La Jarl et le Banni, incrédible confluence [PW Selsya Åsa] [PAUSE]

« Kshi ! »

Le nain, légèrement surpris, tourna vivement la tête.

« Kshi ! Kshi ! »

Fixant l'ourson semblant éternuer, Thauthaudarmafur haussa le sourcil droit en fronçant le gauche.

« Akshi ! Kshikshi ! »

Une boule d'air apparut soudainement entre les joues du nain. Bientôt, il ne put la contenir, et explosa d'un rire gras et bruyant, faisant sursauter l'ourson. Le son de cet éclat se répercuta sur les parois alentours. Quelques secondes plus tard après que le nain ne se soit calmé, le silence revînt calmement, tombant sur les alentours telle un prédateur sur sa proie. Un large sourire aux lèvres, le nain, retirant promptement son gantelet droit, déposa sa large paume sur le crâne de l'animal, le caressant avec tendresse. Il grandissait petit à petit, et bientôt serait-il capable de chasser de lui-même. Thauthaudarmafur ne faisait que jouer le rôle de feu ses parents, le protégeant des dangers extérieurs du mieux qu'il le pouvait. Ayant le plus grand respect pour le règne animal des montagnes, il ne voulait en aucun cas bouleverser l'ordre naturel de la vie. Cet ourson apprendrait à être un des siens. Il chasserait par lui-même, développant son instinct, et découvrirait la nage comme un réel ours polaire. Un jour, peut-être, déciderait-il de quitter son actuel maître, pour rejoindre la nature qui l'a lâchement abandonné il y a de cela des années. Le nain tiqua légèrement. Une telle séparation le briserait sans doute. Comme s'il ressentait sa soudaine peine, l'ourson poussa un léger gémissement, caressant la rude paume de son museau noir. Reprenant ses caresses, le nain demeura silencieux. Il remarqua alors n'avoir jamais donné de nom à son compagnon, le sifflant les rares fois où il s'éloignait. En avait t-il réellement le cœur ? Il n'aurait su l'expliquer, mais il ne se sentait pas de donner un nom à cet animal. Leur relation était au delà de cela, plus... Profonde ? Le nain, légèrement troublé, fronça les sourcils. Il n'aimait pas philosopher ainsi sur lui-même. En général, cela revenait à repenser à Ogh-Hen-Kìr, et il le faisait bien assez depuis son départ.

Soudainement, un craquement proche fit tourner la tête des deux compagnons. Troublé, l'oie à bec court tourna sa petite tête dans leur direction, et siffla doucement. Le nain fronça un sourcil, ne sachant réellement identifier cette espèce. Un mélange entre un canard et un oiseau, sans doute. Avant qu'il ne puisse poursuivre sa réflexion, ou entamer quelconque mouvement, un grognement gronda à sa droite, et l'ourson bondit avec une vivacité remarquable pour sa taille sur la bestiole. Celle-ci, dans un couinement, mourut sous les crocs du prédateur. Le dernier cri de l'animal résonna entre les monts de Kanaan, suivi des bruits du dîner de l'ourson. Le nain, silencieux, et surpris, contempla son compagnon. Déjà à cet âge, les ours apprenaient à chasser, ainsi. Notant dans son esprit de laisser le sien libre bien plus souvent à partir de cet instant, il leva les yeux, contemplant les hauteurs de cette chaîne de montagnes. Kanaan. Il y faisait plus chaud que dans les Baldors, c'était indéniable. Lui même, pourtant nain et résistant à tout ce que la nature pouvait lui infliger, avait du mal à respirer s'il grimpait trop haut. Il ne s'y attarderait pas. Il souhaitait revoir une dernière fois la Banquise avant longtemps. La Terre ayant tant fait rêvé ses ancêtres. La Terre qu'il avait foulé durant de longues années. La Terre qu'il allait parcourir à nouveau dans un temps futur. La Banquise. Un dernier regard, une dernière méditation, avant de partir dans sa quête de Vérité en Dùralas. Il renifla bruyamment. Le nain, un long frisson dans le dos, se sentait prêt. Des alliés, de la force, et la Vérité. Posant à nouveau les yeux sur l'ourson ayant fini son repas, Thauthaudarmafur ajusta son équipement et reprit la marche, entamant un chant nain.

« Lorsque la nuit, s'élèvent les sinistres bannières, la chair repose sur le sol, et ils tombent, pour ne plus jamais s'éveiller... »

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Selsya était ravie de son séjour dans le village Djöllfulin. Cette entrevue avec les ambassadeurs avait été une vraie réussite et l'environnement lui avait offert un dépaysement total.
La Jarl aimait le Nord plus que tout, et mourait pour le défendre, mais en vue des derniers évènements avec les sauvageons et la situation avec le Grand Nord, il fallait avouer que changer un peu d'air et passer quelques jours de détente diplomatique était une bénédiction fort appréciable.

Chose étonnante, elle y avait même revu Dougal Keane, qui était toujours fidèle à lui-même et en train d’œuvrer pour le "bon" roi des Humains. Bien que Selsya porte Dougal en haute estime, elle n'aimait pas que le roi vienne fourrer son nez dans les affaires du Nord.
Qu'importe, la mission de la Jarl était effectuée et portait de bonnes augures.

Selsya avait reprit la route, souhaitant regagner rapidement Kastalinn et ne pas trop s'attarder dans les Sombres Montagnes. Elle ne verrait pas sa cité avant quelques jours, mais elle était au moins en bonne compagnie avec Sleipnir et Orrur, en attendant.
Elle ne montait pas Sleipnir, préférant marcher aux côtés de son fidèle compagnon, sur les étroits sentiers des Sombres Montagnes.

- Tout doux mon grand, la roche est friable ici, ait le pas léger, s'adressa-t-elle avec douceur à son compagnon équestre.

L'atmosphère était froide et lugubre, mais le froid, Selsya ne le craignait pas. Elle savait aussi que certaines étranges créatures pouvaient se cacher dans l'ombre, c'est pourquoi la jeune femme restait attentive, et fort heureusement...car elle entendit des bruits de pas lourds qui approchaient.
La mage posa alors sa main sur son bâton, prête à rapidement le saisir si le besoin s'en faisait sentir. Elle le saurait bien assez vite...

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La Jarl & le Banni

♫

« Champions de nos rois, frères laissés derrière, vous faites partie des nôtres. Jadis, boucliers contre la fureur tempétueuse. Désormais, guerriers sous la roche. Puissiez vous vous éveiller au souffle de feu, endormis dans les bras du destin, cachant la ferveur guerrière. Un jour, enlacés par la mort dans un tombeau de pierre, survivant au passage des âges. Toujours, priés et chantés par nous autres, nains fiers. »

Un ronronnement de plaisir fit sourire le nain. L’ourson, satisfait, vînt frotter son museau contre le mollet de son maître, laissant sortir le bout de sa langue. Thauthaudarmafur s’agenouilla lentement, et caressa de sa main droite le crâne de son compagnon. Ce dernier appréciait ce chant, contant la gloire post-mortem de héros nains, décrivant comment, au fil des siècles, les noms de ceux-ci demeuraient dans les légendes de leur peuple. Un grand guerrier nain n’est jamais oublié par les siens.

Thauthaudarmafur, ne souhaitant pas trop traîner, tapota les jambes arrières de son ourson, lui faisant signe d’avancer. Les montagnes, sombres, de Kanaan n’étaient guère un lieu adapté pour une promenade de santé. Le nain, reprenant sa marche, se remit sur ses gardes. Surveillant du coin de l’œil l’animal prenant de l’avance, il cherchait un moyen de bifurquer vers le Nord, ce qui était alors impossible à cause de la falaise abrupte se trouvant à sa droite.

Alors que le chemin s’ouvrait vers une place plus aérée, l’ourson s’arrêta soudainement, fixant une direction en reniflant. Le nain, fronçant les sourcils, déposa la main sur le manche de son marteau-piolet, n’ayant pas encore pris l’habitude de ses nouvelles aptitudes magiques. Sentant sa pierre magique soudainement vibrer contre son torse, il jeta rapidement un œil dans son dos, notant l’absence d’intrus. Se concentrant alors sur le chemin, il poursuivit doucement sa route, suivant le regard de son animal, prêt à dégainer. L’agitation de sa pierre ne l’étonnait alors pas, étant un simple indicateur d’une magie proche.

Il ne s’attendait pas à voir apparaître un elfe en armure accompagné d’une chouette avec des bois de cerf et un canasson. Il reconnut ce dernier comme étant Arànien, ayant pu en découvrir quelques jours plus tôt. Thauthaudarmafur jura intérieurement. Il rencontrait encore un elfe. Depuis qu’il était revenu à la surface, c’était le septième. Décidément, ses dieux se jouaient de lui. Cependant, il changea rapidement son état d’esprit. La pierre réagissait comme jamais auparavant, vibrant énergétiquement. Le nain, intrigué et sur ses gardes, projeta ses propres Sens Arcaniques vers le nouvel arrivant, peinant à maintenir sa concentration malgré l’enseignement de Zartys. Ce fut suffisant pour qu’il perçoive l’effroyable puissance magique composant l’aura de l’elfe. Thauthaudarmafur déglutit péniblement, masquant parfaitement son trouble. Ce n’était pas une créature normale. C’était la première fois que le nain percevait un tel potentiel magique, surpassant très largement celui de Zartys et de ses runes. Cependant, il tenta de ne laisser paraître aucun malaise malgré sa surprise.

Le nain, reprenant son sang froid, parcourut le personnage de ses yeux experts, notant en premier lieu la présence de sa main sur le bâton magique. Il interpréta cette attitude comme équivalente à la sienne, gage de prudence. En signe de paix, le nain relâcha son arme, mais se tenait malgré tout prêt à réagir en cas d’attaque. Il poursuivit son inspection, notant l’accoutrement civil de l’elfe. Hormis le bâton, il ne semblait porter aucune arme physique, vêtu de bottes de voyage, d’un pantalon de cuir et d’un chemisier pâle recouvert d’une cape. Son visage était couvert d’une capuche, ainsi protégé du vent battant. Thauthaudarmafur conclut que c’était un voyageur. Plus précisément, les courbes que l’on devinait au travers des vêtements désignaient que c’était une voyageuse.

Malgré la dizaine de secondes passée, la pierre s’agitait toujours aussi violemment. Quant à lui, l’ourson était grimpé sur un rocher à la gauche du nain afin d’arriver à son hauteur et fixait sans relâche l’elfe. L’esprit du nain tournait à plein régime, tentant en vain de trouver une explication à la présence d’une si puissante elfe sur son chemin. Il revit en un éclair le corps sans vie de Wuirys et songea à une quelconque vengeance envoyée d’Endoral, mais écarta bien vite cette hypothèse. Si ça avait été une embuscade, il l’aurait déjà su.

Le silence, d’une demi-minute environ, devait être rompu, ou bien la suspicion s’installerait. Le nain voulait avoir le cœur net sur la raison de la présence de cette elfe ici. Il ouvrit la bouche afin de la saluer, mais remarqua soudainement les yeux vairons de la jeune femme. Il fut surpris de cette particularité, n’en ayant alors encore jamais vu, mais prit la parole après avoir marqué une courte pause d’étonnement.

« Je vous salue, dame elfe. Inutile d’vous crisper sur c’bâton, j’suis pas belliqueux, j’vous veux aucun mal. Mais une question m’brûle les lèvres : que fait une elfe dans ces montagnes ? »

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Selsya scrutait le nain, autant que lui l'observait. Les deux personnages étaient hésitants, se demandant chacun lequel attaquerait, et quand cela se produirait.
Le nain ôta sa main de son arme, ce qui rassurera quelque peu Selsya, mais celle-ci ne baisserait pas la garde si facilement. Elle imita le geste, consciente qu'en cas de souci, sa cryomancie naturelle pourrait jaillir. La dame blanche était toujours prête.

Selsya balayait son regard du nain à l'ours. Ce dernier semblait plutôt curieux, certainement du fait de son jeune âge. L'elfe avait toujours adoré les ours, celui-ci lui avait donc tapé dans l'oeil. Le nain en revanche, ne lui faisait pas le même effet... Bien qu'il brisât enfin le silence.

- Je vous salue, dame elfe. Inutile d’vous crisper sur c’bâton, j’suis pas belliqueux, j’vous veux aucun mal. Mais une question m’brûle les lèvres : que fait une elfe dans ces montagnes ?

Sa voix était bourrue, tout comme la façon de prononcer ses mots, cependant il usait d'un langage appréciable. Selsya relâcha quelque peu sa position défensive, afin de montrer un faible signe d'ouverture à l'échange.

- Et que fait un nain si loin des Baldors ? Je suis Selsya Åsa, Jarl de Kastalinn. J'arpente les terres du Nord pour des raisons politiques. Vous êtes...?

Selsya fixait le nain et attendait des réponses à ses interrogations, elle espérait que ce nain n'était pas en quête d'un mauvais coup, notamment auprès des Djöllfulin. Un nain qui voyage seul, c'était étrange, dans un coin aussi perdu, encore plus.

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La Jarl & le Banni

Thauthaudarmafur nota les allers-retours des yeux vairons de l'elfe, parcourant inlassablement la distance le séparant de son compagnon animal. Il n'apprécia pas l'importance qu'elle semblait porter à celui-ci. Le nain était toujours méfiant, conservant en mémoire le dernier elfe ayant tenté de lui subtiliser son ourson. Le visage agonisant de Wuirys apparut à nouveau devant ses yeux alors qu'il plissait les yeux. Alors qu'il était insignifiant, elle était surpuissante. Comme en réponse à ses pensées, l'elfe lâcha son bâton, laissant le Banni interpréter qu'elle n'était pas belliqueuse, affichant même un début de volonté d'échanger alors qu'elle prenait la parole.

« Et que fait un nain si loin des Baldors ? Je suis Selsya Åsa, Jarl de Kastalinn. J'arpente les terres du Nord pour des raisons politiques. Vous êtes...? »

Le nain ne put retenir un rictus d'étonnement. Lors de ses nombreux voyages en dehors d'Ogh-Hen-Kìr, il avait évidemment entendu parler de la célèbre Selsya Åsa, l'elfe cryomancienne qui était parvenue à la tête de Kastalinn. Il avait également recueilli le témoignage du tavernier du « Célère Àranien », qui assurait être heureux du traité d'Àran et de la protection de la Jarl. Néanmoins, Thauthaudarmafur ne s'attendait pas à tomber sur une telle personnalité par hasard, dans un coin reculé des montagnes, qui plus est, sans aucune troupe l'escortant. Il déglutit lentement. Au moins aurait-il l'occasion de se faire une idée par lui-même...

Il remarqua avec un léger amusement que la première question que posait l'elfe était mot pour mot la même que celle qu'Hélène lui avait posé à leur dernière rencontre. Cependant, il ne pouvait répondre ici avec autant de légèreté. Son interlocutrice n'était pas comparable à la stellaroïse. Partant du principe qu'elle n'avait aucune raison d'être au courant de sa fugue, il se força à esquisser un léger sourire avant de répondre, élevant légèrement les mains pour illustrer ses propos.

« Thauthaudarmafur, nain des Monts Glacés ! J'me balade... En réalité, pour tout vous avouer, j'souhaite r'voir le Grand Froid, la Banquise comme vous l'appelez, une dernière fois avant d'partir pour le Sud. J'suis enchanté, et étonné, d'rencontrer le Jarl d'Kastalinn. »

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Le nain esquissa un léger sourire avant de répondre à l'interrogation de Selsya, et elle nota qu'il s'exprimait légèrement avec les mains. Elle lui trouvait une dégaine presque sympathique.

- Thauthaudarmafur, nain des Monts Glacés ! J'me balade... En réalité, pour tout vous avouer, j'souhaite r'voir le Grand Froid, la Banquise comme vous l'appelez, une dernière fois avant d'partir pour le Sud. J'suis enchanté, et étonné, d'rencontrer le Jarl d'Kastalinn.

La Jarl fut surprise par la réponse de celui qui lui était étranger, mais qui ne semblait pas si étranger des terres du Nord à en entendre ses dires.
Selsya termina de prendre une position plus relâchée, rangeant son arme. Le nain ne semblait vraiment pas désireux d'une quelconque brouille, et l'air innocent de l'ours avait terminé de décider la mage.

- Ravie de faire votre connaissance, Thauthaudarmafur, et merci pour votre honnêteté. Le Grand Froid ? C'est la première fois que je l'entends être appelée ainsi. La Banquise est vraiment incroyable à voir, mais aussi pleine de dangers. Vous n'avez pas froid aux yeux de vous aventurer là-bas tout seul. Vous savez que les sauvageons s'y aventurent souvent, ainsi que quelques clans qu'il ne fait pas bon de croiser. Vous avez jadis vécu dans les terres du Nord ? - La jeune femme marqua une pause, hésitante, avant de reprendre - Ça vous ennuie si Sleipnir, mon aranien, et moi-même abusions de votre hospitalité pour nous installer un peu près de votre feu ? Nous ne craignons pas vraiment le froid, mais réchauffer un peu notre eau serait appréciable.

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La Jarl & le Banni

La Jarl rengaina son arme, visiblement plus confiante sur les attentions du nain. Ce dernier relâcha également sa garde, qu’il savait inutile face à une monstruosité de puissance. Au delà des récits sur l’elfe qu’il avait récolté lors de ses voyages, découvrir présentement la quantité de magie qu’elle dégageait lui confirmait ses doutes. Il ne fallait pas l’avoir en ennemie. Après un énième regard presque attendri pour l’ourson, qui avait posé sa tête sur ses pattes, l’elfe aux yeux vairons -détail qui perturbait encore le nain- prit la parole.

« Ravie de faire votre connaissance, Thauthaudarmafur, et merci pour votre honnêteté. Le Grand Froid ? C'est la première fois que je l'entends être appelée ainsi. La Banquise est vraiment incroyable à voir, mais aussi pleine de dangers. Vous n'avez pas froid aux yeux de vous aventurer là-bas tout seul. Vous savez que les sauvageons s'y aventurent souvent, ainsi que quelques clans qu'il ne fait pas bon de croiser. Vous avez jadis vécu dans les terres du Nord ? »

Durant sa réponse, le nain avait jeté un regard au virage dans lequel ils étaient. Un petit renfoncement dans la roc se trouvait à droite, à l’abri du vent dû à la hauteur. Le soleil se couchant lentement, le Banni décida d’installer un campement, ou bien ils seraient bloqués par les ténèbres, ce qu’il ne souhaitait pas. Écoutant avec attention la Jarl, il extirpa une Rune de sa poche et se dirigea vers le renfoncement. L’ourson, tournant soudainement la tête, bondit sur ses petites pattes et se mit à rejoindre son maître, descendant du petit monticule de roches où il s’était perché. Thauthaudamarfur sortit de son paquetage du bois sec et jugea pouvoir trouver une bûche sans mal aux alentours. Réfléchissant aux dires de la dénommée Selsya, il ferma les yeux, ouvrant ses Sens Arcaniques, captant les énergies qu’il souhaitait. En quelques secondes, il concentra la magie désirée dans sa Rune, qui se mit à briller d’une lueur rougeâtre. Murmurant un mot nain, il posa la Rune sur l’amas de bois, où elle prit feu instantanément, enflammant les branches sèches. S’asseyant à côté, il réfléchit un instant. L’elfe n’était pas comme ces congénères dégénérés, visiblement bien plus arrogants et hautains. Il avait ouï dire qu’elle avait été rejetée pour une déformation quelconque… Du point de vue nain, c’était incompréhensible. Un nain malformé demeure un nain à l’esprit vif, donc utile. Par chez lui, on ne rejetait que les briseurs de serment sans honneurs, non les innocents à qui les Dieux ont retiré une faculté.

« Ça vous ennuie si Sleipnir, mon aranien, et moi-même abusions de votre hospitalité pour nous installer un peu près de votre feu ? Nous ne craignons pas vraiment le froid, mais réchauffer un peu notre eau serait appréciable. »

Et voilà que la cheffe de ces contrées demandait humblement, et avec hésitation, de profiter du plus commun des espaces ? Les iris sombres du nain se posèrent dans ceux, bien différents, de l’elfe. À nouveau, cette anomalie le dérangea. Non par dégoût, mais plutôt par admiration. À vrai dire il trouvait ce détail joli. La pensée même que la vue de l’elfe lui était plaisante passa dans son esprit, mais il la balaya rapidement. Cela demeurait une elfe, après tout. Il s’étonna à nouveau des coutumes de la région, mais entreprit, alors que son ourson se posait entre ses jambes, profitant de la chaleur du feu, de répondre à son interlocutrice.

« Ravi d’même, m’enfin surtout surpris. J’ai beaucoup entendu parler d’la Jarl d’Kastalinn à vrai dire. J’ai b’en aucune raison d’pas être honnête. « Le Grand Froid », c’est un nom qu’nous autres nains des Monts Glacés donnons à la Banquise. Divergence d’culture, v’voyez. Ouep, J’ai eu l’occasion d’passer une p’tite dizaine d’années au Nord, y’a d’ça quelques temps. Faites comme chez vous hein, c’pas qu’une façon d’parler après tout ! Gyarg gyarh ! »

Le nain s’esclaffa d’un rire gras et fort après sa boutade. La Jarl était réellement chez elle, et il était l’étranger. Dans sa politesse, inutile aux yeux des nains mais tellement si importante dans les autres cultures, l’elfe semblait inverser les rôles, et Thauthaudarmafur s’en amusait visiblement, sans aucune moquerie malsaine. L’humour nain était spécifique, mais leur bonne humeur après celui-ci s’avérait bien souvent contagieuse.

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Selsya avait observé avec intérêt la façon dont le nain venait d'allumer le feu. Ce symbole, cette rune, s'était illuminée avant de s'embraser. Selsya avait déjà vu bon nombre de fois des runes naines gravées, lorsqu'elle vivait dans les Baldors avec son oncle. Cependant, jamais, elle n'avait pas vu un nain les utiliser, et encore moins user de magie ! Elle les savait d'ailleurs terriblement réfractaires à cet art.
Bien que sa curiosité soit piquée, l'elfe des glaces savait que ce n'était pas le meilleur moment pour interroger l'étranger sur cette magie, et de la façon dont il procédait. Après tout, si les deux aventuriers attendaient la fin du blizzard pour poursuivre leur chemin, cela lui laissait plusieurs heures pour aborder le sujet.

Alors que la Jarl observait avec un léger sourire l'ours s'installer contre son maître, elle écoutait ce que celui-ci avait à dire, et très vite ses yeux se posèrent sur lui à son tour.

Elle finit donc par approcher, lâchant la bride de son bel aranien, Sleipnir, qui se secoua avant d'avancer se mettre à l'abri dans la cavité. Selsya fit de même, secouant ses vêtements de la neige accumulée. Elle ne craignait pas le froid, mais la neige se transformant en eau et gorgeant les fibres de ses vêtements, elle détestait cela. Elle déposa ses armes à ses pieds, bâton et épée.
La jeune femme ôta son pardessus, qu'elle posa au sol, puis s'entoura d'une couverture qu'elle avait sorti de son sac. Enfin, elle s'assit.

- Je serais bien curieuse d'entendre en quels termes vous a été évoquée la Jarl de Kastalinn ! - railla-t-elle, songeant bien que cette question détournée pouvait être désagréable pour qui l'entendait - C'est intéressant, et assez drôle, à dire vrai. Vous avez vécu des années sur mon territoire, alors que j'en ai vécu plusieurs dizaines sur le vôtre. Vous résidez donc à BaldorHeim ou dans ses alentours ?

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Les premières gardes baissées, Thauthaudarmafur se gratta la barbe, délogeant quelques gouttes d’eau ainsi que poussières de celle-ci. Cela faisait bien deux jours qu’il arpentait les Kanaans depuis sa dernière nuit à l’auberge « Le Célère Arànien », et il devait avouer que son armure ainsi que son corps avaient amassé bien des saletés. Il grogna doucement, ce détail ne l’ayant jamais dérangé. Un nain avait du respect envers ses supérieurs, mais, si ce n’était pour le Haut-Roi, rares étaient les nains à faire attention à ce genre de détail.

Les yeux sombres du Banni suivirent les mouvements gracieux de l’elfe et de sa monture rentrant tous deux dans la cavité afin d’être à l’abri. Le nain tourna légèrement la tête, contemplant le blizzard se levant. Il ne l’avait pas senti venir, et cela le dérangeait car il prenait soin de toujours faire attention au monde l’entourant quand il voyageait. Point positif cependant, car la neige nouvelle effacerait ses pas. Son attention revînt cependant bien vite sur Selsya. Malgré son comportement ouvert, le nain, recherché par les siens, se devait de demeurer attentif et sur ses gardes. Il tiqua lorsque la femme d’apparence jeune déposa son bâton et son épée au sol avant de se libérer de son premier vêtement, gorgé d’eau. C’était à la fois un acte de confiance, mais également, selon Thauthaudarmafur, une précaution. En effet, si les événements viraient au combat, elle s’épargnerait de dégainer ses armes. Néanmoins, considérant l’imposante quantité de magie qu’elle transpirait, il doutait que ces quelques secondes l’aurait réellement aidé. Après s’être enroulée dans une couverture, détail qui alluma une lueur d’amusement dans le regard du nain, l’elfe prit à nouveau la parole.

« Je serais bien curieuse d'entendre en quels termes vous a été évoquée la Jarl de Kastalinn ! »

Le nain eut un léger rire, dévoilant ses dents en un large sourire. Il avait entendu bien des rumeurs concernant l’elfe bannie devenue Jarl surpuissante de Kastalinn, toutes convergeant sur sa beauté et sa puissance. L’ourson roulé en boule contre les tibias du guerrier ouvrit les yeux, fixant, contemplatif, l’elfe.

« C'est intéressant, et assez drôle, à dire vrai. Vous avez vécu des années sur mon territoire, alors que j'en ai vécu plusieurs dizaines sur le vôtre. Vous résidez donc à BaldorHeim ou dans ses alentours ? »

Les traits du nain passèrent de l’acquiescement amusé à un regard figé, sérieux. Après un court instant, il reprit une expression amusée, alors que ses neurones tournaient vivement. La question était légitime, mais le Banni souhaitait rester discret tant qu’il n’avait pas trouvé des alliés suffisamment puissants. Le traître de sa forteresse avait une portée qui lui demeurait malheureusement méconnue. Cette Selsya avait-elle eu vent des drames d’Ogh-Hen-Kìr, à l’exact Est de sa cité ? Il n’y croyait pas. Il se racla la gorge, effaçant tout doute de son visage malgré les calculs de son esprit, et entreprit de répondre à sa partenaire d’infortune.

« J’ai pu rencontrer d’tout type d’personne dans l’Grand Froid. Certains vous aiment, d’autres souhait’raient vot’ départ, la plupart approuve l’Traité d’Aràn, les autres l’méprisent. Mais tous scandent vot’ implication et vot’ puissance. Ça, y’a pas un fou qui l’contredirait, vous pouvez m’croire. J’ai égal’ment pu avoir un aperçu d’vot’ vie d’par les rumeurs, mais j’m’y fie assez peu.»

Le nain baissa la tête, vérifiant l’état de son compagnon animal, et entreprit de lui sortir un bout de bœuf séché enroulé dans du gras. Déposant ce dernier devant son museau, il fut étonné de voir l’ourson secouer la tête, trop occupé à dévisager la Jarl. Haussant les épaules, le nain laissa le bout de viande par terre et sortit quelques unes de ses réserves, ainsi qu’une gourde d’alcool nain, réfléchissant à sa prochaine réponse.

« En effet, c’est rare qu’un nain et qu’une elfe en viennent à c’bilan ! Gyarh garg ! J’peux confirmer les dires des types qu’j’ai rencontré : z’êtes vraiment pas commune, comme elfe. Argh, non, il y a bien des fort’resses d’par les Baldors, et j’fais partie d’une des plus éloignées d’la capitale. J’viens des Monts Glacés, du Nord des Baldors donc. Z’avez faim ? Si c’temps continue, on risque d’avoir le temps d’s’affamer. »

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« J’ai pu rencontrer d’tout type d’personne dans l’Grand Froid. Certains vous aiment, d’autres souhait’raient vot’ départ, la plupart approuve l’Traité d’Aràn, les autres l’méprisent. Mais tous scandent vot’ implication et vot’ puissance. Ça, y’a pas un fou qui l’contredirait, vous pouvez m’croire. J’ai égal’ment pu avoir un aperçu d’vot’ vie d’par les rumeurs, mais j’m’y fie assez peu.»

Selsya ne put dissimuler un léger sourire en entendant le nain Thauthaudarmafur évoquer sa réputation. Ainsi donc, elle faisait parler d'elle. A croire que la notoriété de Jarl grandissait enfin, après tant d'efforts. Certes, l'envoûteuse glaciale ne faisait pas l'unanimité. De toute manière, cela était impossible de contenter tout le monde. Mais au moins, elle pouvait être fière d'être connue d'une majorité de la population nordienne désormais.

- Il est sage de ne pas écouter toutes les rumeurs qui peuvent être dites à mon sujet. Je vous propose plutôt de découvrir par vous-même la Jarl de Kastalinn, qu'en pensez-vous ?

Elle observa le petit homme donner la nourriture à son compagnon, avant de l'écouter à nouveau parler. Sur la faim, elle regarda le morceau de viande avec un léger air de dégoût.

- Bien que je ne tienne pas les Elfes sylvains en haute estime, je dois reconnaître que, tout comme eux, je me répugne à manger de la viande. Je me passerai donc de votre proposition, à moins que vous ayez du pain, ou des légumes ?

Concernant le fait de ne pas être commune, je prends cela comme un compliment. Dites m'en plus sur vos Monts Glacés ? Vous venez d'une forteresse en lien avec BaldorHeim et/ou les Kazhariens ? Ou bien vous êtes du genre à être "à part", vous aussi ?

L'elfe des glaces mit ses mains contre le feu, pour retrouver une sensation de chaleur. Pourtant le froid n'était pas vraiment une contrainte pour elle...

A la rencontre d'une nouvelle etnie

La Jarl & le Banni

Thauthaudarmafur remarqua le sourire pensif de la Jarl lorsqu'il lui rapporta les dires qu'il avait recueilli, il y a de cela quelques temps. Loin d'être un sourire mélancolique, il sembla reconnaître une expression de douce fierté. Le nain grommela doucement et fronça les sourcils. Loin d'être unanimement acceptée, l'elfe ayant été, selon les rumeurs, si souvent rejetée était finalement reconnue. Là était l'analyse qu'il était en mesure de produire, mais il la balaya bien vite lorsqu'un coup de vent soudain repoussa les mèches blanches du visage de la magicienne, lui offrant une nouvelle vue sur ses yeux si originaux. Le nain détourna le regard pour le poser sur le feu. Cette spécificité le mettait mal à l'aise, bien qu'il n'y porte aucun jugement.

« Il est sage de ne pas écouter toutes les rumeurs qui peuvent être dites à mon sujet. Je vous propose plutôt de découvrir par vous-même la Jarl de Kastalinn, qu'en pensez-vous ? »

Le guerrier nain acquiesça en riant légèrement, acceptant la proposition de la jeune femme. Ses sourcils broussailleux se détendirent alors qu'il caressait de son index droit le doux pelage de son compagnon animal, celui-ci fixant toujours l'elfe de ses ronds yeux noirs.

« Bien que je ne tienne pas les Elfes sylvains en haute estime, je dois reconnaître que, tout comme eux, je me répugne à manger de la viande. Je me passerai donc de votre proposition, à moins que vous ayez du pain, ou des légumes ? »

« Par Valaya, une elfe qui critique les sylvains... Si j'avais su voir ça d'mon vivant ! Gyargh gyarh... Mais j'ai cru comprendre qu'ils avaient pas été très tendres avec vous, autrefois. Vous êtes une de ces elfes de glace, mh ?

À chacun ses goûts, en r'vanche... J'voyage beaucoup, et n'ai pas l'loisir d'manger diversifié. J'n'ai que quelques réserves d'chasse, et d'l'eau d'vie naine pour tenir chaud lors d'ces blizzards, navré. »

Le nain semblait réellement gêné. L'hospitalité naine, même autour d'un feu de camp, était légendaire, et il était détestable pour le petit peuple de décevoir ses invités. Il lança un regard au blizzard qui, en quelques minutes, avait décuplé d'intensité. Là où les plaines d'Aràn avaient offert un magnifique panorama, il était désormais impossible d'y voir à plus de deux mètres. Le Banni renifla, mécontent du retard qu'il allait prendre.

« Concernant le fait de ne pas être commune, je prends cela comme un compliment. Dites m'en plus sur vos Monts Glacés ? Vous venez d'une forteresse en lien avec BaldorHeim et/ou les Kazhariens ? Ou bien vous êtes du genre à être "à part", vous aussi ? »

Reportant son attention sur la Jarl de Kastalinn, Thauthaudarmafur s'étonna de la voir se réchauffer. D'après les manuscrits qu'il avait étudié avec Zartys, les elfes de glace ne craignaient en rien le froid. Une tournure de phrase de la jeune femme résonna dans son crâne, le faisant tiquer. "Vous aussi"? Il plissa les yeux, abaissant inconsciemment la garde psychique qu'il conservait perpétuellement. Bien qu'il les considérait avec des pincettes, les rumeurs sur la vie de Selsya présentaient une vie d'exclusion continuelle, où nul endroit n'était un foyer pour la jeune elfe. Finalement, il ne put s'empêcher de noter une similitude entre leurs situations, l'une exclue par les siens, l'autre banni en partie de son propre chef. Après quelques secondes de réflexion, le nain prit finalement la parole.

« Les Monts Glacés sont la partie Nord des Baldors, là où le froid du Nord y est le plus agressif. Je viens d'Ogh-Hen-Kìr, une forteresse naine très éloignée de BaldorHeim, et fondée par des explorateurs peu après la chute de Kazhar. Elle fait partie du royaume nain, donc est liée aux Kazhariens et à BaldorHeim, mais le commerce et les relations sont rendus compliqués par la distance. Nous avons, en quelque sorte, notre propre manière de vivre, tout en demeurant fidèle à nos Dieux et à nos principes. Du moins, nous essayons... »

Le nain se tut, laissant son regard dériver jusqu'à l'ourson qui regardait désormais le feu et dont le souffle résonnait en un doux marmonnement.

~ Puisse Grungni veiller sur votre honneur ~

État des slots de RP : La Jarl et le Banni, incrédible confluence [PW Selsya Åsa] | "Nager en liberté" [PW Kidd] | Disponible | Disponible

État des slots d'arène : Disponible | Disponible | Disponible

- Par Valaya, une elfe qui critique les sylvains... Si j'avais su voir ça d'mon vivant ! Gyargh gyarh... Mais j'ai cru comprendre qu'ils n’avaient pas été très tendres avec vous, autrefois. Vous êtes une de ces elfes de glace, mh ?
À chacun ses goûts, en r'vanche... J'voyage beaucoup, et n'ai pas l'loisir d'manger diversifié. J'n'ai que quelques réserves d'chasse, et d'l'eau d'vie naine pour tenir chaud lors d'ces blizzards, navré.

Selsya n'avait pas pu se retenir d'afficher un rictus amusé lorsqu'il évoqua les critiques vis-à-vis des elfes sylvains. Elle laissa le barbu terminer ce qu'il avait à dire, avant de lui répondre. Elle était ravie qu'il lui explique d'où il venait. Elle n'avait que peu échangé avec des nains à vrai dire, bien souvent, ils étaient pleins de dédain envers elle. La dernière fois qu'elle avait croisé ses aventures avec un nain remontait à de nombreuses années, lors de son trajet vers Wystéria. Elle ne maîtrisait pas encore bien ses pouvoirs à cette époque, et malgré elle, elle avait assommé ses alliés dans le combat, dont un nain. Celui-ci lui avait porté une grande rancune suite à cet incident, et la portait même responsable de la mort de son familier, alors qu'elle en était totalement innocente. Bien qu'elle ait essayé de s'expliquer, le nain se noyait dans sa rancune et n'avait rien écouté des explications de la jeune femme.

- Les Monts Glacés sont la partie Nord des Baldors, là où le froid du Nord y est le plus agressif. Je viens d'Ogh-Hen-Kìr, une forteresse naine très éloignée de BaldorHeim, et fondée par des explorateurs peu après la chute de Kazhar. Elle fait partie du royaume nain, donc est liée aux Kazhariens et à BaldorHeim, mais le commerce et les relations sont rendus compliqués par la distance. Nous avons, en quelque sorte, notre propre manière de vivre, tout en demeurant fidèle à nos Dieux et à nos principes. Du moins, nous essayons...

Thauthaudarmafur était très expressif dans sa gestuelle. On pouvait lire sur son visage lorsqu'il entendait ce qu'on lui disait, et qu'il l'analysait. Ses mimiques accentuaient aussi également ses paroles, et à vrai dire il semblait être quelqu'un d'authentique. Selsya s'étonnait, alors qu'elle l'écoutait, du naturel avec lequel il s'exprimait. Elle attendit quelques secondes, avant d'être certaine qu'il ait bien terminé, puis pris la parole à son tour, d'une voix tranquille.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai avec moi quelques vivres également. Un mélange de graines et de fruits séchées. Je vous en propose avec joie si vous le souhaitez, mais j'ai entendu dire que les nains n'étaient pas très portés sur les végétaux, sauf lorsqu'ils ont servi à produire de l'alcool. Ce que je comprends tout à fait, développant avec le temps un attrait pour celui-ci, à force de vivre au contact des Nordiens.

Selsya lâcha un petit rire discret, chose rare. La réaction du nain à l'évocation d'une elfe qui boive de l'alcool l'avait amusée.

- Je suis en effet une elfe des glaces. Nous sommes très peu et nous finissons toujours exilés des terres elfiques. On parle de ce peuple en termes grandiloquents, mais il peut se montrer tout aussi cruels que la plupart des autres peuples.

Elle adressa un très léger sourire à son interlocuteur, laissant ses doigts courir au-dessus du feu, comme si elle cherchait à le dompter, ce que finalement, elle faisait. Les flammes semblaient suivre le mouvement de ses doigts, ondulant et créant des arabesques lentes.

- Je situe à peu près maintenant, merci. Je ne suis pas très au fait de l'histoire de votre peuple, mais je possède quelques bribes. Mon statut politique requiert que je sois au moins un peu informée. J'ai moi-même grandit dans les Baldors comme je vous l'ai évoqué plus tôt, j'ai donc entendu quelques histoires, aussi.

Selsya stoppa son jeu avec le feu, craignant de gêner Thauthaudarmafur. Après tout, il était un nain, et la mage savait qu'ils n'aimaient pas trop la magie. Voire l'exécraient. Elle piocha dans sa petite bourse de cuir qu'elle avait déposé devant eux, quelques graines et des baies séchées, qu'elle porta à ses lèvres, avant de reprendre.

- Puis-je me permettre de vous demander ce que vous partez faire dans le Sud ? Ce changement va totalement vous dépayser d'ici.

A la rencontre d'une nouvelle etnie

La Jarl & le Banni

- Ne vous inquiétez pas, j'ai avec moi quelques vivres également. Un mélange de graines et de fruits séchés. Je vous en propose avec joie si vous le souhaitez, mais j'ai entendu dire que les nains n'étaient pas très portés sur les végétaux, sauf lorsqu'ils ont servi à produire de l'alcool. Ce que je comprends tout à fait, développant avec le temps un attrait pour celui-ci, à force de vivre au contact des Nordiens.

Tandis que la Jarl prenait à son tour la parole, le nain porta sa gourde d'alcool nain à ses lèvres. Le sifflement sauvage du blizzard derrière lui ne parvenait pas à masquer la voix quelque peu mélodique de l'elfe dont Thauthaudarmafur écoutait le discours. Discours qui le fit manquer de régurgiter le liquide brûlant les parois de son œsophage. Le Banni se mit alors à grogner et tousser simultanément, parvenant tant bien que mal à reprendre contrôle de lui-même au bout d'une poignée de secondes. Intrigué, il haussa son sourcil droit broussailleux et consulta du regard son interlocutrice ayant prétendu qu'une elfe pouvait boire autre alcool que leur prétendu vin elfique dont il ne trouvait aucun qualificatif poli. Comme toute réponse, la mage se fendit d'un rire qu'il jugea timide. Détournant le regard en grommelant, il vint tapoter le sommet du crâne de son ourson mâchouillant la viande séchée tout en fixant alternativement Selsya et le feu.

- Ça alors, une elfe qui aime l'alcool fort... Par Valaya, j'ai pas fini d'en voir d'belles avec vous. C'pendant, z'avez b'en raison, très peu pour moi, les graines. En r'vanche, vous pouvez essayer avec la brave bestiole, là, z'auriez p't'être plus de chances...

- Je suis en effet une elfe des glaces. Nous sommes très peu et nous finissons toujours exilés des terres elfiques. On parle de ce peuple en termes grandiloquents, mais il peut se montrer tout aussi cruels que la plupart des autres peuples.

Ce fut au tour du nain de ricaner. Selsya était incroyablement lucide, pour une oreilles pointues, et très franche, deux qualités que le Banni appréciait sincèrement. Les elfes étaient, de son point de vue, un peuple hautain se croyant supérieur à tous, y compris aux leurs présentant des différences. Il grogna en saisissant de ses dents une portion de bœuf. Il songea à cet elfe dont les cendres reposaient dans une forêt à l'ouest des Baldors. Finalement, ce Wuirys avait sans doute mérité son sort. La Jarl, comme lisant les pensées du guerrier runique, se mit à sourire et rapprocha ses mains du feu. Thauthaudarmafur allait lui proposer une couverture pour se réchauffer lorsque les flammes, comme possédées, se mirent à tressaillir. Un rapide regard vers le blizzard renseignèrent le petit être que le vent n'y était pour rien. Ses Sens Arcaniques aux abois, le nain les ignora pourtant, noyant inconsciemment son regard et ses pensées dans le jeu de l'elfe.

- Je situe à peu près maintenant, merci. Je ne suis pas très au fait de l'histoire de votre peuple, mais je possède quelques bribes. Mon statut politique requiert que je sois au moins un peu informée. J'ai moi-même grandit dans les Baldors comme je vous l'ai évoqué plus tôt, j'ai donc entendu quelques histoires, aussi.

Puis-je me permettre de vous demander ce que vous partez faire dans le Sud ? Ce changement va totalement vous dépayser d'ici.

Le Banni cligna quelques secondes des yeux, comme s'éveillant soudainement en fixant d'un air ahuri la mage. Distrait par la danse des langues enflammées, il n'avait écouté que d'une oreille lointaine la première partie de la sentence de Selsya, mais sa soudaine question raviva ses défenses spirituelles. Grognant afin de retrouver contenance, il porta son regard sur le feu nourri, presque déçu que le spectacle soit terminé. Après une nouvelle gorgée prélevée de sa gourde, Thauthaudarmafur entreprit de répondre en se caressant la barbe, le cor du blizzard poursuivant sa mélopée.

- Comme j'l'ai dit plus tôt, j'veux d'abord r'voir l'Grand Froid. On m'a dit qu'y'avait une belle vue, pas loin, mais mes informations viennent d'un client du "Célère Arànien", une taverne à l'est d'ici, et il était un peu éméché. Si vous savez où c'est, j'vous en s'rai r'connaissant, surtout qu'avec ce blizzard, j'risque d'prendre du r'tard...

Le nain avait volontairement réitéré ses propos et détourné la question afin de se laisser un temps de réflexion. Cette Jarl semblait réellement intriguée par un tel vagabond, tout comme lui entretenait un réel intérêt à en apprendre davantage sur elle. Il renifla bruyamment et soupira dans un nuage de vapeur. Sans doute avait-il tort, mais il désirait suivre son intuition qui lui susurrait d'avoir confiance en cette mage. En gloussant, il se rappela que si lui nuire avait été son objectif, elle l'aurait anéanti en moins de temps qu'il en fallait pour fumer une pipe.

- J'vais au Sud car la Vérité n's'trouve pas au Nord. Pour tout vous dire, je n'suis plus l'bienv'nu aux Monts Glacés, alors j'vais m'chercher des alliés aut'part. V'là pourquoi j'vais au Sud. L'froid d'chez moi m'repoussant, j'm'en vais m'engouffrer dans l'chaud impétueux des étrangers, j'y s'rai mieux accueilli, pour sûr.

Le Banni renifla à nouveau et se tut, son regard sombre se posant à nouveau sur le feu alors qu'il songeait aux propos de l'elfe. Le dépaysement mentionné par cette dernière était bien le cadet de ses soucis, et cette soudaine prise de conscience lui donna un léger vertige. Ressentant son doute inhabituel, l'ourson poussa un léger gémissement, extirpant le nain de ses pensées. Il se mit à rire et porta à nouveau le goulot à ses lèvres avant de planter ses yeux dans ceux de la Jarl, dont les couleurs lui arrachèrent un nouveau frisson.

- Et donc, vous, raisons politiques ? Si z'avez b'soin d'parler, j'suis une bonne oreille, et vous trouv'rez pas plus neutre en ces contrées, gyargh garh ! Oh et servez-vous ! C'te journée s'ra marquée d'une dalle blanche comme celle où j'ai rencontré une elfe qui picole et qui critique les sylvains, gyarh gargh !

Thauthaudarmafur déposa sa gourde à portée de la nordique, s'esclaffant devant son humour bien propre à sa race. Laissant le soin à la femme d'apparence jeune de décider du sort de l'alcool nain, le guerrier runique entreprit de libérer son dos de sa hache aux doubles lames empaquetées dans un tissu, la déposant plus loin. Ses autres armes -sa hache et son marteau-piolet- rejoignirent également les côtés du Banni, conscient que leur halte risquait de se prolonger. Dans un sourire qu'il aurait pu vouloir moins complice, il ajouta un dernier détail à son invitation.

- Et pis, chez les nains, quand on partage d'l'alcool, on s'tutoie.

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