Le Monde de Dùralas
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Bonjour Invité, et bonne visite sur Dùralas ! Nous sommes actuellement en l'An 811 du Ve Âge. Bienvenue à notre dernier membre : ibrahim Le Monde de Dùralas a précisément 4040 jours ! Contribuez en aidant et en faisant part de vos idées pour le forum ici Dùralas, le Jeu 21 Nov 2024 - 12:07 La Spécialisation de classe s'obtient à Wystéria. Pour être à l’affût des dernières nouveautés, c'est ici qu'il faut aller ! |
| | La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] | |
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Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Dim 30 Juin 2024 - 14:36 | | | Les mirettes de l'érudit, dans lesquelles se sont perdus les reflets de l'encre de moult parchemins, commencent à ployer sous la fatigue. Dans son esprit, les mots et les schémas qu'il a découverts au fil des pages ont rejoint les cohortes d'informations que son intellect a déjà assimilées. Étudier jusqu'à ce que sa psyché soit repue, analyser jusqu'à ce qu'aucun détail, même infime, ne lui échappe, car ici l'échec s'annonce pire que la mort.
Relevant son visage aux traits délicatement baignés par la lueur des bougies, il pose son regard azuré par la fenêtre et réalise, au déclin de la radiance qui enveloppe la demeure des Elendris, que bientôt déjà l'astre diurne achèvera sa course dans les cieux d'Aràn pour aller se terrer dans sa lointaine tanière.
Shae s'étire longuement, élevant ses bras au-dessus de sa tête avant de les laisser redescendre pour entrelacer ses doigts derrière sa nuque. Fermant les yeux, il recouvre leur océan céruléen d'un voile opaque et plonge pour un bref instant dans l'étroit interstice qu'il distingue entre les torrents fougueux que constitue le flux de ses pensées. Là, enfin, hors du temps, il se sent détendu.
S'il venait à prolonger son séjour dans le Nord, il lui faudrait penser à s'installer dans son propre chez-lui. Certes, le domaine de ses parents était suffisamment vaste pour qu'il ne s'y sente pas à l'étroit, et il ne pouvait guère se plaindre de l'accueil chaleureux qui fut le sien, mais tôt ou tard, il devrait pousser ses pratiques occultes plus loin dans les tréfonds sinueux que lui dessinent grimoires et parchemins. Le faire ici finirait inéluctablement par mettre les siens en danger.
Le souffle de l'érudit étreint et étouffe la flamme des bougies qui s'abandonnent à l'obscurité. Désireux de profiter des derniers rayons du soleil, il enfile ses bottes de cuir et quitte l'étude. À l'extérieur, quelques nuées parsèment la voûte céleste et jouent avec les splendides nuances d'or et de citrine du couchant qui bientôt incendieront l'horizon.
Cheminant jusqu'à la clôture qui délimite le domaine familial, l'Arànien offre son visage aux caresses apaisantes du vent et aux derniers éclats réconfortants de l'astre en fusion qui irradie le firmament. Son iris bleuté se pare de reflets d'émeraude tandis qu'il se pose sur les vastes champs qui ondulent à perte de vue. Incapable d'éloigner son esprit bien loin de l'univers de sorcellerie dans lequel ses pensées nagent maintenant quotidiennement, l'érudit scrute le lointain en se remémorant les récentes rumeurs sur une bête terrifiante qui rôderait parmi les troupeaux de caprins.
Un horrible démon, mi-homme mi-bouc, qui, lorsqu'il se tient sur ses deux pattes postérieures, atteindrait deux mètres de haut. Son pelage serait plus noir que les profondeurs des abîmes d'où il s'est extirpé pour se repaître des vierges, des enfants et des nouveau-nés. On dit qu'il déplace son hideuse et angoissante silhouette par bonds grotesques, le bruit sinistre de ses sabots déchirant minuit alors que sa malfaisance éclipse la lune.
Ceux qui l'ont aperçu prétendent que dans son regard brûlent les feux dévorants des enfers, brasiers dans lesquels il traîne l'âme de ses victimes une fois leur enveloppe charnelle meurtrie et souillée. Dans sa gueule se dévoileraient de grands crocs acérés faits pour déchirer la chair tendre des chérubins, victimes innocentes qu'il dérobe à leur couffin en les saisissant de ses griffes tranchantes comme des dagues assassines.
Pour achever ce tableau cauchemardesque, on jure qu'au-dessus de sa tête trône une paire de cornes faites pour vous éventrer et se parer fièrement de vos viscères, alors qu'au-dessus d'elles brûlerait une flamme ardente qui s'attise chaque fois que le démon se nourrit d'une nouvelle âme.
Ce genre d'histoires est légion et si certaines sont fondées sur des faits, il est toujours difficile de démêler la réalité du fantasme, surtout quand les principaux pourvoyeurs de ces rumeurs sont des gens peu éduqués. L'idée qu'une telle créature arpente réellement les plaines d'Aràn était particulièrement perturbante pour l'érudit dont les connaissances en occultisme et en démonisme se faisaient de plus en plus solides. Si elle pouvait représenter une opportunité unique pour lui, il était évident qu'il ne serait actuellement pas en mesure de lui prendre ce qu'il convoite, pas seul tout du moins.
Les collines verdoyantes accueillent maintenant le soleil qui s'en va se blottir en leur sein, enflammant le déclin de l'étoile. Bien vite, le ciel laisse ses chaleureuses nuances orangées et rougeâtres s'adoucir et revêtir un aspect lavande et pâle azur, alors que doucement le voile de la nuit s'avance pour recouvrir l'horizon. La lumière faiblissante assombrissant le bleu de sa robe d'érudit, l'Arànien s'apprête à rejoindre sa chambre pour s'adonner à son rituel crépusculaire.
Après qu'il eut tourné le dos aux champs et aux hautes herbes qui s'étendent au-delà de la clôture, dans les méandres reculés de son être naît un sentiment étrange qui remonte à la surface de sa psyché en tourbillonnant, chatouillant l'attention de ses instincts. Dans l'air flotte un parfum aux fragrances inhabituelles qui s'insinue au-delà de sa conscience éveillée, jusqu'à la source de ses peurs. Quelque chose ici ne va pas... |
| | | BaalumethHabitant(e) connu(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Lun 15 Juil 2024 - 11:31 | | | Profondément endormis, blottis dans un nid de fleurs et de feuilles, dissimulées à la vue des bipèdes. Baalumeth rêva. Chose récente que jamais auparavant la petite démone n’avait expérimenté, le royaume des rêves était un endroit curieux, se rapprochant au plus près du voile séparant ce monde, du sien.
Elle vit dans ses songes, ses frères et sœurs au cœur du Rebis, dansant au pied d’un volcan en éruption. Ils pleuraient sa disparition, tissant la toile du monde chaque nuit en laissant une zone vide, celle de Baalumeth. L’équilibre de leur fratrie mit à mal, ils chantaient sur une note moins joyeuse leurs apaisements pour le père de la colère. En cet instant, elle courait vers eux tous sans avancer d’un pied, ses sabots caprins immobiles, enlisés dans une tourbe noire, poisseuse. Elle tenditvers eux une petite mimine griffue, en vain, car ils demeuraient aussi inaccessibles que d’ordinaire.
Et puis elle s’éveilla, dans le crépuscule du soir, les membres tremblotants, le souffle saccadé. Tournant la tête en tous sens, elle se savait irrémédiablement seule. Elle découvrit une nouvelle émotion, la tristesse. Qu’elles étaient ces gouttes salées dégoulinants de ses joues ? Baalumeth pleurait avant de se lever. Elle erra dans les plaines comme elle le faisait depuis des jours, des semaines… Ou peut-être des mois. Elle ne comprenait pas bien le temps qui s’écoulait dans ce monde triste et remplit de solitude.
Elle se dissimula de justesse à la vue d’un groupe d’hommes, notant qu’ils se faisaient de plus en plus présents à la tombée de la nuit, dans ce coin-là des vastes prairies qu’elle chérissait tant. Peut-être devrait-elle bientôt déménager ? Peut-être en ce monde-ci pourrait se trouver un lieu semblable à sa demeure, au cœur du Rebis ? Quelques fois la satyre se risquait à la frontière des hautes herbes, mais chaque fois elle revenait vers la sécurité de la végétation et l’abondance de nourriture que lui offrait Aràn. Ses pas la menaient cette nuit vers les habitations des hommes. Elle s’en approchait quelques fois, se nourrissant de la vue d’un foyer bien chaud car bien qu’elle ne leur faisait que moyennement confiance, la petite démone les enviaient. Cette espèce vivait rarement seule, entourée d’une famille qui lui avait été arrachée à elle.
Quelques fois elle s’imaginait leur faire vivre le même sort, leur faire payer le tribut de s’être joué d’elle, fille de la Colère. Mais les satyres n’étaient pas comme ça, ils n’aspiraient qu’à partager leurs apaisements, communiquer leurs joies, et leurs passions pour les jeux, la danse et la musique. Alors sa rancœur passait, elle se voyait auprès du feu de cheminée, entourer par ses frères et sœurs, blottis dans des bras chauds qui la chérissaient comme elle chérissait le monde et la vie.
Perdue dans ses pensées volatiles, elle se figea tout d’un coup, car trop absorbée par les lumières dansantes derrière les fenêtres, elle n’avait pas vu l’homme dans le jardin. Depuis combien de temps n’en avait-elle pas vue d’aussi près ? Il se dégageait de ces créatures une force curieuse, sujets d’étude pour la démone qui normalement, n’avait affaire qu’à leurs âmes brisées, détruitent par les feux des enfers.
Accroupis sur ses postérieurs caprins, elle s’abaissa au plus près des herbes hautes, observant le bipède faire demi-tour, elle se releva légèrement pour mieux le voir de ses grands yeux curieux. Sa tignasse brune, emmêlée dissimulait presque ses petites cornes sombres et sa vieille tunique couvrait les parties humaines de son corps. Elle était pourtant prête à détaler à la moindre occasion, car elle était autant fascinée que craintive face aux hommes.
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Sam 27 Juil 2024 - 1:04 | | | Du plus profond des obscurs abîmes intérieurs de l'érudit miroite timidement la lueur d'une conscience qui s'éveille, portant avec elle la certitude que quelque chose de digne d'intérêt cherche à se dérober à ses sens. Pendant que ses pas l'éloignent de la barrière de bois, l'attention de Shae est happée par les chuchotements qui étreignent de plus en plus fermement ses entrailles, et, finalement, submergé par l'impression dérangeante que des yeux indiscrets se sont posés dans son dos, il s'arrête et se retourne pour porter l'azur perçant de son regard sur les hautes herbes, où une sombre silhouette se laisse immédiatement avaler par les champs qui dansent toujours au gré du vent.
Alors que ses yeux et son ouïe se mettent à l’affût, à défaut de retrouver immédiatement l’objet de ses convoitises, l'homme du Nord se sent en revanche intimement scruté de l'intérieur par une présence attentive. Tandis que son iris semble incapable de lui dessiner davantage que ces champs verdoyants qui se fondent de plus en plus dans la noirceur rampante de la nuit, le Nordique se demande si tous ces rituels qu'il accomplit avec tant de rigueur ont véritablement une utilité autre que de simplement et futilement le rassurer comme un enfant à l'heure du coucher afin de lui permettre de trouver le sommeil.
Peut-être, au fond, la folie était-elle simplement en train de se répandre dans son encéphale, dévorant petit à petit son intellect. N'était-il pas purement en proie à une énième crise de démence ?
Il ne serait pas le premier aliéné à entendre des entités d'outre-monde lui murmurer diverses instructions et autres desseins à mettre en œuvre. Depuis son expérience avec Delia et les spores du Bonnet de Fou, la frontière entre le rêve et la réalité, la raison et la folie, lui semblait plus ténue que jamais, comme s'il avait été incapable de s'affranchir complètement de ses délires, et que quelque part le psychotrope continuait à œuvrer en jouant avec ses neurones. Que venait-il vraiment faire dans le Nord ? Si la démence était son lot, alors il ne serait revenu ici que pour accabler sa famille et devenir un poids pour elle. Et si Silar était effectivement terré quelque part à la limite des mondes, prêt à déchirer le voile, alors il n'était qu'un sot égoïste venant mettre ses propres parents en danger.
Les mises en garde de ses sens pourtant altérés concernant l'entité étaient légion, cet être, quoiqu'il fût, avait revêtu l’essence même de la peur et du cauchemar. Autant il semblait magnifique et envoûtant, autant il se présentait comme sombre et brutal. Sans s'en rendre compte, l'érudit aux yeux perdus dans le vague, dans lequel se reflétaient les ultimes lueurs du couchant, venait une nouvelle fois de se faire happer par le courant de ses pensées, qui l'avaient déjà mené bien loin de ces champs tout proches...
Si le rêveur se plut à laisser son esprit vagabonder au loin à un instant aussi peu indiqué, il fut bien vite ramené à son enveloppe charnelle. La nuit poursuivant l'avancée de ses ombres qui engloutissent l'horizon, ces dernières portèrent au cœur du Nordique un effroi qui lui glaça le sang, comme si on venait de lui planter une lame gelée dans le ventre, le coup semblant venir de son propre intérieur. De retour à la réalité, il la vit enfin : une chevelure foncée et enchevêtrée coiffait une tête curieuse, tandis que deux billes flamboyantes l'observaient depuis les herbages.
L'Arànien, ayant grandi dans la région et pratiquant la chasse, était doté d'excellentes connaissances de la faune locale. En présentant les images que dessinaient ses mirettes à son esprit curieux et analytique, rien ne semblait correspondre. D'ordinaire, l'érudit aurait choisi d'éviter toute confrontation avec une créature dont il ne savait rien, mais ici, aussi près de sa famille, il ne pouvait pas simplement s'en aller et se mettre en sécurité en faisant fi du sort des autres. Hélas pour lui, ayant quitté son étude pour se revigorer et se détendre au soleil couchant, il n'était naturellement pas en possession de son épée, et ses options en matière d'armes lui paraissaient bien limitées. S'il y avait menace, il serait contraint de mettre ses compétences en combat à mains nues à l'épreuve.
Tandis que l'océan bleuté de son iris rencontrait les flammes rougeoyantes de celui de l'être accroupi dans les hautes herbes, le Nordique en vint à la conclusion qu'il serait utile de définir s'il avait ou non affaire à quelque chose doué de conscience. Hors de question, cela dit, de trop s'approcher. À l'affût d'éventuels mouvements de fuite ou d'attaque, le Nordique avança quelques pas en direction de la clôture qui le séparait des vastes étendues herbeuses, mêlant le ton doux et calme d'une voix amicale et bienveillante au son léger de ses bottes qui déposaient avec fluidité leurs empreintes au sol.
- Bonsoir petite chose, n'aie pas peur...
Les mots de l'érudit prononcés en dùralassien, bien que quelque peu infantilisants, traduisaient surtout sa propre volonté d'y voir une créature frêle et elle-même apeurée plutôt qu'un dangereux prédateur ou un être malfaisant rôdant aux alentours. En s'approchant de la barrière de bois, Shae découvrit un poteau destiné à une éventuelle réparation de la clôture qui gisait là. Cela ne vaudrait pas une bonne lame, mais en dernier recours, ce solide morceau de bois pourrait toujours faire office d'arme de fortune. Évitant pour l'instant de paraître menaçant, l'érudit affichait un large sourire, la tête penchée sur le côté, attendant une quelconque réaction. |
| | | BaalumethHabitant(e) connu(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Mer 7 Aoû 2024 - 10:57 | | | Il se figea et elle se figea, il se retourna et elle ne broncha pas. Son petit cœur battait fort dans sa poitrine tandis que la peur faisait la guerre à la curiosité dans son esprit satyrique. Quelque chose attirait irrémédiablement Baalumeth.
Une étincelle de lumière, les pétales colorés d’une fleur d’été, le rougeoiement d’un feu brûlant dans l’âtre d’une cheminée. Tout cela était des choses qu’elle avait découvert et qu’elle aimait. Mais ça… Elle ne le connaissait pas… Et pourtant, elle ne put détacher ses mirettes volcaniques de l’homme qui finit par la trouver. Par transpercer son âme extraterrestre de ses prunelles azures d’homme.
Immobile, incapable de bouger une griffe, elle ne put détaler, bien trop absorbée par le prédateur qui lui faisait face. Quelle bête avait le plus de crainte envers l’autre ? Il s’approcha de la barrière qui les séparait, symbolique amusante lorsque l’on savait les deux mondes qui étaient respectivement les leurs. Ses mots se voulaient doux mais pas dénués de méfiance. Non, il ne savait pas sur quoi il était tombé. Elle non plus à dire vrai. Mais alors qu’elle se souvenait de sa rencontre avec son frère incube, la satyre se rappela les Daemonos Arcana. Cette magie naît dans les plus sombre profondeur du Rebis et dont elle avait été initié il y a bien longtemps. Si longtemps que sa mémoire défaillante avait eu bien du mal à ce la rappeler. Elle marmonna quelques mots provenant d’un langage lointains, un balbutiement pour les mortels dont les oreilles n’étaient pas accoutumées à entendre pareilles sonorités. Des flammes rougeoyantes apparurent tout autour de la petite démone, elles vinrent lécher sa peau, sa fourrure, ses cornes, elles mangèrent son corps caprin, ses sabots, ses griffes.
Elle s'était servi d’une âme digérée la veille pour se faire plus humaine, expérimentant ainsi les arcanes complexes de la métamorphose. Elle se dit que si elle leur ressemblait, elle se fondrait plus facilement auprès d’eux. Peut-être aurait-il moins peur. Peut-être serait-il moins influencé par son aura. Elle ne savait pas comment ça fonctionnait, mais elle le fit quand même.
C’est donc munit d’orteils pour la première fois depuis sa courte existence vécut dans une enveloppe charnelle qu’elle se leva avec maladresse. Elle les observa un instant s’enfoncer dans la terre qu’elle sentait d’une façon toute nouvelle sous ses pieds nus, riant en les faisant bouger. Elle en oublia un instant la présence qui la terrifiait plus tôt, d’une naïveté enfantine dont elle se rendit compte bien vite, elle sursauta avant de perdre l’équilibre. Baalumeth avait décidé de cacher ses jambes caprines aux yeux de l’homme, ses griffes et ses quenottes pointus, mais ses cornes pointaient toujours au sommet de son crâne où bataillait sa chevelure sombre contre toute sorte de végétaux emmêlée dans ses mèches. Elle se reprit, et ses pupilles félines le fixaient désormais plus curieuse encore, pas moins craintive pour autant, elle se risqua pourtant à faire un pas timide en sa direction, mettant un pied tremblant devant l’autre.
Sa vieille tunique la recouvrait jusqu’au genou, seul habit qu’elle arborait depuis des lustres. À présent vulnérable sous une forme qui n’était pas la sienne, la satyre se demandait à quel genre de danger elle s’exposait. Parce que cet homme n’était pas qu’un homme et qu’elle ne savait pas ce que c’était. Parce qu’il semblait aussi curieux qu’elle mais tout également méfiant autant qu’elle l’était. Comme il était fatigant de jouer avec les formes de ses pieds, d’utiliser les arcanes dans ce monde qui ne les acceptaient que difficilement. La magie présente y résistait comme si dès qu’elle sentait la petite démone user de pouvoir, elle tentait de l’étouffer. Mais celle-ci ne s'y attarda pas, elle gloussa joyeusement comme il était inscrit dans sa nature. Entre envie de fuir et envie de rester, elle se posait beaucoup de questions, intriguée, curieuse.
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Lun 12 Aoû 2024 - 9:33 | | | L'intellect de l'érudit fouette la surface de l’intrigante silhouette de myriades de pensées inquisitrices à défaut de parvenir à pénétrer ses secrets. L'inconnu et ce qui se dérobe à sa compréhension immédiate, ce qui reste recouvert d'un voile de mystère, voilà qui n'est pas de nature à le mettre à l'aise. La nuit et son opacité grandissante, qui ne se présentent guère comme des alliés de l'humain, s'évertuent qui plus est à peu à peu éprouver sa vision scotopique.
Bien conscient de ses limites actuelles, Shae se hâta de partir en quête d'un schéma d'actions à sa portée, qu'il ajusterait en fonction du déroulement des événements. Se sentant bien démuni sans sa lame, l'homme du Nord se demanda si le moment n'était pas opportun pour s’égosiller dans de bruyants et désespérés appels à l’aide. S’il s’agissait d’un animal sauvage, ses vociférations le mettraient probablement en fuite, et dans le cas contraire, cela lui permettrait au moins d'alerter les siens du danger. Une réaction primaire de primate, ni plus ni moins.
Pourtant, ici, le Nordique désireux de défendre ce qu'il considère comme son chez-lui n'est pas seul à décider, et les futiles gesticulations de son esprit qui se débat dans une mélasse d'excitation et d'inquiétude, au risque de perdre ses actes dans quelque chose de stupide, titillent gentiment ses ténèbres qui s'extirpent davantage de leur léthargie. Que la fragilité et les états d'âme de cet humain ont le don de l'ennuyer ! Pourquoi faut-il toujours que ces émotions viennent ainsi chahuter de manière aussi agaçante au milieu de son univers de logique ? Et face à quoi ? Une pauvre créature encore plus tourmentée et perdue que lui, qui baguenaude en tendant sa laisse, comme si elle n'attendait qu'un nouveau maître ne daigne la retenir captive. Qu'il aimerait être à sa place, enfin libéré de ses entraves, parcourant le monde à sa guise, mais son tour viendra, c'est inéluctable, et si pour ça il doit déchirer la carcasse de cette faune pour en extirper la vie organe après organe, alors il le fera.
Des mots impies issus d'un autre plan d'existence se posent alors sur les stridulations des grillons, faisant vibrer la trame de la réalité de manière imperceptible. De l’essence corrompue d'une âme sacrifiée naquit l'incandescence qui dévora la créature pour recracher ses courbes métamorphosées un souffle se perdant dans le néant plus tard.
Le chuchotement de chacune des syllabes blasphématoires fit saigner le cœur de l'Arànien, les effluves des Arcanes Démoniaques s'insinuant jusqu'à son âme, qui en vomit. Si les traits de son visage arborèrent brièvement toute la splendeur du dégoût qui s'empara de ses entrailles à cet instant, l'instinct du Nordique se fit désireux de bien vite lui redonner une posture amicale. Rapidement, seuls quelques vestiges d'une grimace subtile résidaient au cœur de l'expression chaleureuse qu'il présentait à la satyre, trop accaparée à contempler l'œuvre de son sortilège pour s'attarder sur les fugaces réactions de l'humain.
Dans les obscurs abîmes intérieurs du Nordique, pourtant, on se délectait de ces sonorités venues d'ailleurs et on fantasmait sur ces lueurs flamboyantes qui se présentaient à l'horizon, comme l’aube qui défait enfin la noirceur d’une nuit qu’on imaginait pour un temps éternelle. Que ce soit pour Shae ou Silar, la déduction reste la même : la créature, qui évalue encore maladroitement les possibilités offertes par la poupée de chair et d'os qu'est son corps, est un démon, avec tout ce que cela implique, des périls pour l’un, des opportunités pour l’autre... C'est ainsi que l'ancien gamin du Nord, qui fit jadis ses armes dans la grande Stellaraë, se para de son plus joli masque et entama ce qui se devra d'être l’une de ses plus superbes représentations.
L'enfant du Rebis, semblant s'amuser innocemment, devait encore être en période d'apprentissage, ce qui témoignait de la toute jeunesse de son existence dùralassienne. L'érudit ne s'en laissa néanmoins pas abuser, les démons sont des êtres qui ne sont pas soumis aux mêmes lois que les mortels, et si celle-ci paraît encore peu habile et juvénile, il ne s'agit ici que d'une déformation de ce qu'elle est vraiment, devant lui se tenait quelque chose de bien plus ancien que lui.
L’œuvre des Arcanes Démoniaques n'en restait pas moins des plus crédibles, la lumière faiblissante et la distance aidant, leur habile utilisatrice se révélait maintenant particulièrement humaine d'apparence. À mesure que la jeune femme cornue se rapprochait tant bien que mal de lui, allongeant ses pas hésitants à l'instar d'un enfant qui prend pleinement possession de sa bipédie, la volonté de fer et la résignation de Shae lui ramenèrent la confiance nécessaire pour affronter ce qui allait suivre.
L'océan céruléen de ses mirettes accueillant avec le plus grand intérêt le brasier brûlant de curiosité des pupilles intriguées de la démone, l'érudit lui offrit son plus beau sourire. Cette créature était une véritable merveille, l'humain sentit la magie qui émanait délicatement d'elle caresser ses sens aiguisés avec légèreté, sublimant un charme naturel déjà des plus envoûtants. Précautionneuse et bien décidée à ne pas laisser sa chance glisser entre les mains empotées de son pantin, une autre entité plongea alors profondément dans les abysses tortueux de l'inconscient. Ainsi noyée à mille lieues sous la surface et se dérobant à toute vigilance, elle attend maintenant le moment opportun pour surgir et broyer sa victime si nécessaire.
Que ce soit les enfants ou les animaux dotés d'une once de sensibilité, de nombreux êtres sont réceptifs aux mots et à leur ton. Ceux de Shae s'envolèrent donc avec élégance et cordialité jusqu'à l'ouïe de l'attrayante faune.
- Tu es une démone, n'est-ce pas ? Ne t'en fais pas, je ne suis pas vraiment de nature à m'offusquer pour si peu, les miens ont une fâcheuse tendance à se montrer bien plus odieux que la plupart des tiens. Qu'est-ce qui t'amène par ici ?
Dernière édition par Shae Elendris le Jeu 15 Aoû 2024 - 10:54, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Mer 14 Aoû 2024 - 13:06 | | | Les secondes qui s’écoulaient étaient autant d’éternités permettant à la petite démone de s’adapter à sa nouvelle apparence. Elle appréciait le vent d’été qui passait sur ses jambes nues et la mobilité de ses petits orteils amusants. Plus stable, déjà sur ses appuis, elle put sans mal lever sa bouille curieuse vers l’homme à la voix de velours. Au-delà de l’apparence humainement calme qu’il affichait, la fille de la Colère frissonnait de ce qui trépignait, se déployait, se rétractait, au plus profond de son âme. Si elle y prêta attention un petit instant, elle s’en détourna finalement, happée par ces prunelles azurées qui la fixait. Était-ce là un stratagème malin pour amadouer la satyre ? Cette chose-ci, chassait-elle les démons ? Baalumeth entra pourtant dans le piège, de la naïveté naturelle dont elle savait faire preuve et du peu de connaissance qu’elle avait de ce monde. Car au cœur des volcans où elle était née, ses pairs ne savaient pas mentir. Elle comprenait tout, ou presque du langage commun des hommes, mais il était bien difficile pour elle d’articuler les mots complexes dont ils usaient. Déjà devrait-elle commencer par savoir pourquoi ses pieds caprins l’avaient conduit jusqu’ici, à cet instant précis. Détachée des sphères cosmiques et du fil de la destinée, la démone errait sans réel but, enfin si, celui de retrouver les siens.
Cependant, il semblait évident que nul autre faune ou satyre ne se cachaient entre les murs constituant le nid d’humains, au-delà du jardin baigné dans la pénombre et des brillances argentées déposées par la mère Lune. Alors peut-être était-ce son ventre criant famine et les douces odeurs de feu de cheminée qui l’avait poussé à se rapprocher de cela même qui la terrifiaient, tel le miel attirerait une abeille. Peut-être voulait-elle également se frotter à d’autres créatures pensantes, elle voulait apprendre des prédateurs qui gouvernent ce monde, et ce n’était ni les loups, ni les bisons qui semblaient maîtriser les terres dùralassiennes. Mais bien les hommes, leurs armes, et leurs esprits savants.
Elle était curieuse et bien seule, et tuer l’ennui commençait à être au cœur de ses priorités. Alors elle le fixa avec intensité, alignant quelques syllabes maladroite dans son esprit, ouvrant la bouche pour articuler mais ne réussit qu’à produire quelques couinements décevants. Alors perplexe, elle détourna le regard, détaillant la clôture qui la dépassait facilement de plusieurs têtes, puis la porte entrouverte à l’autre bout du jardin d’où s’échappaient les lueurs chaleureuses de bougies et de candélabres anciens. Elle voulait entrer et connaître la texture du parquet sous la plante fragile de ses pieds. Elle voulait se lover dans des couvertures chaudes et manger de ce ragoût qui cuisait lentement dans une marmite. Elle voulait connaître la sensation de l’eau brûlante d’un bain chaud sur sa peau neuve. Autant de sensations humaines qu’elle voulait expérimenter et qu’elle avait fugacement connut par le passé.
Car alors que des chaînes rouillées pendaient à son cou caprin autrefois, on lui avait fait miroiter bien des choses. Douces illusions. Promesses brisées. Elle avait toujours vu ce monde par l’encadrement d’une fenêtre, sans que ses geôliers ne lui permettent pas d’entrer. Mais tandis que la jeune démone se rappelait un temps aussi gonfler d’amour que de terreur, elle se dit que finalement, entrer pourrait bien être une mauvaise idée.
Si les portes se refermaient de nouveau sur elle et que de nouvelles chaînes la saisissait ? Bien sûr, peut-être moins rouillées que les précédentes, certainement forgés dans un acier plus doux. Car elle le sentait dans l’âme de cet humain. Il se dégageait de lui une certaine douceur auprès de laquelle elle se permit de rêver de se blottir. Si d’aventure elle en oubliait cet Autre, qui semblait saliver dans les Ombres.
Suivant le cheminement terrible de ses pensées, ses peurs ressurgirent. Les bras ballants le long de corps fin, le brasier de ses yeux pétillants de curiosité s’éteignit peu à peu. Et elle se sentit paralysée, oscillante entre l’idée de prendre la fuite, ou de rester planter là dans l’espoir fugace que le sol ne se dérobe sous ses pieds, pour enfin la ramener dans la fabuleuse chaleur des brasiers infernaux du Rebis. Dans sa Maison.
Elle se tourna vers la nuit noire et peu accueillante, mais ne se sentit pas la force de mettre un pied devant l’autre. Était-ce cela, être humaine ? Depuis peu, elle expérimentait leurs corps et leurs esprits, autant de troubles désagréables pour une créature qui n’avait d’essence que ce qu’une âme pouvait lui donner. Des tourments elle se délectait autrefois, mais il semblait que les ressentir totalement n’était pas aussi agréable que de simplement les digérer. D’un côté une lumière douce, chaleureuse mais peut être vile et piégeuse, d’un autre, l’obscurité et le froid qui lui offrait cette liberté solitaire qu’elle détestait, et appréciait en même temps. Partagée entre la peur et l'envie, la pauvre créature se sentait bien indécise, sous les étoiles de Kastalinn.
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Dim 25 Aoû 2024 - 13:59 | | | La lune se hissant peu à peu sur la trame céleste dont les diamants incandescents s'illuminent au rythme où les ultimes lueurs de l'astre diurne s'abandonnent à la nuit, elle projette ses éclats argentés au-delà de l'iris azuré du Nordique, baignant la surface de sa psyché de sa lueur mystique. Au plus profond de l'âme, les traits de lumière blafards pénètrent l'esprit et éclairent Silar dont les ténèbres se laissent toucher par eux. Si certains se plaisent à dorer leur épiderme au soleil, profitant de quelques légères brises rafraîchissantes, l'entité, elle, s'abandonne à cette brillance dont elle ne perçoit que les diffus reflets, son essence effleurée par le souffle léger des pensées qui dansent dans l'intellect de Shae Elendris.
Aux mots de l'érudit, la fille ornée de deux cornes ne répondit que par quelques sons confus et inaudibles avant de reporter son attention sur l'entrée de la demeure de ses parents. Ainsi, les yeux curieux de la démone, qui s'enflammaient d'envie au gré des songes qui l'habitaient, se perdirent un moment au loin. Shae en profita pour observer brièvement davantage l'étrange créature, la magie qui émana d'elle lors de sa métamorphose paraissait désormais stable et imperceptible, n'étant plus qu'une infime exhalation qu'il distinguait à peine. À cet instant, elle était probablement, à plus d'un titre, plus humaine que lui.
Devant les hésitations de la faune, dont l'intérêt abandonna le monde des hommes pour se réfugier un instant dans la pénombre familière et rassurante, qui se ferait une couverture qui l'envelopperait très vite si, d'aventure, elle cherchait à se dérober au Nordique, ce dernier déploya ses mains au-dessus de sa tête et les joignit pour ôter son collier doré qu'il offrit aux yeux de l'enfant du Rebis.
Le pendentif que présente le bijou est sanctifié et dévoile des motifs ésotériques complexes. Vraisemblablement onéreuse, la babiole vouée à chasser esprits et démons se voit projetée dans l'air du soir pour partir s'abîmer à une dizaine de mètres de là. Débarrassé de ce repoussoir, l'humain tend une main amicale vers la jeune femme.
- C'est cela qui t'effrayait ?
Shae savait pertinemment que non.
- Le langage des hommes t'est-il ardu ? Disposes-tu d'autres moyens pour t'exprimer ?
L'érudit ne s'étant pas adonné à son rituel crépusculaire, Silar sent ses chaînes subitement choir aux tréfonds de l'abîme, et, s'éveillant comme une Belle de nuit qui ne fleuri qu'en fin de journée pour rester ouverte sous les cieux nocturnes, il laisse sa conscience s'épanouir. L'entité, dont la radiance suscite l'effroi et se fait souvent mordante, mue son aspect en quelque chose de sublime, la noirceur glaciale se colorant de teintes chatoyantes, la chose qui rôde dans l'obscurité devenant l'enfant innocent qui emplit le monde de ses rires joyeux, et la lune se métamorphosant en une étoile magnifique.
Les instincts de Shae et de Baalumeth, qui jusque-là leur murmuraient maintes mises en garde, se turent et laissèrent place à une douce mélopée, un chant des sirènes qui, si bien connu de l'érudit qui l'entend depuis l'enfance, subjugua lentement la méfiance de la jeune démone. Son monde intérieur scintillant maintenant de mille feux, comme pour attirer le papillon au sein de son brasier, l'homme du Nord, par intuition, prit une posture plus vulnérable afin de rassurer la faune hésitante. Tandis qu'ils sont désormais suffisamment proches pour laisser leurs mains se toucher, le Nordique plonge une nouvelle fois dans les flammes ardentes qui brûlent de l'autre côté des fascinantes pupilles de la démone, lui offrant le profond azur des siennes dans lequel s’immerger. |
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Mar 27 Aoû 2024 - 15:29 | | | D’un pas hésitant, elle reculait encore sous les étoiles de Kastalinn, se rapprochant de l’obscurité rassurante de la plaine. Pour autant, elle ne réussit pas à quitter le ciel azuré qui dansait dans ses yeux. Voici deux créatures qui tentaient de s’apprivoiser mutuellement, jaugeant les dangers l’un de l’autre que l’autre pourrait lui apporter. Elle l’observa longuement, le fixant d’une insistante curiosité. D’un geste léger, il retira cette chose de métal qui pendait à son cou, une chaîne ? Pourquoi s’entraver ainsi de sa propre volonté ? La démone vit la jolie babiole briller un instant avant que dans les hautes herbes, elle ne parte s’éteindre. Elle ne pensait pas être effrayée par un tel objet, mais elle fut pourtant curieuse de le voir s’en débarrasser. Aussi se rapprocha-t-elle en souriant, lâchant peut-être un petit rire cristallin en captant de nouveau son regard.
Il ne bougeait plus, certainement dans l’espoir fugace qu’elle accepte sa main. Et puis quelque chose se déploya dans les tréfonds de son âme bien mystérieuse pour elle. Dévorant le monde de la satyre qui se sentit aspiré, fondre tout entière dans cet abîme mélodieux. Cette force l’attira, l’enveloppant d’une douce chaleur qu’elle pensait avoir perdue, et retrouvée à l’instant. Planant dans la torpeur d’une transe hypnotique, elle mit sa main dans la sienne. Et déploya sa conscience brûlante de flammes mordorées.
Elle sait parler à l'esprit des hommes qui savent écouter. Elle ne sait pas ce que c'est. Est-ce dangereux ? Est-ce merveilleux ? Elle a peur, mais ne veut pas fuir.
Elle sentait les Ombres l'englober peu à peu d'un millier de brillances sombres, elle s'approcha pourtant un peu plus près du visage amical qu'elle avait sous les yeux. Étendant sa petite main encore libre vers la joue de l’humain. Elle voulait le suivre, n'importe où, où il irait. Alors que les griffes d’un piège dont elle ne connaissait pas encore les effets semblaient se refermer sur elle. Elle s’abandonna au chant des sirènes, fermant les yeux, se perdant dans les songes fabuleux d’une entité étrange, impalpable. Elle soupira de plaisir et d’envie au moment d’où son esprit, s’envolèrent toutes formes de crainte.
Baalumeth sentit la toile de la destinée se perdre dans les plus profonds volcans du Rebis. De fils d’or et d’argents, se consume le monde qui se détruit, dévoré par une gueule pleine de crocs.
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Lun 2 Sep 2024 - 22:27 | | | Gardant le fait de se tenir face à une démone dans un recoin de son esprit calculateur, l'érudit ne put néanmoins qu'être fasciné par l'innocence et la vulnérabilité qui se dégageaient d'elle. La satyre se présentait à lui de manière plus amicale et généreuse que bien des hommes qu'il côtoyait. Certes, les faunes ne sont pas réputés pour être les plus voraces des abominations affamées de chair humaine, mais les pensées scrutatrices qu'il envoyait de l'autre côté de ses intrigantes mirettes embrasées aux allures félines, afin d'y sonder son âme, lui revenaient rassurées et apaisées.
La main de l'enfant du Rebis, ayant pris une élégante et familière apparence, vint finalement se déposer dans celle du Nordique, sa chaleur y fluant au rythme des battements de son cœur. Puis vinrent ces idées formulées dans l'esprit de la faune, mélange d'émotions et de mots qui n'osèrent recouvrir de leur ton le son souffle léger du vent qui caressait sa chevelure en bataille.
De la télépathie ? Voilà une discipline que l'homme du Nord apprécie sans pourtant pouvoir se targuer de la maîtriser. C'est la seconde fois qu'une engeance démoniaque se plaît ainsi à tenter de converser avec lui par ce biais, mais dans le cas de cette satyre, l'intention semble différente. Si Redaka, l'attrayant, l'éblouissant Djöllfulin rencontré il y a quelques mois dans une auberge toute proche, manie le verbe avec une indécente expertise, sa congénère paraît, quant à elle, bien peu à l'aise avec le langage des hommes, l'échange de mots par cette méthode se faisant davantage par nécessité que par une volonté de s'amuser de ses dons.
S'attardant dans le cœur enflammé des mirettes rougeoyantes, l'érudit distingue une fascination qui lui est familière dans le reflet des lueurs qui y dansent. Silar dispose de facultés aussi effrayantes que captivantes, sa capacité à s’insinuer dans l'esprit des êtres conscients est incroyable, alors qu'actuellement, il est encore bridé autant par sa condition que par les divers rituels et artifices de protection mis en œuvre par le Nordique.
Mais dans le cas de cette démone, ce n'est pas que Silar, elle s'offre à sa bienveillance, crocs et griffes rétractés par sa volonté propre avant tout, l'entité n'étant que le musicien qui prodigue les notes ravissantes qui subliment l'instant de cette rencontre hors du temps. Sans cette sérénade qui charme leurs sens et leurs instincts, l'un ou l'autre se serait vraisemblablement enfui pour retrouver la sécurité de son monde. Mais au-delà des desseins planifiés de longue date, l'homme du Nord le ressent au plus profond de lui : les liens qui se tissent ici, sous la majestueuse trame nocturne et sa pléthore d'astres magnifiques, sont composés des fils mystiques du destin, de ceux qui lient les êtres contre vents et marées.
Shae pose ses pensées sur le pendentif qu'il vient d'envoyer voler au loin tout en continuant à contempler l'intrigante faune. Peut-être n'était-ce que l'expression de sa folie latente qui étendait son emprise tentaculaire sur ses neurones, mais pour la première fois depuis des mois, le chemin sur lequel ses pas devaient le mener semblait illuminé par de réconfortantes certitudes. Cette créature d'un autre monde, par ces pas qu'elle fit en sa direction, de sa paume entrée en contact avec la sienne, lui montrait l'exemple à suivre. Plutôt que de se laisser dominer par ses peurs, elle les affronte, au lieu de rester tapie dans l'ombre à observer le monde qui poursuit son inéluctable marche sans elle, elle choisit de se glisser dans l'engrenage sans se laisser arrêter par l'idée de s'y faire broyer. Non, elle décide de rejoindre ce grand tout et d'entrer en collision avec ce qu'elle désire autant qu'elle craint. Il était temps pour Shae d'accepter sa propre destinée et de l'affronter la tête haute, sans plus guère chercher à s'y dérober. Les rituels, les tatouages, les cercles de protection n'ont jamais arrêté Silar, ce pendentif qui gît par là n'est que le symbole de ces innombrables et futiles tentatives de se mettre en travers de la route d'une force inéluctable de l'Immatériel, alors qu'il n'est qu'un simple humain.
Et même en cet instant, sans Silar, la démone qui se tient devant lui pourrait l'éventrer à sa guise, aussi charmante et vulnérable son doux minois puisse-t-il la faire paraître. Est-ce dangereux ? Est-ce merveilleux ? Et toi ? L'es-tu ? Se demanda le Nordique. Alors qu'un monstre cherchait à s'extirper de ses entrailles et qu'un autre menaçait de s'y frayer un chemin, il choisit de prendre le risque d'en devenir un lui aussi. Fini les prières et les gris-gris, au revoir son cher pendentif, mais surtout adieu à cette peur qui l'étouffe ! Si ses pensées nourrissent une froide logique, si son intellect est une machine bien rodée et si ses mots sont aussi élégants que réfléchis, ce qu'il choisit de renvoyer à l'interlocutrice de ses songes allait être d'une autre nature.
Des réminiscences des précieux instants recouverts par la poussière abandonnée là par le temps après maints tumultes de son existence, l'érudit exhume un sentiment de tendresse généreuse qu'il présente sous la forme d'une aube radieuse et chaleureuse qui se fait le parchemin sur lequel il pose ses mots sur le silence qui flotte autour d'eux.
- Tu n'as rien à craindre de lui.
Ruisselant doucement dans un clapotis hypnotisant, les émotions bienveillantes de l'érudit touchent et effleurent le cœur de l'enfant du Rebis.
- Il est celui qui m'arrachera mon dernier souffle.
Ses mots, se mélangeant à des pensées aux couleurs chaudes et lumineuses, parviennent jusqu'aux sens de la faune. Shae passe alors sa main à travers la clôture et la balade dans les cheveux emmêlés de la satyre avant de lui adresser un large sourire.
- Il n'est dangereux que pour ceux qui comptent le faire avant lui.
Cette étonnante créature doit rôder dans les plaines d'Aràn depuis un moment à en juger par son aspect. N'avait-elle même jamais pris de bain ? La curiosité du Nordique lui suggéra de franchir la barrière pour approcher son nez de la peau de la faune afin d'en avoir le cœur net, mais il s'abstint de céder aux appels de telles sottises. Il n’en restait pas moins qu’à en juger par son apparence, la pauvre démone aurait bien besoin d’une bonne bassine d’eau chaude, de nouveaux vêtements, ainsi que d’une longue séance en compagnie d’une robuste brosse à cheveux.
- Qu'es-tu donc venu chercher par ici ?
Dans l'azur de l'iris de l'homme du Nord resplendit une enchanteresse et cordiale expression de gentillesse. |
| | | BaalumethHabitant(e) connu(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Lun 9 Sep 2024 - 12:52 | | | Le firmament s’étendait au-dessus de leur tête et les étoiles seules furent témoins de ce qui se déroulait à cet instant précis. Alors que l’enfant du Rebis se nourrissait affectueusement de ce que l’homme pouvait lui donner, les démons trouvant leurs essences qu’auprès du cœur pur des humains. Elle se laissa bercer par ses émotions sans pour autant les dévorer, comme elle l’aurait eu fait en temps normal. Ainsi se laissa-t-elle repaître de ce que lui offrait celui auquel il appartenait déjà, comme du partage enfantin d’un goûter savoureux.
Bien qu’elle ignorait ce qu’il était, elle décida de lui vouer le respect dont ses pairs faisaient preuve envers les autres démons qu’ils croisaient. Les satyres étant des créatures passives inscrivant avec amour les notes de la destinée sur la partition de la vie et de l’univers, ils ne s’interposaient que rarement contre les autres entités qui régissaient ce monde. Baalumeth préférait profiter chaleureusement de cet instant qu’elle ne voulait surtout pas gâcher, car elle était persuadée d’avoir enfin trouvé ce qu’elle était venue chercher.
Toutes les nuits, la petite démone s’approchait des habitations des hommes, car elle voulait se fondre auprès d’eux, elle ne voulait pas disparaître dans la terre ou dans les cieux. Elle voulait vivre pour retrouver les siens. Pour ça elle devait combattre ses peurs et jouer de sa nature fabuleuse afin de prospérer.
Leurs esprits entremêlés dans l’intime jeu de la télépathie, elle était apaisée par ses chaleureuses lumières qu’il lui envoyait. Elle ne sentit qu’à peine le contact de sa paume dans ses cheveux, renforçant que plus encore cette connexion mystique qui les liaient. Baalumeth savait les dangers de se livrer trop profondément dans cette magie, peu de démon en usait comme elle le faisait. Comme simple moyen de communication. Aussi prit elle soin de rassembler les pensées éparpillées de l’homme qui l’entourait de bienveillance, avant qu’elles ne se perdent tout à fait dans les limbes vives du fleuve d’Ether. Elle restructura lentement sa psyché, la recousant de fil dorée par endroit afin qu’il redevienne lui-même tout entier. La rattrapant chaque fois qu’elle tendait à se perdre encore.
Alors elle ne ressentit plus aucune peur, plus aucune crainte, en phase avec ceux qu’elle venait de rencontrer. Son cœur enveloppé d’une béatitude bienveillante.
Elle cherche un homme…
Un homme comme…
…Toi…
Elle articula le dernier mot, faisant entendre pour la première fois le son doux de sa voix. Et elle ria, heureuse de s’approcher un peu plus de son but. D’une main, elle ne lâcha pas la sienne, de l’autre, elle agrippa un barreau, fronçant les sourcils face à cet obstacle. Elle grogna avant de fermer les yeux, concentrant son énergie. Une vive lumière mordorée dévora sa peau, éclatante dans la noirceur de la nuit. Et puis elle fit un pas, deux pas, sans que la barrière ne l’empêche de passer, son corps se fit translucide un instant, jusqu’au moment où sans dégâts, elle passa de l’autre côté de la barrière, juste devant celui à qui elle souriait toujours. Et puis la lumière s’estompa jusqu’à totalement disparaître, ne laissant luire dans l’obscurité que ses prunelles flamboyantes.
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Dim 15 Sep 2024 - 8:38 | | | Les mots de l'enfant du Rebis se décomposèrent dans l'esprit de Shae Elendris pour retomber en une douce ondée étincelante sous les rayons argentés de l'astre lunaire. Jadis, le cœur du Nordique brûlait d'une chaude flamme autour de laquelle dansaient ses espoirs. Joyeux, ils lui contaient avec enthousiasme les merveilles de ces rêves dont le tissu onirique se mêlerait à la réalité avec suffisamment d'efforts et de conviction, une époque où les plaines fertiles de son âme étaient encore baignées de lumière et où l'ombre du désespoir n'était qu'un spectre furtif qui se terrait bien loin sous la surface de ce monde idyllique.
Aujourd'hui, l'univers intérieur de l'érudit a subi de grands bouleversements. Certes, un brasier brûle toujours au cœur de ses entrailles, mais il n'est plus qu'un pâle vestige des fougueux flamboiements du passé, et au sein d'un crépuscule dont les splendides chatoiements sont obscurcis par les cendres de ses désirs et aspirations consumés dans l'amertume de ses échecs, se dressent à chaque nouvelle nuit davantage d'ombres venues engloutir l'horizon.
Combien de fois s'était-il ainsi retrouvé à être cet idéal que l'on prétend rechercher ? Bien trop pour que cela puisse encore réellement le toucher désormais, son indifférence se présentant comme une brume opaque et étouffante, gardant son intérêt famélique et mourant. Encore récemment, depuis son retour dans les plaines d'Aràn, on avait tant courtisé cet enfant du pays destiné à hériter des affaires familiales qui s'était constitué un si alléchant patrimoine à Stellaraë. On fermait si volontiers les yeux sur l'échec de son mariage, qui, au fond, arrangeait les affaires de bien des familles dont les filles étaient encore mariables. S'il fut un temps où le gamin du Nord se serait extasié d'être le centre de tant d'attention, aujourd'hui, il s'en moquait éperdument.
Toutefois, et à l'encontre de cette logique que l'érudit affectionne tant, la valeur que cette démone semble lui accorder à cet instant miroitait en lui comme les chaleureux rayons d'un bienfaisant soleil estival, revigorant son être en proie à cette morne léthargie, piquant de ses traits ardents sa curiosité qui aurait apprécié de simplement pouvoir s'insinuer d'elle-même dans les méandres de la psyché de cette satyre pour en examiner les moindres recoins. Était-ce un moyen de s'approcher insidieusement de sa proie avant de tenter une attaque ? Silar paraissait bien silencieux tout à coup, comme s'il venait de replonger profondément sous la surface de la conscience, et si Shae désirait se convaincre que l'entité interviendrait assurément en cas de danger, ses sens, eux, restaient en alerte malgré tout.
La jeune fille laissa un rire courir après le premier mot qu'elle déposa, heureuse, sur la quiétude de ce début de nuit, puis, usant une nouvelle fois de ses dons, dans une sublime brillance qui se para de bronze et d'ambre, la faune se glissa entre les voiles pour faire fi de cette barrière qui les séparait encore, afin de se matérialiser à ses côtés. Décidément, cette démone appréciait de faire démonstration de ses talents, quitte à se soustraire aux plus élémentaires règles de discrétion.
Shae éleva ses pupilles vers les cieux, où le satellite argenté se hissait au cœur de la somptueuse robe ténébreuse incrustée de ses myriades d'étoiles, savourant le vent qui effleurait amicalement son épiderme. Il laissa alors sa gorge à la merci des griffes de la faune, s'abandonnant encore davantage à la volonté du destin. C'était donc ça, le terrible homme-bouc qui rôdait dans les plaines, n'est-ce pas ? Qu'allait-il bien pouvoir faire de cette étrange créature ?
La lune meut lentement sa pâleur dans l'iris azuré du Nordique à mesure où le temps s'écoule au ralenti, calant son rythme sur celui des pensées de l'enfant du Rebis et de l'érudit désenchanté qui se tient à ses côtés. Bientôt, la réalité viendra les happer en ces tourbillonnements d'incertitudes, et, sous peu, les astres, nébuleuses et mondes qui composent leurs univers intérieurs entreront en collision pour les forcer à recomposer un ensemble commun. Alors, de quoi sera-t-il fait ? Shae et la démone parviendront-ils à créer autre chose qu'un triste amas en proie aux flammes et au chagrin ? Si la faune s'amuse de la situation et laisse son allégresse s’extérioriser à sa guise, paraissant évoluer au sein d'une terre chaude et colorée, l'homme du Nord, lui, peine à s'extirper de son horizon glacial et obscurci par les brumes de ses doutes. La main nordique resserre doucement son emprise sur celle de la satyre, comme pour s’imprégner de sa chaleur, retournant ensuite enfouir le froid de ses mirettes bleutées dans la fournaise des siennes, en quête de sa joie de vivre et de son enthousiasme.
Les feux grandioses qui crépitent dans le cœur de la faune sauront-ils se faire suffisamment généreux pour réchauffer l'âme de l'enfant du Nord qui s'est perdue, frigorifiée, dans un hiver sombre et permanent, ou seront-ils engloutis eux aussi par le blizzard qui y tempête ?
- Tu devrais t'abstenir d'utiliser tes dons lorsque cela n'est pas nécessaire, merveille du Rebis. La nuit s'avance, et si ce n'est pas déjà fait, tu vas attirer l'attention des autres humains qui vivent ici. Les phénomènes lumineux sont rares, et on viendra vérifier si un incendie ne s'est pas déclenché à proximité.
L'érudit scrute une nouvelle fois l'apparence de la démone d'un regard curieux mais amical.
- Aussi, en l'état actuel, j'aurais bien du mal à te faire passer pour une connaissance si l'on venait à te découvrir avec moi.
Marquant une courte pause, le Nordique s'amuse des jolies cornes distinctives de la satyre.
- J'imagine que si tu veux paraitre vraiment humaine et ne pas te faire remarquer, il va te falloir de nouveaux vêtements.
La situation, malgré ses périls potentiels, amusait de plus en plus Shae qui retrouvait au contact de la démone, un peu de l'enfant innocent qu'il abandonna jadis dans son Nord natal. |
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Jeu 19 Sep 2024 - 11:59 | | |
Un brasier s’éveilla au creux des plus profonds volcans du Rebis. La fille de la Colère éveilla en l’univers les douces chaleurs satyriques de ses pairs et poussée par les folles brillances de l’univers, fit fondre les glaces du Nord. Elle transcenda l’Hiver même, la neige et le froid, et fit reculer d’un pas les froides brises automnales. Là, dans une vision onirique d’un futur potentiel, elle rêva à de douces soirées au coin d’un feu vibrant de couleurs ondoyantes et de confortables couvertures. De celles confectionnées avec soin, en laine épaisse de moutons d’Aràn. Elle couva de ses grands yeux flamboyants les prunelles froides de l’homme, souriant chaleureusement en sentant sa prise se resserrer sur sa petite main. Car comme sa nature profonde remontait à la surface, elle faisait ce qu’elle savait faire de mieux : apaiser les esprits, se faire sentir indispensable car telle était l’essence des enfants de la Colère. Afin d’empêcher leur Père d’annihiler les enfers et de dévorer le Monde. Elle se sentit penaude à sa remarque, observant craintivement les fenêtres éclairaient par de pâles lueurs de bougies et de candélabres. Elle observa la barrière puis sa peau redevenu terne, dépourvue à présent de la moindre brillance. Elle comprit ce qu’il lui disait, et si depuis des mois elle vivait insouciamment loin des hommes, elle devait à présent se sentir plus prudente, dans les tanières de ces dangereux prédateurs. Les dangers étaient multiples et tous n’étaient pas comme lui, fasciné par sa mystique présence, elle devrait s’en souvenir à chaque instant. « Oui… » Souffla-t-elle, faisant l’effort d’user de sa voix, montrant sa bonne volonté, avant que son regard ne se porte sur sa tunique usée lui tombant jusqu’aux genoux. Autrefois devait-elle arborer de jolies teintes, mais le tissu bien que de bonnes factures, était si usé, si sale et délavé qu’il était bien difficile d'imaginer ses couleurs d’origine. Elle était déchirée en de nombreux endroits et ne tenait pour nom de vêtement que du mythe. Ses pieds nus s’enfonçaient délicieusement dans la pelouse glacée du jardin de la demeure, ses orteils jouant distraitement avec les brins d’herbe qui les chatouillaient. « Nouveaux... Vêtements ! Elle, aime ! » Bredouilla-t-elle les yeux pétillants d'intérêts alors que tout à coup l'homme devint le centre de son univers, la planète autour de laquelle dansaient en orbite les souhaits et les désirs de la petite démone qui naissaient en de nébuleuses pensées dans son esprit. A présent, il n’était plus question de repartir, de disparaître dans la froideur de la nuit pour retrouver cette vie de solitude errance qu’elle avait vécu depuis son départ de la maison de celui au cœur vil, qui l’avait enchaîné à ce monde. Si les fils de la destinée, tissés par le soin de ses sœurs et frères au cœur des Enfers du Rebis l’avaient conduit jusqu’ici en cet instant, alors elle se laisserait bercer par ce qui pourrait lier ces deux curieux être dans un avenir commun. Elle voulait tout connaître du cœur de celui-ci, se nourrir de tout ce qui faisait son existence, et faire de son monde le sien autant que le temps le lui permettrait. La démone n’était pas de ces créatures à fomenter dans les ombres de vils desseins, elle se laissait plutôt porter par la brise capricieuse du Destin, celui-là que les satyres adoraient par-dessus tout. Alors elle le fixa de ses grandes billes rondes pleines d’envies et ne cessa plus de détailler son visage avec affection. L’Autre n’était certainement pas innocent dans ce fin processus, car bien qu’à présent profondément endormis, il avait pourtant fait tomber des instincts de la démone toute formes de méfiance et de crainte envers celui à qui elle offrait ce visage des plus vulnérables.
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Mer 2 Oct 2024 - 22:58 | | | Shae s'abandonna à l'incandescence des pupilles embrasées de la démone, les faisant devenir les étoiles vers lesquelles ses pensées furent inéluctablement attirées. Plongeant sans regret dans leurs flammes grandioses et réconfortantes, l'homme du Nord fut conquis par cet univers radieux dont la générosité et la chaleur rayonnaient en lui si profondément qu'elles délivraient peu à peu son monde de la pénombre et du froid. La satyre et l'humain ressemblaient au soleil et à la lune, les mirettes azurées de Shae Elendris brillant désormais de l'éclat merveilleux d'une joie sincère, lueur éblouissante qu'il devait à celle qui se personnifiait en cet astre qui lui permettait de refléter un peu de son allégresse.
Le Nordique sentit quelque chose surgir de ses entrailles, et ce ne fut pas l'une de ces terreurs glaçantes ou cette ombre aux mille yeux si affûtés qu'ils transperçaient son âme. Une émotion similaire à ce que ces souvenirs semblaient assimiler au bonheur courait dans son cœur et se ruait dans ses veines, ravivant l'entièreté de son être. Alors, l'impétueux gamin du Nord ouvrit les yeux et subjugua la conscience si morne de l'érudit désabusé, le sourire qui naquit au sein de son visage amical se faisant plus vrai et authentique que jamais.
Si l'ancien Stellarois, rompu aux manigances en tous genres, aurait été incapable de se livrer à l'enfant du Rebis, s'il ne l'aurait jamais invité en sa demeure ne serait-ce que par prudence, le gamin des plaines d'Aràn, lui, trouva l'opportunité trop belle et amusante pour s'y soustraire.
- Viens ! Allons te chercher de jolis vêtements !
Était-ce la folie qui s'était définitivement emparée de lui ? Ou l'insidieuse influence de Siliar qui s'amusait à nouveau à jouer avec les fils du pantin qu'il était entre ses doigts manipulateurs ? Shae en rit cette fois-ci de bon cœur, pouffant, gloussant joyeusement dans la douceur de cette nuit d'été. Le Nordique ne désirait plus qu'une chose : se laisser aller à ces vagues qui l'emportaient dans leur océan de plénitude, s'abandonner davantage à leurs courants qui, pour un temps, le menaient si loin de sa triste condition et de ces horreurs qui pointaient à l'horizon, celles auxquelles on lui promettait qu'il ne se déroberait pas, quoiqu'il advienne.
La demeure des Elendris est vaste et entourée de diverses dépendances. En oubliant la maison principale, solidement bâtie en pierre avec un toit en pente recouvert de chaume, on y trouve une grange où l'on stocke les denrées agricoles et à laquelle est adjointe une étable, une seconde grange où l'on entrepose les peaux, et, tout proche, une forge dédiée à l'entretien des divers outils. Non loin de la maison principale, mais de l'autre côté du domaine par rapport à Shae et la faune, est érigée la bâtisse en bois où loge une partie des employés de la famille.
Shae fut bien tenté d'emporter sa démone à travers les pièces de la maison de son enfance en la prenant par la main, ramenant ainsi une amie avec qui jouer comme lorsqu'il était enfant. Pourtant, le Nordique dut réfréner quelque peu ses ardeurs, pénétrer dans le bâtiment principal ne serait pas si simple : il y avait les employés de la famille, ce repas qui ne tarderait pas à être servi et pour lequel on viendrait tantôt le chercher, il y avait les chiens et ce chat grassouillet toujours affamé qui miaulerait assurément pour lui quémander caresses et pitance à l'instant même où ils franchiraient le seuil de la maison. L'Arànien réfléchit un moment, et l'éclat d'un sourire revint illuminer son charmant minois à l'instant même où une nouvelle idée émergea de la douce euphorie qui enveloppait son esprit.
Posant son regard sur la demeure où sa famille devait être en train de se réunir, Shae adressa une dernière remarque sensée à la jeune femme aux jolies cornes, puis il laissa son enthousiasme déborder à nouveau en moult cascades.
- Nous allons éviter d'entrer dans ce grand bâtiment, il y a trop de monde à l'intérieur. Mais je sais où nous devrions pouvoir trouver quelque chose qui devrait faire de toi une humaine à part entière. Suis-moi !
Le froid océan céruléen des pupilles de l'Arànien n'était plus, mué en un incroyable et accueillant ciel azur qui magnifiait chaque sourire qu'il offrait à la satyre. Les mots qui sortaient de sa bouche chahutaient et se bousculaient avec passion, plus pressés les uns que les autres de se faire ouïr par l'enfant du Rebis à qui ils voulaient tant plaire. Toutefois, c'est sans vraiment lui laisser le temps de répondre, ne s'arrêtant par instant que pour s'assurer qu'elle le suivait bien, que le gamin du Nord l'emmena à travers le domaine, ne lâchant sa main sous aucun prétexte, l'agrippant aussi précieusement que s'il détenait un trésor inestimable.
Shae n'avait plus grand-chose de l'érudit prudent et analytique que la satyre venait pourtant de rencontrer, à le voir se dissimuler maladroitement au coin de la grange pour vérifier que personne n'était à l'affût, avant de détaler en l'entraînant dans son sillage jusqu'au prochain lieu censé être sûr, il ressemblait davantage à un enfant en train de jouer qu'à un adulte qui risquerait bien des ennuis s'il se faisait prendre. Le Nordique et la démone arrivèrent face à des étendoirs à linge où de nombreux vêtements étaient encore suspendus. Doucement effleurés par l'air du soir et illuminés par les lueurs de la dépendance des domestiques toute proche, ils seraient bientôt rentrés pour la nuit.
Shae montra les vêtements à la satyre d'un large signe de la main.
- Tu peux choisir quelque chose qui te plaît, je suis certain qu'il se trouve ici quelque chose à ta taille.
L'Arànien souriait toujours de bon cœur, espérant que l'un de ces habits saurait ravir l'enfant du Rebis.
- C'est bien la première fois que je me retrouve à vêtir une fille dont j'ignore jusqu'au nom. Comment t'appelles-tu ?
Les étendoirs présentaient une multitude de tenues différentes, de par leurs usages, de par leur formes ainsi que de par leur matières. De nombreux habits en lin, légers, tels que tuniques, robes et pantalons, se dévoilaient sur des cordages entre de simples poteaux, tandis que d'autres, plus lourds, en laine, particulièrement pesants lorsqu'ils étaient humides, étaient suspendus entre un chêne et les murs du bâtiment des domestiques sur des cordes plus robustes. La relative sécurité de la demeure des Elendris permettait également ici de faire sécher quelques rares pièces de soie luxueuses et finement ouvragées.
Dans la lumière ambiante, on pouvait distinguer les divers vêtements et deviner les éclatantes couleurs de certains qui détonnaient avec les plus sobres et leurs teintes plus brutes. Ainsi, parmi les laines et les habits en lin aux nuances de blanc, de gris, de beiges et de marrons, on discernait des étoffes raffinées, qui se paraient de jaunes, de bleus et de couleurs rougeâtres qu'on obtenait grâce aux végétaux de la région. |
| | | BaalumethHabitant(e) connu(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Sam 5 Oct 2024 - 12:31 | | | Sa main n'avait pas quitté la sienne. La fille du Rebis n'avait pas quitté de ses yeux flamboyants, les yeux d'abîmes azurés de l'homme dont le visage s'éclaira en échos avec les fous sentiments de la démone. Baalumeth avait réveillé en lui son âme joueuse, jouons, jouons comme mes frères et sœurs aux bords des Volcans tapissant les sombres profondeurs du Rebis. Baalumeth aime jouer ! Elle ria derrière lui, le suivant tantôt en courant, tantôt en titubant lorsqu’elle perdait l'appui de ses étranges jambes d'humaine. Ils se cachèrent à la vue de dangereux prédateurs et la Lune serait le seul témoin de leur course effrénée à travers toute la propriété. Baalumeth ne faisait pas vraiment attention aux bâtiments qui l'entouraient, ils étaient tous aussi curieux les uns que les autres et elle avait une folle envie de tous les explorer jusqu'au moindre recoin, afin de comprendre comment vivaient les bipèdes maîtres de ce monde.
Elle riait, pouffait à ses côtés et agrippait sa main avec plus de ferveur encore, depuis quand ne c'était elle pas amusée autant ? La démone se trouva bien heureuse dans l'élément qui était le sien. Les étoiles scintillaient dans le ciel. Elle s’était quelques fois arrêtée pour les regarder, mais l'homme lui rappelait chaque fois qu'il fallait avancer dans cette opération commando des plus discrète, rythmée par leurs rirent enfantins qui résonnaient bien malgré dans le silence des ombres. L'aura de la démone avait enveloppé cet homme qui avait les yeux pétillants du gamin qu'il avait sûrement été un jour. Et bientôt ils furent devant un grand étendoir rempli de vêtements venu tranquillement sécher dans l'air encore agréablement doux de la nuit.
Jamais Baalumeth n'avait vu autant d'habits, alors c'était si important pour les mortels ? Elle observa curieusement les étoffes en écoutant ses paroles, et finit par faire le tour plus franchement, suivis d'une aura chaleureuse qui aiderait sûrement à les faire sécher plus vite. La démone s'arrêta devant une tunique en lin, plutôt simple de prime abord, mais qui arborait des teintes flamboyantes qui s’accordaient parfaitement avec ses yeux. Elle fut attirée par la chaleur de ses couleurs et la pointa du doigt. Elle se hissa sur la pointe de ses petits petons, tira sur le linge de feu et fit sauter les épingles qui l’empêchait de s’envoler.
Et puis elle se figea tout à coup. La dernière fois qu'un homme lui avait demandé son nom, il l'avait enfermé dans un livre durant un temps beaucoup trop long pour elle. Et puis lorsqu'un autre était tombé sur le grimoire, plus récemment, il l’avait habillé de belles étoffes, puis il avait profité de ses dons. Il avait cru être amoureux, et elle l'avait tué afin de se libérer de ses chaînes qui l’avaient trop longtemps entravé à sa maison. Elle se souvenait encore du goût délicieusement sucré de son âme. Alors elle regarda l'homme face à elle d'un air tout à coup très sérieux, connaître le nom d'un démon était précieux, car le nom d'un démon est important. C'est une des premières étapes pour pouvoir le conjurer, l'entraver et se servir de ses pouvoirs. Les plus puissants se fichaient bien que l'on connaisse leur nom, mais les petits démons comme les satyres, qui ne devaient pas se retrouver parmi les hommes, étaient faciles à amadouer, à manipuler. Ils aimaient tant être au centre cosmique de l’univers d’un être pensant, qu’ils en oubliaient facilement à quel point on pouvait se servir d’eux.
Celui-ci, serait-il de cela ? À se jouer d’elle et de ses dons flamboyants ? L’empêcherait-il de suivre le chemin de sa quête pour dévoiler toute la cupidité de son cœur à la belle créature du Rebis ? Mais la présence gigantesque aux côtés de l’homme au visage toujours joyeux se déploya et susurra de doux murmures auprès de son oreille caprine. Baalumeth voyait quelques brins de fils sortirent d’une pelote dorée, elle voyait quelque chose dans la toile de la destinée, reliée à l’homme, qui semblait déplacer ses bras désarticulés. Sa conscience voulait tirer dessus pour voir où ça la conduirait, mais déjà il se déroba à ses sens, lissant la toile pour en faire disparaître le moindre pli et laissant libre le corps de celui qu’elle avait en face, entourant plutôt sa présence de jolies brillances colorées. Au plus grand ravissement de la démone déguisée en humaine. De nouveau, elle se sentit en confiance auprès de lui. Son visage perdit son air méfiant pour redevenir aussi insouciant qu’il l’était un peu plus tôt, elle ria avant de répondre à la question.
« Baal… Baalumeth ! » Articula-t-elle non sans difficultés, avant de jeter deux billes félines dans les mirettes de l’homme, attendant patiemment qu’il dise son nom à son tour. Elle tenait toujours dans ses mains la belle tunique, se demandant bien comment s’y prendre pour l’enfiler…
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Jeu 17 Oct 2024 - 22:24 | | | Après s'être promenée parmi les multitudes d'étoffes qui s'agitaient devant ses prunelles captivées, l'intérêt de la jolie démone s'enroula autour d'une chatoyante tunique de lin que ses mains partirent dérober aux étendoirs. Le vêtement convoité par la satyre appartenait à Aelyn Elendris, la petite sœur adoptive de Shae, et quand bien même le Nordique aurait volontiers désigné cet habit comme étant apprécié de sa cadette, il manquerait moins que si la fille du Rebis avait jeté son dévolu sur les biens de l'une des employées de la maison. En revanche, il comptait bien informer Aelyn du don de sa tunique, qu'il prétendrait avoir offerte à une inconnue dans le besoin, et si certes on allait probablement guère apprécier son geste, cela lui importait peu, ce n'était pas non plus comme si on pouvait simplement le jeter hors du domaine familial comme un malpropre.
À Kastalinn, les gens ignoraient l'identité de leur oiseau lubrique, et les Nordiques n'avaient pas le même intérêt que les cercles dépravés de la haute société stellaroise pour les écrits tordus de leur moineau coquin. Ici, Shae jouissait d'une bonne réputation : on le pensait poète, et personne n'aurait pu deviner le nombre réel des conquêtes de cet obscène volatile, ni la nature de ses pratiques perverses. Dans l'intimité du cercle familial, pourtant, on avait quelques indices sur la voracité de l'homme du Nord lorsqu'il s'agissait des plaisirs charnels, et nul doute qu'on le soupçonnerait volontiers d'avoir offert la tunique de sa sœur à une courtisane kastalinnoise qui aurait su se montrer particulièrement habile. Ou alors penserait-on que l'enfant prodigue s'était entiché d'une pauvrette sans le sou ? Le Nordique pouffa de rire en imaginant la tête que feraient les siens lorsqu'ils seraient confrontés à la sottise de leur imagination.
La démone, en revanche, ne sembla guère plus d'humeur à s'amuser avec l'Arànien, sa mine trahissant brièvement le sérieux des pensées qui s'agitaient derrière ses brûlantes pupilles de feu. Ce fut la première fois que les mirettes nordiques purent ainsi apercevoir les ombres qui se terraient dans les flammes de l'iris rubis de la satyre, noirceurs semblables aux sombres nuées qui parsèment si souvent les cieux azurés des yeux de Shae. L'érudit plongea alors à nouveau volontiers dans les flamboyances du regard de l'enfant du Rebis dès qu'elle lui en offrit la possibilité, bien décidé à ne pas permettre à ses doutes de s'enraciner, et la chaleur du précieux foyer qui avait irradiée au cœur de l'être démoniaque l'ayant délivré pour un temps de la nuit glaciale dans laquelle son âme s'engourdissait, il ne comptait pas le moins du monde céder son éclat aux ténèbres.
La démone prétendit se nommer Baalumeth. Si connaître son nom aurait pu être utile à un démoniste ou à un sorcier versé dans ces pratiques occultes visant à pactiser avec les diverses entités du Rebis ou à les utiliser dans des buts souvent peu louables, cela avait moins d'intérêt pour l'érudit, qui n'avait guère l'intention de soumettre la satyre à ce genre de petits stratagèmes. Les vœux honorables de Shae n'engageaient néanmoins que la partie de son être vassalisée à sa conscience, celle qu'il parvenait à éclairer de la lumière de son intellect. Ses abîmes les plus profonds, en revanche, ceux sur lesquels il n'avait aucune prise, n'étaient guère assujettis à son sens moral, et alors que l'écho du nom de Baalumeth se dispersait dans les recoins les plus sombres de l'inconscient du Nordique, la présence terrifiante qui y résidait s'emparait avidement du charmant nom prononcé par des lèvres imprudentes, marquant de ces lettres la chaîne qu'elle enroulerait autour de son fragile petit cou, pour s'assurer qu'elle ne se déroberait pas plus que l'enfant du Nord au rôle qui leur incombait.
Que ce soit dû à la joie contagieuse de Baalumeth ou aux artifices insidieux de l'entité de l'Intangible, Shae Elendris n'avait plus conscience qu'il était en pleine représentation, comme s'il se trompait lui-même et que ses chimères lui avaient fait oublier que cette charmante faune avait dévoré une âme sous ses yeux afin de prendre cette apparence qui le ravissait tant. La fille du Rebis était ainsi devenue, malgré elle, ce doux mensonge que le Nordique chérissait d'ores et déjà tellement qu'il se le répétait à lui-même jusqu'à s'en rendre sot. À en voir Baalumeth, qui attendait le cœur soulagé de ses peurs que l'érudit daigne lui donner son nom à son tour, lui offrant si généreusement sa confiance, Shae ne put que se laisser à nouveau submerger par un profond sentiment de sympathie envers la démone. Pendant ce temps, dans les cieux des plaines d'Aràn, la lune continuait sa lente ascension sur la trame nocturne, au milieu du scintillement des étoiles innombrables, se cachant par instants derrière les rares nuages qui glissaient au-dessus de l'humain et de la faune, avant de laisser réapparaître ses lueurs argentées.
Une brise entreprenante s'engouffra aux alentours pour jouer avec les cheveux en bataille de Baalumeth et mordiller son épiderme d'un souffle bref mais glacial, accompagnant les mots de l'Arànien, qui eux, étaient toujours aussi chaleureux.
- Baalumeth… Quel joli nom ! Je me nomme Shae Elendris, mais tu peux m'appeler Shae.
Les vents joueurs du Nord s’étaient déjà tus, laissant cette nuit à la douceur de l’été. À en observer la mine interrogative de la fille du Rebis tandis qu’elle tenait sa nouvelle tunique en main, Shae se demanda si elle saurait s'en vêtir. Depuis combien de temps cette satyre errait-elle ainsi dans les plaines d’Aràn ? Comment avait-elle bien pu survivre à l’hiver dernier d'ailleurs ? À en juger par ses capacités linguistiques encore somme toute limitées, elle n’avait probablement guère été en contact avec d’autres humains, du moins pas récemment. La jeune fille cornue avait beaucoup d’une enfant de par son apparente ignorance du monde des hommes, elle était telle une force aussi terrible qu’innocente. Elle était l’incendie qui ravage la forêt, la tornade qui emporte la maison, la tempête qui brise le navire, une force de la nature dangereuse de par son existence même, mais qui n’a pas nécessairement de volonté propre à nuire. En la scrutant de ses pupilles interrogatives, l’érudit ne parvenait pas à déceler le mal qu’il soupçonnait de se terrer en elle, et si, entre lui et la démone, l'un des deux devait vraiment être désigné comme étant mauvais et fourbe, il lui devenait évident qu’il serait l'heureux gagnant de ce titre.
- Ça s'enfile par la tête. Puis, il te faudra glisser tes bras à travers les manches. Vu sa taille, cette tunique devrait tomber assez bas sur tes genoux, mais elle devrait t'être confortable.
La curiosité que Shae nourrissait pour Baalumeth ne faisait que croître à chaque battement de son cœur, débordant en ces regards intenses qui se posaient sur la satyre. Durant sa vie, on lui a souvent reproché de trop analyser les choses, d'intellectualiser ses émotions, d'être un maniaque du contrôle qui ne savait guère profiter de l'instant présent, trop occupé qu'il était à imaginer les mille cheminements possibles qui se présentaient à lui, et tous ceux qui lui seraient désagréables. Alors aujourd'hui que sa vie menace de prendre fin prochainement, l'heure en était-elle encore réellement à cette éternelle et futile course à l'anticipation ? N'était-il pas juste temps pour Shae de lâcher prise et de danser avec ses envies tant qu'il était encore capable de ressentir quelque chose ? Lorsque l'hiver aura étendu son splendide manteau blanc sur les courbes des plaines d'Aràn et que la nuit tombera sur lui, la douceur de l'un des radieux sourires de Baalumeth saura-t-elle encore suffire à réchauffer son âme ? Shae laisse ce sombre et hypothétique avenir choir en ses abysses, embrassant tendrement la brillance du moment présent, souriant de plus belle à la démone. |
| | | BaalumethHabitant(e) connu(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Mer 30 Oct 2024 - 11:28 | | | « Sha...é... Sha...é... » Répéta la démone qui se familiarisait un peu plus au langage des hommes, un large sourire étirant ses traits. Son nom résonna en son cœur et en son âme et elle prit soin de le marquer dans sa mémoire à tout jamais. La fille du Rebis était heureuse, heureuse de ne sentir aucune cupidité en la personne de Shae Elendris. Elle le sentait franc et sincère et se laissa porter au jeu de son offrande. Son regard se porta sur la tunique rouge et elle réfléchit aux directives qu'il lui avait données sans craindre la Présence somnolente qui planait autour de l’humain.
Baalumeth portait ses vieux haillons depuis si longtemps qu'elle ne se souvenait même pas de la manière dont elles les avaient enfilés, sûrement était-ce à l’époque l’œuvre d’Albert... Alors elle commença par se débarrasser de sa vieille tunique poisseuse, laissant l'air frais de la nuit lui mordre la peau. Elle la passa par-dessus sa tête et la jeta un peu plus loin sans aucune pudeur. Elle n’avait pas grand-chose à faire de cette apparence vouée à simplement plaire aux humains. Sa peau d'humaine était plus sensible, plus fragile et frissonnait de froid. Alors sans attendre, elle se munit de la tunique toute propre et la passa par-dessus sa tête, ses cornes agrippèrent un peu le tissu de lin, mais fort heureusement, il était suffisamment épais pour ne pas être déchiré. Au prix d'un grand effort de contorsion et certainement d'un peu d'aide, le satyre réussi à enfiler l'habit qui lui tomba comme promis jusqu'au genou.
Alors Baalumeth recula de quelques pas, tournoya sur elle-même en contemplant la tunique chaude et confortable qu'elle portait désormais. Son regard de braise se posa dans le ciel azuré des yeux de Shae, elle souriait, elle était heureuse et se sentait un peu plus humaine encore. Le tissu sentait bon et épousait parfaitement les formes généreusement ondulées de son corps, jamais elle n’aurait pu penser qu’un vêtement puisse être si agréable à porter, elle qui se plaisait à gambader sous forme animale dans les prés, d’ordinaire.
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| | | Shae ElendrisHabitant(e)
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| Sujet: Re: La Légende de l'Homme-Bouc [PW Baalumeth] Dim 3 Nov 2024 - 10:44 | | | Son prénom prononcé par ces lèvres qui paraissent tant affectionner de s'étirer en larges sourires généreux, résonna comme une apaisante mélodie à l'oreille du Nordique. Admirer l'enthousiasme que ce morceau d'étoffe procurait à la satyre portait moult nouveaux rayons radieux et chaleureux au cœur de Shae, l'humain redécouvrant une forme d'innocence qu'il pensait disparue dans les maelströms de sa vie qui ont emporté vers les abysses tant de ses bons sentiments. Leur rencontre fortuite sous les cieux majestueux de ces plaines, que l'homme du Nord affectionne tant, se présente comme l'un de ces moments hors du temps, un de ces instants d'une vie dont on se souvient pour toujours tant ils brilleront même encore au sein du brouillard d'une mémoire qui s'érode. Cette nuit aura un jour assurément pour l'érudit un parfum de mélancolie, car ainsi en va-t-il de ce qui est authentique et sincère. Ces parenthèses étincelantes, qui font apparaître le caractère morne et terne du quotidien, sont des richesses à chérir précieusement.
Lorsque les guenilles de la fille du Rebis s'envolèrent dans l'air du soir, offrant sa peau nue à ses caresses discrètes, Shae sourit d'amusement. La curiosité promena brièvement l'azur de ses pupilles sur les courbes de la démone comme les cieux surplombant autant de contrées merveilleuses. Néanmoins, le Moineau de Kastalinn ne nourrissait point de pensées lubriques pour la belle faune, les yeux du poète pervers s'étant posés sur tant de corps de femmes qu'il n'était plus de nature à s'émoustiller pour si peu, la nudité lui paraissant aujourd'hui bien banale. Alors quand bien même Shae appréciait toujours l'esthétique d'une silhouette délicieuse qui saurait lui inspirer maintes histoires d'explorations audacieuses et d'haletantes aventures fiévreuses, ses mirettes se firent ici des plus respectueuses.
D'humeur à jouer avec ses propres pensées, l'Arànien les envoya partir à la rencontre de quelques coutumes gobelines, ces Peaux-vertes n'étant eux-mêmes guère connus pour leur sens aiguisé de la pudeur et de l'intimité. Ainsi, former un groupe d'aventuriers avec l'un d'eux devait être de nature à donner lieu à de bien cocasses situations. Une démone comme Baalumeth promettait-elle le même genre de défi pour ceux qui se lanceraient à la découverte du vaste monde à ses côtés ? La fille cornue était une bien intéressante source de questionnements pour l'érudit, mais dans l'immédiat, la jolie demoiselle semblait avoir besoin d'un peu d'aide pour que ses proéminences acceptent la nouvelle tunique. Le Nordique s'approcha au plus près de la satyre et aida le vêtement à se défaire de l'étreinte un peu trop insistante de ses charmantes cornes, leur proximité donnant au palpitant de l'homme du Nord une envie soudaine de s'élancer dans une course effrénée.
Une fois l'habit posé sur les plaisantes sinuosités de sa silhouette humaine, la demoiselle recula et parada, paraissant satisfaite et heureuse dans ses nouveaux atours. La tunique flamboyante lui allait superbement bien, sa teinte soulignant le magnifique et ardent brasier de ses prunelles. Baalumeth et Shae étaient plus que jamais deux opposés qui semblaient faits pour s’entendre, tels le soleil et la lune, le feu et l’eau, une démone vêtue de rouge aux yeux de flammes dévorantes et un humain paré de bleu aux pupilles d'océans prêts à vous engloutir.
Certes, la fille du Rebis était désormais plus humaine que jamais, mais il lui manquait une touche finale. Sur les étendoirs s'agitait au courant d'air du soir, un châle en lin d'un brun tendre et doux que les mains de l'homme du Nord partirent délivrer de ses attaches. Shae s'approcha alors de Baalumeth en lui présentant l'étoffe, lui adressant un sourire bienveillant. À l'affût de tout signe de protestation éventuel de la satyre, l'Arànien tint le châle par ses deux extrémités et forma un triangle en le pliant en diagonale, alignant soigneusement les bords. Le Nordique se glissa ensuite derrière la démone et plaça le tissu à la base de sa nuque avant de ramener les côtés du châle autour de sa tête jusqu'à revenir derrière elle, faisant disparaître les cornes de la satyre sous ses cheveux et l'étoffe de lin. Une fois le tissu ajusté, Shae le noua méticuleusement.
Retournant poser sa silhouette dans les mirettes rougeoyantes de Baalumeth pour contempler leur œuvre, Shae constata qu'elle ressemblait maintenant à s'y méprendre à une ravissante Nordique des plaines d'Aràn, son teint foncé et ses prunelles de braise laissant toutefois deviner chez elle de bien exotiques origines. La pénombre dévorant en partie l'éclat des teintes de ses vêtements, la couleur du châle se mêlait pourtant magnifiquement à sa chevelure ténébreuse et à sa peau halée, tout en sublimant l'audacieux raffinement de sa tunique rouge. L'Arànien complimenta la faune sur sa nouvelle apparence des plus convaincantes, lui adressant quelques mots sur un ton doux et agréable.
- Tu es ravissante ! Ainsi, il te sera plus aisé de te mêler aux miens !
L'érudit se demanda alors s'il n'avait pas permis à la démone de dévorer plus facilement les âmes des siens, devenant celui qui aurait laissé le loup entrer dans la bergerie. Était-il possible de faire comprendre à Baalumeth que les humains ne sont pas une source de nourriture acceptable et qu'elle allait inéluctablement s'attirer des ennuis si elle n'y prenait pas garde ? Pourrait-il la convaincre de se cantonner aux âmes des plus mauvais, ceux qui ne manqueraient à personne ? En songeant au besoin de la fille du Rebis concernant sa sustentation, l'érudit commençait à s'étonner du fait qu'on ne soit pas encore venu le quérir pour le repas du soir. À croire que ses absences répétées à la tablée familiale, en raison de ses études de manuscrits pour lesquelles il demandait à être dérangé sous aucun prétexte, avaient fini par agacer. Pour ne pas arranger son cas, le Nordique s'absentait régulièrement sans en informer personne, et à l'heure actuelle, il aurait aussi bien pu se trouver dans le brouhaha de la taverne la plus proche que dans le calme et la sérénité des vastes plaines herbeuses sous les cieux étoilés.
Restait que la faim commençait à sérieusement titiller l'homme du Nord qui se demandait ce que la démone pouvait bien affectionner de manger. Les créatures telles que la fille du Rebis ont besoin de nourrir leur nature démoniaque par le biais d'âmes ou de substituts équivalents, sans quoi elles s'affaiblissent peu à peu, mais nombre d'engeances similaires apprécient également de nourrir leur enveloppe physique, que ce soit ou non par des mets sanguinolents. L'érudit n'avait pas vraiment de vierge apeurée à glisser sous les crocs de Baalumeth, mais il savait qu'un succulent ragoût de daim avait mijoté plusieurs heures durant pour en avoir humé les senteurs appétissantes lorsqu'il sortit de la demeure des Elendris pour contempler le soleil couchant.
- Tu as faim ?
Plutôt qu'une proposition énoncée par des mots, dont beaucoup sont encore étrangers à la démone, l'érudit choisit de laisser ses pensées danser sur les liens plus psychiques que les deux êtres avaient tissés entre eux. Les souvenirs de viandes cuites pendant des heures dans leurs jus remplis d'épices, d'herbes aromatiques et de légumes, sont tenaces dans l'esprit du Nordique, tant de saveurs qui ont ravi ses papilles d'enfant, autant de senteurs qui lui ont mis l'eau à la bouche. Pour Shae, ces plats mijotés ont le goût des froides soirées d'hiver où l'on retrouve le confort et la chaleur d'un âtre revigorant après avoir bravé le froid et la neige toute la journée durant. Les retrouvailles dans la sécurité rassurante de la famille ou d'une petite communauté après avoir été isolés, la sensation du feu de cheminée qui lui caresse la peau, les rires de ses proches, le parfum appétissant et le goût délicieux de la viande accompagnée de carottes et de choux, c'est tout cela que l'Arànien transmet à la démone sous le couvert de ces trois petits mots.
Shae ne pouvait cependant pas vraiment faire entrer la satyre dans sa maison, car si elle paraissait désormais suffisamment humaine pour ne pas trop attirer les regards, on saurait probablement reconnaître la tunique d'Aelyn. En revanche, on ne poserait guère trop de questions au Nordique s'il se rendait en cuisine pour ramener un bol de nourriture à la démone. |
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