Nous avions déjà vécu cette scène, il y a de ça deux semaines. Après un palpitant combat, mon adversaire serpentine m'avait fait mordre la poussière, jouant sur le poison et son agilité naturelle, agilité qui me faisait cruellement défaut. Ce n'était pas la première fois que je perdais bien sûr, même dans l'Arène. Mon compagnon kazharien, Jûken'Maw, m'avait déjà vaincu lors de mon tout premier combat dans le sable froid de l'arène baldorheimoise.
J'avais alors tenté de m'améliorer, m'entraînant de plus en plus dans la salle des lanceuses de notre quartier général. Cette salle était spécialement conçu pour améliorer son agilité, et se présentait comme un parcours où l'on devait sauter de pillier en pillier en esquivant les balles de caoutchouc qui se dirigeaient vers nous à vive allure. Ce n'était pas mon point fort, mais j'avais noté de réels progrès, et j'espérais que cela allait suffit pour pouvoir vaincre Khâli. Elle avait d'ailleurs accepté ma demande de revanche sans poser de questions, et j'étais persuadé d'avoir perçu un sourire derrière son masque.
Nous étions donc là une nouvelle fois, à nous toiser du regard en attendant le cor du début de combat. Je m'inclinai légèrement, en guise de salut, et me mit sur mes gardes, conscient de la rapidité de mon adversaire à écaille.
Le cor retentit alors, et les muscles de nos corps se détendirent pour se charger mutuellement.
Le premier choc fut violent. Mon marteau frappa contre ses dagues, et elle recula de quelques mètres. Je tentai alors une nouvelle fois de lui asséner un coup, mais passé l'adrénaline du premier impact, elle se reprit bien vite et parvint à planter une de ses dagues dans une des fentes de mon armure, m'ouvrant la jambe tout en glissant derrière moi.
Son objectif était clair: me ralentir plus encore pour profiter pleinement de son avantage de vitesse. Mais aujourd'hui, la tournure du combat allait être différente. Je serais une muraille invincible, et je resterais debout même si je ne pouvais plus me battre. Aujourd'hui, je ne faillirais pas.
Je me retournai alors vivement et reculai de quelques pas, esquivant de peu un nouveau coup de dague. Ses assauts étaient incessants, j'avais l'impression qu'elle était passé à un autre niveau pendant ses deux semaines. Jouait-elle avec moi la première fois? Se donnait-elle plus à fond la deuxième fois, pour confirmer définitivement sa victoire sur moi? Je ne savais pas, et peu m'importait. Tout ce qui comptait actuellement, c'était la victoire, à tout prix. Non pas par orgueil, mais parceque cette adversaire était à ma hauteur et méritait que je me donne à cent pourcents.