L'aventure d'Uskøl au sein du territoire des Acolytes de la Convergence ne devait pas s'arrêter là, pourtant la suite se révéla particulièrement brumeuse, que ce soit au sens propre ou au sens figuré.
Effectivement, une sorte de purée de poix s'éleva du sol et engloba les lieux, occultant complètement les sens du Nordien qui se releva directement pour se mettre en garde et faire face au prochain danger qui l'attendait en ces lieux obscurs et empreints d'une atmosphère démoniaque.

Un rire féminin croassa de toutes parts, puis une chansonnette de plus en plus audible parvint aux oreilles du natif du Grand Nord, bien qu'il ait été dans l'incapacité totale de comprendre d'où elle pouvait provenir, malgré ses sens affutés du fait de sa malédiction qu'il préférait taire en toutes circonstances.


La suite devint complètement incompréhensible jusqu'à ce qu'Uskøl décèle une forme sur son flanc gauche. Il pouvait s'agir d'une illusion, mais le Nordien préférer s'y fier plutôt que d'attendre la mort.

Alors que la forme devenait de plus en plus distincte, s'approchant alors de l'intrus, un nouveau couplet de la chansonnette dansa autour des oreilles occultées du Nordien ; la brume mettait ses sens les plus fins à rude épreuve.


Mais comme précédemment, la suite parait aussi claire que le discours d'un nourrisson caché derrière une cascade très agitée.

Uskøl respira un bon coup et focalisa presque toute son attention sur l'individu qui semblait s'approcher de lui. Il garda un œil tout autour, ce qui lui permit de comprendre que la forme s'était volatilisée dans son angle mort.
Le Nordien se retourna d'un seul coup, prêt à faire face à un assaut brutal. Si tel était le cas, il pourrait peut-être riposter.

Une aura de multiples couleurs enveloppa la forme presque éthérée et Uskøl profita de cet instant pour lui lancer sa hache dessus. Il l'entendit retomber sur le sol tandis que le même rire féminin croassa dans ses oreilles, sans qu'il puisse en découvrir la cause.

Le Nordien rechercha la nouvelle apparition, mais il ne la trouva guère et n'eut comme indice de sa "présence" qu'une suite à la petite chansonnette :


Et comme pour les deux autres couplets, la suite ne fut rien d'exploitable pour comprendre ce qu'il en était.
Néanmoins, cette idée de "cendres" indiquait peut-être qu'un incendie était à l'œuvre. La brume qui entourait le Nordien pourrait alors être la fumée provoquée par plusieurs feux destructeurs ? Pourtant, Uskøl ne sentit pas sa gorge s'assécher et s'imprégner du goût du brûlé. Le guerrier aux cheveux rouges savait très bien ce qu'il se passait lorsqu'un village entier était en proie aux flammes et que seule la désolation subsisterait.

La forme humanoïde revint alors, plus tangible que les fois précédente et le natif du Grand Nord décela clairement une personne avec de longues jambes, une taille féminine et un couvre-chef pointu. Ce n'était clairement pas une simple villageoise et devait sûrement être dotée de pouvoirs magiques. Uskøl devait être prudent s'il souhaitait s'en sortir.

La femme ne disparut pas cette fois et s'avança sans ciller, ni présenter la moindre intention meurtrière jusqu'à ce qu'Uskøl attrape à pleines mains le projectile qui avait fusé sur lui : sa hache précédemment lancée. Elle lui était revenue avec force et aurait pu se planter profondément dans son torse s'il n'avait pas eu le réflexe de l'attraper.

Imitant alors son adversaire, le Nordien ne se priva pas de la lui renvoyer, mais la hache se heurta à une sorte de bouclier et fut dégagée dans les airs comme si ce n'était rien. Ça ne faisait plus aucun doute : Uskøl avait bel et bien affaire à une mage.


La chanson s'arrêta avec cet ultime couplet et le Nordien craint qu'un désastre ne s'abatte sur lui ; la fin du lyrisme était suffisamment funèbre pour qu'il imagine qu'un sort similaire l'attendait dans les courts instants à venir. Il fallait impérativement qu'il frappe le premier afin de placer le maximum de chances de son côté. C'était primordial pour la suite.

Uskøl respira un bon coup afin de se jeter sur sa cible et la trancher d'un coup vif et précis de sa hache rouge nordique. Ses effets n'étaient pas très puissants en ces lieux, mais il mettait tout son corps dans son attaque pour espérer pouvoir mettre un terme à ce dangereux combat.

La femme lui sourit et disparu en même temps que le tranchant de la hache la traversait. Le Nordien aurait alors été complètement incapable de dire s'il avait fait mouche ou si tout ceci n'avait été qu'un fiasco. La prochaine apparition de la magicienne lui donnerait une réponse concrète, normalement.

Uskøl se rendit compte alors de quelque chose : la brume se dissipait lentement et ses sens lui revenaient de manière plus ou moins occultées. Si combat se déroulait, alors il serait en meilleure possession de ses moyens et pourrait faire face plus efficacement. Il ne lui restait qu'à vaincre cette maîtresse de la magie, ou de l'illusion, et de continuer sa mission au sein des Acolytes de la Convergence.

Il n'y eut aucune apparition, mais le Nordien sentit une sorte de vigueur se déverser tout en lui.
Les coups reçus ne lui faisaient plus du tout mal et la fatigue des deux combats précédents s'était un peu dissipée et ce n'était pas grâce à l'adrénaline de son affrontement actuel, car il savait faire la différence.

Malgré toutes les croyances du Milicien, celui-ci savait que ses dieux n'avaient pas cherché à le renforcer.
S'il avait été un djöllfulin, peut-être que le dénommé Lagmarû lui aurait insufflé de la force vitale, mais le temple nordien n'influençait pas directement les actions comme celui des "démons rouges".


Seule cette mage avait pu lui offrir un petit remontant, peut-être pour faire durer le combat et donc son plaisir. Il n'y avait qu'elle pour trouver cette situation amusante. Et même en position de force, Uskøl n'aurait pas joué avec sa proie ; il n'était pas un lynx des neiges !

Un trait foudroyant traversa le Nordien qui l'expulsa à terre, lui faisant trembler tous ses membres sous l'impulsion électrique encore présente au sein de son corps. Il grimaçait et souffrait de l'assaut magique qu'il venait de recevoir de plein fouet.


Son adversaire apparut et se pencha juste au-dessus de lui. Bien qu'elle soit en colère, ses traits ne se prononçaient simplement que sur une attitude sérieuse. Elle semblait accorder une certaine importance à ce combat et s'y fiait peut-être corps et âme.

Uskøl ne laissa pas cette occasion lui glisser entre les mains et frappa d'un croche-patte la mage pour essayer de la faire tomber et la mettre à son niveau.
La sensation fut très désagréable, car le Nordien sentit qu'il avait touché quelque chose, mais qu'il avait à la fois frappé dans le vide. Bien entendu, l'arcanniste disparut au même instant et seul un léger sourire se démarqua sur son visage toujours aussi sérieux.

Le guerrier aux cheveux rouges se releva en se massant le ventre, là où l'éclair l'avait traversé. Il jeta un coup d'œil en arrière pour découvrir l'impact calciné du coup de tonnerre qui l'avait frappé. Ce n'était pas imaginatif, mais clairement magique.

Pour lui donner raison, la terre s'ouvrit sous ses pieds et le Nordien chuta jusqu'à ce que le sol se referme sur lui, ne laissant que sa tête dépasser. Il était enterré jusqu'au cou et dans une affreuse posture pour la suite. Il allait peut-être mourir dans cet endroit démoniaque.

La magicienne s'avança vers lui. Elle était pieds nus, en excluant les formes blanches dessinées dessus et sur les chevilles, ferrées par des bracelets d'épines, portait une longue robe d'équitation bleu canard et une ceinture et des épaulières de plumes turquoises. Ses mains n'étaient pas gantées et arboraient les mêmes dessins que sur ses pieds. Les poignets étaient aussi ferrés par des bracelets d'épines.
La peau très pâle avec des cheveux longs noirs de jais, elle ne semblait pas revenir d'entre les morts. Par ailleurs, de longues oreilles pointaient juste en dessous de son couvre-chef. Elle faisait penser à Selsya, mais ce devait être le cas de nombreuses elfes.


Bien qu'elle le surplombait de toute sa hauteur, l'elfe magicienne ne le toisait pas d'arrogance. Elle semblait vraiment curieuse de la présence de l'intrus et s'il pouvait se fier à ses dires, elle allait peut-être le laisser s'en tirer à bon compte.