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     Le Nord. Encore et toujours le nord.

     Thorek avait beau retourner les cartes qu’il avait disposé devant lui dans tous les sens, la même conclusion revenait en permanence : les nains y avaient fait quelque chose il y avait fort longtemps. Avaient-ils créé une forteresse ? Etaient-ils simplement venus commercer ? Quand était-ce ? Restait-il encore quoi que ce soit ? Tant de questions qui ne trouveraient réponse que quand l’explorateur y serait enfin allé.

     Problème, ce n’était pas chose aisée. Les nordiens n’aimaient pas forcément recevoir des visiteurs impromptus tous les quatre matins d’après les archives plus récentes de la garde Khazarienne. De plus, il fallait survivre au climat, un détail pour un nain habitué aux Baldors… Mais aussi à la faune et c’était que là ça coinçait. L’explorateur qu’il était avait survécu à bien des rencontres peu agréables, mais il avait alors le terrain pour l’aider. Là-bas en revanche ? En pleine neige et en surface ? Autant dire qu’il pouvait déjà brandir une pancarte « dîner gratuit » au-dessus de lui.

     Frustré par le fait qu’il ne puisse pas mettre un trait de crayon précis sur cette partie du monde, Thorek s’en alla vers sa taverne habituelle : Au Fourrée à la myrtille. Peut-être qu’une bière lui changerait les idées ?


     Finalement, la petite pause bière du soir eu un effet bien différent de ce à quoi Thorek pouvait s’attendre. Posé dans son coin habituel, choppe de bière dans une main et crayon corrigeant une carte dans l’autre, le nain se retrouva à entendre diverses rumeurs. Sur le Nord qui plus était ! Voilà qui était intéressant.

     Après avoir fait le tri dans le brouhaha ambiant, finit sa bière et rangé son matériel, Thorek se dirigea vers le tavernier. Quand ce dernier vit dépasser du comptoir la tête d’un de ses clients habituels, il s’arrêta un instant dans sa routine pour prendre la commande. Mais le nain avait autre chose en tête :

      « Hey, tu frappes de la glace ?» lança alors le nain de but en blanc.
   
      Thorek attrapa ensuite un petit carnet, lut ses notes et braqua à nouveau son regard vers le tavernier.

      « Heu, nan, t'as des frappés glacés ?»

Un petit sourire malicieux habillait soigneusement le visage du tavernier. Ces derniers temps, son commerce de frappés glacés fleurissait. Tout le monde semblait être à la recherche d'un certain Thrynn. Que voulaient-ils lui faire ? Qu'importe, les sous rentraient dans la cagnotte du tavernier et il s'amusait bien à faire payer ses informations.

Une tête familière vint le trouver au comptoir pour lui demander aussi l'une de ses boissons. Le tenancier se doutait que le nain recherchait aussi le nordien mais ne savait pas s'il devait lui en dire plus tout de suite ou le faire miroiter quelques minutes. Mais puisqu'il lui avait commandé un frappé glacé, le tavernier allait lui en proposer un :

Je peux t'en proposer un aux myrtilles, bien évidemment. Qu'en dis-tu ? Par contre, tu as bien vu la carte ? C'est 80 pièces d'or. C'est sûr, c'est pas le prix d'une bonne bière, mais il paraît que c'est une boisson d'un certain prestige et le prestige ça se paie. De toute façon, il faut bien rentrer dans ses frais, pas vrai ? C'est pas donné à faire cette boisson, ah !
Enfin... Je m'égare, pardon. Ça te tente alors ?


couleur : 3344CC

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    Sans surprise, le tavernier usa de son bagou habituel pour amadouer un client récurrent. Et il réussit même à caser la myrtille, la marque de fabrique de son commerce, dans la discussion. Habile, pensa Thorek. Ce bonhomme l’étonnerait toujours. Le prix était élevé cependant. La simple mention du montant avait d'ailleurs fait abondamment grimacer le nain sous sa barbe.

    Mais aussi asocial soit-il, même Thorek connaissait les règles du marché de l’information : c’était donnant-donnant.

    « Grmpf… Bon, grogna-t-il en fouillant dans une de ses poches. Voilà tes pièces. »

    Le nain déposa le montant sur le comptoir, mais on pouvait sentir une légère hésitation lorsqu’il retira sa main. Puis, sans prévenir, l’explorateur leva un doigt accusateur vers le tavernier et le fixa de ses yeux vieillissants.

    « Mais à ce prix-là, ça a intérêt à être bon ! » – Thorek se calma et ronchonna à demi-mot – « Déjà que ce n’est même pas d’la bière… »

     Alors qu’il s’installait sur une chaise accolée au comptoir, le nain eu néanmoins une petite révélation. Il n’avait pas encore donné la raison véritable de sa venue. Il était plus que temps de régler ce détail.

    Se tournant à nouveau vers le tavernier qui s’affairait comme toujours à son œuvre, Thorek tenta de glisser un mot, mais avec sa subtilité habituelle :

    « Hey, paraîtrait qu’un nordien aime bien c’te boisson. Tu l’as vu récemment ? »

Cela faisait quelques jours que j’étais parti avec Thrynn pour rallier BaldorHeim. Il avait poliment décliné mon offre de voler sur le dos de Feriel, ce que je pouvais concevoir. Voler, ça demandait du temps pour apprendre et se familiariser avec le vertige. Nous avions donc pris le parti de faire le chemin à pied, et avions pu discuter sur la route. Le vieil elfe, quant à lui, avait préféré faire cavalier seul et nous avait dit qu’il nous rejoindrait certainement plus tard à BaldorHeim.
Quand j’avais parlé du Fourré à la Myrtille à Thrynn, il avait ricaner dans sa barbe avant de m’avouer qu’il était un habitué et qu’il connaissait bien Hal, le tenancier. Nous avions alors discuté un peu du patron et de son enseigne, et c’est ainsi qu’avait débuté notre relation.

Nous étions finalement arrivé à BaldorHeim en fin de journée, et Thrynn avait absolument tenu à aller à la taverne nommée précédemment pour se vider un frappé. Je l’avais donc suivi, étant resté quelques minutes dehors pour discuter avec un de mes collègues en faction non loin. Je l’avais ensuite rejoint, alors qu’il était installé et qu’il attendait sa commande. Non loin, j’avais reconnu la mine bougonne de Thorek, mon collègue nain.
Je lui fis un sourire et le saluai d’un signe de main avant de m’approcher. Il était installé pas loin de Thrynn, je décidai donc de les présenter :

« Salut Thorek ! Je viens de rentrer de permission, avec une rencontre que j’ai fait sur la route. Thorek, laisse moi te présenter Thrynn, un fier guerrier nordien. Thrynn, je te présente Thorek, un collègue cartographe. »

Je profitai des présentations pour m’assoir au comptoir à mon tour, et pour glisser à Hal :

« Une pinte d’Etincelle Hal, je te prie. »

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     A peine Thorek avait-il eu le temps de jauger du regard son « frappé » fraichement arrivé sur le comptoir qu’une forme colossale vint s’abattre à côté de lui.

     Bien évidemment, le nain eu aussitôt le réflexe de faire prévaloir son droit nain au grognement sourd réprobateur. Mais l’euphorie de celui qui se révéla être un nordien prévalut en cette soirée. Thorek s’apprêtait ainsi à ignorer cet hurluberlu quand le nom de Thrynn fut passé dans la conversation qui débutait avec le tavernier. L’explorateur se retourna vers le nouveau venu, fit enfin la connexion entre un nordien voyageur et le frappé qu’il demandait, et retrouva presque aussitôt une forme de sourire.

    Thorek prit alors sur son appréhension des contacts sociaux pour tenter de briser la glace, mais à peine avait-il entrouvert la barbe que, de nulle part, un Grabuge khazarien arriva par la porte et entreprit de faire les présentations.

     Quelque peu surpris par la tournure de l’évènement qui avançait à la vitesse de l’éclair, Thorek se contenta alors de baragouiner d’un air pataud :

     « Ah. Bah, salut Grabuge et, heum, salutations Thrynn. »

     Et il s’en fut goûter son frappé, faute de repères tangibles quant à la marche à suivre. Néanmoins, une fois le liquide goûté (et après avoir enlevé la crème légère de sa moustache), l’explorateur retrouva un fil sur lequel tirer pour retourner dans une discussion : le frappé en question.

     « Dites, l’est pas mauvaise vot’boisson en fin de compte. Ça ne vaut pas une bière ambrée, mais ça se boit facilement faut lui reconnaître. »

     Si le nain n’était pas terriblement doué pour parler aux gens, parler de boisson, là, c’était une autre paire de manches. Et il espérait bien alpaguer le nordien avec cet hameçon-là.

    Puis il pensa enfin à faire discrètement signe à Grabuge qu'il avait bien fait d’amener le nordien ici. Un compliment de temps en temps à un collègue, ça ne faisait pas de mal après tout.

Une fois mon Etincelle servie, je ne prêtai plus attention à la conversation entre Thorek et Thrynn. Je les laissai faire connaissance, espérant que Thrynn soit aussi bon compagnon avec mon camarade nain qu’avec moi. Tirant ma pipe et ma tabatière de mon sac, je sirotai ma bière tout en jetant un coup d’œil à l’ambiance.
Quelques mètres derrière nous, une compétition de bras de fer s’était improvisée, et quelques client étaient déjà en train de se rassembler autour de l’évènement, habituel au Fourré à la Myrtille. Plus loin, quelques nains à l’air patibulaire jouaient aux fléchettes et chuchotaient en jetant des coups d’œil à un client encapuchonné dans un coin sombre de la pièce. Ce dernier fumait tranquillement sa pipe, et semblait attendre patiemment sa bière en dessinant sur un petit carnet.
Dans les cuisines, j’entendais les quelques cuistots s’afférer, alors que les serveuses et les serveurs bougeaient constamment, allant de table en table comme s’ils étaient sur un treuil. Près de la cheminée, une serveuse visiblement en pause était assise sur un tabouret, en compagnie d’autres clientes, et écoutait avec des étincelles dans les yeux un ménestrel itinérant qui jouait du luth en faisant parfois quelques œillades appuyées à la serveuse subjuguée.

Je finis de tasser le tabac dans ma pipe et sortis mon briquet pour allumer avant de me retourner vers Thorek et Thrynn, qui étaient en train de discuter à voix basse. Je perçus la dernière phrase du nordien, visiblement adressée à Hal et Thorek :

« Voilà de belles paroles, camarade ! »

Les nains sont tous les mêmes ; ils ne savent pas apprécier ce qui n'est pas nain.

Lorsque Thorek entendit cette phrase, il y eu un léger sursaut dans le fil de son esprit. En effet, et c'était un fait très rare, il venait de tomber parfaitement d'accord avec un umgi. Ce nordien méritait donc d'être écouté avec attention !

Ce fut donc avec un grand sourire à moitié caché par sa barbe que le nain écouta la suite de l'échange. Il acquiesça à quelques reprises, l'air affable et toujours surpris d'avoir entendu une bribe de sagesse de la part d'un humain... Et la proposition éhontée de payer un coup à boire à Thrynn tomba.

L’œil droit de Thorek tressauta un instant, sa bourse aussi tandis qu'il perdait rapidement toute forme de sympathie envers l'umgi du Nord. Puis, avec une aisance surprenante au vu de stature, le nain pivota lentement sur sa chaise pour se mettre face au tavernier.

« Je te r'tiens toi », murmura le nain dans sa barbe avant de poser quelques piécettes sur le comptoir d'une main crispée.  

L'idée d'arrêter cette conversation dans l'instant avait fait son bout de chemin dans la caboche de l'explorateur. Mais, pour une fois, Thorek prit sur lui. Les informations de cet umgi valait plus que son orgeuil en cet instant.

Alors que Thorek, dont le visage s'était décomposé au moment où il était mention de payer un frappé à Thrynn, grommelait en fouillant dans sa bourse à la recherche de quelques piècettes, le nordien se tourna vers moi et me lança:

J'aime ce ronchon à la barbe joyeuse ! En même temps, j'aime tous ceux qui me payent à boire. Alors petit Grabuge, me ferais-tu l'honneur de m'offrir un frappé glacé ? Ce sera parfait pour stimuler mes muscles que je vous montre un peu ce qu'on apprend là-haut, loin au nord. Il est incroyable de voir à quel point chaque région est différente. J'aime entendre le ronchonnement des nains, la fourberie des pirates, l'amabilité des Stellarois et la rugissement des habitants du nord. Vous êtes tous les quatre bien différents, mais de très bons camarades !

Je souris jaune et fouillai dans ma bourse. A chaque escale lors de notre voyage vers BaldorHeim, Thrynn avait fait les yeux doux pour que je lui paie un frappé. Au final, le voyage m'avait coûté aussi cher qu'un mois de traintrain quotidien, sûrement parce que j'étais plutôt peu dépensier et préférait vivre sans autre plaisir que le tabac. Mais quand même.
Je sortis finalement les pièces à la suite de Thorek, et les posai devant Hal en le regardant dans les yeux. Je vis dans son regard un mélange de gêne, de regret et d'inquiétude. Il savait qu'il venait de réveiller la bête. Thrynn ne refusait jamais un frappé gratuit, et c'était en quelque sorte sa devise. Pour chaque information, il fallait lui payer un frappé. Espérons au moins que les informations seraient à la hauteur de mes dépenses.
Je lui dis néanmoins, pour entretenir la conversation et ne pas passer pour un avare:

"Et la profonde conviction des gobelins justiciers, t'en as même pas parler. Même si je pense être le seul dans ce cas, malheureusement."

Je ricanai de bon coeur, sirotai ma bière et me calai comme il faut sur mon siège, pipe en bouche. Après tout, la camaraderie n'avait pas de prix.

Thrynn attaque le premier.

Thrynn, dit « Le frappé glacé » : 2370
Vitesse : 2205
Dégâts : 990
Capacités spéciales :
Célérité nordique : Si la vitesse de Thrynn est 4x supérieure à celle de son adversaire, il peut lancer 3 dés. Même fonctionnement pour le x5 (qui fait lancer 4 dés). Lance le dé « Humain ». {Annulée par l'offre des frappés glacés}
Vitesse : Peut lancer deux dés sur : Grabuge (tour suivant) et Thorek.
Butin : Indices sur le Grand Nord.



Vitesse cumulée : 701

Thorek Sveresson : 1937
Vitesse : 696
Dégâts : 2780
Capacités spéciales :
Dibnazmakaz : Augmente les dégâts de 40% (794) dans l'Est de Dùralas. {Utilisée}

Grabuge : 3505
Vitesse : 5
Dégâts : 5423
Capacités spéciales :
Rempart inébranlable : Les dégâts subis sont réduits de 30%.
Broyeur du Baldor : +40% de dégâts (1549) dans l'Est de Dùralas. {Utilisée}
Rage du champion : Le manieur peut décider lors d'un tour de frapper la hampe du trident contre le sol plutôt que d'attaquer. En cas de réussite, ses dégâts augmentent de 10% (coup critique : 15%) et il reçoit une réduction de dégâts subis de 15% (coup critique : 20%) durant ce tour.

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'Attaque - Humain' :

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    Lorsque Thrynn les défia ouvertement, Thorek eu une sorte de froncement de sourcil prononcé. Lui et Grabuge avait payé de leurs poches deux boissons à ce type et maintenant il voulait leur taper dessus ? Définitivement, il mériterait bien le nom de sa boisson préférée celui-là !

    Ainsi, alors que Thrynn faisait de la place autour de lui dans la taverne en dégainant ses deux haches, Thorek se contenta d’étudier le nordique en se demandant s’il fallait le faire mettre aux fers ou répondre à ses caprices. Grabuge, lui, fut plus rapide à répondre à cette question en allant se placer en face du nordien. Puis, alors que l’explorateur se demandait vraiment ce que le gobelin pouvait bien fabriquer, ce dernier jeta un coup d’œil à son collègue avant de lui faire signe de venir rejoindre l’évènement. Et c’est qu’il souriait en plus. Ces jeunots quand même…

    Ce fut donc en roulant des yeux que Thorek se plaça à côté de Grabuge. Quelques règles de « bienséance » furent édictées à la va-vite, afin d’éviter que les choses ne dégénèrent trop vite. Thrynn n’utiliserait que le plat de ses fers de hache et les khazariens se battraient à mains nues pour compenser leur avantage numérique. Thorek apprécia le geste, mais à moitié seulement. Grabuge avait beau être équipé comme une armurerie mobile, il savait très bien se battre à mains nues aussi. Son corps devait être une arme à part entière disait-il souvent. Du côté du nain en revanche, à part son maniement de la pioche – qui était définitivement bien trop dangereuse dans un combat amical – on était loin du champion de lutte. Il le savait bien et c’était loin de le rassurer quand il s’agissait de s’en prendre à un colosse armé de haches, aussi « amical » soit-il.

    Sans plus tergiverser, le trio se mit en garde quelques instants plus tard. Les deux kahzariens échangèrent un regard et Thorek fit un pas sur le côté, en retrait afin de laisser son collègue pratiquer son art tandis qu’il… eh bien, essaierait de trouver un truc à faire dans le bordel qui allait s’ensuivre.

    Thrynn, lui, ne leur laissa pas le temps de réfléchir trop longtemps. Il fila tel une comète vers le duo, ses deux haches sifflant dans les airs à une vitesse que l’on qualifiera d’inquiétante. Grabuge répondit dans la seconde à cette invitation. Les appuis bien en place et les poings levés, il voulait passer la défense du nordien pour aller frapper là où cela ferait mal et surtout de près. Néanmoins, Thrynn faisant quelques têtes de plus, il avait aussi bien plus de portée qu’il ne laissait paraître et une des haches avorta l’assaut de Grabuge quand elle passa à quelques centimètres de son front. Le gobelin ayant fait appel à son instinct naturel de « j’évite les objets tranchants près de ma tête », il ne put que reculer avant de réaliser que Thrynn fonçait droit vers Thorek.

    Le nain, définitivement peu serein durant la demi-seconde qui suivit, vit sa crainte devenir une douleur fulgurante quand le plat d’un fer de hache vint rencontrer le haut de son crâne. La force du choc le fit tituber sur quelques pas et voir quelques étoiles au passage. Cependant, profitant de sa constitution naine (ce qui impliquait un centre de gravité assez bas), l’explorateur put rester debout.

    A présent, Thrynn se tenait pile entre les khazariens et son regard jonglait en permanence entre ses deux adversaires. Et entre un Grabuge frustré d’avoir été ignoré et un Thorek progressivement furieux d’avoir été pris pour cible aussi gratuitement, il était un peu mal barré.

    Les deux khazariens réussirent à croiser leurs regards l’espace d’un instant, une fois que Thorek avait repris ses esprits. Ils étaient dans une position avantageuse, autant l’utiliser. Et tant pis si cela impliquait d’improviser, grogna mentalement Thorek.

    Alors que Thrynn regardait Thorek, Grabuge profita de l’ouverture pour aller agripper le bras armé du nordien et lui coller un crochet du gauche dans les côtes. Thrynn grogna, mais, sans surprise, il en fallait bien plus pour étaler un colosse pareil. C’est pour cela que Thorek vint rentrer dans un des genoux du nordien l’instant d’après. Surpris et s’étant pris un truc de la taille d’un tabouret furieux, Thrynn perdit son équilibre et dû lâcher son autre arme pour s’éviter une chute complète. Mais à peine relevait-il le regard que deux poings, l’un vert, l’autre calleux, virent lui remettre les pendules à l’heure dans un claquement aussi sonore que sourd. Le colosse partit alors, enfin, en arrière et s’effondra sur le dos, sonné mais pas encore évanoui.

    Le combat était terminé, maintenant il fallait rappeler aux gens de la taverne qui s’excitait un peu trop que le badge que les deux vainqueurs portaient avait toujours une signification.

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'Attaque - Nain' :

Sans que rien ne l’annonce, Thrynn, emporté par l’euphorie générale, nous proposa un combat pour nous échauffer un peu. D’abord dubitatif, je tirai une dernière fois sur ma pipe avant de la laisser sur le comptoir, à côté de ma bière.
Le guerrier nordien dégaina ses haches, toujours un sourire aux lèvres, et petit à petit un petit groupe se forma autour de nous trois. Les gens avaient compris qu’il allait y avoir de la bagarre, et déjà des encouragements jaillissaient de toute part. Je me mis face à Thrynn, et jetai un coup d’œil à mon camarade nain tout en lui faisant un petit sourire en coin. Lui ne semblait pas convaincu de ce qu’il fallait faire dans pareille situation, mais mon sourire eut tôt de fait de le convaincre de venir m’épauler. Défaisant mon sac et déposant mes armes au sol – ainsi que mes gants de fer - je proposai à Thrynn une règle pour équilibrer le combat : nous autres allions nous battre à mains nues, pour contrebalancer le fait qu’il soit seul. Cependant, nous nous mîmes aussi d’accord pour ne pas nous étriper, et c’est pourquoi il concéda de ne frapper qu’avec le plat de sa hache. Ses quelques règles dictées, nous nous mîmes en position sous les acclamations du public qui petit à petit grossissait. Si je n’étais pas particulièrement mal à l’aise en foule, Thorek jetait des regards perçants aux gens qui s’étaient massés pour venir voir le spectacle. Il ne devait pas être un habitué de l’arène.

Sans un mot, nous nous jetâmes un regard et Thorek se mit en retrait, me laissant ainsi agir le premier. Bien, cela faisait quelques jours que nous voyagions ensemble, mais je n’avais pas encore pu me mesurer à Thrynn. Voyons voir quels combattants forgeait le Grand Nord !

Notre adversaire se précipita alors sur moi, haches en main, et commença à faire siffler l’air de ses lames, passant plusieurs fois à quelques centimètres de ma tête. Pour ma part, je tentais tant bien que mal de trouver une ouverture pour frapper fort et vite, mais sa taille m’handicapait et je ne voulais pas frapper Thrynn à l’endroit du déshonneur. J’esquivai une ultime fois un coup de hache et fut forcé de reculer de quelques pas pour garder l’équilibre. Profitant de cet état de fait, Thrynn chargea alors droit sur Thorek pendant que je reprenais mes esprits après cet enchaînement d’esquive sur le fil du rasoir.
Je n’eus pas le temps d’arriver à temps et mon camarade se prit un plat de hache sur le crâne, ce qui le fit tituber quelques pas en arrière, c’est-à-dire à côté de moi. Ca devait faire mal, sans aucun doute…

Désormais le colosse nordien était face à nous deux, nous jaugeant du regard sans oser attaquer immédiatement. Je déduisais même, à son sourire satisfait, qu’il nous croyait déjà vaincu. Mais c’était mal nous connaître. Nous nous jetâmes un nouveau regard et, d’un commun accord, lancèrent l’assaut de façon coordonnée. Profitant que le regard de Thrynn repasse à nouveau sur Thorek, je lui sautai dessus et saisis son bras tout en lui mettant un bon coup dans les côtes, ce qui lui fit lâcher un grognement étouffé. Thorek, de son côté, profita de la diversion pour lui rentrer droit dans les jambes, tenant plus du boulet de canon que du lutteur. Thrynn, dont l’équilibre commençait à être sérieusement mis en danger, lâcha par réflexe son arme, et alors qu’il tentait tant bien que mal de garder les pieds sur terre, nous achevâmes notre attaque coordonnée en lui mettant une bonne droite dans les gencives, ensemble.

Perdant définitivement pied, il s’écroula en arrière, sonné. Frottant mon poing gauche, qui s’était écorché sur un de ses incisives, je jetai un regard à la foule qui applaudissait et hurlait leur engouement festif. Je vis d’un simple coup d’œil que la situation déplaisait à Thorek, et décidant de me ranger de son côté et je levais mon écusson tout en clamant :

« Brigade kazharienne. Dispersez-vous maintenant, la fête est finie. »

Comprenant rapidement qu’il ne valait mieux pas nous provoquer, surtout après notre démonstration de force, la foule eut tôt de fait de se diluer de nouveau dans la taverne, reprenant rires, chants et dialogues passionnés comme si la bagarre n’avait pas eu lieu. Je proposai mon bras à Thrynn pour l’aider à se relever, et lui lançai d’un air enjoué :

« Bien joué, l’ami. C’est tes dents qui m’ont le plus esquinté, vous naissez avec des mâchoires en acier dans le Grand Nord ou bien ? »