*

Nyssa – Et donc, vous vous êtes retrouvés comme ça, dans la forêt ? S’étonna la petite fée accompagnant le colosse cornu.

Assis autour d’une table, tous un verre à la main, nous étions finalement retournés au village de Guillaëd un peu déboussolé pour refaire le plein d’énergie. Notre mésaventure dans la forêt de Wystéria ne nous avait pas épargnée. Fatigué et confus, nous ne réalisions pas vraiment ce qui s’était passé après notre visite au temple. A moins que tout ceci ne soit qu’un rêve, une hallucination collective ? Toujours est-il que nous avions rebroussés chemin pour nous octroyer une récompense pour ce magnifique détour.

Lonann Alhazred – Et bien … on peut dire ça comme ça en effet. Doebroksh, quant à lui, n’eut comme réponse qu’un haussement d’épaules interrogatif à ce sujet.

Doyen – Je vous avais dit que ce serait intéressant. Ajouta le doyen avec un léger sourire.

Lonann Alhazred – ça l’aurait été d’autant plus si nous pouvions comprendre ce qui s’y était passé … Dis-je sans cacher la frustration d’un si long voyage pour si peu.

Après avoir parcouru la moitié du continent, traversé les mers et océans enragés, exploré Wystéria jusqu’à son cœur, toutes les interrogations que je me posais étaient restées en suspens. Le doyen semblait s’amuser de la confusion régnant sur notre petit comité, il nous avait convié à l’auberge du village pour nous réconforté et connaître le déroulement de nos aventures, mais il semblait plus s’amuser de ce qui nous était arrivés qu’écouter curieusement nos aventures.

Je jetais un rapide coup d’œil sous la table, m’assurant que Loup ne s’était pas envolé comme il en avait l’habitude dans c genre de lieu. Ce dernier se régalait de la gamelle que lui avait offerte le vieil homme, une sorte de composition animale et végétale en bouilli que Loup semblait apprécier. Reprenant le fil de la discussion, je levais le coude et fit descendre quelques gorgées de ce nectar typique de la région, un brin corsé, qu’avait préparé l’aubergiste un peu plus tôt.

Doebroksh – Dites-nous, comment va cette pauvre abyssale ? Ma’ui ?

A la mention de l’abyssale, je m’étais naturellement fait tout petit, conscient des coups et blessures qu’elle avait subis pas notre fautes, ma faute. Croisant le regard du vieil homme, je m’excusais de nouveau, machinalement, d’un signe de tête quant à l’état de Ma’ui. Bien qu’il nous ait expliqué la détresse de cette dernière et son histoire larmoyante, rien n’excusais un tel comportement de ma part.

Doyen – Ne vous en faites pas pour elle, elle s’est remise de votre rencontre. Dit-il d’un ton rassurant. Cela dit, ses tourments ne se sont pas atténués pour autant.

L’air grave qu’il prit pour décrire la situation de la douce abyssale ne me plaisait pas vraiment, mais nous n’y pouvions rien, malheureusement. Le triste sort que lui avait réservé le destin n’était guère plaisant, ni pour elle, ni pour son entourage et cela pouvait se sentir dans les paroles du doyen. Continuant de siroter cette étrange boisson à l’arrière goût bien prononcé, mon regard parcourra l’assemblée autour de la table, n’osant pas intervenir au sujet au sujet de Ma’ui.