Circë avait enquêter dans les villages alentour de son village natal, en particulier dans le village où sont frère avait vécu. Bien sûr, elle avait toujours un fond d'espoir de retrouver son frère. Le nom de Nithaes était pour beaucoup aujourd'hui, plus qu'un sombre souvenir d'un village en ruine maudit que la vie avait quitté il y a longtemps et celui d'Anario Maulgath ne leur disait rien. Cependant, un ancien lui avoua qu'après la destruction de Nithaes beaucoup d'habitant des alentours fuirent vers la capitale humaine, fait que l'homme indiqua s'être passé dans sa jeunesse, il y a 60 ans.

Circë se rendit alors à Stellaraë. Elle espérait y retrouver son frère où tous du moins un indice sur sa famille, car elle n'avait retrouvé que la tombe de son père dans les ruine de Nithaes. Mais dans la ville ce fut une seconde désillusion. C'est recherche durèrent de nombreux jours, pour aboutir dans un cimetière, elle avait retrouvé la tombe de son frère. C'était prévisible, 60 ans, Circë doit avoir dans les 86 ans et son frère dans les 88 ans, pour un paysan ou un maçon, c'est un âge qu'on atteint rarement.

La vampire en est triste bien sûr, mais elle a déjà bien trop pleurer sur sa vie brisée pour s'apitoyer encore dessus. Démoralisé, elle s'est juste mis à marcher. Elle va nulle part de spécial, juste tout droit, elle essaye de savoir quoi faire d'autre et qu'elle direction prendre. Alors, elle erre sans but, elle ne fait même pas attention que le jour point le bout de son nez, la lumière de l'astre solaire que se lève à l'horizon la sortant de rêverie par la vive douleur qu'elle provoque sur ses yeux. Elle finie par se protéger dans une petite ruelle sombre, à l'ombre de deux grands bâtiments. Même si elle préfèrerait une obscurité totale, elle se contente de cet abri de fortune. Elle n'a de toute façon aucun lieu ou se rendre pour l'instant. Elle compte juste attendre en prenant son mal en patience pour se rendre ensuite dans une taverne à une heure où il sera pas si étrange qu'elle s'y rende, en soit au milieu de la matinée.


Elle reste là longtemps alors qu'un autre souci apparait, la faim. Voilà quelques temps que la vampire n'a plus bu pour étancher sa soif. Ce n'est pas que dans une ville les proie manque, entre rat dodue, poulet de basse-cour, chien et chat errant, la nourriture ne manque pas, mais encore faut-il l'attraper, ce qui implique souvent de la voler. Une chose plus compliquée à faire en plein jour, alors que l'astre solaire gêne la visibilité et brûle la peau. La vampire finie par prendre la route vers une auberge avec son ventre qui grogne. Voilà comment une vampire affamée, finit sur le marché de la ville la plus cosmopolite du monde.

Circë marche en se tenant le plus naturellement possible. Ses cheveux roux sortent de sa capuche qui camoufle son visage au violant soleil. Ses yeux verts pommes se pose sur les passants, son ventre grogne encore plus fort qu'auparavant. C'est alors qu'elle finit sur une zone de marché où l'en vend des bêtes domestiques en tout genre. Du poulet à la vache en passant par la chèvre. Circë marche dans la foule qui la bouscule un peu, elle tente de passer le plus rapidement de l'autre côté du marché.

Cependant, un homme finit par la bousculer par la pression de la foule et la vampire finie nez à museau avec une jolie petite biquette au pelage blanc. La femme pose son regard dans les yeux de l'animal avec une étrange envie. La vampire à faim, vraiment faim, c'est idiot de penser pouvoir se nourrir de la chèvre, mais quand on est affamé, vraiment affamé, ce n'est pas une pensée logique qui reste. La vampire regarde la chèvre et caresse doucement son pelage. Le vendeur finie par se rapprocher.

"- Ah, madame est une connaisseuse, un excellent choix que cette biquette. Normalement, elle ferait dans les 150 pièces, mais pour vos beaux yeux, je vais descendre à 120."

Circë a un rictus de sourire, ne montrant pas sa dentition vampirique magnifique.

"- Je regarde juste, j'ai une fille, il faut qu'elle soit docile.

- Je comprends parfaitement madame, vous ne trouverez pas de plus docile qu'elle..."

Le marchant se fait appeler par une autre cliente qui souhaite se renseigner sur un autre animal. La vampire affamée regarde la chèvre. Le vendeur est loin, si elle part en courant, elle pourrait échapper aux gardes et se nourrir. En pleine journée c'est risqué, mais la vampire est tellement affamée. Contre toute raison, Circë attrape la chèvre sous son bras et part en courant dans la foule.

"- Une voleuse, à moi, on m'a volé une chèvre !"

Un homme tente d'attraper Circë qui continue sa fuite vers une rue, sans demander son reste. Elle n'a aucune idée de là où elle fuit, mais elle fuit.

Quand on ne possède plus rien, ni biens matériels, ni souvenirs, on est libre de faire tout ce que l'on veut. Mais parfois vaut-il mieux n'avoir que quelques possibilités que pléthore, Mantharys le réalisa très vite quand la lourde porte du repaire de Balhomat se referma derrière lui. Il s'était alors étiré comme un athlète en passe de pulvériser un record, avait soufflé profondément, posé les mains sur sa taille et arboré un sourire qui tenait autant de l'excitation que de la terreur. Ses yeux grands ouverts sur le monde qui s'étalait devant lui, il avait lâché d'une voix perchée et tremblante :
« Et maintenant qu'est ce que je fous? »

Parfaire le don de Balhomat, certes, mais il fallait bien vivre et tout ce qu'il savait de lui-même était qu'il était un voleur dans son ancienne vie. Pourquoi courber le dos devant la vertu quand on triomphe dans le pêché? Voleur il fut, voleur il serait. C'est donc tout naturellement qu'il se mit en route pour la plus grande ville de ces terres, Stellaraë, où, en tout cas le croyait-il, les bourses seraient aussi nombreuses que dodues.

Il arriva aux portes de la ville après un périple pour le moins rocambolesque, la gorge sèche et sa tunique dont le bleu rayonnant était terni par la poussière et le sable. Enfin la richesse s'offrait à lui, ici il se referait un nom comme ce fut le cas jadis à Kastalinn.
Lui qui n'avait pour souvenirs que les murs étroits de son cachot et les couloirs sinueux de l'antre de son maître, il se trouva émerveillé par l'immensité du désert, ce vide si imposant qu'il vous réduit à l'état de fourmis, l'implacable infinité du rien. Il l'était encore plus devant les murailles de la ville qui accueillait des foules d'individus tous plus différents les uns que les autres. Un rictus insolent lui fendit alors le visage, il sentait le potentiel de cette cité, elle le ferait grandir !

Une fois les portes passées il se rendit à l'endroit idéal pour pratiquer le vol à la tire, le marché. Les badauds s’y agglutinent toujours, les yeux rivés sur les marchandises locales ou exotiques, les oreilles assommées par les discours des marchands et l'esprit focalisé sur le besoin de réaliser de bonnes affaires. Qui surveille leurs pauvres piécettes alors ? Personne. Elles auront bien plus d'attention et seront bien plus choyées dans les mains du voleur.

Comme il s'y attendait les étales attiraient du monde, la foule y était compacte, presque trop. C'était le contexte parfait pour voler, certes, mais pas pour fuir. Enfin, il en faudrait plus pour décourager Mantharys qui retrouva rapidement ses réflexes de canaille, il repéra très vite les sentinelles postées ça et là, plus nombreuses qu'il ne l'avait prévu, observa les flux de la plèbe qui se mouvait comme une nuée de serpents s'entremêlant inlassablement. Soudain, un cri, plus fort encore que les tirades alambiquées des vendeurs d'épices, puis un mouvement imprévu dans cette danse imperturbable que jouait la populace.

Quelqu'un venait de voler un chèvre, une femme à la chevelure de feu, remarquable au possible. Toute la soldatesque casquée ne tarderait pas à la suivre au train, c'était parfait. En attirant tout l'attention elle rendait le champs libre au blond qui n'avait plus qu'à se servir, à commencer par ce gros commerçant moustachu qui venait d'appeler la garde. *Pas de biquette, pas de piécettes !* pensa le voleur en s'empressant d'aller lui dérober le fruit du labeur du jour. Mais au moment où il dissimula la bourse sous les pans de sa tunique son regard croisa celui d'un milicien en poste qu'il n'avait pas vu jusqu'ici. Pris la main dans le sac, il ne put que sourire devant son erreur et s'enfuir à son à son tour en profitant des quelques mètres qui le séparaient de l'homme en armes non sans jouir de la densité de la foule qui freinait plus ce dernier, tout de mailles vêtu, que Mantharys qui savait se servir de sa maigre corpulence et de son agilité naturelle.

Il avait pris les jambes à son cou en direction de la fuyarde. S'il la dépassait et que le soldat qui l'avait grillé la rattrapait avant lui, peut-être se contenterait-il de cette prise et le laisserait-il filer. Un plan couillu étant donné qu'il faisait maintenant la course avec d'autres gardes et qu'il avait parié qu'elle serait moins rapide en raison de son fardeaux sans pour autant être sûr que ça allait bien être le cas. Il fallait ruser.

« Hé ! Attends ! Pas par là, c'est un cul de sac! » lui gueula-t-il.
Mensonge sans scrupules, le garçon ne connaissait pas du tout la ville. Il essayait de la faire hésiter, de lui faire perdre du temps, pour ensuite la dépasser et lui léguer tout le service de sécurité qui viendrait la cueillir comme sur un plateau. Mais pour le moment, elle le distançait encore de quelques enjambées.

Circë part à toute jambe vers l'une des artères qui parcourt la ville. La chèvre qui se retrouve ainsi malmener bêle de mécontentement d'être un paquet dans les bras d'une inconnue. Elle court en bousculant la foule alors que la garde empêtré dans leur armure doit avoir du mal à la suivre. C'est alors qu'un jeune homme se présente à son niveau et lui indique gentiment qu'elle prend la direction d'un cul de sac. Elle le regarde avec un air étonné, une rue large serait un cul-de-sac, ce n'est pas logique, en général c'est plus le lot des rues étroites ou peu fréquentés. Et puis pourquoi il fuit aussi ? Se montrer gentille avec une voleuse n'est absolument pas un comportement normal. Elle comprend vite que son comportement est suspect, alors elle met déplace sa chèvre sur ses épaules.

Elle aurait profité de ce gentil garçon pour lui faire un croche-patte si une créature avec deux grandes cornes, en train d'en monter une autre n'était pas venue le questionner. La vampire n'avait en effet jamais vu de Djöllfulin de sa vie, bien qu'elle se souvienne avoir lut quelques livres à leur sujet. Une espèce très pieuse, selon les récits, mais il a une monture bizarre ... Mais, ce ne serait pas un cadavre ?

Dans qu'elle galère je me suis encore fourré moi, je voulais juste manger à la base

C'est la seule pensée qui apparait dans l'esprit de la vampire, elle n'est pas encore à la vitesse de pointe que pourrait lui permettre ses capacités améliorer de cadavre ambulant comme l'est la monture de leur nouveau compagnon.

"- Désoler d'interrompre cette rencontre les garçons.... mais je crois qu'on a le même soucis de garde... Et vu le conseil que notre ami m'a donné tout à l'heure.... s'il pense que les gardes vont le lâcher alors qu'ils sont au moins une dizaine... et que deux seulement suffirait pour maitriser un de nous trois... je pense qu'on a plus intérêt à s'entraider."

Circë parle de manière saccader pour ne pas briser le rythme de sa respiration lors de sa course et maintenir son endurance. Elle s'est embarquée dans une folie poussée par son instinct. La vampire avait en effet pensé retourner le stratagème du jeune homme contre lui, mais elle doit avouer que toute seule, ses chances de s'en sortir sont faibles. Elle n'est pas non plus certaine que les gardes ne jettent pas un coup d'œil à sa dentition pour découvrir ce qu'elle est réellement, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Surtout avec une foule qui serait particulièrement heureuse de la caillasser.

"- Mêêêêêêêêêêêêêêê"

La biquette bêle de plus belles d'êtres ainsi transporté comme un sac à patate, agitant les pattes pour tenter de s'enfuir, mais tenue fermement par Circë.

Ce qui devait être un petit larcin censé permettre au voleur de remettre un pied à l'étrier était en train de se transformer en spectacle grotesque. La place du marché en était toute secouée et, comme si les choses ne prenaient pas déjà une tournure inquiétante, il fallait qu'un troisième larron fourre son nez dans cette histoire. Il était de la même espèce que son ancien compagnon de cellule mais semblait pour le coup bien plus amical que ce dernier. À voir s'il allait garder sa bonne humeur entre quatre murs si jamais ils se faisaient attrapés. Mantharys lui répondit tout en conservant une certaine méfiance envers lui. Déjà, pourquoi les suivre ? Avait-il commis un crime lui aussi ? Et surtout... pourquoi le faire à dos de cadavre ? *Des fous, c'est une ville de fous.* pensa-t-il en tâchant de rester concentré sur sa course.

« J'ai pris cette femme pour une aubaine mais c'est au final tout le contraire ! J'imagine que notre petit spectacle t'a mis dans les embrouilles aussi pour que tu... galopes à nos côtés ? »

Il ignorait tout du monde, voir un cadavre être animé par on ne sait quel sortilège ne le choquait pas plus que ça, il en avait déjà vu dans le repaire de Balhomat mais il se demandait si cette pratique était bien vue des badauds ? Certains pourraient trouver gênant de se voir couper l'appétit par une telle vision entre deux achats de fruits ou de poissons.
La ravisseuse de chèvre coupa ses pensées, elle ne s'était pas arrêtée et avait dû flairer l'arnaque, Mantharys ne put qu'admettre son mensonge. Il sentait qu'elle lui ressemblait, tenant plus de la roublarde que de la noble maniérée.
« Bon oui d'accord c'est vrai, je connais absolument rien de cette ville, j'ai essayé de te ralentir pour te livrer en pâture à la garde. On dirait bien qu'il va plutôt falloir s'entraider pour le moment. Je refuse d'être pendu pour le vol d'une chèvre! »

Dans ce genre de cas, la soldatesque ne cherche pas vraiment très loin, ils seraient tous les trois considérés comme complices et décideraient comme bon leur semblait de leur châtiment. Mains coupées, corde, travaux dans les mines, cachot... Le voleur venait tout juste de retrouver la liberté et il avait un monde à découvrir, il était hors de question qu'il se retrouve dans une telle situation. Il se refusait pour le moment d'utiliser le don de Balhomat, préférant garder cet atout secret le plus longtemps possible. En ne sachant rien du sorcier ni du moyen d'acquisition de ses pouvoirs, il pouvait être entouré d'ennemis sans le savoir alors, pour le moment, il ne serait qu'un garçon à la tignasse blonde asséchée par le désert et aux habits plus poussiéreux qu'un mausolée.

Le jeune homme avoue que c'était un coup tordu pour ralentir la garde, Circë lui sourit juste. Elle ne peut pas vraiment lui en vouloir, elle aurait probablement tenté un mouvement du même genre dans une autre situation. Le fait de courir comme de voir une rousse avec une chèvre sur les épaules accompagnées d'un beau gosse et d'un démon montant une monture est une scène qui doit être terriblement incongrue que les civils les regardent plus qu'il ne tente de les stopper. Même dans la divine Stellaraë, cela ne doit pas arriver tous les jours. Le démon semble plus réticent et se met à se plaindre. S'il était si bien caché, il aurait pas à courir ainsi, mais la vampire se garde de le lui signaler.

"- Se mettre à se plaindre et rejeter la faute ne va pas changer grand chose, mais comme tu veux."

Circë voit devant elle des gardes foncer dans leur direction pour venir en aide a ce qui gardait la place du marché.

"- Attention devant, d'autres gardes arrivent, vite à droite."

C'est au hasard que la vampire prend cette direction sans savoir là où elle mène, mais continuer tous droit se serait juste foncer sur les gardes. Circë prend une rue plus petite parallèles à la grande rue, ils ont plus de chance de s'échapper par les petites rues que la grande artère de toute façon. Les rues se font plus sinueuses, mais encore une fois, les gens sont trop stupéfaits pour agir devant ce spectacle grotesque, autant pour la garde, que pour les trois fuyards.