Des bornes, des bornes, et des bornes. Voilà l'alimentation de Nova. Elle en bouffait des kilomètres, à foison ! Mais elle adorait ça. Ses mollets étaient à présents deux poutres en acier, deux gros machins énormes et ultra musclés. Elle devait changer ses pompes tous les 15 jours à force d'usure, et la dernière grande marche qu'elle fit, devait rallier Ishtar à Spelunca.

Le chemin qu'elle allait parcourir par la suite était tout tracé : elle remonterait au Nord en passant par le campement des orcs pour prendre des nouvelles de sa famille, pour ensuite récupérer l'armure qu'elle avait commandé auprès de Selsya à Kastalinn.

Mais comme c'était une exploratrice dans l'âme, quitte à faire des détours de centaines de kilomètres, elle n'hésitait pas à découvrir de nouvelles contrées, et les cavernes en faisaient partie.

Le trajet était moins chiant depuis qu'elle avait récupéré Kolsga, un gorille ailé qui s'était fait foutre à la porte par son précédent maître, un vieillard peu patient avec l'animal qui s'était vu se faire arracher les dents pour mauvais traitement. Bref. C'était un animal assez indépendant, et Nova s'en occupait parfaitement bien, lui laissant sa liberté quand il le souhaitait, et lorsqu'il revenait auprès d'elle, c'était de bons moments qu'ils passaient ensemble. Elle n'avait pas encore tenté de lui grimper sur le dos pour s'envoler avec lui, elle attendrait qu'il l'invite à le faire.

Et lorsqu'elle arriva au niveau des cavernes, elle croisa un hybride, son premier hybride, Nova était ravie, elle l'aurait bien intercepté pour lui demander d'être un de ses sujets d'analyse anthropo, mais la bouille que tirait la bestiole ne rassurait pas Nova qui préféra s'écarter du chemin de la centaure qui l'ignora de toute façon.

A l'entrée de cette caverne, une scène plutôt macabre : La tête d'un cheval trônait au sol, coupée nette, et le corps du cheval, debout contre la paroi rocheuse...

Oh bordel, mais c'est crade...

Surprise par la scène, elle n'osa pas vraiment pénétrer dans la grotte, et resta à l'entrée, porta ses mains en porte-voix et hurla :

Il y a quelqu'unnnnnnn ?

Elle tendit ses grandes oreilles, mais pas de réponse, pas d'écho non plus étonnement. Puis elle finit par rentrer, discrètement.

Cela faisait des heures que Mjöll arpentait l'immense réseau de cavernes de Spelunca. Elle s'était enfoncée plus profondément principalement à cause de l'arrivée de renforts skavens qui lui bouchèrent la sortie. Cependant, la fuite inexpliquée de sa précédente alliée de circonstance, une centaure, joua aussi un grand rôle. Les deux compères n'avaient même pas eu le temps de faire connaissance !

« Les aléas de l'aventure. »

La nordique s'était débrouillée toute seule depuis ce moment fatidique. La situation était très tendue en plein territoire skaven. La jeune guerrière avait croisé quelques patrouilles et s'était habilement cachée. Elle en avait même profité pour occire quelques homme-rats isolés et s'octroyer leur queue. Les exigences de l'alchimiste étaient claires, il lui fallait une dizaine de queues et Mjöll était encore assez loin du compte. Elle n'en avait que six. Depuis qu'elle était passée à l'action, les skavens étaient en alerte et il devenait de plus en plus difficile de croiser des créatures solitaires.

Mjöll était incapable de deviner l'heure sous terre mais estima que le soleil venait tout juste de se coucher. Cependant, ses certitudes étaient légèrement faussées par l'adrénaline qui coulait dans ses veines. Une patrouille skaven passa devant la jeune femme qui se fit toute petite, torche éteinte. La barbare était aux abois. Elle ne trouvait pas d'homme-rat isolé et semblait plus ou moins perdue dans ce labyrinthe naturel...

Une heure plus tard, la sauvageonne se retrouva dans un endroit qu'elle connaissait bien : L'entrée de la caverne ! Les deux cadavres de skavens avaient néanmoins disparu. Mjöll alluma un feu afin d'établir un campement de fortune pour la nuit. Le danger était toujours très grand mais au moins elle n'était plus complètement paumée. Le feu crépitait à un intervalle régulier, couvrant un silence des plus salvateurs. Ce dernier fut pourtant rapidement troublé par une voix venant de la sortie :

« Il y a quelqu'unnnnnnn ? »

« Qui va là ?! » Se contenta de répondre la barbare, sa dague à la main sur un ton ferme et inquisiteur.

Petit pas, petit pas, petit pas, stop.
Petit pas, petit pas, petit pas, stop.

Une super technique d'approche pour appréhender les ennemis. Enfin, c'était encore en phase expérimentale donc il fallait expérimenter. Nova répétait la pratique à quelques reprises avant de trouver ça super chiant et fini par prendre le chemin comme il se devait, un pas après l'autre à un rythme normal. Et chose plus étonnante, mine de rien, l'orc était plutôt douée en subtilité, elle avait le pied léger et arrivait à ne provoquer ni éboulement, ni tremblement au sol, et elle s'en félicitait encore. Merci les années de pratique à la chasse au dragon en famille, hein.

Puis finalement, au loin, elle cru apercevoir une silhouette, mais sans certitudes. Alors elle s'en approcha avec méfiance, masse en main et réitéra le...

Petit pas, petit pas, petit pas, stop.
Petit pas, petit pas, petit pas, stop.

Bon, c'était visiblement une silhouette féminine, aux rondeurs visibles, et elle avait fait un feu. Parfait ! Nova avait encore un peu de thé dans sa gourde en cuir, l'occasion de partager son met. Mais, méfiance ! Peut-être n'était-ce qu'un guet-apens...

-B'soir. Lâcha t-elle avec une voix paisible et assurée.

Par habitude, elle essayait d'arrêter de surprendre les gens, parce qu'une voix grave, une grande orc, une masse, souvent elle se prenait des coups dans la seconde où elle disait bonjour, faisant flipper les gens.

Mjöll était tendue comme la corde d'une arc avant de délivrer une flèche. La journée avait été compliquée et ça faisait des heures qu'elle ne s'était pas reposée. A peine avait-elle eut le temps de décompresser quelques minutes que tout son corps était déjà sous tension. C'était pas une vie ! Ce n'était certainement pas l'étrange visiteur qui allait changer la donne. Du moins, pas de prime abord. La nordique prit quelques secondes pour analyser l'intrus à mesure qu'il avançait vers la lumière du feu.

« Par tous les Dieux, accordez moi un peu de répit. » pria-t-elle intérieurement.

L'intrus se révéla être une orc dont le principal trait était d'être plus grande que la sauvageonne. Un exploit pour une femelle de n'importe quelle espèce. Mjöll continua l'inspection quelques secondes, des gouttes de sueur perlant sur ses tempes, visiblement exténuée. Elle baissa finalement son arme, s'assit autour du feu et invita son invitée à faire de même.

« Vous pouvez vous joindre à moi si le cœur vous en dit, orc. » fit-elle sur un ton plus accueillant, la voix légèrement tremblante mais le regard toujours acéré. Mjöll n'avait pas énormément de préjugés. Elle n'était pas sectaire ou xénophobe. Et puis elle n'allait pas faire la fine bouche. Si elle était attaquée par les skavens, une alliée, peu importe son origine, lui serait d'un grand secours.

« Les nuits sont fraîches dans le désert et nous sommes à l'abri du vent dans ces cavernes. Le principal danger c'est la horde de skavens qui peut nous tomber dessus à n'importe quel moment. Au moins, on les entends de loin...»

Mjöll faisait la leçon a une orc. Elle était vraiment fatiguée. La barbare proposa à la peau-verte un peu de fromage et un quignon de pain. Le repas était frugal mais la situation ne se prêtait pas à un grand festin. L'orc semblait étonnamment urbaine, du moins plus que la centaure qu'elle avait rencontré plus tôt dans la journée. La nordique était bien plus à son aise et entama un brin de conversation :

« Je m'appelle Mjöll, je viens de Stellaraë, qu'est-ce qui vous amène dans ces cavernes, ...? »

Nova avait été invitée par cette femme, aux allures de guerrière, à prendre place à côté d'elle autour de ce feu crépitant. Et alors qu'elle lui parlait des skavens présent dans la caverne, l'orc essayait de décrocher sa ceinture afin d'être plus à l'aise pour s'asseoir mais l'attache était particulièrement chiante et difficile à manier, surtout avec de longs et épais doigts bleutés. Bien que la couleur n'y joue en rien.

La nana était jolie, et Nova aimait bien les jolies choses, elle était un peu jalouse des cheveux lisses et blonds, voire blancs. C'était une femme plutôt grande visiblement, et une chose était sûre : Elle n'était pas dans son assiette, sur ses gardes.

Un bout de pain, un bout de fromage, l'orc ne savait pas refuser de la nourriture, son ventre étant en perpétuelle demande, elle se fit un plaisir de manger d'une traite les quelques mets qui lui étaient proposés. Elle ne s'inquiéta pas des masses si toutes deux venaient à être prisonnières de cette grotte, dans son balluchon, Nova avait des vivres.

"Je m'appelle Mjöll, je viens de Stellaraë, qu'est-ce qui vous amène dans ces cavernes, ...?"

Quel nom original, ce n'était pas très local ça...

Salut.

Elle se lécha ses babines avant d'enchaîner.

Nova Avon, comme tous les orcs de se monde, je suis ta voisine, j'suis un peu au dessus de chez toi, dans le désert de Harena, j'connais pas mal ta ville.

Une fois de plus, elle tutoya naturellement son interlocutrice, sans se soucier du qu'en dira-t-on.

J'me balade. J'suis une nomade dans l'âme, mon but c'est de faire le tour de Dùralas et de visiter chaque région, chaque ville, et j'ai entamé, à but personnel, une sorte d'analyse anthropologique sur les différentes races que je croiserai sur ma route.

Elle se gratta la tête, remit une de ses nattes qui glissa sur ses yeux derrière ses épaules et posa une question qui lui trottait dans la tête.

Il est à vous le canasson dehors ?

Décidément elle était beaucoup plus urbaine que la centaure ! Et que tous les orcs que Mjöll avait croisé jusqu’ici. Le peu de préjugés que la nordique avait envers les peaux-vertes vola en éclat au bout de quelques minutes de conversation. Incroyable !

« Nova. C'est un joli prénom. » pensa-t-elle sans interrompre son interlocutrice.

La nordique n'avait pas tout compris au charabia de la dénommée Nova. Késako L'anthropo machin truc ?  Elle n'était pas la plus brillante des femmes que Dùralas ait porté. Généralement si les Dieux vous avaient doté d'un physique avantageux et/ou de qualités de combattante, l'intelligence et la culture étaient le cadet de vos soucis. C'était un triste constat mais un constat qui se voulait malheureusement très réaliste.

Mjöll prit une position moins féminine, sortit une dague et une pierre et commença à aiguiser son arme comme si de rien n'était. La conversation ne la dérangeait pas et elle se montra tout de suite intéressée par le but de l'orc.

« Voyager de par le monde et rencontrer des gens, c'est une bonne manière de vivre. Vous pouvez m'en dire plus sur ce que vous appelez l'anthropo....logie je crois. J'ai aussi beaucoup voyagé mais je connais pas ce mot. » répondit-elle honnêtement, visiblement curieuse.

Mjöll n'était pas choquée du tutoiement de l'orc mais n'osait pas encore en faire de même. La question du cheval fut vite expédiée...

« Mince ! Je l'avais complètement oublié ! Ca m'rassure. Ca m'évitera de rentrer à pieds !»

Nova ne savait pas si elle devait lui dire, pour son canasson à la tête coupée, du coup, pour éviter que la p'tite gonzesse panique encore plus que dans l'état où elle l'avait trouvé, elle préféra attendre un peu, et de toutes façon, elle la ramènerait au besoin, avec Kalsga ça serait faisable, si toutefois le gorille se pointait.

Du coup, elle esquiva, et répondit à Mjöll à propos de l'analyse anthropologique. Elle inspira profondément, en réfléchissant par où commencer.

L'anthropologie c'est l'étude de l'être humain. Sur plusieurs aspects : Le social, le culturel, le physique... les modes de vie et compagnie. On y étudie le langage, qu'il soit oral, imagé, gestuel...

Elle se gratta la tête et enchaîna

C'est tellement clair dans ma tête, mais alors quand je dois mettre des mots dessus... galère. Mais en fait, mon fonctionnement, c'est de poster des annonces dans la ville dans laquelle je suis en ce moment en demandant aux gens de les rencontrer afin de leur poser des questions sur eux. Je vais tenter de connaître leur caractère, le lien avec leur vie, de me parler de leur race, de savoir ce qu'il pense de la mienne. Parce que j'ai aussi un objectif, celui de faire connaître ma race auprès du plus grand monde. Les peaux-vertes ont mauvaise réputation, et je peux concevoir, mais pas pour les bonnes raisons...

Elle esquissa un sourire en coin, se remémorant des petites anecdotes.

Tu as voyagé dans quel coin ? Et tu as un but précis ?

Mjöll avait toujours été une bonne élève. Ses deux maîtres (d'armes et forgeron) n'avaient cesse de le dire. Ils évitaient juste de lui dire en face pour pas qu'elle prenne la grosse tête. Chose qu'elle prenait rapidement... La jeune femme écoutait l'orc avec attention, incorporant un maximum de la leçon qu'elle recevait. Le sujet était relativement compliqué pour l'ancienne danseuse « exotique » qui n'avait bien évidemment pas l'habitude d'une tel niveau de conversation.

« Intéressant. » fit-elle à voix haute, en sortant machinalement une autre dague d'une de ses bottes afin de l'aiguiser.

Lorsque Nova évoqua les peaux-vertes, Mjöll ne put qu'acquiescer. Rien qu'à Stellaraë, beaucoup de gens avaient des a priori plutôt négatifs des orcs. Le consensus était que ces derniers n'étaient que des brutes assoiffées de sang à l'intelligence et l'hygiène douteuses. La nordique remit un peu de bois sec dans le feu. Elle prit ensuite la parole d'une voix légèrement compatissante :

« C'est navrant d'entendre ça. Je t'avoue que j'ai jamais vraiment pensé à ce genre de choses. Pour moi la vie n'est qu'un combat de tous les instants. Plus je suis forte, mieux je me porte. Les forts mangent les faibles. C'est la loi de la nature et du monde dans lequel on vit. »

Mjöll attisa quelques braises avant de reprendre sur un ton plus fringuant :

« Je vis à Stella mais je suis originaire d'ailleurs comme tu peux t'en douter. Des plaines d'Aran pour la p'tite histoire. D'une petite tribu comme il en existe des dizaines voire des centaines. Le destin a voulu que je me retrouve à la capitale très jeune. Depuis, je me débrouille pour survivre comme je peux. Je travaillais dans le milieu du spectacle jusqu'à très récemment mais je me suis lassée. J'ai fait une rencontre qui a changé ma vie et BING ! Me voilà une aventurière en plein travail pour un alchimiste dans les cavernes de Spelunca ! »

La barbare ria aux éclats avant de reprendre plus sérieusement :

« Tu vas rire mais mon but c'est d'être une héroïne comme jamais Dùralas n'en a porté. Je veux qu'on parle de moi dans les livres bien après ma mort et que les bardes chantent mes exploits durant les siècles à venir. Et si j'échoue, je veux mourir en essayant ! »

Mjöll n'était pas vraiment du genre à se confier, surtout à des inconnus. Était-ce à cause de la personnalité de l'orc ou encore de son histoire ? Ou bien était-ce une façon d'évacuer tout le stress qui s'était empilé ce jour la ? La barbare n'aurait su le dire.

Voici l'image parfaite que Nova adorait observer chez les gens qu'elle rencontrait lors de ses voyages : Connaître leur but ultime. Et celui de Mjöll était plutôt surprenant et bien loin de celui de Nova.
Cette petite gonzesse rêvait de gloire et d'admiration, chose que l'orc pensait n'être qu'un mythe, ou digne des grands méchants de ce monde. Peut-être que la petite humaine qu'elle avait devant elle, allait devenir une truande, une vilaine personne qui en ferait souffrir beaucoup, alors son opinion sur elle changea brutalement, et il fallait, pour qu'elles s'entendent bien, que Nova en apprenne plus sur elle et ses intentions.

L'orc était méfiante, et était fière de ce trait de personnalité, qui lui valait d'éviter bien des situations embarrassantes.

Ton canasson est mort décapité.

Elle avait lâché ces mots un peu sans y réfléchir, et elle se surprit elle-même. Était-ce une façon de justifier ses pensées précédentes, en voulant voir la réaction de l'humaine face à un problème imminent ?

Elle baissa un peu la tête, regardant ses genoux qui étaient recroquevillés puis le foyer crépitant.

Désolée, c'est sorti tout seul, mais, faut bien que tu sois au courant, sinon la surprise risque d'être de mauvais goût.

Et rapidement, elle enchaîna, pour changer de conversation

Tu faisais quoi dans le milieu du spectacle ?

Mjöll n'était ni la plus patiente, ni la plus réfléchie, ni la plus maline des créatures de Dùralas. Lorsque l'orc évoqua la mort de son cheval, il fallut un bon moment avant que l'information parvienne à son cerveau. Son état de fatigue, le caractère étranger et inattendu de l'information jouèrent un grand rôle dans son apparente incompréhension. Lorsqu'elle revint du monde des abrutis, le sang de la barbare ne fit qu'un tour. Elle se leva d'un bond, la dague à la main pointée vers Nova. La nordique fixa l'orc quelques instants puis se ressaya en lâchant un soupir. Après un bref moment de silence, elle grogna une excuse :

« Désolé, je suis sur les nerfs. Je suis dans ces grottes depuis trop longtemps. C'était pas vraiment mon cheval à vrai dire. Je suis dans ce trou pour récolter des ingrédients pour un alchimiste. C'était son cheval. » commença-t-elle avant de reprendre un bout de fromage. Elle enchaîna :

« En gros, t'as pas à t'excuser. Ce qui me fait chier, c'est que je vais devoir rentrer à pieds jusqu'à Stella... » fit-elle avant que l'orc change de conversation. Le passé de Mjöll n'était pas un sujet tabou mais plutôt un sujet qui fâchait la plupart du temps. Son interlocutrice ne risquait cependant pas de se moquer d'elle ou de la rabaisser. Après tout, pour la barbare, Nova était une scientifique qui étudiait les comportements. Elle en avait sûrement vu d'autre !

« Haha, c'est une bonne question. J'étais danseuse... exotique dirons-nous pour faire court. J'avais même un nom de scène : l' « Etoile du Nord ». Je me suis produit à travers tout le continent et j'ai failli me poser à Ishtar quand j'ai économisé un peu d'argent mais ça ne s'est pas fait. D'ailleurs il me tarde d'y retourner, j'ai des comptes à régler... » dit-elle visiblement agacée de s'être remémoré des mauvais moments de sa vie.

« Tu connais le coin ? »

Oh bordel... Nova s'était faite pointée le bout du nez par une arme et cela déplaisait fortement à l'orc un brin impulsive (des restes de ses fréquentations orcs et du campement) mais elle ne lui en tint pas rigueur alors qu'elle décida visiblement de se rétracter.

Visiblement la question sur son passé fit tiquer la belle blonde mais elle répondit tout de même.
Elle attendait qu'elle termine son récit pour lui renvoyer une nouvelle vague de questions suite à ses réponses intéressantes, comme elle adorait le faire et qui était symptomatique de ses analyses anthropo rondement menées. Mais avant, il lui fallait répondre à une qui venait de lui être posée.

Je connais le coin oui. J'y ai fait une ou deux analyses et j'ai ma boutique d'armes préférées là-bas. C'est le Loup D'Ébène, un p'tit mec sympa qui est dans la même faction que moi et qui bosse bien et vite.

Tout en parlant, elle noua ses bottes de cuir qui étaient mal attachées.

Pour ce qui est de rentrer, j'ai p'tetre un plan, sans trop galérer à marcher, mais ça ne dépendra que de lui...

Elle faisait référence à Kolsga.

Sans même construire de phrase, elle énuméra alors ses questions une à une.

De quels ingrédients as-tu besoin ?
Pourquoi ne pas t'être installée à Ishtar quand tu en as eu l'occasion ?
Quels comptes à régler ?

Mjöll nota mentalement les coordonnées de l'artisan d'Ishtar. Elle connaissait bien le coin, ou plutôt certains coins de la ville. La barbare n'était qu'une pauvresse sans éducation à cette époque et ne fréquentait pas les endroits classes. Enfin classes, disons les endroits normaux... Son lot à elle c'était plus les bouges un peu glauque regorgeant de pirates avinés. Plutôt un bon public mais très mauvais payeur sans incitation préalable. Se remémorant son passage dans la ville côtière, la nordique décida de répondre aux questions sur le sujet.

« Pour faire court, c'était une histoire de pognon. J'ai cru en certaines personnes mal intentionnées qui soi-disant pouvaient m'aider à monter un petit commerce de relaxation pour marins. Je dois dire qu'en y repensant que ce fut ma plus belle leçon. Et c'est ce qui m'a poussé à changer de vie, à devenir plus forte. »

Elle resta laconique et essaya de faire comprendre à l'orc que le sujet était clos. Elle enchaîna sur les raisons de sa présence dans ces grottes après un silence relativement pesant :

« L'alchimiste a besoin d'une dizaine de queues de rats pour une potion. De la à te dire à quoi la potion pourra servir... Je dois en avoir cinq ou six, regarde. » fit-elle en sortant les ingrédients légèrement sanguinolent et mal odorants d'un sac de jute.

« Le sac non plus il est pas à moi. » rit-elle avant de poser quelques questions à son tour, visiblement plus à son aise :

« C'est quoi ce plan pour rentrer ? Et tu m'as pas dit ce que tu faisais dans ce trou paumé. »

Alors que Mjöll sortit de son sac des trucs difformes et gluants ensanglantés, Nova eu un certain dégoût et un léger mouvement de recul. Elle n'avait pas réellement envie d'en savoir plus sur ce que c'était, même si elle le savait déjà. Elle n'avait pas idée de la gueule que pouvaient avoir les bestioles pour avoir des queues pareilles, mais s'en passerait plutôt bien. Elle était un peu claquée et ne se sentait pas d'attaquer à détaler au cas où elle subirait une invasion de ces machins.
Si elle était fatiguée c'était probablement à cause de la potion qu'elle avait du boire quelques temps plus tôt, un truc dégueu que Dragnizzo lui avait filé. Un truc qui lui donnerait des espèces de pouvoirs liés aux abominations, mais tout n'était pas clair dans sa tête, encore moins depuis 30 minutes ou tout semblait devenir de plus en plus lent à ses yeux. Comme un film au ralenti, bien étrange.
Toutefois elle arrivait à écouter les paroles de Mjöll et était réellement intéressée.

Hein ? Le plan pour rentrer, ah, euh... les histoires de pognon, toujours des histoires de pognon, ça fiche une merde pas possible ces trucs, dire qu'avant le monde fonctionnait aux trocs et aux échanges, c'était tellement plus... humain ? Oh pardon, je m'égare. Le plan pour rentrer c'est Kolsga. Un gorille volant qui m'accompagne plus ou moins, quand il daigne se montrer. Il est pas vraiment obéissant, mais j'ose espérer que si je suis dans la merde, il viendra me filer un coup de main.

Elle éternua trois fois de suite après son mini-récit, la faute à la fumée qui lui arrivait en pleine tronche. Mais son dernier éternuement lança une sorte d'écho étrange. En tendant l'oreille, elle s'aperçut que ce n'était pas un écho, mais des voix, des murmures, plus proches qu'espéré.

Ah nan, bordel, pas maintenant... chuchota t-elle en regardant Mjöll qui semblait être elle aussi sur ses gardes depuis quelques secondes. Nova se redressa, armes en main.