Je m’en étais rendu compte déjà dans les couloirs de l’arène, l’humidité et la chaleur insolente que l’on devait supporter dans l’attente de rentrer dans la fournaise de l’arène avait de quoi nous épuiser avant même de commencer le combat. Le ciel était magnifiquement dégagé, pas un nuage ne venait gêner les rayons du soleil sur Baldorheim. La cité de l’Est, dont le temps est plutôt doux et frais, s’était réchauffée à l’approche de la saison estivale et cela se sentait. Loup, quant à lui, avait du mal à supporter cette chaleur et avait zigzagué tout du long du chemin jusqu’à l’arène entre les zones d’ombres pour échapper au regard de braise du soleil. Je ne m’en faisais pas trop pour ce dernier, ayant connu des changements de climat bien plus intense encore, entre la savane et Wystéria …

Et lorsque mon nom fut appelé, la clameur du publique se fit plus intense encore que pour les combats précédant. Je n’avais pas encore mis un pied dans l’arène que je me doutais de la stature de mon adversaire. Ma surprise lorsque je découvris finalement ce dernier qui n’était autre que Azriel, un compagnon de voyage lors de notre séjour sur l’île Wystérienne. Nous avions eu l’occasion de nous battre plusieurs fois ensemble durant notre expédition, je savais par conséquent ce dont il était capable en combat. S’appuyant la plupart du temps sur ses petits amis étranges, la magie de ses cartes m’était tout de même inconnue. Face à face au centre de l’arène, aucune zone d’ombre ne venait perturber la fournaise ou nous nous trouvions. Le buveur de sang n’allait probablement pas pouvoir se battre comme il l’entend sous ce soleil et cette chaleur. Obligé de porter des vêtements recouvrant l’entièreté de sa peau, je n’imaginais pas à quel point il devait avoir chaud là-dessous. Au contraire, dans mon apparat sauvage, je ne portais que des vêtements simples et légers pour couvrir ma taille. Ce genre de climat étant ce que je préférais sous ma forme humaine, j’allais pouvoir m’en donner à cœur joie. Azriel se confia sur l’absence d’hésitation dont il fera preuve durant le combat, laissant nos aventures de côtés le temps de quelques échanges de poings et de cartes, le tout accompagné d’un sourire malicieux. Bien que nous nous étions plutôt bien entendu durant tout le trajet, il y avait toujours eu une certaine rivalité due à nos races respectives. Je le savais aussi bien que lui, c’était une manière de prouver qui était le plus fort entre Vampire et Thérian. L’hostilité qui se dégageait de lui me le confirmait.

Lonann Alhazred – Je ne le pense pas, je serai même ravi que vous vous donniez à fond pour ce combat !

Le combat débuta ainsi, le suceur de sang s’octroyant l’initiative avec une vivacité surprenante parvint à m’envoyer une première salve de cartes qui me frappa de plein fouet. Le recul encaissé me déstabilisa si bien que je ne pus riposter directement, préférant garder de la distance pour le moment avec mon adversaire. L’effet aléatoire de sa magie ne me permettait pas vraiment d’adopter de stratégie particulière. Je n’avais pas le choix, mon combat se baserait sur l’instinct !

Mon adversaire du jour ne me laissait aucun répit. Après une première salve de carte magique, il invoqua presque aussitôt deux autres petits êtres étranges dont le sourire aux pleines dents s’élargissait jusqu’à leur oreille. Tous portaient un masque comme leur valeureux maître aux grandes quenottes. Comme pour son premier lancé de carte, je parvins aisément à l’éviter, ressentant l’agressivité d’Azriel, comme un sixième sens qui me mettait en garde. Le seul problème que je rencontrais était l’agilité de ce dernier, ne me laissant aucune chance de l’approcher. Il se savait en quelque sorte en danger, pour m’avoir vu combattre sur Wystéria. Il devait sans doute adopter cette stratégie pour m’éloigner de lui en mettant entre nous le plus d’allié possible. Dans cette situation, je ne pouvais que prier la nature pour quel me confère la force et l’agilité nécessaire à ma consécration, le frapper de toute la force de la nature !

Jusqu’à maintenant, nous nous contentions d’un combat à semi-distance sur lequel le suceur de sang avait nettement l’avantage. Ses cartes dorées qu’il projetait étaient tout aussi mystérieuse qu’efficace, me tenant habilement à distance de leur lanceur. Les effets de ces dernières variaient selon la méthode qu’il choisissait en début de combat, je l’avais déjà vu à l’œuvre également lors de notre périple. Pour le moment, il me fallait trouver une opportunité, une ouverture par laquelle je pourrai m’approcher. Loup, se battant toujours à mes côtés, parvenait tant bien que mal à limiter le passage de ces créatures qui m’avaient prises pour cible. Depuis notre aventure dans la savane, il n’hésitait plus à se servir de ses griffes et de ses crocs à n’importe quel combat, tant qu’il s’agissait de défendre son frère sans poil. Tout comme moi, il agissait par instinct et c’est ce qui nous avait fait avancer jusqu’ici. Ce n’était pas le moment de se relâcher !

Ne me laissant aucune chance de récupérer ou de me préparer à une quelconque stratégie, le vampire invita de nouvelle créature à rejoindre la partie, dirigeant maintenant une véritable petite colonie. Je n’avais plus aucun répit et je finis par me concentrer sur l’esquive et sur ces petits bonhommes hargneux. Je ne pouvais même oser m’approcher de mon adversaire tant celui-ci usait du nombre pour me terrasser. Je ne faisais pas le poids face à un tel adversaire et mes attaques nous pouvaient lui parvenir. S’en était presque rageant. Pour finir, je me mis à courir afin d’éviter au mieux de me prendre un mauvais coup, mais ce n’était que repousser l’inéluctable. Si c’est assaut n’avait pas raison de moi d’ici la fin du combat, alors ce serait la fatigue qui prendrait le relais, a force de courir partout.

Il est vrai que pour n’importe quel autre combattant mettant l’honneur en avant dans un combat, ce dernier aurait considéré celui-ci comme déloyal au vu du surnombre que proposait mon adversaire. Mais il s’agissait justement là de son art de combattre et chacun est prompte à se battre avec ses propres armes. Dorénavant, je redouterais bien plus la puissance de ses cartes et de ses compagnons de combats. J’allais avoir du mal à me tirer de ce mauvais pas.