Wyrm regarda le marchand droit dans les yeux, le regard le plus sérieux qu'il puisse avoir avec sa face d'ange. L'autre finit par soupirer. Le stryge lui décocha alors un grand sourire victorieux et en échange d'une pièce d'or, il obtint une harpe elfique de belle manufacture. Certes, ce n'était pas là le travail d'un maitre dans l'art mais elle suffirait largement à compenser l'absence de sa mandoline, le temps de se faire sculpter un nouvel instrument.
Heureux d'être redevenu un ménestrel, il ne lui restait plus qu'à trouver un masque digne de ce nom. L'ancien, à la similitude de la mandoline, n'avait pas survécu à son long périple dans Harena... Il était donc venu dans ce petit village elfique dans l'espoir de se reconstituer à la fois physiquement que matériellement.

Alors qu'il déambulait parmi les petites échoppes bordant la place, son estomac finit par faire des siennes. Un regard vers le ciel lui confirma qu'il devait être midi. Mais les alentours, contrairement aux grandes villes, ne regorgeait pas de tavernes ou d'auberges -à peine les elfes se préoccupaient-ils de leurs touristes, la plupart se rendant à la capitale.
Peut-être arriverait-il à gagner sa pitance par son art ?
Wyrm alla se poser sur les rebords d'une des fontaines de la place, et avant de jouer, prit la peine d'accorder la harpe. Certes, il ne s'agissait pas de son instrument de prédilection toutefois, il avait acquis au fil de ses voyages une certaine affinités avec les cordes. Il posa ensuite à ses pieds, ouvert, l'étui de son instrument.

Et tandis que le soleil atteignait le zénith, une douce ballade alla charmer les passants.

Il observa avec un intérêt dissimulé la belle jeune femme venue près de lui, comme charmée par la musique. Un fin sourire se dessina sur son visage serein. Les notes de la harpe s'égrainaient une à une, se suivant comme tant de soeurs sur un même sillon invisible que la femme semblait suivre en oscillant doucement.
Il admira la dense chevelure de la brune dont chaque brin semblait animé de vie, dansant au rythme de la harpe. Puis son regard glissa sur la courbure douce de ces épaules féminines, appréciant la clarté pure d'une peau si blanche. La gorge si gracieuse à l'oeil devait être d'une tendresse infinie sous les caresses d'un amant. Mais dès que son regard entrevit les perspectives plus que charnelles que ce corps semblaient dissimuler à grand peine sous le voile de quelques habits, il revint aussitôt à la musique.

Mais bientôt, une dernière envolée, une dernière longue et claire note, puis le son se mourut. Avec elle, la place sembla perdre un peu de sa magie mais rien de son charme. La vie reprit, tout simplement. Wyrm se pencha vers son unique auditrice et la remercia d'une courte révérence sans quitter sa place, le sourire aux lèvres.

"Je suis comblé : c'est un bien magnifique reptile que ma musique aura aujourd'hui charmé" fit-il de sa voix chantante.

Ses doigts coururent distraitement sur la harpe pendant qu'il essayait d'engager une conversation. Les belles femmes avaient toujours été un de ses péchés mignons, aussi ne pouvait-il s'empêcher d'essayer de s'attirer leurs grâces.

La mélodie du musicien avait totalement prit possession du corps de Shakti, celle-ci ne réfléchissait plus et juste la musique importait. La jeune femme était plongée au plus profond d'elle même, des arabesques de couleurs chaudes, d'orangées à marron et noir, défilaient devant ses yeux. La chaleur du soleil de l'après-midi faisait légèrement rougir sa peau claire et parsemée de tâches de rousseur.
Les mouvements de son corps se faisaient de moins en moins rapides, tout en suivant la mélodie, jusqu'à ce que celle-ci s'éteigne en une douce note.

La naga restait dans la même position, les yeux fermés. Un sourire léger et satisfait était apparût sur ses lèvres. Elle ouvrit ses grands yeux lorsqu'elle entendit une voix d'homme, surprise.

- Je suis comblé : c'est un bien magnifique reptile que ma musique aura aujourd'hui charmé.

L'homme avait une voix douce et à la fois suave. Il n'avait pas une voix qui portait trop fort, on pouvait dire qu'elle était à l'image de sa mélodie : douce, vivante et envoûtante.
Shakti en souria de plus belle, mais le sourire léger se transforma en un sourire intéressé et joueur.

- Oh, ne vous méprenez pas, il en faut plus pour charmer le reptile que je suis. Vous avez cependant réussit à attiser mon oreille musicale, et étant plus que réceptive..mon corps n'a fait que suivre et s'unir à la mélodie.

Elle se releva avec souplesse, comme le font les serpents qui s'élèvent. Elle s'approcha de quelques pas de plus de l'homme, regardant son instrument avec curiosité. Elle était admirative du talent de cet homme. Elle déposa alors une petite pièce dans l'étui ouvert de la harpe, ne quittant pas le musicien des yeux, toujours en souriant.

- D'ailleurs, vous avez le sens de l'observation. Ayant dissimulé ma nature de naga avec des jambes humaines, seules quelques petites choses peuvent me trahir. Bravo.

C'est qu'elle lui plaisait. Wyrm eut un sourire amusé sous son masque, tandis que la femme s'approchait un peu plus, se penchant pour laisser entrevoir quelques mystères... pour finalement ne lui donner qu'une pièce. Devait-il y voir plus qu'une simple rétribution ?
En tous cas, cette belle femme laissait bien trop entrevoir d'opportunités pour qu'il ne s'agisse que de la transposition de ses envies ; chance se présentant, il la saisirait évidemment.

"D'ailleurs, vous avez le sens de l'observation. Ayant dissimulé ma nature de naga avec des jambes humaines, seules quelques petites choses peuvent me trahir. Bravo."

Quelques notes précédèrent sa réponse avant de continuer à chanter tranquillement, en une mélodie distraite. Il ne l'avait deviné à vrai dire. Sur le moment, cela lui avait juste été inspiré par sa réaction, tel un serpent charmé par la flûte.

"Vous avez une bien belle façon de vous mouvoir, ma Dame. Tout homme serait tenté de vous admirer un long moment, et espérer percer quelques secrets d'un tel charme.."

Il alla l'observer de plus belle de ses yeux bleus, lui coulant un regard trahissant son intérêt à mieux la connaitre. Puis l'air de rien, il reprit le contrôle de sa harpe pour entamer un nouvel air dansant.

HRP:

L'homme ne répondit pas de suite aux paroles de Shakti. Il se contenta de laisser encore une fois glisser ses doigts sur son instrument, chantonnant une douce mélodie. Sur l'instant, Shakti commençait à se renfrogner, ayant l'impression que l'homme l'ignorait.

"Vous avez une bien belle façon de vous mouvoir, ma Dame. Tout homme serait tenté de vous admirer un long moment, et espérer percer quelques secrets d'un tel charme.."

Shakti sentit en même temps le regard du bel inconnu qui vagabondait sur son corps et ses courbes. Elle s'étonna de la lueur de malice qui s'allumait dans son regard d'un bleu profond. Soudainement il détacha son regard pour reprendre un air de musique.

La naga aimait le petit jeu qui se profilait entre ces deux âmes, qui semblaient aimer s'animer des mêmes règles. Elle adorait faire tomber les hommes comme des mouches, les provoquer subtilement, et bien souvent les envoyer balader. Pour ce qu'elle voyait du musicien, elle espérait bien réussir à retenir son attention et..s'il se montrait réceptif, l'attirer dans sa danse.

Les premières notes démarrées, Shakti lança un regard à l'homme avant de sourire à pleines dents. Elle ouvra sa sacoche et en sortit un foulard auquel était accroché des grelots, elle le noua autour de ses hanches, à la façon des danseuses exotiques puis en rythme, elle se mit à taper dans ses mains et du pied avec grâce et entrain, en accord avec les tonalités qui émanaient de la harpe. Et tandis que le musicien accélérait la cadence, la jeune naga sourit d'autant plus, et laissa corps et chevelure danser, virevolter et onduler sans retenue à l'envoûtante mélodie qui résonnait dans l'air.

Dansante et tournoyante, elle s'adressa au musicien.
"Admirez alors, et nous verrons si vous êtes capables de percer d'autres de mes secrets."

HRP:

Il savait que c'était là un jeu bien dangereux : les femmes naga n'étaient guère réputées pour leur droitesse d'esprit et de manières dans les affres de la séduction. N'avait-il pas colporté il y a de cela quelques jours l'histoire de cette prêtresse sacrifiant ses amants au Basilic ? Mais le danger était devenue une compagne bien intime, bien trop pour qu'il la craignât en la personne de cette belle danseuse...
Alors il attisait la flamme en un foyer brûlant, enchainant des notes de plus en plus vives et langoureuses ; quelques passants s'étaient arrêtés pour observer cet étrange duo. Le village accueillait de nombreux troubadours toutefois, rares étaient ceux capables d'ainsi intriguer les exigeants elfes. Sans doute percevaient-ils au travers de la musique et de la danse le jeu auquel se livraient ces deux âmes : elle fuyait, il la suivait, elle s'approchait, il reculait. Et pourtant chacun connaissait déjà les aboutissants de ce badinage.

Les minutes s'écoulaient et aucun ne semblait vouloir s'arrêter ; Wyrm trouvait en elle un même esprit fier. Le stryge blanc aurait donc autant noirci pour ainsi se lier avec une naga après une stryge noire ? Cela l'amusait en fin de compte...

Bientôt la harpe se mit à jouer une complainte amoureuse où les deux amants se jouaient de l'un et de l'autre avant de se perdre. Tout en continuant d'égrainer les notes avec fluidité, Wyrm se leva pour se mêler à la danse de la naga et déambuler sur la petite place, avant d'y joindre sa voix cristalline.

"La lyre au cœur, la harpe contre moi,
Je me languis, enivré par tes soies...
Danse, danse, belle de ces hauts bois,
Dessine air et lumière de ta voix ;
ô Nymphe, laisse-moi te contempler
Encore et encore jusqu’à saietté..."

Il se laissait porter par les mouvements de la naga, oiseau intrigué par le serpent ne craignant la morsure. Ses pas se faisaient lestes, dessinant un chemin entre les spectateurs. L'attroupement était devenu foule depuis et c'étaient une vingtaine de regards elfiques qui les observaient maintenant.
Alors qu'il passait à proximité de la naga, Wyrm lui souffla d'un ton enjoliveur.

"Ma Dame, que diriez-vous de laisser ces manants ici et d'aller trouver quelque quiétude à deux ?"