Assise à l'écart de la foule, observant les gens qui se pressent autour du comptoir, Nina esquisse un léger sourire. Entre ses doigts (pour une fois) ne repose ni un godet de vin, ni une chope de bière mais une petite tisane. Un mélange vertueux, doux, qui vient embaumer l’atmosphère d’un doux parfum floral.

Vêtue pour l'occasion d'une longue et jolie robe aux tons ocres, Nina a soigneusement noué sa longue tignasse en une tresse qui vient suivre la ligne dorsale de sa colonne vertébrale. Sous la table, ses jambettes sont croisées et l’un de ses pieds s’agite nerveusement en rythme. Sa botte vient aléatoirement rencontrer le dessous de l’ébène lui arrachant un sourire crispé par moment.

Se penchant légèrement au travers du plan de travail, la pierre ancrée au sein de son buste venant rencontrer le bord du semblant de bureau où elle siège, Nina se saisit du bout des doigts d’un cendrier. Ramenant ce dernier devant elle, elle se penche ensuite vers le sac qui repose à ses pieds : la jeune femme extirpe un savant mélange qu’elle s’empresse d’embraser à la lueur d’une chandelle. S’accordant une gorgée de tisane, la douce porte ensuite le mélange à ses lèvres avant de laisser une doucereuse fumée s’extirper d’entre sa bouche. Se réajustant sur son siège, un soupir de contentement se fait entendre tandis que la sorcière tire une nouvelle fois sur le mélange.

Venant rompre son instant de quiétude, un petit homme vient à sa rencontre. Son nez est déjà bien rouge pour une heure aussi peu avancée de la journée. Il trépigne sur place et annonce, le souffle légèrement coupé par l’excitation du moment :
« Combat ! Combat ! Combat ! »

Nina fronce légèrement les sourcils d’incompréhension.
Face à sa réaction, le nain ajoute au bord de l'infarctus :
« Il va y avoir un combat ! Dehors ! Combien tu mises, combien tu mises ?! »

L’intéressée troque son air dubitatif contre un petit sourire. Son visage se secoue négativement tandis que le mélange qu’elle tient entre son index et son majeur retourne se porter entre ses lèvres. Tournant légèrement le faciès pour ne pas lui cracher la fumée en pleine gueule, elle reporte ensuite son attention sur lui, lui murmurant :
« Zéro mon brave Monsieur. »

Le nain hoquette et fronce les sourcils à son tour visiblement mécontent. Il insiste face à la brunette, tentant d'argumenter son discours d'ivrogne :
« Mais c’est un combat unique ! Il y en aura qu’un de comme ça ! Viens au moins voir. Aller ! »

Le rabatteur se faufile au travers d’autres tables parvenant à amasser quelques piécettes, notant dans son carnet les gains amassés et le prénom des parieurs fous. Ecrasant son savant mélange au sein du cendrier, terminant sa tisane d’un trait, la jeune femme se relève et ramasse son sac avec nonchalance. Se faufilant au travers des tables à son tour, sa consommation déjà payée, elle extirpe une unique pièce de sa bourse qu’elle tend à celui qui a amassé foule à l’extérieur…