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Mallos,

Ce simple mot résumait la présence de l'Elfe en ces lieux. Il lui fallait trouver des pétales de cette fleur, car ceux-ci lui serait utile dans l'aide qu'il comptait apporté à Lisandeï.

Lisandeï était un jeune Centaure de la lignée de Xamunten. Mais malheureusement, celui-ci s'était écroulé lors d'une chevauchée à travers les abords de la Clairière où le peuple équidé avait élu il y a longtemps domicile, succombant à un mal étrange et peu connu. De sombres tâches étaient apparues sur son épiderme, et sa famille craignait autant pour sa vie que pour la horde. Pour autant, les Centaures n'avaient pas non plus quérit l'aide des Elfes, car qui sait comment le Peuple Sylvestre aurait pu réagir face à la menace d'une nouvelle épidémie.

Elnyëdwyr n'avait pas partagé cet avis, et pourtant ne s'était pas non plus imposé. La décision quant aux devenir des Centaures était bien loin de lui appartenir, et même s'il était en très bons termes avec eux, son avis pouvait autant être écouté que mis de coté. Cela n'enlevait cependant rien à la réalité qui se dessinait sous ses yeux : Lisandeï était malade, et à travers lui, l'Elfe se sentait obligé. En mémoire de l'ancêtre de l'Etalon, l'Elfe se devait d'agir, d'une manière ou d'une autre. Leurs recherches les menèrent à un rituel de guérison, pour lequel ne leur manquait plus qu'un Guérisseur particulièrement en communion avec la nature et des pétales de Mallos.

Etait-ce sensé de se fier à un vieux rituel ? Etait-ce prudent ? Aucune de ces questions ne trouvaient sa place dans l'esprit de l'ex-garde. Seul importait qu'il ramène, comme il s'était engagé, ce qui était devenu un précieux ingrédient ?

Trois mois de recherches l'avait alors amené à se rendre ici, en Boisecoeur. Les gens oubliaient tout de ce lieu, et pourtant il était coutume de dire qu'on trouvait en cette partie de la Forêt cette fleur dorée. Comment pouvait-on ainsi l'affirmer ?

-"Elenfen tel'eso."

Litt. : "Il n'y a rien pour vous ici."

Le regard de l'Elfe fixait son interlocuteur, ivre qu'il semblait être. Elnyëdwyr ne s'attendait pas à ce que l'individu fasse à lui comprenne cette langue qui était la sienne, mais sa seule présence troublait à son sens la beauté de ces lieux imprégnés de magie. Et lorsque l'être fasse à lui commença à parler, El' lui répondit alors :

-"Il n'y a pas de réponses dans votre boisson. Il n'y a même pas l'oubli que vous espérez obtenir..."

Quelques insultes plus tard, c'est au gourdin que l'ivrogne chargea, au dessaroi de l'ex-garde. Il n'irait cependant pas contre sa nature et son éducation : Pareil ivrogne était une menace, encore plus dans une Forêt. Alors qu'Aÿend'il sortait de son fourreau, l'Elfe murmura à demi-mots :

-"Quine'les min en ast'en."

Citation : "Fou est l'homme qui dans la fureur attaque."

Un peu d'alcool pouvait ajuster la frappe, faire éviter les tremblements ou encore enhardir le coeur. Beaucoup ne causait que ruines et désolation.

Sang,

Un liquide la plupart du temps écarlate, fréquemment présent lors d'affrontements de toute sorte. La lame de l'Elfe avait par exemple entayé la joue de l'ennemi, et sa masse la jambe de l'Elfe en échange. Elnyëdwyr avait tenté l'esquive, et heureusement car sinon, cela aurait pu être pire que sa jambe.

Sous l'effet du coup, l'ex-garde posa genou à terre et lança un autre coup, visant simplement à s'offrir une bouffée d'oxygène, le temps de reprendre ses facultés, inhibant la douleur. Ce Brigand, cet Humain, il respirait une odeur que l'Elfe n'avait pas sentie depuis longtemps. Cette odeur, ce sentiment, l'air de Boisecoeur, tout lui rappelait ce jour funeste...

D'aucuns auraient dit qu'il aurait pu en appeler à la Magie pour mettre à mal son ennemi. Il aurait pu controler les branches d'un arbre pour venir le faire trébucher ou l'enserrer de lianes. Il aurait pu appeler un loup à son aide... Il aurait pu...

-"Malis Ten El'farän. Inely's linemar."

Litt. : "Un Danger tu es pour la nature qui t'entoure. Ton chemin s'arrête ici."

Égoïste ? Rancunier ? Nombriliste ? Rien de tout ça. Les yeux d'El' ne voyait que la flore que ce manant écrasait soit avec sa personne, soit avec son arme. Il voyait l'écorce abîmée de l'arbre qui était présent en ce lieu. Il voyait la bête morte près du feu qui allait servir de repas. Il n'était plus attaché à la Garde Zéphyr, mais son coeur n'en était pas moins celui de l'Elfe qui avait grandit au sein de la dite faction.

Sa main serrant la garde d'Aÿend'il, il se redressait sur ses jambes, le pas sûr et le geste déterminé. Il vaincrait son adversaire pour l'honneur qui était le sien. Il le ferait parce que la simple existence de cet être était une insulte à toutes valeurs qu'il jugeait honorables.

L'Echec ne lui était de toute façon pas permis, car au Sud, la vie d'un Centaure dépendait de son retour de cette quête.

Tuer.
L'Elfe regarda l'homme face à lui, et oui, l'envie y était. En plus dans cet état, la victoire était acquise, c'était indéniable. Pourtant, le bras de l'Elfe ne se leva pas. Son regard restait simplement rivé sur l'être à genoux en face de lui. Si consciemment, l'Elfe n'avait pas perçu certains détails jusqu'ici, inconsciemment, son esprit -ou son instinct- le retenait d'aller plus loin.

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-"Elnyëdwyr ! Tu ne peux pas tout condamner !"

-"Pourquoi ?"

Les deux Elfes, pourtant étroitement liés, échangés à chaud des mots, si bien que personne n'aurait même eu l'envie de se mettre entre eux deux. Leurs lames s'entrecroisaient au cours d'un énième entrainement, et jusque dans le claquement l'on sentait la rage du cadet face aux propos de son ainé.

-"Ces êtres, ces Nagas. Ils ne t'ont rien fait !"

-"Ce sont des serviteurs du Basilisk. Leur progéniture."

Balayant à la fois l'attaque et le cadet, l'envoyant au sol, Taldiñe mit en garde son élève de la pointe de son épée. Il était vaincu, autant à cause de son manque d'expérience qu'à cause de son manque de maitrise de lui. Ses émotions transpiraient par ses attaques, le rendant prévisible et largement vulnérable.

-"Une abomination n'engendrera jamais la vie, mais toujours la mort. Et quand bien même ta logique serait la bonne, un fils n'a pas a payé la faute de son père."

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Le souvenir de son Maitre s'était dessiné sous ses yeux, ravivant à sa mémoire un enseignement que ce dernier lui avait donné, une loi fondamentale : le respect de toute vie. Et l'humain face à lui était en vie, et vaincu. La mort, tout semblait indiqué qu'il la méritait, sauf une chose : Pourquoi ? Cette question était étrange dans l'esprit de l'Elfe, tant sa réponse semblait être l'essence de la question, mais pourtant réellement insatisfaisante. Et si la victoire était acquise, la vraie question était : Etait-ce réel ? Cet homme était-il le vrai ennemi ?

Autour de lui pourtant, rien ne semblait être présent. Rien, ni personne. Et pourtant...

-"Une Force est à l'oeuvre ici. Étrange, mais perceptible..."

Ces mots n'étaient que murmures, mais cette fois dans le langage commun. La Magie qu'il ressentait était-elle seulement le fait de Boisecoeur, ou était-elle synonyme d'un autre enchantement ? Cette idée germant dans son esprit, son regard avisa de nouveau le brigand face à lui. Attrapant dans une poche ce qui ressemblait à une bourse, il la jeta à l'homme.

-"Athelas. Prends-la, et quitte cette forêt. Ne reviens pas en Sylfaën..."

Il ne serait pas aussi clément une prochaine fois. Et reculant d'un pas, l'Elfe ferma les yeux, enserrant de sa deuxième main la garde d'Aÿend'il. Il n'était guère aisé de combattre l'invisible, ni même de faire preuve d'une once de confiance envers ce bandit, mais il le faudrait bien. Il lui fallait entendre le vent s'engouffrer dans les arbres ; la terre respirer par sa flore abondante ; l'eau ruisseler au loin, calme et limpide, presque imperturbable. Oublier le monde physique, chercher à étendre ce que certains nomment un sixième sens, pour finalement se retourner et lancer son épée droit vers l'inconnu. Toucherait-elle son but ? Ou simplement rien ? Ou le brigand qui venait de se relever et qui n'aurait pas suivi un simple conseil ?

Pour l'Elfe, une seule certitude était : Le Combat n'était pas terminé. Il était probable que celui-ci ne fasse que commencer. Sa victoire, quant à elle, n'était que partie remise.