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Dans ces régions sombres et meurtries par d'historiques et nombreuses guerres, les sudistes se préparent à rafler les plus belles choses des profondeurs abyssales pour remporter cette chasse.
Par actes surprenants, le sud frappera là où on ne l'attend pas.


Hauts faits obtenus

• « Participation à l'Ynatlatt » : Saigo


• « Participation à l'Ynatlatt » : Undvik


• « Participation à l'Ynatlatt » : Axe

> 1 message par participant par semaine.
> Attendre la venue du Juge pour actualiser l'objectif avant de poster de nouveau.
> Semaine 1 : Du 15 au 21 Août.
> Semaine 2 : Du 22 au 28 Août.
> Semaine 2 : Du 2 Août au 1er Septembre.

Voilà comment il s'était retrouvé sous l'eau, muni d'un respirateur bas de gamme confié par des abyssaux. Son désir de compétition l'avait poussé à rejoindre l'équipe du Sud. En fait, Saigo n'avait pas hésité une seconde à se lancer à l'aventure. La routine de la Tour Noire l'ennuyait.

Le signal de départ de la première épreuve allait être donné. Une chasse au trésor. L'Exécuteur-en-Chef ne comptait pas déroger à ses habitudes, il comptait bien se montrer efficace. Identifier ce qui avait de la valeur, comment le transporter mais surtout, comment agir sans attirer l'attention d'autres concurrents avides d'exploiter le filon qu'il découvrirait potentiellement. L'assassin n'était guère porté sur le travail d'équipe, mais il était tout à fait disposé à faire une exception. Deux pas derrière lui, le géant Undvik, qu'il avait lui-même recruté peu avant la bataille d'Ishtar, semblait ailleurs. Pataud comme il était, on pouvait dire adieu à la discrétion en sa compagnie, mais si jamais le stryge noir tombait sur quelque chose de gros, les muscles du corrompu pourraient peser lourd dans la balance.

Undvik ! Avait-il lancé d'un ton rendu légèrement mécanique par le respirateur. Suis-moi.

Tout deux seraient équipiers durant toute la durée du festival, mais leur coopération était pour l'heure limitée à la première épreuve. Une fois le signal donné, le Bras Droit n'hésita pas. D'une brasse maladroite, il se dirigea dans une direction peu empruntée, avec un plan en tête. Idéalement, il désirait dénicher la cachette de Nadsuhydr. La calamité de l'eau était retournée dans son habitat naturel depuis la bataille d'Ishtar, mais chaque mois, une partie de ses récoltes venait remplir les caisses de la Congrégation. Emprunter quelques babioles de valeur ne devrait pas poser trop de problèmes...

On cherche la Calamité. Indiqua Saigo à Undvik, d'une voix rocailleuse, mais suffisamment basse pour ne pas être entendu par un autre concurrent.

BOOM NADSUSU ?! NADSUSU PACONTENT !!!

Une fois de plus, le corrompu manquait cruellement de discrétion. Après lui avoir expliqué que l'objectif n'était pas un conflit avec une créature semi-divine, qui plus est alliée, l'Exécuteur-en-Chef songea à la seconde partie de la phrase. Sans le vouloir, Undvik avait pointé un fait d'une réelle importance. Ni lui ni le stryge noir ne pouvait prédire les réactions de la Calamité. Si jamais il parvenait à dénicher ses réserves, puis à en subtiliser une partie, qu'arriverait-il ? Seraient-ils pris en chasse ? Après tout, ils n'avaient aucun moyen de prouver leur appartenance à la Congrégation de l'Ombre, et de ce fait leur statut d'allié de Nadsuhydr. Le plus sûr, conclut mentalement l'Analyste, était donc d'éviter de piller un être face auquel il ne pouvait pas lutter.

Tu as une autre idée ? Se risqua alors à demander le stryge noir, sans trop savoir à quel type de réponse il pouvait s'attendre.

HEU LE BATO BO BATO

Bordel, pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt.

Undvik le surprenait. Sans doute le Géant ne s'en rendait pas compte lui-même, ou alors c'était l'autre, Wammu, ce truc qui vivait en lui... Il s'agissait d'histoires que ne saisissait pas Saigo, mais toujours était-il que son camarade avait raison. En pleine mer, des épaves de navires, pirate ou marchand, récentes ou millénaires, devait forcément se trouver ! Certes, il s'agirait probablement de points d'intérêts massifs, et il était également plausible que les sitlantéens aient vidés ces navires depuis bien longtemps... Mais il suffisait d'une seule babiole, d'un seul joyaux égaré, d'une seule relique oubliée, pour que le jeu en vaille la chandelle. Accélérant tant bien que mal le rythme, l'Exécuteur-en-Chef se mit à la recherche d'une épave.

Même à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, le soleil au beau fixe offrait une excellente visibilité. En combinant leurs efforts, Saigo et Undvik trouvèrent d'abord quelques carcasses de barques, vides et couvertes de différents organismes. Le Géant avait même attrapé un hippocampe, avant de vite le relâcher, comprenant qu'il n'avait aucune valeur. Au moins les deux mercenaires avaient-ils trouvés des perles d'un noir de jais, et une demi-douzaine de pièces d'or. C'était très peu, et ça manquait de prestige, mais au moins ne rentreraient-ils pas les mains vides. Finalement, après un bon quart d'heure supplémentaire de nage, l'Analyste aperçut une forme plus massive. Coque éventrée, mat éclaté, quelques poissons avaient semble-il élu domicile au cœur de l'épave de ce navire, dont le nom était à peine lisible, peint en noir et à moitié effacé : « Le Sans Issu »

Peu commun, comme appellation. Allez Undvik, on rentre voir ce qu'on trouve.

«T’es une sirène ?
Axe soupira fort intérieurement, un sourire crispé sur le visage. Penché par-dessus le bastingage de son navire, le mousse qu'elle avait hélé semblait partagé entre la méfiance et la curiosité ; sur les quelques marins qu'elle avait interrogés, c'était déjà le deuxième à lui faire le coup.
- Non, je participe au concours d'Ynatlatt, lança-t-elle assez fort pour couvrir le vacarme des vagues qui se brisaient sur la coque du grand navire. Je cherche l'épave du Grand Teeban.
- Ah, répondit le garçon avec une pointe de déception dans la voix.
Axe lui accordait que les apparences étaient trompeuses. Battant vigoureusement des bras et des jambes, la mercenaire avait rabattu le respirateur qu'on lui avait donné sous son menton pour pouvoir parler confortablement ; seule sa tête émergeait de l'eau agitée, juste assez pour ne pas boire la tasse à chaque remous.
- Tu saurais pas où le bateau a coulé, par hasard ? continua la lycanthrope, voyant que son interlocuteur ne reprenait pas la parole.
- Pas loin...par là, j’dirais.
Pointant le Sud du doigt, le garçon fit mine de délimiter une zone, à moitié pour lui-même. Située une dizaine de mètres plus bas, Axe ne profita pas de la précision, mais saisit la direction à prendre.
- Ouais, c'est ça, poursuivit le mousse. À un petit quart d'heure de barque en ramant bien.
- Merci, fit Axe en se détournant. Et bon vent !
Elle réajusta son respirateur et s'apprêta à plonger, quand le marin l”interpela.
- Ça grouille de monstres, hein ! C'est pas bien prudent d'y aller à la nage.»
Pour toute réponse, Axe brandit son arbalète au-dessus de sa tête et l'agita en signe d'au-revoir, puis s'enfonça dans les  eaux sombres.

L'histoire du Grand Teeban était plutôt banale. Un grand bateau marchand coulé par un boulet de canon perdu un peu plus loin, qui avait presque atteint la côte avant de se faire engloutir par les flots. Un peu trop profond pour être accessible aux plongeurs lambda, un peu trop proche pour n'intéresser personne, il avait fait parler de lui quelques jours avant que les abyssaux et les petits malins qui avaient réussi à se dégoter un sort d'apnée ne se chargent de son cas. Axe avait appris son existence bien avant le début du concours, en traînant dans les tavernes du port ; à l'époque, l'information ne lui avait pas semblé d'un grand intérêt, comme tout ce qui touchait de près ou de loin aux fonds marins. Elle préférait les chasses à l'homme aux chasses aux trésor, les contrats fournis par la congrégation étant par nature plus stimulants, rapides et...moins humides.
L'appât du gain l'avait poussée à tenter le grand concours estival, cependant. Les dieux savaient pourquoi.
La jeune fille y repensait en gagnant maladroitement les profondeurs, peu exercée à ce genre de nage. Musclée et endurante, elle avait peut-être sous-estimé l'effort que se déplacer sous l'eau en permanence représentait. Son respirateur bas de gamme lui suffisait pour l'instant, n'ayant pas une masse gigantesque à tracter, mais elle sentait poindre des courbatures au niveau des zones qu'elle sollicitait le moins dans ses entraînements - dos, mollets et adducteurs, principalement. Refusant de se laisser aller à un point de côté, Axe travaillait sa respiration comme elle le pouvait, mais elle devait admettre que ça commençait à tirer.

Une silhouette avachie se profila enfin à une vingtaine de mètres sur sa gauche environ, presque fantomatique dans l'obscurité ambiante. Axe n'avait pas plongé suffisamment bas pour expérimenter la nuit permanente des abysses, mais à une quinzaine de mètres de profondeur, les rayons du soleil avaient déjà du mal à percer. Balayant les alentours des yeux pour vérifier que rien ne la menaçait, elle plongea une main dans la besace passée à son épaule, puis se ravisa. La lumière attendrait l'intérieur de l'épave. Une grimace sur le visage à cause de la pression qui pulsait douloureusement au niveau de ses oreilles, la lycanthrope parcourut la distance qui la séparait du navire coulé et posa un pied prudent sur le pont.
C'était un grand bateau à voile, pas encore désagrégé malgré ses quelques mois passées sous l'eau ; le bois n'avait pas encore eu le temps de pourrir, et quelques lambeaux de toile pendaient toujours à ses trois mats. En heurtant les rochers qui tapissaient le fond de la baie, sa coque s'était enfoncée vers l'intérieur, fragilisée par le trou béant qui ornait son flanc droit. Par là, des poissons s'engouffraient et ressortaient parfois de l'esquif, ayant visiblement pris leurs aises depuis que les humanoïdes avaient délaissé son épave.
Axe fit le tour du bateau lentement, constatant les dégâts que les pilleurs avaient fait subir au Grand Teeban. La tête de proue avait été arrachée, certains hublots avaient été délogés de leur gonds pour faciliter l'accès aux cabines qui constituaient une bonne part de la poupe ; la mercenaire imaginait que ce devait être assez semblable à l'intérieur, le bois des portes ayant sûrement gonflé à cause de l'humidité. Quant aux richesses que le bateau contenait, si on avait fini par le délaisser, c'est qu'elles devaient avoir été dévalisées jusqu'à la dernière miette. Axe fouilla la zone du regard une seconde fois, mais rien ne bougeait ; pas étonnant. Ses concurrents devaient déjà savoir que l'épave avait été ratissée.

Frissonnant à cause de la température ambiante, bien plus basse qu'en surface, la maîtresse d'armes battit des jambes et s'engouffra dans le trou béant qui avait coulé le bateau. Large et légèrement incurvée, l'ouverture donnait sur
une grande cale envahie par les algues et les petites créatures marines ; de petits poissons aux écailles froides et luisantes s'y déplaçaient en banc, coursés ou non par de plus gros spécimens. Axe plissa les yeux. À part le halo de lumière diffuse qui filtrait par la fissure, l'endroit était plongé dans l'obscurité.
La jeune fille plongea la main dans sa besace de tissu et en retira une poignée de filaments luminescents, presque aussi efficaces qu'une torche ; leur lumière bleutée lui révéla un sol éventré par une série de rochers aiguisés, envahi par les algues et les coraux. Des crustacés fuirent l'éclat soudain pour se réfugier à l'abris des algues grisâtres qui tapissaient une bonne partie du plancher, mais rien d'autre ne sembla se manifester. Tiens. C'est mon jour de chance. Axe salua l'absence de blergh et autres teeban d'un sourire en coin, puis se défit de son arbalète et de sa chemise pour les laisser flotter dans un recoin bien en évidence.

En s'enfonçant dans les entrailles du Grand Teeban, Axe constata l'ampleur des dégâts causés par ses prédécesseurs.  Toutes les portes avaient été arrachées, les coffres sciés ou éventrés. Des tonneaux renversés gisaient également un peu partout, vidés de leur contenu ; tous les récipients du navire avaient connu le même sort, et la mercenaire commença vite à s'inquiéter. Les pilleurs avaient plus que bien fait leur boulot, il ne restait rien.
Une porte presque intacte finit par se profiler à sa gauche, entrouverte sur quelques centimètres. Un de ses gonds avait été déchaussé pour en faciliter le coulissement, mais c'était tout ; intriguée, la jeune fille agrippa l'encadrement du battant gonflé et l'enfonça des deux pieds, arrachant un gond supplémentaire. Le bois gémit et céda, révélant une pièce presque intacte, à l'image de -feu- la porte qui en gardait l'entrée. Un éclair de convoitise brûla dans le regard d'Axe. Enfin !
Le mobilier était pauvre et déjà dépouillé, mais pas vandalisé comme le reste du bateau. Sombre, partiellement éclairé par un trou de la taille d'un gros hublot donnant sur l'extérieur, l'endroit semblait avoir été épargné par les premières fouilles ; on avait fini par le trouver, cependant. L'hypothèse se confirma quand Axe sortit une nouvelle fois bredouilles de ses fouilles. Maîtrisant son agacement montant, elle se détourna et se prépara à rejoindre la porte, sa besace désespérément vide.  
Soudain, la jeune fille se figea. Un éclair fugitif avait happé son regard, dans un renfoncement partiellement enseveli sous un monceau de bois éclaté. Un regain d'espoir lui donna l'énergie de plonger jusqu'à la faille, les poumons irrités à force de respirer l'air sec que filtrait son respirateur. Dégageant une planche ou deux à coup de talon, Axe put finalement entrevoir l'intérieur de la crevasse ; elle n'avait pas rêvé, il y avait bien un truc brillant là-dedans.
La faille était étroite, elle pouvait tout juste y passer un bras et une épaule. Renonçant par empressement à y jeter un oeil, Axe tendit le bras et saisit du boit des doigts la première chose qui lui tomba sous la main, ce qui lui sembla sur le coup être un bâton enveloppé de tissu. Un sceptre ? La jeune fille ramena sa prise et y darda un regard plein de convoitise, curieuse de découvrir sur quel trésor elle avait mis la main.
Elle dut retenir un juron.

Un bras squelettique gisait dans sa paume, rongé par les crustacés. Il n'était pas assez décomposé pour avoir appartenu à un des passagers du navire ; il avait sûrement appartenu à un des pillards, mais n'avait pas suivi son propriétaire jusqu'à la surface. À supposer que l'homme ait pu s'en sortir avec un bras en moins...Axe se souvint de la remarque du marin qu'elle avait interrogé avant de gagner l'épave. Le chasseur de trésor avait du faire une rencontre malheureuse avec un requin ou un teeban - dans ce cas, ses restes se trouvaient sans doute bien loin de l'épave.
Toujours enveloppé dans une manche de lin blanc, le membre était ceint d'un bracelet mordoré plutôt joliment ouvragé, mais complètement oxydé. À l'annulaire, en revanche, était glissée une bague en bien meilleur état. Serti de trois pierres rougeâtres, l'anneau devait faire partie du butin que le pillard avait tenté d'emporter avec lui ; c'était un bel objet, sans l'ombre d'un doute. Axe brisa le doigt et le glissa dans sa sacoche, puis rejeta ce qu'il restait du bras avant de fouiller la crevasse une seconde fois. Ses doigts tâtonnèrent inutilement quelques instants, puis s'entaillèrent soudain sur une surface tranchante. La lycanthrope serra les dents et remonta l'objet, qui se révéla être une belle dague incurvée. Elle non plus n'avait pas rouillé ; sa lame, plate et irisée, semblait faite d'une sorte d'ivoire ou de nacre qu'Axe ne se sentit pas les moyens d'identifier. Sa garde était sculptée en forme de deux sirènes, dont les queues s'entremêlaient pour former une poignée ; le pommeau était fait de la même matière irisée que le tranchant de la dague, incrusté entre les deux nageoires caudales. La jeune fille fit jouer un peu l'arme à la lumière de ses filaments, puis la fourra dans son sac et quitta la pièce, satisfaite.

Elle ne tirerait rien de plus de l'épave.

Puisque deux des cinq participants manquent à l'appel sur cette session, un malus a été appliqué à l'équipe.
S'informer est la clé du succès...

L'équipe du Sud obtient un total de 37 points.

• Saigo obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Il obtient aussi 1 Perle abyssale pour l'accomplissement du haut fait « Participation à l'Ynatlatt ».


• Undvik obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Il obtient aussi 1 Perle abyssale pour l'accomplissement du haut fait « Participation à l'Ynatlatt ».


• Axe obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Elle obtient aussi 1 Perle abyssale pour l'accomplissement du haut fait « Participation à l'Ynatlatt ».

Le Sans Issu était peu accueillant. Une coque en bois solide, renforcée par une armature de fer, et des pointes encore dangereuses ajoutées sur les flancs. Cela pouvait être un système défensif intéressant, efficace si le besoin d'infliger des dommages à un bateau assaillant se faisait sentir. Cependant, la majeure partie des pics à tribord manquaient à l'appel, la faute à une ouverture béante dans la coque. Ce n'était pas la faute d'un rocher, ni même le résultat d'une collision avec un autre navire. C'était un monstre des profondeurs qui avait causés ces dégâts. Cette théorie était d'ailleurs renforcée par le relatif bon état du pont supérieur, sur lequel seul les portes et les voiles avaient succombé aux affres du temps.

Ce bateau n'est pas ici depuis très longtemps, à en juger par son état. Informa Saigo. Avec de la chance, personne n'est encore venu le piller. L'Exécuteur-en-Chef marqua une courte pause, avant de soupirer à travers son respirateur. Et en cas de malchance, le truc qui a causé tout ça est encore dans les parages.

Cette pensée conforta l'assassin dans l'idée qu'il avait très bien fait de garder le Jugement Blanc près de lui. Sa dague, attachée autour de son cou, était une véritable assurance vie dans cet environnement où le stryge noir n'était pas du tout à son avantage. Flanqué du géant schizophrène, il pénétra à l'intérieur de l'épave.

Il faisait sombre, bien que quelques trous dans le plafond étaient suffisamment importants pour que la lumière filtre depuis le pont supérieur. À l'heure actuelle, les deux mercenaires se trouvaient dans les cales. Ils mettaient la main sur plusieurs sacs en toiles, remplis de nourriture désormais avariées, et choisirent de les garder pour mieux pouvoir stocker les objets de valeurs qu'ils trouveraient. Par le biais d'une des nombreuses ouvertures, ils purent accéder aux étages supérieurs. À nouveau, point de trésor, seulement quelques squelettes. Dans le doute, Saigo fourra un crâne dans le sac de toile. Si ça ne comptait pas pour l'épreuve, ça ferait toujours une bonne décoration pour chez lui. Pourtant, quelque chose n'allait pas...

MONSTRE MANGER ZOMME

Voilà ce qui n'allait pas. Ils avaient établis que l'épave était récente. Trop récente pour que le processus de décomposition de la chair humaine soit complet. Peut-être que ce processus était plus rapide sous l'eau, mais tout de même, le navire était encore trop « neuf » pour que ces squelettes se soient retrouvés ainsi de façon naturelle. Undvik avait raison, le monstre qui avait causé la perte de l'équipage avait également dévoré ce dernier. Un teeban, pensa immédiatement Saigo. Sauf que ça ne collait pas. Un teeban seul n'aurait pas pu ouvrir un trou aussi large dans la coque, tout simplement parce qu'il n'en a pas besoin. Dévorer des humains ne serait pas un problème pour l'abomination, mais une dizaine, peut-être même plus si jamais les deux mercenaires venaient à découvrir d'autres corps ? Cela semblait beaucoup.

Tu sais si les Teebans se regroupent en banc, en groupe ou quelque chose du genre ? Demanda le Faucheur.

TEEBAN BANC BAN BANC BAM DOUDIDOUM Se mit à chantonner le Géant corrompu, sous l’œil circonspect de l'assassin.

L'utilité du Géant avait ses limites. Pas sa stupidité. Le vacarme qu'il venait de provoquer fit trembler la coque restante du Sans Issu, et cela n'était pas nécessairement bon signe. Le stryge noir n'avait pas étudié la surface sur laquelle reposait le bateau, et la moindre vibration pouvait provoquer un glissement de terrain, qui pourrait s'avérer dangereux, pour peu que l'épave se trouve à la limite d'une chute. De plus, l'armature déjà fragilisée ne supporterait pas beaucoup de choc, autant éviter de se retrouver coincé sous une pile de planches, à la merci d'un ou plusieurs Teebans. Saigo porta un doigt sur sa bouche, signifiant à Undvik que le silence était de mise. Puis, il lui montra son poing, signe que l'Exécuteur-en-Chef n'aurait aucun problème à le faire taire par la force.

Malheureusement, le Géant interpréta la chose différemment, et dans un élan sans doute empli de bonne volonté, il balança son poing contre le mur le plus proche. Situé du côté de la proue, il semblait délimiter l'espace alloué au pont inférieur, sur lequel les deux mercenaires évoluaient. Les planches fatiguées se brisèrent en mille morceau, révélant non pas le vide d'un mince espace entre le mur et la véritable proue de l'épave, mais la raison de la venue de Saigo en ces lieux : un véritable trésor. Pièces d'ors, bijoux de diamant et de rubis, vaisselle dorée, émeraude pure, tous le nécessaire à s'assurer la victoire finale était là, juste sous leurs yeux. Le stryge noire donna une tape sur le dos du Géant.

Et bien... c'était pas ce que j'avais prévu, mais le résultat est là.

Un cri perçant empêcha Undvik de répondre. Alors que l'incongru duo entreprenait de fourrer tout ce qu'ils pouvaient dans leurs sacs, une présence glaciale se fit ressentir dans leurs dos. Une tentacule visqueuse s'enroula autour de la cheville de Saigo, qui la trancha sur le champ d'un coup de dague. En se retournant, il vit une créature comme il n'en avait jamais entendu parler. Comme assis sur un amas de tentacule qu'elle semblait contrôler par la seule force de la pensée, l'abomination possédait également plusieurs bras, de petits yeux et des dents acérés.

Un Martyagr ! Cria le Faucheur.

Tout était clair à présent. Ce n'était pas un groupe de Teeban qui avait pris d'assaut le Sans Issu, mais bien un Martyagr, créature de cauchemar entourée de mystère. Le monstre avait du utilisé plusieurs de ses tentacules pour agripper la coque du navire, l'attirant inexorablement vers le fond, ce qui expliquait le bon état de la partie supérieure. L'épave devait depuis servir de tanière au Martyagr, qui n'avait guère apprécié que deux pilleurs s'en prenne à un trésor dont il ne soupçonnait peut-être pas l'existence.

L'abomination jouait désormais de ses tentacules, forçant Saigo à esquiver ou à parer, avec grande difficulté, étant donné son manque d'habitude dans le combat subaquatique. Le stryge noir subissait les coups de fouets, parvenant simplement à ne pas se faire saisir et ainsi attirer vers le Martyagr, qui semblait capable de l'avaler d'une bouchée, comme en témoignait le cadavre de Teeban qui reposait derrière lui.

ZA WARUDO !!! TOKI WO TOMARE...

Sur la gauche du Bras-Droit, Undvik venait d'adopter sa forme possédée. Ses cheveux devenus blancs brillaient légèrement, au même titre que sa peau désormais bleue. Une aura très sombre, aussi sombre que celle du Martyagr, émanait du Corrompu, qui s'avança d'un pas, commandant désormais Saigo d'une voix qui n'était pas la sienne.

Prenez tout les trésors que vous pouvez, Exécuteur-en-Chef. Nous nous chargeons de le retenir. SYPHILIS WAVE !

Tout ce que Saigo pu voir avant de se concentrer sur la tâche que son subordonné lui avait confié, fut une vague d'énergie sombre frapper le Martyagr de plein fouet, arrachant un hurlement à ce dernier, sans pour autant le tuer. Le stryge noir se redirigea vers le trésor, sac de toile en main. Il récupéra un nombre non négligeable de Pièces d'Or, encore d'actualité à la surface, ainsi que des calices gravés, des sabre à la poignée sertie de rubis, des émeraudes, des lapis-lazuli. En tout et pour tout, il remplit en deux minutes un sac qui auparavant contenait environ deux kilos et demi de  pommes de terres. Le poids était plus important, mais le stryge noir avait la force nécessaire pour continuer à avancer. S'extirpant prudemment du trou créé quelques minutes plus tôt par Undvik, le Faucheur retrouva ce dernier aux prises avec le Martyagr. Les deux entités maléfiques semblaient aussi amochés que les bruits de combat qu'il avait perçu durant sa récolte le laissait supposer. Continuellement, l'abomination enserrait le Géant de ses tentacule, et ce dernier le repoussait en utilisant des ondes de magie noire. Attrapant fermement le sac dans sa main gauche, et le Jugement Blanc dans sa main droite, Saigo se positionna derrière son allié, trancha toutes les tentacules à sa portée, et hurla par-dessus le vacarme ambiant.

J'ai tout ce qu'il nous faut ! On bouge !

Réceptif, Undvik se mit alors à avancer à grands peine, pas à pas. L'assassin restait derrière lui, s'assurant que rien ne pourrait plus les ralentir. Mais le Martyagr percevait leur plan, et se déplaça en conséquence, se positionnant devant l'ouverture béante, ses tentacules faisant rempart au passage des deux mercenaires. Ces derniers ne se laissèrent pas décontenancer. Abandonnant le sac dans les mains d'Undvik, qui venait de lancer une nouvelle attaque qui sembla le vider de ses dernières forces, Saigo utilisa le torse du Géant comme appui pour se propulser, dague en avant. Cette fois, il sectionna la tentacule à la racine, forçant le Martyagr à lâcher prise. Quelques secondes de flottement qui furent suffisante pour que les deux mercenaires fuient. Sur le chemin du retour, fiers de toutes leurs trouvailles, Undvik apporta la cerise sur le gâteau, en révélant la tête du Teeban comme un trophée.

TEEBAN BANC BAN BANC BAM DOUDIDADOUM

Aucune chance pour que je chante avec toi. Rétorqua catégoriquement Saigo, néanmoins amusé.

Les bras croisés dans le dos, Axe observait la salle dans laquelle elle se trouvait d’un œil faussement désintéressé. Sa tunique blanche se reflétait sur le marbre parfaitement poli à ses pieds, immaculé à l’exception de fines veines argent ; la pierre lui renvoyait l’image diffuse d’une jeune fille à l’air officiel, malgré une arcade sourcilière ecchymosée depuis sa dernière rixe de taverne. Une cape sombre couvrait le dos et les épaules de son haut blanc, ceint à la taille par une bande de cuir décorée d’une boucle de cuivre. Par contraste, l’ombre de son pantalon et de ses bottes du même cuir noir lustré détonnait sur le sol clair, comme si on avait déposé un corbeau sur un drap propre.
Lorsqu’elle était entrée, le choc mat de ses talons contre le marbre avait longtemps résonné entre la douzaine de piliers crème qui soutenait le plafond de la pièce, lequel se dressait à une dizaine de mètres au-dessus de sa tête et de celle des deux gardes qui l’encadraient. Éclairée par les fenêtres circulaires aux murs, une grande fresque y représentait des dieux aquatiques stylisés ; au centre, Nashuydr dormait sur un lit de trésors, gardé par un kraken et une tortue aux visages humanoïdes. Quatre requins gigantesques formaient une ronde autour du trio, chacun semblant vouloir happer la queue du précédent. Autour des quatre squales, enfin, des élémentaires et des kelpis parfois chevauchés par des abyssaux en posture héroïque bataillaient dans des eaux torturées, accompagnés de toute une faune inconnue à la mercenaire, qui s’y connaissait peu en bestioles marines. Les mêmes éléments se retrouvaient sous forme d’une frise en mosaïques à la base des murs légèrement incurvés, représentant une myriade de bêtes des profondeurs qu’Axe n’aurait pas su identifier.
« Mademoiselle ? »
Une voix masculine entre deux âge l’arracha à son observation, marquée par l’accent d’Ishtar. Axe baissa les yeux et constata l’homme qui se tenait devant elle, dont les chaussures de tissus avaient été parfaitement silencieuses sur le sol de marbre. Sa quarantaine bien tassée avait marqué son visage de rides autoritaires et strié ses cheveux de gris, mais il se tenait droit et était parfaitement glabre. C’était la description qu’on lui avait faite du collectionneur.
Un sourire en coin naquit sur les lèvres de la mercenaire. Malgré ses efforts, l’homme portait son ancienne profession sur le visage ; son teint halé et la profonde cicatrice qui lui barrait la joue gauche suintaient presque autant la piraterie qu’un sabre au côté et un perroquet sur l’épaule.
« On m’a informé de votre visite, je vous souhaite la bienvenue chez moi. Que me vaut l’honneur ?
Axe rendit la courbette que le pirate lui avait adressée en la saluant.
- Je vous remercie. Mais je ne peux pas m’éterniser, le temps joue contre moi. Ce sont vos collections qui m’amènent.
- Oh, mes collections. À quel point êtes-vous pressée ? demanda l’homme. Il y a beaucoup à voir…
- Je suis à la recherche d’un type d’objet très spécifique. Si vous voulez bien mettre votre expérience à mon service, nous aurons vite fait de trouver ce dont j’ai besoin, et je pourrai vous libérer.
La brusque entrée en matière de la jeune fille ne sembla pas déstabiliser le collectionneur, qui sourit poliment et inclina la tête derechef.
- Vous êtes la bienvenue dans mes galeries, demoiselle. Comptez-vous acheter ou simplement jeter un œil à l’objet que vous recherchez ?  
- Je l’achèterai, répondit Axe. Inutile de me présenter les pièces dont vous ne souhaitez pas vous séparer.
- Êtes-vous sûre de ne pas avoir le temps ? Certaines valent le détour, vous aimeriez peut-être…
- Non, coupa sèchement la mercenaire. Je ne dispose malheureusement que de quelques heures.
- ...Très bien. L’ancien pirate adressa un sourire plein de professionnalisme à sa jeune interlocutrice et congédia ses gardes d’un geste du bras. Veuillez me suivre.

Précédée du collectionneur, Axe traversa le grand hall et pénétra les salles d’exposition. Le même sol pavé de marbre réfléchissait les objets présentés, mais le plafond était à la fois plus bas et plus sobre, dénué de fresques ; l’ambiance épurée mettait en valeur la diversité bigarrée des articles, jouant la carte de la fausse sobriété pour aérer les espaces chargés d’antiquités.
Un grand nombre d’objets terrestres étaient exposés ; armes pendues aux mur, soigneusement classées et étiquetées, armures d’apparat toutes plus pompeuses et couvertes de dorures les unes que les autres, vases sous vitrine, robes, bijoux, tapisseries…Axe se surprit à lorgner les trésors du coin de l’œil, ce qui n’échappa pas au maître des lieux.
- Vous parliez d’un type d’objet spécifique, intervint-il.
- Oui. Je voudrais éviter la manufacture humaine. Une antiquité d’origine abyssale ou naturelle, dans l’idéal ; une relique, quelque chose qui ait une valeur aussi bien matérielle qu’esthétique et historique.
- Rien que ça ! Enfin, ça reste de mon ressors, je devrais pourvoir vous aider. »
Entraînant Axe à travers les couloirs surchargés du bâtiment, le collectionneur se mit à déblatérer des banalités au sujet d’une série de vases trouvée à bord d’une épave il y avait une vingtaine d’années de cela ; la mercenaire écouta patiemment l’expertise inconsistante, scrutant les vitrines et les présentoirs qui défilaient sur son chemin au fur et à mesure qu’elle et son hôte s’enfonçaient dans le complexe.
« …malheureusement quasi indatables, à cause du verni. Mais entre nous, je pense qu’il s’agit de pièces extrêmement anciennes, malgré les critiques de mes collègues de Stellaraë. Je pense pouvoir vous en céder un pour quatre mille pièces, prix négociable, bien entendu…Mademoiselle ?
- À vrai dire, j’avais autre chose en tête, répondit Axe distraitement.
- Oh, vraiment ? fit le collectionneur d’une voix mielleuse. Je vous assure que…
- On m’a parlé d’une collection personnelle à couper le souffle. La mercenaire se pencha sur un collier d’argent ornée de rubis minuscules, qui figuraient les yeux d’oiseaux exotiques gravés à même le métal. C’est pour elle que je me suis déplacée, je suis persuadée de pouvoir y trouver mon bonheur.
L’ancien pirate se figea, le regard inquisiteur.
- Voilà qui est singulier, dit-il nerveusement, peu sont au courant. Si je puis me permettre, comment avez-vous appris son existence ?
- Figurez-vous que vous êtes plutôt populaire dans les quartiers inférieurs. Entre les vieux amis, les fournisseurs, les clients et le marché noir, vous avez sacrée publicité.
- Les quartiers inférieurs ?
Le collectionneur passa une main hésitante sur son absence de barbe.
- …Je me disais bien que vous n’aviez pas une gueule d’amatrice d’art.
- Tout comme vous n’avez pas grand-chose d’un collectionneur, rétorqua Axe. Même si l’idée de lancer une galerie sur la base de vos anciens pillages était une idée de génie, je vous l’accorde.
- Décidément, vous en savez beaucoup, fit l’homme d’une voix grinçante. Racontez-moi donc comment vous en êtes arrivée là, je suis…curieux de savoir comment une gamine dans votre genre a pu remonter jusqu’à moi depuis ce coin de Sitlantà.

Axe tut la majeure partie de ses errances dans les quartiers sombres de Sitlantà, n’informant le collectionneur que des grandes lignes de sa chasse aux tuyaux dans les tréfonds de la ville. Il y en avait pour de longues heures de recherches, d'exploration, de parlementions, - c'est pourquoi elle était pressée, il ne lui restait que peux de temps pour remettre son butin au jury d'Ynatlatt - et tout n'était pas bon à garder pour livrer un récit concis. Mais si elle fit le choix de négliger les détails superflus, elle se souvenait encore très bien de son parcours et de sa découverte de la grande cité sous-marine.

Lorsque la seconde partie de l’épreuve avait été lancée, elle avait regardé ses concurrents s’engouffrer dans l’eau froide et salée un à un, les yeux plein des rêves que leurs inspiraient les trésors qu’ils étaient partis chasser. L’envie dévorante de gagner, l’assurance narquoise des maîtres du terrain, la joie béate de ceux qui découvraient la grande aire de jeux à trois dimensions ; la palette d’expression était aussi large qu’il y avait de compétiteurs pour la fournir. Debout au bord d’une esplanade suspendue à la limite d’Ynatlatt, la jeune fille avait observé les silhouettes des représentants régionaux se fondre dans la grande masse bleue des profondeurs et s’était détournée, laissant ses adversaires à leurs barbotages hésitants.
Elle avait plongé dans la foule dense des Sitlantéens venus assister au second lancement de l’épreuve, progressant à contre-courant des spectateurs qui étaient venus assister au départ des athlètes. Regroupés par race, faction ou simple camaraderie, quelques Dùralassiens aventureux détonnaient parmi les abyssaux, équipés de respirateurs ou de sorts élémentaires plus esthétiques ; humains, elfes, stryges, nagas, quelques peux-vertes, une poignée de nains et même un ou deux géants, chaque ethnie humanoïde semblait être venue soutenir son champion.
La mercenaire avait contourné une rixe entre une stryge blanche et un jeune stryge noir pour gagner les artères de Sitlantà, suivant le courant du flot d’abyssaux qui se déversait dans son dédale de rues quasi tridimensionnel ; l’essentiel des déplacements se faisaient latéralement, mais on pouvait évoluer entre les différents niveaux de la ville via des escaliers en bordure des rues, ou en nageant tout simplement. Une Stellaraë sous-marine, la crasse et l’odeur de pisse et d’alcool en moins.

L’architecture abyssale était surprenante, mais Axe prit vite ses repères. Vers le haut, là où de grandes tours parfois protégées par des bulles d’air pour l’occasion se dressaient dans la lumière, vivaient les plus aisés. Le blanc éclatant des pierres dont les bâtiments étaient construits captaient les rais de lumière qui filtraient depuis la surface et les renvoyaient à la manière de grands phares longilignes, blessant les rétines de la mercenaire quand son regard s’y attardait trop.
La couche inférieure, qui grouillait déjà d’activité malgré la jeunesse de la ville, abritait les marchés, places, auberges, et des habitations plus populaires. L’événement d’Ynatlatt ne devait pas être tout à fait étranger à l’agitation qui y régnait ; les quartiers alambiqués comptaient bon nombre de petites rues entremêlées autour des axes principaux, truffés de boutiques, et voyaient leurs places envahies d’échoppes de fortune où des marchands de toutes les horizons venaient écouler leur marchandise. L’ambiance était festive et chaleureuse, rappelant BaldorHeim lorsque les finales du tournoi approchaient.
Instinctivement, cependant, Axe s’était enfoncée vers les tréfonds de la ville, là où seuls des coraux et autres …choses marines luminescentes dissipaient l’obscurité. Les organismes - mouvants ou non - qui éclairaient les lieux diffusaient une lumière bleutée, froide et faible, en opposition avec les rayons de soleil dont jouissaient les hauteurs de la cité ; plongés dans une nuit permanente par les bâtiments qui les surplombaient, les quartiers inférieurs faisaient office de face cachée de Sitlantà, de la même manière qu’Ishtar se muait en coupe-gorge à la tombée de la nuit. Dans son élément, la mercenaire s’était mise à errer dans le complexe de ruelles tortueuses, ratissant l’obscurité des yeux pour tenter de repérer un lieu intéressant.

Ce qu’elle y avait trouvé avait le mérite confirmer un dicton qu’elle avait entendu un peu partout à Dùralas : « À chaque ville, un coin pour les méchants. ».
Une jeune pègre avait investi les quartiers bas de la ville, s’empressant de placer des bulles d’air protectrices autour de certains bâtiments ; des pirates, principalement, avaient rejoint quelques abyssaux criminels dans des associations visant à explorer les différentes possibilités qu’offraient l’apparition de Sitlantà et l’évènement d’Ynatlatt. En tant que membre de la Congrégation, Axe avait été accueillie en alliée, malgré une certaine méfiance lors des premiers contacts. Puis, au fur et à mesure que tel ou tel l’envoyait chez un ami, ou chez l’ami d’un ami, la jeune fille avait fini par se constituer un petit répertoire de noms utiles dans le coin, qui l’avait aidée à obtenir les informations qu’elle cherchait ; à savoir, où trouver quelqu’un capable de lui fournir un trésor rare pour le concours. C’était un vieux pirate reconverti en chef de gang qui l’avait aiguillée vers le collectionneur, appuyé par de nombreux autres. Ancien ami du galeriste, il avait renseigné Axe sur le genre collections qu’elle pourrait trouver, ainsi que sur la provenance plutôt trouble d’une bonne partie des antiquités – en particulier celle de la réserve privée de l’ancien capitaine, qui avait conservé les plus belles pièces de ses pillages pour son plaisir personnel. Le reste avait été exposé ou vendu, lançant sa carrière d’abord à terre, puis, plus récemment, à Sitlantà.
Un malfrat reconverti en riche galeriste pour écouler les butins de ses anciens collègues, pas mal.

« Ainsi, c’est une mercenaire de la Congrégation des Ombres que j’ai accueilli sous mon toit. Mes félicitations, demoiselle, vous étiez presque aussi convaincante en jeune cliente que je le suis en honnête marchand. Mais pourquoi ne pas avoir dit tout de suite que c’était ce vieux truand de Branin qui vous envoyait ?
- Pour le jeu, répondit Axe avec un sourire. Et pour préserver vos gardes, qui se porteront mieux sans connaître mon identité.
- C’est une menace ?
- Pas contre vous, mon brave. Je me ferais trop d’ennemis s’il vous arrivait quoi que ce soit.
Le collectionneur salua la nouvelle d’une mimique enthousiaste.
- Dans ce cas, vous connaissez le dicton, les amis de mes amis…Il invita la mercenaire à le suivre d’un geste du bras. Venez, je vais voir ce que je peux faire pour vous.
Quelques couloirs envahis d’objets extravagants plus loin, le collectionneur s’arrêtait devant une petite porte métallique, fermée par un verrou épais et compliqué ; sortant une clé de sous sa chemise, il déverrouilla le battant et laissa Axe passer la première, puis verrouilla le loquet à nouveau. La porte donnait sur un corridor sombre. Suivie par l’ancien pirate, la jeune fille traversa le couloir et déboucha sur un grand boudoir faiblement éclairé, dont elle distingua d’abord mal le contenu. Puis, ses rétines de nyctalope s’adaptèrent à la semi-obscurité et elle écarquilla les yeux, une expression de convoitise pure sur le visage.
La totalité de la pièce était occupée par un amoncellement de trésors tel qu’on les décrivait dans les contes de piraterie. Le coin Nord était encombré par un grand tas de pièces d’or et d’argent, duquel dépassait des bijoux et des joyaux ; aux murs étaient pendues des tapisseries tissées de fil d’or et de perles, ainsi que des armes d’apparat aux gardes sculptée en forme d’animaux, de créatures monstrueuses ou de bustes humains ; un peu partout, des meubles de boiserie fine croulaient sous une masse d’objets hétéroclites allant du crâne d’or massif aux amulettes mystérieuses, en passant par des rouleaux manuscrits et des vasques de métal précieux ou de céramique translucide. Des cristaux, des coquillages alambiqués et des perles énormes étaient disposées sur les quelques étagères que comptait le boudoir, côtoyant parfois d’étranges artefacts auréolés d’une aura lumineuse, seules sources de lumière.
Axe fit quelques pas hésitants, prenant garde à ne poser le pied sur rien de précieux, puis baissa les yeux et remarqua un présentoir de velours rouge sur lequel avait été déposée une orbe bleue, décorée d’or et de motifs étranges. Les inscriptions lumineuses pulsaient d’une lueur chaude, comme si un cœur avait été enfermé au centre de la sphère.
- Qu’est-ce ? demanda-t-elle au galeriste, qui l’avait suivie.
L’homme se baissa et saisit l’artefact, qui s’illumina de plus belle au contact de sa peau.
- Une orbe de navigateur. Savez-vous comment on l’utilise ? Axe répondit négativement. Tenez, prenez-la et pensez à un endroit que vous avez visité par le passé. Une ville, une clairière, une route, peu importe.
La jeune fille s’exécuta, visualisant l’arène de BaldorHeim. Aussitôt, une vive lueur se mit à émaner de l’orbe, dont la température amplifia au point de rendre les mains de la jeune fille moite ; la lumière tremblota et se stabilisa en un rayon bleu de l’épaisseur d’un doigt, pointant vers le mur opposé. Axe sursauta en découvrant que le rayon traversait sa paume, mais ne ressentit aucune douleur, et se mit à faire jouer l’orbe entre ses mains. Des points lumineux reliés entre eux par de fines lignes blanches étaient apparues au-dessus de sa tête, accompagnés d’une rose des vents primitive, ainsi que d’un soleil et d’une lune stylisées qui se déplaçaient sur leur axe quand la mercenaire bougeait, à la manière de l’aiguille d’une boussole.
- Les points, ce sont des étoiles ? Je crois reconnaître la constellation de Magnésie, ici…souffla Axe en pointant un des ensembles de traits et de pointillés qui flottaient au-dessus d’elle.
- Vous êtes la seule à les voir, demoiselle. Il en est de même pour le rayon bleu qui pointe vers votre destination. Mais oui, vous avez raison, ce sont les constellations qui sont représentées.
L’homme prit la sphère des mains d’Axe et les visions s’évanouirent.
- Aussi longtemps que vous tenez l’orbe entre vos mains, vous seule avez accès aux informations qu’elle vous donne.
- Formidable, murmura la jeune fille. Ce doit être hors de prix.
- Moins qu’on ne le pense au premier abord. Il y en a beaucoup, leur rareté demeure surtout dans le fait que plus aucune n’a été fabriquée depuis un certain temps. Une jolie histoire à leur sujet raconte que les premiers abyssaux les offraient aux navigateurs elfes et humains qui se perdaient sur les mers maudites, adoucissant les rumeurs qui les traitaient de monstres. Les orbes se sont transmises de navigateur en navigateur, mais plus aucune n’a été offerte depuis. Moi-même, j’en possède deux, mais la seconde ne se trouve pas ici.
Axe sourit franchement, encore impressionnée par l’expérience qu’elle avait eue de l’artefact. Elle l’aurait bien gardé pour elle, mais il semblait que sa contribution au concours était toute trouvée.
- Je l’achète.
- je vous préviens, demoiselle, ça reste précieux. Je vous le céderais volontiers, mais il va falloir y mettre le prix… Le collectionneur fit jouer l’orbe entre ses doigts, comme pour se donner une idée plus précise du montant qu’il pourrait extorquer à la jeune fille. Avez-vous une idée de moyen de payement ?
- Le payement ? Certainement…
Axe se retourna, un grand sourire sur les lèvres.
- Dîtes-moi, de malfrat à malfrat…avez-vous beaucoup d’ennemis à Dùralas ?

Puisque deux des cinq participants manquent à l'appel sur cette session, un malus a été appliqué à l'équipe.
Tous les moyens sont bons, parait-il...

L'équipe du Sud obtient un total de 44 points.

• Saigo obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine.


• Undvik obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine.


• Axe obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine.

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La session se termine pour le Sud avec un objectif de 81% atteint.