Le rituel
Dans le sang de leurs filles vivront les mères jusqu'à ce que leur lignée disparaisse.
Les cinq femmes que Charlotte avait déjà acquise à sa cause l'entouraient dans cette grotte humide. Toutes se préparaient pour l'accomplissement du rituel, elles avaient mémorisée les pages maudite du curieux livre de magie noire et comptaient bien s'en servir. Les pauvres âmes pensaient ainsi atteindre le secret de la vie éternelle alors qu'elles se condamnaient elles-même. Chacun disposé dans l'une des branches d'un pentacle formé par du sang d'abyssal, les ingrédients n'attendaient que d'être jeter dans le chaudron bouillonnant se situant au milieu. Charlotte pris une grande inspiration et s'avança vers le chaudron.
- Commençons mes soeurs, c'est l'heure pour nous de quitter cette misérable vie de mortelle...Ainsi, chacune se mise au bout d'une des branches du pentacle, Charlotte en son centre. Toutes commencèrent à entonner un chant tout droit sorti du Pandémonium.
♫♪♫
Baga, biga, higa,
Laga, boga, sega,
Zai, zoi, bele,
Harma, tiro, pun!
Baga, biga, higa,
Laga, boga, sega,
Zai, zoi, bele,
Harma, tiro, pun!
Xirristi-mirristi
Gerrena plat,
Olio zopa
Kikili salda,
Urrup edan edo klik ...
Ikimilikiliklik ...
Baga, biga, higa,
Laga, boga, sega,
Zai, zoi, bele,
Harma, tiro, pun!
Baga, biga, higa,
Laga, boga, sega,
Zai, zoi, bele,
Harma, tiro, pun!
Xirristi-mirristi
Gerrena plat,
Olio zopa
Kikili salda,
Urrup edan edo klik ...
Ikimilikiliklik ...
♪♫♪ Tandis qu'elles chantaient cette rengaine démoniaque, Charlotte vint placer un par un les ingrédients dans le chaudron dont la fumée rougissait au fil du temps. La tête de gnome tout d'abord, suivie des deux yeux de chérubins puis des trois ailes de fée. Déjà les vapeurs avaient pris une teinte de sang. Une fois qu'elle mit les cinq écailles de kelpi, une odeur de mort empli la caverne, ce qui ne découragea pas ce groupuscule malsain. Enfin, elle saisit le flacon contenant son sang et déposa sept gouttes dans cette mixture infâme. Les flammes virèrent couleur de sang elles aussi et Charlotte mélangea le tout, récitant toujours les paroles maudites. Une bonne minute plus tard, le rituel était terminer.
- Vas-y Charlotte, goûtes à la victoire, dit l'une de ses camarades.
Toutes avaient les yeux fixés sur elle alors qu'elle restait pensive.
- Qu'attends-tu? S'impatienta une autre.
- Il manque le sacrifice, finit elle par dire.
Elle prit une nouvelle grande inspiration et finie par sortir une arme de sous sa chemise. C'était un pistolet à barillet qu'elle avait conçue spécialement pour l'occasion. Cinq chambres, dans lesquelles cinq balles avaient chacune le nom d'une des cinq camarades présentes à savoir Catherine, Amélia, Lucie, Joséphine et Silandra. Avant même que l'une d'elle ne comprenne ce qui se passait, le premier coup parti exploser la cervelle de Silandra. Stupéfaites, Lucie mourut sans qu'aucune d'elle n'ait eu le temps de bouger. Silandra s'élança sur Charlotte pour tenter de la désarmée mais fut tuée avant de pouvoir l'atteindre. Amélia enfin fut morte en tentant de fuir et Catherine était restée bouche-bée, les larmes ruisselants sur son visage.
- Comment as-tu pu nous faire ça?! S'écria-t-elle en pleurant.
Charlotte s'approcha d'elle et pointa son arme sur son front.
- Désolée Catherine, toi je t'aimais bien.La détonation parti et le calme se fit soudainement dans la grotte. Elle sorti à nouveau son couteau et alla chercher les coeurs de ses amies dans leur poitrine afin de les ajouter au chaudron. Enfin, elle remplit un calice de l'étrange substance qui s'était formée et, avant d'en avaler le contenu, récita le mantra maléfique. Elle reparti le sourire aux lèvres et persuadée que le rituel avait marché, ne restait plus qu'à enfanter pour que les restes pourrissants de son âme puissent subsisté.
La trahison
*BOUM*BOUM*BOUM*
- Ouvrez ou on enfonce la porte!Les deux femmes étaient cernées dans la loge du capitaine, les mutins avaient gagnés la partie avant même qu'elle n'ait commencer. Dorothy Forbes était à son bureau, tandis que Charlotte Roseline était nonchalamment assise sur celui-ci, toutes deux un verre de vin un la main. Dans un coin de la pièce, Catherine Roseline âgée de quelques semaines s'époumonait en pleurs.
- Vous finirez pendu bande de sans-couilles! Cria Dorothy à son ancien équipage.
Non mais, pour qui ils se prennent ces pouilleux... Vous n'êtes rien sans moi!Elle s'adressa ensuite à Charlotte qui restait souriante face à l'ironie de la situation.
- Combien de balles il te reste Ruby? C'est ainsi qu'on l'avait surnommée à l'époque.
Charlotte regarda dans la roue de son pistolet et répondit :
- Une seule capitaine...Dorothy poussa un grognement et envoya valdinguer son verre de l'autre côté de la pièce, se servant à présent directement au goulot de la bouteille. Elle s'essuya la bouche avec sa manche et continua ses invectives.
- Une seule balle? Voilà pourquoi je t'ai appris les secrets de l'énergie bleue?!Charlotte ne réagissait pas, continuant à déguster son verre de vin tranquillement.
- Enfin, excuse moi ma p'tite Charlotte. Toi tu m'es rester fidèle au moins, contrairement à ces sauvages!- Vous m'avez tout appris capitaine...Forbes sourit à son tour et répondit :
- Oh, avec ton talent ce ne fut pas bien compliquer tu sais!Les deux femmes savaient bien qu'il s'agissait de leur dernier verre ensemble, un brin de nostalgie surplombait inévitablement cette scène incongrue.
- Tu ne m'as pas l'air bien causante ce soir ma Charlotte, la mort t'effraies-t-elle donc à ce point?Charlotte tourna enfin le regard vers sa tutrice. Elles en avaient passé du bon temps ensemble, le rhum, les hommes et toutes les merveilles du monde. A présent elles étaient là, sur le point de se détruire mutuellement. C'était déjà trop tard pour la maudite, il n'était plus question de revenir en arrière.
- Ce qui m'effraie capitaine, c'est que vous n'ayez pas encore compris.Dorothy voulu s'offusquer mais Charlotte continua d'un ton plus autoritaire.
- Vous avez, derrière cette porte infranchissable que vous avez conçue, une vingtaine de mutins qui ne réclame que votre tête. Pas un homme n'a été blessé et tout s'est fait si vite que vous n'avez qu'eut le temps de vous enfermez ici à mes côtés, moi qui veillait innocemment sur ma fille...La pièce était tombée. Les poings de Dorothy se serrèrent et son visage vira au rouge.
- Non... Immonde catin!Avant qu'elle n'ait eut le temps de se lever Charlotte avait braquer son pistolet sur la tempe du capitaine.
- Tututu...- Une seule balle hein... Dis moi, c'est avec cette arme que tu as tué Catherine et les autres?! S'emportait toujours Dorothy.
- Tiens donc, tu étais au courant? S'étonna Charlotte.
- J'avais des doutes bien sûr, cette histoire d'embuscade ne tenait pas debout... Et dire que tu as pousser le vice jusqu'à appeler ta fille Catherine! C'est un démon que j'ai recueilli à Ishtar...Charlotte se leva, gardant son arme fixée sur la tête de son supérieur et se déplaça de façon à arriver derrière elle.
- C'est l'heure capitaine... Ca n'a rien de personnel, c'est une simple histoire d'ambition malheureusement. Mais sachez que je vous ai aimer comme votre fille... Un dernier mot?Le silence se fit quelques secondes, on entendait plus que les pleurs de Catherine.
- Charlotte 'Ruby' Roseline... SOIS MAUDITE!*BOUM*
L'éducation
Ce soir là Charlotte Roseline n'en était pas à son premier verre. Alors qu'elle s'enivrait tranquillement dans une taverne d'Ishtar, Catherine, alors âgée de six ans, dormait à poings fermés sur le Ruby des Mers amarré au port.
- C'est quand même pas si compliqué d'élever un gosse! S'exclama Charlotte alors que l'on parlait du fis du tenancier.
Elle était accompagnée d'une bonne dizaine d'hommes, tous étaient en permission mais les permissions se déroulaient tout de même sous l'oeil attentif de la matriarche qui connaissait bien les risques de mutineries.
- Regardez la mienne, elle me prend pour une Déesse! Un petit coup de "je t'aime" par ci, une attention par là et si elle merde, la raclée! Mais vous les hommes vous êtes trop faibles pour ce genre de choses...Certains membres de l'équipage rirent jaune, ce n'était pas évidant pour eux qui partageaient la vie de cet enfant model. Le tavernier, qui essuyait un de ses verres, n'avait pas l'air très enjouer par les propos de Charlotte.
- Et bien quoi? Tu m'crois pas?! Tu penses que je suis une mauvaise mère c'est ça?!La tension était montée d'un cran. Le calme s'était fait dans la pièce et tous regardaient la réaction du tavernier attentivement. Le pauvre eut à peine le temps de bégayer ses premiers mots que la matriarche lui coupa la parole.
- C'est pourtant bien le plus précieux trésor de mon navire... Dit-elle en souriant.
Pourtant ne nous méprenons pas, il est clair que si Catherine n'était pas pour elle la porte d'entrée vers la vie éternelle, elle n'aurait même pas pris la peine de la faire venir au monde.
- Mais je dois bien avouée que cette petite conne me les brises à rester dans mes pattes! Finit-elle par dire en s'esclaffant.
Elle remplit alors son verre de rhum tandis que le tavernier tenta de trouver un terrain d'entente.
- Ah bah c'est sûr, la vie de parent n'est pas de tout repos.- Bouah, dit Charlotte en haussant les épaules,
des fois ça défoule aussi. La confusion psychologique mon cher, une bonne tarte comme ça pour le plaisir et puis je m'approche d'elle comme si j'étais son foutu ange gardien! "Comment tu vas ma chérie? Maman t'aimes tu sais..."Morte de rire, Charlotte finit sa soirée en se moquant continuellement de sa fille et narrant les divers sévices qu'elle lui infligeait. Certains étaient gênés, d'autres approuvés, mais personne ne contestait de peur de se prendre une balle en pleine tête. Au petit matin, elle rentra ivre dans ses quartiers où Catherine attendait le retour de sa mère chérie avec impatience. Celle-ci ne se fit pas prier pour étaler ses mensonges, elle s'approcha de la petite, puante d'alcool, et lui fit un baiser sur le front.
- Maman t'aimes ma chérie, je serais toujours là pour toi. Nous deux, à jamais.