Première nuit loin de chez elle. Elle avait marché toute la journée sous un soleil accablant sans s'arrêter. La tristesse d'une amitié distante se faisait ressentir, ses yeux fixés sur l'horizon sombre d'où elle venait, elle pensait à sa mission, sa détermination, sa famille, son amie... Elle s'assit sur un drap improvisé en lit, elle prit ses affaires et fit un inventaire rapide, de la nourriture, une petite ration d'eau, un vieux tonfas qu'un habitant lui avait offert en au revoir ou en adieu, quelques vêtements et enfin, le manuscrit. Talya posa son front contre la vieille couverture poussiéreuse. Elle l'ouvrit et, sous la lueur de la lune, elle relit quelques uns des nombreux écrit sur ce qu'elle aurait à affronter. Qu'est ce qu'une plaine ? Une montagne ? Qu'est ce qu'un homme aux ailes blanches ? De nombreuses questions défilaient une nouvelle fois dans son crâne ignorant. Elle finit par s'assoupir sur le livre.

Le bruit léger du clapotement des pages, dû au vent, l'extirpa de son sommeil. Talya redressa la tête, pas de maison, pas de tapisserie représentant sa déesse tant vénéré mais surtout, pas de nourriture soigneusement préparé par ses parents, il n'y avait qu'un horizon orange granuleux. Il fallait si faire, le peu de confort dont elle disposait n'était plus qu'un lointain souvenir. Son sac contenait quelque fruit cultivés, une simple pomme lui suffisait pour se réveiller. Talya se remit en route, le même drap sur lequel elle avait dormit lui servait maintenant de poncho, moindre protection contre le soleil. Il ne fallait pas s'arrêter, ne pas faiblir face à l'horizon qui semblait désespérément vide. Ses pieds frottaient au sol, ils étaient alourdis par le sable. Elle s'arrêta un instant, posa son sac, elle en sortit quelques bandes de tissus blancs, marque de fabrique des protections Ifriennes. Elle les mit à ses pieds et s'entraîna sur le chemin à les faire et défaire au niveau de ses poignets. Alors que le soleil atteignait son zénith, Talya aperçut la silhouette d'un bâtiment en terre cuite, avait-elle enfin trouvé Stallaraë ? Elle comprit rapidement qu'elle n'avait pas atteint son objectif. La jeune femme se stoppa devant le bâtiment, un homme se trouvait devant. Quelque chose clochait. Elle fit intentionnellement tomber son paquetage au sol, mais l'homme ne faisait rien. Rapidement, elle finit de mettre les bandes aux poignets et jeta de nombreux coups d’œil autour d'elle. Finalement, la silhouette flou du garde se rapprocha, il n'était pas seul, elle pouvait ressentir les pas tâtonnant d'autres hommes caché derrière une extension du bâtiment. Le garde s'approcha lentement puis s'arrêta devant la jeune fille, il semblait grand, une bonne tête de plus qu'elle, un sourire mesquin illuminé son visage.

-Qui es-tu jeune impudente pour t'approcher de ce genre d'endroit ?
-Ecarte toi de mon chemin. Dit elle en s'étirant, d'un regard nonchalant.
-Haha ! Tu as du cran. Son sourire s'effaça instantanément, il lança sa main en avant pour saisir le cou de Talya et la souleva à quelques centimètres du sol, ses mains s'agrippèrent à l'avant bras de l'homme, ses jambes quand à elles, gigotaient pitoyablement. Ça ne me plait guère, je vais te faire regretter la stupidité avec laquelle tu m'as adressé la parole. Il l'a jeta comme un vulgaire rondin. Tuez la.

Elle toussa, tentant de reprendre son souffle, quand elle regarda autour d'elle, les hommes cachaient derrière l'extension s'étaient montrés et s'approchaient dangereusement de la jeune fille. Talya se dressa sur ses jambes et se mit en garde. Ils avaient des tissus qui couvraient leur visage ainsi que des vêtements légers typiques des nomades du désert et étaient munis d'un étrange cimeterre. Les guerriers entouraient Talya, plus aucun retour en arrière n'était possible, il fallait faire face. Un des guerriers engagea par un coup de sabre latéral facilement esquivable, elle contre attaqua rapidement à la gorge, avant qu'elle puisse enchaîner sur une autre attaque, un des hommes alla pour abattre son épée sur sa tête, elle s'écrasa au sol, d'un coup de pied fouetté elle balaya deux adversaires. Le dernier était immobile, impressionné par la jeune combattante, il tremblait. Elle le chargea, avant donner un coup de pied violent au niveau de son plexus. Il suffoquait, tête contre le sable. Elle inspira longuement avant de se retourner contre le garde.

-A nous deux mon gran... Elle dévia son regard derrière elle. Tiens, des renforts ? Elle sentait quelque chose de massif se rapprocher à toute vitesse.
-C'est moi ton adversaire ! Il lui fondit dessus, puis la saisit une nouvelle fois par la gorge. Je ne fais jamais deux fois la même erreur.

Alors qu'il tenait Talya d'une main, il dégaina lentement son sabre, pour laisser le temps à sa proie de voir arriver sa mort. Elle frappa l'avant bras du garde à de nombreuses reprises mais ce dernier ne semblait pas réagir. Il lui fallait de l'aide. Elle ne voulait pas mourir, pas maintenant.

Ba-da-boum. Ba-da-boum.

Loin au-dessus du sable brûlant d'Harena, Axe somnolait à moitié, confortablement installée dans sa selle matelassée et bercée par le galop tranquille de sa monture. La masse spectaculaire de l'animal fendait les dunes avec une aisance dont seules les bêtes du désert savaient faire preuve, ses grandes enjambées nonchalantes foulant sans mal le sol friable depuis le début de la matinée en soulevant sur son passage de belles gerbes de sable doré que le vent dispersait dans son sillage. Sa cavalière se laissait balader, un cigare au bec et la tête enturbannée pour parer au soleil brûlant qui déversait sa lumière jaune et crue sur la région.
Elle avait grand besoin de se détendre après son rapatriement chaotique à Lédéhi. À l'origine prévue pour ne pas dépasser les bordures des terres désolées, sa petite excursion à dos de fauve avait vocation à lui faire oublier un peu les charges qui lui étaient tombées sur la conscience sans prévenir à la mort de Styx ; des finances, des intrigues, des meurtres et encore plus de finances, il y avait de quoi vous cuire un homme à point pour la maison de repos en un mois montre en main. Elle qui pensait que renouer avec sa faction lui permettrait de souffler un peu…

Renversant la tête en arrière, la mercenaire tira un coup et souffla un long nuage de fumée dans l'air chaud. La forme pâle du soleil se dessina brièvement entre ses paupières mi-closes.

Midi n'était pas loin.

Lorsqu'elle se redressa, Axe sentit une odeur étrange lui titiller le nez à travers l'arôme puissant du tabac et haussa un sourcil, tirant sur les rênes de sa monture pour l'arrêter. Elle huma l'air à nouveau ; aucun doute. Par-dessus l'odeur de roc chaud qui montait du sable, une fragrance organique lui parvenait par la brise diffuse qui soufflait depuis le relief qu'elle voyait sortir de terre non loin de là, un plateau tortueux fendu en son milieu par une étroite gorge ombragée. Intriguée, Axe souffla un peu de fumée entre ses dents et tapota son cigare du bout de l'index. Sa vue était trop mauvaise pour lui restituer correctement les détails de l'endroit, il lui faudrait se rapprocher si elle voulait essayer d'en savoir plus.
Pourquoi pas ?
D'un claquement de langue autoritaire, elle ordonna à sa monture de se remettre en marche et orienta sa grosse tête vers la source de l'étrange fumet. Un râle de prédateur plus tard, la bête se mit en branle et son lourd galop se remit à ébranler le sol du désert tandis que sa jeune propriétaire se dressait sur sa selle, une main en visière et les sourcils froncés. Une structure anguleuse se détacha de la roche. Une tour à la base de laquelle s'agitaient plusieurs petites silhouettes anthropomorphes...
Plusieurs étaient armées : les éclairs de lumière fugaces qui miroitaient de temps en temps au rythme de leurs gesticulations indistinctes ne trompaient pas. Une escarmouche ? Plusieurs éclats de voix percèrent sous le tonnerre des pas de son fauve. Ouaip...Mêlons-nous-en.

Elle éperonna sa monture, qui ne tarda pas à débouler au pied de l’édifice.

L'accrochage, qui semblait approcher de son terme, impliquait une gamine en mauvaise posture et une bande de gars à l'air peu avenants qui se relevaient en toussotant du sable où la première devait les avoir envoyés avant de perdre l'avantage. Ramassant les armes qu'Axe avait aperçues avec une grimace mécontente, tous avaient les yeux braqués sur celui qui avait réussi à immobiliser la jeune furie, un grand homme à la trogne vulgaire et au sourire carnassier. Regards qui ne tardèrent pas à se reporter sur l'immense manticore qui pénétrait tout juste leur repère avec un grondement sinistre. Axe arrêta la bête et coinça son cigare entre ses dents. Les hommes étaient déjà en train de détailler la musculature impressionnante du monstre, ses ailes labourées par un excès de combats dans sa jeunesse, sa gueule à l'expression particulièrement significative et l'imposante queue de scorpion avec laquelle elle fouettait l'air dans une mimique toute féline. Le grand gaillard qui tenait la fille, lui, avait reculé de quelques pas prudents et n’en menait pas beaucoup plus large que ses hommes.

"Qui es-tu, toi ?"

Axe ne répondit pas et balaya l'endroit des yeux, le regard critique. Une simple passe vaguement aménagée où pointaient quelques bâtiments de terre cuite ici et là.
"Fléaux-d'Erg ? Compagnie bleue ? Pieds-de-glaise ?
- Je te demande pardon ?
La mercenaire darda son regard sur le visage de son interlocuteur.
- Je cherche à savoir chez qui je me trouve, l'ami. Harena est un sacré nid de brigands. Passefournaises, peut-être ?
L'homme eut une expression mauvaise et reposa la fille à terre pour soulager son bras, soumettant sa prise à une clé impitoyable aussi sec.
- Fléaux-d’Erg…Et puis quoi encore  ? Tu seras heureuse d'apprendre que tu marches sur les terres des Lames Dorées de Salomon, petite femme. Ou pas. L'homme leva une main pour ordonner à ses hommes peu convaincus de se tenir prêts à attaquer. Camarades...
Axe leva un sourcil et sauta à terre en dégainant la rapière qui pendait à sa hanche gauche, constatant avec un brin d’étonnement que sa manticore ne serait pas un argument suffisant pour mater son interlocuteur. Alors qu’elle tuait la distance qui les séparait d’un pas tranquille, elle adressa un sifflement au monstre et la bête se coucha sur le flanc avec un puissant soupir, la tête posée sur les pattes. Les bandits qui l’entouraient semblèrent s’enhardir un peu, initiant pour quelques-uns d’entre eux un pas solidaire en direction de leur chef ; celui-ci les arrêta d’un geste de la main et fit face à la jeune femme qui s’était plantée devant lui avec un air mitigé.
- Comment t’es-tu retrouvée dans ce traquenard, toi ?" 

L’homme eut un raclement de gorge agacé. La visiteuse l’ignorait copieusement, portant plutôt son attention sur la fille qu’il avait capturée et dont il enserrait fermement les bras pour l’empêcher de trop gesticuler.

Elle frappait encore et encore, ses pieds n'atteignaient pas ne sers-ce que les abdominaux du bougre. Sa poigne faiblissait et l'air manquait. Malgré tout, son emprise faiblit soudainement, il ne la regardait plus, quelque chose derrière capturait son attention, c'était grand, ses yeux étaient fixés légèrement plus haut que la moyenne. Quand il prit la parole, sa voix était sourde, atténuée, elle ne comprenait plus rien, ses membres et ses sens flanchaient sous l'étreinte soutenu de son adversaire. Les mouvements devenaient flou ; tout d'abord ce qu'il semblait être une main, des silhouettes mobiles. La jeune fille agrippa l'avant bras de l'homme, ultime geste d'une vaine résistance. Le léger voile blanc d'une douce souffrance se posait sur les yeux de Talya, les voix s'estompaient, peu à peu, elle sombrait dans le long couloir de l'inconscience. Mais alors que tout paraissait se décomposer autour d'elle, la lumière brûlante et sèche du désert frappa ses rétines, son cou libéré, la combattante reprit connaissance d'une inspiration rauque, le monde se redessinait, les silhouettes redevenaient des hommes, puis les bruits sourds parurent clairs, des voix, le garde ainsi qu'une fille.

Elle n'était pas pour autant libre, une puissante clé de bras figeait son corps sur place. Ses toussotements masqués les voix, des mots, des noms "Erg... Lames Dorées de Salomon..." atteignaient ses oreilles, mais rien de tout cela ne lui disait quoi que ce soit. Elle secoua la tête, il fallait se remettre vite de ses émotions. Des coups d'oeils vifs, de droite à gauche, elle balançait son regard par-dessus ses épaules, le bandit ne prêta pas attention au gigotement de la jeune fille, il continuait de fixer devant lui. Lorsque ses acolytes se mirent en garde dans une symphonie de cliquetis métalliques, elle se tourna brusquement pour faire face à une jeune fille. Pas plus vieille qu'elle, son visage était marqué par une expérience bien plus présente qu'elle n'en aurait peut-être jamais.

- Comment t’es-tu retrouvée dans ce traquenard, toi ?

Qui était elle ? Elle ne semblait pas hostile envers ces guerriers des sables, mais eux ne semblaient pas la connaitre au vu d'une méfiance généralisée. Que voulait-elle ? Elle était arrivée au meilleur moment pour sauver Talya, peut être l'avait elle suivie, ou alors n'était-ce qu'une coïncidence. Un étrange silence s'installa, laissant la parole au mélodieux alizé d'Harena. Elle scrutait son interlocutrice ; une jeune fille, la tête en partie masquée, entre ses dents, un objet rougeoyant de petites braises, quelque chose bien différent de ses traditions. Elle pencha la tête, une moue d'incompréhension se dessina sur son visage : n'était-ce qu'un simple ruban virevoltant au gré du vent ? Une vraie queue ? Ou un mirage ? Derrière elle une masse animale flou, impossible pour elle de distinguer quoi que ce soit de ce dernier.

-Es-tu réelle ? Ou l'incarnation d'une étrange frustration ? Chuchotta-t-elle. Le garde resserra ses doigts sur son poignet, elle grimaça. Stellaraë. Je cherche Stallaraë. Qu'es-t... Hmpf...  Le garde frappa l'arrière du genou de Talya, la forçant à s'agenouiller.
-Ca suffit, marre de vous écouter bavasser. Il jeta un regard méprisant envers la fille à ses pieds. J'en ai assez entendu. Il releva la tête vers la lycanthrope. Quand à toi, je te laisse une chance, tu peux partir.

Les hommes qui entouraient la mercenaire, se resserrèrent légèrement, lui laissant un couloir de sortie vers son manticore. Les cartes étaient posées. Talya n'appréciait pas laisser sa vie entre les mains d'inconnues et sûrement pas d'une adolescente seulement en partie humaine. Elle restait sereine, la respiration régulière, la jeune femme fixait l'étrange fille, ses yeux plissés semblaient attendre quelque chose d'elle. L'homme claqua des doigts, instantanément, les quatre guerriers se mirent à marcher en direction d'Axe.

-Ne m'oblige pas à répéter.

La jeune femme manquait d'air. Elle divagua un instant avant d'être interrompue par son bourreau, qui la mit à genoux d'une torsion de poignet.
-Ca suffit, gronda l'homme, marre de vous écouter bavasser. J'en ai assez entendu. Son regard était significatif, ses intentions envers sa prise sensiblement mauvaises. Quant à toi, je te laisse une chance, tu peux partir, ajouta-t-il à l'intention d'Axe sans savoir qu'il venait de laisser passer la sienne.

Toujours voilé d'une pellicule moribonde, le regard de la jeune femme à terre se tourna vers le visage de l'intéressée tandis que ses poumons affolés recouvraient lentement leur calme habituel, témoignant d'une amélioration de l'état général de leur propriétaire. Avait-elle retrouvé ses esprits ? Axe ignora son appel muet et se contenta de lâcher la garde de son épée avec un grognement laconique. Sa peau tannée et sa musculature étaient celles d'une guerrière du désert, son souffle était sans doute plus qu'à même de se remettre du traitement que le bandit lui avait infligé. La mercenaire doutait pour autant qu'elle soit en mesure de se dégager elle-même de la poigne qui l'immobilisait, petite et très certainement la moins expérimentée des âmes qui peuplaient les lieux. Invités d'un claquement de doigt du bandit à venir appuyer ses propos fissa, les quelques sbires qui la menaçaient rappelèrent cependant à la trésorière que la fille avait tout de même réussi à mettre quelques hommes adultes au tapis avant d'être immobilisée ; peut-être était-elle plus forte que ce que son allure présageait.

- Ne m'oblige pas à répéter.

Axe décida de prendre l'homme au pied de la lettre et envoya le plat de sa main libre éclater la joue de son interlocuteur, qui cracha une gerbe de sang avant de tomber à la renverse. La nuque dévissée, l'homme toussa un bout de langue et se mit à se contorsionner au sol en se grattant le col frénétiquement, la trachée invalidée par l'angle étrange qu'adoptait à présent son cou musclé ; Axe se pencha, lui saisit le menton et redressa délicatement sa tête désarticulée pour lui permettre de la regarder dans les yeux.

- Essaye donc.

Les lèvres de l'homme tremblotèrent et ses yeux se remplirent de larmes alors qu'il tentait en vain de répliquer, la bouche remplie de sang.

- C'est ce que je pensais.

Axe lâcha le menton du cadavre en devenir et tendit une main amicale à la fille que sa claque avait libérée, profitant de l'hésitation que marquaient les malfrats tout autour pour examiner une seconde fois les lieux. Des meurtrières discrètes constellaient les flancs du défilé et plusieurs silhouettes étaient apparues aux fenêtres de la tour, témoignant d'une activité humaine bien plus développée que ce que la trésorière avait d'abord soupçonné. Les lames dorées... Encore un groupuscule qui avait choisi de s'établir du côté stellarois de la frontière entre Harena et les terres désolées. Préférer la menace gardienne à celle du territorialisme des habitants de Lédéhi n'était pas un mauvais choix si l'on souhaitait conserver son indépendance. Axe était curieuse de jauger la pondération exacte de l'organisation, les rapports entre son meneur et ceux de la Congrégation n'ayant jamais permis à la faction de se faire une idée précise de la nature des rangs de Salomon. S'il voulait la jouer cavalier seul dans le monde du crime, soit ! Il était dans son bon droit. Mais on ne boude pas l'Ombre éternellement quand on tutoie ses frontières.

- Toi ! Lança-t-elle à un des bandits, qui sursauta. Salomon est-il ici ?
- Euh...beuh...J'suis pas sûr qu'il apprécierait que...
Axe leva un sourcil.
- Enfin, vous savez...C'est un quartier général, ici...secret...Vous avez Lédéhi, nous on a ça...voilà...

Un sifflement retint la trésorière d'aller interroger l'homme avec moins de questions et plus de doigts cassés, attirant son regard sanguin vers une des fenêtres de la tour. Deux beaux yeux la lorgnaient depuis l'ouverture sombre, encadrés par un voile de longues mèches noires de nuit et par un tissus rouge qui masquait le bas du visage de l'apparition. C'était de sa bouche dissimulée que montait la mélodie. La trésorière, intriguée, voulut l'interpeler quand une série de notes s'éleva de l'intérieur du bâtiment, répondant à celle de la belle siffleuse ; puis une autre, puis une autre encore, les appels mélodieux semblant retentir de plus en plus profondément dans les entrailles du complexe troglodyte.

Un signal.

Axe dégaina son épée pour de bon et s'adressa à mi-voix à la fille qu'elle avait sauvé.

- Ça va bientôt chauffer ici. Si tu peux courir, file, Stelleraë c'est tout droit vers le soleil couchant une fois qu'on a contourné ce merdier (elle désigna le relief rocheux de la pointe de son arme). Là-bas, porte Nord si tu es plutôt du genre à défendre la veuve et l'orphelin, le quartier est plein de casernes gardiennes. Sinon, porte Ouest et à gauche toute une fois que tu es dans la ville. Quand les rues rétréciront, tu seras dans le secteur mal famé de référence pour les têtes blondes du milieu. Étant donné que tu en dois une à la Congrégation, ça peut valoir le détour...

La trésorière fouilla le fond d'une de ses poches et fit sauter une petite broche vers son interlocutrice d'une pichenette. Le bijou, façonné dans un métal gris peu précieux et figurant un lotus grossier, était à l'image de celui qui décorait le turban d'Axe (d'argent poli et de meilleure facture, plus élégant).

- Tu connais ?

La jeune mercenaire n'avait pas l'air bien impressionné par la mise en garde de l'homme. Bien au contraire, elle lui brisa la nuque en balayant simplement son visage d'une violente baffe punitive. Elle même surprise par ce coup ravageur, Talya tomba face contre terre. Sa respiration dégagea le sable de son visage, elle peina à retirer son bras engourdit de son dos. La fille qui l'avait sorti de ce pétrin lui tendit la main, un geste qu'elle ne put refuser. Quand elle fût remise sur pied, ses yeux se posèrent sur le corps de l'homme , elle ne ressentait rien envers lui, le fait qu'il allait mourir, sa détresse, elle se contenta simplement de détourner le regard. La jeune fille ne distinguait rien de clair de l'environnement dans lequel elle se trouvait, elle se frotta les yeux mais toujours rien. Alors que sa salvatrice interrogée les hommes qui l'avaient agressé, elle se précipita sur son sac, abandonné plus tôt. Tout y était, Talya saisit son tonfas, bien maigre équipement face aux bandits. Soudain, la guerrière redressa la tête, des sifflements, de mélodieuses petites musiques qui s'enchaînaient jusqu'à en donner l'impression qu'elles se superposaient. Tout cela ne lui inspirait rien de bon, elle balança son sac sur son dos. Avant de pouvoir lui demander ce qu'il se passait, la jeune fille, arme à la main, lui adressa la parole.

- Ça va bientôt chauffer ici. Si tu peux courir, file, Stelleraë c'est tout droit vers le soleil couchant une fois qu'on a contourné ce merdier. Là-bas, porte Nord si tu es plutôt du genre à défendre la veuve et l'orphelin, le quartier est plein de casernes gardiennes. Sinon, porte Ouest et à gauche toute une fois que tu es dans la ville. Quand les rues rétréciront, tu seras dans le secteur mal famé de référence pour les têtes blondes du milieu. Étant donné que tu en dois une à la Congrégation, ça peut valoir le détour...

Talya haussa les sourcils, l'incompréhension se lisait clairement sur son visage mais elle ne voulait pas couper son interlocutrice dans son élan. Axe lui jeta une petite broche métallique gravée, elle ne brillait pas. Et si elle ne brille pas, c'est qu'elle ne vaut rien se dit instinctivement la combattante. Primitive façon de pensée, pour une sauvage du désert. Pourtant, elle remarqua la ressemblance flagrante avec celle qu'elle portait. Il s'agissait très clairement d'une invitation à rejoindre cette... "Congrégation". Elle termina.

- Tu connais ?

Elle pencha la tête, les quatre hommes qui les entouraient s'étaient dispersés. Le silence s'installa une nouvelle fois, les signaux avaient cessé. Qui était cette fille, n'était-elle qu'une simple émissaire de cette Congrégation, elle ne s'était même pas présentée. Elle observa attentivement la petite broche puis, elle finit par répondre.

-Tu as la langue bien pendu petite louve... Je n'ai aucune idée de quoi tu parles. Mais avant tout, sache une chose, elle marqua une pause jetant un regard emplit de bravoure vers la grande structure, je ne fuis pas les combats si facilement.

Un air suffisant illuminé le visage de Talya. Elle était remontée et prête à un découdre. Ils étaient nombreux, aucune idée de combien exactement mais ça n'allait pas l'arrêter. Une stratégie farfelu lui vînt à l'esprit pour savoir à peu près leur nombre. Elle leva son pied le plus haut possible avec souplesse et l'écrasa sur le sable, puis elle ne bougea plus, les yeux fermés. Talya se concentra sur le sol, le coup avait créé une vibration qui lui permettait de se faire une idée topographique des lieux. Un geste qui, sorti de son contexte paraissait bien ridicule. La grande tour lui parut plus claire ainsi que les environs.

-Ça fait un sacré paquet de monde... Marmona-t-elle en s'étirant le bras encore légèrement engourdit, elle posa son sac une nouvelle fois, une masse de sable enterra ce dernier sans même un geste de la jeune fille. Elle se tourna vers la lycanthrope. Tu es forte petite louve, plus que moi. Aide moi à vaincre ces bandits et nous parlerons de... Elle indiqua la broche d'un geste indécis. Ça.

Les sifflements reprirent, ils étaient plus organisés, il ne s'agissait plus de signaux, le but était d'impressionner l'ennemis. Talya, stoïque, regarda fixement la jeune mercenaire puis lui adressa un signe de tête complice. En un rien de temps, les guerriers des sables entourèrent les deux individus, ils étaient nombreux, mais ne bougeait pas. Ils attendaient un ordre, une personne.
La jeune combattante ne semblait toujours pas perturbée par les événements qui s'enchaînaient pourtant à une vitesse qu'elle n'aurait pas pu imaginer auparavant. Instinctivement, elle recula légèrement jusqu'à cogner l'arrière de son pied sur le cadavre du garde mais n'y prêta pas attention, se contentant de se figer sur place. Talya inspira profondément, puis laissa échapper une longue et puissante expiration. Elle se mit en garde, les yeux fixés sur l'horizon.

- Bon, bon, bon.

Le cours des événements s'emballait, ce n'était rien de le dire. Après avoir manifesté un intérêt mitigé pour la broche, la jeune guerrière, qui n'avait vraisemblablement pas reconnu le symbole de mort qui l'ornait, avait refermé le poing autour du bibelot et s'était adressée à Axe d'une voix ferme. Elle n'avait aucunes notions politiques. Magnifique...Les yeux pleins d'une ardeur nouvelle, elle avait accordé son soutien à la régente interloquée et frappé le sol du pied d'un geste fluide, démontrant à la fois son agilité, sa force et ses capacités de récupération éblouissantes. Presque comme neuve après le traitement que l'autre clown lui avait fait subir, c'était honorable. Une forte tête et une constitution d'acier. La mercenaire, en voyant la besace de sa compagne d'aventure s'ensevelir toute seule sur un grommellement de l'intéressée, avait écarquillé les yeux avec une mine ravie. Plus encore, une géokinésiste ! C'était la première fois qu'elle croisait la route d'un mage spécialisé dans le sol et ses éléments. Astucieuse de surcroît puisqu'elle semblait capable d'utiliser ses pouvoirs à d'autre fins que le combat, la fille s'était tournée vers Axe et son large sourire. "Tu es forte petite louve, plus que moi. Aide moi à vaincre ces bandits et nous parlerons de...Ça." La lycanthrope, qui s'était détournée après que la jeune guerrière lui eût adressé un hochement de tête complice, avait eu un ricanement bienveillant. "Petite louve..."

Les bandits, qui avaient reflué discrètement à la mort de leur chef, étaient revenus plus nombreux et mieux équipés. Il encerclaient à présent les deux joyeuses drilles lame au clair et visage fermé. Axe, dont la rapière savamment aiguisée luisait élégamment, tira une bouffée de fumée.

- Ça ne vaut rien, tout ça...SALOMON !

Les bandits eurent un sursaut lorsque l'appel d'Axe claqua dans la passe comme un coup de tonnerre, se répercutant longtemps entre les parois naturelles avait de s'éteindre doucement. Bien que façonnés par l'expérience d'une vie de maraude dans le désert brûlant, endurcis et habiles dans l'art de manier de cimeterre, ils sentaient que le petit bout de femme qui leur faisait face n'était pas à prendre à la légère. Quant à la furie qui l'épaulait, si elle n'avait pas eu le temps de se constituer une aura de ce genre, certains l'avaient observé dans son combat contre le comité d'accueil qui l'avait interceptée à son arrivée dans le défilé ; entourée de sable et de caillasse, elle était dans son élément natal et le mot passait dans les rangs des malfrats qu'elle était capable de s'en servir comme une arme aussi bien que de ses poings...Il était d'avis général de s'en méfier. Quant aux raisons pour lesquelles les deux acolytes avaient subitement décidé de leur chercher des noises au lieu de passer leur chemin, victorieuses, elles étaient assez floues pour que tous soient favorables à laisser le Chef gérer la situation.

- Mieux, mieux, grommela Axe en voyant des formes s'agiter derrière les fenêtres de la tour tandis que des bruits de pas claquaient dans les couloirs du repère. Elle leva sa lame pour tenir ses adversaires en respect et se tourna à moitié vers la guerrière à la peau sombre. Puisque ces messieurs n'ont pas l'air de vouloir engager les présentations, comment t'appelles-tu ? Et d'où viens-tu pour ignorer qui sont les membres de la Congrégation et de la Garde de stellaraë ?

Pendant ce temps, attirées par l'agitation, un groupe de siffleuses graciles se déversait de la porte étroite de la tour, accompagnées par quelques hommes à l'allure plus solide que celle des combattants qui encerclaient Axe et sa partenaire. La régente voyait parmi ces derniers de jeunes garçons au duvet peu vaillant dissimulé dans l'ombre de leurs casques ou de leurs turbans, les bras minces et les épaules étroites. Des filles, aussi, moins jolies que les siffleuses. Peu de vieillards puisqu'on vivait rarement vieux dans le métier sans se détacher des rangs des guerriers les moins doués. Alors qu'on saisissait par les pieds le cadavre encore chaud de l'homme qui avait accueilli Axe, qui laissa sur son passage une fine traînée sanguine depuis la flaque qui s'était constituée autour de sa bouche tordue, une armure étincelante passa à son tour le porche du bâtiment et la lycanthrope poussa une exclamation satisfaite. "Ha !"
L'homme, d'aspect aussi fier et rutilant qu'un gardien bien gradé, était armé d'une épée courte et large aux couleurs de son plastron. Capé de pourpre, il avait dans l'oeil une ombre malfaisante qu'Axe reconnut immédiatement pour l'avoir déjà vue dans celui de nombre de ses mercenaires ; un grand meurtrier, un authentique, un éperdu. Axe le salua en confrère.

- Approchez, Salomon, on vous a déroulé le tapis rouge ! Quelque part dans son dos, un jeune homme remua et fut arrêté de justesse par la main d'un aîné. Je vous aurais plus volontiers rencontré autour d'une bonne bouteille, mais que voulez-vous, les circonstances sont les circonstances...Cigare ?

L'homme, qui s'était avancé le long du chemin qu'avait suivi le corps de son subordonné en sens inverse, s'arrêta et croisa les bras. Un faux flegme sur le visage, il cueillit le cadeau de la régente entre son index et son majeur droits.

- Tu ne prends rien de tout cela au sérieux, n'est-ce pas ?

C'est alors que le garçon jaillit de la ligne de ses camarades en brandissant férocement un bâton de bois noir, poussant un cri rageur. Axe, sur ses gardes, pivota sur ses talons et laissa le coup de son agresseur siffler au-dessus de son oreille gauche alors qu'elle envoyait son genou se loger dans l'estomac du bleu, qui fut éjecté aussi sec vers les bras que tendirent les autres bandits pour le réceptionner ; le souffle coupé, il dodelina de la tête un instant et fut absorbé dans les rangs de ses camarades. Probablement un proche du macchabée. Une vague de grommellements retentit dans les lignes des coupe-jarrets et une étincelle agressive se mit à crépiter dans les yeux des uns et des autres tandis que l'atmosphère se chargeait sensiblement, le satu quo qui s'éternisait depuis la mort du malfrat prêt à éclater. La lycanthrope adressa un clin d'oeil rapide à sa partenaire d'une aventure, puis se tourna vers Salomon.

- Non.

Talya avait laissé la lycanthrope libre de ce qu'elle allait faire. Qu'importe sa décision, elle était bien décidée à se battre. Finalement, son acolyte avait aussi l'air bien décidé à en découdre avec ces adversaires même si un sentiment d'insatisfaction régnait sur son visage. La jeune guerrière avait du mal à distinguer les visages, déçut de ne pas connaitre les prochaines personnes qu'elle mettrait au tapis, elle laissa échapper un souffle sec entre ses dents.

... SALOMON !

Un sursaut général des bandits fut accompagné de celui de Talya qui redirigea son regard sur la mercenaire. Désormais elle était sûre du nom de leur chef, c'était une chose. L’écho se répercuta sur les murs et parois des environs laissant place aux bruits de pas, de nombreux pas que la jeune femme ressentait. Il n'y avait pas que des guerriers, des pas plus légers les accompagnaient. La lycanthrope leva sa lame en l'air, maintenant un sentiment de méfiance dans les rangs de leurs adversaires. Les yeux grands ouverts, elle observa la fille qui l'épaulait d'un œil attentif, à la recherche d'un moindre signal. Axe se tourna vers la pugiliste.

-Puisque ces messieurs n'ont pas l'air de vouloir engager les présentations, comment t'appelles-tu ? Et d'où viens-tu pour ignorer qui sont les membres de la Congrégation et de la Garde de stellaraë ? 

En effet, peut-être était-il tant de se présenter solennellement à son public. Elle chercha un moyen de les impressionner, ne pas trop en faire, mais assez pour les surprendre. Elle prit une grande bouffée d'air, les grains de sables se mirent à danser harmonieusement autour de ses jambes, remontant jusqu'à sa taille. Elle fit quelques pas en direction de ses ennemis, les dévisageant un à un. Ils étaient faibles pour la plupart, trop jeune, trop vieux, trop maigre, avec de mauvais appuis et des têtes trop émotives. Elle écarta les bras pour se donner une carrure plus imposante, une parade théâtrale ayant pour but de démoraliser les plus peureux.

-Je suis Talya Hinami, guerrière d'Ifri, quiconque entravera mes pas, fera face à mes poings.

Quelques-uns reculèrent d'un pas à l'approche de la fille, de brefs chuchotements parcoururent les rangs. Elle était sûre d'elle. Trop sûr d'elle. Mais cela faisait douter les bandits, il s'agissait là du plus important. Sans pour autant dévoiler ses origines, évitant ainsi toutes représailles si elle échouait, mais elle n'échouerait pas. Quoi qu'il arrive, les personnes qui se tenaient devant elle ne ferait pas long feu. Cependant les nombreux pas qui s'échappaient de la tour, eux, semblaient bien plus impressionnant. Elle lança un dernier regard méprisant en direction d'un garçon, une fois son petit numéro terminé, elle se concentra sur ce qu'elle considérait comme de vrais adversaires. Tout d'abord des courbes féminines passèrent la porte, puis des hommes mieux battis, plus intéressant à combattre. Elle observa de façon désintéressé le corps du garde qui avait très vite calmé ses ardeurs se faire traîner par ses confrère. Quand l'homme appelé montra le bout de son nez, sa coéquipière s'esclaffa de satisfaction. Talya plissa les yeux, scrutant de haut en bas ce qu'elle pouvait distinguer. Un homme droit, une belle armure dorée flamboyante contrastée sa cape pourpre, définitivement une personne qui ne pouvait offrir que du mal à la jeune femme. La mercenaire, sarcastique, l'accueillit, lui proposant même ce qu'elle portait au bord de ses lèvres depuis le début de leur rencontre. Il le plaça entre ses doigts et ajouta.

- Tu ne prends rien de tout cela au sérieux, n'est-ce pas ?

Un des garçons, beaucoup trop agité, s'extirpa des rangs pour foncer sur la lycanthrope qui esquiva la lame de justesse, contre attaquant d'un violent coup de genou. Une chance qu'elle n'eut pas fait comme avec le gaillard, ses quelques alliés se groupèrent autour de lui, ils semblaient tous remontés, la tension dans l'air était palpable. Talya se baissa sur ses positions, il était temps. Toujours à la recherche d'un signal, elle était satisfaite du camp dans lequel elle se trouvait. Il fallait juste montrer de quel bois elle se chauffait. Le clin d’œil rapide de la mercenaire fut suivi d'un hochement de tête de sa coéquipière.

-Non

Est-ce le moment tant attendu ? Peu importait, agacé par l'attente et la pression que procurait la situation, elle se retourna vivement, prenant pour acquis que la mercenaire s'occuperait de retenir Salomon. D'un geste circulaire du bras, le sable sous les pieds des bandits suivit le mouvement, balayant ces derniers dans un fracas métallique désorganisé. Elle frappa le sol du pied puis lentement, le fit glissé sur le sable. A peine eurent-ils le temps de se remettre de leurs émotions qu'un bourrelet de sable les poussa avant de les recouvrir. Elle venait de repousser le groupe d'indésirable, même si cela ne les calmerait pas pour autant, le gain de temps qui en découlait permettrait de commencer le combat plus aisément. Talya reprit son souffle, épuisé par la force qu'elle dut mettre dans son attaque. Son regard sanguin se tourna vers Salomon.

Les Lames de Salomon attaquent en premier.

Vitesse des joueurs : 1085

Niveau des joueurs :

Talya : 384
Vitesse : 180
Dégâts : 43

Axe : 2576
Vitesse : 905
Dégâts : 2051
Capacités spéciales :

• Mercenaire de la Congrégation de l'Ombre
  • Poison : Inflige 40 de poison lors d'un coup réussi.
  • Machiavel (panoplie d'élite) : Augmente l'efficacité des dagues, des griffes, des arcs et des arbalètes de 128% (0 + 141 + 141 = 282). {Appliquée}
• Boucle d'oreille gauche de Sire Ümmen : Les personnages ennemis de sexe masculin perdent tous 20%/stats au début du combat. {Appliquée}
• Vitesse : Peut attaquer deux fois : Malfaiteur du désert, Siffleuse du désert.

Vitesse des Lames de Salomon : 1500

Malfaiteur du désert : 320
Vitesse : 160
Dégâts : 160

Siffleuse du désert : 600
Vitesse : 300
Dégâts : 300
Capacités spéciales : Renfort : Un malfaiteur du désert se joint au combat. {Activée}

Exécuteur du désert : 960
Vitesse : 480
Dégâts : 480
Capacités spéciales : Renfort : Une siffleuse du désert se joint au combat. {Activée}
Butin : 5 minerais de diamant

Salomon : 2000 (+200/tour)
Vitesse : 560
Dégâts : 240 (+200/tour)
Capacités spéciales :

• Tueur du désert : Gagne 200 dégâts/tour.
• Eau de l'oasis : Gagne 200 vitalité/tour.
• Tempête du désert : Lorsque sa vie atteint 50%, Salomon invoque une tempête du désert qui aveugle ses adversaires. Leurs dégâts sont réduits de moitié pendant 1 tour. [Imblocable]
• Renfort : Un exécuteur du désert se joint au combat. {Activée}

Butin : Rhi Kantoné (+1070; v-170; si vous êtes une classe aventurière, les dégâts subis sont réduits de 25%) OU 1000 pièces d'or.




Malfaiteur attaque Talya à 160.
Siffleuse attaque Axe à 300.
Exécuteur attaque Axe à 480.
Salomon attaque Axe à 240.

Axe salua d'un éclat de rire enjoué la manoeuvre de sa jeune alliée, qui venait d'envoyer bouler les parasites massés autour de leur duo d'un balayage habile et, il fallait le dire, assez irrévérencieux. Seuls Salomon, un homme dont l'armure lourde lui avait permis de conserver son équilibre, bien bâti et solidement campé sur ses pieds, un autre qui s'était tenu à son épaule et une siffleuse agile étaient parvenus à rester debout. Le sable soulevé par l'attaque retombait à peine lorsque l'ombre d'un nuage orphelin fondit sur les lieux, obscurcissant un instant l'air de la passe.

Une goutte de pluie claqua contre le front de Salomon. Les dents serrées autour du cigare que lui avait offert sa petite adversaire, il empoigna d'une main hâtive la lame qui lui crevait le flanc. Axe, elle, balança la moitié d'épée qui lui était restée dans la main lorsqu'elle avait crevé le plastron du truand, brisant du même coup le glaive qui avait, trop tard, tenté de parer son coup impitoyable. Les épées des deux combattants étaient rompues, l'une se tenait debout, l'autre venait tout juste de s'effondrer sur un genou dans un grognement. La lycanthrope posa une main sur l'épaule de Salomon.

- Voilà qui clôt le débat. Vos hommes se rendront-ils ?

Alors que le tintement de quelques gouttes supplémentaires s'écrasant contre son armure chatoyante s'élevait sur la scène, les hommes projetés à terre par le tour astucieux de Talya terminant tout juste de se relever en rassemblant leurs armes perdues, un cri résonna dans le défilé. Salomon leva un regard noir vers la mercenaire. Je vois...Appréciant la fraîcheur que l'averse en passe de se déclarer projetait sur les lieux, Axe se sépara de son turban et en couvrit l'échine de son adversaire moribond, lui épargnant la morsure des goulettes drues qui ne tarderaient pas à s'abattre sur le défilé isolé. L'homme eut un rictus hargneux.

[attaque Salomon]

Le membre 'Axe' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Thérian.' :

Son souffle long chatouillé ses lèvres, elle l'avait fait, presque surpris des capacités du pouvoir qu'elle n'avait pour l'instant pas abusé. Axe, satisfaite de ce spectacle s'esclaffa. La mercenaire ne tarda pas à continuer les hostilités, d'une lame meurtrière, elle brisa le glaive de son adversaire avant d'y enfoncer la sienne dans son flanc. Le coup fût si vif que Talya n'eut guère le temps de comprendre réellement qu'Axe venait de mettre Salomon à ses pieds. Les siffleuses eurent un pas de recule alors que le gros gaillard qui avait résisté à la vague de sable empoigna plus fermement son épée.

 -Voilà qui clôt le débat. Vos hommes se rendront-ils ? 

Avait-elle sortie non chalamant. Les hommes peinèrent à se lever, mais une fois fait, ils ne semblaient pas prêt à baisser les armes. La guerrière détourna le regard en direction des pitoyables combattants, il fallait en finir avec eux. Talya devait tout de même s'économiser un maximum, le dernier coup l'avait exténué, loin d'être hors combat, les poings serrés, une garde offensive, elle était prête à finir le travail. Talya agita son index pour les faire venir à elle, ils se mirent à grogner, les dents serrées. Un jeune combattant se lança en premier à l'assaut, fou de rage il hurla seule en direction de la pugiliste et, alors que sa lame venait à s'abattre sur elle, sa respiration se coupa, suivi d'un mouvement de recule. Une ombre bien plus imposante qu'elle s'était figée derrière. Alors que sa tête tournait lentement pour comprendre de qui il s'agissait, une main robuste la saisit par la nuque pour la projeter plusieurs mètres en arrière. Après avoir essuyée d'un revers de bras les gouttelettes qui maculaient sont visage, la silhouette imposante de l'homme qui se tenait plutôt au côté de Salomon, marché en sa direction, dégainant son cimeterre l'air mauvais.

Elle se dressa sur ses jambes, le maraudeur fit signe aux sous fifres de rester à l'écart, un combat singulier contre la fille enragée, voilà ce qu'il voulait. Les deux adversaires se tournèrent l'un autour de l'autre, attendant une erreur, une approche. C'est finalement l'homme qui balança son épée derrière son dos pour l'abattre sur Talya. Une esquive rapide, un pas de côté et un coup de pied droit dans le genou suffit à la jeune fille pour le mettre à quatre pattes, emporté par sa lourde armure. Elle s'écarta de quelques pas.

-Debout, j'en ai pas fini avec toi.

Le membre 'Talya' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Humain' :

Les joueurs attaquent les premiers.

Vitesse des joueurs : 1085

Niveau des joueurs :

Talya : 224
Vitesse : 180
Dégâts : 43

Axe : 1556
Vitesse : 905
Dégâts : 2051
Capacités spéciales :

• Mercenaire de la Congrégation de l'Ombre
  • Poison : Inflige 40 de poison lors d'un coup réussi.
  • Machiavel (panoplie d'élite) : Augmente l'efficacité des dagues, des griffes, des arcs et des arbalètes de 128% (0 + 141 + 141 = 282). {Appliquée}
• Boucle d'oreille gauche de Sire Ümmen : Les personnages ennemis de sexe masculin perdent tous 20%/stats au début du combat. {Appliquée}
• Vitesse : Peut attaquer deux fois : Malfaiteur du désert, Siffleuse du désert.

Vitesse des Lames de Salomon : 960

Malfaiteur du désert : 255
Vitesse : 160
Dégâts : 160

Siffleuse du désert : 600
Vitesse : 300
Dégâts : 300
Capacités spéciales : Renfort : Un malfaiteur du désert se joint au combat. {Activée}

Exécuteur du désert : 960
Vitesse : 480
Dégâts : 480
Capacités spéciales : Renfort : Une siffleuse du désert se joint au combat. {Activée}
Butin : 5 minerais de diamant


Butin : Rhi Kantoné (+1070; v-170; si vous êtes une classe aventurière, les dégâts subis sont réduits de 25%) OU 1000 pièces d'or.

Alors qu'elle se préparait à abandonner Salomon à ses halètements furieux, Axe sentit une main fuser vers sa nuque. Pas assez preste pour la saisir, elle se contenta de d'éviter le coup sournois d'un geste de la tête vers la gauche et pivota sur une jambe, cueillant l'estomac de son assaillant de son genou libre. Elle s'était trop attardée sur le leader vaincu. Sous son masque, la femme qui s'était jetée sur elle exhala avec surprise tout l'air de ses poumons avant de voir le poing de sa cible s'abattre sur sa tempe, éclatant d'un coup sec sa peau fine. Sonnée et aveuglée du côté où l'attaque avait porté, la siffleuse recula en titubant.

Ne voulant pas laisser le travail inachevé, Axe ignora le guerrier qui s'était précipité sur Salomon pour le soutenir et poursuivit la belle, laissant Talya à son propre duel. La fille ne gagnerait pas seule, mais elle était en mesure de se maintenir en une seule pièce le temps que la régente se débarrasse des deux rigolos qui avaient jeté leur dévolu sur sa pomme. Évitant les coups nerveux de la siffleuse un à un dans un dandinement maîtrisé, Axe réduit progressivement la distance qui les séparait. Un peu de pugilat, tiens ! Elle laissa un des coups de la beauté masquée trouver ses flancs dans l'idée de l'attraper au passage et de l'immobiliser, mais le bras de la femme lui glissa entre les mains et la maîtresse d'armes dut essuyer un balayage punitif qui lui meurtrit un peu les tibias - même si à l'arrivée, la siffleuse fut sans doute celle qui morfla le plus. Ne s'attendant pas à ce que la mercenaire pèse le poids d'un orc en armes, elle avait envoyé son talon faucher les jambe de la louve d'un mouvement rotatif chargé d'une force désespérée et s'était proprement éclaté le talon sur les os d'une Axe pas déstabilisée pour un sou, quoiqu'un peu vexée d'avoir sous-estimé l'adresse de son adversaire.

Lorsqu'elle voulut s'approcher pour régler son compte à la fille, Axe s'aperçut qu'elle avait tiré une dague de sa jupe ample et s'était relevée sur une jambe, rangeant derrière son genou valide son pied blessé qui bleuissait déjà. Elle ondulait gracieusement pour trouver son équilibre. Son adversaire, fichant ses poings sur ses hanches dans un éclat de rire, laissa faire.

- Merveilleux ! Fais voir tes crochets, joli coeur...WOUH !

La siffleuse avait bondi en avant, arme tendue, et n'était pas passée loin de laisser un belle estafilade sur la cuisse d'Axe. Elle atterrit au sol d'une roulade et se redressa aussi sec, toujours sur une jambe. Ce fut au tour de la maîtresse d'arme de siffler admirativement.

- Ben ça...J'en ai aussi, empoisonnés de surcroît, mais je les ai laissés à la maison. Ce sera pour une autre fois !

La femme masquée bondit droit dans les bras d'Axe, écartés avec un air navré. Sa lame déchira la tunique de la louve sans trouver la chair visée et la siffleuse se retrouva emprisonnée dans l'étau de l'embrassade impitoyable de son ennemie avant de réaliser qu'elle avait manqué son coup, persuadée de la lenteur de la fille aux yeux rouges. Pour couper à toute contre attaque, Axe écrasa les épaules de son adversaire d'une pression sèche. La fille laissa tomba sa dague dans un cri de douleur et fut relâchée, ne disposant plus que d'un membre valide. Pour faire bonne mesure, Axe envoya son propre pied l'endormir définitvement d'un coup volontaire entre les deux yeux - à en juger par le craquement qui s'ensuivit, la guerrière aurait une vraie raison de porter un cache-nez, maintenant - et ramassa l'arme tombée sur le sable. Elle siffla sa manticore, qui s'étira dans un grondement et hérissa le poil avant d'engloutir d'un coup de croc la jambe d'un des bandits qui étaient parvenus à se relever, temporisant encore un peu les ardeurs du reste de la bande. Le gros fauve, suivant l'index de sa maîtresse, se mit à décrire un cercle autour de Salomon, de la siffleuse, d'Axe, de Talya et des deux guerriers masculins encore debout. De cette manière, l'affrontement serait tenu isolé jusqu'à sa résolution.

Les échos d'une série de coups retentirent soudain dans son dos et Axe se retourna vers sa jeune alliée.

- Ah oui, c'est vrai...Bon mon vieux, pour toi, pas de digressions. Talya !

Alors que la dague de la siffleuse fendait l'air et se fichait dans la joue du guerrier qui tenait tête à la géokinésiste, Axe désigna du pouce l'homme qui s'était agenouillée auprès de Salomon et qui relevait tout juste son cimeterre avec un expression mauvaise.

- On finit ça à deux ?

[Marave le malfaiteur et la siffleuse]

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'Attaque - Thérian.' :

L'homme grognait au sol, frappant d'un poing ferme le sable humide, ses yeux injectés de sang suivait la jeune guerrière à l'air hautain tourner autour de lui. Il se leva péniblement, son cimeterre à la main il tendait l'autre vers ses sbires, l'un d'eux lui en jeta un deuxième, il s'approchait désormais doublement armé tandis que Talya effaça très vite son petit sourire en coin, elle fit quelques pas hésitant en arrière. Du coin de l'oeil, elle observa son alliée s'amuser aux poings face à l'une des siffleuses, un combat à sens unique qu'elle n'eut pas le temps d'admirer. Le maraudeur se mit à lui courir dessus à grandes foulés, la même approche d'attaque, les armes derrière le dos prêt à frapper. Elle le frappa d'un coup de pied direct dans l'abdomen, pour le stopper, il agita ensuite ses lames sauvagement et stupidement pour la toucher sans succès, la guerrière ne put que cogner les plaques d'armures sans pour autant lui faire du mal.

-... Talya !

Une lame, fort bien aiguisée, caressa l'oreille de Talya pour se figer dans la joue de son opposant, subjuguée par la précision sans faille d'Axe, elle resta bouche bée devant le cadavre toujours debout. Elle s'approcha et d'une simple pichenette, il s'écroula comme un vieux sac de patates.

-On finit ça à deux ? 

Dit elle en pointant le dernier vrai combattant encore debout. La jeune femme s'empressa de saisir la dague bloquée dans la mâchoire du maraudeur, dégageant une gerbe de sang conséquente, avant de jeter un regard mauvais aux guerriers qui l'accompagnaient. Elle leur cracha dessus comme un chat en colère, chacun d'entre eux fit un pas en arrière, ne sachant réellement quoi penser de cette furie qui leur faisait face.

Elle se mit à courir en direction de l'exécuteur. Lorsqu'elle atteignit son corps à corps, les lames de l'homme fendirent l'air avant d'être brutalement interrompues par la dague de la siffleuse, dans une belle vague d'étincelle, la lame fila le long du métal, Talya, d'un geste souple l'extirpa de cette violente confrontation avant de la planter droit dans son flan. Alors que la pointe n'avait qu'à peine entamé la lourde armure, elle lui projeta un nuage de sable dans les yeux puis frappa dans le manche de la dague pour pénétrer sa chaire. L'exécuteur s'écroula sur son genou dans un cri rauque, mais, avant qu'elle ne puisse s'écarter, il lui saisit la cheville d'une main avant d'écraser le gantelet de son autre main sur son visage. À son tour, elle s'étala au sol, violemment sonné par le coup, elle prit quelques secondes avant de revenir à une vision claire. Après s'être levé péniblement, elle toucha avec minutie son visage, une grande partie du côté gauche saigner et la faisait souffrir en plus de lui faire ressentir un profond sentiment de haine. L'exécuteur retira la lame plantée dans son armure, un léger filé de sang s'en échappa, il se leva pour faire de nouveau face à Talya. Sans plus attendre, elle lui fondit dessus, l'épéiste, peu impressionnait par la rage de cette dernière, se contenta d'esquiver une à une les attaques qui lui étaient destinées. Soudainement, Talya balaya une des jambes de l'exécuteur, profitant de son équilibre précaire pour élancer son poing, stoppé d'un simple revers de main, un coup de pied dans le torse la projeta au sol. L'exécuteur brandit une de ses lame tout en s'approchant de Talya.

-Axe ? C'est quand tu veux !

[Exécuteur du désert]

Le membre 'Talya' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Humain' :

Exécuteur attaque à 480 sur Axe.



Les joueurs attaquent les premiers.

Vitesse des joueurs : 1085

Niveau des joueurs :

Talya : 224
Vitesse : 180
Dégâts : 43

Axe : 1076
Vitesse : 905
Dégâts : 2051
Capacités spéciales :

• Mercenaire de la Congrégation de l'Ombre
  • Poison : Inflige 40 de poison lors d'un coup réussi.
  • Machiavel (panoplie d'élite) : Augmente l'efficacité des dagues, des griffes, des arcs et des arbalètes de 128% (0 + 141 + 141 = 282). {Appliquée}
• Boucle d'oreille gauche de Sire Ümmen : Les personnages ennemis de sexe masculin perdent tous 20%/stats au début du combat. {Appliquée}
• Vitesse : Peut attaquer deux fois : Malfaiteur du désert, Siffleuse du désert.

Vitesse des Lames de Salomon : 960




Capacités spéciales : Renfort : Un malfaiteur du désert se joint au combat. {Activée}

Exécuteur du désert : 960
Vitesse : 480
Dégâts : 480
Capacités spéciales : Renfort : Une siffleuse du désert se joint au combat. {Activée}
Butin : 5 minerais de diamant


Butin : Rhi Kantoné (+1070; v-170; si vous êtes une classe aventurière, les dégâts subis sont réduits de 25%) OU 1000 pièces d'or.

Sans attendre, Talya se jeta au contact de l'homme de main, armée de la dague qu'Axe lui avait involontairement passée. La furie joua un peu du fer avec son adversaire, puis parvint à lui blesser le torse avant de subir un revers punitif qui l'envoya rouler dans le sable un peu plus loin. La maîtresse d'armes s'approcha lentement alors que l'échange reprenait, d'autant plus hargneux que chacun des opposant avait été blessé par l'autre méchamment et que l'appel de la vengeance se faisait sentir. Il était évident que Talya souhaitait en découdre, mais elle ne put résister à la défense que reconstitua vite son adversaire trop bien entraîné, et mordit la poussière une seconde fois. Son visage, à l'image des abdominaux transpercés de l'homme au cimeterre, saignait abondamment.

- Axe ? C'est quand tu veux !

L'exécuteur, qui avait à moitié oublié la régente, tourna la tête vivement. Axe s'était positionnée juste à côté de Salomon pour le provoquer, bras croisés. Ce dernier pressait un bras vaillant sur sa blessure en attendant la fin. Axe ne voyait pas ses yeux, mais devinait sans mal la bataille qui y faisait rage entre des émotions mêlées. Dépit, résignation, mais surtout une dureté naissante qui ne parviendrait pas à sauver l'honneur - il avait été occis à titre de blague après tout, et avec lui un bataillon de ses meilleurs combattants - mais peut-être à laisser à ses homme l'image d'un combattant mort droit dans ses bottes. La régente eut un peu de sympathie pour ce premier degré militaire. Elle fit signe à l'adversaire de Talya de lâcher son arme.

- Pose ça et tu mourras vite, mon grand. Sinon, je t'embarque avec ton boss à Lédéhi et ce sera celui à qui criera le plus fort jusqu'au bout, vu ?

Le regard du brigand chercha celui de Salomon, qui secoua la tête faiblement. Axe saisit la nuque du commandant et lui renversa la tête en arrière. La pluie, à peine déclarée au moment où elle l'avait abattu, se mit à tomber en rideaux fins.

- C'est à moi que tu parles.

Le cimeterre du bandit toucha le sol au moment où le pouce d'Axe atteignait l'oeil plissé de Salomon. La louve laissa la tête de son ennemi vaincu - mais pas borgne - retomber pesamment en avant et roula ses manches l'une après l'autre comme il était coutume de le faire en entrant dans les cercles de pugilat clandestin à Stellaraë. Le brigand, qui n'avait sans doute pas eu le luxe de vivre un jour dans la capitale, ne se plia pas à la tradition mais se mit en garde, décidé à vendre chèrement sa peau. Axe sentait les coups de la siffleuse battre contre ses côtes au rythme des battements de son coeur. Il allait falloir faire attention à ces points quelque peu malmenés.

L'homme engagea les hostilités, et il cognait dur. Ses poings trouvèrent deux fois les avant-bras d'Axe, dressés dans une défense sommaire qu'elle fut forcée de surveiller un peu plus attentivement. Lorsqu'elle répliqua d'un crochet, il esquiva prestement et frappa son estomac du plat de la paume, coupant le souffle de la jeune femme surprise par le niveau de cet adversaire jusqu'ici resté en retrait. Elle expira douloureusement, recula d'un pas et envoya son pied faucher le genou gauche du bandit, lequel s'affaissa une peu, ne s'attendant pas lui-même à la force avec laquelle elle avait frappé malgré le triste spectacle de son combat contre la siffleuse qu'il avait observé attentivement. Le pied d'Axe, toujours levé, frappa l'homme au ventre puissamment ; il perdit l'équilibre et roula sur le dos. Son cimeterre n'était pas loin. Alors qu'il tendait la main vers l'arme dans un sursaut d'agressivité, l'ombre d'une semelle apparut dans son champ de vision, éclipsant le ciel orageux.

Le bruit que provoqua le talon d'Axe en s'abattant sur le crâne du mercenaire arracha un rictus dégoûté à Salomon, pourtant pas le dernier des bouchers. Même s'il fallut quelques essais à la trésorière pour défoncer tout à fait la tête enturbannée, le calme retomba vite sur la passe. La pluie avait creusé de longs sillons rouges sur le sable et la crinière de la manticore d'Axe commençait à pendre piteusement sur son encolure de fauve. Le front de Salomon touchait presque le genou de la jambe qu'il avait plantée devant lui, et il tremblait des pieds à la tête.

- Bon, ce coup-ci il pleut vraiment. Je négocie un verre de réconciliation avec ces glandus ou on se tire ? Demanda à Axe à Talya, qui n'était pas habillée pour ce temps chien. Sa séance de pugilat lui avait fait oublier sa langue de bois de haute fonctionnaire un instant, et le mélange d'accent speluncien et stellarois qu'elle avait développé un peu plus jeune en faisant la navette entre le Sud et la capitale humaine avait ressurgi de manière impromptue.

Le membre 'Axe' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Thérian.' :

Les joueurs l'emportent. Elles gagnent 32 points d'expérience, 27 PO, 1 Rhi Kantoné chacun. Le RP peut continuer

Sauvée par ses propres paroles, non mécontente d'avoir renvoyé son problème sur la petite louve, elle se contenta d'observer la scène au sol. Un revers de la main ne suffit pas à stopper le sang qui sortait de son arcade, aveuglant son œil, elle appliqua une forte pression de la main, priant pour que cette histoire ne laisse pas de vilaines cicatrices tout juste sorti de sa citée. Elle n'avait plus la force de se relever pour le moment, elle se redressa simplement en tailleur, épousant d'une main son genou, l'autre étant utilisé pour maintenir son arcade en place. Axe avait forcé son adversaire à se battre au poing. La pugiliste leva la tête droit vers les nuages, profitant de cette averse pour se rafraîchir et faire disparaître le sang qui maculait son visage. Ce sont les bruits de coups, du métal et de la chair qui l'empêcha de garder son visage bien en place. Elle rigola nerveusement, humiliée sur son propre terrain par une étrangère. Elle ne pouvait pas le nier, cette fille se montrait d'une grande expérience et d'une férocité sans égale. Son adversaire mit à mal, elle l'acheva sans une once d'hésitation.

-C'est bon, il est mort.

Se permit elle de dire alors que, visiblement, Axe semblait prendre un malin plaisir à exploser son crâne. Si cette dernière connaissait Salomon, peut-être avait-elle des comptes à régler, du gâchis, tuer et voir des gens mourir ne la frappait pas plus que cela au cœur, elle s'y était préparée et avait déjà expérimenté -à sa manière- la mort. Il lui semblait juste normale d'épargner un homme au sol dans l'incapacité de se battre. Tant pis. Le combat était fini et les histoires externes aux lois divines qui guidaient Talya n'offraient aucune satisfaction. Se relever ne fut pas mince affaire, la violence du coup liée au gantelet métallique ne s'accordait pas en bon avec le sens de l'équilibre. Quelques secondes lui suffirent à voir de nouveau droit.

-Bon, ce coup-ci il pleut vraiment. Je négocie un verre de réconciliation avec ces glandus ou on se tire ?

La pugiliste eut un temps de réflexion, leur route n'allait pas se séparer, la question en rapport avec la broche restait en suspens. Son sac vint à elle, porté par une main de sable, l'eau l'imprégnait, elle s'écroulait sur elle-même un peu plus sur chaque mètre jusqu'à n'être qu'une bouillie informe offrant un récipient en tissu poisseux. L'idée de le porter ne l'enchantait guère, mais elle n'allait pas garder cette chose dans la main pour le reste du voyage. Désinvolte, elle cracha le reste de sang qui peignait son palais.

-Je crois que le sang a suffisamment coulé ici, les paroles ni changeront rien... Ouais... Tirons nous d'ici.

Les derniers sbires restant, qu'elle avait balayé dès le début du combat, tentaient de s'éclipser discrètement, trahit par leurs armures. Talya avait assez subi pour le moment, sans aucun désire d'en remettre une couche avec ces guerriers de pacotilles. Elle se contenta de leur faire signe de partir tout en pointant Axe, à la simple vu de la louve et des cadavres entassés sans difficulté, ils détalèrent. Il ne restait plus que Salomon dans une sale position. Elle voulait marquer les esprits à son tour, s'approchant l'air sévère de l'homme à genoux. Peut-être, s'attendait-il à un coup final ou même terminer comme l'exécuteur, mais une fois à portée, ses mains se positionnèrent à hauteur de poitrine, paume contre paume, les yeux fermés, elle se pencha. Juste quelques secondes où seule la pluie parlait. Elle n'avait pas besoin de bain de sang pour satisfaire une fin de combat. Ce geste balança toutes actions précédentes, liées à la confrontation, derrière elle.

Elle se tourna ensuite vers la manticore, complètement ignorante de ce qu'était cet animal, elle s'en approcha sans grande précaution. La bête se mit à grogner, sans pour autant stopper la jeune femme, sa main s'approchait sûrement de sa crinière humide avant de la toucher. Il se laissa faire, la fourrure humide entre ses doigts, une toute nouvelle sensation, encore jamais connu, mais tout bonnement incroyable. Quelques lieux la séparaient de ses origines, mais la voilà déjà terrassant, avec l'aide d'une jeune lycanthrope tout juste rencontrée, un malfrat du désert et ses associés et découvrant une bête encore complètement inconnu. Elle se retourna vers Axe, un sourire, à la limite de la fierté. La broche dans la main elle reprit.

-Emmène moi à la capitale sur le dos de ce... Peu importe ce que c'est, et nous discuterons de la "Congrégation".

Pas besoin d'attendre de réponse quand la tentation est si grande. Le sol sous ses pieds se suréleva, la plaçant à distance suffisante du dos de la bête. Les bras tendus, elle lui saisit les poils, puis sauta dessus. Nerveusement, la monture se secoua, agitant ses ailes sans pour autant tenter de l'arracher de son dos à coups de crocs, la bête attendait plus les ordres de sa maîtresse qu'elle n'essayait de préserver les os de la jeune femme. Rien n'y faisait, Talya était bien accrochée et ne comptait pas se faire expulser aussi facilement. La monture s'avança auprès de Axe, ne sachant trop quoi faire tendit que le parasite au-dessus ricanait. Un étrange spectacle, venant d'une personne sortant d'un combat avec une partie du visage recouverte de plaies et de bleus.

-Mais c'est trop bien ! Je savais même pas que ce truc existait, il est tout mignon. Dit-elle d'une voie à l'intonation affreusement enfantine. Moi aussi j'veux une gentille bê-bête comme ça. Il s'appelle comment ?

- Je crois que le sang a suffisamment coulé ici, les paroles ni changeront rien... Ouais... Tirons nous d'ici.

Axe hocha la tête, respectant l'avis de sa petite compagne puisqu'elle le lui avait demandé.

Les quelques guerriers qui n'avaient pas filé s'abriter de la pluie disparurent sur un geste de la guerrière des sables. Puis elle alla saluer Salomon. En ce qui la concernait, l'affrontement était clos ; elle n'était qu'à moitié concernée par le sort du bandit de toute manière, s'étant déjà vengée des sous-fifres qui l'avaient attaquée. La trésorière ne l'imita pas tout à fait.

Quelques pas suffirent à la mener juste devant son ennemi, qui, les yeux ouverts mais baissés vers le sol et quelque peu embrumés par la douleur, put contempler le spectacle de ses bottes tâchées de sang quelques instants. Axe eut un rictus désolé pour le cadavre de cigare gîsant dans le sable mouillé entre ses pieds ; visiblement, le commandant sanguinaire n'avait pas eu la force de le tenir pincé entre ses lèvres bien longtemps. S'accroupissant en face de face de Salomon dans une posture presque enfantine, et plus féline que de raison pour une lycanthrope, elle murmura :

- Tu as entendu la fille, tes réserves de vin sont sauves pour cette fois. Mais si je remets les pieds ici un jour, j'ai intérêt à être accueillie avec un peu plus de considération, Salomon.

Puis elle se releva, laissant sa cape sur les épaules du grand blessé. Si ses hommes l'allongeaient correctement durant la nuit, il s'en tirerait.

Le spectacle de Talya défiant avec témérité la bête qu'elle avait pourtant vue dévorer un homme vivant était bien plus amusant.

- Emmène moi à la capitale sur le dos de ce... Peu importe ce que c'est, et nous discuterons de la "Congrégation".

La fille était sous le charme de la manticore, qui, ayant compris qu'elle était l'allié de sa maîtresse, ne parvenait pas vraiment pour sa part à se décider à la mettre en pièces. Axe sourit et laissa la grande bête se dépêtrer avec sa conscience quelques secondes supplémentaires, se grattant le menton.

- Oh, tu n'es pas faite pour le job. Pas du tout. Mais tous les amis de la Congrégation ne travaillent pas pour elle.

La régente tapota l'épaule de Salomon d'un geste paternel et rejoignit sa compagne d'aventures sur le dos de la manticore, qui se calma un peu. Porter une jeune fille ou deux, c'était du pareil au même pour ses muscles monstrueux, tant que l'une d'entre elle avait autre chose à faire sur son dos de de gesticuler désagréablement.

- C'est une manticore, un mâle. Il n'a pas de nom. Je recommanderais tout de même un peu d'entraînement avant d'essayer d'en attraper une. La bête se mit au petit trot sur un claquement de langue de sa maîtresse, qui surveillait d'un oeil l'éclat d'une arbalète ou d'un bâton de mage dans les meurtrières qui parsemaient les murs de la passe et de la tour. Mais les bandits ne semblaient rien vouloir tenter tant que sa monture était encore dans les parages de leur commandant. Un peu décevant, pour des malfrats réputés aussi belliqueux, mais cela valait mieux. Peut-être Axe était-elle parvenue à s'attirer l'admiration coupable de quelques-uns d'entre eux.

Sans prévenir, elle éperonna les flancs du fauve, qui partit à grande allure à l'opposée de l'entrée de la gorge. Bientôt, le combat et ses protagonistes furent loin derrière elles.

- On sera à Stellaraë dans peu de temps.

En effet, le désert défilait bien vite sous les pattes de la manticore. Axe défit son turban et sa chevelure d'encre battit au vent l'espace de quelques foulées du monstres, avant d'être maîtrisée d'une main. De l'autre, la louve entreprit de se voiler à la mode Swen'Jah, ne laissait apparaître de son visage que ses yeux rouges déjà bien trop reconnaissables. Même si elle était loin d'être la seule âme de dùralas à arborer des iris aussi funestes, sa tête était mise à prix à Stellaraë, et sa description placardée un peu partout.

- Nous sommes spécialisés dans l'assassinat, reprit-elle de but en blanc une fois les derniers plis arrangés. La Congrégation. Notre politique est fluctuante, mais cette tradition ne dévie pas. Nous veillons à ce que les égos des uns et des autres s'entrechoquent à peu près proprement lorsqu'ils le peuvent, si tu veux. Ensuite, selon les dirigeants, on se permet d'emmerder le monde au passage à des degrés différents. Le précédent était très fort à ce jeu-là.

Axe eut une seconde de silence un peu grave par rapport au ton léger qu'elle venait d'employer. Pas parce qu'elle se trouvait dans l'appréhension de la réaction de Talya, qui était assez grande pour décider ce qu'elle cautionnait au pas, mais parce que les excentricités de Styx lui manquaient cruellement.

- Ce que tu entendras à Stellaraë à notre sujet sera sans doute la pure vérité, et c'est pas joli du tout, tu verras. Les gardes de la ville ont moins d'imagination que nous de toute façon, alors ils s'en tiennent souvent à l'histoire vraie. Mais ils ne voient que ce qu'on les laisse voir. Ce sont des ennemis de longue date...Si t'es toujours ouverte à la discussion après avoir entendu leur version, ou que t'as des problèmes de nouveau avec des bandits locaux, tu me demandes dans n'importe quel taudis de la rue ***, je le saurai.

Si la fille comptait revendre la broche, elle devait être en train de comprendre qu'elle n'avait pas vraiment intérêt à se présenter à la première boutique venue.

Pas faite pour le job ? Toute cette petite histoire n'était elle qu'un entretien d'embauche qu'elle aurait échoué, du moins aux yeux de Axe. Il y avait décidément quelque chose de bizarre avec la fille qui l'accompagnait, sa relation avec Salomon avait de quoi laisser perplexe. Ils ressemblaient à de vieux amis -malgré un âge bien inégal- que le temps et les convictions auraient violemment séparé, ne laissant derrière eux qu'une haine dont on ne connaissait plus la cause.

"Man-ti-core", le vocabulaire allait lui manquer au début, apprendre vite, elle savait faire, d'autant plus quand les images suivaient les pensées. Même si, à première vu, Talya appréciait énormément le style peu conventionnel de l'animal, son affreuse queue de scorpion et sa vilaine tête de lion ne facilitaient pas vraiment une approche saine de la bête. "Man-ti-core" répétait-elle. Elle crut donc comprendre qu'il fallait en capturer une pour le bon plaisir d'avoir une monture d'une rapidité sans égale et une belle mâchoire à son service.

Encore absorbait par la monture, les mots sans détour d'Axe l'avaient tout de même un peu surprises. Au-delà du fait qu'elle venait de se rendre compte qu'elle chevauchait une très grosse bête appartenant à une malfrat, qui, elle-même, avait mis au tapis un autre malfrat, le fait de travailler pour une société basée sur l'assassinat était un concept des plus étranges. Surtout qu'il n'y avait pas grandes explications derrière "assassinat" à part l'apport pécunier qu'il pouvait offrir. Visiblement, ils n'avaient aucune idéologie théologique, car une religieuse se serait déjà vantée des exploits commis au nom d'un quelconque dieu, Talya elle-même actrice de ce genre de comportement. Ni aucune réelle philosophie, en partant du principe que l'assassinat n'est pas vraiment une façon de vivre... à moins que...

En fait, ce qui l'intrigua le plus fut sa petite remarque sur la "politique" de la congrégation, les enjeux qu'entouraient Dùralas semblaient soudainement bien plus complexe qu'il n'y paraissait. Et, alors que les explications s'enchaînaient, la petite louve n'avait vraisemblablement pas l'intention de rassurer Talya sur la Congrégation de l'Ombre, une très mauvaise pub qui fit tout de même comprendre pourquoi elle n'avait pas la carrure pour le job.

-Donc... Hésita-t-elle. Toi, Axe, tu fais partie de la Congrégation qui est, si j'ai bien compris et reprends-moi si je me trompe, une organisation d'assassins qui s'est fait connaître en commettant des actes immoraux, la propulsant en tant qu'ennemis de la capitale ? Elle marqua une pause, légèrement mal à l'aise, avant de reprendre dans le plus grand des calmes. Alors pourquoi, premièrement, tu ne m'as pas tué ? Et surtout, tu me proposes ton aide ?

Les choses restaient confuses sur la Congrégation, le fait de paraître cruel aux yeux du monde lui semblait presque puéril dans la démarche de reconnaissance, sans compter qu'il fallait, le supposait elle, vivre dans l'ombre, d'où le nom. Les exactions qu'elle avait commises plus tôt à la tour prenaient soudain un sens plus compréhensible, faire peur, laisser une marque bien plus que physique, mais bel et bien mentale, voilà ce qu'elle cherchait à faire. Le visage de sa coéquipière d'infortune venait de changer du tout au tout.

Pourtant, il y avait bien d'autres choses à penser, certes, parce qu'il s'agissait d'une première rencontre, les choses marqueraient la petite caboche de la guerrière, mais elle y était préparée et, si la congrégation ne lui mettait pas de bâton dans les roues, elle n'y prêterait pas plus attention que ça. Toujours ouverte à toute sorte de discussions, il était maintenant sûr que se faire au système politique des terres, menées par des factions toutes plus excentriques les unes que les autres, n'allait pas se montrer d'une simplicité déconcertante, cette simplicité qui l'avait suivi toute son enfance, jusqu'à maintenant, au moment où elle en avait le plus besoin.

-Je dois t'avouer quelque chose, Axe. Insistant bien étrangement sur son nom. Ces histoires d'assassins ne m'effraient pas plus que ça. Et j'accepte ton aide bien volontiers, évidemment, tu m'as sauvé et cette reconnaissance je te la dois. Toi qui prétend avoir des yeux et des oreilles partout, si un jour mon aide est requise à tes côtés, je serais présente.

Il y avait une pointe d'amertume dans le ton, pas moins sincère, elle s'en voulait d'avoir un tel esprit de fierté guerrière. Elle aurait aimé lui montrer, à cette petite louve, ce qu'elle valait. Au lieu de se faire misérablement rétamer par cette petite frappe du désert. Mais, après tout, même si l'expérience les séparait, elle n'allait pas cracher sur le fait d'avoir une alliée d'une tel envergure.

-Donc...Toi, Axe, tu fais partie de la Congrégation qui est, si j'ai bien compris et reprends-moi si je me trompe, une organisation d'assassins qui s'est fait connaître en commettant des actes immoraux, la propulsant en tant qu'ennemis de la capitale ? Alors pourquoi, premièrement, tu ne m'as pas tué ? Et surtout, tu me proposes ton aide ?

Oh, Talya avait tout compris ! Enfin, presque. Axe voulut piocher un cigare dans la veste de son uniforme noir - quelle conne elle avait été de laisser sa cape à Salomon, il allait falloir trouver un autre moyen de couvrir cette tenue compromettante, maintenant –, mais se rappela du voile qui masquait sa bouche et reposa la main sur l'encolure de sa bête avec un soupir mécontent.

- Tout cela est exact. Je ne t'ai pas tuée parce que personne n'a mis ta tête à prix, répondit-elle, c'est aussi bête que cela. Outre ceux qui la menacent, les membres de la Congrégation ne sont pas vraiment censés s'attaquer au tout-venant. Ils n'assassinent que ceux qu'on leur indique et pour la mort desquels des particuliers sont prêts à payer, cela s'appelle un "contrat". Enfin bon, comme tu l'auras compris, ça, c'est la théorie...Après le sérieux admirable de celui d'Alrun, le règne de Styx avait quelque peu assoupli les moeurs des mercenaires, mais cela Axe l'avait déjà dit. Et je te propose mon aide parce que je t'aime bien, Talya ! Quelle question.

Axe, lentement, récupérait l'usage de sa langue de bois. Il n'était pas faux qu'elle appréciait cette jeune effrontée et son oeil dépouillé de tout jugement, mais plus vraie et plus pressante encore était la nécessité pour la jeune régente de se retrouver des alliés après la mort de Styx et de Saigo. Des alliés à fort potentiel, de préférence.

- Je dois t'avouer quelque chose, Axe. Oh, attention. Grand discours en préparation. Ces histoires d'assassins ne m'effraient pas plus que ça. Et j'accepte ton aide bien volontiers, évidemment, tu m'as sauvé et cette reconnaissance je te la dois. Toi qui prétend avoir des yeux et des oreilles partout, si un jour mon aide est requise à tes côtés, je serais présente.

Talya était décidément plus futée que ce que sa petite entreprise dans le territoire des lames dorées avait laissé présager. Et vraiment, vraiment perchée.

- La peur fait des ravages dans les esprits. C'est une qualité rare que d'être capable d'y échapper. Axe eut un grand sourire. Alors c'est réglé, madame la grande téméraire, on se quittera bonnes copines.

Si cette amitié de circonstance tenait, comprendre par là si Talya ne tentait pas de l'utiliser pour piéger la trésorière un jour (enfin bon, visiblement ce n'était pas le genre de la maison), alors Axe ferait son possible pour protéger la fille des contrats et autres agressions de sa faction. Pour l'instant, il n'y avait strictement aucune raison que quelqu'un d'assez riche pour s'offrir les services d'un assassin veuille s'en débarrasser, mais dotée d'une curiosité et d'une effronterie pareilles, la guerrière risquait vite de s'attirer des ennuis à la capitale - puis partout ailleurs, si elle conservait ces belles qualités.

- Bon, je te dépose n'importe où à Stellaraë et je file, d'accord ? Voyons voir...Il y a des tavernes, des cercles de combat clandestins, des maisons de passe, des forgeron, des armuriers, des galeries de collectionneurs, des tailleurs, un grand marché, de très jolis jardins, une immense bibliothèque, le quartier général des Gardiens...et le palais royal, évidemment. Une préférence ?