Des lunes… Des soleils… Plusieurs lunes  … Plusieurs soleils… Oh et puis merde, je ne savais pas combien de temps cela faisait-il depuis que j’avais tué le chef des bandits. Courir était ma survie, je survivais en fuyant loin de ces bandits, je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre pour l’instant. Douze années de captivité, douze années que je n’avais pas vu l’océan, que je n’avais pas vu ma mère dans les Abysses. J’avais tué celui qui m’avait emprisonné dans cette bande, et je me sentais beaucoup mieux depuis tout à l’heure. J’étais libre de faire ce que je voulais, j’étais libre de retourner à la mer… La mer ? Combien de temps n’avais-je pas goutté l’eau salée de la mer ? Trop longtemps … Avec un sourire sur mes lèvres, mes jambes prirent de la vitesse pour courir plus vite, pour trouver un endroit où je pourrais rejoindre ma famille et leur dire que je vais bien et que je suis libre. Le hic était que je ne connaissais pas du tout ces terres, je ne connaissais pas l’endroit où je courrais, mais je courrais quand même pour m’échapper au cas où des bandits. L’atmosphère était lourde, humide, et chaude, j’avais du mal à respirer correctement dans cet endroit. Mes pieds me brûlèrent tellement, normale, je n’avais pas de chaussures à mes pieds. Mes poumons voulaient de l’air frais, ma peau était complètement desséchée par le soleil qui me brûlait de la tête aux pieds. Il me fallait rapidement de l’eau pour m’aider à aller mieux.

Puis, je pus voir quelque chose de brillant au loin, quelque chose qui scintillait de mille feux : la mer. Je continuais de courir même si mes pieds n’étaient pas en pleine forme pour le coup. J’étais arrivée sur une grande plage avec du sable fin et si chaud. Je respirais un bon coup et j’étais remplie de soulagement et un sourire se dessina sur mon visage. « A moi la liberté … » A peine à dit cela, je trébuchais un petit caillou et je m’écrasais face contre le sable : « Saloperie de caillou, a qui crois-tu faire en me faisant tomber dans le sable ? Hein ? » Je pris le caillou et je le jetais dans la mer… Je pris conscience que j’étais enfin arrivée à l’endroit que je voulais depuis des années ; la mer. Je souris, puis je sentis que ma tête était en train de tourner dans tous les sens. Mon corps décida de lâcher pour le moment, pour se reposer un peu. Je fermais les yeux et je tombais entre le sable et les vagues… Bon, je pense qu’il fallait que j’attende un peu avant d’être de nouveau dans la mer.

Artémis s’était un peu éloigné du village d’Ishtar, sachant qu’il ne risquait rien. La navigatrice du navire était venu le trouver en début de journée pour lui dire que si il voulait partir plus loin, elle enverrait un de ses faucons le chercher. La jeune femme aux cheveux blonds et au bandeau cache-œil était en effet fauconnière, et quand elle ne dirigeait pas la manœuvre du navire à la place de Haul, elle allait s’occuper de ceux qu’elle considérait comme ses enfants, ses faucons. A une occasion, elle les avait présentés à Artémis, et lui avait appris à les nourrir et à les porter sans être blessé par leurs serres. Il savait que les trois faucons sauraient le trouver, ils avaient une vue incroyable.

Arrivé en bord de mer, il descendit le long des rochers escarpés sur lesquels la mer venait se jeter. Il avait une bonne vue d’ici, le vent léger soufflait sur son visage et dans ses cheveux. Il avait trouvé une branche solide non loin, et sortit du fil de pêche de sa poche, rien de plus qu’une ficelle à laquelle il avait accroché un hameçon. Il ne savait pas s’il attraperait quelque chose avec ça, mais au moins il pourrait se reposer. Il s’assit sur les rochers et posa à côté de lui une flasque remplie de précieux rhum, la journée s’annonçait calme et agréable. Il jeta sa ligne et ferma les yeux, profitant du calme…

Il rouvit les yeux un peu plus tard, il s’était endormi et sa canne était tombée à l’eau, tant pis se dit-il, elle n’avait rien de précieux ou de particulier, même s’il aurait aimé récupérer l’hameçon. Il regarda alors vers la plage, où se trouvait une masse étendue sur le sable, les vagues venaient lécher son visage. Intrigué, il descendit de ses rochers et alla voir de quoi il s’agissait. C’était une femme, elle respirait encore, mais semblait faible. Il la retourna et, voyant qu’elle ne se réveillait pas, ouvrit sa flasque sous son nez, en espérant que les fortes vapeurs d’alcool la ramèneraient à elle. Il remarqua aussi qu’elle avait des branchies, elle ressemblait à une abyssale, de ce qu’il en savait, mais il n’en avait jamais vu. Elle ressemblait presque à une humaine, de toute façon il comptait la laisser là une fois réveillée, il ne voulait juste pas la laisser ainsi évanouie.

« Hé ! Réveille-toi ! »

Les vagues me faisait du bien, mon visage se faisait caresser par cette eau salée et si douce à la fois. Mon corps brulait au soleil, mon corps était par terre, allongée et je pouvais dire que j’allais très bien pour une fois en douze années. Je pense que je pourrais rester comme cela pendant encore quelques heures, mais il fallait bien que je bouge avant que je ne crève de faim. Soudain, je sentis une ombre me gêner dans mon petit rêve. Mon visage représentait de la déception et aussi une grande colère : Qui pouvait bien il être cette personne ? Cette ombre resta statique pendant quelques secondes avant de m’hurler dans les oreilles que je devais me réveiller, avec un ton qui ne m’avait pas plu sur le coup. J’ouvris les yeux rapidement pour connaitre l’identité de cet homme. Lorsque j’ouvris mes yeux, je découvris que c’était un homme, jeune ou vieux, il n’était pas mal, un peu mon genre, mais je ne pouvais pas juger des personnes sur leur physique donc, il allait entamer la conversation et trouver un sujet correct pour en apprendre le plus sur cette personne. Mais clairement, le son de sa voix, me demandant de me réveiller, n’était pas ce que j’avais aimé le plus pour le moment. Il avait une voix grave, tendue et dure, et franchement, cela me rappelait un peu le chef des bandits, mais ce n’était pas la même chose.

Il était bien grand que moi, bien plus grand, mais dans quelques années, les rôles seront inversées, je serais plus grande que lui et bien plus puissante de même. Je souris et je me décidais à me relever sans que cet homme ne me tende la main. « Vous et la politesse, vous ne connaissez pas du tout à ce que je vois… Sympathique comme salutation. Je vous en remercie, monsieur … » Je m’appuyais de mes genoux et de mes mains pour me relever du sable chaud, j’aurais bien voulu rester encore un peu, mais il était temps de me lever au lieu de ma paresser comme cela. Une fois debout, je pus voir qu’il était bien musclé, qu’il avait les cheveux mi long et qu’ils les avaient noir comme mes yeux ténébreux.

Je rinçais mes mains palmées dans la mer avant d’entamer une conversation rapide pour le remercier de m’avoir aidé : « Contente que vous m’ayez réveillé sur la plage, ou je pense que je me ferais encore capturé comme la première fois. Enfin, bref, je vous remercie… Vous voulez de l’argent pour que je vous remercie en plus ? » Je le regardais dans les yeux en haussant les épaules avant de renchaîner : « Non, je dis cela, car je pense que c’est bien le genre de monsieur de me demander quelque chose en retour pour être récompensé de votre bonne action de la journée ? Qu’en pensez-vous ? Hum ? Avez-vous une langue au moins comme cela, je ne perdrais pas mon temps à vous parler autant ? ». Je croisais mes bras et je restais distante vis-à-vis de lui… Des minutes passèrent et je me disais que peut-être qu’il n’avait pas envie de me battre, rien de plus, rien de moins. Soudain, à mes pieds, quelque chose me chatouilla, je regardais et je pris l’objet dans ma main droite : « mais qu’est que c’est que ça au juste ? Une canne à pêche ? Vous péchez ? »

Une fois réveillée, la jeune femme d’humeur massacrante se mit à railler le pirate, et Artémis l’accueillit d’un sourire moqueur, il aimait bien les femmes de caractère, et celle-ci semblait avoir un caractère bien trempé. Il la lâcha et écouta à moitié seulement les « remerciements » de la jeune femme.

« Vous pouvez parler de politesse mademoiselle, mais vous ne vous présentez pas plus que moi. Enfin bref, je m’appelle Artémis Droskol, et non je ne veux aucun paiement pour cela, c’est naturel. Vous parliez d’être à nouveau capturée, vous voulez dire que vous êtes une esclave ou quelque chose dans le genre ? Une prisonnière des pirates ? »

Alors qu’il parlait, il détaillait aussi son interlocutrice, qui était somme toute une très belle femme, comme on en voyait rarement parmi les pirates, hormis peut-être Emilia, la navigatrice de leur navire. Il avait affaire à une femme de caractère, au corps attirant, il aurait pu se considérer comme chanceux si les circonstances de leur rencontre avaient été différentes, et si elle ne semblait pas si hostile à son égard. Enfin cela n’avait que peu d’importance pour lui, quand il repartirait, certainement qu’il laisserait derrière lui cette femme, ou plutôt cette abyssale. Il était rare que l’équipage s’agrandisse sur la base du volontariat, rares étaient ceux qui souhaitaient vraiment se lancer dans la piraterie.

La jeune femme saisit un objet que la mer avait rapporté sur la plage, un petit éclat brillant, son hameçon. Il lui sourit et tendit la main vers elle pour qu’elle le lui donne.

« Oui ça m’arrive… je pêche depuis que je suis tout petit, et même si maintenant je n’ai plus vraiment le temps, j’aime pêcher dès que je peux, cela me rappelle mon père adoptif… Enfin rien ne sert de s’apitoyer sur le passé alors que l’avenir nous appartient, n’est-ce pas ? Vous verriez quoi pour votre avenir vous ? »

Il s’assit sur le sable, la main tendue vers la jeune femme, attendant qu’elle réagisse. Il ne voulait pas la brusquer, et même s’il se méfiait toujours des inconnus, elle n’était visiblement pas armée. Elle possédait peut-être des pouvoirs différents, magique on pourrait dire, mais si elle tentait quoi que ce soit, il savait qu’elle aurait difficilement le temps d’achever la moindre incantation avant que sa lame ne la traverse. Il aurait été stupide de se laisser berner par l’apparence d’une si belle créature, mais cela ne l’empêchait pas de tâcher de se montrer amical.

Une fois réveillée dans le sable humide, un homme était là près de moi. Ses yeux ne me donnaient pas envie de l’admirer, il me faisait plus peur qu’autre chose. Il n’était pas mal lorsque je le regardais entier, mais sans plus. Je ne jugeais jamais les personnes sur leur physique, même si cela jouait quelque chose dans l’attirance puis dans l’amour. Déjà, l’homme n’était pas poli du tout et un peu trop arrogant à mon goût, à première vue. 

Mais, attention, je ne devais pas trop juger la personne devant moi. Il me demanda si j'étais une esclave ou une prisonnière de pirates. Oh mon dieu !!! Il me faisait revivre des souvenirs dont je n'avais pas envie d'entendre parler pour l'instant. Je venais être libérer de plusieurs années d’emprisonnement dans un groupe d'hommes. Donc, je n'avais pas franchement envie de lui parler de mon passé, mais bon, je devais quand même polie vis à vis de lui. Je pris la parole de la même manière que lui pour lui faire comprendre que je ne me laisserais pas faire du tout : " Je suis désolée, donc je vais me rattraper. Je m'appelle Anaya Luzissa, ravie de vous rencontrer Monsieur Droskol. Oui, je viens tout juste de me libérer des hommes qui m'avaient capturés depuis des années, depuis une dizaine d'année maintenant. Donc, je profite un peu quand même de cette liberté, même si je voudrais la ressentir plus profondément." Oups! J'avais libéré mes pensées envers cet homme sans le vouloir et sans avoir fait exprès par dessus le marché. Ah !!!! Je pris ma tête entre mes mains pour savoir pourquoi j'avais dit autant de choses sur moi alors que je venais de penser que je ne lui dirais rien de tout cela. Super ! J'avais fait une bourde!

 Puis, il me disait qu'il aimait pêcher et qu'il faisait cela depuis sa jeunesse. Hum! "Je n'ai jamais essayer de pêcher, je ne connais pas très bien cette activité ludique. Lorsque vous parlez d'avenir, j'ai l'impression que vous êtes une diseuse de bonne aventure." Je repris mon air sérieux et je m’asseyais près de lui sur le sable chaud et doux. Il me demandait à quoi je pensais pour mon avenir. A vrai dire, c'était une très bonne question. Je venais d'être libéré mais je ne savais pas ce que j'allais faire demain, je n'avais pas de point d'ancrage, mais je sus ce que je devais lui répondre: " Un lieu où je pourrais vivre des aventures divers et variées, être libre et de ne pas me soucier de demain. Oui, j'aime vivre le jour au le jour, je n'ai pas envie de penser à demain. Et vous alors ? Que voulez-vous devenir demain?" Je lui souris doucement car j'avais bien envie d'entendre sa réponse. Puis, mes yeux fixèrent le lointain. L'océan me manquait, j'avais envie de revoir ma famille pour leur dire que  j'allais bien. Mais pas de tout, je prenais le temps maintenant, de profiter de ma vie et de ce que je suis devenue.