La sorcière sourit au Nordien puis disparut dans une nouvelle brume qui se leva et se dissipa beaucoup trop rapidement pour que ce soit une simple manifestation magique. Quelque chose n'était pas normal, en-dehors de tout le reste en fait.

Pire encore !
Lorsqu'Uskøl se demanda comment il se sortirait du guêpier dans lequel la magicienne l'avait enfoncé, il se rendit compte qu'il était simplement à genoux au sol. Aucune trace de la précédente fissure.


Pourquoi tenter de chercher une explication dans une période aussi controversée sur la normalité comme l'était la Convergence ? Uskøl devait simplement l'accepter, point.
En revanche, il n'accepta pas le loup-garou qui le regardait d'un air mauvais au coin du bâtiment délabré du village des Acolytes.

En un éclair, Uskøl se releva et dégaina ses deux haches, qui étaient revenues à lui par le plus étrange des miracles. Il était prêt à croiser le fer avec les dents et les griffes acérées de ce nouvel adversaire qui réagit avec la même vivacité que le Nordien.
En fait, alors qu'il était vraiment prêt au combat, la bête sauvage était déjà à quelques pas de lui qu'elle avalerait en une seule enjambée. Sa vitesse était stupéfiante, mais cela permettrait au combat de ne pas s'éterniser. Quant aux lacérations et morsures que le guerrier aux cheveux rouges subiraient, ce n'était pas un réel problème ; il avait affronté bien pire dans son pays natal.


C'était une étrange réflexion de foi, mais elle lui semblait avoir du sens dans cette situation. Après tout, n'était-il point face à une créature sanguinaire ?

Les deux combattants se firent face dans un fracas et se repoussèrent en même temps en s'infligeant d'un côté comme de l'autres quelques blessures qui n'avaient rien de décisives pour la suite de leur affrontement.
Les griffes du mi-loup, mi-homme lacérèrent l'armure du Milicien et entaillèrent ses bras nus et exposés, sans provoquer de blessure profonde.
La lame de métal rouge nordique déchira la chair poilue de la bête enragée et laissa le sang s'écouler tranquillement de la blessure.


Le loup-garou, bien qu'il soit possiblement un lycanthrope étant donné qu'il avait une certaine maîtrise de sa forme transformée bestiale, grogna de rage et frappa de ses deux pattes pour planter ses griffes dans le corps de l'impertinent intrus qui les dévia sans trop de difficulté. Bien sûr, l'acolyte bestial était doté d'une force grotesquement élevée, mais le Nordien avait eu affaire à largement bien pire, même du côté des loups ou de simples canidés.

Le Milicien ne se méfia pas assez de son adversaire qui fit basculer tout son poids pour le forcer à plier genou.
Effectivement, Uskøl ne s'était pas attendu à pareille démonstration de force et se maudit d'avoir été présomptueux à ce sujet. Il s'était laissé gagner par l'orgueil et en payait le prix fort alors que la patte droite du loup-garou appuyait dangereusement sur son flan.

Uskøl n'était pas vraiment gêné par la douleur.
Il grimaçait, forcément et sentait les griffes de la bête s'enfoncer de plus en plus loin dans sa chair, mais il n'y avait rien d'insoutenable et il ne pouvait se laisser aller pour une blessure, même d'un acabit un poil plus important. Si le Nordien s'abandonnait à la douleur ou à la résignation, le combat était perdu. Ce n'était pas pour rien que le guerrier aux cheveux rouges comme le sang ne filtrait quasiment jamais ses émotions.


Bizarrement, le guerrier du nord semblait en redemander puisqu'il ne levait pas le pied sur les insultes et basses-provocations. L'euphorie et l'adrénaline d'un combat pouvaient changer une personne.

Il y eu pourtant une sorte d'accalmie pendant laquelle Uskøl résista à la pression du loup-garou sur et dans sa chair et profita pour reprendre son souffle. La situation impliquait que le plus éreinté des deux lâcherait prise et permettrait, potentiellement, au second de prendre le dessus.
Le Milicien ne voulait pas attendre cet instant qui lui serait sûrement décisif, surtout parce que la bête sauvage n'attendait que ça ; Uskøl le ressentait dans sa folie meurtrière.

Le Nordien ne pouvait pas non plus tenter une esbroufe et faire croire à son adversaire qu'il faiblissait ; ce donnerait un élan de motivation au transformé qui prendrait certainement l'avantage d'une façon plus spectaculaire que si les choses s'étaient écoulées comme elles étaient prévues.

Uskøl décida alors de racler le dos de sa hache sur la jambe atteignable du loup-garou. La position dans laquelle ils se trouvaient tous les deux l'empêchait pour frapper avec le tranchant de son arme, mais cette petite intervention sommairement inoffensive pourrait lui valoir une ouverture inattendue. Et si le toutou était chatouilleur ?

L'étrange tentative fonctionna et désorienta le loup-garou qui ne comprit pas tout de suite ce qu'il lui arrivait.
Ce court instant durant lequel la bête n'avait plus d'emprise sur sa prise permit à Uskøl de se dégager et de frapper d'un grand coup de hache le flan de son adversaire pour lui rendre la pareille.

Le Nordien se souvint ensuite d'avoir violemment été accueilli par un arbre mort tranché en deux par la foudre, dans un passé révolu. Son attaque avait réussi, mais son adversaire l'avait envoyé paître en le repoussant d'une force plutôt importante. Les Acolytes n'étaient vraiment pas à prendre à la légère, quitte à s'en mordre les doigts alors qu'une vision d'horreur se dessinait droit devant soi : une bête sauvage et sanguinaire chargeant à tête perdue.