Ingvar se réveille enfin, la tête lourde, douloureuse, embrumée. Depuis combien de temps est-il inconscient ? Il ouvre difficilement les yeux, et ne sait pas où il se trouve. Couché à même le sol, ce qui ne le dérange pas, il se situe dans un bâtiment à peine assez grand pour le contenir, en pierre, en bois, et en terre. Une sorte de mélange aléatoire, mais qui tient. Il s'est passé quoi, exactement ? Il repère à ses côtés Rok, son ami élémentaire, indemne. C'est comme s'il n'est visible que par le géant, tellement personne n'y fait attention, et pourtant, il est bel et bien là, mais c'est tant mieux, d'un côté.
Il tente de se redresser, mais se tien aussitôt sa tête dans ses mains, tant ça cogne fort à l'intérieur, lui faisant tournoyer le monde autour de lui. Il reste comme ça un certain moment, calmement, le temps que ça se passe, et qu'il retrouve un peu plus ses moyens. C'est ainsi que ses souvenirs commencent à ressurgir. Ces maudits gnomes... Ils sont des nuisibles des plaines, et ils se permettent de faire ça ! Il n'a pas réussi à les toucher une seule fois. Pire, en commençant à s'énerver, et en se mettant à attaquer frénétiquement, il a senti une pierre rouler sous son pied, lui faisant perdre l'équilibre. Quelque chose de dur a alors réceptionné son arrière crâne, puis plus rien. Il n'a aucune blessure, même pas un bleu, mais ça n'a pas empêché le choc de l'assommer aussitôt, déjà étourdi par les attaques des petites créatures.
Il donne un coup dans le mur de colère, qui ne bronche pas d'un pouce. Comment ce genre de structure peut-elle résister comme ça ? Est-ce encore la magie de ses sorciers ? Quoi qu'il en soit, il est visiblement enfermé, attendant il ne sait quoi. Que va-t-il dire à sa Jarl ? Comment expliquer cette défaite honteuse ? Il n'a même pas été digne de ses adversaires. Il se rappelle aussi qu'il n'a pas été seul. Il y a eut ce stryge noir, Ségo, mais il n'est pas là. Est-il dans une autre construction ? Le grand dadais l'espère, car s'il a fui, il va chuter d'un cran dans son estime... Quoi qu'il en soit, ce n'est pas son problème actuel. En vrai, il est démuni, et reste ainsi, son esprit réfléchissant aussi vite qu'il le peut.
Comment va-t-il sortir de là ? Si les Miliciens ont vent de cela, il est sûr qu'ils vont venir à sa rescousse dans la seconde, mais si ce n'est pas le cas ? Il ne peut pas rester comme ça, sans agir ! Peut-être qu'à force de frapper le mur, il va finir par céder ? Et s'il fait appel à sa magie ? Il tente, en vain. En même temps, il ne la maîtrise pas encore, et sa prison le paralyse à ce niveau. Refusant de céder, il se met à enchaîner les coups, les uns après les autres, sans ralentir, aussi fort qu'il le peut, sans vraiment ne serait-ce qu'égratigner la surface... Soudainement, il peut entendre du mouvement à l'extérieur. Des cris, des bruits de métal, une panique. Sont-ce ses frères d'armes ? Redoublant d'ardeur à cette pensée, il met les bouchées doubles pour briser cette paroi, comme il va mettre les bouchées doubles dans le futur, pour rattraper cette gaffe digne du géant qu'il est.