Nouveau combat, nouvel adversaire, je fus heureuse de faire équipe avec Ehawee, nous avions bien combattus l’une contre l’autre, mais apprendre à se battre ensemble fut une bonne chose pour nos futures missions dans la garde Zéphyr. Je me demandais donc qui allait être notre adversaire tandis que nous nous avancions vers le centre de l’arène et j’étais loin de me douter que je retrouverais Greil à cet endroit.

C’était ici que nous nous étions rencontré la première fois après tout, mais depuis, nous avions beaucoup voyagé ensemble et je n’avais pas vraiment envie de lui faire mal. Surtout qu’on avait pu voir ce que pouvait donner ma magie sur lui lors de notre traversée vers l’île de Wysteria. Mais après tout, ce sera une occasion pour moi de m’entraîner à retenir ma magie de Brume.

« Je ne te laisserais pas m’assommer cette fois-ci. » Lui dis-je en guise de salutation, dans le but de montrer le peu d’assurance que j’avais pu rassembler, bien que mon sourire forcé trahissait mes doutes, quelqu’un me connaissant bien pourrait le voir aisément.

A dire vrai, si j’avais pu, j’aurais quitté l’arène, mais ma fierté personnelle était tout de même plus forte et montrer une telle faiblesse devant ma nouvelle camarade aurait été plus que honteux. Alors je reculais de plusieurs pas, armant mon violon sur mon épaule tout en commençant à jouer une mélodie que le général connaissait bien, douce et légère, c’était une comptine et elle me servait à charger ma Brume de magie. Elle nous enveloppa, Ehawee et moi et rapidement, j’étendis son champ à toute l’arène, plongeant le combat dans une étrange atmosphère, bien que le brouillard ne gênerait en rien notre vision. Le rythme de la musique changea, devenant fort et entrainant et le brouillard entourant Greil se fit plus épais. Lune qui était restait à côté de moi, se dématérialisa dans un nuage bleuté, allant frappait mon adversaire à l’épaule. C’était un coup se voulant faible mais efficace. Puis la mélodie changea, elle était censée donner de la force et du courage à mes alliés.

Effets:

Que les meilleures gagnent ? Mon esprit de compétition ne put que se réveiller en entendant cet encouragement. Lune toucha en plein dans le mille et bien que je dus me retenir afin de ne pas aller voir si le général allé bien, je fus tout de même fier de nous. Il n’aurait plus de boucliers pendant quelques instants, malheureusement, mon équipière rata son tir, mais esquiva notre adversaire avec toute la grâce connue de son espèce. Le combat été loin d’être à notre désavantage.

Retenir ses coups s’avérait être un défi plus difficile que d’envoyer toute sa puissance sur l’adversaire. Profitant d’un petit moment de répit, je sortis une de mes partitions magiques de ma sacoche, la déroulant, j’activais les notes qui se mirent à luire d’une onde bleutée en pinçant une corde de l’instrument. Les notes s’envolèrent pour apparaître devant moi et tout ce qu’il me restait à faire, c’était de les jouer au fur et à mesure qu’elles défilaient.

La Brume s’agita autour de moi, je me sentais plus que bien et presque invincible. Je ne voulais pas utiliser d’attaques mentales sur mon ami, car il s’agissait bien souvent des plus douloureuses. Lune repartit dans le brouillard et frappa une nouvelle fois Greil de plein fouet.

Effets:

Mon équipière esquiva avec toute la grâce des elfes le coup d’épée porté par l’ancien général. Cherchant un point faible, elle contourna le champ de bataille, son arc prêt à tirer. Quant à moi, je surveillais que notre adversaire ne tenterait pas un coup bas, bien que je savais que ce n’était pas dans ses habitudes.

Mon attention fut de nouveau portée sur Ehawee lorsqu’elle glissa sur ce qui sembla être la peau d’un fruit jaunâtre qu’une naine savourait du haut des gradins. La flèche de l’elfe s’envola au-dessus de ceux-ci, provoquant les foudres de la fauteuse de trouble. J’étais cependant trop loin pour comprendre ce qu’il se disait et repris ma mélodie là où je l’avais arrêté. Greil, qui n’avait pas manquer le spectacle, fonça droit sur l’elfe. Je m’approchais rapidement de mon équipière, chargeant ma Brume de magie, faisant naître un bouclier bleuté autour d’elle.

Cependant, Greil bifurqua au dernier moment, je n’eus pas vraiment le temps de comprendre ce qu’il se passait, mon esprit étant concentré seulement sur la musique qui se jouait afin de maintenir le bouclier actif. Mais un mouvement d’air à côté de moi me fit revenir à la réalité. L’épée de bois était passée à quelques centimètres de mon épaule sans me toucher. Sous le choc, j’en stoppais net la musique, le bouclier de Brume se dissipa dans un nuage bleuté et Lune réapparut à mes côtés, tout crocs dehors. Elle n’eut cependant pas le temps de riposter, car notre adversaire c’était déjà reculé. Quant à moi, je me remettais de mes émotions, ne m’attendant pas à me tromper sur le coup de Greil, la magie que j’avais utilisé pour le bouclier m’avait également épuisé et il me faudrait encore quelques minutes pour retrouver mes capacités.

Le combat sembla tourner au ralenti sous mes yeux, épuisée par l’effort que j’avais dû fournir pour créer ce bouclier, qui s’était avéré fort inutile au passage, je ne pouvais que compter sur Ehawee le temps de rassembler le restant de mon énergie. Lune grognait devant moi, la tête basse et les oreilles en arrière comme prête à bondir pour me protéger d’un éventuel coup.

Mon équipière ne perdit pas de temps et fendant le restant de Brume d’un trait bleutée, sa flèche à bout rond atteignit les cotes du général sous mon regard ébahi.

Faiblement, je tentais de remonter mon instrument sur mon épaule, mais j’étais décidément incapable d’en jouer. Greil, de son coté, c’était ressaisi et le coup porté par Ehawee sembla lui donner l’envie de continuer le combat.

Pinçant les cordes de mon violon afin de charger de nouveau ma magie musicale, je fus surprise de rien ne voir se produire. La fatigue mentale bloquait ma Brume.

Ma vue se brouilla, une silhouette indistincte avançait rapidement vers moi et mon alliée était loin. Lune disparut de la même manière qu’un nuage de fumée se dispersant dans l’air. Son esprit fut violemment projeté dans le mien dans un jappement surpris.

Je cherchais Ehawee des yeux, mais les formes et les couleurs se confondaient, les tribunes devinrent une grande masse sombre. Une sensation d’urgence et une tension désagréable se propagèrent dans tout mon corps, ne laissant aucun muscle de côté. Mes os commencèrent à se modifier, mes dents s’allongèrent, mes ongles devinrent des griffes. La silhouette brouillée arrivait sur moi le bras levé. D’une main, je déviais son bouclier. De l’autre, j’avais prévu de viser sa gorge alors que son épée s’abattait déjà sur moi.

Aucun coup ne vint cependant, le temps fut, semble-t-il, suspendu.

« J’abandonne. » Annonça la silhouette.

Mon geste se stoppa net alors que j’avais à peine levé la main, je ressenti une douleur insupportable alors que ma pseudo-transformation s’inversa.

« HOOOLYYY ! » Hurlait Lune à mon esprit, probablement depuis un moment au vu de l’acharnement qu’elle y mettait, pourtant, je ne l’avais pas entendu avant. Je lui insufflais du calme, lui faisant comprendre que tout était redevenu normal.

Me tenant les bras, la tête baissée et les paupières durement fermées, j’attendais que la douleur passe et elle passa, aussi rapidement qu’elle était venue. Ma vue s’était éclaircie et lorsque je relevais la tête, mes yeux tombèrent dans ceux de Greil. La silhouette était devenue mon ami, mon ami était la silhouette. La culpabilité m’envahit. Est-ce que quelqu’un avait remarqué ce qu’il s’était passé ? Mon changement avait été furtif pourtant et n’avait pas duré longtemps. Des larmes roulèrent sur mes joues sans que je puisse les contrôler. Le général n’avait pas pu me frapper alors que moi, j’étais prêtes à riposter, à le blesser … à le tuer ?

Impossible et pourtant, je n’étais plus moi-même pendant ces quelques instants, comme le jour où mon instinct avait pris le contrôle pour protéger ce bourgeois contre un voleur. Mais ce jour-là, je l’avais décidé, j’avais enclenché ma transformation, il était vraiment en danger… Où peut-être que c’est ce que j’ai voulus croire sur le moment. Peut-être que j’avais déjà perdu le contrôle une fois et que je ne m’en étais même pas rendue compte.

Alors j’observais mes mains, elles étaient aussi ordinaires que d’habitude et pourtant, je ne les reconnaissais plus, je ne me reconnaissais plus. Je voulais que ma musique soit bénéfique, qu’elle apporte du bonheur et de la joie autour de moi et au lieu de ça, plus elle gagnait en puissance, plus elle rendait mon côté animal imprévisible, incontrôlable.

Le général s’excusa de son abandon sans savoir qu’il nous avait probablement évité un drame. Mon regard se porta sur ma coéquipière, et après avoir séché mes larmes, je tentais un sourire. On avait gagné, mais ce n’était pas le genre de victoire à laquelle je m’attendais. Ce n’était pas le genre de combat auquel je m’attendais à mener dans l’arène, mais après tout, j’avais cherché volontairement à pousser mes réserves à bout. J’avais atteint mes limites ce jour-là.

Je m’apprêtais à parler, mais les mots me quittèrent, je ramassais alors mon instrument avant d’emprunter le chemin de la sortie, perdue dans mes réflexions, tentant de mettre de l’ordre dans mon esprit embrouillé.

HRP: