Le JugePersonnage Non Joueur
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Thorek SveressonExplorateur
Messages : 524 Expérience : 3361 Âge RP : 164 ans
Politique : 168 - Titres:
Cartographe & Trésorier (Faction)
Chasseur de trés'oeuf (Event)
Citrouille de la Convergence (Event)
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Stats & équipements Vitalité: (2527/2527) Vitesse: 537 Dégâts: 2862
| Sujet: Re: Le Siedi [Zone Communautaire] Mar 17 Nov 2020 - 21:04 | | | . La neige s’était remise à tomber. Dans un juron presque silencieux, Thorek remit en place son capuchon en laine, se tapant ensuite les mains l’une contre l’autre pour les réchauffer un tant soit peu. Le nain constatait avec consternation que le temps n’avait pas été plus clément ces derniers jours qu’il ne l’avait été lors de ses précédents passages. A croire que cette région du Nord se complaisait à avoir un temp exécrable rien que pour garder son « charme septentrional », maugréa-t-il en arpentant les allées de Fimbulvetr…
En somme, Thorek était bougon. Comme d’habitude quand il s’ennuyait et qu’il sortait de sa zone de confort. Même si l’explorateur n’admettrait jamais que sa vie souterraine avait fait en sorte qu’à peu près tout soit en dehors de ladite zone de confort.
Les locaux, eux, ne semblaient pas distraits par les caprices du climat. En revanche, devoir supporter les élucubrations d’une demi-portion barbue emmitouflée dans de la laine, le tout réhaussé par un paquetage un peu clinquant, n’était pas pour les enchanter. Ainsi, même Thorek réalisa bien vite que s’il continuait à ce rythme, il allait gentiment, mais fermement, être incité à voir la montagne sous un meilleur angle ou bien la dégringoler vers la sortie de la cité.
Gardant alors ses grommellements à niveau sonore acceptable, le nain continua à déambuler dans la cité pour occuper sa fin de soirée avant d’enfin aller se reposer à l’auberge locale. Cela lui apprendrait à partir en avance… Mais, heureusement pour l’explorateur, quelque chose vint animer l’instant. En effet, au détour d’une pensée vagabonde, son regard vint accrocher une formation rocheuse originale en bordure de la cité. Une succession de roches plus ou moins droites, organisées en cercles, et dont la variété de formes l’intrigua aussitôt malgré la distance.
Se hâtant à présent qu’il avait quelque chose pour occuper son esprit oisif jusqu’alors, Thorek s’approcha du lieu comme un alchimiste venant de trouver un ingrédient rare. Ce fut donc avec un regard curieux et avide de comprendre qu’il arriva dans un lieu qu’il devina être un « siedi » d’après les dires des rares locaux environnants. Quelques bribes de dialogues revinrent au nain qui crut vaguement se rappeler que le lieu était important aux yeux des nordiques, quelque chose en rapport à leur religion s’il se souvenait bien. Autant essayer d’être prudent donc.
Mais l’objet de l’attention de Thorek en cet instant, ce n’était pas l’arbre énorme au centre de la formation ou les processions ou les chants épars, non, non. C’étaient les rocs autour, un en particulier même. Sortant son carnet de notes et gribouillant frénétiquement des croquis de ce qu’il voyait, le nain se perdit en réflexion. De quoi s’agissait-il ? Granit ? Grès ? Non, c’était autre chose. Mais quoi ? Comment était-ce possible que ce rocher ait pu prendre ces formes improbables, torturées parfois, aussi lisses, trop naturelles ? Il avait beau s’approcher et le regarder sous différents angles, il ne trouvait pas de traces d’outils, même infimes. Certes, il y avait bien quelques fresques de runes de ces nordiques qu’il ne comprenait guère par endroit, mais la méthode de taille de ce rocher lui échappait complètement. Il allait falloir qu’il récupère un échanti…
« Eh ! Le nain ! » s’exclama-t-on subitement.
Thorek sortit de sa quasi-transe aussitôt. Il cligna des yeux et regarda son interlocuteur d’un air hagard qui se voyait à peine sous son capuchon. Un nordien se tenait quelques mètres non loin, longue tunique beige, l’air aussi commode qu’un sanglier fatigué et les sourcils froncés d’incompréhension.
« Que faites-vous autour des autels à gigoter de la sorte ? »
Thorek suivit le regard du nordien et s’aperçut qu’effectivement, il semblait y avoir des objets déposés au pieds de ces rochers. Cela allait des victuailles à des languettes de bois ornées de runes à l’orthographe déplorable à ses yeux, mais là n’était pas la question.
« Hmm, c’est donc à ça qu’ça sert, considéra Thorek en laissant ses yeux détailler une autre forme rocheuse. Est-ce que vous pouvez me dire qui les as mis en place ? — Qui les… hésita le nordien avant d’arborer un sourire narquois. Pourquoi cette question ? — Je souhait’rais lui demander comment il les a taillés de la sorte. Ne pas laisser la moindre trace de son travail, même pour moi, c’t’impressionnant. — Mais… Ce sont les dieux qui les ont formés ainsi. »
Heureusement pour Thorek, la déception qu’il montra à cet instant fut relativement cachée par ses atours.
« Ah… Bon, tant pis alors. »
Et au nain de reprendre ses déambulations, tête légèrement penchée vers l’avant, mais avec quelques méninges occupées par ces rochers originaux à présent. Sauf qu’il n’eut pas l’occasion d’y réfléchir longtemps puisque le nordien d’avant revint aussitôt vers lui.
« Eh. Maître nain. » – L’homme du nord attendit d’avoir l’attention de son interlocuteur barbu avant de reprendre – « Je m’appelle Hrafni. Vous ? —…Thorek Sveresson du clan Drogund. — Bien, se contenta-t-il de répondre avant de croiser les bras. Alors, Thorek, êtes-vous réellement venu en ce lieu sacré uniquement pour observer la forme de nos autels sacrés ? »
Un haussement d’épaules à peine visible lui répondit.
« Ah ah ! gloussa Hrafni. Décidément, vous autres, nains, êtes des originaux. Mais avez-vous considéré le fait que votre présence en ces lieux pouvait avoir une signification ? — Comment ça ? — Il n’y a pas de hasard, seulement des signes et des évènements qui parfois dépassent notre compréhension. — J’ai peur de n’justement pas comprendre c’que vous m’racontez, Hrafni. Vos pierres ont attiré ma curiosité, rien de plus. Et en quoi est-ce que c’la vous concerne ? — Cela me concerne car il est de mon devoir de m’assurer du bon maintien de ces lieux. »
Au nordien de renchérir en s’approchant de la pierre qui avait eu toute l’attention de Thorek l’instant d’avant.
« Et cette ‘pierre’ comme vous l’appelez est celle du dieu Guðhallr. Un dieu souvent associé aux montagnes qu’il arpente incessamment sous la forme du blizzard que l’on y trouve. Il veille sur les voyageurs qu’il estime méritant et perd les autres. — Et vous le vénérez ? Sans offense, mais il semble plutôt capricieux votre dieu. — Ne voyez pas le fait d’être perdu comme un fait forcément négatif. Parfois, c’est en changeant de voie qu’on trouve un meilleur chemin ou qu’une opportunité nouvelle s’offre à nous. — Si vous le dites, grommela Thorek sans grande conviction. — Vous devriez tenter de lui faire une offrande. »
Thorek se tourna alors complètement vers Hrafni, le nordien semblait tout à fait sérieux.
« J’ai déjà mes dieux, homme du nord. — Et c’est très bien pour vous. Mais vous êtes ici chez nous. Ainsi, je vous enjoins à faire ce que vous pouvez pour avoir les divinités locales de votre côté. De plus, vous vous êtes naturellement approché de Guðhallr sans même le savoir. »
Hrafni s’approcha d’un pas ensuite pour pouvoir parler plus bas.
« Et au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, mais plusieurs personnes vous regardent depuis un moment. Vous feriez mieux d’au moins jouer le jeu pour ne pas offenser plus avant des habitants moins, disons, conciliant que moi. C’est un lieu sacré que vous venez de troubler… Volontairement ou non. »
Le regard de Thorek se perdit un peu en retrait et le nain remarqua enfin, qu’effectivement, ses manies avaient attiré l’attention. Flûte, boga et damnation, pensa-t-il.
« Si c’est nécessaire… Mais que voulez-vous dire par offrande ? demanda alors le nain. — Cela dépend de ce que vous souhaitez demander. — Bah, ça ne me dit toujours pas ce que c’est votre truc. Je comprends bien qu’il faut donner quelque chose, mais je ne vois pas le but. — … Attendez, vous ne savez pas ce qu’est une offrande ? s’étonna sincèrement Hrafni. Mais vous avez un culte, non ? Vous veniez de le mentionner. — Ouais. Le culte des dieux ancestraux nains. Mais je ne vois pas en quoi déposer des bouts de pain sous une de leur statue va changer quelque chose. »
Hrafni sembla prendre quelques secondes pour accepter ce qu’il venait d’entendre.
« Vous ne leur donnez rien en échange de leurs faveurs ? — Quelles faveurs ? grommela Thorek. Mes dieux existent, ils nous ont donné des idéaux à suivre et nous les appliquons au jour le jour. C’est déjà bien assez d’avoir un code d’honneur strict pour se prouver digne de les rejoindre ! Si les dieux nous aidaient dans cette tâche, en quoi serions-nous dignes s’ils font le travail à notre place ? — Mais les dieux observent nos actions et nous observons les leurs dans ce qui nous entoure : une bonne récolte, un hiver doux. Lorsque l’on reçoit un cadeau, il est de bon ton de remercier celui qui nous l’a donné. — Vous remerciez ceux qui font ce qu’ils sont censés faire ? C’est généreux de votre part, mais il semblerait que vos dieux soient plus vénaux que les nôtres s’ils doivent être payés pour veiller sur leur peuple. — Mieux vaut les récompenser que de subir leurs foudres. Vos dieux sont peut-être bienveillants, mais ils m’ont l’air bien distant. N’ont-ils aucune compassion envers leur peuple ? Aucun désir de vous permettre d’aller plus loin que votre condition ? — Au moins, nous, nains, pouvons nous targuer de nous être fait nous-mêmes. — Et nous, nordiens, avons l’appui de dieux qui nous permettent d’accomplir de grandes choses. »
Quelques flocons passèrent, un instant de silence après cet échange métaphysique rapide. Puis Hrafni eu un léger sourire aux lèvres.
« Soyons d’accord sur le fait que nous ne le sommes pas. — Ça m’va. — Vous devez toujours faire une offrande néanmoins. »
Thorek soupira lourdement.
« Bien… Que voulez-vous que je fasse ? se résigna alors le nain — Avez-vous quelque chose appartenant à un animal ou une créature du Nord ? — Hmm, j’ai bien ça, répondit Thorek en montrant une petite fiole contenant ce qui ressemblait à des filaments éthérés en constant mouvement. Un souvenir d’un élémentaire qu’il paraît et je fais confiance à la personne qui l’a identifié comme tel après qu’on l’ait chassé du village qu’il tourmentait. — Un élémentaire d’air ? Étrangement approprié pour Guðhallr, comme quoi le destin vous sourit plus que vous ne pensez. »
Hrafni s’approcha de l’autel et indiqua les offrandes empilées en dessous. La majorité pour cette divinité étaient plus de l’ordre des prières et biens précieux que de victuailles.
« Approchez-vous, votre offrande tenue devant vous. — Comme ça ? — Heum, à peu près oui, mais tentez d’y mettre de la conviction. — J’ai l’air ridicule surtout à tenir ce truc. »
Hrafni soupira et Thorek prit cela comme un signe qu’il valait mieux se taire et suivre les recommandations. Ce qu’il fit avec difficulté, la fierté d’un nain étant quelque chose de complexe à étouffer.
Le nordien indiqua ainsi quelques étapes à Thorek pour ritualiser son offrande un minimum. D'après Hrafni, il ne suffisait pas de donner l’objet, il fallait attirer l’attention du dieu, lui montrer que le don était sincère ou du moins que la personne prenait le temps de mettre les formes. C’était une attention particulière que de tenter de contacter le divin et il fallait faire preuve d’un respect sans faille. Pour le nain, cela consista majoritairement à tenter d’imaginer le fameux Guðhallr comme un dieu nain un peu dérangé. Une comparaison bancale, mais qui marcha assez pour qu’il se laisse guider par l’évènement.
Il fut évident pour Thorek que toutes ces étapes n’étaient pas forcément nécessaires. Mais Hrafni tenait à ce que le tout soit aussi crédible aux yeux des nordiens qui observaient le tout distraitement. Les locaux n’avaient pas l’habitude d’être dérangé par des étrangers, encore moins d’en voir qui s’adonnait à leurs croyances, alors autant faire ça proprement. Cela fit d'ailleurs se demander au nain pourquoi donc ledit Hrafni se donnait autant de mal pour lui...
La patience de Thorek fut mise à rude épreuve par la dernière étape qui consistait à s’asseoir devant l’autel et finir par un remerciement à la divinité ainsi qu’un rappel de sa demande. Fermer les yeux et marmonner des balivernes pareilles donnait au nain l’impression d’être une blague ambulante, mais il se prêta au jeu. Et quelle ne fut pas sa surprise, une fois le tout prononcé, de se rendre compte que Hrafni n’était plus à ses côtés ! Et que les nordiens qui le regardaient au loin étaient soit partis faire autre chose, soit avaient disparus eux aussi !
Quelque peu abasourdi par la finalité, Thorek fut presque convaincu qu’on s’était moqué de lui et, définitivement frustré, s’en alla récupérer sa fiole… Pour s’arrêter au moment où il allait la prendre. Après tout, il venait de passer par tout ce cirque pour la déposer là. La reprendre reviendrait à admettre qu’il venait de perdre son temps. Et il restait la possibilité que ce Guðhallr écoutait vraiment.
La main de Thorek se referma devant la fiole, hésitante, laissant ainsi là feu son butin. Puis, ce fut au nain de tourner les talons sans demander son reste.
Plus tard, à l’auberge, le nain continua à observer les croquis qu’il avait pris de l’autel. Sirotant sa bière d’un air pensif, l’explorateur n’arrivait pas à trouver de réponse à cette question particulière qui le suivit jusque dans ses rêves.
Pourquoi ? Pourquoi ce rocher en particulier ?
[Thorek donne une fiole d'air élémentaire aux divinités locales]
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