On va s'en fourrer jusque là

Tous étaient sur le dos du pauvre Minotaure pour qu'il accepte de laisser traiter ses blessures. Il avait vraiment une mine épouvantable. Ses yeux ne semblaient pouvoir se fixer sur rien. Ses naseaux suintaient du sang. Les adversaires qu'ils avaient rencontrés étaient vraiment d'une trempe sans précédents avec ce que chacun d'entre eux avait déjà vu. Leur peuple avait du être formidable de son vivant. Peut-être certains vivaient-ils encore dans d'autres contrées qui n'étaient pas tombés sous le joug du sorcier qui les avait massacrés et utilisés comme marionnettes.

Après l'insistance d'Urua que Doebroksh n'était plus en mesure de repousser, d'Ehawee qui faisait part de ses inquiétudes et de Nyssa, la fée qui le suivait partout et qui le connaissait mieux que quiconque, il finit par se diriger à pas lourd vers une alcôve dans un coin sombre de la pièce et s'y laissa choir, dans un bruit de fracas qui laissait supposer que l'endroit n'était pas vide.

- Plus vite se sera réglé et plus vite nous repartirons

Une fiasque sortit des nombreux objets que Doe portait à sa ceinture et il en but une gorgée généreuse avant de la passer à Diagoras. Ces deux-là semblaient bien s'entendre, probablement grâce à leurs caractères assez semblables. Le Mouss'Queterre accepta volontiers et prit une gorgée, certes moins importantes que celle du Minotaure mais impressionnante pour sa taille.

- Ah faut quand même admettre, c'est plutôt une boisson d'homme !

Le petit guerrier rendit la bouteille à son propriétaire et se cala à côté de lui, apparemment incapable de rester sur ses pattes flageolantes. Un sourire furtif étira les lèvres du Löwen mais il se garda bien de le montrer. À la place, il s'approcha de son ami et posa ses énormes pattes à quelques centimètres de son crâne cornu. Il se concentra et chercha les failles dans l'ossature et les dommages les plus importants. Fort heureusement, rien de permanent ne semblait avoir été endommagé et l'état de Doebroksh semblait plus du au choc qu'à des séquelles particulières. Malgré sa capacité, Urua ne pouvait opérer de miracles. Il lui avait rendu quelque force pour pouvoir refaire le chemin et survivre à une rencontre déplaisante mais il ne fallait pas qu'il présume trop de ses forces ni qu'il se donne trop.

- Je ne suis plus en état de traquer et affronter ce "Boziko". Ramenons nos... trouvailles... au village. C'est peu, mais peut-être sauront-ils de quoi il s'agit. Inutile... de tomber au milieu de nulle part. Contre d'autres pantins à peau bleue.

Urua acquiesça d'un signe de tête et le laissa à ses réflexions tout en rassemblant tout ce qu'ils pouvaient emporter dans les sacs. Rien de trop lourd mais quand même quelques objets et parchemins qu'ils déchiffreraient plus tard et partageraient avec le peuple de Kothemba. Ils devaient être aussi curieux que les aventuriers à propos de l'ancienne civilisation qu'ils ne pouvaient approcher. Une fois tout empaqueté, le Löwen retourna vers ses compagnons, saisit Diagoras et le cala sur son épaule le temps qu'il se remette et tendit une main à Doe pour le relever.

- Ne t'inquiète pas, nous aurons d'autres occasions de lui rendre la monnaie de sa pièce. Je t'accompagnerai si tu le désires. Nous ne le laisserons pas impuni.

Le chemin serait long mais ils ne risquaient certainement plus de rencontrer d'adversaires s'ils ne fourraient pas leur nez, truffe et naseaux là où ils n'étaient pas censés se trouver. Et s'ils en trouvaient de nouveaux sur leur chemin, ils leur montreraient que même diminués, ils n'étaient pas à prendre à la légère.

HRP:

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