Alors, oui ! Je parlais de minerai précieux et déblatérait que le cuivre ne l'était pas aussi par rapport au fer. Selon comment on est tourné, ça change tout et c'est pourquoi je ne vais pas m'étendre à ce sujet sinon Percheval pourrait vouloir me brûler vif. Quel dérangé ce Percheval pendant que j'y pense. Il y a des personnes dans ce monde qui se sont trop cognées contre des meubles et des portes. Ou alors il est tellement intelligent que ça nous dépasse totalement. Peut-être devrait-il être envoyé à l'Institut de Magie pour qu'on découvre le fin mot de l'histoire !
Peut-être, je dis bien peut-être.

Bref, je m'égare car je voulais parler de minerai précieux mais arrêter quand même de parler de cuivre parce qu'on a bien compris ce que je voulais dire tout à l'heure quand j'ai trouvé ces gisements de cuivre et que j'ai philosophé sur leur nature et tout le toin-toin. BREF !
J'en suis à la découverte d'une merveilleux petit filon de minerais d'argent et là, oui, on peut enfin parler de "précieux". Car, malgré tout, même si les réserves pourraient être trop hautes, l'argent est bien plus précieux que le fer. C'est un fait indéniable que vous ne pouvez réfuter et de toute manière je m'en contre-fiche car moi j'ai trouvé de l'argent et je compte bien remplir mon petit wagonnet branlant avec ces minerais quoi que vous puissiez en dire.
Et toc !

Finalement, j'ai bien fait de m'enfoncer plus profondément dans ces galeries. Oui, je n'avais pas envie de remonter à la surface et de faire face à ce qui m'y attend. C'est encore trop tôt pour repartir, surtout avec ce que j'ai... Surtout avec ma faiblesse actuelle. Mais je n'ai pas le temps de me reposer là-dessus, de toute manière ça n'a aucune importance. On s'attend à ce que... Oh mais boucle-la ! Tu me fatigues, bon sang.

Tiens, regarde un peu ça ! Voilà ce qui est important. C'est très bien et c'est ce que j'étais venu chercher. Maintenant avec tes stupides idées noires tu vas rapidement t'en retourner dans ta tombe, oui je sais celle dans laquelle elle m'a laissé mais maintenant tais-toi, j'ai besoin de me concentrer sur mon travail. Je suis simplement en train de perdre la tête avec toute cette histoire et ce n'est pas conforme à la personne que je suis. Je veux simplement récupérer ces minerais d'argent et m'en aller. Rien de plus, rien de moins. Si tu n'as aucun conseil à me donner pour que je travaille au mieux alors il serait préférable que tu me laisses tranquille !

Maintenant, on peut s'attaquer à cette tâche le plus tranquillement possible.
D'abord on taille autour du gisement pour délimiter la zone. Pas toujours facile surtout lorsqu'on descend rapidement en profondeur, à moins que ce ne soit plus humide et là le travail est un peu facilité. Toutefois, le minerai est aussi plus fragile et donc il faut faire attention. Oui, j'en viens à donner des conseils sur le minage, et alors ? Autant profiter de ma petite expérience, si ça peut me permettre d'obtenir de beaux minerais d'argent pour payer ma retraite. Comment peut-on avoir une bonne retraite alors qu'on se tue le dos à piocher de cette manière ? Un vieux mineur ? Laissez-moi rire, ça ne peut exister voyons !

Le chemin s’était rétrécit jusqu’à ne pouvoir laissé passer qu’un individu sur la largeur. Les cagettes que je portais sur le dos frottaient les parois de la galerie, faisant tomber encore plus de poussière sur ma tête et sur mes ailes. J’avais maintenant tout d’un Stryge Blanc et nul doute qu’une personne lambda me croisant penserait de moi que je suis un sage intelligible et purificateur. Il se serait trompé lourdement sur mon compte et aurait très certainement passé un sale quart d’heure. J’en ris quelques instants en imaginant ce concours de circonstance, mais je savais très bien que cela n’arriverait pas ici. Le décor ne changeait pas, n’importe qui pouvait se perdre ici, toutes les galeries se ressemblaient, la seule chose qui pouvait changer de temps en temps, c’était les éboulements, les inondations et les pancartes que je croisais parfois, mais sans ça, j’aurai été perdu depuis le début.

D’ailleurs la pancarte devant laquelle je m’étais arrêté indiquait clairement qu’il y avait également du minerai d’argent à profusion un peu plus loin, ainsi qu’un abri anti-éboulement. C’était décidé, s’il y avait encore de l’argent, il fallait que je le récolte avant que l’accès ne soit condamné, si tant est qu’il ne le soit pas déjà …

J’arrivais enfin au fameux abri, simple maison de bois de chêne dont l’unique accès n’était autre qu’une porte en bois également, celle-ci était sortie de ses gonds et était tombé à plat sur le sol. A l’intérieur de l’abri, je pouvais constater que cela avait été consolidé par des poutres en ferrailles aux quatre coins de la maisonnette, offrant une solidité à toute épreuve, même en cas d'éboulement. Une caissette de soin recouverte de poussière était restée sur place, attendant de pouvoir servir quelqu’un qui aurait eu le malheur de se blesser durant le minage. A côté de celle-ci … des bâtons de dynamite ! Je savais très bien que les mineurs se servaient de ses bâtons pour perforer les parois plus dures ou pour élargir les galeries, et peut-être même pour d’autre raisons, mais laissé traîner ça ici, cela relevait de l’inconscience ! Devant cette horreur, je décidais tout simplement de passer mon chemin et de continuer un peu plus loin, espérant trouver mon bonheur ailleurs.

Comme pour me remercier d’avoir fait un si long voyage dans les profondeurs de la terre, la mine s’était de nouveau élargie, laissant place à une grande place rocheuse dont je ne pouvais voir les parois tellement celle-ci était large. Le crissement des gravas sous mes bottes raisonnait intensément dans toute la caverne, ce qui me surpris en premier lieux, car jamais au grand jamais, les mineurs ne creusaient de larges galeries pour des raisons évidentes puis, parce que la résonance s’étendait bien plus loin encore, me laissant penser que cette caverne devait être immense. Plus aucune rail ni aucun aménagement humain où Nain n’avait été posé ici. Je me trouvais dans un endroit ou personne n’avait osé mettre les pieds et l’affreuse idée qui me traversait la tête ne me plaisait guère. Cela ne m’empêcha pas de continuer à avancer … enfin je veux dire, descendre, car je me trouvais sur une pente descendante, prenant grand soin de ne pas glisser sur la roche humidifié. Lorsque le sol devenait trop raide pour descendre sûrement, je préférai rebrousser chemin et me contenter de me diriger vers les côté, espérant atteindre une quelconque paroi. Pour me récompenser d’avoir prit autant de risque et autant de mon précieux temps dans cette mine, une lueur vive répondant à l’appelle de ma torche vint attirer mon attention, laissant mes pas se diriger vers elle machinalement. Je venais de découvrir mes tout premiers minerais d’argent ! En regardant autour, je pouvais constater qu’il y en avait un peu partout, en faible quantité certes, mais suffisamment pour me satisfaire aujourd’hui. J’aurai très bien me trouver au bord d’un précipice sans fond, cela ne m’aurait pas empêché de sautillé comme un enfant ayant ce qu’il souhaite. Je prenais grand soin de ne pas abîmer les minerais, piochant en douceur et espérant qu’il n’y ait pas d’éboulement tant que j’étais présent dans cette caverne. Sur l’instant, je projetais déjà de revenir ici pour approfondir mes recherches et mes récoltes, mais j’étais bien loin d’imaginer ce qu’il y avait ici …

Mon entrée étant littéralement sous la roche, j’allais devoir emprunter un autre chemin pour repartir, mais en attendant, j’étais toujours en pleine exploration et n’en étais qu’aux prémices de mes aventures. Rien ne m’était impossible ici bas, personne pour me barrer le passage, ni aucun main pour m’entraver dans mes récoltes et mes recherches. L’exploration faisait partie intégrante de mes passions avec l’assassinat. Ce n’était certainement pas pour rien, les deux y étant intimement liés. Je prenais plaisir à découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles ruines, toujours plus passionnantes que terrifiantes. Les dangers étaient tout autres ici, bien plus fourbes et cruels, demeurant dans l’obscurité du temps. La méfiance était de mise et les précautions des habitudes.

J’arrivais au bout d’une impasse, le sol avait été creusé précisément pour y construire une sorte d’escalier de bois. Plusieurs rondins avaient été empilés ici et l’eau qui ruisselait le long de ces derniers ne m’inspirait pas plus confiance que les moisissures que je pouvais distinguer par endroit. Il y avait toute les chances pour que je provoque un nouvel éboulement en passant par là, mais je n’avais plus le choix, je ne pouvais plus rebrousser chemin, mon ancien exploit ayant totalement bouché les autres passages. C’est donc à tâtons que je descendis les échelles de bois, chassant l’idée à chaque pas que l’une des marches s’envolerait sous mon poids. J’étais conscient de ma lourdeur et de ma finesse, la structure pouvait être réduite à néant en un instant, en un battement d’aile. Une chute et je traversais les multiples planché qui me séparait du fond de l’excavation minière. Rien que d’y penser, cela redressa mes poils. Comment pouvait-on construire ce genre d’escalier et y placer toute sa confiance lors de son ascension et de l’acheminement des minerais ? Comment être sûr que tout ceci allait bien tenir sous le poids du mineur et de sa récolte ? Ou des s’ils étaient plusieurs ?!

Ce n’est qu’une fois en bas que je me permit de souffler un grand coup, expirant toute la peur que j’avais accumulé jusqu’ici, la descente aux enfers avait été plus longue que prévue, mais l’immensité dans laquelle je me trouvais maintenant certifiait précisément l’arrivé à destination. Je me trouvais bel et bien au centre de l’enfer. Plusieurs torches se trouvaient le longs des murs, éteintes et presque inutilisées. Je m’empressais de les rallumer une à une et devinait la raison pour laquelle les propriétaires avait élu domicile ici et en avaient leur propriété privé. Une immense crevasse se trouvait au centre du vaste espace dans lequel je me trouvais. Je ne comptais plus les filons d’argent qui m’entourait, tous luisaient sous la danse chaleureuse et harmonieuse des lumières murales. Je n’avais pas assez de doigt pour compter, mais je savais qu’il y en avait suffisamment pour remplir ma cagette et peut-être que je pouvais espérer récolter autre chose que de l’argent, du cuivre et du fer ici bas, vu la taille de ce trou. Un chemin suivi de multiple escaliers taillés à mêmes la roche se profilaient tout autour de la ce trou béant se perdant dans le néant.

Garràn – Et bin allons au-delà de cet étrange trou … j’y trouverai peut-être plus

Les cagettes de minerais commençaient à se faire sentir sur mon dos, mais je ne ménageais pas pour autant mes efforts, poursuivant encore un peu plus profondément dans la mine. Je me repérais maintenant aux indications laissées sur les pancartes un peu partout dans la mine, permettant aux mineurs de se repérer facilement pour retrouver la sortie. La carte qui y était dessinée indiquait l’ensemble des galeries et des accès praticable ou non dans toutes la mine. Celle-ci semblait s’étendre bien plus loin encore derrière la chaîne de montagne de l’Est, c’était impressionnant ! En regardant de plus près, elle était même reliée à la mine Khazar, bien plus haut vers Baldorheim. S’il avait été possible autrefois de se rendre dans toutes les mines de l’Est simplement en longeant les galeries, il n’en restait aujourd’hui que de vastes étendues sans lumière et sans minerai, vidé de tout intérêt. Certaines ayant étés laissées à l’abandon se sont écroulées avec l’effet du temps.

Pour ma part, j’avais repéré un itinéraire sur la carte menant à un chantier d’or, bien plus loin vers le Sud-Est, en longeant la galerie H1 de la mine. Cette dernière galerie devait passer devant un ancien couloir était présent, autrefois, des filons d’argent. Il y a avait cependant peu de chance que j’en trouve à mon passage, mais je pouvais toujours espérer quand même. Pourtant, mon flair ne me trompait que rarement concernant ces filons cachés et, je me disais, peut-être qu’en creusant les parois, je découvrirai une nouvelle galerie pleine d’argent. J’avais déjà vu des Nains en faire de même avec des bâtons de dynamite, mais je n’avais jamais utilisé, ni apprécié, cette technique car bien trop dangereuse selon moi. Utilisé de la poudre de charbon, entassé dans un petit tube de papier comprimé avec comme seul embout une petite ficelle sortant d’une extrémité. Je me demandais quel genre de Nain avait bien pu avoir l’idée de créer ce genre de truc. Même Equinoxe n’en aurait pas eu l’idée … Même s’il n’en avait pas besoin pour faire exploser quelque chose …

J’abandonnais l’idée de destruction et décidais de poursuivre mon chemin vers une autre galerie, espérant avoir plus de chance. Cela m’avait fait faire un sacré détour, mais ce-dernier en valait le coup, offrant à ma pioche de quoi se sustenter. Il n’y avait pas autant d’argent que de fer dans les premières galeries, mais cela suffirait très largement à remplir ma caisse pour aujourd’hui. Les filons étaient éparpillés un peu partout, comme si quelqu’un était passé avant moi, piochant seulement par endroit. Je pouvais remercier le précédant mineur de m’avoir laissé autant de ressources, son geste était pourtant insignifiant, mais découvrir par soi même du minerai d’argent faisant réellement plaisir. C’est pour cette raison que je laissais toujours derrière moi un peu de minerais et que je ne vidais pas des galeries entières simplement pour les vider. Comme quoi, le destin pouvait être parfois généreux.

Nous nous arrêtâmes un moment sur une sorte d’immense plateforme maintenue par un pilier naturel. L’on pourrait presque dire que l’intérieur de cette mine ressemblait étrangement à des fondations d’une civilisation ancienne, les cristaux participant à la solidité de ces fondations. Les chemins étaient suffisamment larges pour laisser passer notre groupe et suffisamment solide pour nous porter sans créer d’éboulement, mais ce qui dérangeait le chef d’expédition était la hauteur du plafond, relativement haut. Pour ainsi dire, nous nous trouvions dans une large cavité dont la hauteur était vertigineuse d’une part, mais dont le gouffre semblait sans fond, la structure en spirale montante du chemin que nous suivions nous avait permis de découvrir l’espace qui se trouvait ici et la quantité de minerais qui s’y trouvait. Il n’y avait pas que des minerais communs comme le fer, le cuivre, l’argent ou l’or, mais des cristaux d’une couleur immaculé presque parfaite dont les formes étranges semblaient sculptées par un artisan d’une extrême qualité. Le temps était le seul maître de tout ceci, mais ce qui effrayait le meneur n’était autre que l’histoire de cette mine, semblant dater d’un âge révolu depuis des milliers d’années. Lors de notre pause sur la plateforme, il prit le temps de raconter ce qui semblait être pour lui, l’expédition la plus impressionnante et la plus dangereuse qu’il ait connu jusqu’à présent.

Selon ce Gîl Crain-de-Fer, nous nous trouvions dans les vestiges d’un ancien volcan, au cœur même de ce dernier, là où son magma en fusion avait cristallisé ces minerais couleur neige. Il y a de ça des temps immémoriaux, ce volcan devait être actif et devait recouvrir la chaîne de montagne des Baldors et il est possible qu’il y ait bien d’autres lieux dans ce genre disséminés un peu partout dans l’Est du continent. Le fait que nous puissions visiter ce lieu devrait être expliqué par cette large crevasse qui nous entoure, très certainement l’endroit où a été acheminée la lave après qu’un terrible tremblement ait approfondis le gouffre, du moins c’est ce qu’il tira comme conclusion. Pourtant, cette impression d’être inlassablement surveillée par des regards silencieux le laissait penser qu’autre chose avait pu se produire, quelque chose de plus sinistre encore. Les craintes du Nain étaient partagées, tout le monde pouvait sentir ce poids sur nos épaules et nous attarder trop longtemps ici-bas n’aurait rien de bon à nous apporter. Les Kobolds ne sont pas les seuls dangers que nous pouvons rencontrer ici. Entre Golem de Crystal, Skarnien et autres créatures inconnus se cachant au cœur même des montagnes, il y a de quoi laisser notre imagination parler d’elle-même. L’histoire de ces montagnes et bien plus longues que celle des Nains eux-mêmes, il ne serait donc pas impossible de rencontrer des monstres encore plus terrifiants que des dragons. Les démons s’étant longtemps dissimulés dans les profondeurs de la terre, à l’image du Balrog et de ces progénitures, rien ne dit qu’il soit le seul à se terrer au cœur des mines les plus oubliées de notre histoire.

Reprenant notre expédition là où nous l’avions laissé, sentant que ces regards se faisaient plus malsains et plus lourd encore qu’à notre arrivée, Gîl Crain-de-Fer décida de terminer l’excavation de la galerie qui s’offrait à nous et de rebrousser chemin afin de rejoindre l’air libre. Nous n’étions pas avides de richesse au point d’y laisser notre peau dans l’inconnu, le fait que nous n’étions pas ici comme chez nous et que le risque d’affronter de terribles créatures était grandissant allait en ce sens. Moins nous aurions à nous battre, mieux ce sera, car les porteurs comme moi ne seraient qu’une gêne pour tout le monde. Lent et peu réactif, nous étions le point faible de l’expédition, portant uniquement le butin de celui-ci, nous serions en outre les premières cibles si une attaque devait retentir.