Nom : Sa lueur perce l’obscurité, apporte un éclairage nouveau à un problème mais désigne aussi un esprit éveillé. Elle est Tifawt, la Lumière.

Age : 26 ans, adolescente donc.

Sexe : Malgré son absence visible de poitrine, Tifawt est une femelle.

Race : Hybride, semblable à un chamois.

Classe envisagée : Guetteur, même si ce n’est pas encore une évidence pour elle actuellement.

Métier envisagé : Les petites pierres brillantes sur les parures des nobles l’ont toujours hypnotisé… C’est donc assez naturellement qu’elle se dirigera vers le métier de mineur.

Capacité magique : Tifawt est capable de ressentir les émotions des animaux et d’agir en conséquence. Pour cette raison, elle est particulièrement doué pour s’en occuper et pour les dresser. Plus tard, ses capacités lui permettront également de sentir celles des autres humanoïdes de façon contrôlé. Une capacité qui se révélera forte utile en tant que Guetteuse. Actuellement, cela lui arrive parfois d’être totalement submergé par les sentiments d’autrui de façon inopiné et lorsque ceux-ci sont particulièrement envahissants.

Mode hardcore : Non pour le moment, je l’activerai surement plus tard.

Avec le temps, Tifawt a appris à ignorer les regards surpris qui glissent de ses cornes à ses pattes, tout en s’attardant sur sa queue touffue. Jeune faune ayant grandi parmi les humains, l’étonnement qu’elle suscite laisse souvent place à une certaine curiosité. Sa peau satiné est pourtant semblable en tout point à celle de ces derniers, à l’exception des motifs blanchâtres aux creux de ses joues, caractéristiques des chamois. A l’instar de cette sympathique chèvre montagnarde, la richesse des couleurs qui parcourent son épiderme offre un spectacle étonnant, entraînant des réaction aussi diverses que l’émerveillement, la peur ou encore le dégoût.
Une épaisse fourrure court le long de son échine et descend également en cascade sur sa poitrine, recouvrant entièrement ses seins naissants. Quant à ses jambes, leurs articulations digitigrades n’ont rien à voir avec celles des autres humanoïdes. Leurs extrémités reposent sur des petits sabots fendus en leur centre tandis qu’une épaisse toison les recouvrent élégamment. Son aspect caprin cependant, attire couramment les mains des badauds : enfants et hommes sont les premiers à tendre leur paume pour tenter de caresser son pelage, percevant probablement comme une invitation son aspect d’animal mignon pour les uns et de femme exotique pour les autres.

Avec ce physique si particulier qu’est le sien, lui trouver des vêtements adapté s’est avéré être un véritable casse tête pour les humains qui se sont occupé d’elle. Les robes n’étaient non seulement pas adaptées à un travail de palefrenière, mais en plus elles faisait un drôle d’effet avec tant de fourrure qui dépassait de tous les côtés. Le résultat était similaire avec une chemise plus masculine, et ne parlons même pas des pantalon : aucun n’était  vraiment adapté à épouser les formes de de telles articulations. Finalement, son choix s’est porté sur un simple poncho en tissu fin, bien plus prompt à la protéger du soleil de Stellaraë que tout autre vêtement, lui assurant en plus une aération bienvenue.

A l’instar du chamois, elle n’est guère très grande et mesure  5 pieds, tout au plus. En outre, elle est particulièrement fluette et agile, elle serait sans doute capable de gravir les falaises ou des pentes abruptes, tout comme les chèvres mais elle n’a encore jamais eu l’occasion de s’y essayer. Quant à son visage, on s’étonnera surtout de son nez : large et légèrement bombé, ressemblant davantage à un petit chanfrein, soulignant par là même la douceur de ses traits caprins.
Une dernière particularité à noter est la tendance qu’a sa fourrure à changer légèrement de teinte lors des saisons chaudes et froides. En effet, elle est capable de muer comme la plupart des animaux. Son pelage d’hiver étant plus sombre que son pelage d’été qui lui tire davantage sur le beige.

Et si avec toutes ces caractéristiques physiques dignes des chèvres de montagnes on s’attendrait presque à l’entendre bêler, il faut savoir qu’il n’en n’est rien. Son élocution est tout à fait normale et sa voix velouté ne rappelle en rien celle d’un animal, à par peut être l’agneau, connu pour sa douceur.

Tous ceux pour qui elle a travaillé seront unanime à ce sujet : Tifawt est une bonne domestique, calme et discrète. Elle a le don d’être là lorsque l’on a besoin d’elle et de s’éclipser lorsque sa présence est indésirable. Le plus étonnant est qu’elle ne semble pas avoir de personnalité propre : elle est ce que l’on a envie qu’elle soit, elle n’est que le miroir de vos envies et idéaux.
Mais au fond, personne ne pourrait vous dire si elle est plutôt altruiste, loyale, possessive ou d’autres chose encore. Elle n’a jamais été battue ni maltraité par les nobles qu’elle a servit, pour autant, cette servitude semble avoir totalement bridé sa personnalité propre, empêchant tout trait de caractère un peu trop indésirable de jaillir hors de son être.
Pour ce qu’on en sait, elle donne l’impression d’être une personne de confiance et d’ailleurs elle a le don de s’attirer facilement les confidences de tout à chacun. En un sens, quoi de plus normal de se confier à une personne qui vous répond ce que vous souhaitez entendre. Elle n’est pas encore totalement consciente de ce potentiel et a plutôt tendance à se comporter comme une coquille vide pour le moment.
Mais est-ce pour autant ce qu’elle est vraiment ?

-J’ai un mauvais pressentiment…

Alors que ses yeux étaient rivés sur les étoiles, le faune n’entendit pas sa compagne qui s’infiltrait derrière son dos, avec la furtivité quasi féline qui la caractérisait. Elle glissa lentement ses bras autour de sa taille et blotti sa tête dans le creux de son omoplate en sussurant avec assurance :

-Ne t’en fais pas, je suis sûre que tout va bien se passer.

Malgré la promesse de sa femme, l’inquiétude ne cessait de plisser son front sertit de deux petites cornes. Aux contact des pirates, Tichaona s’était départie des croyances habituellement chères à leur peuple pour se concentrer sur des faits plus matériels. Quant à lui, au contraire, il avait toujours à coeur d’honorer les anciennes traditions ainsi que la Déesse lunaire, en laquelle il plaçait sa confiance depuis sa plus tendre enfance. Ainsi, il consultait volontier les astres lors de période d’incertitude telle que celle ci. Lumusi quitta un instant le ciel des yeux pour risquer un regard par dessus son épaule. Le pont du navire respirait le calme et la quiétude à cette heure avancée de la nuit et il songea à sa fille qui dormait, un peu plus bas, dans leur dortoir. Elle était née il avait à peine cinq lunes de cela et toutes ses inquiétudes convergeaient unanimement vers elle. Il n’était pas convaincu qu’une vie de piraterie convenait à un nouveau né et il ne cessait d’imaginer tous les risques que cela présentait pour elle. Sa femme plaisantait en lui assurant que si quelque chose arrivait à leur fille, alors ils ne seraient plus là pour en parler, eux aussi.
Non, il fallait avouer que Tichaona n’était pas très douée pour le rassurer…

Celle-ci agrippa doucement son poignet tout en esquissant quelques pas vers leur chambre.
-Aller, viens… Si l’idée c’est de compter les étoiles pour t’endormir, autant le faire dans un endroit confortable.

Un léger sourire étira ses lèvres.
Elle accueillait la vie avec autant d’insouciance que lui la redoutait et érigeait des défenses mentales colossale pour se protéger tant bien que mal de ses aléas. Et il s’engagea à sa suite, sans se faire davantage prier, pour rejoindre leur lit.
Pourtant, ses craintes ne le quittèrent pas, cette nuit là.
Et il découvrirait, au petit matin, à quel point ses peurs de la veille étaient justifiées. Alors que les humains se rueraient de part et d’autre de leur navire, que des éclats de voix rocailleuses se heurteraient aux sanglots d’une jeune faune que ses parents tenteront tant bien que mal de protéger. Mais il savait encore moins que le bambin survivrait, happé par les bras épais d’un homme à la barbe broussailleuse, avant même que le navire pirate ne soit définitivement englouti par les eaux.


-Wow, holà ! Doucement…

Un hennissement furibond accueillit les paroles de l’homme qui s’agitait à l’autre bout de la longe, tentant tant bien que mal de calmer l’immense percheron qui ruait dans tous les sens. Les sabots voltigeaient et les mâchoires claquèrent dans l’air à quelques centimètre des jambes du palefrenier qui se précipita juste à temps hors du corral.
En se relevant, il essuya la sueur qui perlait son front de sa main ganté.

-Il a pas envie. Laisse le tranquille…
L’homme se tourna vers elle puis un rire rauque s’échappa de sa gorge.
-Bien sûre qu’il n’a pas envie ! Mais c’est seulement passager, tu verras. il a besoin d’un chef, c’est tout. Tu sais dans la nature les chevaux sont des proies, c’est pour cela qu’ils aiment que ce soit plutôt nous les maîtres, car ça veut dire qu’ils peuvent nous faire confiance en cas de danger.

Sauf qu’il à l’air de penser que c’était toi le danger, songea t-elle. Pour autant, la gamine n'argumenta pas plus.
Après tout, elle savait très bien comment cela se terminerai : Burrich se lancerait dans de grandes explications pour lui faire comprendre à quel point il était important de dominer sa monture pour la sécurité de tous, et à quel point les chevaux aiment être parmi les hommes. Elle s’attendait à ce qu’un jour il lui vante même à quel point ils appréciaient les coups de cravache, les éperons qui leur tailladaient les flancs et les mors qui leur cisaillaient la bouche…
Elle soupira en observant le pauvre cheval s’ébrouer, savourant ce court instant de répit, tandis que Burrich faisait volte face en direction de l’écurie.

Les talents du maître palefrenier n’étaient plus à démontrer et au sein du domaine, tout le monde lui faisait confiance avec les animaux. Cependant, Tifawt n’appréciait pas ses méthodes. Du haut de ses dix ans, elle réprouvait sa brutalité, regardant totalement impuissante les chevaux se soumettre lorsqu’ils n’avaient plus aucune autre échappatoire et que les coups avaient étouffée chaque tentative de rébellion. Et Burrich de répliquer que l’animal savait à présent à qui il avait à faire.
Au fond, elle ne pouvait pas lui en vouloir. C’était ainsi que les palefreniers agissaient depuis des années et lui même ne faisait que répéter les gestes que son maître lui avait alors enseigné. Il espérait à présent qu’elle agisse à l’identique. Une véritable torture intérieure pour la gamine qui n’avait jamais essayée de désobéir à qui que ce soit. Pendant ses dix années auprès des humains elle s’était démarqué, quoique non, c’était plutôt l’inverse, elle s’était fondu dans la masse de par sa docilité à toute épreuve.
Mais là, c’était trop.
Elle s’en alla remplir un seau d’eau fraîche tout juste puisée et le fit glisser dans le corral, à une distance raisonnable du cheval qui la regardait faire avec curiosité. Le seau était presque aussi gros et lourd qu’elle et il fallait qu’elle réussisse à le faire passer sous la barrière en bois avec ses minuscules bras sans le renverser. Après quoi, elle s’éloigna de plusieurs mètres en contournant la palissade, tandis que l’immense étalon s’approchait du seau. Elle le laissa boire tranquillement tout pénétrant dans le corral. Soudain, le cheval la fixa.
Alors elle s’assit.
Elle ne savait ni pourquoi ni comment, mais c’était comme si son corps agissait de son propre chef, sous les ordres d’une pulsion instinctive qu’elle ne maîtrisait pas. Mais en plus, cela fonctionnait : le cheval se remit à boire paisiblement, tolérant sa présence.
Et puis… elle sortit une grosse pomme de la poche de son poncho. Elle croqua sa chair à pleine dent pour attirer l’attention de l’animal, ce qui eut d’ailleurs un effet immédiat, alors qu’il se remit à hennir et à s’ébrouer.

-Tifawt ? Tifawt, où es-tu encore passé ?
Les hennissements avaient fait sortir un Burrich paniqué hors de l’écurie. Sans chercher à comprendre il se précipita vers le corral et… Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit le farouche percheron manger paisiblement dans la main de la gamine.


-Dis, Burrich... Commença t-elle d’une voix hésitante. « Pourquoi est-ce que je suis la seule comme moi ? »
Malgré l’étrangeté de la question au premier abord, le palefrenier comprenait très bien ce qu’elle voulait dire par là. Il était vrai qu’elle était la seule hybride du domaine et même s’il comprenait que cela puisse lui peser il ne parvenait pas à se représenter exactement ses émotions à ce sujet. Déjà parce que la gamine, qui était maintenant adolescente, n’était pas particulièrement transparente, il était vrai… En y repensant, il songea qu’il ne s’était jamais pleinement interrogé sur ses états d’âme. En bonne domestique, Tifawt prenait soin d’effacer au mieux sa présence mais il n’était pas uniquement question de discrétion non, cela allait plus loin, comme si… Comme si elle cherchait à gommer l’entièreté de son être.

La faune voyait que l’homme se perdait dans ses pensées et qu’il ne semblait pas près à lui répondre, peut être même qu’il en avait oublié sa présence. Ce n’était pas grave, elle s’y attendait, après tout, elle tenterait sa chance auprès de quelqu’un d’autre. Pas aussi silencieuse que ce qu’elle aurait souhaitée, elle esquissa quelques pas en direction de la porte mais le claquement de ses sabots sur le sol firent émerger Burrich de ses pensées.

-Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour te répondre, mon enfant… Alors elle darda sur lui ses yeux interrogatifs, inclinant légèrement sa tête sur le côté, comme le ferait un animal curieux. Il laissa échapper un soupir las entre sa barbe grisonnante.
Alors il lui raconta. Il lui raconta comment, cette nuit là, elle avait été sauvée de justesse des flots alors que l’embarcation pirate sombrait, oui des pirates… Parce qu’ils avaient encore pillé un de leur bateau et qu’il avait fallu une bonne fois pour toute les faire cesser… Et alors qu’un soldat s’était emparé d’elle, il a entendu une voix de femme crier le nom de l’enfant, son nom. A la suite de quoi ils l’avaient ramené avec eux dans le domaine et le reste, elle le connaissait.
Il y eu un court silence qui sembla être une éternité pour Burrich qui chuchotait presque :

-Tu sais, je ne peux pas te parler de tes parents, je ne sais pas si c’était des gens bien. Mais parfois, des gens bien sont amené à faire de mauvaises choses par choix ou par aveuglement. Mais toi, je sais que tu es quelqu’un de bien.

Ah oui ? En était-il si sure ?
A l’aube de ses vingt six ans pourtant, elle prit la résolution de quitter le domaine pour la première fois de sa vie. Elle, la gentille palefrenière si douce et docile quittait sans un mot le domaine, sans même en avertir Burrich ni qui que ce soit d’autre.
Elle fila dans la nuit, emportant avec elle équipements et provisions et sans aucune hésitation, elle fit cap en direction de la mer du Sud.

Et bien comme cela peut plus où moins se deviner dans son histoire, Tifawt fait route vers le sud en quête de ses origines. Elle va rechercher les pirates, chercher à connaître ses parents, voir les retrouver ? Car au fond d’elle, elle nourrit l’espoir qu’ils sont peut être encore en vie, qu’ils ont pu nager pour rejoindre un rivage…