Sujet: Re: « harthon i lenn ann » D. Dim 15 Mar 2020 - 22:40
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Souvenirs d'enfants I
Même si j'ai tourné le dos à ma famille et à mon peuple, je ne vais pas jusqu'à dire que j'ai été malheureuse de vivre parmi eux, loin de là. Il y a eu de très bons moments parmi les jours plus maussades, c'est ainsi partout. Je ne suis qu'à l'aube de ma longue vie, j'ai encore beaucoup de choses à découvrir. Mais tout ira bien, je le sais. Quoi qu'il puisse se passer, j'y ferais face. Peut-être qu'un jour, je prouverais à père qu'il avait tort de s'en faire pour moi.
En pensant à lui, je tentes de me rappeler si un jour nous avons été proche comme c'est le cas avec mon cher frère... Le plus lointain souvenir remonte à très loin, je titubais sur mes frêles jambes. Mère me maintenait les bras au dessus de ma petite tête blonde et m’indiquait comment placer mes pieds pour apprendre à marcher. Mes premiers pas étaient encore hésitants, je finissais régulièrement ma course à quatre pattes au grand désarroi de ma tendre mère. Mais cette dernière faisait preuve d'une patience hors norme et répétait le processus d'apprentissage aussi longtemps que nécessaire. Cette fois-là, je revois la silhouette de Père assis sur le trône d'une grande salle. Ce dernier m'observait attentivement, bien qu'il marque une certaine distance entre Mère et moi.
Alors que je chute une nouvelle fois en tentant de marcher seule, je me rappelle avoir refusé l'aide de Mère pour tenter de me relever, cherchant à le faire seule. Je crois qu'à cette période je cherchais à faire plaisir à Père. Je finis par me redresser et titube d'un pas chaotique vers ce trône, mais plus particulièrement vers cet homme qui nous regardait de loin. Je marchais en tendant les bras devant moi, comme si je cherchais à l'atteindre tout en l'appelant par ce diminutif :
« Papa ! Papa ! »
Cette distance qui nous sépare me paraît interminable, mais je tient bon. J'ai dû retomber à nouveau sur mes genoux une ou deux fois, ma mère souriant doucement dans la manche de sa robe en me regardant faire. Père m'adresse un regard surpris mais ne cherche pas à se dérober sous mes appels et ma trajectoire définie. Le dos appuyé contre le grand dossier du trône, sa tête repose sa main qui reposait sur l'un des accoudoirs. La partie basse de son visage n'est pas visible, camouflée en partie par sa main, je ne saurais dire s'il sourit en me regardant ou pas. Mais il ne me quitte pas des yeux, ne cherchant pas à me dissuader de venir jusqu'à lui, les yeux légèrement plissés. Je finis par gravir trois larges marches en pierres qui me sépare de l'elfe et je manque de trébucher au moment où je finis par attraper le pan de son vêtements qui couvrait ses jambes. Je souriait contre lui, fière d'y être arrivée. J’insistais en tirant sur les peaux de bêtes pour essayer de monter sur les genoux de Père mais ce dernier finit par indiquer ma mère qui avançait tranquillement vers nous.
- Il y a encore des efforts à faire, mais tu est en bonne voie. Essayes de ne pas tomber en répétant le chemin en sens inverse.
Je me presse de rejoindre la belle dame aux cheveux blonds qui finit par me rattraper pour éviter que je ne me tape le nez contre le sol en pierre. J'aurais voulu qu'à cette époque, il me prenne dans ses bras et qu'il me félicite mais il ne l'a pas fait. J'imagine que câliner un enfant, ce n'est pas son domaine de prédilection même s'il les aime de tout son cœur. A t'il un cœur au moins ? Il s'est toujours montré froid et distant avec moi, j'ai beaucoup de mal à le comprendre, impossible de savoir ce qu'il pense. Je me demande si c'est parce qu'il est Cernunnos Calenardhon, le souverain des elfes. Est-ce qu'il garde cette attitude pour ne pas ternir son image ou juste parce qu'il ne sais pas comment se conduire avec sa progéniture ? Je ne saurais sans doute jamais.
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