Le petit piaf contre le gros chat

Au fil de ses voyages, il avait appris qu'au terme d'un duel avec une créature, on pouvait lier une sorte de pacte avec elle. Ceux qui le pouvaient utilisaient leur lien pour monter au combat en chevauchant des créatures puissantes et magnifiques, d'autres en faisaient tout simplement leur compagnon. C'est cette dernière solution qu'Urua envisageait. Il avait du parcourir un nombre impressionnant de lieues pour atteindre un territoire largement décrit mais qu'il avait évité jusque là. À travers des territoires arides, des forêts, des montagnes jusqu'au bord d'un lac froid et immobile, flanqué par deux tours lugubres, le voyage avait été éreintant. Malheureusement, sa cible ne vivait que dans quelques parties du monde. Un corbeau réputé intelligent et très utile.

Fiche de combat:

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Le petit piaf contre le gros chat

Après être grimpé sur le flanc de cette montagne, guidé par l'odeur de l'eau fraiche et des pins entourant le lac Fresha, Urua passa sa tignasse ébouriffée par-delà le bord d'un rocher. Il voulait observer sa proie, restant sous le vent pour éviter que le banc d'oiseaux ne sente le prédateur tapi à l'affut.

Les omoplates velues se soulevèrent à tour de rôle. Réflexe du félin qui prenait légèrement le contrôle lorsqu'il devait chasser ou combattre mais ce qu'il vit défiait tout imagination. Ce qui semblait être une souris, pas plus haute que la cheville d'Urua tenait une minuscule rapière dans sa patte et se défendait contre plusieurs oiseaux qui fondaient sur lui à tour de rôle, cherchant à l'attaquer du côté où il ne regardait pas.

Sans réfléchir, poussé par son instinct et ses valeurs, il s'élança d'un bond à la rescousse de la pauvre créature qui avait du mal à repousser ses attaquants. Au moment où un des volatiles plongeait dans le dos du Mouss'Queterre, la patte du Lowen jaillit et intercepta la trajectoire, faisant retentir le bruit de la chair sur la chair, sauvant le petit guerrier qui estourbit un autre de ses adversaire d'un coup d'estoc si rapide qu'il en était presque impossible à suivre à l’œil nu.

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Le petit piaf contre le gros chat

Dos à dos, autant qu'ils pouvaient l'être, le duo improbable de combattants faisait face à l'attaque. Les corbeaux ne semblaient pas avoir peur de la figure monstrueuse qui venait d'apparaître. Urua n'avait jamais vraiment aimé ces nuisibles volants mais il devait admettre qu'ils venaient d'atteindre un nouveau niveau de mépris dans son esprit. Ils n'avaient pas même l'instinct de fuir devant un danger si manifeste. Ou alors ils étaient aussi bornés et aigris que les habitants de cette région.

Au terme de plusieurs dizaines minutes de combat, durée anormalement longue due au fait que les deux défenseurs avaient le désavantage d'être cloués au sol, le sol était jonché de cadavres et de plumes arrachées par l'épée du rongeur ou par les griffes du félin. Seul l'un d'entre eux était encore en état de fendre les airs. La patte d'Urua qui fusa régla ce problème, heurtant le flanc du corbeau, l'envoyant en vol direct sur un rocher. L'impact provoqua un son à mi-chemin entre le craquement osseux et celui que fait un coussin qu'on frappe pour lui rendre sa forme.

Quelle ne fut pas la surprise du lion en se tournant pour féliciter son bref frère d'arme de reconnaître les habits et le regard intelligent du Mouss'Queterre.

- Diagoras? C'est toi?

- Ouais! Dis-moi, comment ça se fait que tu sois toujours là quand j'ai besoin d'un coup de main? Tu me suis?

L'implication d'une telle question provoqua un léger rire de gorge, ressemblant à un grave grondement.

- Je ne pensais pas que des représentants de ton espèce pouvaient se trouver ailleurs qu'à Sylfaën. Que faisais-tu ici?

- Si j'avais pu l'éviter, je ne me serais même pas arrêté. Ces cons de piafs m'ont intercepté là-haut, dit-il en pointant son doigt vers le ciel couvert de nuages blancs. Ils ont explosé mon faucon, j'ai réussi à atterrir sans trop de mal mais ils avaient faim les bougres!

L'histoire était encore plus incroyable que la situation en elle-même. Une souris montée sur un faucon attaquée par des corbeaux et sauvée par un lion... On aurait dit une très mauvaise blague. Toutefois, Urua se prenait d'affection pour ce petit bonhomme au franc parlé et au courage incommensurable.

- Dis moi, ça te tenterait de rester avec moi? Les voyages peuvent être solitaires et on s'en sortira mieux à deux.

Il n'avait pas fini sa phrase qu'il sut que Diagoras savait qu'il lui proposait sa protection en échange de compagnie. Son regard ne trompait pas. On pouvait y voir l'étincelle de compréhension mais aussi une lueur d'amusement.

- Allez gros chat, je ne peux pas vraiment te le refuser.

Sur ce, la souris rengaina son épée et grimpa sur l'épaule d'Urua. Il s'assit précautionneusement et le nouveau duo reprit la route ensemble, devisant comme de vieux amis.

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