Les sabots de l'équidé martelaient lourdement le sol dans le peu d'espace dont ils disposaient. Tournant lentement sur place, dans l'attente que la herse se lève pour laisser pleinement cours à sa fureur, Veronia semblait pourtant parfaitement sereine. Elle n'appréciait guère toutefois d'attendre l'arrivée du moment fatidique. Cet instant où les armes se confronteraient pour ne laisser qu'un seul vainqueur. D'aucuns diraient que l'arène regroupaient des individus cupides ou en quête de gloire, mais c'était totalement faux de croire cela pour la centauresse. Cette fosse n'était ni plus ni moins qu'une occasion de parfaire ses compétences martiales. D'apprendre des autres races. Leurs attitudes et leurs tactiques guerrières. Bien qu'aujourd'hui, vu la notoriété désolante de son adversaire, elle n'apprendrait que peu de choses voire même rien.

La foule commença à s'exciter sévèrement dans les gradins tandis que la herse se leva, accompagnée d'un son de cor déclarant ouvertes les hostilités. La centauresse ne broncha point, restant immobile dans l'ombre de ce qui lui servait de cage. Elle attendait que son adversaire fasse ses premiers pas dans l'arène ; chose qui ne tarda pas. On vit alors dans la fosse une petite chose, toute énervée et probablement décérébrée, se diriger avec l'ambition d'une calamité historique ; terrasser le monde. M'enfin ici on s'approchait davantage d'activités minières plutôt que d'un art guerrier...

Allons nous occuper de ce rongeur...

Veronia avait marmonné quelques mots comme pour se motiver à s'occuper d'une si petite menace. Et il n'avait fallu que quelques secondes avant que ses paroles ne soient suivi d'un projectile. Sa lance avait fusée si vite que le rat n'avait pas compris comment il avait fini à près d'un mètre au dessus du sol, contre un des murs de l'arène, cloué par l'épaule. La douleur ne sembla pas le déranger, il était plutôt en train de se creuser les méninges sur la manière qu'il userait pour se sortir de ce perchoir. Et il écarquilla d'autant plus les yeux, se secouant rageusement, en voyant la centauresse qui chargeait vers lui, épée et bouclier à la main...

La mort était proche pour le skarnien. Et il le savait. S'agitant dans tous les sens, impuissant face à la masse équine qui se ruait vers lui, il en arriva presque à se détacher de son clou géant, l'épaule en train de se déchiqueter morceau par morceau. Veronia ne ralentit pas, le silence qui imprégnait son esprit faisait abstraction des bruits alentours, de la foule, au point d'ignorer presque où elle était. La chasse, voilà une activité qu'elle appréciait grandement. Sentir la peur dans le regard de son adversaire, le voir se débattre, lutter pour sa vie bien qu'aucune issue favorable ne soit disponible...

Elle s'arrêta soudain à moins d'un mètre du skarnien, presque nez à nez. Ce dernier dans un élan de désespoir leva son arme et tenta de lui planter dans le crâne mais c'était sans compter sur l'agilité de la centauresse qui se décala. L'arme ricocha ainsi sur une de son épaulette gauche d'adamantium. Le regard qu'elle lui jeta en dit long sur l'état d'esprit de la prédatrice. Elle cabra et les spectateurs crièrent leur joie de voir un crâne de rongeur à moitié explosé contre le mur de l'arène. Posant ses mains sur sa lance, elle la retira sèchement, faisant demi-tour pour quitter l'arène, au pas. Un sourire apparu sur son joli minois tandis qu'elle laissa le corps inerte derrière elle.