I - Une vieille légende, transmise dans un dernier souffle


Ici même, une vieille femme hideuse, poisseuse et recouverte d'algues fut découverte par nous les marins. Son état nous serait presque indifférent, à nous qui n'aimions pas l'étrange...
On la pensa morte, on lui creusa même une tombe, jusqu'à ce que l'aube se lève, et que ces yeux noirs et profonds se mirent à me fixer.

Elle m'avait fait peur, on aurait dit l'une de ces créatures des ténèbres qui errent dans les cimetières, une sorte de spectre revenu sur terre pour vous hanter, quel effroi je vous jure, je voulais plus qu'une chose, qu'elle ferme ses maudits yeux et que son âme rejoigne les cieux.
Mais, d'une main glaciale et tremblante elle prit ma main ; sur le coup, je n'avais qu'une envie et qu'une seule, celle de m'en défaire, tout m'incita à le faire sous réserve de ces mots qui me terrifia instantanément :
« Le Sceau, je n'arrive plus à le tenir, prenez garde... »
Elle rendit l'âme sur ces dernières paroles, et je me rendis compte de qui elle l'était vraiment.

Peu de gens le savent, mais moi, j'ai la connaissance d'un temple bien particulier, créer jadis, il accueille des prophètes et mages spécialisés dans un art de la magie que vous connaissez peut-être : l'Art des Sceaux.
Une magie complexe, à laquelle je n'ai jamais vraiment compris, mais qui nous garde à l'abri de monstres d'une époque reculée.

Cette femme était donc de ce temple, mais que s'était-il passé là-bas ?
Au loin, de nombreux cumulonimbus, un terme que je n'utilise que depuis le jour, où j'ai échoué au temple de ces gardiens. Il faut dire que les prophètes ne parlent pas avec un langage du quotidien, toujours par énigmes, cela devenait même fatigant à la longue pour un non-érudit comme moi.

Je savais qu'une seule chose : s'il elle et les siens ne maintiennent plus le Sceau, alors Dùralas craint l'arrivée d'êtres abominables : des fléaux des temps très anciens.


II - Des jours de pluie

Il pleut depuis des semaines depuis ma rencontre avec la vieille femme. Personne n'a eu le courage de se rendre au temple, et c'est bien normal, d'ordinaire l'accès est déjà problématique avec des récifs et autres créatures peu accueillantes, mais avec cette pluie qui ne semble ne pas vouloir s'arrêter, l'inquiétude semble avoir gagné le cœur des marins et des gens aux alentours.

Beaucoup, ont quitté la région pour échapper à l'orage, j'ai bien tenté de convaincre les gens qu'une menace se préparait, mais comme je l'ai dit, l'orage ne touchant que ma région d'origine, beaucoup ne prêtait guère pas attention à notre situation. Certains me voyait comme un prophète de malheur, car qui plus est, la saison des pluies est arrivée et qu'il n'est pas rare d'avoir de la pluie lors de ces périodes.

Personne ne semblait me croire, je regardais sous une pluie battante, au loin le lieu du temple, en fait, il pleuvait tellement que je ne voyais plus rien, j'ai peur, je ressens l'éveil de créatures antiques, mais peut-être est-ce faux ?
Après tout, ceci n'est peut-être qu'une légende, et comme nombreux le pensent, ce temple n'était peut-être rempli que de fous qui disaient garder un danger pour justifier les dons de nombreux fidèles.


III - À mes risques et périls

Je me suis rendu à ce temple, je le devais, je n'en dormais plus la nuit.
Je me sentais pas très bien à l'arrivée, blessé, et ayant perdu une bonne partie de mes provisions, qui ont nourri les monstres infectant la mer.

Le Temple était en ruine, de nombreux corps gisaient là, ici, ou encore là-bas.
Avec l'eau du ciel, je n'en percevais que les silhouettes.
Je ne reconnaissais plus l'endroit, j'errais à la recherche de réponses, ce fut long, mais je parviens à trouver une réponse sur une stèle qui donnait devant la mer déchaînée.

J'étais à bout, cette pluie diluvienne me rendait malade, à moi, qui suit pourtant habitué des grands siphons que la mer réserve parfois à ceux qui naviguent dessus.

Sur la stèle, brillait un message magique, au moins mes yeux pouvaient le voir,
« Le Sceau a été brisé. »


IV - L'Ironie du sort

Après ma découverte de la stèle, j'ai dû basculé dans les vapes comme on dit, une partie de mon existence fut dissimulée à ma conscience, je me réveilla dans une prison d'algues devant des curieux...

On m'avait soigné, et j'ai donc l'occasion de vous transmettre cette histoire, mais finalement les séquelles étaient bien trop graves, peu de temps après je voyais le début d'un nouveau voyage.

Maintenant qu'on me croit ou pas, ce n'est plus mon souci, la mort m'a emporté.
Ai-je eu raison ou ai-je eu tort ? Cette question n'est plus vraiment de mon ressort.