Grimgor mesure 97 bons centimètres. Une large barbe blanche comme neige orne son visage juvénile. Quelques traces d’acné tardive sont dispersées sur le contour de ses joues. Sa barbe n’étant pas longue, des tresses sont présentes pour donner l’illusion d’une pilosité faciale importante. Le bas de cette barbe blanche vire sur un gris métallique à la fin de ses dures journées de labeur ce qui donne l’impression qu’il porte un col en cotte de maille. Ses larges épaules façonnées par les heures à marteler le fer encore chaud offrent une carrure imposante. Ses bras poilus et musclés se terminent sur une poigne ferme et des doigts noircis par les heures de travail. De nombreuses cicatrices, brûlures ou coupures ornent ses membres supérieurs, symboles de l’acharnement nécessaire pour confectionner une arme de qualité et de son apprentissage difficile. Dans son dos poilu, on distingue un large espace imberbe mais marqué. C’était lors de sa trente septième année, une charrette transportant une enclume encore brûlante lui est tombée dessus, brisant 2 côtes et marquant son corps pour l’éternité. Il aime à être torse nu pour travailler en ne portant que des bas en peau de marmotte. N’étant pas guerrier de formation, il ne revêt son armure que lors des voyages ou des mobilisations contre les peaux vertes. Sa voix grave résonne dans son atelier et son accent prononcé martèle les mots comme il martèle le métal.

Comme tout nain qui se respecte, Grimgor est rancunier, têtu et outrageusement fier. Certainement un peu plus que le reste des Nains à cause de son héritage familial. À cause de ce même passé, l'honneur et la loyauté ont une place omniprésente dans la vie de Grimgor. Il aime parler de son village natal, de sa culture et défie quiconque ose le contredire. Il est perfectionniste, aime quand un travail est bien fait même si cela prend du temps. Cependant il est impossible pour lui de passer outre la pinte de bière quotidienne qui marque la fin de la journée. Lorsqu’il boit il est jovial, aime à chanter des chansons naines mais ne les entame jamais. Non pas qu’il ne soit pas courageux, il n’aime simplement pas attirer l’attention sur lui. Avec les Naines, il est hésitant, rapidement intimidé. C'est un travailleur hargneux hors pair, mais quant il s'agit de séduction, il sent qu'il n'est pas à sa place. C'est un âpre commerçant, quoiqu'un peu naïf par moment, notamment dû à son manque d'expérience.

A.La construction d’un nom

Les For’zhyeu sont originaires d’une bourgade du nom de An’kaz, au nord est de Baldorheim après le col de Leskhalad. Cette bourgade qui se situe sur le versant Est du Roc des Aigles est reconnu pour la qualité de l’armement qui est conçu. Lors de la première campagne de Osvar Fléau-des-Tréfonds, comme tous les Nains de l’époque, les habitants furent choqués de savoir qu’un Nain pouvait être coupable de telles atrocités. Cependant le succès de ces campagnes et la renommée qui en découlait ont attirés les jeunes Nains avides de reconnaissance et de combats. Les Forz’hyeu étaient parmi les meilleurs forgerons de la ville, et tous les Nains qui cherchaient à s’armer pour devenir des Tueurs hors pair venaient se fournir dans leur boutique. Leur commerce grandissait pendant que les guerriers locaux s’arrachaient leurs équipements.

B.La dette

Cependant un événement marquant eu lieu. C’était 1 200 avant la naissance de Grimgor. Son aïeul, Batur Forz’hyeu confectionna un marteau de combat pour le fils d’un seigneur local qui souhaitait rejoindre les Tueurs. Thül Bâklâ. Après s’être équipé du marteau il parti pour rejoindre les Tueurs. Durant le trajet le menant à la capitale, il rencontra des peaux vertes attirées par la beauté de l’arme qu’il avait entre les mains. Après un âpre combat, Thül mourra et les peaux vertes s’emparèrent du marteau. Le père de Thül, Fhüt, demanda considéra que c’était le marteau qui avait été maudit par Batur puisqu’il était impensable que son fils puisse périr contre des ennemis si faibles que les peaux vertes. Il jeta le discrédit sur les Forz’hyeu et les obligea, pour continuer à exercer à An’kaz et dans les alentours, d’offrir leur premier fils à la garnison des Tueurs.

C.La rupture

1 200 après naquit Grimgor, deuxième fils et enfant de l’union de Thorinne et Grimoar Forz’hyeu. Comme le voulait, le tribut à payer à la famille Bâklâ, son frère ainé Baturdhil devait à son quatre-vingtième printemps rejoindre les Tueurs. Grimgor resterait donc à An’kaz avec ses parents pour continuer à faire fleurir le commerce familial et perpétrer l’existence de la famille dans cette ville. Baturdhil quitta le domicile familial lors de la soixantième année de Grimgor, il y a de çà douze ans. Grimgor connaissait son frère et sentait que les Tueurs n’étaient pas la vocation de Baturdhil. Ce dernier aimait consulter les livres des archives et s’enrichir de connaissances sur les runes antiques de son peuple ainsi que les rites religieux pour prier Grimnir. Il aimait expliquer à Grimgor les différents alliages utilisés par son peuple mais aussi par les autres peuples de Dùralas. Il n’avait d’égal pour raconter les innombrables histoires Naines, des conflits contre les Elfes, la grande guerre contre les Calamités, l’arrivée des Elfes bâtards et les campagnes contre les peaux vertes. Il disait que les Nains étaient un peuple de privilégiés, capables d’échanger avec les profondeurs de la Terre et de contrôler le pouvoir des autres civilisations. Lorsque son frère dut prendre la route en direction de Baldorheim, Grimgor se sentit seul, abandonné et en colère contre les Bâklâ et leur stupide dette. Comme si un Forz’hyeu pouvait forger une mauvaise arme.
Afin d’oublier sa peine, il se plongea plus que jamais dans le travail, en recherchant constamment de nouvelles formes pour les armes, de meilleurs alliages, en optimisant les temps de repos du métal, en changeant les conditions de forges. Tout cela dans le but de produire la meilleure arme jamais créée par un Nain et par ce biais en finir avec cette dette stupide que sa famille se devait d’honorer.

D.L’horreur

Il y a peu une missive est arrivée au domicile des Forz’hyeu. Le cachet de la missive était celui des de  Baldorheim. Ils n’avaient reçu qu’une seule lettre avec ce cachet et c’était lors de l’intégration de Baturdhil au corps des Tueurs. C’était la dernière fois qu’ils eurent de ses nouvelles. Souvent, lorsqu’un Tueur est tué au combat, ses louanges sont chantées avant que la famille n’ait vent de sa mort par voie « officielle ». Car bien que les Tueurs n’aient plus de famille, les seigneurs de Baldorheim informent quelques fois les familles des Tueurs les plus vertueux des conditions réelles de leur mort. Mais les Forz’hyeu n’avaient pas eu vent de la mort de Baturdhil, pire encore depuis quelques jours, leur échoppe était vide et tous au village les dévisageaient. Grimoar Forz’hyeu se saisit de l’enveloppe. À peine commença-t-il à lire que son sang se glaça. Il devint blanc, la seule partie de son corps conservant de la couleur fut ses yeux qui se gonflaient de sang. Grimgor crû voir son père exploser sur place. Il resta immobile de la sorte pendant deux longues minutes, qui parurent une éternité. Puis d’un geste calme, il posa la lettre sur la table, face cachée. Gardant sa main droite dessus afin que ni Thorinne ni Grimgor ne puisse lire son contenu, il se tourna d’un quart sur la gauche. D’ici, il saisit le manche épais de sa hache de combat. Il regarda fièrement son épouse et son fils dans les yeux et, avant qu’un des deux ne puissent bouger, il se trancha d’un coup sec la carotide. Dans un dernier geste d'agonie, il posa la missive contre sa plaie pour la noyer. C’est comme s’il cherchait à la laver avec son sang. Quelques secondes plus tard, Grimoar Forz’hyeu n’était plus. Grimgor se saisit de la lettre, encore chaude du sang de son père, pour comprendre ce qu’il avait déjà compris mais refusait de croire. Une seule chose pouvait pousser un Nain à commettre la preuve de lâcheté la plus grande de ce monde. Lorsqu’il prit la lettre seuls quelques mots étaient encore lisibles.


Grimgor se mit à trembler.

« Non, c’est impossible, par Grimnir, c'est impossible » répéta Grimgor pendant quelques minutes.

Il était amorphe. Vide de tout. Sans colère, sans haine, sans tristesse. Son enveloppe charnelle ne contenait plus que du vide. Une absence de force, de sentiments, de volonté. Sa mère pleurait à ses côtés mais il ne pouvait bouger, ne pouvait la consoler dans sa peine, ne pouvait prendre le rôle de chef de famille qui lui incombait désormais. Son frère avait commis le pire des crimes. Il avait parjuré son serment des Tueurs. Il avait fui le combat, abandonnant ses compères à leur mort et refusant la sienne. Refusant de laver son honneur et celui de sa famille en donnant sa vie contre des adversaires du peuple Nain. Il avait souillé son honneur et celui de son ancienne famille. Les Forz’hyeu seraient dorénavant perçus comme des lâches, des traîtres.

Dès lors que son père s’était donné la mort, il lui était interdit d’être enpierré dans la mine avec sa famille. Pour ne pas ébruiter les circonstances de la mort de son père, Grimgor décida de faire brûler le cadavre dans le four de la forge pendant la nuit. L’absence d’obsèques dignes de ce nom pour un artisan talentueux et un amant exceptionnel rongeait Thorinne. La semaine qui suivit cette triste nouvelle, l’échoppe est restée vide, sans vie. Le feu qui alimentait le four lui même ne voulait plus vivre dans cet espace. Sa mère se laissa mourir de tristesse les semaines suivantes. Deux mois après avoir reçu cette missive, Grimgor se retrouva sans parents, seul, sans clients dans son échoppe et renié de tous les Nains de sa belle ville natale.

Ce froid matin d’hiver, il prit sa décision. Son histoire devait continuer, son honneur se devait d’être retrouvé, son savoir faire se devait d’être exercé, son avenir devait exister. Il ferma pour la dernière fois la lourde porte de la forge familiale, se saisit de son baluchon et de son marteau de combat puis s’enfonça dans le blizzard du Roc des Aigles.

Sans famille et sans attache depuis l'acte de couardise de son frère, Grimgor souhaite devenir le forgeron qui fabriquera la meilleure arme pour les Nains depuis leur création. Une arme qui permettra aux Nains de redevenir ce peuple conquérant qu'ils furent jadis et surtout qui permettra de laver à jamais l'honneur des Forz'hyeu. Il va pour cela devoir découvrir de nouvelles façons de travailler les métaux et s'initier à la magie. Il vivra de son savoir faire de forgeron.