D'étranges et disgracieuses créatures se rassemblèrent dans un lieu où corbeaux et citrouilles côtoyaient les mêmes bourreaux. On pourrait croire qu'un hippogriffe serait mis à mort du fait d'une si funeste ambiance. Mais, heureusement pour les défenseurs des créatures magiques, aucun de ces animaux mi-équidés mi-rapaces ne semblaient avoir été invités (ou ramenés de force). D'ailleurs, ni aucune autre de la même catégorie. Seuls ceux se targuant comme défenseurs de la Convergence étaient déployés en ces lieux.
Uskøl les avait rejoint alors qu'ils prenaient position en un antique lieu de culte envahi par les affres du temps. Ils ne semblaient pas inhospitaliers au premier abord, mais leur poigne sur leurs armes prouvaient leur détermination à se battre. S'ils désiraient faire voler des dents, le nordien voulait bien leur offrir ce plaisir.

Un tas d'os s'avança pour faire face au Milicien aux cheveux rouges. Vestige d'une armée perdue à jamais dans les trous de mémoire de l'Histoire, le guerrier squelette fit virevolter sa masse d'armes pour frapper l'épaule droite du nordien qui n'avait pu se montrer assez rapide pour parer la première passe d'armes de ce combat. Il grimaça, montrant presque les crocs, mais ne se laissa pas abattre pour autant et fit rapidement glisser son bouclier pour bloquer les futures attaques à son encontre.

Sa hache rouge fit quelques éraflures sur la cage thoracique de son adversaire sans pour autant l'éventrer (certes, le manque de chair rendant la tâche plus ardue). Le guerrier d'outre-tombe se défendait bien trahissant son expérience martiale. Ce pouvait être suffisant pour abattre nombre d'adversaires mais le nordien n'allait pas lui offrir ce plaisir carnassier et comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce et briser un à un chacun de ses os. Il serait dommage qu'un soldat de la Jarl de glace doive ravaler sa fierté face à un jouet pour chiens-chiens ambulant !
> Dis-moi si c'est à ton goût macabre ! lança-t-il en pleine charge.

Deux côtes se détachèrent du thorax du squelette, tranchées net par le tranchant meurtrier de l'arme nordique du nordien. Cette blessure, qui semblait superficielle, fit cracher un cri de rage au cadavre osseux ambulant lui octroyant une célérité telle que le Milicien ne put amortir les chocs de la masse d'armes sur son bouclier. Sans muscle pour indiquer une quelconque force physique, Uskøl fut surpris de découvrir que le tas d'os n'avait pas grand chose à envier à de féroces créatures comme des minotaures ou des ours. Ses coups étaient violents et fit craquer quelques os chez le combattant de chair. Peut-être que le guerrier d'une époque révolue avait l'intention d'arracher les os de son adversaire pour reconstruire son intégrité.
> J'en ai besoin, moi !

Le nordien frappa la mâchoire du tas d'os avec la tranche de son bouclier et lui trancha les tibias pour le raccourcir aussi bien dans sa taille que dans son élan de frénésie. Un ennemi qui cachait bien ses facultés mais qui ne pouvait tenir tête à l'élite de la Milice. Uskøl devait alors définir s'il en faisait parti ou non, car ses belles paroles devaient bien signifier quelque chose un jour ou l'autre.

Deux belles entailles sur les jambes du squelette ne furent pas suffisante pour le rendre "à jambes raccourcies". Uskøl pesta tout en se dégageant en arrière pour éviter un coup bien placé de son adversaire qui aurait pu lui décoller la mâchoire. Le nordien n'avait certainement pas envie que ses dents viennent garnir le sourire sans expression du cadavre sans chair ni le collier du loup-garou enchaîné à son arbre, dans le coin. Mais il ne fallait pas céder aux distractions infâmes de ces créatures de la Nuit et plutôt tenter une contre-attaque selon le même schéma précédent. C'était risqué, mais le Milicien voulait tenter sa chance et se provoquer de lui-même pour s'agripper à la victoire. Une fois les jambes sectionnées, le squelette ferait pâle figure face au géant du Grand Nord, bien qu'il s'avérait être plutôt petit par rapport à ses "congénères", les anciens de son clan et les autres sangs-maudits et non pas les vrais géants du Grand Nord desquels descendent les Jötunn.

Une brèche dans la défense du tas d'os donna l'opportunité à Uskøl de sectionner pour de bon les tibias clairement visibles de son ennemi. S'ils se relevaient d'une telle attaque, le nordien serait contraint de tenter une nouvelle approche pour mettre fin rapidement à ce combat qui lui avait déjà couté une épaule à remettre en place et trois côtes cassées. Son sang bestial et sa rage lui prodiguaient assez d'adrénaline pour ignorer de si insignifiantes blessures. Après tout, le guerriers aux cheveux couleur sang avait l'habitude de se prendre de violentes roustes. Jusqu'à présent, il avait survécu. Il n'allait pas enfoncer ses pieds sous terre tout de suite.

Le tas d'os faisait moins le malin maintenant qu'il était un tas d'os, ou presque. Il ne restait à Uskøl qu'à en faire de la bouillie, une poudre plébiscitée par les agriculteurs, gardes-forestiers et autres responsables de la pousse des végétaux. Pourtant, le combat était loin d'être fini et les vieilles dents du squelette mordillaient les mollets du nordien pour le mettre à son niveau. Même sans jambe, le cadavre n'abandonnait pas.
> Ne serais-tu pas le vestige du Chevalier Noir ?

Le Milicien avait entendu parler de cette légende au prime abord très exagérée mais qui aurait pu s'avérer exacte si l'on prenait en considération le comportement de cet être d'outre-tombe, hargneux jusqu'au bout du bout.
Uskøl trancha les deux mains du squelette pour l'empêcher d'avancer plus que de raison et lui bloqua l'épaule avec son pied, prêt à abattre sa lame sur le crâne et fendre en deux cet horrible cliquetis doté d'un appétit insatiable. Les jambes du natif du Grand Nord avaient été pincées plus que mordues mais c'était tout de même une sensation amère. Et puis, c'était quand même assez honteux de raconter avoir été mordu jusqu'à ce que toute substance vitale (si on pouvait appeler ça ainsi) quitte le corps du responsable de ces crocs bien placés.
> Il est temps d'en finir là. Dors et ne te relève plus jamais.