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Le sentier ne portait pas de nom précis. Ou en tout cas, pas de connus des voyageurs l'arpentant. Plusieurs fois par mois pour certains. Serpentant à travers les collines, le chemin reliait les étendues arides au Sud à la toundra humide au Nord. Plus en avant, les caravanes avaient finit par définir une intersection, la route reliant Kastalinn à Baldorheim en passant par BradBürgh étant bien plus empruntée. Une voie de plus en plus empruntée.

Un commerçant naïf aurait immédiatement comprit qu'en utilisant cette seconde voie, les marchandises transitaient du Nord à l'Est sans passer par la capitale et ses célèbres artères commerciales. Cela diminuait le trajet et permettait de gagner de précieux jours sur le délais de livraisons. Et il aurait eut raison, avant de réaliser qu'il longeait alors la Perracie sur des kilomètres. La menace des Perracks en aurait vite fait déchanter plus d'un, l'appât du gain lugubrement refroidit. Un commerçant avisé aurait remarqué les nombreux fortins bordant le domaine maudit. Des camps fortifiés où les soldats et mercenaires de tout horizons étaient près à dépenser bien plus qu'ils n'auraient dû pour des vêtements propres ou de la nourriture saine.

C'est à la tête de sa propre caravane qu'un nordien avisé effectuait très régulièrement le trajet entre son village natal et ces camps. Il avait rapidement réalisé le potentiel d'échanger des armes et biens simples avec ces guerriers. Des biens facilement produits par son clan. Ou achetés à des prix dérisoire dans les échoppes des villages ponctuant le trajet. Par conséquent, il n'allait pas jusqu'à BradBürgh. Il se contentait de suivre le sentier balisé de cairns suffisamment élevés pour être visible lorsque le paysage se couvrait de neige. Il contournait les bois d'Aran par le Nord, traversait un torrent large mais peu profond pouvant être traversé à pied, passait à distance raisonnable de terres revendiquées par des hybrides, basculait sur la route de BradBürgh, s'engageait dans les collines naissantes en approchant de Kannan, puis enfin, la Perracie. Son petit commerce était tellement rentable qu'il avait même acheté un second charriot pour transporter davantage de biens avec son neveu. Et pour couronner le tout, un "chevalier des airs" l'accompagnait désormais. Recruté parmi les guerriers fatigués de combattre des gobelins déjà mort, le thérian éternellement recouvert de fourrure n'avait pas hésité à jouer les gardes du corps pour tromper la monotonie. Et permettre à son griffon de voler au-dessus d'autres paysages qu'une forêt macabre s'étendant à perte de vue.

Ce même griffon qui poussa un piaillement de détresse en abandonnant son maître, terrorisé. Il n'eut toutefois pas le temps de prendre suffisamment de hauteur. La bête monstrueuse détendit ses anneaux et se dressa à une vitesse effarante, gueule grande ouverte. Elle interrompit le cri aigu de l'animal dans un claquement de mâchoire prodigieux et un panache de plumes écarlates. Horrifié, le neveu du commerçant et le mercenaire blessé contemplèrent la guivre titanesque s'ébrouer. Après avoir gobé le premier cheval, fait fuir le second et tué leur propriétaire - écrasé sous son convoi renversé - elle venait d'engloutir un griffon adulte d'une seule bouchée. L'un des prédateurs les plus redoutés de la région réduit à l'état de simple amuse gueule. Nullement rassasiée, la grande guivre se tourna vers les deux survivants, sa gueule paraissant n'être faite que de crocs leur promettant une mort rapide.

Abasourdis, Doebroksh se fit violence pour s'extraire à sa torpeur. A peine parvenus aux sommet d'une colline, lui et les deux autres chasseurs providentiels étaient arrivés juste à temps pour contempler le destin funeste de la monture ailée.

Déjà éreinté d'avoir courut jusqu'à Kastalinn, il avait dû se faire violence et mettre à l'épreuve l'endurance tant vantée des minotaures. Pourtant, volontairement, il avait ralentit le pas sur la fin, désireux de ne pas affronter la bête en étant à bout de forces. Qu'ils meurent bêtement n'aurait sauvé personne. Mais une fois arrivé au bosquet où il avait découvert le monstre, celui-ci avait été déserté. La guivre avait déjà bougé, forant le sol en direction de l'Est. Jusqu'à la route de BradBürgh. Suivre ses "traces" n'avait pas été bien compliqué.

Intérieurement, il maudit sa faiblesse de n'avoir pas été plus rapide. Ne serait-ce que d'une dizaine de minutes et ses voyageurs auraient put éviter le pire. Néanmoins, l'heure n'était pas aux remords. Pas encore. Deux malheureux étaient à terre. La bête était là. Lui aussi. Ainsi que le satyre à l'arc et cet humain désireux d'affronter un grand adversaire. L'heure était venue de vérifier si le premier savait effectivement se battre et si l'arrogance du second était justifiée.

Commençant à grogner en tirant une flèche de son carquois, longue de plus d'un mètre et aussi large qu'un harpon, Doebroksh fit quelques pas lent en avant. Il ignora la vague glacée qui fut portée jusqu'à sa fourrure par la brise : il devinait que Nyssa préparait ces étranges projectiles de glace dont elle avait le secret. L'heure de vérité était arrivée.

Ils avaient une guivre géante à tuer.

Du sang... même les plaines nordiques ne pouvaient atténuer l'odeur qui se répandait jusqu'à Naeth, il pouvait le ressentir et même le voir, de là où il était positionné le spectacle était assez macabre, ainsi était-ce la bête à abattre, grande, imposante, avec une bouche proéminente capable d'avaler tout ce qui passe à sa portée. Faire fleurir les fleurs de la peine sur cette proie gigantesque serait un vrai défi pour le nouveau chasseur.

Frénétique, le vampire n'avait qu'une hâte, affronter cette monstruosité, qui ravageait les plaines en creusant des sillons sous la surface de la terre. Dans ces conditions, pas facile de la chopper, mais en revanche la perdre de vue semblait difficile, au combien son sillage laissait des traces évidentes. Et puis... et puis il avait le sang, le sang dans sa bouche, Naeth ne s'intéresse pas à la mort, les malheureux et leurs montures sont invisibles aux yeux du corrompu, les fleurs de Naeth ne poussent que sur la vie, elles se gorgent sur le nectar encore chaud, et se répandent en suivant les veines et les artères. Mais le sang dans l'antre infinie de la guivre appelait le chasseur, oui c'était une invitation macabre. Que la chasse éternelle commence.

Le climat était froid et sec, et le corps à demi-nu de Naeth ne semblait aucunement souffrir de la température ambiante, les nuages nordiens couvraient le soleil, une bonne chose.
Avançant en suivant leur leader, Naeth aperçu des aurochs au loin, fuyant vers l'Est, l'un d'eux était à terre et son nectar gisait au sol, se répandant délicatement sur la neige, en la faisant fondre.
En visualisant leur aspect, Naeth s’arrêta un moment et fit la comparaison avec le taureau qui les guidaient. Mmh, il n'y a pas à dire, ce taureau là était plus beau que les autres.

Arrivé à une motte de terre, prémice des sillons de la Grande Guivre, Naeth perçu une aura rouge, il n'y avait donc plus qu'à la suivre. "La bête est partie dans cette direction, on devrait se dépêcher, elle est en train de nous devancer"

S'il y a bien une chose pour laquelle Naeth est doué, c'est de suivre une piste, mais à ce rythme la bête aura toujours une longueur d'avance sur le groupe, une stratégie devrait peut-être être envisager pour permettre au groupe de l’assaillir en combat d'équipe.

La stratégie de Naeth était simple, c'était une arme biologique, il terrassera le vivant de la seule façon
qu'il sait le faire.....

Par la contamination!

Cyprès était proche de la Nature, il n'aimait pas blesser inutilement des animaux, ou même des végétaux. Mais le carnage provoqué par la guivre ne lui laissa pas de doute sur le fait qu'il faille éliminer l'animal, pour le bien de tous. Elle était immense, bien plus grande qu'aucune de son genre. Magnésie seule savait combien de personnes allaient devoir mourir avant que la bête ne soit rassasiée.

Le spectacle d'un convoi de marchand, réduit à une vague tâche rougeâtre sur la plaine, laissait le satyre tremblant. Il n'était pas habitué à un tel déchaînement de violence, aussi "naturel" soit-il. La guivre avait gobé un griffon - un griffon bon sang ! - comme lui avalait des grains de raisin. L'espace d'un instant, il fut saisi par le doute : ils n'étaient que trois. Et face à l'arc monumental de Doebroksh, adapté à la taille du minotaure, l'arme de Cyprès ressemblait à un jouet pour enfant. Mais il avait promis de l'aider, et il ne comptait pas revenir sur sa promesse.

Naeth, le palichon étrange, leur indiqua une direction. Il n'était pas armé, aussi le satyre supposait qu'il était une espèce de mage. Est-ce qu'il pouvait repérer la bête grâce à sa magie ? Ca ne pouvait que les aider, même si, vu la taille de l'animal, elle n'était pas trop difficile à pister.

La peur au ventre, incapable de détendre l'atmosphère comme il en avait l'habitude, il se contenta de suivre ses deux compagnons de fortune.

Les joueurs commencent le combat

N'oubliez pas de préciser la cible de votre attaque.

Vitesse cumulée des aventuriers : 2661

Cyprès : 1350
Vitesse : 1251
Dégâts : 1029



Naeth : 2429
Vitesse : 262
Dégâts : 30%


Doebroksh : 2381
Vitesse : 1148
Dégâts : 1564






Vitesse : 500

Grande Guivre : 3000
Vitesse : 500
Dégâts : 500

• Enfouissement Tous les trois tours, la Grande Guivre se replie dans le sol. Elle inflige une touche de 100 dégâts à tous les joueurs et évite leurs attaques. Au tour suivant, elle émerge et inflige une touche plus importante à chaque joueur suivant leur résultat de dés :
  

  Spoiler:



• Faim insatiable Tous les familiers et toutes les montures des joueurs sont en danger face à l’appétit de la Grande Guivre. Les bonus apportés par ces compagnons sont tous annulés sauf si appartenant à la liste exclue (Familiers mécaniques, compagnons, dragons, phénix.).
  De plus, si le joueur emmagasine un total de 3 EC durant tout le combat, la Grande Guivre l’attaque et dévore sa monture ou son familier au lieu de lui administrer des dégâts. Il n’y a aucun moyen de retrouver ce compagnon perdu. [Imblocable]


• Butin :x1 Dent de Guivre

petite ambiance:

Plus de course contre le temps, de faiblesse, de doute ou d'hésitation à avoir.

La bête était là. Des voyageurs pris en embuscade seraient dévorés s'il n'intervenait pas. Il avait une guivre géante à tuer.

Mais surtout, il n'était plus seul. Encadré de ces deux inconnus lui ayant tendu la main alors qu'il était dos au mur et qu'aucun frère d'arme n'avait répondu à son appel, le minotaure était remonté comme jamais. Les vies de ces malheureux dépendaient d'eux. Celles des prochains voyageurs à emprunter cette route et des villages des plaines également. Ainsi que des autres minotaures de ses terres natales toutes proches.

Poussant un beuglement de rage et son champ de vision s'étrécissant, il décocha son énorme trait avant de s'élancer en avant. Il encochait un second harpon alors que le premier n'avait pas encore atteint sa cible.

Après qu'il ai décoché une demi-dizaine de flèches en courant de côté, la bête en bas de la pente se tourna enfin vers eux, offrant un répit aux survivants. Ils étaient parvenus à attirer son attention. Parfait, songea-t-il en tirant une flèche de plus du carquois. C'est à peine s'il remarqua les cônes glacés jetés par la fée ou quoi que se soit de ses compagnons.

Ils n'avaient pas vraiment convenu de quelque stratégie que se soit, si ce n'est terrasser cette horreur. Ni profités du trajet pour s'interroger sur leurs facultés et expériences respectives. Pour être honnête, le minotaure ne s'était pas posé trop de questions à leur sujet. Ils étaient bien moins bâtis que lui, mais la majorité des résidents de Duralas l'étaient également et nombreux étaient ceux plus dangereux que le rôdeur. Si ces deux-là étaient venus, c'est qu'ils étaient confiant en leurs capacités à combattre et survivre. Et si ce n'était pas le cas, s'ils n'étaient venus que pour l'argent promit, ils feraient office de leurres le temps qu'il arrose la bête.

Toutefois, dans l'instant, ce n'étaient pas ces sombres réflexions qui emplissaient l'esprit du chasseur ayant parcouru une distance considérable en deux jours. Les lisières de son champ de vision étaient écarlate. Mais il s'efforçait d'en faire abstraction, tirant trait après trait, arrachant des morceaux de chair au monstre penché sur le haut de la colline en direction de Naeth, Cyprès et Nyssa. Imaginer ses terres ravagées lui inspirait une colère sourde. Néanmoins, il ne devait pas céder à la rage. Pas encore.

Il avait écoulé la moitié de ses projectiles en un temps très court, pourtant la guivre immense ne se tournait toujours pas vers lui, poussant vers les autres. Il marqua un temps d'arrêt, fulminant d'être ignoré. Puis avisa les deux survivants de l'attaque, pétrifiés de peur, qui restaient immobiles à contempler la créature se détourner d'eux. Remisant son arc, il accourut et dans la précipitation manqua aller charger le charriot renversé de côté, ne remarquant qu'au dernier instant que le plus jeune était à terre devant celui-ci. Pas coincé en dessous. Le minotaure dérapa sur ses sabots pour couper son élan, poussa un juron, puis le releva d'une main. Ainsi que le mercenaire qui poussa un cri une fois suspendu en l'air : l'une de ses chevilles formait un angle douteux. Il ne pourrait pas marcher seul.

- Aide le ! Beugla le minotaure. Foutez le camp de là ! Avant que…

Il s'interrompit, brusquement plongé dans l'ombre comme toutes couleurs désertaient les visages des humains. Le ver immense était dressé derrière lui, la gueule béante.

Doebroksh poussa un autre juron en jetant les malheureux d'un côté et en s'élançant de l'autre, remontant la pente en agitant les bras. Son instinct lui hurlait de prendre ses sabots à son cou et de fuir plutôt que chercher à attirer son attention loin des rescapés. Quand la guivre bougea, il plongea en avant.

La secousse le jeta dans les airs en projetant de la terre partout comme la bête mordait le sol derrière lui, le repoussant et maculant sa fourrure d'ichor visqueux.

Là, il perdit le peu de notion qu'il avait encore, d'où il se trouvait et de ce qu'il se passait.

Les plaines entières deviennent écarlate. La douleur et la fatigue s'évanouirent. Il ne restait que le monstre, tout proche. Et la hache qu'il brandit en se relevant.

Le membre 'Doebroksh' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Hybride' :

Doebroksh n'avait pas menti, la créature était gigantesque, bien au-delà de tout ce que Cyprès avait pu lire ou rencontrer. Comment une engeance d'une telle taille avait pu vivre et se déplacer pendant probablement des années sans que personne ne la remarque ? C'était un véritable mystère, mais il devrait attendre pour le résoudre.

Le Minotaure s'était jeté dans la bataille de toutes ses forces, sous le regard interloqué du satyre. Foncer comme ça dans la mêlée, directement, ce n'était pas vraiment son genre. Il était plus... disons plus en retrait. Mais ça lui allait bien. Cyprès tirait des flèches avec une précision et une régularité toute militaire, sans toutefois un succès retentissant. Les projectiles se plantaient bien dans la chair de la guivre, mais elle semblait s'en préoccuper comme de la montagne qui s'inquiètent des grimpeurs.

La créature, attirée par Doebroksh, avait plongé sur une petite colline proche avant de la raser totalement par sa force et son poids. Cyprès, qui se trouvait sur une colline de forme similaire, déglutit péniblement. Même si le Minotaure et le convoi de marchand qui avait été attaqué faisaient de bonnes diversion, peut-être ferait-il mieux de se trouver un endroit un peu moins dégagé ? Cyprès regarda autour de lui : des plaines à perte de vue. Tant pis pour la couverture.

Doe et les marchands avaient échappé à l'assaut, mais pour combien de temps encore ? Et qu'est-ce qui les assuraient que la guivre n'allait pas creuser un trou dans le sol pour s'enfuir ? Il fallait en finir, et vite. Soudain, la guivre se dressa face au Minotaure, qui ne la lâchait pas du regard, la hache prête. C'était le moment. Le temps sembla comme se figer, et Cyprès saisit une flèche, banda son arc. De là où il était, il avait une vue directe sur la gueule de l'animal, et mieux encore, par un endroit non protégé par des écailles épaisses : son oeil. Le satyre se concentra, et relâcha la pression de ses doigts sur la corde. Le projectile fila dans l'air, et vint s'enfoncer dans l'iris de la guivre, dans une giclée de sang poisseux accompagné d'un hurlement qui déchira l'air.

Le membre 'Doppel' a effectué l'action suivante : Actions

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'Djöll. - Urgaal'Mar' :

Le membre 'Le Juge' a effectué l'action suivante : Actions

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#1 'Ouverture des sacs' :


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#2 'Ouverture des sacs' :

Il planta l'acier de sa hache dans la chair spongieuse vu ver, fracassant les épaisses écailles. Puis sa griffe, plongeant les pointes acérées jusqu'à la garde et continuant à appuyer son coup, son poing s’enfonçant à son tour. Et il frappa. Encore et encore.

Écartant une plaque de chitine du revers de son tomahawk, il poussa un beuglement enragé comme de l'ichor lui giclait sur le museau et tout le torse. Puis, totalement aveuglé, il enfonça à nouveau ses griffes aussi profond en avant qu'il put. Malgré ses naseaux complètement maculés d'ichor, il perçut le parfum nauséabond d'entrailles éventrées. Pourtant, cela ne le dissuada nullement de poursuivre sa tâche macabre, guidé par une rage sourde.


En retrait, alors que la bête s'était effondré suite au trait précis du satyre, les voyageurs providentiellement sauvés, c'étaient regroupé près de leurs bienfaiteurs. Sous le choc, ils s'étaient laissés tombés près de Cyprès, Naeth et Nyssa, blafards et tremblants, le plus jeune à la cheville blessée supporté par son ainé. Le monstre énorme gisait au pied de la pente. Nul ichor de s'échappait de sa gueule entrouverte, bien que le charriot des rescapés ait été fracassé par sa chute.

- C'est... vous... vous l'avez tué, bégaya l'un des miraculés n'osant y croire. D'un coup d'un seul ! Comment ?! Comment avez vous...

Tout aussi abasourdie, la fée voletait près d'eux, dévisageant l'hybride de la tête aux sabots. Il était bien plus petit et frêle que Doebroksh. Pourtant, c'était bien sa flèche à lui - si petite ! - qui avait fait la différence. Ce satyre n'était pas à prendre à la légère !

- Il a un grain celui-là, commenta le vampire d'un ton mi-amusé mi-dédaigneux.

Au pied de la pente, Doebroksh avait pratiquement disparu de leur vue sous des monceaux de chair. Lorsque Cyprès porta le coup-fatal, le minotaure avait manqué être écrasé sous la masse considérable. Néanmoins, l'avait-il remarqué ? Avait-il seulement réalisé que le monstre avait été terrassé ? Hurlant et projetant des morceaux de pulpe derrière lui, rien n'était moins sûr.

- Doe... murmura la fée comme son expression se faisait plus inquiète.

Laissant Cyprès et Naeth avec les deux survivants, elle vola jusqu'à la dépouille, plongeant rapidement dans l'ombre de la carcasse encore agitée de spasmes de la dépouille. Dans une plaie creusée à l'acier de plus de deux mètres de haut dans le flanc du ver, l'hybride continuait à se creuser un passage à travers les entrailles de la créature.

- Doe, l'appela-t-elle une première fois, mais il ne l'entendait pas, continuant à hurler en jouant de ses armes. DOE !

Aussitôt, il fit volte-face, ses sabots glissant sur l'humeur visqueuse, sans savoir s'il s'agissait de la terre ou de l'intérieur de la cuirasse du monstre. Sa tunique, ses pièces approximatives d'armure et sa belle fourrure blanche et noire étaient désormais de la même couleur brun-noir du sang de la guivre. Des morceaux de muscle pendaient à ses cornes et, au vu de la quantité de matière gluante sur sa face, il n'y voyait absolument plus rien. Haletant, Doebroksh se frotta le front du dos du poignet, ne faisant qu'étaler encore la matière nauséabonde plus qu'autre chose. Il huma l'air, mais de toute évidence, il ne pouvait plus flairer quoi que se soit de sain pour le moment. Ne restait que ses oreilles dressées.

- Doe, répéta-t-elle à nouveau en s'approchant prudemment. C'est fini.
- Fi... fini ? articula-t-il difficilement avant de recracher quelque chose que Nyssa préféra ignorer.
- Oui, insista-t-elle. Le monstre est mort. Nous avons réussi.
- Mort, paraphrasa-t-il en inclinant la tête de côté. Mort... les voyageurs... ma tribu...
- Ils ne sont plus menacés, rassura-t-elle l'hybride en venant poser ses petites mains sur son museau, au-dessus de son anneau nasal. C'est fini.
- Fini...

Lentement, le minotaure expira. Il laissa choir ses armes dégoulinantes. Ses épaules s'affaissèrent. Ignorant la matière dégoutante, Nyssa lui frotta affectueusement le cuir du museau, devinant ce qu'il venait de traverser.

- C'est fini.

Il s'efforçait de cligner des paupières, mais il n'y voyait pas mieux pour autant. Aussi, sa poussée d’adrénaline retombant comme sa fureur écarlate se dissipait, l'épuisement dû son aller-retour à Kastalinn, la peur d'échouer et l'affrontement en lui-même le rattrapèrent. Laissant échapper un sifflement de fatigue, il se laissa tomber à genoux.

- C'est fini, insista la fée avec réconfort, sans rompre leur contact physique.

Anxieuse, elle jeta toutefois un regard par-dessus son épaule. La carrure massive de l'hybride était agitée de légers spasmes. Bien qu'il le fasse en silence, elle ne souhaitait pas vraiment que d'autres qu'elle ne le voit pleurer de soulagement.

La bête s'était lourdement effondré sous le trait de Cyprès, ce qui avait conduit le satyre a faire une rapide mais néanmoins guillerette danse de la joie. Il descendit de son piédestal afin de rejoindre le groupe de marchands, soulagés après avoir vu passer la mort d'aussi près.

- C'est... vous... vous l'avez tué, bégaya l'un d'eux. D'un coup d'un seul ! Comment ?! Comment avez vous...

- Mais non voyons, ce n'est rien, répondit le satyre en rougissant. Mais je n'ai pas fait ça tout seul vous savez ! Il y a aussi mon ami qui... d'ailleurs où est-il ? Hé, Doe !

Cyprès lui fit un grand signe de la main, mais le Minotaure ne sembla pas l'entendre. C'est quand il le vit s'acharner avec une rage infinie sur le cadavre de la guivre qu'il comprit que quelque chose n'allait pas. Subitement le satyre était beaucoup moins à la fête.

- Il a un grain celui-là, commenta l'un des marchands, un vampire, ce qui lui valu un regard mauvais du satyre.

- Ne soyez pas ingrat, il vous a aussi sauvé la vie. C'est juste que..., dit-il en essayant de trouver une justification cohérente. Lui-même peinait à comprendre son comportement. C'est juste qu'il a eu une très mauvaise journée.

Le groupe était quelque peu éloigné de la créature, et pourtant, même eux pouvaient entendre le sinistre bruit des lames du minotaure qui s'enfonçaient dans la chair encore palpitante.

- Doe... s'inquiéta Nissa, avant de voler à sa rencontre.

- Vous ne la suivez pas ?

Petit rire gêné du satyre : Alors, euh, je passe mon tour sur ce coup là. Et puis il faut bien que quelqu'un veille sur vous en attendant. Mais d'ailleurs, où est Naeth ?

En effet, depuis la fin de la bataille, nulle trace de leur compagnon étrange ? Un instant, Cyprès se demanda s'il n'avait pas fini sous le cadavre de l'animal géant.

- Bon, euh... c'est pas tout ça, mais nous, faut qu'on y aille hein... Vous... Vous voulez venir ?

- Non c'est gentil, mais je préfère attendre que... qu'il se calme. Je vous dirais bien d'être prudents sur le chemin, mais je pense qu'on peut faire difficilement plus dangereux que ça, ahah !

Le groupe de marchand, soutenant leur camarade blessé, partirent donc en direction de Kastalinn, avec ce qui leur restait de marchandises. Cyprès se retrouva donc seul, alors que la nuit commençait à tomber. Le satyre essaya de rejoindre Doe et Nyssa, mais l'odeur de mort qui s'échappait de la carcasse lui tira un tel haut-le-coeur qu'il détala aussi vite que ses sabots le lui permettaient à un endroit où l'odeur était supportable. Il récupéra des débris de bois dans ce qui restait du chariot des marchands, et entrepris d'allumer un feu. Il ne savait pas si Doe se remettrait rapidement, et dans quel état il ressortirait de là, alors autant se mettre à l'aise. Il s'allongea dans l'herbe, et attendit.

Spoiler:

Combien de temps s'était-il écoulé depuis que la bête avait rendu son dernier souffle ? Combien depuis qu'il avait découvert cette créature et entreprit sa folle cavale pour trouver du soutiens ? Combien de temps depuis la dernière fois qu'il s'était reposé ? Combien de temps depuis que l'astre solaire était passé sous l'horizon ?

S'extrayant enfin de l'immense dépouille et dérangeant les premiers charognards, corbeaux et renards, le minotaure cligna des paupières, surprit de découvrir l'obscurité. Ainsi que le feu de camp sommaire dressé par le satyre l'ayant accompagné dans cette chasse singulière. A pas lents, il se dirigea vers lui.

Sa fourrure dégoulinait d'humeurs poisseuses. Il empestait. Il était épuisé. Mais il était vivant. Et le Nord en sécurité. Les terres de sa tribu étaient en sécurité. Avec satisfaction, il se laissa tomber près de l'autre hybride. Derrière lui volait la fée nordique, elle aussi maculée de sang sombre, à peine visible dans la pénombre grandissante. Ironiquement, elle affichait un grand sourire, contrastant avec leur apparence à tout les deux.

- Le vampire et les voyageurs, interrogea calmement le milicien. Ils sont partis ?

Il s'agissait plus d'une constatation que d'une question en vérité. Après tout, Naeth ne se trouvait nulle pars.

Retroussant ses babines en un sourire apaisé, Doebroksh contempla l'immense carcasse en travers de la route, au pied de la pente d'herbe sauvage. Les prochains convois devraient effectuer un détour pour contourner cette bestiole. Un bien maigre prix à payer pour voyager en sécurité à vrai dire.

Après avoir cédé à sa fureur, le minotaure était retombé. Sa nature calme et patiente avait reprit le dessus. Et, comme il regardait le cadavre, un puzzle s'assembla lentement dans son esprit.

- Ce n'est pas moi qui ai porté le coup de grâce, déclara-t-il à Cyprès comme une évidence, bien que couvert d'ichor. C'est toi ?

Avec un rictus amusé, mais également emprunt de respect pour le satyre, il ajouta en s'épongeant le mufle :

- Il faut croire qu'en effet, tu sais te battre !

Tirant une outre miraculeusement épargnée par son traitement, accrochée à sa hanche, il s'enfila quelques rasades d'eau tiède pour se désaltérer. Puis, comme Nyssa lui tirait les poils du coude avec un sourire malicieux, il leva le contenant au-dessus d'elle, lui offrant une douche improvisée.

- Je suis ton débiteur il semblerait, Cyprès. J'étais sincère au Logis. Que souhaites-tu ? De l'or ?

Il ne savait même plus combien il avait promit sous le coup de l'émotion à vrai dire. Il lui faudrait également retrouver la trace de Naeth pour lui offrir sa propre récompense, bien qu'il ignore le rôle qu'il avait tenu dans la bataille. Au moins les avait-il accompagné et prodigué du courage.

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