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- Spoiler:
Code du règlement : Abyssal
Prénom et nom : Jûken’Maw (se prononce « Djoukèn’Maw »)
Âge : 91 ans (37 ans d'apparence). Étant donné que l’espérance de vie des djöllfulins est d’environ 270 ans, cela fait de Jûken’Maw un adulte).
♀ ou ♂ : Homme
Race choisie : Djöllfulin - une race mystérieuse venant du nord de Dùralas, par-delà la banquise.
Classe envisagée : Technophile - Rouages métalliques, Enfer mécanique… Les sociétés évoluent, l’âge de pierre est révolu. Technologie et magie… De leur amalgame naîtra l’hégémonie : c’est par une ferme doctrine et la force des machines que s’élèveront les nations des prochaines générations.
Le clan auquel appartient Jûken'Maw est spécialisé dans la conception d'armes et d'armures technophiles, le dernier cri en matière d’équipement militaire. Au sein de la société djöllfuline, cet art ô combien complexe n’est maîtrisé que par quelques élus, dont Jûken’Maw à l’honneur de faire partie. S'inscrivant dans la tradition de ses ancêtres, ce dernier se plongea corps et âme dans l'étude et la maîtrise des mécanismes, afin d’exploiter le potentiel sans fin que les progrès technologiques en matière d'armement de ces dernières années ont apportés au monde.
Métier envisagé : Forgeron d’armure - Chauffer, fondre, mouler, frapper, forger, ciseler, polir. De chaque coup porté sur le métal chauffé à blanc jaillit une myriade d’étincelles. L’impact est brutal mais expert, sec mais précis, transformant l’objet en fusion en une matière malléable, encline à épouser le corps que l’artisan souhaite lui offrir. Jouer avec ses courbes ardentes et les modeler afin d’obtenir le corps parfait. Là où braises ardentes et volutes de fumée se déchaînent, où tradition et passion se conjuguent, où puissance et précision se complètent, se tient Jûken’Maw.
Ce dernier s’est impliqué très jeune dans ce métier, fruit d’un d’un savoir ancestral imprégné de toute la tradition de ses aïeuls. Mais c’est au cours des nombreuses guerres de clans ayant marqué la société djöllfuline que Jûken’Maw a véritablement forgé son expérience du travail des métaux, afin de fournir à ses frères, sœurs d’armes et lui-même, la protection nécessaire pour lutter sur les champs de bataille.
Enfin… Outre la création de pièces d’armures, l’un des passe-temps de Jüken’Maw consiste en la confection de masques métalliques à l’effigie de diverses créatures et divinités du folklore djöllfulin.
Pouvoir : Jûken’Maw maîtrise la téframancie, plus communément appelée magie des cendres. Depuis son plus jeune âge, le djöllfulin possède cet étrange et dangereux pouvoir qu’est celui de la génération et manipulation des particules issues de la combustion. Il peut créer, manipuler ces dernières, voire même transformer une cible donnée (terre, arbres, ou son propre corps) en nuages de cendres ardentes, avec toutes les utilisations que cela implique : dissimulation, aveuglement, étouffement, calcination, etc...
Mode hardcore : Non
Mode de présentation : Voie standard
N.B. : le symbole ci-dessous est un lien vers de la musique. Donc lorsque que vous en croiserez au cours de la lecture de cette fiche, n’hésitez pas à cliquer dessus
Au pied d’un autel à offrandes, éclairé de part et d’autre par des vasques emplies de braises rougeoyantes, se tenait debout et pieds nus un djöllfulin : Jüken’Maw était son nom. Ce dernier, déchaussé de ses geta en bois d’ébène, n’était pas le plus grand de ses congénères, notamment parmi les adeptes de Lagmarù, pouvant aisément dépasser les deux mètres. Toutefois, du haut de son mètre quatre-vingts dix, Jûken’Maw possédait tout de même une stature impressionnante. Vu de dos, son corps était enveloppé dans un kimono cintré, dénué de manches, dont la teinte se situait à la croisée du pourpre et de l’indigo. Ledit kimono était bordé à ses extrémités de fines bandes de tissus ambrés, le tout fermé par un obi noir (une ceinture de tissu) au niveau de la taille.
Tourné vers l’autel où était apposé un étrange masque à cornes, il disposa quelques bâtons d’encens qu’il embrasa d’un simple contact de ses doigts calleux et sertis de griffes discrètes, le tout sous le regard attentif d’une grande statue de golem surplombant ledit autel : Lagmarù, le dieu djöllfulin de la force.
Tandis que des offrandes ardentes s’échappait une forte odeur boisée et épicée, imprégnant l’air chaud de la salle d’une essence rituelle, l’individu s’agenouilla. Lentement, religieusement, il défit le haut de son habit et le laissa tomber sur ses genoux, révélant aux yeux de son dieu un buste à la musculature sèche et abondante, synonyme d’un entraînement physique intense et régulier.
Contrairement à la majorité des adeptes de Lagmarù, qui arboraient une morphologie proéminente, la musculature de Jûken’Maw trahissait une volonté de liberté, de précision et de contrôle dans le mouvement.
Mais c’est le spectacle joué à même la peau rouge cendrée et discrètement écaillée du djöllfulin qui captiva l’attention de la divine statue : sur tout le buste de Jûken’Maw était tatoué une immense et superbe fresque, composée de scènes de guerres sacrées, de symboles rituels et de représentations mythologiques, vantant la grandeur et la puissance du dieu Lagmarù alors qu’il combattait les forces obscures voulant étendre leur emprise sur le royaume divin du Kashbarùk (le paradis Djöllfulin). Tel une estampe de maître, formes et couleurs, tracées et appliquées dans un ordre scrupuleux et avec une minutie extrême, se mélangeaient et s’entrelaçaient afin de former une parfaite harmonie, si bien que l’on pourrait la croire vivante en la contemplant.
Flatté par la beauté de cette œuvre et de l’honneur qui lui y était rendu, la statue de Lagmarù dévisagea finalement le disciple agenouillé, qui releva la tête, yeux clos, vers son idole de pierre. Les traits de son faciès, illuminés par l’aura des braises rituelles, étaient à l’image de sa musculature : secs, durs, marqués. Une expression de sérieux, voire de sévérité constante était gravée sur le visage du djöllfulin. Une sévérité amplifiée par une large cicatrice verticale allant du bas de son œil droit jusqu’à sa pommette.
Un léger courant d’air traversa la petite salle où se recueillait Jûken’Maw, faisant légèrement teinter ses boucles d’oreille en onyx, prenant la forme de deux losanges en relief, puis s’engouffra dans ses cheveux. Ces derniers, raides, sauvages et coiffés en arrière à la manière d’une crinière, arboraient une teinte de jais, ponctuée de quelques mèches de couleur cendre. Enfin, ses cornes, attributs par excellence des djöllfulins, étaient grises, de taille moyenne, pointant vers l’arrière de sa tête tout en suivant de près la ligne de son crâne.
Tandis que quelques braises volaient au vent, sa langue grisonnante passa brièvement sur ses lèvres asséchées par la chaleur ambiante, découvrant l’espace d’un instant une rangée de dents acérées. Alors il ouvrit les yeux vers son guide spirituel, révélant un regard ardent, un iris flamboyant tel un volcan entrant en éruption et perçant tel un rapace scrutant l’horizon.
Puisses-tu me donner la force de combattre et de terrasser nos ennemis... Lagmarù. Déclama-t-il solennellement d’une voix profonde et rocailleuse avant de se relever lentement. Sa prière achevée, Jûken’Maw remit méticuleusement le haut de sa tunique, nettoya l’autel puis ramassa son masque apposé à sa surface. Il le contempla quelques instants, comme plongé dans ses pensées et le plaça sur son visage. Enfin, le djöllfulin se dirigea vers l’un des piliers de la salle, où était adossés son katana ainsi que son fusil. Deux armes qu’il plaça respectivement à sa ceinture et dans son dos avant de quitter silencieusement la pièce.
1 – Rapports sociaux
Contrôle : Jûken’Maw est avant tout un homme de contrôle qui aime avoir une vision globale et accès à l’ensemble des paramètres d’une équation. Il n’agit quasiment jamais sans réfléchir et prévoit toujours plusieurs plans à l’avance afin d’anticiper les retournements de situation. Ses mouvements, de même que ses mots, sont précis, pesés, calculés.
Law and order : Ayant reçu une éducation militaire et religieuse très poussée. Il aime et prône l’ordre, la droiture, la rigueur, les cadres, l’honneur et le respect. Pour lui, règles et principes sont les fondements de la vie et il ne tolère pas qu’on les bafoue impunément. La justice se doit d’être un modèle d’autorité : inflexible, implacable, impitoyable, intraitable.
Taciturne : Le moins qu’un puisse dire, c’est que Jûken’Maw n’est pas quelqu’un de facile à aborder dans la vie de tous les jours. Il parle peu et rarement, allant toujours à l'essentiel. Il se trouve qu’il est en réalité quelqu’un d’extrêmement méfiant et suspicieux, surveillant et décryptant sans cesse ses interlocuteurs et le monde qui l’entoure. Sa confiance, qu’il n’accordera jamais au premier abord, est difficile à gagner et aisée à perdre.
2 – Combat
Concentration : Jûken’Maw est un homme d’une extrême concentration. Au combat, il privilégie les attaques surprises, les frappes éclairs et réfléchies aux attaques frontales, les mouvements calculés aux assauts brutaux. Son faible débit de paroles est compensé par un cortex en perpétuelle réflexion. C’est un esprit calculateur avant tout, un tacticien. Préférant prendre ses adversaires de court, corps à corps ou armes à feu sont ses domaines de prédilections. Des affinités se retranscrivant dans ses armes de prédilection : un katana ainsi qu’un fusil de précision.
Dur à cuire : Le djöllfulin, de par sa formation militaire et religieuse, est habitué à la vie à la dure. Par conséquent, il ne laisse que très rarement ses émotions prendre le dessus, faisant preuve d’un self-contrôle parfois effrayant, et ce, même dans les situations les plus désespérées. Lorsqu’il est en mission ou qu’il s’est fixé un objectif, Jüken’Maw fait preuve d’un détermination sans faille à la réalisation de celui-ci. C’est un homme tenace, persévérant, qui ne reculera pas devant la douleur et les blessures afin d’atteindre son but.
Solo : Ce n’est pas qu’il est contre le travail d’équipe qu’il reconnaît comme une nécessité évidente, mais… disons qu’il estime que pour les choses soient bien faites, autant les faire soi-même.
3 - Religion
Lagmarù : Au sein du panthéon djöllfulin, Jûken’Maw, bien que ne reniant pas les deux autres divinités, voue un culte tout particulier à Lagmarù, le dieu de la force (généralement représenté sous la forme d’un golem de roche en fusion). Il considère que c’est de lui qu’il tient son pouvoir de téframancie. Disciple dévoué, il lui dédie sa combativité, sa persévérance et ses victoires au combat. Tel un guide spirituel, sa foi ne le quitte jamais, sans pour autant aveugler son jugement sur les événements du monde des mortels auxquels il doit faire face.
Kar’Magûl et Urgaal’Mar : Les deux autres dieux du panthéon djöllfulin ne sont pas méprisés par Jûken’Maw. Il lui arrive de rendre grâce à Kar’Magûl (le dieu de l’érudition), notamment pour sa connaissance des arcanes, mais Jûken’Maw ne lui reconnaît qu’un enseignement exclusivement théorique des savoirs et de la maîtrise magique. Il considère que son pouvoir de téframancie et la puissance qu’il renferme sont le fruit des faveurs de Lagmarù.
Enfin, il reconnaît les apports du diablotin Urgaal’Mar (le dieu de la ruse) en matière de manipulation des yeux et de l’esprit des adversaires. Des apports se traduisant chez Jûken’Maw par sa maîtrise de la discrétion et d’une certaine forme de diplomatie. Toutefois, cette dernière divinité reste la moins appréciée chez Jûken’Maw car elle rentre souvent en conflit avec ses préceptes moraux.
Le Kashbarùk : Comme tous les djöllfulins, Jüken’Maw espère bien que son âme s’élèvera au Kashbarùk afin d’y demeurer pour l’éternité, aux côtés de ses dieux. Toutefois, le paradis écarlate n’est pas un royaume dont les clefs sont octroyées à la mort du croyant. En effet, tous les djöllfulins ayant atteint l’âge de la raison peuvent se projeter au sein du Kashbarùk par l’intermédiaire de la méditation et de la transe, afin d’y prier, de l’explorer et de s’élever dans les différents cercles le composant. Une pratique religieuse à laquelle Jûken’Maw ne fait pas exception.
4 - Vision du monde
Entre tradition et modernité : On pourrait croire que le djöllfulin, de par ses croyances, exècre toute forme d’évolution soudaine, mais ce serait se tromper lourdement. En grand pragmatique, Jûken’Maw éprouve un réel intérêt pour le progrès technologique qu’il considère comme la suite logique de l’évolution des êtres vivants et pensants, tant que ce progrès est
controlé. Car là est le cœur de sa pensée, cette délicate et anodine osmose entre tradition et progrès faisant toute la particularité de Jûken’Maw.
–- I - Quelque part, sur les flancs du mont Vulkar - I —
Un voile de poussière rougeâtre balayait le sol de pierre taillée d’une arène circulaire cernée de gradins. À sa surface était disposé une douzaine de statues en terre cuite ayant l’apparence de monstres humanoïdes à tête d’animaux exotiques… Si d’une statue à l’autre, leur forme, leur corpulence, les armes d’exposition et leur disposition dans l’arène différaient, elles avaient toutes deux éléments en commun : de mystérieux symboles étaient gravés à même leur corps ; mais surtout, leurs regards étaient unanimement braqués vers un individu agenouillé au centre de la salle.
Une solide peau cendrée et craquelée recouverte d’un exotique tissu, deux cornes sur un visage affublé d’un masque menaçant. Jûken’Maw était un représentant de la race des djöllfulins, vulgairement appelés « démons nordiques » par ceux qui les méconnaissaient.
Mains posées sur les cuisses, non loin d’un katana placé au niveau de son obi. Dos courbé sur lequel reposait un étrange fusil… Ce dernier était plongé dans une profonde concentration, comme attendant que quelque chose d’inattendu vienne faire prendre vie à cet étrange tableau.
Soudain, les symboles gravés sur les statues se mirent à rayonner d’une étrange lueur ambrée. Dans un raclement sourd et unanime, l’armée de terre cuite à laquelle on venait d’insuffler la vie s’anima puis se mit en garde, pointant simultanément leurs armes en direction du djöllfulin, immobile. Un silence pesant s’installa, seulement rythmé par le souffle du vent s’engouffrant dans les interstices de ses vêtements de tissu.
C’est alors que le pantin le plus proche, lassé d’attendre, décida soudain de passer à l’offensive. Mais il eut à peine le temps d’abaisser son cimeterre que sa tête, tranchée net au niveau du cou, glissa lentement de son buste de terre cuite avant de venir se fracasser sur le sol, révélant un cristal magique dissimulé à l’intérieur.
Le djöllfulin, dont la lame avait été rengainé aussi vite qu’elle n’était apparue, dévisagea alors ses adversaires d’un regard ardent. Ces derniers se fixèrent entre eux, partageant une sorte d’expression hésitante. Puis, rattrapés par leur condition de marionnettes écervelées, se ruèrent finalement sur le djöllfulin, toutes armes dehors.
Vif comme l’éclair, Jûken’Maw dégaina son katana avant de trancher les deux pantins les plus proches de lui. Il planta sa lame dans le visage de lion d’un troisième larron avant de se saisir de son fusil et de faire feu à deux reprises. Les plombs fendirent l’air avant de faire voler en éclats la tête de deux autres statues animées, portant respectivement un bô et un jambiya.
Une ombre obscurcit soudainement la vision du djöllfulin. Ce dernier enfonça alors brusquement la crosse de son arme dans la tête de son voisin de gauche, puis récupéra son katana avant de le lever vers le ciel, bloquant in extremis une lame de cimeterre tenue par un assaillant aérien. Une volée d’étincelles jaillit tandis que les deux combattants croisaient le fer. Mais prenant de cour le bretteur d’argile, Jûken’Maw le désorienta par un violent coup de boule, porté à l’aide de son masque métallique, puis se saisit de sa tête avant de la fracasser contre celle de l’un de ses acolytes.
Les quatre derniers golems de terre cuite se résolurent à lancer un assaut groupé sur leur adversaire. Ce dernier, reprenant son arme à feu enfoncée dans le corps d’un statue, en abattit un, armé d’un fléau, puis se saisie de son katana avant de se livrer à un violent corps-à-corps.
Tandis que le combat faisait rage, du mouvement se manifesta dans les gradins du bâtiment. Une djöllfuline traversa ces derniers puis s’assit aux côtés d’un autre, afin d’assister au spectacle qui se jouait en ces lieux.
Il s’entraîne encore ?Oui… Ça fait déjà trois heures *baille*
Ce type est une véritable machine...Heureusement que la fabrication des golems de terre cuite n’est qu’une formalité pour toi… Au rythme où il les détruit.À défaut d’être très solide, mes golems sont extrêmement résistants à la chaleur. Sa magie est assez inefficace sur ce matériau.Hum… Ce n’est pas ça qui l’arrête visiblement.En effet, après avoir asséné une violente ruade dans le torse de la dernière statue en terre cuite encore debout, Jûken’Maw récupéra l’arme qu’elle maniait. Le golem tenta de se relever rapidement, mais la dernière chose qu’il aperçu est son opposant abattre violemment une énorme masse à deux mains sur son visage d’argile.
Bô, jambiyas , katanas, masses d’armes, naginatas, cimeterres, fléaux, kukhris. Une flopée de ferraille et de débris de terre cuite jonchaient le sol de l’arène au milieu duquel se trouvait Jûken’Maw. Machinalement, ce dernier débarrassa les particules d’argile de sa lame d’un coup sec dans l’air. Puis il inspecta, nettoya et rechargea son fusil avant de ranger ses deux armes. Enfin, après avoir salué le créateur des golems, il quitta l’arène d’entraînement, passant entre deux immenses statues du divin golem Lagmarù qui gardait l’entrée.
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Après avoir quitté le village et marché un moment, Jûken’Maw atteignit finalement un petit plateau de pierre donnant sur une immense vallée. Il s’y assit en tailleur, pensif et retira son masque. Puis il sortit une pipe, qu’il remplit de tabac aromatisé avant de l’embraser d’un claquement de doigts.
Il tira alors dessus... marqua un temps... puis expira longuement. Une épaisse fumée vint embrumer le panorama baigné dans les rayons pourpres d’un exotique coucher de soleil.
~~~ II - ??? - II ~~~
D’innombrables éclairs zébraient un ciel aussi sombre qu’apocalyptique. En contrebas s’étendait une forêt aux feuilles de sang, parcourue sur toute sa surface d’une brume inquiétante, d’où s’élevait d’effrayants hurlements. Au milieu du bois gisait un corps famélique, recouvert d’un sorte de poudre d’ivoire et arborant un masque métallique à l’effigie d’un animal monstrueux. De son torse maladroitement perforé à de multiples reprises se déversait un sombre liquide, serpentant sur le sol desséché, jusqu’aux pieds griffus d’un jeune djöllfulin. Ce dernier, n’ayant pas plus de huit ans, cramponnait fermement sa main juvénile sur le manche d’une dague sculptée et ensanglantée, qu’il pointait en face de lui.
Soudain, surgissant de la brume, de nombreux monstres humanoïdes, portant chacun un masque d’animal différent, s’avançaient vers l’enfant, armes rituelles en main. Ils jetèrent un œil au cadavre de leur semblable, qui se dissolvait dans un sombre fumée, puis hurlèrent à s’en déchirer les cordes vocales.
L’enfant, acculé contre un arbre, poussa un cri rageur, agitant sa dague devant lui afin de les tenir en respect. Mais ce mouvement lui arracha un nouveau cri de douleur dont la source se situait sur son flanc droit. À cet endroit était appuyée son autre main, recouverte de sang et semblant dissimuler une entaille encore fraîche. L’enfant posa alors un genou à terre et lâcha sa dague, luttant contre la souffrance et la fatigue qui l’assaillait.
Les cris des créatures squelettiques, amalgame de rage et de folie, redoublèrent d’intensité alors qu’elles se jetèrent sur l’enfant désarmé. Ce dernier, bien que sentant venir ses derniers instants, ne ferma ni ne quitta des yeux ses adversaires. Une nuée de cendres ardente s’échappa soudain de son corps avant de graviter lentement autour de lui. Qu’importe l’issue, il tenterait d’en emporter le maximum avec lui dans la tombe.
Mais alors qu’il s’apprêtait à se faire transpercer de toute part, un intense rayon de lumière ambrée vint s’abattre sur la forêt, éblouissant le jeune enfant. Une lumière d’où descendit un vieux djöllfulin, drapé dans une longue toge de couleur pourpre. Au contact de l’aura éclatante, les créatures difformes hurlèrent à la mort avant de se dissoudre dans un nuage de fumée, tandis que leurs armes et masques de métal chutèrent avec fracas sur le sol.
Alors que la vue de l’enfant se troublait, son mystérieux sauveur se rapprochait de lui. Le bruit de ses pas, secs et réguliers, devinrent sourds et résonnants. Arrivé à sa portée, le vieux djöllfulin s’adressa finalement à lui d’une voix puissante et chaleureuse.
Attrape ma main mon garçon… Quittons cet endroit.Usant de ses dernière forces, l’enfant avança sa main tremblotante vers celle qui lui était tendue, puis la saisie fermement, avant de sombrer dans l’inconscient.
~~~ III - Cité fortifiée de Drashôn’Khùr - III ~~~
Un lit… La chaleur d’une cheminée. Une… désagréable douleur sur le flanc droit. Ses sens lui revinrent peu à peu. Alors qu’il émergeait difficilement, le jeune djöllfulin se rendit compte de deux choses. La première était qu’il semblait encore en vie. La seconde, qu’il n’était pas seul dans la pièce. Et pour cause : deux personnes étaient en train de converser à son chevet.
Êtes-vous sûr de ce que vous affirmez, haut-prêtre Shendû ?Oui… Le village de Kaal’Girèj aux abords duquel je passais pour me rendre à la capitale a été entièrement pillé et brûlé.Par Lagmarù… Encore les Ghur’tys. Ils deviennent un vrai problème ces derniers temps. Et cet enfant ? Qui est-il ?Je l’ai retrouvé enfoui sous les décombres enflammés de ce qui était probablement sa maison. C’est le seul survivant de l’assaut. Le reste de la population a été massacré.Un orphelin de guerre… Ils sont légions en ces temps troublés. Bien... Qu’attendez-vous de moi exactement haut-prêtre ? Avec les incessants raids Gùr’thys venant des steppes du Nord, nous sommes débordés ces derniers temps. Rôshann… Je n’irais pas par quatre chemins. Je veux que vous appreniez à cet enfant tout ce que vous savez. Il a un fort potentiel ne demandant qu’à être exploité. Je l’ai senti... Je ne peux vous enlever qu’il a l’air robuste, mais... Notre rôle est de former les générations futures à la rudesse de ce monde Rôshann. Nous ne pouvons les laisser tomber. Ils représentent l’avenir ! Votre clan est spécialisé dans la maîtrise d‘équipement militaire de pointe. Faites-en un fier guerrier, un apôtre de cette nouvelle technologie à la hauteur de la réputation de la cité de Drashôn’Khùr.Sauf votre respect haut-prêtre, il est peut-être encore trop jeune pour maîtriser les rouages complexes de cet art. Sans parler du traumatisme qu’il a dû endurer en voyant son village réduit à néant. C’est juste. C’est pourquoi les prêtres du temple de Lagmarù de votre cité superviseront son entraînement. J’ai une totale confiance en leurs compétences. Ils s’occuperont de sa formation physique, intellectuelle, morale et spirituelle. De plus, ce jeune djöllfulin semble avoir une affinité particulièrement forte avec le dieu golem… Il faut qu’il soit initié dès que possible au voyage à travers les cercles du Kashbarùk.Face à l’insistance du haut-prêtre, Rôshann fit quelques pas à travers la chambre, songeur, puis délivra finalement son verdict.
Très bien... Mais il n’aura pas de traitement de faveur. Son éducation sera aussi stricte que possible, à l’image de celle que nous dispensons à nos fils et à nos filles. Tel sont les règles de notre clan. Nous tenons à maintenir une image d’excellence.Cela va sans dire. Soyez aussi strict que vous l’estimerez nécessaire. Il redressa sa toge.
Il est donc tout à vous. Formez-le bien. Sur ce, veuillez m’excuser, mais je me dois de prendre congé... Puisse Lagmarù vous donner la force de terrasser vos ennemis, Rôshann.Shendû partit, Rôshann, chef de la cité de Drashôn’Khùr, se tourna vers l’orphelin, qui ouvrit enfin les yeux.
Comment t’appelles-tu ? Questionna le djöllfulin d’une voix martiale en s’approchant de lui.
… Jûken’Maw. Parfait. Ta formation commencera demain, à l’aube. ~~~ IV - Drashôn’Khùr : Temple local de Lagmarù [2 ans plus tard] - IV ~~~
Relève-toi et recommence ! La voix dure et sèche du prêtre de Lagmarù résonna dans l’entièreté de la salle d’entraînement du temple.
Gisant au sol, au milieu d’un vaste cercle de duel, le corps couvert de poussière et d’hématomes de Jûken’Maw tentait péniblement de se relever. Mais à peine était-il de retour sur ses deux pieds, que le prêtre lui balaya les jambes d’un vif et ferme coup de bô (un long bâton d’entraînement), faisant de nouveau mordre la poussière au jeune djöllfulin.
Pitoyable… Souviens-toi ! Lagmarù te regarde. Fit-il en désignant de son bâton les statues du divin golem, cernant et dominant le cercle d’entraînement.
Ne lui fais pas honte ! Ne courbe jamais l’échine face à ton adversaire !Mobilisant ses efforts et malgré la douleur atroce, Jûken’Maw se redressa subitement, évitant de justesse un nouvel assaut de son instructeur par deux brefs sauts en arrière. Encore chancelant, l’enfant fixa de ses yeux pochés son opposant, qui lui, se remit calmement en position. Le prêtre craqua fermement ses poings, avant de l’inciter à approcher et attaquer d’un bref signe de la main. Répondant à la provocation, Jûken’Maw serra les dents tandis que ses yeux s’embrasaient d’une magie incandescente. De son corps jaillit alors un nuage de cendres ardentes qui gravita quelques instants autour de lui avant de recouvrir ses poings. Puis, investit d’une puissance nouvelle, il se précipita vers son adversaire.
Arrivée à porté de son maître, l’élève asséna plusieurs coups en direction de ce dernier. Mais ils furent tous bloqués avec une facilité et une adresse déconcertante. La réponse du prêtre fut alors sans appel : un rapide et sec coup de pied dans le visage de l’enfant l’envoya voler de plusieurs mètres. Mais malgré une bouche baignant dans le sang, Jûken’Maw revint à la charge.
Tes mouvements sont prévisibles… Son poing cendré fut stoppé net dans sa course par la paume ouverte de son maître.
Tes attaques sont faibles… Ta magie est balbutiante… Bien que la main de l’enfant brûlait sa peau, le prêtre ne semblait pas éprouver la moindre douleur.
Ta vitesse et ta réactivité déplorables… Profitant de l’effet de surprise, il lui asséna un violent crochet dans le flanc droit.
Tu manques de force, d’adresse, de concentration, d’endurance. Le prêtre s’accroupit soudainement avant de décrocher un violent uppercut dans le menton du jeune djöllfulin, projetant ce dernier dans les airs...
Tu dois apprendre à prédire, esquiver… et surtout encaisser ...avant de le réceptionner d’un monstrueux coup de genou dans l’abdomen.
Touché de plein fouet, Jüken’Maw vomi immédiatement une abondante gerbe de sang avant de s’écraser contre l’un des piliers de la salle.
Souviens-toi ! La rage n’est qu’une option temporaire, une piqûre d’adrénaline afin de te maintenir dans l’affrontement. Si elle est l’unique moteur de ton action, elle aveuglera ton jugement et ne te sera d’aucune utilité. À long terme, seul un contrôle absolu de ta pensée et de tes actions pourra faire émerger un schéma cohérent et ainsi t’ouvrir des opportunités de victoire…Tandis que le prêtre déclamait son sermon, Jûken’Maw, la tête baignant dans un mélange de poussière et d’hémoglobine était sur le point de s’évanouir de douleur.
La leçon est suspendue pour aujourd’hui… Déclara-t-il en essuyant les quelques poussières s’étant déposés sur sa toge au cours de « l’affrontement ». Mais alors qu’il s’apprêtait à quitter la salle, un bruissement dans la poussière de la terre battue le fit se retourner.
Jûken’Maw, meurtri de toutes parts, se redressa encore une fois. Malgré son état critique, il s’avança en titubant, avant de pénétrer une nouvelle fois dans le cercle d’entraînement. Recouvert de poussière ocre, le jeune djöllfulin respira un long moment afin d’apaiser la douleur envahissant son corps. Puis il se mit en garde, avant de planter un regard déterminé dans les yeux de son maître :
Je… Je pourrais faire ça toute la journée.Un sourire en coin se dessina sur le visage du prêtre de Lagmarù.
Hum... Bien... Très bien. Il fit craquer son cou d’un large mouvement d’épaule. Alors recommence. Persévère. Surprends-moi...~~~ V – Bastion de Shun’kray [30 ans plus tard] – V ~~~
Jûken’Maw traversa violemment une palissade de bois, faisant voler le masque démoniaque recouvrant son visage. Se remettant rapidement du choc, il se saisit de son fusil technophile, tira trois coups de feu puis dégaina son katana avant de stopper la lourde de lame de l’adversaire l’ayant projeté : Un puissant et coriace djöllfulin en armure, du nom de Shûgendô.
Autour d’eux gisaient plusieurs cadavres, certains tués par balle, d’autres calcinés, ou encore séparés de leur tête par les soins de Jüken’Maw. Le djöllfulin était maintenant un jeune adulte, opérant en tant qu’espion et saboteur dans une guerre farouche opposant Drashôn’khùr à un obscur clan vénérant également Lagmarù. Si l’objectif de sa mission, à savoir dérober des documents secrets et saboter plusieurs installations en vue d’une offensive future de Drashôn’Khùr s’était révélée concluante, s’enfuir du bastion ennemi de Shun’Kray s’était révélée plus compliquée que prévu.
Voici donc le petit prodige de Drashôn’Khùr… Crois-tu pouvoir t‘enfuir aussi facilement ? La pression exercée par ce dernier sur la lame du katana de Jûken’Maw redoubla soudainement pour devenir quasiment insoutenable.
…Tu n’es pas bavard à ce que je vois. Mais tu es cent ans trop jeune pour me tenir tête ! Dans un élan de rage, Shûgendô asséna un violent coup de tête à son adversaire. Ce dernier désorienté, il abattit alors violemment sa lame vers son opposant. L’impact désarma Jûken’Maw, puis traça une profonde entaille sous son œil droit, avant de venir fracasser des dalles de pierres du sol.
Mais alors que Shûgendô s’apprêtant à éventrer le jeune djöllfulin, une petite sphère technophile roula jusqu’à ses pieds, puis s’ouvrit avant de diffuser un épais nuage de cendre dans toute la pièce.
Un brouillard de dissimulation… Tu es un petit malin Jûken’Maw. Dommage que nous ne soyons pas du même côté… Nous aurions pu faire de grandes choses ensembles !Une voix profonde et étouffée résonna au cœur de la cendre, semblant provenir de tous les côtés.
Ton clan répand la mort et destruction sur ces terres… Tu massacres des populations civiles depuis plusieurs années. Même la mort serait une sanction trop douce pour toi… Tout ce sang… est le prix à payer pour satisfaire mon dieu.Ne blasphème pas vermine. Tu dévoies les valeurs de Lagmarù en t’exprimant de la sorte. Une violence aveugle n’a jamais fait partie de ses préceptes.Ooooh ! Mais je ne parle pas de lui, ni d’Urgaal’Mar ou même de Kar’Mâgul...… Qu’est-ce que tu racontes ? Explique-toi ! Mais il n’obtint pour seule réponse qu’un rire narquois.
Alors que yeux de Shûgendô s’adaptaient à la fumée, ce dernier se saisit d’un objet métallique traînant sur le sol : le masque de Jûken’Maw.
Un bien bel ouvrage, je dois le reconnaître. J’ai entendu dire que c’est toi qui les fabriquais… Après l’avoir contemplé un instant, le robuste djöllfulin s’en équipa avant de s’esclaffer à nouveau.
Bien... Il sera le dernier visage que tu verras avant de passer de vie à trépas !… Tu aimes ce masque ? Se laissant tomber du plafond, Jûken’Maw agrippa le visage de son adversaire.
Alors permet-moi de te l’offrir. Sitôt fait, il mobilisa toute la puissance sa magie ardente dans les paumes de ses mains avant de faire chauffer à blanc le métal composant le masque qu’avait enfilé Shûgendô, soudant ce dernier à même sa chair. Un hurlement monstrueux résonna dans tout le bastion, pendant de longues secondes d’agonie, avant de se taire à jamais...
Puisse Lagmarù avoir pitié de ton âme…
–- VI – De retour sur les flancs du mont Vulkar [50 ans plus tard] – VI ---
Alors que Jûken’Maw se perdait dans ses souvenirs, un mouvement derrière lui l’extirpa de sa torpeur. Il jeta un regard par-dessus son épaule, main sur la paume de son katana
Encore en train de ressasser le passé Jûken’Maw ? Questionna un vieux djöllfulin en habits religieux, tout en s’approchant de lui.
Haut-prêtre Shendû… Jûken’Maw inclina brièvement la tête en signe de respect.
Puis-je me joindre à toi ?... Oui. Bien sûr. Merci. Le haut-prêtre réajusta sa toge pourpre avant de s’asseoir en tailleur, aux côtés de Jûken’Maw. Un long silence s’installa, avant que le prêtre ne se décide à briser la glace.
Cela faisait bien longtemps que je ne t’avais pas vu mon fils.Je suis simplement de passage…Je vois. Et quand repars-tu ?Demain, à l’aube. Oh… Bien.Face aux deux djöllfulins silencieux s’étendait un panorama à la fois escarpé et apaisant, baignant dans les couleurs du crépuscule.
*Soupire*
Décidément, ce paysage a le don de me rendre nostalgique. Il me rappelle combien nos terres ancestrales étaient splendides. … Mais tant de choses se sont passées. N’est-ce pas ?… Oui.Je sais mon fils… C’est difficile de croire que nous sommes un peuple en exil. Nous qui avions tant avant cela. Mais… Il leva les yeux au ciel
… Tout a changé avec cette prophétie.À ces mots, Jûken’Maw prit une longue bouffée de tabac aromatisé, laissa l’exotique fumée s’échapper lentement de sa bouche, avant de tendre la pipe à son mentor.
Merci bien. Le vieil homme inspira longuement avant d’exhaler à son tour une épaisse vapeur épicée.
Cette vision… apocalyptique. Tu l’as vue, nous l’avons tous vu il y a quarante ans. Poursuivit le prêtre.
Certains ont refusé d’y croire tant elle paraissait folle. Mais comment auraient-ils pu se douter qu’une telle chose se réaliserait ? Comment imaginer un seul instant la destruction totale de nos terres, des terres de tout les djöllfulins, par un cataclysme sans nom.Les présages ne sont jamais à prendre à la légère. Vous le savez tout aussi bien que moi haut-prêtre.Hélas oui. Certains signes avant-coureurs se manifestaient. Le sol était de moins en moins fertile, la terre s’asséchait. Faune et flore mourraient… et surtout, une présence obscure se répandait insidieusement dans les cercles supérieurs du Kaskbarùk. C’est bien pour cela que vous, moi, notre clan ainsi qu’une poignée d’autres avons pris cet avertissement des dieux au sérieux et sommes partis, il y a quarante ans de cela.Le premier d’une longue série d’exils. Quel immense sacrifice cela a été pour nos populations. Abandonner nos villes, nos villages, nos maisons, nos terres, celles que nous occupions depuis des temps immémoriaux. Partir vers le sud. Plonger dans l’inconnu en quête d’une terre promise. Cette traversée fut éprouvante pour les clans djöllfulins ayant décidé de s’exiler de leurs terres. Le froid, la maladie et les morts-vivants de l’immense banquise au nord de Dùralas décimèrent leurs rangs, et ce, malgré l’extrême ténacité de cette race. Mais ils ne perdirent jamais espoir, car leurs dieux les guidaient à travers cet enfer glacé. Puis un beau jour, à l’aube, un gigantesque mont fumant apparu, auréolé des rayons d’un soleil levant : le Vulkar. Un cadre idéal, un environnement sensiblement similaire à celui de leurs terres perdues. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils décident d’y établir un premier village sur son flanc. Un havre destiné à abriter tous les clans et les familles djöllfulines qui désiraient y trouver refuge.
Nous avons prié le ciel que ce village ne vienne jamais à se remplir massivement, car cela signifierait la fin de notre monde originel, mais...C’est pourtant ce qui vient de se produire. La prophétie s’est réalisée et le cataclysme s’est abattu sur eux.Malheureusement… Il n’a laissé que ruines et désolation sur son passage. Et maintenant, nos frères et nos sœurs rescapés arrivent par centaines, fuyant nos terres où la vie même à été arraché.Le regard nostalgique de nos deux protagonistes se détachèrent alors de l’horizon pour se déporter dans la vallée, où de vastes colonnes de réfugiés djöllfulins progressaient en direction du village.
C’est un bien triste bilan de notre situation... Dis-moi, mon fils. Comment se porte ton clan depuis tout ce temps ?Un énième nuage de fumée s’échappa de la bouche de Jûken’Maw.
Suite à la décision de Rôshann, nous nous sommes essaimés à travers Dùralas. De petits et discrets établissements. Des points d’échange et de ravitaillement.Les affaires s’y portent bien ?Oui… Même si les habitants de ce continent sont encore méfiants, ils sont friands de notre technologie et nos produits exotiques.Bien. C’est au moins ça… Et toi ? J’ai entendu dire que tu sillonnais le pays. Tu ne commerces pas aux côté des tiens ?Je me suis fait mercenaire.Tu vends ta force au plus offrant ? S’étonna le haut-prêtre en se tournant vers le djöllfulin.
Non… Je l’offre là où le besoin d’ordre et de justice se fait le plus pressant.À ces mots, le haut-prêtre Shendû fixa alors Jûken’Maw, cherchant une signification à cette étrange réponse.
Tu sembles troublé. Ce n’est pas dans tes habitudes. Et bien… Cela fait maintenant près de quarante ans que je sillonne ce continent. Je l’ai observé, dans l’ombre, sous toutes ses facettes. Mais certaines d’entre elles sont immondes à contempler.La guerre est universelle et ces terres n’y font malheureusement pas exception mon fils. Mais c’est par le combat que tu plairas à Lagmarù.Oui, mais des combats menés avec altruisme, dans le but d’établir l’ordre et la sécurité pour tous. Ce monde, lui, est corrompu jusqu’à l’os, gangrené par de sombres organisations régnant en maître sur de larges portions de territoire. Des conglomérats de voleurs, d’assassins, de psychopathes endurcis. Toute cette… Ses traits se crispèrent
...vermine sans foi ni loi prolifère, sans que personne ne tente quoi que ce soi pour les arrêter.Je sais. Les rapports venant du sud n’étaient déjà pas très édifiants. Aux dernières nouvelles, ils ont remportés la guerre des factions et s’étendent de jour en jour, telle une infection sur une plaie ouverte.Ce n’est qu’un début… Toutes les pires raclures de ce continent se sont réunies sous une même bannière. Les autres factions sont abattues, désorganisées, démoralisées. Elles sont incapables de faire régner la loi sur leurs propres territoires et laissent ce monde en pâture aux charognards. C’est à se demander si elles croient encore en ce qu’elles défendent.Décidément, les personnes aux fortes convictions et aux valeurs affirmées se font rare de nos jours. Si la justice courbe l’échine face aux forces du mal, alors je ne donne pas cher de la peau de ce continent… Que comptes-tu faire mon fils ?Jûken’Maw serra fermement son poing dont la surface commençait à se craqueler et à rougir.
Faire honneur à Lagmarù. Me battre pour rétablir une justice forte et respectée de tous dans ce monde voué au chaos, dût sais-je y donner ma vie.Je vois… Tu as donc mûrement réfléchi ta décision. Le prêtre marqua un temps, comme absorbé dans ses pensées avant de se retourner vers Jûken’Maw.
Il est évident que ce monde est malade, en crise de justice. Et aussi vrai qu’un corps a besoin d’eau pour survivre, un monde sans loi et justice est voué à l’autodestruction. Il se redressa puis réajusta sa toge.
Un travail titanesque t’attend, mais tu as tout mon soutien mon fils. Fais honneur à nos préceptes et défends-les corps et âmes... Pour le bien de ce monde.Sur ces mots, Shendû tourna les talons à l’enfant qu’il avait sauvé il y a près de soixante-dix ans, avant de quitter les lieux, non sans un ultime conseil :
Jûken’Maw… Souviens-toi. Sois sans pitié avec tes ennemis, car eux n’en auront aucune à ton égard.Je ne compte pas leur accorder ce plaisir… Rétorqua simplement ce dernier, sans quitter des yeux le panorama montagneux lui faisant face.
Un léger sourire vint illuminer le visage usé par les affres du temps du vieux djöllfulin.
Alors me voilà rassuré mon fils...
Alors que le vieux prêtre s’éloignait, un vent chaud se leva et se mit à souffler sur la vallée tout entière. Tandis que les zéphyrs et le bruissement des feuilles écarlates emplissaient le paysage d’une douce torpeur, la main décharnée de Jûken’Maw vint lentement apposer son masque infernal sur son visage strict, ne laissant transparaître que deux pupilles ardentes et fumantes. Et tandis que son corps exhalait d’hypnotiques fumerolles de cendres brûlantes, une voix caverneuse résonna dans les airs.
Ils se croient tout permis... Jouent aux apprentis seigneurs et font de ce monde leur terrain de jeux. Mais je vais leur montrer… Je vais leur montrer qu’on ne se moque pas impunément de la Loi. Je vais leur apprendre ce que c’est… de craindre la Justice.
- Ramener un semblant d’ordre et de sécurité sur ce continent gangrené par le chaos et l’anarchie. Alors c’est clair que pas mal de monde verra cette initiative d’un mauvais œil, mais ça tombe bien : Jûken’Maw n’est pas là pour se faire des amis.
- Perfectionner sa maîtrise de la téframancie. La vermine, ça salit et corrompt tout ce que ça touche. Mais la téframancie, elle, a le pouvoir de nettoyer tout ça. Elle dissout tout sur son passage et de la terre, fertilisée par les cendres calcinées du corps de ses ennemis, peut ainsi renaître la vie.
- Développer ses connaissances technologiques. Le progrès technologique encadré est une marche vertueuse vers l’élévation des civilisations. En tant que membre d’un clan technophile prônant la modernisation des sociétés, Jûken’Maw se doit d’être un précurseur en la matière, et ce, dans de nombreux et vastes domaines : développement d’énergies nouvelles, industrialisation, transports en commun, conception d’automates, défense et armement de pointe, etc...
- S’élever spirituellement au sein du Kashbarùk et explorer cet endroit mystique, qui est loin d’avoir livré tous ses secrets. Comme tout bon djöllfulin qui se respecte, Jûken’Maw désire épanouir sa foi afin de progresser dans le paradis écarlate. Ayant choisi Lagmarù comme divinité de prédilection, c’est en gagnant les faveurs du dieu-golem, par un respect de ses préceptes, qu’il parviendra à réaliser ses saintes aspirations.
Bien ! Si vous êtes arrivé jusqu’ici, je vous félicite, parce que vu la longueur de la fiche, je n’étais pas sûr que tout le monde la lirait x) Mais si vous vous êtes contenté de scroller la page sans lire l’histoire, vous êtes de tristes sires et notre conversation s’arrête là
Bref, je sais, c’est long comme histoire ^^ Mais étant donné qu’elle introduit une nouvelle race sur Dùralas et que Jûken’Maw sera probablement mon dernier personnage (rappelez-moi bien cette phrase quand me viendra l’idée de faire un triple-compte xD ), j’ai voulu me lâcher. J’ai essayé de m’appliquer afin de vous offrir quelque chose de qualité, à la fois immersif et instructif. J’espère que cela vous aura plu.
Oh ! Et au cas où vous ne l’auriez pas deviné, moi c’est Hevoria. Votre chère vestale et bibliothécaire