alors lorsqu'un riche mécène, par un aléa tout à fait salutaire, a décidé de le sortir de la cellule où il croupissait, il s'est décidé à ne plus côtoyer le monde. Il ne voulait plus se mêler à un endroit où on exploitait et volait les rêves d'autrui pour de bas instincts...
Je n'avais pas parlé de mon passé à Sval, ni à quiconque, hormis ma sœur, et l'effet que j'éprouvais à livrer mon histoire à Rowtag, même avec la distance que provoquait l'emploi de la troisième personne me rendait mélancolique. Je n'étais pas triste, pas plus que je regrettais ce qui m'avait été infligé, au final cela m'avait changé, mais j'éprouvais la même rage silencieuse qui me poussait aujourd'hui à mépriser Ugou et les siens. Ils avaient été mes bourreaux, en d'autres temps où j'aurais fait n'importe quoi pour vendre immédiatement mes romans, ne croyant moi-même pas en ma prose.
- Récemment j'ai donc décidé de renoncer au vampirisme qui m'avait coupé de la réalité, et de renouer avec ma mortalité. Tu m'as vu à mes balbutiements, à tâtonner à la recherche d'une identité, imagines-tu comment c'est difficile de se considérer lorsque tout ce qu'on a connu c'est la narration de la vie des autres ? Je n'aurais jamais dû tenter d'user de la violence sur toi, car aujourd'hui, je veux dire, là, tout de suite, sur ce bateau, à regarder tes yeux dont je sais l'intensité liée à quelques difficultés aussi, je sais qu'il y a des causes que je veux défendre. Il y a un Monde tout entier à changer. Je suis devenu pirate en ce but, afin de n'obéir qu'à mes règles et mettre un terme aux agissements de gars comme eux. Je n'en ai plus peur, pas plus que je me considère comme trop passif pour agir !
Durant mon discours, un peu long je le conçois, j'avais fini par poser ma main sur son épaule. Je me ravisais, et lui tournait le dos, gêné avant de reprendre une gorgée conséquente de vin.
- Bref, je parle trop, je veux juste désosser toutes les organisations de merde qui encrassent Dùralas. Tous ces parasites qui vivent en exploitant les autres et leur détresse. C'est utopique mais justement ça me tiendra actif toute ma vie. Et toi, Rowtag ?
J'ignore ce qui avait motivé ma sincérité à s'élever de la sorte à des hauteurs loin d'être recommandées par l'éducation bourgeoise qui m'avait été inculquée. On ne devait pas vraiment parler ainsi à un homme si récent dans sa vie qu'il risquait de s'ennuyer d'écouter une tirade pleine de patos sur son existence. Mais honnêtement, j'étais las de dissimuler mes motifs et actions derrière une nonchalance qui m'avait coûté une dispute avec mon camarade Sval, et poussé à violenter ce charmant Rowtag. Rowtag qui n'avait d'ailleurs que livré une infime partie de ce que j'étais persuadé l'habitait, par instinct du littéraire, et j'espérais mériter sa confiance en étant honnête avec lui.
Alors je me pinçais les lèvres, attendant sa réponse avec appréhension.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Sam 20 Fév 2021 - 19:46
Dès les premières phrases du poètes, posées avec aisance par une langue aiguisée, Rowtag fronça les sourcils, la lèvre supérieure légèrement plissée. Il n'avait pas autant l'habitude que son interlocuteur d'assimiler des paroles ou des écrits, aussi dut-il se concentrer afin de peser le poids de chacun de ses mots. Et ils étaient lourds de sens. L'atmosphère même s'était épaissie, le vin n'avait plus le même goût, il devenait acide.
Le récit du jeune désillusionné par la société humaine pouvait s'apparenté à l'un de ces romans initiatiques, mais le djöllfulin se garda bien de réduire la vie de quelqu'un à ce genre de considération. Il éprouvait même une terrible gêne à l'écoute de ces confidences, il n'avait pas voulu lui forcer la main, il exécrerait qu'on la lui force et en même temps il l'avait un peu cherché...Au moins, il lui prêtait toute son attention, le temps de cet instant. Passant de révélation en révélation, d'abords vampire victime d'un système puis humain utopiste. La suite de son discours, où il reprenait la première personne, le rendait face à lui, main sur l'épaule. Ce simple geste avait réussi à provoquer une réaction inconnaissable chez le voleur : tout les pores de sa peau le menaçaient de le transformer en cactus géant aux pics repoussants. À la place, il resta juste de marbre, tentant de garder contrôle.
"...coupé de la réalité... ...se considérer... ...difficultés... ...cause à défendre... ...plus peur..."
Ces termes touchaient indubitablement une corde sensible et il devait admettre qu'il avait vu juste. Cela eut un drôle d'effet, d'ailleurs, l'illusionniste se rendit compte qu'un autre individu, une tête plate qui plus est, avait pu passer par les mêmes questionnement que lui. Dans un tout autre registre, certes, mais il aurait très bien pu dire certaines de ces choses. La violence touchait donc tout le monde. Le pouvoir et l'argent étaient des fléaux pour tout Dùralas.
-Tes aspirations sont devenues nobles...Déclara-t-il sans véritablement attendre de réponse. Il trouvait que ses buts étaient bien trop irréalistes, mais que le monde avait besoin de ces utopiques pour mieux être. Aussi se considérait-il comme l'un d'eux, bien que ses entreprises soient teintées d'un désir bien sombre de vengeance et de justice qu'entièrement idéologique. Vint d'ailleurs le fâcheux moment où il était sensé renvoyer la balle.
-Et toi, Rowtag ? Désemparé par tout ceci, le cambrioleur semblait confus. S'il avait appris quelque chose de ses représentations au Cirque de l'Éclipse, c'était que souvent un acte valait bien des mots. Ainsi, il décida de révéler sa propre nature, de confier, lui aussi, sa propre histoire. Son chapeau se hissa dans les airs pour dévoiler ses cornes, à plus fortes significations.
-Puisque tu m'as percé à jour...commença-t-il avec un rictus qui disparu aussitôt. J'ai payé cher ce qui fait de moi un djöllfulin. Puis, il dénoua le noeud de son masque qui laissa son visage à découvert, presqu'aussi gris que les montagnes de Kanaan qui l'ont vu grandir. Ces gestes cérémonieux n'avaient pas pour but la moralisation ou l'apitoiement. Pour une raison ou pour une autre, Rowtag voulait que le pirate retienne qui il était vraiment. La gêne qu'il ressentait devant lui ne disparaissait pas, mais un soulagement certain lui réchauffait le coeur. Comme cela faisait du bien de ne pas se cacher, au moins cette fois. Était-ce cette douce sensation que ressentaient deux personnes entamant une amitié sincère ? L'homme terne longea l'horizon maritime de ses yeux ambrés pendant un moment, en silence. Le vent poussait ses cheveux d'ombre dont plus aucuns artifices n'empêchaient de s'écouler sur sa face rocheuse. Il dégustait cette douce sensation maintenant que les voiles s'étaient levés. Et si Ziggy était d'accord, il la dégusterait avec plaisir à l'avenir aussi.
-Très bien, je te fais confiance. Il avait été persuadé par ses paroles, bien qu'il lui faudrait un peu plus de temps pour passer l'éponge sur sa tentative d'énucléation. Il s'autorisa néanmoins à lui révéler ses intentions. Tu n'imagines pas tout ce qu'ils font aux miens juste par avarice, je ne suis pas le seul à avoir été emporté par ces bourreaux. À ce moment, l'apaisement céda place au mépris. Je cherche à réduire leurs agissements à néant, grinça-t-il en serrant son verre plus que de raison. Et si tu veux mon avis, ces organisations de merdes ne tiennent qu'à l'argent. C'est ce qui cause les plus grands maux, qui attire tout les vices, c'est pour cela que j'en fais mon arme ! L'évocation de cette dernière phrase était ponctuée par un sourire digne d'un adepte d'Urgaal'Mar : large, empli de haine et carnassier.
Toutes dents sorties, il plongea son regard flamboyant dans les iris vertes du poète, puis, un instant de silence plus tard, il but une nouvelle gorgée d'alcool qui le calma. Il devait garder de ce feu pour ses tortionnaires. L'acidité du vin lui paraissait désormais si douce en comparaison.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 10 Mar 2021 - 10:46
Après avoir livré mon expérience, j'en ressentait un certain soulagement teinté d'une légère appréhension, bientôt accrue par la révélation de Rowtag. C'était idiot de me méfier encore, mais telle était la nature humaine, et l'affaissement de ses artifices visuels était aussi soudain que relativement approprié aux circonstances. Mais lorsque je recevais de mon cerveau la certitude qu'il ne dégainait pas une dague de sous son haut-de-forme, mes muscles se décontractaient et je savourais une nouvelle gorgée de vin.
Il y a longtemps, les vampires fiers de leur philosophie -qu'ils considèrent supérieure aux morales qui parcourent le monde-, m'avaient appris que le "moi", l'identité, est une chose fragmentée et organique, jamais fixe et toujours définie par les autres. Il y avait autant de Ziggy que d'interlocuteurs, et une simple bourrasque pouvait me tuer pour me faire revenir sous d'autres traits, par extension, ma propre identité n'est définissable que par l'affirmation de signes divergents chez l'autre. Je sais que je suis humain car je vois un djöllfulin. Je ne suis pas lui, et il n'est pas moi.
Les vampires avaient partiellement raison, et j'adhérais à cette conception fragmentée de ce qu'on appelle l'identité, une chose relative et essentiellement performative, en ce sens la révélation de Rowtag me fit esquisser un sourire franc, à pleines dents, serti de deux yeux admiratifs de ce qu'ils voyaient. Là où je discorde avec la vision polymorphe de ce qui fait le "moi", c'est leur insupportable habitude de considérer que l'âme n'est pas capable d'autre chose que d'hypocrisie. Tout du moins face à un regard qu'on nous sait bienveillant, et là réside à mon sens le concept d'amitié. L'amitié c'est pouvoir ôter son chapeau, son masque, livrer sa petite histoire touchante et bateau (il y a toujours une forme cruelle d'ironie simpliste dans les drames vécus, à bien y réfléchir) sans que la honte éprouvée à s'ouvrir ne soit pour une fois motivée par la peur du jugement. L'amitié c'est avoir foi que l'autre comprendra mon identité.
Ce que je voyais, alors que je portais la coupe à mes lèvres, c'était l'exemplification de cette pensée tout à fait fortuite qui me traversait la tête ; deux hommes qui comprennent une part de l'autre qu'il convient habituellement de cacher. Un djölfullin littéralement transfiguré par des hommes qui reniaient n'importe quelle existence, crachaient sur toute valeur qui n'égalait pas celle de l'or qui les attendait au bout de leurs transactions. Sa peau était grise, des cendres d'un brasero qui habitait désormais son cœur me disais-je à entendre les crépitements dangereux qui ponctuaient ses mots, ses expressions, Rowtag était le Kanaan en éruption à l'évocation de ses intentions ; un sourire carnassier rivé sur les lèvres, je l'imaginais plus tard, face à nos cibles, et redoutais que cette haine ne l'emporte sur un chemin glissant.
Mais c'était sa haine, sa vie, et son identité. Je ne faisais pas partie de ces pensants qui considéraient la paix et la guerre comme deux entités distinctes, deux singularités qui évoluaient au détriment de l'autre, elles étaient le revers d'une seule et même pièce. Qui veut la paix, prépare la guerre. Disait je le crois un Djölfullin, justement. Alors j'hochais la tête comme nous étions en contact visuel direct, touché par l'intensité du moment, et à mon tour portait la coupe à mes lèvres de nouveau avant de me saisir de la bouteille et de nous resservir.
-Alors nous voilà alliés contre ces funestes entreprises. Je ne sais pas toi, mais j'ai accepté je crois de sacrifier mon innocence afin que d'autres, plus jeunes, encore à venir, ne puissent la connaître pleinement.
Je lui adressais un sourire bienveillant, en coin, plein de malice, sa fougue m'ayant contaminée, comme nous voguions vers le combat qui marquerait pour moi le début d'une guerre de longue haleine contre le trafic des vivants.
De l'autre côté du pont, le Livre qui indiquait à Plume où aller, nous criait d'une voix machinale et tout à fait différente de son ton habituel :
-Au prochain rocher, tournez à droite. Vous allez bientôt atteindre votre destination. Attention, bandits signalés dans la zone. -Mais il semblerait qu'en Dùralas tous les chemins mènent au combat, et je suis grâce à toi plus déterminé que jamais à mener le mien. Le nôtre. Mon ami !
Sans que je m'en rende compte, mon lien à l'immatériel s'était amplifié, transformé, les esprits m'accompagnant ayant reçu un peu de cette combativité farouche que nous avions échangé ces derniers moments. Dans mes yeux verts dansaient de petites étincelles dorées, déterminées. Hurlant d'un rire joyeux, je posais un pied sur le bord du navire et criait de manière solennelle :
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 4 Avr 2021 - 20:44
La façon dont les regards se croisaient s'était transformée. Qu'il était difficile de ne pas s'emmêler dans la honte pour Rowtag ! La tournure de la discussion néanmoins l'encourageait à cette prise de confiance et il gonfla amplement sa cage thoracique pour décomprimer ses articulations raidies par le stress. Un autre sourire barra son visage lorsque le poète lui resservit un verre et qu'il l'écoutait.
Ses paroles avaient résonné comme le son d'un tambour de guerre dans l'esprit du djöllfulin et il fut prit d'un élan d'enthousiasme.
-Ha ! S'il s'agit de leur faire payer, considère mon innocence comme un lointain souvenir ! lâcha-t-il d'un rire en trinquant avec lui. La situation entre les deux hommes avait prit un tel tournant qu'il ne l'aurait pas cru il y a un quart d'heure. Il semblait cependant que le cornu avait dégoté, de la sorte, un puissant camarade pour sa chasse à l'esclavagisme. Et cela pouvait être une très bonne chose pour la suite des événements. Il jugea néanmoins que seul le temps permettrait à l'homme de valider ses propos par des actes et d'instaurer ainsi une relation de confiance entre eux.
À propos d'agir, le navire d'Hugou avançait déjà depuis quelques minutes maintenant en direction de leur prochain homme, quelques minutes qui parurent s'écouler si vite dans la tête de Rowtag qui s'était vidé la bouteille de vin avec son partenaire en ce si peu de temps. Aussi espérait-il que cet état de fait ne lui portait pas préjudice pour ce qui s'en suivait.
Le bateau-cible ne s'inquiéta pas le moins du monde de voir une embarcation alliée s'approcher de lui, bien que la distance les séparant disparaissait, leur permettant bientôt de s'apercevoir de l'anéantissement de l'équipage à son bord. Une étincelle électrique parcours l'échine du djöllfulin qui ne pouvait s'empêcher de trouver la scène grisante. Il s'agissait après tout de son premier abordage et l'aura mystique du poète qui se gonflait à bloc le galvanisait davantage. Une petite chose par contre le titillait : en tout bon adepte d'Urgaal'Mar, il ne trouvait pas qu'une attaque frontale était convenable. En plus d'être bien moins amusant, un tel assaut relevait enfaite même carrément de l'inconscience. En temps normal, il n'aurait pas vraiment prit la teneur des facteurs risques, jugeant qu'un bon tour de passe-passe pouvait le sortir de n'importe quel pétrin. Mais ils se trouvaient pleine mer, sans échappatoires, et plus tôt, l'ensorceleur avait bien montré que sa magie possédait une certaine limite. Cela donnait également la possibilité au cambrioleur de prouver un peu de ce qu'il savait faire.
-Eh l'ami, fit-il à son attention. Je ne doute pas de tes pouvoirs, mais évitons de nous faire submerger comme des bleus. Prenons leur apparence et neutralisons-les de l'intérieur. Ils ne verront rien venir...déclara-t-il avec un rictus diabolique.
Sur ces mots, il fouilla dans un recoin de sa veste pour dégoter l'une de ces fioles offertes par Ran. Concentrant ses pouvoirs d'illusionnisme dans une prière chuchotée en l'honneur du dieu fourbe, le cornu avala la moitié du liquide, récita une nouvelle fois, puis tendit le flacon à son acolyte.
Les formes de son corps se changèrent grossièrement, puis des détails apparurent, transfigurant entièrement le djöllfulin en l'un des larbins d'Hugou. Le reste de la potion avait été imbuée en magie pour que le buveur prenne l'apparence d'Hugou lui-même, comme il avait été jugé que le poète avait la meilleure élocution, et donc la meilleure imitation. Il ne restait plus qu'à camoufler les quelques corps assommés par la dernière baston et le tour était joué !
...
Très vite, les deux structures maritimes se collèrent l'une à l'autre. À vue d'oeil, l'équipage de Winston paraissait similaire à celui terrassé plus tôt, quoiqu'un peu plus aisé. Pas de traces de leur chef sur le pont, celui-ci devait sans doutes se cacher dans sa loge. Mais pour l'heure, ses hommes, suspicieux, ne daignèrent pas mettre le pont pour les faire monter à bord.
-Eh, qu'est-ce que tu fous là, Hugou ? Le patron vient de te donner une mission ! Et ils sont passés où tes gars ?
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 14 Avr 2021 - 18:28
J'approuvais la décision tactique de Rowtag, par intelligence, car il était plus fin de s'immiscer à bord du navire de Winstin qui nous dépassait en nombre et en force, mais surtout par nécessité, mes forces avaient été mises à rude épreuve et je devrait compter sur un usage bien plus modéré de celles-ci afin d'éviter un épuisement total.
Mais qu'est-ce qui m'avait pris d'avoir voulu jouer les éoliennes...
Le moment confessions et communion terminé, j'étais on ne peut plus enjoué par la perspective d'aborder -et surtout balafrer- le premier représentant de cette caste immonde qu'étaient les trafiquants d'êtres humains ; tandis que Plume manœuvrait notre bateau afin qu'il n'accoste celui d'Harwey Winstin, avec une précision dont je questionnais la provenance (je savais les objets animés dotés d'une grande intelligence, et Plume en particulier semblait parfois contenir dans son mutisme un Savoir plus acéré que Guthemberg lui-même, mais tout de même...) je buvais la potion que me tendait Rowtag. L'idée qu'elle eut été empoisonnée, et que mon plus récent compagnon ne soit de mèche avec les criminels que l'on traquait, ne me traversait pas l'esprit un seul instant. Si je devais m'en référer aux règles de construction narrative, Rowtag ce serait donné beaucoup de mal à tabasser un équipage entier, s'infiltrer à bord, me parler, pour ensuite me trahir. Il en avait eu l'occasion une dizaine de fois, et je n'étais pas du genre à me laisser aller à des suppositions désabusées. J'en laissais l'hégémonie aux assassins de la Congrégation, ces pauvres sires.
Mélangée à l'acidité du vin, la décoction provoqua tout d'abord chez moi un haut-le-cœur si bien que je cru rendre à l'océan mon déjeuner, mais aussi vive que passagère, la sensation se tut aussitôt venue, et je me retrouvais à la place à sentir mon corps me démanger. Comme j'observais mes avant-bras j'en détaillais la peau en chair de poule et la pilosité se hérisser, gagnant peu à peu une longueur et une forme qui n'étaient pas les miennes. Mon ventre émettait des bruits étranges tandis qu'il s'allongeait, rebondissait, changeait en quelques secondes, et je pouvais entendre mes cheveux rétrécir.
Je tournais tout aussi vite un regard désemparé vers Guthemberg, et malgré que je pouvais distinguer des paroles émises, elles me parvenaient le temps d'un instant de trop loin pour que je puisse les percevoir distinctement ; j'étais happé dans un tourbillon composé du mouvement à tribord du navire, la brillance hégémonique de l'astre solaire rendue aveuglante sur l'immensité de la Mer, et des transformations corporelles qui s'opéraient en moi.
Puis tout d'un coup je me sentis à nouveau comme neuf, même si je devinais instantanément avoir changé d'apparence car je n'observais plus le monde de mon mètre quatre-vingt mais de plus bas. Un mètre soixante-dix, si je devais estimer, pour une masse bien plus imposante, mélange de muscles négligés et de chair habituée à l'alcool. Qui étais-je devenu ?
- Eh, qu'est-ce que tu fous là, Hugou ? Le patron vient de te donner une mission ! Et ils sont passés où tes gars ?
J'avais enjambé l'entreponts d'un bond assuré, préférant démontrer un excès de confiance plutôt que ma confusion préalable tant la situation pouvait basculer dans le danger.
Je suis donc Hugou. Génial.
- Toi, ta gueule. J'ai rien à te dire,dis-lui de venir tout de suite, c'est urgent.
Dans ce genre de paradigmes, il convenait de ne pas trop élaborer le discours, je n'étais au fait que de très peu de choses concernant l'organisation des criminels à la solde de Winstin, mais j'étais sûr d'une chose ; Hugou disposait d'un navire et était donc tenu en plus haute estime que n'importe quel laquais présent sur le pont où je me tenais, le buste en avant, dans un jeu de dupes périlleux. Je n'osais même pas user de ma magie pour sonder les Esprits, aussi ténue mon usage soit-il, car un magicien pouvait se trouver à bord et aurait tôt fait de nous démasquer.
Mais l'homme en face de moi ne rechigna pas, et s'exécuta sans chercher plus de complications à la situation. Tant mieux.
Je tournais donc le regard vers Rowtag, et l'interrogeais du regard. C'était quoi la suite ?
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Sam 24 Avr 2021 - 18:06
Certains adeptes d'Urgaal'Mar avaient recours à la métamorphose pour piéger leurs cibles. C'était un art délicat, demandant de la réactivité, un sens du spectacle mais également un goût du risque ! Néanmoins, cela pouvait changer la donne, et, lorsque deux hommes cherchaient à démanteler un équipage, à vue de nez, d'une trentaines de malfrats, avoir le pouvoir d'un tel basculement était crucial.
Aussi ce serait mentir que de dire que Rowtag n'éprouvait pas un amusement profond en voyant son nouvel acolyte dans cette mise en scène. Le suivant d'un bond similaire, ils étaient désormais tout deux rendus sur le navire ennemi. Le djöllfulin éprouva un certain soulagement en constatant que le poète n'était pas que doté d'une belle prose, mais savait de surcroît adapté sa langue à la situation. Car le sortilège ne faisait pas tout, et le plus gros de la métamorphose reposait sur leurs talents de comédiens.
Le pari était risqué, mais fort excitant. Les pupilles alertes de Ziggy se posèrent sur son complice, qui, surpris, fit tourner ses méninges. Comme beaucoup de ses cambriolages, le cornu s'était une fois de plus retrouvé au moment où la confusion le guettait, la panique la suivant. La suite était encore à tisser, et, dans ce genre de cas, il parvenait, souvent in extremis, à déployer une force d'analyse le sortant d'un mauvais pas, le conduisant sur un bon. Le tout était de rester pragmatique, et, bien sûr, de tirer tout les plaisirs du danger qu'il était possible de tirer.
À un moment, il se demanda s'il n'aurait pas du prendre la place d'Hugou et inverser les rôles. Puis, réflexion faite, il réalisa qu'il avait le beau rôle : les personnages insignifiants représentent parfois la plus grande menace, tout justement car ils ont d'invisible ce que les principaux n'ont pas. Alors, avant que le laquais ne disparaisse dans la loge du capitaine, Rowtag prit les devants et le suivit.
-Un problème ? fit ce dernier en se retournant. -Eh...Hugou m'envoie, on a plus de bouffe ! répondit l'autre, feignant l'inquiétude du sous-fifre tremblotant, appréhendant la colère du tyran son supérieur s'il n'accomplissait pas la tâche, ce qui accompagnait bien l'apparence famélique héritée par la potion. -Quoi ? T'es là depuis trois mois, tu sais très bien où sont les stocks abruti ! Et il lui balança cette phrase dans un geste du bras opposé à la direction où ils allaient. Alors là Rowtag s'exécuta, traversa le pont pour atteindre la trappe secondaire menant à la cale où il s'y glissa.
Il se trouva premièrement dans une grande pièce longiligne où cinq hommes s'affairaient à déplacer des marchandises, de la nourriture et des armes. Ils ne leurs dit mots et passa la prochaine porte qu'il referma, puis, constata qu'il se trouvait dans l'infirmerie qui était plus une sorte de placard en bazar jouxtant un vaste couloir duquel émanaient des bruits peu réconfortants. Il marcha dans la direction de cet endroit et découvrit, pas après pas, que le corridor donnait sur des cages. Elles étaient toutes remplies de corps. Tous plus ou moins vivants. Son coeur se comprima davantage lorsqu'il aperçu des cornes dans un coin du cachot. Sa gorge se serra fortement, et, son attention se déporta très rapidement sur les quelques hommes qui montaient la garde.
Son sang ne fit qu'un tour, sa décision fit son chemin dans sa tête avec fulgurance, il n'était plus question de jouer. Les gardiens le questionnèrent du regard, puis, dans un geste vif, Rowtag mit en bouche sa sarbacane et en souffla trois dards tranquillisants qui les neutralisèrent en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Ce faisant, il se hâta de trouver les clés sur eux, et libéra les esclaves. Il vit défiler des visages tous aussi brisés les uns que les autres et prit conscience dans un même temps de l'ampleur de sa quête. Le djöllfulin qui sortit de la cage n'était par ailleurs ni Tshavaë, ni Leyun'ar.
Ne perdant pas son calme, le cambrioleur leur indiqua de le suivre et revint sur ses pas. De nouveau dans la pièce de stockage, les hommes s'alertèrent de la situation et se mirent en garde. Néanmoins, le fauteur de trouble utilisa sa dernière pointe soporifique contre l'un d'eux. Les quatre autres, réalisant la dizaine d'esclave qui s'entassaient maintenant dans la cale, préférèrent remonter sur le pont pour prévenir les autres. De leur côté, les libérés purent prendre toutes les armes dont ils avaient besoin et se hisser un par un à leur poursuite.
-MUTINERIE !!!! pouvait entendre Rowtag lorsqu'il revint à la surface avec les autres, retirant les apparences magiques, et, faisant probablement face à Winstin et la vingtaine d'hommes qu'il restait. Il chercha du regard l'ensorceleur, pour s'assurer s'il s'en était bien sorti de son côté.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Ven 21 Mai 2021 - 10:40
Rowtag était parti depuis un moment déjà, et notre -et par notre, je veux dire son- stratagème ayant fonctionné dans l'immédiat, je me retrouvais seul sur le pont dans un silence amplement gênant avec deux des hommes de Winstin.
Un long silence s'installait, mes yeux allaient de l'un à l'autre, et les leurs faisaient de même, les seuls sons que l'on entendait à bord étaient le léger fracas des vagues sur la coque, le vent dans les voiles. Afin de ne pas faire s'éterniser cet instant de malaise, et espérer que notre supercherie tiendrait assez longtemps pour qu'on puisse improviser autre chose et rebondir, je décidais de puiser dans mes ressources théâtrales pour lancer le dialogue. J'avais écris plusieurs pièces pour des compagnies par le passé, et bien que leur qualité soit sujette à des divergences d'opinion, moi-même ne sachant pas vraiment où me positionner quant à mes talents de dramaturge, un dicton fort viril commandait que "quand il fallait y aller, fallait y aller". Et puis c'est pas comme si on s'était précipités dans la gueule du loup.
Je m'allumais une pipe d'herbe, tirais quelques lattes, et m'approchait du matelot le plus proche occupé à surveiller l'horizon à l'aide d'une lunette.
- Salut l'ami. Alors le taf, ça se passe ? Aussitôt les mots sortis de ma bouche, je les regrettais amèrement. Personne ne parle comme ça. - Ouais bah écoute, Winstin m'a payé les deux mois de retard comme je te disais, c'est cool, Fiona va pouvoir prendre ses cours de pole-dance. Elle va travailler sa souplesse, si tu vois ce que je veux dire... hahaha. Et toi, t'as pas réussi à arrêter de fumer ? - Non, non, c'est un sacré vice, hein ? - Tu crois pas si bien dire, mon vieux ; j'ai entendu dire qu'une cousine à la marraine de Fifi avait développé un truc qui lui faisait pousser un troisième bras à cause de la clope. Tu devrais vraiment arrêter gars, je suis pas sur de vouloir un autre second que toi à bord. - Voilà qui me paraît plutôt le résultat d'une malédiction plutôt qu'une pathologie avérée. - Hmm ? - J'veux dire, ouais de ouf t'as grave raison mec.
Bon, infiltration réussie, l'autre matelot m'avait quitté des yeux pour se remettre à fouetter les rameurs. Je m'adossais au bord du navire, fumait et réfléchissait pendant que mon visiblement ami continuait à épier l'horizon. Une pensée me taraudait depuis que j'avais posé les pieds sur ce navire ; il ne semblait pas avoir eu vent auparavant d'organisations maritimes œuvrant pour le compte des Pirates à bord de l'Ombre des Côtes, encore moins de trafiquants d'être humains. Il y en avait des officiels, proclamés et fiers de l'être -que j'avais dans ma ligne de mire-, mais Winstin, Hugou, et toutes ces hyènes Ishtariennes semblaient exister en parallèle à la faction où j'exerçais. En d'autres termes, et prenant en compte le fait que les Pirates ont l'exclusivité du savoir-faire en matière de navires ; il y avait deux hypothèses possibles.
La première serait que Winstin et son organisation étaient d'anciens Pirates qui s'étaient reconvertis en esclavagistes/porcs, et que leur marché détestable profitait surement aux riches familles côtières dont les vampires devaient être les plus gros actionnaires ; si je voulais éradiquer l'esclavagisme en Dùralas il me faudrait donc enquêter à Spelunca, et régler le problème à la source. La deuxième, celle qui me semblait la plus probable, était qu'ils fournissaient de facto les vampires de Spelunca en bétail, mais cette fois-ci que cela impliquait un ou plusieurs équipages Pirates qui donnaient les moyens à ce marché d'exister. Navires, formation, contacts, seule l'Ombre des Côtes et ses hommes disposaient de suffisamment de ressources pour faire ce que faisaient nos petits pourceaux.
Je ne devrais donc pas seulement me focaliser sur les cimes hallucinées de Spelunca et leurs maisons impitoyables, mais devrait mener une enquête préliminaire au sein de ma propre Faction pour déterminer qui d'entre nous coopérait à faire vivre le trafique d'êtres humains. Ce commerce me dégoûtait, il ne s'agissait pas seulement des esclaves qu'ils donnaient en pâture aux vampires et aux maisons nobles traditionnelles humaines, il s'agissait également de la prostitution, de la pédophilie, et de la revente d'organes sur le marché noir. Si l'un de mes confrères de l'Ombre des Côtes prenait part dans ces affaires, et j'en étais de plus en plus sur, alors j'irais demander sa tête au Kalevala. Un acte belliqueux sans doute, peut-être encore trop difficile à concilier avec ma nature actuelle, mais je saurais compter sur le soutien de Sval et de mon propre équipage pour pallier à mon pacifisme habituel ; il le faudrait pour venir à bout d'une si sinistre entreprise.
Comme je m'étais perdu dans les brumes de l'herbe qui imbibait ma pipe, je n'avais pas vu Winstin approcher et me prendre le cou entre son bras et son aisselle en ricanant.
- Bah alors, Hugou. Trop défoncé pour naviguer ?! Hahahaha ! Dis-moi ce qui se passe ? - J'ai une question, Winstin. J'avais voulu jouer mon rôle, à nouveau, mais l'herbe et la puanteur de celui qui m'enserrait si fraternellement aidant, je ne pu qu'écouter mon instinct et lui adresser des mots emplis de froideur. Il ne semblait pas s'en formaliser, ceci dit, et souleva le menton pour m'inviter à continuer ma phrase. C'était maintenant ou jamais. On a été attaqués par une bande de l'Ombre des Côtes. Des Pirates. Je veux le nom d'un de nos contacts à bord de ce foutu guêpier, il a des comptes à me rendre, à moi et aux hommes qu'ils ont amoché.
Sans m'en rendre compte, je m'étais machinalement libéré de son étreinte pour plonger des yeux pleins d'une ardeur que je ne me connaissais pas dans les siens ; cette herbe devait être très bonne, car j'étais passé de piètre acteur à un véritable mythomane en quelques secondes. Il fronçait les sourcils, réfléchissait un instant, et hochait la tête. - Fils de pute autant qu'ils sont ces Pirates, je te le concède, avec leur main mise sur les Mers... Notre homme nous avait juré qu'ils nous dérangeraient pas, et on a déjà accès aux routes que prennent leurs éclaireurs pour faire leurs rondes. Quelqu'un a dû nous vendre, alors j'imagine que je peux te révéler l'identité de notre gars, t'iras lui poser la question toi-même parce que je risque de lui coller une balle moi. C'est un certain Amine.
Le monde s'écroulait sous mes pieds, et je faillis rendre mon déjeuner. Amine.. celui que je... ? On... non. Ce n'était pas possible !? Il devait y en avoir d'autres à bord...
J'allais ouvrir la bouche pour protester quand un homme sortit par la même porte où était entré Rowtag, il tombait à plat ventre, et hurlait en même temps qu'un captif, visiblement plus très captif, lui tranchait la gorge à l'aide d'un surin. Bientôt c'était un véritable déluge de corps abimés, creusés par la faim et les voyages, mais raffermis par la hargne de la liberté qui s'abattait sur nous. Winstin dégainait son fouet, le faisait claquer et commandait à ce que nous prenions position pour l'affrontement. J'étais toujours sous le choc, et une vague sourde montait en moi. Amine. Winstin. Hugou. Ces pauvres gens. Sval. Les Pirates. Tout tournait très vite, surement à cause de l'herbe, mais surtout à cause de la Trahison Ex Machina dont le garçon que je fréquentais avait fait l'objet.
Comme le fouet de Winstin allait frapper l'homme qui avait égorgé son matelot quelques minutes plus tôt, je l'arrêtais mentalement et profitait de la confusion générale pour m'avancer parmi les deux camps. Un champ doré m'avait enveloppé, révélant ma véritable apparence, et je me sentis instantanément possédé par les forces de l'Immatériel. Non. J'avais envie d'être possédé par l'Immatériel. Je ressentais avec une telle puissance ma colère que j'aurais pu devenir tempête, j'avais envie de voir des planètes s'entrechoquer, la mer s'ouvrir pour avaler tout ce spectacle macabre. Amine...
Un des gars de Winstin me saisissait le poignet, en me demandant quelque chose. Ses mots étaient si loin, sa diction confuse à mes oreilles, Ziggy Zolero, Hugou... je n'étais aucun de ceux-là. J'étais une multitude à cet instant, et le contact de cette chair vivante sur moi m'emplissait de jalousie. Ceux qui avaient jadis connu ce toucher, les hommes, les femmes, les enfants, que ce coupe-jarrets avait vendus réclamaient justice. Le bras de l'homme d'Hugou, gagné par mon aura dorée disparu, tomba en lambeaux. Et bientôt son corps tout entier fut désintégré.
- Allez trouver un abri. Je m'occupe d'eux.
Ma propre voix était une fusion de mille autres, mes pensées n'avaient plus aucune cohérence, et je sentais que mon corps, ayant déjà été poussé à bout par mon exercice télékinésique sur le navire d'Hugou, montrait d'importants signes de défaillance. Mon nez saignait de nouveau, et l'une de mes oreilles aussi, mais je m'en riais très honnêtement. J'étais colère, une énorme, tonitruante et horrible colère, et les Esprits trouvaient réponse à leurs propres vengeances en moi.
J'étais leur fin, et la mienne peut-être. Le sort en déciderait.
Le Juge
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Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 14 Juil 2021 - 22:13
Début de la mutinerie contre les trafiquants d'esclaves
Boussole d'exploration : Le possesseur gagne 25% de sa vitalité en cas de CC.
Boucle d'oreille gauche de Sire Ümmen : (Les personnages ennemis de sexe masculin perdent tous 20%/stats au début du combat ; pour les monstres, sont concernés ceux qui ont un nom de genre masculin).
Livre de Guthemberg :
L'effet dépend du tour:
Bouclier [T1] : Octroie une aura exaltée de 200.
Protection [T2] : Immunise de tout malus pendant ce tour uniquement, comprenant le contre des ensorceleurs.
Tir des arcanes [T3] : Envoie un projectile magique sur tous les ennemis, leur infligeant 10% de leur vie maximale. Détruit instantanément les invocations à moins de 500 de vitalité.
Soin [T4] : Octroie une régénération de 20% de la vie maximale.
Racine [T5] : Diminue de 10% la vitesse maximale des ennemis.
Rowtag : 692 Vitesse : 420 Dégâts : 880
Capacités spéciales :
Poignard vampirique : Augmente les dégâts de 10% dans le Sud.
Petit guide de l'apprenti alchimiste : effet des potions x2
Petit guide de l'apprenti alchimiste : +10 % / stats en début de combat.
Vitesse macabre : La vitesse ne peut recevoir ni bonus ni malus durant le combat.
contre
Vitesse des trafiquants : 1440
Membre d'équipage de Winstin A :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin B :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin C :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin D :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin E :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 14 Juil 2021 - 22:15
Les membres d'équipage A et B attaquent Ziggy et lui brisent son aura. Les membres d'équipage C et D attaquent Ehawee à 160 x 2, soit 320. Le membre d'équipage a attaque Ziggy à 160.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Dim 18 Juil 2021 - 14:50
C'était une rage grisante qui grondait derrière Rowtag. Il pouvait sentir les battements agressifs, l'envie de vengeance de ceux ayant tant subis. Une chose immense et enfouie avait somnolé jusqu'à présent. Dans leurs ventres, leurs fluides corporelles étaient lave en fusion, leurs souffles voulaient s'évaporer apr delà leurs cages thoraciques. Leurs mâchoires grinçantes et claquetantes se crispaient sans cesses de peur et d'avidité. Était-ce vrai ? Allions-bous enfin sortir de cet enfer ? Pouvions-nous oser penser liberté ? Dans leurs yeux, la flamme de l'espoir ravivait leurs visages meurtris.
Leurs peaux terreuses se craquelèrent dans des bruits graves. Au sortir de l'obscurité, du magma éclata la pierre de leurs faces : ils poussèrent des cris enflammées et poussiéreux. Une frénésie contagieuse s'empara d'eux, se propagea d'un à un si bien qu'ils firent corps ensemble, une créature monstrueuse et insatiable, un hécatonchire en quête d'une vengeance sans concessions. Le torrent des meurtris déferla. Des gerbes de sang volèrent de tout part, celui des hommes de Winston pris au dépourvu.
Rowtag ne savait pas que ce que les trafiquants leurs avaient fait subir, mais les esclaves s'adonnèrent à une véritable boucherie. À sa gauche, une femme décapitait l'un de ses tortionnaires, à sa droite, un homme en éviscérait un autre. Partout où il posait son regard, il pouvait contempler la vengeance s'accomplir. Le djöllfulin ne tarda pas à se laisser également contaminer par la fureur. Suivant les libérés et poussé par ses impulsions du passé, il réclamait lui aussi sa part de justice et pour la nourrir il lui fallait tailler dans le vif, mettre à feu et à sang. Celui qui avait bien traité le prisonnier Hugou n'était plus qu'un vague souvenir : ses sentiments figés et froids étaient maintenant portés à ébullition, il ne laisserait plus rien entraver son courroux, ni la moral, ni le dégoût, ni même Urgaal'Mar. Pas de codes de conduites, rien qu'une voracité à l'état brute, en fusion.
-Allez trouve un abri. Je m'occupe d'eux.
Ziggy avait fait sortir Winstin de sa tanière. Il arborait désormais une aura mystique, une puissance colossale affluait en lui, plus encore que lorsqu'il avait soulevé vents et marées. Sa voix, méconnaissable, avait résonner sur tout le navire. Devant un tel spectacle, un certains affranchies crurent voir en lui un messie, un sauveur envoyé par les dieux pour les sortir de ce malheur. Rowtag, comme d'autres, furent davantage galvanisés en voyant l'ensorceleur prouver son pouvoir. Le cornu néanmoins, s'il n'était pas dans un tel état d'extase, lui aurait sans doutes rit au nez : il n'allait certainement pas le laisser s'amuser tout seul et enlever dans un même temps le pain de la vengeance aux esclaves libérés, se comprenant lui-même dans cette catégorie. Ajouter à cela les limites magiques de Ziggy auxquelles il se heurtait encore, comme en témoignait ses pertes de sang.
-N'importe quoi ! se contenta-t-il de répondre. Mais le cornu ne s'inquiétait pas, au contraire, la détermination de son allié l'encourageait même d'autant plus à braver les dangers pour assouvir sa vengeance, les vengeances de tout les affranchis.
Après l'effet de surprise, les hommes de Winstin restaient tout de même assez nombreux et bien équipés, il n'allait pas être chose aisée de vaincre l'équipage. Les esclaves étaient certes animés par une soif de révolte, ils n'en restaient pas moins sous-alimentés et dans de graves états.
Plusieurs trafiquants comprirent assez vite qui avait orchestré cette mutinerie et décidèrent de se focaliser sur les deux libérateurs. Deux d'entre eux frappèrent de concert le djöllfulin qui ne put esquiver cette embuscade en tenaille mais minimisa au moins les dégâts. Animé par la ferveur ambiante, sa contre-attaque était terrible : une dague transperça la gorge du premier assaillant, le visage de Rowtag était désormais couvert du sang de sa victime. Il se tourna ensuite vers le second, l'air diabolique. Il en voulait encore.
Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 18 Aoû 2021 - 13:08
Le monde prenait feu, la mer, fort peu agitée en cette journée de printemps au ciel dégagé où jacassaient les mouettes par delà la cacophonie qui régnait en le bateau de Winstin, s'incendiait sous mes yeux. Tout n'est que rouge et flammes pour moi, tandis que je laisse le tourbillon d'âmes vengeresses prendre le plein contrôle de chaque parcelle de mon corps ; mes veines se gonflent d'une énergie nouvelle, et ma conscience s'étiole au profit d'une seule pensée. Colère.
Vaguement, je discerne les mouvements agiles de Rowtag, sa voix aussi, de plus loin que je ne l'aurais pensée, et je dois luter pour faire accepter aux âmes de l'au-delà son état d'allié. En moi c'est un véritable cataclysme ; j'ai longtemps pratiqué la marche spirituelle, et l'alchimie, mais jamais je n'ai fait l'expérience de pareille fusion avec les volontés de l'intangible. Ce qu'on raconte est vrai ; c'est un flot d'éther brut qui l'anime, et aucun homme ne peut le combattre, cependant, tout bon écrivain sait que tout peut être orienté, que les arts ne sont que subterfuges et tromperies, ruses et inventions, et en me rattachant à cela, j'utilise tout ce qu'il me reste pour diriger la rage qui m'habite vers les hommes de Winstin seuls.
J'irradie un instant d'éther, le flux qui régis la Vie elle-même, et aurais-je été son vaisseau une seconde j'aurais fait l'objet d'une combustion spontanée. Je voyais mes avants-bras parcourus d'étincelles furieuses, mes yeux se couvraient de spasmes électriques, et mes jambes se brisaient sous le poids de la trop grande puissance qui m'envahissait. Seigneur, qu'ais-je fait ?
Je ne maîtrisais plus rien, au pire moment. J'avais entendu des histoires a propos de magiciens trop ambitieux qui finissaient par devenir eux-mêmes des spectres de magie brute, des élèves poussés par la curiosité à franchir l'ultime barrière qui séparait le corps de l'énergie du monde et à s'y perdre. Jamais je n'aurais cru un jour braver l'interdit. J'aperçois du coin de l’œil, avec le peu de conscience qui me reste au milieu de cette tempête incendiaire, Guthemberg qui érige autour de moi une barrière magique, bloquant l'attaque de deux des esclavagistes, et pendant une seconde, juste assez, sa magie m'apaise de sa familiarité. Je penche mon âme vers l'amitié qui me lie à mon indéfectible grimoire, et miracle, l'incendie laisse place à la chaleur, et je parviens à m'extirper du courant des âmes avant de toucher le fond.
Je reprends mon souffle, difficilement, le front baigné de sueur, et ais tout juste le temps de tirer ma lame de son fourreau que la barrière éclate, rompue par les coups incessants des hommes, fous de rage que l'on ait libéré leur marchandise. L'instant d'après un troisième homme, ayant échappé au contrecoup de l'explosion du sort défensif de Guthemberg, me décoche un coup de pied au menton. Je roule sur le côté, et entends un craquement sourd au niveau de ma mâchoire, mauvais présage en cas de survie, si bien que ma bouche s’anesthésie en un instant. Je crache, et découvre parmi le sang et la bave, un petit objet pointu et osseux, blanc.
Une canine ! J'ai perdu une canine ! Fils de...
Animé par l'adrénaline de me constater en si mauvaise posture, j'utilise la poignée de mon fleuret pour me redresser, plantant la pointe au sol pour m'en servir de canne, et fait face à mon agresseur. Un borgne armé d'un couteau, fort heureusement pas assez futé pour avoir employé son arme lorsque j'étais au sol. Je n'ai pas besoin de sonder mon mana pour me savoir à sec, je n'aurais pas du parader comme un paon aujourd'hui, user inutilement de mes dons m'ayant réduit à l'état de bretteur dans un instant si crucial ; et on sait tous ô combien mes qualités d'escrimeur sont développées. Je déglutis, mais sans doute mon apparence amochée et mon remue-ménage précédent doit intimider mes ennemis car ils m'entourent et n'osent pas bouger, guettant les signes précurseurs de mon attaque pour riposter. Bien.
Je lance mon bras en arrière, attrape Guthemberg, qui se met à hurler, et le projette sur l'homme le plus proche de moi. Il reçoit le bouquin, qui balbutie des insultes à mon encontre, sur le menton, et j'aperçois une fenêtre d'opportunité. Je m'élance en avant, exécutant une fente rapide, et le transperce au niveau de la gorge.
Du sang jaillit très vite, en flots irréguliers et violents, et bientôt mon visage se couvre d'hémoglobine.
- J'en ai dans la bouche, oh seigneur, j'en ai dans la bouche... ne pas penser aux maladies... ne pas penser aux maladies... ils n'ont jamais baisé toutes les catins des ports d'Ishtar... non... oh mon dieu j'en ai dans la bouche...
[Attaque le goujat B]
Dernière édition par Ziggy Zolero le Jeu 19 Aoû 2021 - 9:02, édité 4 fois
Le Destin
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Sujet: Re: Zone Interdite [PW Rowtag] [PAUSE] Mer 18 Aoû 2021 - 13:08
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Boussole d'exploration : Le possesseur gagne 25% de sa vitalité en cas de CC.
Boucle d'oreille gauche de Sire Ümmen : (Les personnages ennemis de sexe masculin perdent tous 20%/stats au début du combat ; pour les monstres, sont concernés ceux qui ont un nom de genre masculin).
Livre de Guthemberg :
L'effet dépend du tour:
Bouclier [T1] : Octroie une aura exaltée de 200.
Protection [T2] : Immunise de tout malus pendant ce tour uniquement, comprenant le contre des ensorceleurs.
Tir des arcanes [T3] : Envoie un projectile magique sur tous les ennemis, leur infligeant 10% de leur vie maximale. Détruit instantanément les invocations à moins de 500 de vitalité.
Soin [T4] : Octroie une régénération de 20% de la vie maximale.
Racine [T5] : Diminue de 10% la vitesse maximale des ennemis.
Rowtag : 372 Vitesse : 420 Dégâts : 880
Capacités spéciales :
Poignard vampirique : Augmente les dégâts de 10% dans le Sud.
Petit guide de l'apprenti alchimiste : effet des potions x2
Petit guide de l'apprenti alchimiste : +10 % / stats en début de combat.
Vitesse macabre : La vitesse ne peut recevoir ni bonus ni malus durant le combat.
contre
Vitesse des trafiquants : 800
Membre d'équipage de Winstin A :0 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin B :0 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin C :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin D :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160
Membre d'équipage de Winstin E :640 Vitesse : 320 Dégâts : 160