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Le Monde de Dùralas


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Axe
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MessageSujet: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptySam 20 Jan 2018 - 2:28
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...
Une lumière tardive baignait le grand bureau luxueux qu'avait investi Axe, qui, affalée sur un siège de velours rembourré, terminait de décacheter la série de lettres qu’on lui avait fait parvenir un peu plus tôt. C'était un paquet de missives plus ou moins finement rédigées, confirmant ou infirmant la présence de ses futures âmes damnées au grand événement qui allait embraser le nord des plaines d’Aràn à la fin du mois. Pour l’instant, quinze réponses positives sur une petite vingtaine reçues, ce qui correspondait environ aux deux tiers des personnes concernée - c’était prometteur. Le contrat qu’elle avait lancé à la congrégation promettait bien de rameuter la même quantité de mercenaires : au moins une soixantaine de monstres et de guerriers seraient prêts à temps.
Que demander de plus ?  
Saisissant la dix-neuvième et dernière lettre de la pile, une enveloppe rouge cachetée de noir, Axe balança ses deux pieds sur le bureau de chêne qui lui faisait face et haussa un sourcil, intriguée. De tous ceux qu’elle avait en mémoire et surtout des quelques rares noblions à qui elle avait fait part de son projet, aucun ne communiquait à l’aide du sceau qui avait aidé à fermer l’enveloppe - une rose stylisée incrustée dans la cire sombre. La mercenaire fit rapidement pivoter l’enveloppe entre ses doigts mais ne trouva aucun nom hormis le sien au dos de la lettre. Le lotus de la Congrégation ne ressemblant en rien à la fleur qui figurait sur le cachet, ce ne pouvait être le résultat de son recrutement à Lédéhi, dont elle n’avait d’ailleurs demandé le retrait qu’à la fin de la semaine.
Seul un cercle de personnes restreint savait où la joindre ; l’apparition d’un cachet inconnu n’était pas bon signe, cela signifiait qu’il s’était élargi – et pas forcément de la manière dont elle l’avait prévu.
Deux coups brefs retentirent à sa porte, que la mercenaire ignora tout comme la nouvelle lettre qui glissa sous l'épais battant de bois verrouillé. Son attention allait pour l'instant entièrement à l'enveloppe rouge, dont elle brisa le cachet après une courte hésitation et tira la lettre qu'elle contenait à la lumière du jour. C'était un billet rédigé sur un beau papier, calligraphié avec soin et...Oh.
Une invitation.

Alors que l'enveloppe inutile se consumait dans un éclat de flammes rouges et dorées, emportant avec elle son cachet de cire et toute trace de son existence, Axe se plongea dans la lecture du message en se servant une coupe du vin qu'on lui avait apporté en même temps que les lettres précédentes. Rédigée en partie par Styx et clôturée par son majordome dans un style plus formel, l'invitation la conviait à Château Rouge, domaine et lieu de résidence de l'arlequin. Il était question d'une fête en petit comité organisée en l'honneur de multiples titres et hauts faits qu'elle passa, surprise de constater que l'Ombre tentait de la mêler à ses mondanités.
...L'effort était apprécié.
Axe replia la lettre soigneusement, la glissa à l'intérieur de sa veste cintrée et vida sa coupe d'une traite, enthousiaste. À vrai dire, l'idée de remettre les pieds à Spelunca après une année entière d'errances lui plaisait bien.


***


Ce fut montée sur un destrier sombre et nerveux qu’Axe pénétra Château Rouge pour la première fois, une longue rapière rangée dans un fourreau d’apparat à la hanche. Sous sa cape noire et officielle, un ensemble impersonnel dont l’élégance déguisait sa volonté de pouvoir se mouvoir facilement en cas de rixe sur la route avait remplacé sa chemise et ses chausses habituelles, jaunies par le port des pièces de cuir qu’elle utilisait pour se protéger. Ainsi vêtue et montée, elle s’assurait que le sang des brigands qu’elle avait croisés puis poursuivis pour se distraire sur la route n’attirait l’oeil d’aucun badaud ou garde un peu trop regardant, toute tache gênante se faisant invisible sur le noir profond de la robe de son cheval et de la plupart de sa tenue. Quant à son arme, elle avait été laissée en l’état par jeu ; que chaque regard admiratif qui sera posé sur son fourreau le soit aussi sur une lame criminelle, avait-elle pensé – et ainsi il en fut, car sous le petit miracle d’artisanat nordique qui la dissimulait, la rapière portait encore les traces du massacre d’une dizaine d’hommes.
Enfin, la route était finie à présent, il était temps de profiter un peu de l’hospitalité de plus en plus réputée du Styx - ou ”Sire Lachlan Grey” comme il aimait se faire appeler depuis sa sortie des cachots du Roi et son retournement de veste intempestif.
D'orgies endiablées il était vraisemblablement passé à banquets pour la plupart diplomatiques, et de nombreuses visites de courtoisies de la part du gratin dùralassien avaient désormais lieux au sein de son château. Un gâchis monstre certes, mais aussi un coup de maître de la part du clown, qui sans ça était condamné selon la plupart des rumeurs. La vérité était qu'on ne savait encore rien des réelles intentions de Styx malgré la finesse dont il avait fait preuve au moment de charmer son nouvel entourage, débarrassant tour à tour Spelunca des familles vampires les plus en désaccord avec la couronne et des Frères Loups ; Axe ne s'expliquait qu'à moitié la grande popularité dont il avait fini par écoper, mais devait lui reconnaître qu'il avait un certain talent dans l'art de déchaîner les passions de ceux dont il voulait faire ses amis.
Ainsi, alors que les truands de dùralas demeuraient sceptiques face au revirement de l'arlequin, les hautes sphères stellaroises et autres s'extasiaient sur le charmant jeune homme qui était né des cendres du personnage morbide qu'il avait incarné à la tête de la Congréagation. Au contraire de la mercenaire, peu d'entre eux avaient eu l'occasion de voir sa folie de près - vision terrible et magnifique s’il en est, mais qui ne laissait aucun doute sur la profondeur de son trouble. La Garde en revanche et les milices en général en avait eu de multiples aperçus, plus atroces les uns que les autres ; assurément un fou dangereux, sa place était au fond au d'une fausse commune ou d'un cachot, négociations habiles ou non. Et pourtant, non content de se gambader en pleine liberté, l’énergumène avait été anobli par le même roi qu’il n’avait cessé de défier depuis son accession au poste d’Ombre.

Deux fois.

Quelles promesses avaient-elles bien pu expier ses crimes aux yeux de la justice royale ? Là était la seule inquiétude des mercenaires de la Congrégation, et par extension des familles qui leur était ouvertement affiliées. Après le massacre des Bellami, des Azlov et des Dumas en autres, elles étaient en droit de se questionner au sujet de leur Ombre ; et si personne n'osait encore déclarer Styx perdu, les murmures allaient bon train. Ces trois maisons étaient peut-être seulement autant de sacrifices sur l'autel de la conquête de la confiance du Roi. Peut-être n'étaient-elles que le début d'une longue liste. Peut-être le jeu de l'arlequin serait-il plus ambigu. Peut-être allait-il vendre tous ses anciens alliés sans ciller. Comment savoir ? Le masque de noble Vicomte qu'avait adopté le triste Sire était plus déroutant encore que son ancienne posture de bouffon hystérique et meurtrier.
Axe de son côté demeurait sereine. Le contrat qu'elle avait effectué en la compagnie de Styx la rassurait provisoirement sur ses inclinaisons politiques, et elle avait décidé pour le temps de son invitation de lui faire confiance en sa qualité d'allié et plusieurs fois supérieur hiérarchique. Quand elles ne pariaient pas sur le parti qu'il trahirait le premier, les rumeurs disaient d'ailleurs qu'on buvait et qu'on mangeait bien  chez le nouveau Vicomte de Spelunca ; la mercenaire avait appris à se fier à ce genre de ragots, ils étaient rarement biaisés par l'alignement politique de leurs vecteurs. Un séjour tranquille dans le palais d'un hôte réputé et courtois, c'était ce dont elle avait besoin avant de se lancer définitivement dans sa grande entreprise.

Une silhouette en livrée rouge et or se profila soudain au centre de la place dans laquelle elle s’engageait, qu’elle identifia vite comme étant celle du majordome de Styx, Faustus Fortuna. Son attitude ne trompait pas ; il l'attendait. Après avoir poussé son destrier dans sa direction et s’être arrêtée face à lui, Axe prit la parole, consciente d’avoir affaire à son comité d’accueil.
" Faustus.
- Mademoiselle. Bienvenue à château Rouge, demeure du Vicomte Grey et terres du Roi, s’il en est.
- C’est ce que j’ai entendu dire. Où est ton maître ?
Peu loquace, Faustus esquissa une courbette et l’invita à prendre sa suite, effectuant un demi-tour élégant en direction du château qui surplombait la ville. Le démon la guida jusqu’au grand bâtiment à l’architecture impeccable en prenant soin d’éviter toute forme d’escalier ou de rampe trop pentue pour son cheval et s’arrêta au moment d’en passer la porte principale, dissipant les regards méfiants des gardes d’un geste de la main. Ceci fait, il saisit les rênes du destrier de la maîtresse d’armes dans une invitation claire à continuer à pieds.
- Messire Grey vous attend dans les jardins, dit-il en désignant d’une main le complexe végétal qui s’étendait derrière le porche. Il a tenu à s’occuper des festivités lui-même. Auriez-vous préféré quelque chose de plus officiel ?
- Grands dieux, non ! S'amusa Axe. C’est déjà assez d’honneur que d’être invitée par le maître des lieux en personne."
Faustus parut satisfait et s’inclina une nouvelle fois, puis s’éclipsa après avoir confié la monture de la mercenaire à un des gardes. Axe, quant à elle, déboucla sa cape et la jeta en travers de son épaule avant de s’engager sous l’arche finement sculptée, détaillant d’un œil critique l’architecture du lieu. Belle demeure que celle de l’Ombre. Ses tours élancées et sa configuration particulière lui parlaient presque autant que les forteresses massives du grand nord, sans toutefois lui inspirer leur noblesse brute et glaciale caractéristique. Tout en allées pavés, en arbres pleureurs, en ponts discrets et en cours d’eau, les jardins de Château Rouge étaient pour leur part d’un romantisme étonnant. Parfaits sûrement pour les petits jeux innocents des jeunes gens comme pour des ébats plus sulfureux.
Adoptant une trajectoire aléatoire à travers les haies et le passages entremêlés qui constituaient le gros des jardins, Axe se surprit à commencer à apprécier son passage à Château Rouge. Loin du Nord et des tensions qui n'allaient pas tarder à s'y installer, elle était plus tranquille ; ses souvenirs du massif faisaient écho à l'époque intense mais insouciante de son initiation à la lycanthpopie, passées les premières douleurs infernales que provoquait le virus lors de son investissement du métabolisme de son hôte. À milles lieues des ombres inquiétantes qui planaient à l'époque sur la partie supérieure du pays, passionnée et sauvage malgré sa rancoeur.

Oui, ç'allait être un beau séjour.
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MessageSujet: Re: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptyMer 21 Fév 2018 - 15:16
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Château-Rouge vivait une paisible journée en cet avant printemps, de toute beauté dans les hauteurs du massif. Les demeures ; nobles manoirs touts en pierre, resplendissaient sous un soleil froid, tandis que les pelouses grasses se balançaient allégrement sous un vent montagnard.

Styx était bien loin des entrées de la ville lorsque Axe arriva. Affublé dans un canapé confortable, surplombant les hauts-jardins, en un balcon d'or, il contemplait l'horizon en riant.
Derrière lui, une cour festive buvait en des coupes nacrées, appétissantes au regard et confectionnées par les mains les plus expertes de la cité.
Un conseil informel se tenait car l'heure était aux nouvelles ; Saigo aurait périt dans un tournoi organisé par ses propres soins.

Ce fut Jonathan Crane, le chevalier chargé de la garde du Mestre qui délivra l'annonce de décès, une mine totalement neutre quant à son avis sur la question sous le regard encore plus détaché de son maître. Faust hocha la tête, Styx tira une longue bouffée d'herbe, et Nathanael grommela.
De l'avis de Nathanael Azhalred il était difficile de perdre un combattant aussi aguerrit que Saigo, le Stryge démontrait des aptitudes certaines au combat en dépit de sa nature relativement peu tempérée. Un point qui gagna l'approbation de l'arlequin, couché à demi sous les soins de quelques délicieuses vampires qui portaient à sa bouche des mets raffinés. Ce fut Faust qui souleva les premiers avantages à la disparition de l'Exécuteur "en chef" (il insista sur les guillemets gestuellement) ; de facto, aussi bien pour la Congrégation que pour les Amants on perdrait inéluctablement un atout, mais, en ce qui concernait des visions futures, cette triste nouvelle portait en elle des terreaux.
Sous le regard intrigué du Vicomte, désormais bien assis, droit et souriant dans un ensemble noir brodé d'or, le Majordome continua ses réflexions.

Dans l'immédiat tout ceci était fâcheux, pour sûr, mais la disparition d'un chef entraîne toujours des passations de pouvoir. La Tour Noire était probablement en ébullition, ses hautes-sphères cherchant à remplacer, son peuple à trouver nouveau héros... L'espoir et l'ordre vacillaient l'espace d'instants, donc. D'un ton tout à fait contenu, le servant termina par dire qu'il était heure à ce que les Exécuteurs changent ; tant par une nouvelle main que par celle de l'Ombre.


- Je vois. Convoquez l'unité Stryge dans la semaine, mais pas ici, à Lédéhi. Je te communiquerais plus tard les directives à acheminer Faust, excellent conseil, d'ailleurs. Invite également le vainqueur de ce tournois. Mais vas plutôt recevoir Axe car il me tarde de revoir cette petite sotte ; une véritable délice, n'y vois nulle insulte, elle est des plus précieuses à mes yeux.

Pour l'invitée d'honneur on avait installé disposés les jardins avec délicatesse. Par dessus d'artificiels cours d'eau qui séparaient les jardins du Château en roche volcanique trônaient des haies taillées, aux baies mortes en ces saisons -on avait néanmoins prit soin de les retirer une à une-. Sortant par la grande porte, car Styx désirait se retrouver seul avec la mercenaire pour l'instant, retardant d'à peine dix minutes les mondanités diaboliques des Amants, le vampire marcha calmement entre les rosiers.
Toute cette beauté, ce paysage... à vous en couper le souffle. Les cimes de Spelunca méritaient leur réputation idyllique et ses chemins procuraient autant de repos que de trésors. Les monts avaient dormit depuis des temps primitifs, immémoriaux, jusqu'aux excavations des laboratoires de Faust. Il faudrait qu'il prenne des nouvelles de l'avancée des choses, tiens.  

Mais pour l'heure, il sauta sur une table d'un bond félin et s'assit aussitôt en riant. Axe venait.

Le magicien attendit patiemment au milieu des arbres qui recouvraient le festin confectionné par des cuisiniers stellarois. Finalement, il décida de rajuster une mèche folle d'une main habile, tandis qu'il regardait de son œil valide la décoration qui dissimulait sa blessure, pour seule réponse à l'appel de son orbite, il n'eut que la fixation morne du noble blason de la Rose. Son apparence était rigolote comme ça.
Certain de voir une silhouette se présenter, il agita le bras en se ruant sur l'assassine :


- OOOOH AXE ! J'AI DES PETITS FOURS ET DU CHAMPAGNE, ON VA BIEN RIRE ! Installe-toi, profite de l'instant, et raconte moi tout ! Tu as su pour Saigochou !? Trop triste... Oh excusez dame Rzupiec, je vous ai confondue... haha.

Il mima aux gardes plus loin la décapitation et reprit son attente. Bon, il avait déjà sa réplique, au moins.
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Axe
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MessageSujet: Re: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptyVen 23 Mar 2018 - 20:39
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Ce panorama, ce panorama…On en mangerait.

Cape sur l’épaule et les deux mains profondément enfoncées dans les poches de son pantalon sombre, Axe s’était arrêtée sur une petite terrasse pavée pour profiter de la vue. Spelunca ! Elle avait eu un aperçu agréable de sa majesté sauvage en route, mais le spectacle était véritablement captivant depuis les jardins du Styx. Une toile de fond admirable pour un cadre d’une perfection troublante. Cette atmosphère…Axe balaya les lieux d’un œil approbateur. Sa chaleur moite et ensoleillée, les haies entretenues avec délicatesse, le charme secret des petites allées ombragées qui serpentaient à perte de vue…tout ici avait été pensé pour respirer la langueur et le luxe.

Envoûtant.

Alors qu’elle faisait mine de retourner à sa contemplation, un toussotement lui parvint depuis le petit kiosque de pierre qu’elle avait quitté plus tôt pour rejoindre la terrasse. Son regard glissa vers le petit édifice et elle fronça les sourcils en y apercevant un jeune garçon en livrée, l’air terriblement officiel. Pas plus d’une dizaine d’années…On n’avait pas idée d’avoir l’air si sérieux à cet âge. Elle lui fit signe de s’approcher d’un geste distrait.

- Madame, engagea-t-il sur une courbette.
- Bien vu. Qui t’envoie, petit ?
- C’est monsieur Fortuna. Je dois vous reconduire, il semblerait que vous soyez perdue.
- Perdue ? La mercenaire gloussa. Je prends mon temps, voilà tout. Est-ce un crime que de profiter d’un cadre si magistral ?
La voix de l’enfant-majordome retentit à nouveau, atone.
- Je vous assure que vous êtes égarée, fit-il alors que son interlocutrice, mal à l’aise, lui jetait un bref regard par-dessus son épaule. Autrement, pourquoi auriez-vu quitté la route qu’on vous a indiquée ?

Soudain, Axe grogna et se retourna franchement, un sentiment de gêne désagréable irradiant dans toute sa nuque. Ce n’était pas le regard du petit. Alors ? Après un court instant à fouiller les alentours méticuleusement, ses yeux s’arrêtèrent sur un point chatoyant au loin, perché sur une des tours qui surplombait le jardin. L’uniforme rouge et or de Faustus…et son propriétaire accroupi à quelques pouces du vide, qui la salua d’un geste de la main.

- Je vois…Depuis combien de temps Styx attend-il ?
- Très peu. Mais si nous n’y allons pas immédiatement, vous risquez vraiment d’être en retard à votre banquet. L’étrange gamin offrit son bras à Axe, qui le déclina. Saviez-vous que le Vicomte a tout organisé lui-même ?

Elle ignora la remarque, déjà faite par Faustus plus tôt. Il était vrai qu’elle s’était un peu laissée aller à errer où ses pas la portaient au lieu de suivre l’itinéraire prévu. Aucune heure n’avait à son souvenir été fixée avec son hôte, cependant, et les jardins étaient si beaux…Pourquoi cette interruption ?

...Enfin, s’il le fallait.

Sans attendre les indications du petit, la mercenaire s’élança en sens inverse dans la petite allée qui l’avait conduite à la terrasse, suivie par son jeune interlocuteur trottinant. Elle remonta le chemin de pierre, passa quelques croisements et déboucha sur une large allée ombragée au bout de laquelle se faisaient entendre des rires et un peu de musique ; elle allait pour s’y engager quand une petite main lui attrapa la manche, étrangement ferme et forte.

- Voilà autre chose, ricana-t-elle en se dégageant de la poigne du gamin. Il ne semblait pas avoir été informé qu’elle pouvait en soulever dix comme lui. Je ne suis plus en retard ?
- Si, si ! Couina l’enfant. Mais pas à cette fête-là !
- Tiens donc. Et qu’y a-t-il de si terrible là-bas ?
Le petit valet recouvra vite son inquiétante contenance et sa voix redescendit d’une octave.
- Rien, Madame, mais…
- Fort bien ! Faisons un petit détour alors, ça m’a l’air fort joyeux et j’ai envie de champagne frais. Axe ôta sa veste, qui rejoignit sa cape jetée au travers de son épaule. On crève ! Je ne sais pas comment tu fais avec ton costume.
- Non ! Le petit était pâle, tout d’un coup. Droit et digne, mais pâle. Je peux vous avoir du champagne si vous le désirez, mais prenez plutôt à droite, je vous prie.

Un sourire amusé sur les lèvres, Axe acquiesça et obliqua dans la direction indiquée. C’était une charmante allée assez semblable à celle qu’elle quittait, bien plus paisible aussi. Les rires passèrent dans son dos et s’éteignirent petit à petit tandis qu’elle suivait la route pavée, guettant l’arrivée du drôle de petit bonhomme et de son rafraichissement. Il n’y avait rien d’ordinaire chez ce pauvre gamin – en était-il seulement un ? Tout était possible sous le toit de Styx, et les métamorphes étaient monnaie courante à Dùralas. En tout cas, il semblait impressionné par Faustus et ses remontrances, et Fortuna lui-même avait l’air particulièrement concerné par l’idée de préserver la patience de son Vicomte et maître. Les affres de la hiérarchie…

L’intéressé reparut à la sortie du tournant dans lequel Axe venait de s’engager d’un pas vif, pas mécontente de sa promenade. Comme promis, il apportait avec lui une coupe de champagne nacrée et finement ouvragée, petite merveille de délicatesse et de tentation ; la mercenaire la porta à ses lèvres et s’autorisa une généreuse gorgée du spiritueux avant de reprendre sa route, cette fois précédée par son jeune chaperon. Imposant une certaine cadence malgré ses petites jambes peu musclées, ce dernier la guida à travers un ou deux charmants bosquets et s’accorda une pause une fois parvenu en haut d’une courte série d’escaliers. Axe s’avança sur la petite terrasse qui les terminait et s’accouda à sa balustrade de pierre. D’ici, la vue sur les jardins était imprenable…elle reconnaissait d’ailleurs le chemin qu’elle aurait dû emprunter en pénétrant l’enceinte de la forteresse, ainsi qu’une partie de celui dont avait personnellement décidé. Il était vrai que sa boucle était large.

- Bien, je crois qu’on a pris un peu d’avance pour finir, haleta le petit Majordome. Sire Grey est juste ici…Voyez !

Axe suivit son index et aperçut une table à moitié dissimulée entre les grands arbres qui poussaient en contrebas. Quelques plats étaient disposés sur sa nappe rouge bordée d’or, alléchants mais tenus hors de son odorat par une brise fraîche. La mercenaire se pencha et plissa les yeux pour essayer d’en identifier un ou deux…puis se figea, une étincelle amusée dans le regard.

Le vicomte se tenait là, ramassé sur lui-même au milieu des mets épars. Indifférent à la morsure des coutures de ses habits élégants mis au supplice par sa position contraignante, il jouait distraitement avec son cache-œil. Son attention semblait braquée vers la petite allée qui serpentait au-devant.  

- Petit excentrique, murmura l’espionne improvisée.

- OOOOH AXE ! J'AI DES PETITS FOURS ET DU CHAMPAGNE, ON VA BIEN RIRE !

La mercenaire se redressa net, surprise, puis se détendit en constatant que sa remarque n’y était pour rien dans le soudain élan d’enthousiasme qui venait d’exploser depuis la gorge du Vicomte. Celui-ci avait disparu entre les branchages et terminait de livrer son discours –un ton plus bas, malheureusement, ce qui empêcha Axe d’en saisir quoi que ce soit- à la pauvre âme qu’il avait confondue avec son invitée ; sa voix ne tarda pas à mourir et elle le vit sauter à nouveau sur sa table, morose. Elle commençait à comprendre l'intérêt des précautions de Faustus. Allons bon…

- Je pense qu’il est temps d’aller honorer mon rendez-vous, fit-elle à son guide, autrement il explose.
- C’est assez inhabituel, bredouilla le petit. Je vous assure qu’il n’est pas…enfin, plus…
- Mais oui. C’est un charmant prince du crime repenti que des geôles sales et un procès à mort n’ont pas manqué de débarrasser de ses névroses. Hinhin…Hm.

Axe fouilla un instant dans sa bourse et en sortit une belle pièce d’or, qu’elle lança au petit valet décontenancé.

- Tu n’as rien vu, va…Pour toi et pour le monde, Lachlan Grey a su retrouver le droit chemin.

Comprenant qu’il était congédié, l’intéressé s’inclina et fila aussi sec. Axe attendit qu’il ait fini de cavaler dans les escaliers derrière elle, vida sa coupe avec délice et sauta par-dessus la balustrade, encaissant sans grand mal la petite dizaine de mètres que représentait la chute qui suivit ; elle sourit et se redressa en époussetant son pantalon sali par la poussière soulevée au moment de son atterrissage. Le maître des compétences avait fait un travail remarquable sur son métabolisme. Indéniablement.
Écartant quelques buissons pour gagner l’allée la plus proche, elle passa une main dans sa chevelure humide et reprit sa route, suivant le fumet du repas promis en guise de fil d’Ariane et calculant soudain qu’elle risquait d’arriver dans le dos de son hôte. Elle avait vu juste. L’échine courbée du maître des lieux lui apparut ainsi au détour d’une haie, parfaitement immobile au milieu des plats fumants ; Styx n’avait pas bougé depuis sa dernière intervention.

- Ma foi…Votre enthousiasme porte, Styx. Une erreur ?

Axe gratifia d’un sourire narquois le fou que sa manifestation soudaine avait surpris et qui se retournait prestement. Beau visage juvénile, mèche folle, il avait tous les atouts du monde pour asseoir le Monde à ses pieds…et si cette jolie tête d’ingénu était toujours bien en place, c’était qu’il savait s’en servir.

Un bien beau diable d’allié – du moins, elle l’espérait.




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Dernière édition par Axe le Mer 6 Juin 2018 - 14:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptyVen 30 Mar 2018 - 10:14
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Les orphelins jouaient un rôle capital à Château-Rouge. Nombreux étaient ceux qui avaient vu les leurs disparaître aux prises des Gardiens, de la Milice, ou des Khazariens à Ishtar. Les familles vampires avaient été grandement amoindries par les guerres précédentes -bien qu'en leur qualité de vainqueur elles avaient ironiquement prospéré sous la disparition de leurs confrères- et nombre d'enfants avaient été laissés pour orphelins.

C'est de cette nécessité que naquit la politique de "pupilles de Spelunca", instaurée suite à une bataille acharnée ayant opposé les conservateurs de la race au nouveau régent. Aujourd'hui portés disparus, les adversaires communautaires de Styx n'ont plus grand mot à redire sur le fait que loin par delà les murs de basalte du Château on élève dans un secret certain des centaines de marmots placés dans un centre proche des Laboratoires Fortuna. Par soucis de répartition des tâches, Jacques Grey s'assure personnellement de gérer les aléas rencontrés en ce qui concerne les pupilles et est souvent aperçu à donner divers cours aux jeunes orphelins.

Les pupilles servent la ville aussi bien que leur jeune âge ne le permet, et leurs tâches sont aussi variées qu'il n'y a de sommets en Spelunca. Certains assistent Faustus dans l'exercice de ses fonctions, et mènent les invités avec une grâce et une assurance certaine, tandis que d'autres s'occupent derrière les fourneaux du régent, ou dans ses latrines.

Pour l'heure Styx préféra se concentrer sur son invitée, et ignora tout de ce qu'il put percevoir venant du marmot qui accompagnait Axe.  


- Ma foi…Votre enthousiasme porte, Styx. Une erreur ?

La voix s'éleva de derrière lui, l'arlequin constata la présence de la mercenaire avec une joie certaine. Il gagna un sourire sauvage avant de se redressa sans perturber les assiettes en porcelaine et argenteries, puis sauta au sol.
Elle avait donc entendu son petit quiproquo.


- Oh, je me fais vieux voilà tout. Dire que je confonds des membres de ma Cour et ta fameuse silhouette... je n'ai plus qu'à m'occuper de déposséder les Rupjec de leurs biens, gommer leurs noms des livres et prétendre ne jamais les avoirs connus. Hum... oui, on ne peut pas commettre d'erreurs si elles n'ont jamais existé. hihi !

Sur ces mots, le Protecteur de la Rose eut un rire contrôlé, de bon cœur presque. Ensuite, d'un pas tranquille, il continua vers son invitée et lui adressa une courbette polie quoiqu'un peu courte. Utilisant le bras qu'il avait levé contre son torse à l'occasion il pointa les jardins d'un ongle soigné.


Il désigna les allées labyrinthiques clairsemées d'odorants rosiers, et d'entêtants camélias. Il désigna le garçon qui ne retrouverait jamais sa route, et dont personne ne s'inquiéterait pas plus, perdu au milieu d'un tourbillon de pétales. Styx ferma les yeux et put sentir les pollen environnants. Grandiose ! Fabuleux ! Il désignait simplement les jardins, mais espérait qu'Axe verrait. Par delà les arbres taillés et les épines que l'on avait prit soin d'enlever, au travers des fourrées délicieuses qui happaient plus d'un convive de leur senteur exotique, car Château-Rouge avait été créé de toute pièce pour étonner.

On avait longtemps -Saigo le premier, Alrun la deuxième- reproché à l'arlequin de ne pas prendre au sérieux son rôle d'assassin. Aujourd'hui, il y avait dans le simple énoncé de cette phrase une ironie mordante qui ne manquerait pas de faire sourire les esprits les plus vifs. Ceux qui n'avaient pas observé les jardins de la Rose avec attention, ses formes et sa délicatesse, ces pousses leur étaient dédiées.

Mais, alors que l'arlequin rétractait son bras d'un sourire amusé après cette courte courbette, il fit apparaître un chrysanthème du bout de ses doigts et l'offrit à Axe.


- La perte de Saigo doit t'émouvoir, c'était ton Maître après tout. Du moins, il te disais sa pupille. Si jeune, si prometteur, un petit corbeau parti dévoré par les siens, une mort qu'il n'aurait pas souhaité je le crois. Je te présente mes sentiments les plus sincères, Axe. Nous avons encore le temps de lui accorder des funérailles hâtives, ici, dissimulés par la beauté des montagnes. Des derniers mots pour honorer sa mémoire ?
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MessageSujet: Re: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptyLun 16 Avr 2018 - 0:50
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- Oh, je me fais vieux voilà tout.

Ce disant, le Vicomte traversait la table sur laquelle il était perché lorsqu’Axe l’avait surpris d’un pas désinvolte, terminant de rejoindre sa jeune hôte tranquillement après avoir sauté au sol et esquissé un sourire. Pas un plat n’avait été renversé, pas une assiette effleurée.  Axe salua la prouesse d’un hochement de tête.

- Dire que je confonds des membres de ma Cour et ta fameuse silhouette... je n'ai plus qu'à m'occuper de déposséder les Rupjec de leurs biens, gommer leurs noms des livres et prétendre ne jamais les avoirs connus. Hum... oui, on ne peut pas commettre d'erreurs si elles n'ont jamais existé. hihi !

- Je n’ose imaginer les tourments qu’ont dû subir vos détracteurs si c’est là votre manière de traiter un malheureux quiproquo, Sire grey. Axe rendit son sourire à l’arlequin.

Styx était fidèle à lui-même. Instable, calculateur, extravagant. Malgré cela, il s’accordait parfaitement avec le microcosme qu’il avait créé à Château Rouge, sans doute grâce à la touche d’élégance aristocratique qu’il avait ajouté à son style. Il était plus…racé.
Un rire poli, une courbette. Un index se leva.
Intriguée, Axe suivi du regard le doigt tendu de l’arlequin et fronça les sourcils. Il désignait l’entrelacs de buissons qui s’étalait au-devant, fleuri et parfaitement entretenu. Le labyrinthe végétal qu’elle quittait tout juste, trop innocemment empreint de mystère pour être tout à fait immaculé, trop soigné pour permettre une opinion suspicieuse. La mercenaire fronça les sourcils. Quoi que son hôte désignât, ce n’était ni les haies chastes pointées par son index, ni la direction qui les prolongeait, vide de signification à ses yeux. Rien ne bougeait dans cette zone du jardin. Aucune odeur, aucun son n’en montait. La végétation frémissait doucement sous l’effet d’une brise ténue, un petit chemin de pierre se déroulait entre les buissons taillés, un oiseau immobile se tenait perché en haut d’une colonne. La lumière se comportait étrangement. Les yeux d’Axe s’arrondirent, séduits par l’étrange miroitement auquel les rayons du soleil qui se réfléchissaient contre les pavés moussus étaient soumis. C’est alors qu’elle remarqua la silhouette qui titubait au bout du chemin de pierre, le dos courbé et les deux bras serrés contre le torse. Ses jambes maigres étaient couvertes d’égratignures, et les bas rouges qui les protégeaient lorsqu’ils étaient encore en état de le faire étaient en lambeaux, comme abîmés par des épines. La petite chose vacilla sur deux pas. Axe la vit s’écrouler et ramener ses jambes contre son ventre dans un tremblement, terrassée soit par la fatigue, soit par la peur, soit par le désespoir. Un tintement retentit contre les pavés, assourdissant dans le silence de mort qui régnait sur la scène. C’était une pièce qui avait roulé contre les pavés et qui terminait sa course après avoir buté contre une aspérité.

La main de la maîtresse d’armes se referma mécaniquement autour de la table et la vision cessa. Elle n’avait pas duré plus d’une respiration.

La courbe parfaite de l’ongle de Styx s’abaissant, la mercenaire lâcha le plan de bois et glissa un index nerveux entre sa gorge et son col, une lueur exaltée au fond du regard. La chute du gamin n’était qu’une infime fraction des images qui miroitaient dans la toile de pierre et de verdure tendue par son fourvoyeur d’hôte et maître. Peut-être son propre spectre errait-il encore entre les buissons et les terrasses, subjugué par la beauté de spelunca. Comment savoir ? Axe leva les yeux vers Styx, dont la désinvolture battait des records.

Un arcaniste doublé d’un esprit malade et ingénieux, un cadre envoûtant, les mystères des sphères de la noblesse vampire – et à la sortie, un chef-d’œuvre d’ingéniosité et de perversion.

Le chapitre semblait être clos en ce qui concernait le grand ingénieur. Un chrysanthème blanc sorti de la dimension entière d’objets improbables qu’il semblait dissimuler dans ses manches au bout des doigts, il se lançait déjà dans une autre tirade. Axe cueillit la fleur précautionneusement alors que ses premiers mots retentissaient dans l’air doux.

- La perte de Saigo doit t'émouvoir, c'était ton Maître après tout. Du moins, il te disait sa pupille. Si jeune, si prometteur, un petit corbeau parti dévoré par les siens, une mort qu'il n'aurait pas souhaité je le crois. Je te présente mes sentiments les plus sincères, Axe. Nous avons encore le temps de lui accorder des funérailles hâtives, ici, dissimulés par la beauté des montagnes. Des derniers mots pour honorer sa mémoire ?

La lycanthrope se raidit sensiblement et ses doigts se crispèrent autour de la tige du chrysanthème, qui ne sembla pas souffrir de la pression qu’elle lui imposait. La perte de Saigo l’avait affectée. Le contexte qui l’entourait mise hors d’elle. Elle avait peur que son avis sur la question ne fût pas exactement adapté à des funérailles.

- Saigo n’était pas sans défauts, se força-t-elle à engager pour tuer le silence qui s’était installé, mais il s’est attiré ma sympathie pour une raison qui m’échappe - et réciproquement. C’est d’autant plus surprenant que chacun a failli périr des mains de l’autre au moins une fois. J’ai été aussi irrévérente et impertinente qu’on peut l’être, il a été d’une brutalité et d’une cruauté sans nom...Les mystères de l’affect.

C'était bien. Elle poursuivit alors que son regard se perdait au loin.

- Il y a un mauvais goût d’inachevé dans son parcours, vous ne trouvez pas ? Le connaissant, je m’étais préparée à ce qu’il périsse de la main d’un ennemi trop gros pour lui. Une fois, je l’ai trouvé en train de se jeter seul sur un démon enflammé cinq fois plus grand que lui, sous le motif qu’il était le premier arrivé et qu’il pensait pouvoir régler le problème seul. Il ignorait s’il recevrait de l’aide. À vrai dire, je pense qu’il y serait véritablement arrivé en s’y prenant bien ; c’était la crème de ce que la Tour Noire pouvait produire en termes de talents martiaux innés et de technique, peu de bestioles mortelles auraient pu lui résister.  

Insensiblement, son expression s'assombrit, et son ton se fit plus grave.

- J’avais aussi envisagé un accident, une capture d’une faction ennemie - saviez-vous que j’ai une fois été tentée de l’abattre et de vendre sa tête aux Gardiens ? Nous étions dans le noir, il me tournait le dos, son attention était entièrement focalisée sur un autre élément. C’eut été facile…Mais un vague sentiment m’en a dissuadée. – ou encore une blessure infectée, que sais-je ? Tout cela relevait cependant de la simple probabilité en plus de lui offrir parfois une fin digne de son imprudence. Un point final cohérent avec une existence de danger permanent. Mais comme je l’ai dit, c’était un tissu de suppositions et de fantasmes. Rien de bien concret.  

Non, pour tout vous dire, Styx, j’ai toujours pensé que vous seriez le seul dont il aurait jamais à s’inquiéter vraiment. Vous êtes une figure dangereuse, et pactiser avec vous est à peu près aussi prudent que de jouer avec un serpent. Il vous avait en permanence dans son dos. C’était la fin parfaite, l’inévitable.


Une grimace sombre se peignit sur son visage.

- Et le voilà assassiné par ses semblables pour une histoire de succession… « Une victime de plus de la politique grossière de la Tour Noire », dira-t-on. Un rictus déforma la bouche de la mercenaire un bref instant. Si ce n’était que ça !

Axe tendit une main gantée vers l’horizon, dirigeant son geste vers l’Est et la bande bleutée des Baldors qui se déroulait au loin. Mauvais, son regard était empreint de tout ce que la nature lui avait prodigué de noirceur et de méchanceté, et ne laissait aucun doute sur le caractère des sentiments qu’elle nourrissait à l’égard du peuple de son mentor.

- Ces chiens jouent avec le feu. En tuant Saigo, ils ont provoqué la Congrégation - et plus encore, s’ils étaient au courant de ses activités annexes. Ils m’ont provoquée moi. Je ne comptais pas aborder le sujet immédiatement, mais puisque nous en sommes là…

Elle baissa la main et chercha le regard de Styx.

- Cela fait deux générations d’Ombres que la Tour Noire nous est affiliée par le biais de Saigo, l’ordre des exécuteurs en particulier. En conservant son statut de bras droit à vos côtés alors même qu’il devenait une des grandes têtes de la politique stryge, il a consolidé cette alliance, et ce malgré les réticences de la Matriarche. Cette dernière a été particulièrement nonchalante à l’égard de ce lien et n’a rien fait ni pour y mettre fin, ni pour l’encourager, erreur pardonnable lorsque Saigo était toujours parmi nous. De toute évidence, il était incontrôlable. Qu’il eût péri d’ailleurs dans un feu de forêt ou en s’étouffant, la situation aurait été la même, et toute forme d’alliance aurait été rompue naturellement – puis restaurée si le besoin s’en était fait sentir, mais je m’avance. La première faute réside en ce qu’il a été tué sous son toit par des abrutis inconséquents, qui l’ont délibérément éliminé alors même que la Tour entière était au courant de votre lien. La seconde, en ce que la Matriarche n’a rien empêché. Pas plus qu’elle ne s’est excusée. Dans n’importe quelle autre situation, cette indifférence vis-à-vis de la Congrégation aurait été aurait été justifiée, mais les circonstances font qu’elle relève à présent de l’incompétence et de l’irrespect.

Axe marqua une pause. Le regard orageux, elle s’appuya d’une épaule sur le large tronc qui se dressait à sa droite et passa une main sur son menton, laissant à son hôte la délicatesse de passer outre sa véhémence.

- Comprenez qu’en dehors de mon implication personnelle, cette affaire me concerne en tant que membre de la Congrégation dont on s’est permis de supprimer un commandant. J’ose espérer qu’elle vous touche de la même façon sans regard de votre relation avec Saigo. Bonne ou mauvaise.

Fébrile, Axe baissa les yeux. Un parfum capiteux montait des pétales du chrysanthème. Elle le fit tournailler brièvement entre ses doigts, glissa ce qui lui restait de tige dans une des coupes d’alcool effilées disposées sur la table et observa la fleur s’épanouir au contact du liquide frais, déployant ses pétales avec une majesté et une rapidité surnaturelles. Elle expira lentement.

- Mais voilà que je parle politique à un banquet de courtoisie. Pardonnez, Styx. Je suis incorrigible.

Elle saisit une coupe de champagne voisine et la leva à hauteur de front.

- À Saigo, à ses exploits écourtés et aux perspectives qu’il laisse derrière lui. Puissent quelques âmes le regretter en Dùralas.




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MessageSujet: Re: Terminal [PW Styx]   Terminal [PW Styx] EmptyMar 17 Avr 2018 - 1:36
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- Je n’ose imaginer les tourments qu’ont dû subir vos détracteurs si c’est là votre manière de traiter un malheureux quiproquo, Sire grey.


Oh non, elle n'imaginait vraiment pas ce qui attendait ceux qui avaient osé lever la main sur lui lorsque sans défenses il s'était livré aux autorités de Stellarae. En réalité, il se demandait si les Dùralassiens s'étaient arrêtés, ne serait-ce qu'une fraction de secondes, pour oser cogiter à ces prétendus "Gardiens" et aux cachots de la belle Capitale humaine. Quid des règles lorsqu'elles s'appliquent à la royauté ? Que nenni Sa Majesté !
Oh que Axe ne faisait aucune idée de comment il traiterait chaque esclave de la Couronne, qui avait vu le vampire amené au travers des rues, presque nu -dans leur bonté ils lui avaient prêté un pagne !- enchaîné et trainé parmi des foules vengeresses. Son corps, charcuté de runes anti-magie, calciné et déchiré par les fers de ses bourreaux, abusé comme un vulgaire chien pour le plus grand régal des yeux de la noblesse humaine.
On lui avait craché dessus, on lui avait hurlé toutes les insultes imaginables -ô pour cela les paysans étaient cultivés- et même atteint à sa masculinité diverses fois dans le silence des prisons quand on ne le passait pas à tabac, ou maintenait son corps dans un puits empli de rats. Pourquoi s'arrêter ?! Ils détenaient un Vampire ! Un Immortel ! Mieux encore ; ils tenaient l'arme la plus redoutable entre leurs mains, la légitimité, et de celle-ci on pouvait user à foison !

Il avait tenu bon, souriant toujours de plus belle, ne cherchant nullement à s'échapper même lorsque ses confrères de geôle lui exposèrent un plan audacieux. Il se devait de plier sans rompre, lever la tête, et maintenir les épaules droites, car tels avaient été ses enseignements. Styx n'était pas hypocrite, et savait ses actions à la hauteur de son châtiment, mais il y avait des limites à ne pas franchir. Alors chaque nuit il répétait une liste de noms. Il échappait aux sévices par l'imagination de ce qu'il ferait une fois dehors.
Imaginer, encore et toujours. Graver les scénarios de sa vengeance dans son cerveau à chaque minute où les couteaux chauffés à vif exposaient ses entrailles, à chaque nouvelle torture "d'expiation", cela le maintenait éveillé et évitait de sombrer totalement dans la folie. Une fois, on lui urina même dessus, tandis que les Gardiens entreprenaient de montrer à la population la fragilité d'un arcaniste privé de toute magie. Encore aujourd'hui il avait ce goût âpre qui lui revenait en bouche, épisodiquement.

Les temps de la compassion avaient prit fin au moment où il s'était aperçu de la malfaisance des Hommes d'ici. Au moment où l'arlequin comprit que la Guerre d'Ishtar n'avait pas opposé des forces du Mal à celles du Bien : il n'y avait que des démons avides de gloire ici-bas, et à ce jeu là, il savait jouer mieux que personne. Mais il faudrait aller plus loin encore...
La pitié n'existait pas en Dùralas, pas plus que les morales, et la Rose scanderait son courroux en temps voulu, lorsque tout serait parfaitement imbriqué pour le permettre et seulement à ce moment là. Le plus dur était derrière lui, même si quelques séquelles comme sa privation magique subsistaient ; des railleries du destin pour lui rappeler son imprudence.
Néanmoins, lorsque comme maintenant, son psyché s'emballait de ces souvenirs colériques et qu'il sentait son corps prêt à invoquer les Enfers pour exprimer la honte qui l'habitait, la liste revenait l'apaiser.


Dougal Keane. Selsya Asa. Alphonse Galhaad. Moradund Marteau-de-Fer. Dilon Deraborne. Mohana Dharitri. Père Tungstène.

Prenant soin de dissimuler ses pensées à sa jeune recrue, l'arlequin vit néanmoins des gerbes de flammes embraser les cieux tandis qu'il reniflait le goût des ténèbres qui infesteraient Dùralas.
L'espace d'un instant, d'immenses Wyvernes vinrent survoler Château-Rouge en un cauchemar sordide ; tout prenait feu, tandis que l'arlequin se tenait apeuré, pantois, face à la destruction de ce qu'il avait créé avec autant de soin. Les fleurs, les allées, les plans d'eau, tout était ravagé, mis à feu et à sang par ces mêmes personnes qui n'auraient de cesse de le traquer quoi qu'il fasse, au nom de leurs valeurs, mais surtout du besoin qu'ils avaient eu de se trouver un ennemi.
Plus jamais. Il préférait régner sur des cendres que brûler de nouveau en voyant son honneur bafoué. Chacun de ces défenseurs d'une Justice fallacieuse rencontrerait le sort qu'il méritait. Lachlan Grey en faisait la promesse ; son traitement passerait pour une bénédiction auprès de ce qui attendait les concernés.

Il inspira et expira, chassant élégamment les fantômes de son emprisonnement, pour s'en remettre à la jeune Axe. Intérieurement, le nouveau Styx se détestait d'avoir été brisé à ce point, pas qu'il en fut plus ou moins affecté qu'auparavant, mais il avait été vaincu. Et ce mot résonnait chaque seconde en sa tête. Vaincu. Vaincu. Vaincu. DIRE QU'IL AVAIT SEULEMENT VOULU BOIRE UN VERRE !

Il dut se soumettre à l'exercice du meurtre du pauvre orphelin pour expier tout ceci.
Dans ces moments de panique il avait pour habitude de s'enfermer dans ses appartements, comme un fauve qui s'enchaînerait de son propre chef, mais c'était impossible désormais, et il fallait extérioriser sur quelqu'un d'autre que son invitée.
Le chrysanthème qu'il avait ainsi tendu était en parti destiné à cet être innocent qu'il venait de sacrifier. La haine entrainait la haine, mais dans le feu et le sang tout sera pardonné au Valet. Qu'importe ce que Dùralas pensait de lui ; ils avaient créé leur propre monstre, plus violent que jamais, et la désolation de Styx serait à la hauteur de leurs attentes !


- Saigo n’était pas sans défauts, mais il s’est attiré ma sympathie pour une raison qui m’échappe - et réciproquement. C’est d’autant plus surprenant que chacun a failli périr des mains de l’autre au moins une fois. J’ai été aussi irrévérente et impertinente qu’on peut l’être, il a été d’une brutalité et d’une cruauté sans nom...Les mystères de l’affect.

Il y a un mauvais goût d’inachevé dans son parcours, vous ne trouvez pas ? Le connaissant, je m’étais préparée à ce qu’il périsse de la main d’un ennemi trop gros pour lui. Une fois, je l’ai trouvé en train de se jeter seul sur un démon enflammé cinq fois plus grand que lui, sous le motif qu’il était le premier arrivé et qu’il pensait pouvoir régler le problème seul. Il ignorait s’il recevrait de l’aide. À vrai dire, je pense qu’il y serait véritablement arrivé en s’y prenant bien ; c’était la crème de ce que la Tour Noire pouvait produire en termes de talents martiaux innés et de technique, peu de bestioles mortelles auraient pu lui résister.


Comme Axe parlait bien, l'esprit du régent se mit peu à peu en accalmie, s'accrochant aux beautés du phrasé comme à une bouée de sauvetage. Il ressentait, à vif, les troubles qui agitaient la petite en une pureté qui s'énonçait aussi clairement qu'elle n'avait été pensée. Il acquiesça ses propos, d'une mine solennelle, bien que légèrement rougie par son épisode psychotique. L'arlequin décida de s'assoir sur la table, plus pour récupérer qu'en réelle gestuelle, car ses jambes avaient faiblit face aux réminiscences, et laissa Axe continuer son expression. Il n'y avait rien à redire de toute manière, elle s'exprimait avec une délicatesse à la hauteur de son maniement des armes.

- J’avais aussi envisagé un accident, une capture d’une faction ennemie - saviez-vous que j’ai une fois été tentée de l’abattre et de vendre sa tête aux Gardiens ? Nous étions dans le noir, il me tournait le dos, son attention était entièrement focalisée sur un autre élément. C’eut été facile…Mais un vague sentiment m’en a dissuadée. – ou encore une blessure infectée, que sais-je ? Tout cela relevait cependant de la simple probabilité en plus de lui offrir parfois une fin digne de son imprudence. Un point final cohérent avec une existence de danger permanent. Mais comme je l’ai dit, c’était un tissu de suppositions et de fantasmes. Rien de bien concret.  

Non, pour tout vous dire, Styx, j’ai toujours pensé que vous seriez le seul dont il aurait jamais à s’inquiéter vraiment. Vous êtes une figure dangereuse, et pactiser avec vous est à peu près aussi prudent que de jouer avec un serpent. Il vous avait en permanence dans son dos. C’était la fin parfaite, l’inévitable. Et le voilà assassiné par ses semblables pour une histoire de succession… « Une victime de plus de la politique grossière de la Tour Noire », dira-t-on. Si ce n’était que ça !


Elle même semblait percevoir le vampire comme un personnage trompeur, qui irait jusqu'à tuer son Second. Il n'y avait décidément plus d'honneur à sauver... c'était peut-être pas plus mal...
Axe pouvait avoir raison à son égard, tout compte fait, il aimait à fomenter des complots, mais ne les appliquait que lorsqu'il se sentait menacé. Les Fers-de-lance, des serpents apprivoisés dans les jardins -en cages, que l'on se rassure- pas très loin d'ici d'ailleurs, étaient des reptiles féroces au venin le plus puissant du royaume animal ; un pas en leur territoire suffisait à attiser leur haine, et avec leur morsure paranoïaque survenaient des œdèmes et une nécrose quasi instantanée.
Une information triviale et sans rapport réel, mais qui vint se dessiner en l'esprit du Vicomte avec une limpide clarté. Une théorie de certains médecins, en relation aux patients dits "névrosés" était qu'ils finissaient par devenir ce que l'on dépeignait d'eux. Animalisez un homme, encore et encore et il finira par se penser lycanthrope, disait le proverbe Ghermanique.

En ce qui concernait Saigo, il attendrait qu'elle eut fini. C'étaient là ses hommages, et il convenait de laisser parler les endeuillés sans entacher les cérémonies -pauvres cérémonies pour son bras-droit- de ses états d'âmes. Chacun son tour, en toute courtoisie. Mais il retenait ses mots comme une araignée attrape les mouches en sa toile, il y avait beaucoup de sens à retenir de tout ceci. Beaucoup de haine, aussi... et la haine était un combustible bien plus efficace que le feu grégeois.

Comme pour appuyer les soupçons de l'ombre quant à ses pensées, la jeune femme pointa, au loin, la direction de la Tour avec une main et un regard où régnaient des tempêtes qui grondaient. Affamées de vengeance, la seule Justice qui tienne en question d'éthiques et morales. Alors le vampire se laissa totalement porter par les dires de la recrue qui gagnait à ses yeux une toute autre stature, elle était une femme (ou du moins pensait comme telle) et ne devrait jamais être sous-estimée. Les mystères de l'affect, avait-elle dit ? Eh bien l'affect engendre les passions, et les passions engendrent les tempêtes qui habitaient son discours.


- Ces chiens jouent avec le feu. En tuant Saigo, ils ont provoqué la Congrégation - et plus encore, s’ils étaient au courant de ses activités annexes. Ils m’ont provoquée moi. Je ne comptais pas aborder le sujet immédiatement, mais puisque nous en sommes là…

Il croisa son regard, et en eut des frissons. Ô danger ! Ô fougue ! Comme la jeunesse sait être séduisante de puissance ! Cette toute-puissance contenue dans des émois si bruts aurait pu déclencher l'effroi de l'arlequin comme s'il était de nouveau un gringalet inexpérimenté ! Il lui répondit d'un regard tout à fait sérieux, présentant là son écoute la plus totale.

- Cela fait deux générations d’Ombres que la Tour Noire nous est affiliée par le biais de Saigo, l’ordre des exécuteurs en particulier. En conservant son statut de bras droit à vos côtés alors même qu’il devenait une des grandes têtes de la politique stryge, il a consolidé cette alliance, et ce malgré les réticences de la Matriarche. Cette dernière a été particulièrement nonchalante à l’égard de ce lien et n’a rien fait ni pour y mettre fin, ni pour l’encourager, erreur pardonnable lorsque Saigo était toujours parmi nous. De toute évidence, il était incontrôlable. Qu’il eût péri d’ailleurs dans un feu de forêt ou en s’étouffant, la situation aurait été la même, et toute forme d’alliance aurait été rompue naturellement – puis restaurée si le besoin s’en était fait sentir, mais je m’avance. La première faute réside en ce qu’il a été tué sous son toit par des abrutis inconséquents, qui l’ont délibérément éliminé alors même que la Tour entière était au courant de votre lien. La seconde, en ce que la Matriarche n’a rien empêché. Pas plus qu’elle ne s’est excusée. Dans n’importe quelle autre situation, cette indifférence vis-à-vis de la Congrégation aurait été aurait été justifiée, mais les circonstances font qu’elle relève à présent de l’incompétence et de l’irrespect.

Ses derniers mots sonnèrent les glas de la Matriarche.

- Comprenez qu’en dehors de mon implication personnelle, cette affaire me concerne en tant que membre de la Congrégation dont on s’est permis de supprimer un commandant. J’ose espérer qu’elle vous touche de la même façon sans regard de votre relation avec Saigo. Bonne ou mauvaise.

Puis, et car elle ne pouvait échapper aux effets d'un discours aussi passionné, Axe sembla légèrement siphonnée. Elle posa la fleur de commémoration en une coupe et celle-ci fleurit en une magnificence certaine, provoquant la stupeur de l'arlequin. Il n'avait pas enchanté le chrysanthème, pas plus qu'il n'avait usé de sa magie à ce moment-là ; c'était Axe et Axe seule qui avait provoqué la réaction... mais... comment ?!
Il considérait cette guerrière avec un sentiment admiratif, à présent.


- Mais voilà que je parle politique à un banquet de courtoisie. Pardonnez, Styx. Je suis incorrigible.

Ses excuses n'étaient en aucun nécessaires, puisque le tout avait une cohérence indéniable, mais encore une fois, sa courtoisie dépassait toute celle qu'il avait entendue en Dùralas. Même la sympathie d'Hevoria fut vite écartée au profit de la véracité qu'il décelait chez cette Axe qu'il aurait du rencontrer plus tôt. Ou peut-être était-ce pile le moment... Elle leva finalement un verre, haut et éclatant de son cristal sous le soleil qui baignait Spelunca.

- À Saigo, à ses exploits écourtés et aux perspectives qu’il laisse derrière lui. Puissent quelques âmes le regretter en Dùralas.

L'arlequin, jusque là totalement silencieux, porta à son tour un hommage au Stryge en hissant aussi une coupe de l'alcool Speluncien. Contre toutes attentes, et même les siennes, Styx pleurait d'une simple larme, fugace, venant épouser les contours de son œil valide.

- À Saigo.

Autre exploit de cette journée ; le vampire était tout à fait démuni quant à quoi dire. Il resta longuement à scruter les bulles de champagne, si superficielles en un instant pareil, puis s'éclaircit la voix. En reprenant, il s'excusa en baissant la tête vis à vis d'Axe, car l'émotion était grande, mais son ton était plus déterminé que jamais.

- Je pense que tu as tout dit. J'ai de longues mémoires que je pourrais réciter là, mais tout ce que j'ai à avouer à feu mon ami est que j'ai fini par détester mon ressenti envers sa personne et non son être en soi. C'est cette inquiétude perpétuelle qui me taraudait, cette... peur... Ce mot fut prononcé comme une question. de le voir se tuer qui m'a poussé à l'exécrer. Pardonne ma faiblesse. Quel idiot je fais, du sentimentalisme au comble d'années d'abjects projets... mais il ne m'en a jamais inquiété. Au contraire, il a toujours étincelé de détermination pour les pires méfaits.

Le soleil brillait intensément sur les parterres floraux, et, en levant l’œil au ciel, le vampire renversa la table du banquet en un éclat de rage qu'il contint de suite. Mais sa voix, elle, portait les épines farouches d'une haine à peine contenue dirigée à toute cette injustice. Tout son corps tremblait de spasmes hargneux, une fureur que l'arcaniste n'avait pas apprise aux côtés des Esprits de l'Immatériel, mais bien dans les cachots de Stellarae.

- La passivité de la Matriarche s'apparente à un meurtre aux yeux de la Congrégation, à MES yeux ! ... Le mépris de ce peuple sera le dernier qu'il aura porté sur l'un des leurs. Sur mon ami... mon... Sentant ses yeux, pour la seconde fois de sa vie se tremper, et face à une peur de paraître faible, il ne prononça pas le dernier mot, mais préféra enchaîner. En gloussant cette fois. Je crois que ces stupides funérailles ne sont pas dignes, à bien y réfléchir. Il lui faut une véritable révérence, ailleurs qu'en nos paroles... une mélopée grandiloquente de vengeance ! Entends-nous Saigo, une parade macabre te sera consacrée ! Une bravade enflammée envers lesdits héros Dùrlassiens, en l'honneur de notre peine ! Nous brandirons la tête de la Matriarche haut dans le ciel pour que tu puisses baisser les yeux sur celle qui a causé ta perte... Ce sera mon... notre élégie à ton égard ! Le sang de tes prétendus frères, paresseux imposteurs, arrosera les centaines de fleurs, posées sur la tombe que nous ferons du trône de cette Catin Noire ! Les berges du Lac Fresha se teinteront de rouge pour peindre un vindicatif hommage, et les corbeaux hurleront à une Lune cruelle ! L'ordre établi subira les affres de ta disparition et le confort de ceux qui se réjouissent de ton trépas sera aboli ! Voilà une prophétie pour le Cavalier !

Et, en ramassant une bouteille de champagne qui avait échappé à son accès de fureur, le vampire l'érigea en un nouvel hommage. Plus fou, plus osé, plus triste que jamais ! Buvant à même l'écumant réceptacle, il le tendit ensuite à Axe, au diable les petites coupes !

Son regard chercha l'approbation de la thériantrope. Rien ne pourrait arrêter le Soulèvement à venir, avec une majuscule, oui, car aucune démesure ne saurait rendre talion, aucune vindicte n'aurait d'égal au service de celui qu'il avait eu l'honneur d'aimer comme un frère. Une véritable Justice !


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