À la seconde où l'elfe Edelweiss mit un pied dans le Canari Jaune, elle souhaitait être ailleurs. Elle prit sur elle, afin de conserver un visage de marbre, et se dirigea vers un tabouret du bar, sans prêter attention aux gloussements et aux sifflets des poivrots. Par chance, la chaleur à cette saison était supportable. D'un geste gracieux de la main, elle interpella le tavernier.

- Et qu'est-ce qu'il lui faudrait à la p'tite dame ?

- Un jus de figue de barbarie je vous prie.

- Et un jus qui marche.

Dans l'attente de sa boisson, la grande blonde déposa la somme due sur le comptoir. Elle ne remarqua pas l'agitation derrière elle, jusqu'à ce qu'un homme vint s'asseoir très - trop - près d'elle.

- Ehéhéh, elle s'est perdue la p'tite poule ?

Avec une lenteur calculée, Edelweiss tourna la tête vers l'importun. L'alcool avait profondément gâté son visage, et aussi, à son grand déplaisir, son haleine. L'elfe plissa le nez en sentant les relents alcoolisées. Le fait que cet individu puisse encore tenir debout et faire une phrase à peu près cohérente tenait du miracle.

- Elle a perdu sa langue ? J'peux t'prêter la mienne s'tu veux. J'peux même t'la mettre directement dans la bouche pour t'aider éhéhéh !

Le regard sévère de l'elfe croisa celui embrumé de l'homme. Elle hésita sur la marche à suivre. Plutôt directe ou plus... indirecte ? Finalement, elle esquissa un sourire.

- Vous partagerez bien un verre avec moi ?

L'opportun gloussait, pensant que son charme irrésistible l'avait bien servi pour dragouiller une elfe. C'est qu'on en voyait pas tous les jours des elfes aussi mignonnes par ici... C'était un miracle qu'elle lui ait adressé la parole, au moins tout autant que le fait de parvenir à poser son postérieur graisseux sur le tabouret.

Il fit signe au tavernier, qui lui servit un verre à contrecœur. L'homme avait déjà largement dépassé sa tolérance à l'alcool, mais il payait, et le tavernier était un commerçant avant tout. Pendant ce temps, le soulard faisait des signes à ses amis attablés plus loin, leur décrivant à grand renfort de gestes obscènes le programme de sa nuit avec l'elfe.

De son côté, Edelweiss, la bouche cachée par sa main, souriait. S'il passait moins de temps à se vanter auprès de ses camarades, peut-être aurait-il remarqué le liquide que l'elfe avait versé dans son verre. Mais il faut croire que l'alcool, l'égo et le stupre sont bien plus fort que la raison. Ceci dit, cet état de fait arrangeait bien l'elfe.

Alors que l'autre se retournait un peu trop rapidement pour l'embrasser, elle l'arrêta, et poussa le verre vers lui.

- Que diriez-vous de trinquer à notre rencontre ? dit-elle avec un clin d'oeil.

L'homme ne se fit pas prier, et avala d'une traite. La poudre de laurier rose se diluait rapidement, et vu la puissance de l'alcool qu'il avait commandé - et accessoirement son niveau d'ébriété - il ne verrait pas la différence.

L'homme allait dire quelque chose quand il s'arrêta net, la bouche ouverte. Un instant de flottement passa, pendant lequel le soiffard regardait alternativement le tavernier et Edelweiss. Les yeux remplis d'une lueur de panique, il mit sa main devant sa bouche et se précipita vers la sortie. La porte claqua, et toute l'assemblée put se délecter des bruits de vomissement qu'émettait l'homme. Satisfaite, Edleweiss se retourna vers le tavernier, ajustant à son doigt la bague à compartiment qui l'ornait. Celui-ci allait objecter, car ça ne l'arrangeait pas que ses clients s'empoisonnent entre eux, mais l'elfe le prit de vitesse.

- Rassurez-vous, ça ne le tuera pas. Le pire qui puisse lui arriver, c'est de décuver.

Quelques secondes de silence passèrent, le tavernier se demandant s'il pouvait bien faire confiance à celle qui lui faisait face, avec son joli minois qui ne donnait pas l'air d'y toucher.

- Et euh... vous venez d'arriver en ville ?

- Effectivement, répondit-elle en se redressant. J'ai... un ami qui a des problèmes, et je souhaiterais le retrouver. Ou au moins, m'assurer qu'il est en vie et en bonne santé.

Tout en parlant, Edelweiss fit glisser sur le comptoir quelques pièces, jouant avec de ses doigts fins.

- Il s'appelle Thrynn. J'ai cru comprendre qu'il fréquentait votre établissement. Est-ce que ce nom vous parle ?

Mowgl’ia sourit doucement, appréciant déjà son voyage à la cité de Stellaraë. À peine sortie de la bibliothèque, elle baisse les yeux sur la pile de livres qu’elle avait pu empreinte pour ses futures études sur l’Arcane et sur un projet personnel. Dû à son statut d’étudiante à la guide magique, on lui avait permis de dévaliser certaines allées qui lui permettraient de mieux s’instruire et remplit le projet personnel qu’elle, c’était donner, faire un recueil des plantes connues de Dùralas. Même si ce n’était pas sa future spécialité, elle s’intéressait principalement aux éléments différents qui pouvaient être utilisés avec la magie, elle trouvait ce projet apaisant et très différent de ces études intensives.

Tout en continuant de marcher, elle profite de la tranquillité qui règne dans la rue pour lire, encore une fois, les titres des bouquins qu’elle avait choisis. Les Thèses magiques de Leigli Delnoch, La Magie Additionnelle de Olórin Calen et La Magie résiduelle de Hevoria. Elle avait hâte de pouvoir lire ces livres qui s’annonçaient intéressants et remplit d’information. Étrangement, elle n’avait pas trouvé beaucoup de livres qui parlaient principalement de la flore de Dùralas. On l’avait bien guidé vers différents livres comme des Chroniques d’exploration, ou encore des livres plus complexe sur l’histoire et la sociologie de l’environnement de certaines races, mais rien de bien précis. Elle avait toutefois fait plusieurs découverte qu’elle avait mis sur une deuxième liste de lecture pour simplement compléter sa culture personnelle.

Quand elle lève la tête, elle remarque une enseigne ou s’écrit Au Canari jaune. Elle plisse les yeux, se rappelant vaguement un nom aussi particulier. Puis, son regard s’illumine quand elle se rappelle les paroles du bibliothécaire qui a enduré ses demandes. « Si tu as du temps, je te conseille le Canari jaune, c’est un lieu mal famé, mais ils ont toutes les spécialités locales Stellaraë. Je le recommande grandement ! » Sans perdre plus de temps, elle se dirige vers la porte, mais au moment où elle allait la pousser, un homme en immerge, la pousse brusquement avant de s’éloigner de quelques pas et de cuvée son alcool dans des bruits bruyant de vomi dégoûtant.

L’Orque en habit de mage se décale quelque peu, avant d’utiliser son bâton arcanique pour pousser la porte et finalement ignorer l’homme qui vomit sa vie. Elle est accueillie par une certaine odeur de renfermée, d’alcool et de malfamé, toutefois, elle ne semble pas se décourager pas ces odeurs. Elle glisse ensuite les yeux complètement noirs à la pupille dorée sur la salle, observant les clients avant de se diriger vers le comptoir où se trouvent le tavernier et une jolie elfe qui sort grandement de ce décor. Elle s’installe à deux tabourets de la demoiselle, ne voulant pas paraître irrespectueuse de son environnement. Elle lui offre un hochement de tête polie comme salutation avant de porter son attention sur le tavernier qui regarde la pile de livres qui reposent devant elle.

« Vous allez prendre quelque chose ? »
« On m'a fortement recommencé votre jus de figue. » Dit-elle en glissant les pièces d’or sur le comptoir.
« Et un jus de figue pour la peau-verte ! » Annonce-t-il en la servant avant de retourner auprès de la demoiselle qui semblait discuter avec lui.

L’Orque ne souffle rien face au sobriquet, loin d’être offusquée par les paroles. Elle tourne quelques secondes, son attention sure, l’elfe, fascinée par la délicatesse de la demoiselle qui est vaguement brisée par ce côté rasé et son regard dure. Non, ils n’étaient pas dur, fatigués peut-être ? Non plus, elle ne savait pas comment l’expliquer, mais cette demoiselle avait beaucoup plus à offrir que son apparence offrait. C'était comme si ces yeux avait vu énormément de choses... Elle retourne finalement sure son verre, ne voulant pas paraître irrespectueuse en la dévisageant trop longtemps, mais plusieurs questions brûlaient ses lèvres.

À peine avait-elle fini sa question que le tavernier s'était déjà détournée d'elle pour aller servir d'autres clients. Edelweiss soupira, espérant que sa question n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Si elle pouvait éviter de faire la tourner des auberges miteuses du continent, cela l'arrangeait vraiment.

« Vous allez prendre quelque chose ? »

« On m'a fortement recommencé votre jus de figue. »

« Et un jus de figue pour la peau-verte ! »

L'elfe jeta un coup d'oeil sur sa gauche. À deux tabourets d'elle se tenait donc une orc. Elle semblait légèrement plus petite qu'elle, mais bien plus musclée. Elle portait une tenue de voyage, ce qui fit réaliser l'elfe qu'elle aurait peut-être dû trouver une autre tenue. Un autre détail attira son attention : la petite pile de livres que la peau-verte transportait. De là où elle était, Edelweiss ne pouvaient en voir les titres, néanmoins, il était suffisamment rare de voir des gens avec des livres dans une taverne pour le souligner.

L'elfe tapota des ongles sur le bois du comptoir essayant de faire remarquer de la façon la plus distinguée possible son agacement. Mais visiblement, c'était inutile. Vu le bruit ambiant, il aurait été étonnant que le tavernier ait entendu quoique ce soit. Elle soupira, avant de se frotter la tempe. Pourquoi était-elle aussi impatiente ? Cela ne lui ressemblait pas d'habitude. Sûrement la fatigue...

Histoire de se changer un peu les idées, elle se tourna vers sa voisine.

- C'est un bon choix, leur jus de figue est très réputé.

Elle sourit au tavernier et attrape le vers qui lui tend. Elle respire le fumet du breuvage, doux et fruité. Elle ferme les yeux un moment et profite de l’instant de fraîcheur qu’il lui est offert avant de tremper ses lèvres et sa langue sur le liquide. S’il n’avait pas fait extrêmement chaud, probablement qu’elle aurait frissonner sur le liquide qui lui offre une vague de fraîcheur le long de la gorge jusqu’au gosier. Elle offre un sincère sourire au tavernier qui hoche la tête satisfaite et se tourne vers l’autre demoiselle qui c’est exprimer. Elle hoche la tête, approuvant ses paroles.

« Il est vrai que le breuvage est délicieux, je comprends mieux sa popularité. »
« Ah ! Et on a de quoi être fier ! Nous n’avons pas que celui-ci, le jus de nopal aussi est très populaire, si vous voulez, je vous serre un autre verre après celui-ci ?! »
« Hahaha, j’aime votre enthousiasme, pourquoi pas. » Souffle-t-elle.
« Parfait alors ! Si vous voulez bien m’excuser, la p’tite dame m’attend. »
« Pas de problème, occupez-vous de vos clients. »

Elle offre un sourire mi-gêné et mi-désolé à l’elfe, comprenant qu’ils étaient occupés avant qu’elle ne vienne s’installer. Elle tourne son attention sur le restant de la salle. Toujours en après-midi, il y avait peu de buveurs d’alcool en ce moment. Il devait bien y avoir trois autres clients sans compter elle-même et l’elfe. Ah, peut-être quatre, elle croyait percevoir une ombre vaguement bougée dans l’un des coins reculer. Elle ramène son attention sur sa pile de livres, puis sur son journal. Elle avait plutôt bien avancé dans ses recherches, mais elle se doutait qu’elle ait beaucoup d’autre travail à faire. Peut-être qu’elle pourrait demander de l’aide à l’académie ? Pensive, elle sirote son breuvage, laissant ses pensées dérivées le temps que l’elfe termine sa conversation, avec un peu de chance, elle était elle-même une érudite et pourrait lui proposer des livres ?

Toutefois, quelques minutes, plus tard, un visage familier passe la porte de la taverne et la tignasse blonde de la géante remplit l'entrée. Mowgl'ia plisse les yeux quand on l'interpelle et elle tourne la tête vers son amie qui lui fait signe de la rejoindre. Un large sourire éclaire son visage et elle avale son breuvage rapidement. Elle attrape quelques pièces supplémentaires et les jette sur le comptoir. Elle remercie le tavernier avant de ramasser ses livres. Elle offre un petit sourire timide à l'elfe et s'éloigne finalement, quittant la taverne.

[HRP : Désolée du délai, j'ai été malade ces derniers jours, alors je suis en retard partout.
Édit : Suite à des problèmes, je préfère retirer ma présence indésirable et je suis terriblement désolée de mettre introduite dans ton rp. Je te souhaite une bonne continuité.]