On ne l'y prendrait plus. Artisans talentueux ou pas, à l'avenir c'est au sud qu'il se rendrait pour tout les besoins en métallurgie de la tribu. Non seulement les orques lui étaient plus amicaux, mais en plus le climat était bien plus agréable. Quelle ironie d'arborer une épaisse fourrure, tout en préférant la chaleur et la poussière au froid sec des régions nordiques.

Le clan Skøldur, songea-t-il amèrement. A ses yeux, ils représentaient plus que les hybrides un peuple barbare et primitif. En quoi les sacs de grains qu'il avait apporté les intéressait, il n'aurait sût le dire. Ni pourquoi ils étaient près à les troquer contre les quelques armes, outils et la cotte de maille qu'il se trimballait à présent. Certes, ces individus avaient des terres cultivables, il les avait vues de ses propres yeux. Mais ce n'était qu'une goutte d'eau dans cet océan de terre gelée. De plus, il était tout à fait conscient que ces barbares ne cultiveraient pas ses semences. Pourquoi s'embêter à le faire quand il suffisait de piller les maigres ressources des autres bandes, moins bien loties, errant dans le Nord ? Pourquoi d'ailleurs ces sauvageons s'entêtaient-ils à vivre dans ces contrées ? Leur foi en des divinités plus que primitives avait donc l'ascendant sur leur raison ? Cela dépassait l'hybride. Cela étant, il ne tenait nullement à voir ces peuplades débarquer plus au sud et semer la pagaille dans les plaines.

Il n'aurait su dire si la colère ou le malaise avait dominé ses émotions durant la journée de la veille. Tout comme les Moj'Hauk les Skøldur étaient établis dans un village de tentes et de yourtes, faites de cuir et de fourrure. Au détail près que la peau d'aucun bovin n'était inclue dans celles des minotaures pour des raisons évidentes. Chose que les Nordiens avaient prit un malin plaisir à lui signaler : indiquer qui avait tué l'auroch sur lequel telle peau avait été prélevée, lui proposer une corne de bison des neiges pour trinquer, soi-disant plaisanter en comparant sa propre fourrure à la descente de lit… en soit, qu'il soit reparti pacifiquement sans que le sang n'ai coulé était un miracle. Mais qu'importe, il ne remettrait pas les sabots là-bas de sitôt.

Grommelant, le minotaure se frotta les mains pour solliciter la circulation sanguine dans ses doigts gourds. Son modeste feu parvenait tout juste à le réchauffer, mais il faudrait bien que cela suffise. Le bosquet où le rôdeur avait trouvé refuge était l'un des derniers avant une étendue de permafrost d'un horizon à l'autre. Se serait deux jours de marche sans le moindre abris contre le vent glacial. S'ébrouant, Doebroksh prit son mal en patience. A l'aurore il prendrait la marche pour ne plus s'arrêter avant une rivière courante qu'il savait poissonneuse et bordée d'une foret sur la rive opposée. Là seulement il pourrait à nouveau se reposer.

Il poussa un soupir, cherchant distraitement son sac de provision de fromage, de pain et de viande séchée. Cependant, il eut la surprise de ne pas le trouver adossé à la souche sur laquelle il l'avait laissé et était assis depuis une bonne demi-heure. Plissant le regard, il remarqua la trainée laissée par le bagage. Ainsi que l'absence d'empreintes dans la neige. Saisissant sa lance et son tomahawk, il fit quelques mètres en suivant cette piste pour le moins étrange avant de retrouver son bien contre le tronc d'un arbre. La viande gisait à même le sol, jetée près du sac grand ouvert d'où émergeaient deux mollets nus de moins d'une dizaine de centimètres, patinant dans le vide.

- Qu'est-ce que… murmura-t-il en abaissant ses armes.

Aussitôt le rapineur réalisa sa présence et se mit à gesticuler, la partie supérieure du corps encore dans le sac de l'hybride. Avant de finalement retomber sur les fesses et tourner des grands yeux surpris en direction de Doebroksh. Toutefois, sans que le trappeur n'ai le temps de réagir et contre toute attente, l'être ramassa une poignée de neige qu'il lança en direction du minotaure. En une fraction de seconde il avisa la menace, les inoffensifs flocons fusant sur l'hybride tels des échardes de glace !

La Fée Nordique débute le combat. Doebrokh perd un lasso commun.

Doebroksh : Vitalité 918
Vitesse : Vitesse 431
Dégâts : Dégâts 305
Bonus : /
Malus : /

---------VERSUS---------

Fée Nordique : Vitalité 300
Vitesse : Vitesse 600
Dégâts : Dégâts 150
Bonus : /
Malus : /
Butin : /

Fée nordique attaque à 150 sur Doebroksh

Le minotaure leva son bras pour se protéger le visage. Aussitôt les pointes glacées lui percèrent le cuir, lui arrachant plusieurs touffes de fourrure dans une giclée écarlate. Le chasseur gronda de douleur, mais il en faudrait bien plus pour le menacer. La surprise de ce assaut passée, il abaissa le bras en jetant un regard noir à la créature lui arrivant approximativement à hauteur du genoux. Constatant la futilité de son sortilège, la chapardeuse ouvrit de grand yeux rond avant de lentement reculer. Elle battait d'une paire d'ailes translucides que le minotaure ne remarquait que maintenant.

Grognant, il s'avança d'un pas décidé droit sur cet ennemi improbable, laissant tomber son tomahawk dans la neige. Avec un glapissement apeuré, la créature tourna les talons  et fit mine de s'enfuir. Mais tendant le bras, Doebroksh s'empara du butin dérobé qu'il souleva sans effort. Avant que la fuyarde n'ai le temps de s'éloigner, il balaya le petit être d'un revers de son sac de provision. C'est à peine s'il ressenti l'impact tant leur différence de poids et de force était écrasante. Avec un cri étranglé, le petit être fut projeté à toute vitesse à plusieurs mètres de là avant de rouler dans la boue à moitié gelée. Sa dernière vision avant de perdre connaissance fut celle d'un hybride aussi grand qu'une montagne, penché au-dessus d'elle.

Lorsqu'elle revint à elle, la chapardeuse eu la surprise de se découvrir flottant dans les airs à environ un mètre du sol. Sans avoir à battre des ailes. Ou des bras. Ou des pieds. En fait, elle ne pouvait pas bouger du tout, réalisa-t-elle avec effroi. Et pour cause : elle se trouvait littéralement saucissonnée par une cordelette rattachée à une branche basse.

Se tortillant comme elle put, la prisonnière poussa une plainte aigu en s'efforçant de jouer sur ses liens.

- Ne te fatigue pas, déclara une voix grave dans son dos. Tu te briseras les membres avant d'user cette corde.

Elle senti brusquement être effleurée au niveau d'un mollet. Aussitôt tout son champ de vision entra en rotation comme la corde tournait sur elle-même. Jusqu'à l'amener face au gros doigt boudiné de l'hybride l'ayant capturé. Puis revenir à sa position de départ. Puis le doigts. Elle eut un haut-le-cœur comme la nausée lui montait déjà à la gorge à force de tourner sur elle-même.

- Décroche moi ! S'écria-t-elle d'une voix nasillarde en fermant les yeux sans cesser de tourner sur elle-même.
- Elle parle, commenta simplement son bourreau d'un ton où perçait un amusement évident.

Toutefois le supplice tourna court lorsqu'elle senti la paume tiède contre sa peau nue alors que le minotaure la soulevait, mettant fin à son calvaire.

Rouvrant les yeux, la créature roula entre ses doigts comme si elle n'était qu'une poupée de chiffon avant de se retrouver affalée sur le ventre, faisant face aux grands yeux gris-vert clair de son ravisseur. Elle eut un mouvement de recul malgré ses liens, la peur déformant ses traits.

- Qu'est-ce que tu es ? Interrogea Doebroksh. Une fée ?

L'intéressée garda le silence avant de timidement hocher la tête. Sans ciller, le rôdeur poursuivit :

- Et as-tu un nom ?

Cette fois elle tourna la tête de côté, faisant mine de l'ignorer et refusant d'en dire plus.

Après un instant, il se contenta de la relâcher. Aussitôt elle rebondit dans le vide avant de reprendre sa rotation. La fée poussa un gémissement plaintif qu'il ignora, se détournant d'elle. Elle le héla pour qu'il la détache, avant de finalement l'insulter de tout les noms dans une langue qu'il ne comprenait de toute façon pas. Lorsqu'enfin elle parvint à se stabiliser au bout de sa corde, elle réalisa qu'il s'était assis à portée de bras, la dominant toujours. Mâchonnant un morceau de viande séchée, il avait le regard perdu dans les flammèches de son maigre feu de camp.

- Je m'appelle Doebroksh, déclara-t-il entre deux bouchée. Biyooch'idi du clan Moj'Hauk.

Puis il reprit son frugal repas sans se tourner vers elle. Continuant de l'étudier, elle réalisa à quel point… il était grand. Seulement, elle remarqua en se pinçant la lèvre qu'il mangeait de la main droite - une main couturée de cicatrices énormes. Quand à sa main gauche elle était nonchalamment posée sur son genou. Sa fourrure était poisseuse et goutait lentement, dessinant une flaque écarlate dans la neige. Le regard de la fée se voila alors qu'elle était suspendue dans les airs, incapable de se détourner de cette blessure qu'elle lui avait infligé.

- Mon nom est Nyssa Folkor, répondit-elle enfin en s'efforçant de relever la tête dans un semblant de dignité. Crépuscule des vallées gardienne du bosquet verdoyant seigneure des hannetons tisseuse  de la rosée éleveuse du crachin mère…
- Assez, l'interrompit-il brusquement en levant son bras blessé. Tu m'as perdu après les bosquets. Et il n'y a aucune chance pour que je retienne un truc pareil…
- Je…
- Si te t'appelle Nyssa, cela te convient-il ? Lui demanda-t-il en se tournant vers elle.

La fée cligna plusieurs fois des yeux avant de hocher la tête.

- Bien, Nyssa. Tu m'as volé mes provisions et m'as agressé, commença-t-il en portant la main à sa hachette.

Une sueur froide dévala brusquement le dos de la petite créature, totalement impuissante face à ce mastodonte. Il poursuivit en tranchant la corde au-dessus d'elle avant de la soulever à bout de bras, dangereusement près des flammèches. Flammèches qui brusquement lui semblèrent beaucoup moins anodines.

- Au Sud lorsque l'on attrape un voleur, on lui coupe la main. Chez moi lorsqu'une personne en agresse une autre, elle contracte une dette de sang : elle devra saigner la même quantité que celle perdue par la victime, quitte à perdre la vie.

La bouche de Nyssa s'ouvrit grand en entendant ces mots. Il avait l'intention de la démembrer ? Et au vu de la tache écarlate dans la neige, il avait déjà plus saigné qu'elle n'avait elle-même de sang dans les veines !

- C'est barbares vous n'os…
- Je parle, l'interrompit-il avec autorité en posant le bout de son index libre sur les lèvres de la fée. Tu écoutes.

Il soupira.

- Je n'ai jamais aimé mutiler sans raison. Tu as dit être "gardienne du bosquet". Ce bosquet ?

Levant la tête, il désigna du menton - et des cornes - le bois d'arbres morts ou gelés où ils se trouvaient. Après un instant, Nyssa hocha à nouveau la tête, terrifiée.

- Il n'y a rien à manger par ici.

Il s'agissait d'un constat. Pas d'une question. Fermant les yeux, l'hybride soupira de nouveau en la reprenant dans sa paluche puis reprit sa hachette en main. Nyssa s'empressa de fermer les yeux aussi fort qu'elle put, faute de pouvoir faire plus. Elle frissonna en sentant le froid de l'acier entre ses omoplates et échappa un cri, sa dernière heure finalement arrivée.

Puis la corde se desserra autour de ses épaules. Puis de ses cuisses. Avec une délicatesse étonnante pour un être aussi massif, il venait de trancher ses liens. Déployant ses ailes, elle se redressa lentement à quatre pattes en mettant de côté la sensation engourdie de ses membres. Sous ses yeux ébahis, Doebroksh lui proposa une miche de pain.

- Tiens. File. Et à l'avenir ne dérobe pas à plus coriace que toi.

Lorgnant la nourriture, elle tendit lentement les bras. Son estomac vide ne la laissait pas refuser un tel cadeau. Toutefois… elle ne fit pas mine de s'enfuir. Tenant le morceau de pain à moitié aussi gros qu'elle, Nyssa se contenta de s'asseoir dans la paume pratiquement aussi grande qu'elle. Et prit une bonne bouchée.

Fronçant les sourcils, Doebroksh inclina la tête de côté.

- Si tu pouvais me rendre ma main, se serait…

Se relevant sans un mot, elle reposa la miche. Puis sans utiliser ses ailes entreprit de désescalader son poignet en s'accrochant à sa fourrure, se maculant de sang. Fermant les yeux, elle posa sa petite main contre l'une des plaies qu'elle lui avait causé. Le minotaure eut un tic lorsqu'elle toucha sa chair à vif, mais resta impassible. Alors que sous ses yeux ébahis le corps tout entier de la fée semblait brusquement s'illuminer d'une lueur interne, il sentit une douce chaleur lui couler dans le bras. Et lorsqu'elle s'écarta en battant enfin de ses ailes translucides, le visage et son corps nu barbouillés de sang, sa blessure c'était refermée. Pas même une cicatrice ne subsistait des échardes glacées qu'elle lui avait projeté.

- Je suis désolée de t'avoir agressé, s'excusa-t-elle d'un ton penaud en inclinant la tête.

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'Attaque - Hybride' :

Doebroksh remporte une fée nordique !