« Pum pala pum, ce petit chemin, qui sent la noiseeette, pim pim pum... Hihihi... Eheh... »

Woaaah, mais pourquoi tous ces arbres sont si grands !? Je n'en vois même pas la cime ! Bon sang, heureusement que mes bébés ne poussent pas au sommet, tien ! Remarque, il suffirait de les faire tomber, ça serait beaucoup plus simple, et moins risqué... Non mais, je sais que je ne suis pas forcément très grand, mais quand même !

À peine sortie de la Perracie, je me suis retrouvé dans le désert, on ne peut pas vraiment dire que c'est mieux ! Heureusement que la température ne m'affecte pas, par contre, je ne dis rien de mon odeur en pleine journée... C'est sûrement pour ça que j'ai été tranquille, les bestioles fuyaient à ma vue, et à me sentir. Du coup, les seules choses vivantes que j'ai croisées étaient des cactus, il y a mieux, tout de même ! Comme, d'ailleurs, les quelques palmiers et hautes herbes qui entouraient l'oasis que j'ai passée. Le désert derrière moi, j'ai atteint les marais, arrivant dans un milieu qui me convient mieux. Morts, décompositions, moisissures, humidité. Les arbres survivants dans ce lieu sont à peine mieux qu'en Perracie, envahis de mousse, et j'en passe. C'est parfait !

Là, bim ! Le changement complet ! Radicale ! Du vert, du marron, des fleurs de toutes les couleurs, des insectes, la totale. Il y en a partout ! Moi qui trouvait déjà ça étourdissant alors qu'il y en avait qu'un peu, là, je vous laisse imaginer... De ce fait, je me balade, suivant des sentiers aléatoires, voyant des animaux fuir pour je ne sais quelle raison, déjà sortis de ma grotte pour récupérer de nouveaux champignons. Ça, des champignons, il y en a plein ! Mais malheureusement, ils sont quasiment tous comestibles, quelle tristesse... Le bon côté, c'est que j'ai tous mon temps, et il doit bien avoir un ou deux vénéneux, quand même !

« Hihihaha... Me rappelle soudain, ce grand jour de fêêête... »

Je décide de quitter le chemin que je suis jusqu'à maintenant, car bon, c'est sûr aussi que si je ne fais que le suivre, je ne vais pas trouver grand chose. Je crapahute quelque temps, luttant contre ces maudits chardons qui accrochent ma robe, passant par moments au-dessus, ou en dessous d'un tronc mort, sans trouver ce que je ch... Là ! Enfin !

« Ooooh ! Mais qu'avons-nous là ? Hehe... Des Nitamaes tue-dartiques ! Intéressant, je prends ! »

Bon, les Nitamaes tue-dartiques ne tuent pas vraiment les dartiques, soyons d'accord. Par contre, peut-être que celui qui leur a donné ce nom a imaginé en massacrer, en plein délire ? En vérité, ils ne sont pas trop vénéneux, bien que restant parfois mortel pour les vivants. Toutefois, ces petites beautés procurent de telles hallucinations, que vous en redemanderez sans tarder ! Aaah, j'en frissonne d'avance ! J'ai un petit coin de mon antre qui sera parfait pour elles, et je sais déjà quel genre de mélange de mon cru je vais effectuer ! Il ne me reste plus qu'à rentrer tranquillement, désormais, et peut-être qu'avec de la chance, j'en trouverais d'autres.

« Voyons... De quelle direction je viens, déjà ? »

Et bien, voilà autre chose, me voici perdu sans même m'en rendre compte. Nooon, hors de question que je reste cinq siècles supplémentaires à chercher mon chemin !!

Le faune qui passait par là connaissait assez bien les champignons, lui aussi. Les comestibles, les vénéneux, et bien sûr les hallucinogènes, même si son maître avait plutôt désapprouvé ce genre de support pour la connexion avec les esprits. Mais il lui avait malgré tout transmis la manière de les reconnaître, et l'élève devenu chamane à son tour avait testé quelques substances du genre, pour voir ce qu'il en retirait réellement. L'expérience lui avait semblé intéressante, mais pas très compatible avec sa situation : il ne pouvait risquer de se trouver dans un état second lorsque ses semblables venaient le consulter, et n'avait aucun proche pour refouler les importuns s'il était incapable de les accueillir, contrairement à son prédécesseur. Cette voie était donc restée relativement inexplorée pour lui... mais maintenant que tout avait changé, pourquoi pas tenter d'y avancer de nouveau ?

Telles étaient les réflexions qui passèrent à toute allure dans la tête aux cornes de bélier, alors que Manydh apercevait une silhouette tenant un panier, dans lequel trônaient fièrement des champignons propres à ce genre de voyage - ou à un autre, bien plus radical, si on ne connaissait pas la manière de les préparer, et l'herbe particulière à laquelle les mélanger pour les rendre à peu près inoffensifs. Immédiatement après, une vague de honte l'envahit : ne pensait-il donc pas à cette pauvre créature, qui avait peut-être ramassé ce butin par méconnaissance, et allait risquer la mort s'il ne l'avertissait pas ?
" Hé, euh, pardon... "
lança-t-il à l'être qui s'éloignait, et dont il n'avait pas pu distinguer la nature. De quelques enjambées énergiques, il réduisit la distance entre eux, confirmant également que les chapeaux colorés étaient bien ceux qu'il avait soupçonnés.
" Vos champignons, là... Il ne faut pas les manger, hein. Ils sont mauvais. "
Sa maîtrise de la langue commune était quelque peu vacillante, on sentait qu'il n'avait pas dû l'employer tous les jours.

Une heure... Deux heures... Trois heures... Mais combien de temps, déjà, je marche dans cette forêt ?? Tout se ressemble, par ici, en plus... J'erre tel un zombi, cherchant un chemin de sortie que je ne trouve même pas. Et ce n'est pas cette petite fée à tête de gobelin qui va m'aider ! Elle ne fait que rire, se moquant de moi, me tournant autour sans que je puisse m'en défaire, depuis que j'ai, par frustration, cesser de résister à la tentation des champignons, et que j'en ai grignoté un ou deux. Bon, en vérité, ça ne m'affecte pas spécialement, surtout que je ris avec elle, de façon tout à fait contrôlée. Tellement délicieuses, ces Nitamaes...

L'avantage de se promener en forêt aléatoirement est que j'ai réussi à trouver d'autres de mes bébés, me permettant de remplir mon panier ! J'ai hâte de les regarder pousser, et de les tester dans tout plein de chose ! Enfin... Une fois ma grotte retrouvée... Ma fée vient de disparaître, alors que j'observe d'étranges arbres brillants de différentes couleurs. C'est normal, ça, par ici ? Je ne ralentis toutefois pas mon allure, je n'ai pas le temps pour ces broutilles !

" Hé, euh, pardon... "

Je lève aussitôt la tête. On m'a parlé ? Est-ce la fée qui est revenue ? Non, je ne pense pas, la voix me semble trop masculine pour elle, ça ferait bizarre, même si plus rien ne m'étonne, avec tout ce que j'ai vu durant ma non-vie. Ce seraient alors les arbres ? Sait-on jamais, par ici, tout à l'air étrange ou magique, après tout. Ou c'est ce que j'ai ingurgité... Toutefois, les bruits de pas sur le sol provenant de mon dos me confirment que ça ne vient pas d'eux non plus... De mon dos ? Je me retourne aussitôt, sans me départir de mon grand sourire et de mon hilarité, que de toute façon, je ne contrôle pas spécialement.

J'ai sous-estimé l'effet des champignons sur moi, ou c'est bien un homme avec des cornes d'animaux sur la tête ? Et je ne regarde même pas plus bas. Je ne saurais dire si j'ai déjà connu, en entendu parler de ce genre de personnes, tant j'ai l'esprit quelque peu embrumé actuellement. Sûrement la fatigue due à tout ça ! En tout cas, je sais que l'on peut être proche de la nature, j'en suis un parfait exemple, mais à ce point... Au moins, il est le premier à ne pas me fuir !

" Vos champignons, là... Il ne faut pas les manger, hein. Ils sont mauvais. "

Je bloque quelques secondes, déjà le temps de bien comprendre ce qu'il me dit, et ensuite, pourquoi il me dit ça. Je regarde mon panier, puis regarde ce drôle d'individu, et je finis sans crier gare par rire un grand coup. J'avais déjà oublié que pour les êtres vivants, ces champignons pouvaient être mortels ! Ah, les pauvres... Privés du plaisir de les déguster, et de profiter de leurs vrais effets. D'ailleurs, je dois peut-être encore avoir un ou deux morceaux coincés entre les dents...

« Hihihi ! Pour les vivants, oui, mais ne t'inquiète pas, je ne risque rien, moi ! Merci quand même, c'est l'intention qui compte ! »

Je m'apprête à reprendre ma route inconnue lorsque je me stoppe aussitôt, réfléchissant. Et si c'était là l'occasion inespérée que j'attendais pour pouvoir enfin sortir d'ici ?

« Dis-moi, petit ! Connaîtrais-tu le chemin, ou la direction, pour pouvoir retourner dans les marais ? Je me suis quelque peu... Hum... Perdu... »

Manydh se figea quand la créature se retourna. Il savait que le monde regorgeait d'êtres les plus étranges, mais n'en aurait jamais imaginé de tel que celui-ci... qu'était-ce donc ? Quelle que soit la réponse, "malicieux" était le qualificatif qui lui venait immédiatement à l'esprit. Au moins, "il" - puisque c'était apparemment masculin - ne semblait pas hostile, malgré les couleurs totalement non naturelles qu'il arborait : yeux rouges, peau grisâtre...

Face à lui, l'autre semblait tout aussi interloqué, et le chamane en profita pour essayer de le percevoir d'une manière plus subtile, ses paupières se fermant à demi. Là aussi, l'expérience s'avéra pour le moins déroutante, cet être possédant une "signature" spirituelle qui ne  ressemblait à rien de ce qu'il avait pu croiser par le passé. Il fallait dire que Manydh n'était guère sorti de son village, et donc, n'avait jamais croisé de mort-vivant, qui portait en lui la marque de ces deux états apparemment contradictoires.

Son examen fut interrompu par le grand rire de la créature, qui le fit sursauter. Et les paroles qui suivirent n'étaient pas moins inattendues... Comment ça, "pour les vivants" ? Ceci, et ce qu'il avait perçu précédemment, finit par lui faire entrevoir un peu de la vérité, même si, entre savoir que les morts-vivants existaient, et en rencontrer un, il y avait un monde. D'autant que celui-ci ne correspondait pas vraiment aux clichés des terribles revenants avides de vengeance, ou réduits à l'état de soldat-pantin par quelque puissant sorcier. En fait, un mort vivant d'excellente humeur, ça n'était pas vraiment une possibilité évoquée par les récits à faire peur contés tard à la veillée...


Finalement, l'autre le tira de sa perplexité en posant une question qui s'avérait étonnamment normale : demander son chemin parce qu'on s'était perdu n'avait rien d'incongru dans les profondeurs de Sylfaën. Et en tant que chamane, Manydh avait pour vocation profonde d'aider autrui dès qu'il en était capable. Certes, il s'était jusque-là agi uniquement de ses semblables, membres de son village, mais maintenant qu'il était un chamane sans communauté, pourquoi ne pas répondre à cet étrange farfadet ?
" Les marais ? Hum, c'est au sud-est, d'après ce qu'on m'a dit. Si vous suivez le côté d'où le soleil se lève, vous allez finir par tomber dessus. "
Puis, parce qu'il restait tout de même curieux envers ce personnage inimaginable, il ajouta :
" Vous venez de là-bas ? Il paraît que c'est un coin plutôt... dangereux. "

En s'entendant, le faune se trouva complètement stupide. Il pensait aux créatures de cauchemar qui hantaient les lieux, mais celui-ci aurait bien pu faire partie de la horde. Et il y avait les maudits skarniens, qui avaient élu domicile là-bas, et s'en étaient servi comme base arrière pour perpétrer leurs exactions en forêt. Un épisode avait particulièrement touché les siens, et ces empoisonneurs du clan Yhnfest pouvaient tout à fait utiliser la récolte du mort-vivant pour leurs expériences contre-nature. Qui savait d'ailleurs s'ils n'étaient pas alliés ? Sa méfiance revenant à un galop de kirin, l'homme-bélier trouva cependant le courage d'investiguer un rien :
" Qu'est-ce que vous allez faire de ces champignons ? Ils ne sont peut-être pas dangereux pour vous, mais si n'importe qui tombe dessus... "

Il n'a vraiment pas peur, le petit ! Ça fait plaisir ! Ou ça serait une autre hallucination... Nan, je suis persuadé que cette fois, c'est réel. M'enfin, ce n'est pas gagné malgré tout pour distinguer l'un de l'autre, actuellement. Et puis, il est tout de même assez étrange ! Pourquoi il ferme ses paupières à moitié, d'un coup, comme ça ? Un drôle de tic ? En tout cas, mon rire lui a fait de l'effet, vu sa réaction !

" Les marais ? Hum, c'est au sud-est, d'après ce qu'on m'a dit. Si vous suivez le côté d'où le soleil se lève, vous allez finir par tomber dessus. "

Aaah ! Voilà une bonne nouvelle ! Il ne va pas falloir que j'oublie cette indication entre deux délires, et ça sera bon ! Enfin fini, cette maudite errance ! C'est que j'ai des champignons à cuisiner, et à faire pousser, moi... Cet inconnu m'a semblé tout de même perdu, avant ma question. Il a peut-être compris ce que j'étais, et ne reviens pas que je sois aussi beau et sympathique, malgré ma condition ? Ce n'est pas étonnant, ahah ! Quoi qu'il en soit, le voilà qui me pose à son tour une interrogation.

" Vous venez de là-bas ? Il paraît que c'est un coin plutôt... dangereux. "

En vérité, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu une discussion avec une personne vivante et intelligente, que je me laisse aller à jouer le jeu. C'est infiniment mieux que de devoir échanger à base de grognements inintelligibles ! Je laisse tout de même passer mon fou-rire avant de répondre, c'est plus pratique pour se faire comprendre, alors que les arbres colorés se mettent à clignoter.

« Ahah... Je m'y suis installé tout récemment, dans une chouette p'tite grotte, en effet, et je ne connais pas vraiment ce coin... Mais dangereux, dangereux... Comparé à  ce que j'ai connu, c'est une promenade de santé, si j'ose dire ! Merci bien en tout cas ! »

Je me fais un peu plus distrait, soudainement. La fée est revenue, et se met à me tourner autour, cette vilaine. D'ailleurs, je crois qu'elle à changée de tête. C'en est une de bélier, là ? Quoi qu'il en soit, elle me fait bien rire, malgré sa laideur, alors que je la suis du regard ! Il est vraiment bien, ce coin-là ! Dommage que je n'arriverais certainement pas à le retrouver de si tôt...

" Qu'est-ce que vous... "

Je l'entends qui me parle à nouveau, et essaie de me concentrer sur lui, chassant de la main l'importune sans arrêter de sourire.

" Allez, va-t-en maintenant ! J'essaye de discuter ! Zou !

… Allez faire de ces champignons ? Ils ne sont peut-être pas dangereux pour vous, mais si n'importe qui tombe dessus... "

À ses dires, j'ai malgré moi le réflexe de protéger mon panier derrière moi, devenant bien plus sérieux. Qui voudrait tomber dessus ? On veut me les prendre ? Ils sont à moi ! Personne d'autre n'y touchera, ou il tâtera de ma dague ! Toutefois, je retrouve vite la raison, stoppant cette réaction pas du tout exagérée, comprenant qu'il ne faisait que s'inquiéter. Mon rictus et mon hilarité reviennent aussitôt avec ma bonne humeur, sans les contrôler.

« Je vais en faire plein de choses, selon mes besoins personnels, et selon mes idées ! Sautés, en salade, en potion de toutes sortes... Hihihi... »

Interdiction, cependant, que je révèle que je veux les faire pousser ! Pas question que l'on m'en chipe alors que je ne suis pas là... ! D'ailleurs, c'est vrai que ça lui donne raison. Je ne suis pas à l'abri qu'un autre amateur de champignons ne trouve ma grotte par hasard, c'est-à-dire pas du tout comme moi, et ne vole mon stock ! Rien que cette pensée me fait trembler d'effroi...

« Mmmh, j'aurais dû dresser ce troll plutôt que de le chasser de la grotte... Mais, moi vivant, personne d'autre ne touchera à MES champignons ! »

Il est bien, ce petit, voilà qu'il a pointé quelque chose à prévoir pour la suite ! Si je n'oublie pas, hihi. Même si, d'abord, il faut rentrer. Et voilà que les arbres se mettent à changer de couleur !

« Dites... C'est une particularité du coin, là, les arbres multicolores clignotants ? Parce que c'est bien sympathique, ma foi, pour l'ambiance ! »

En tout cas, ça n'a pas l'air de l'affecter plus que ça, l'inconnu. Il doit avoir l'habitude, je suppose !

Décidément, l'étrange personnage a l'hilarité facile. Et la dangerosité des marais n'a pas l'air de l'inquiéter... pas plus que celle des champignons, au final. C'est vrai que si sa nature n'est pas vraiment vivante, d'une vie normale, ça doit faire changer pas mal son point de vue. Mais c'est tout de même difficile à concevoir pour le chamane qui, malgré l'étonnement visible sur son visage, préfère ne pas en rajouter. Après tout, si le bonhomme a trouvé son bonheur parmi la fange des marécages, tant mieux pour lui. Sans doute pourra-t-il avoir davantage d'affinités avec ses habitants, qu'il n'en trouvera jamais avec ceux de Sylfaën...

Alors qu'il s'inquiète de l'utilisation des champignons, l'autre s'agite comme si un moustique lui bourdonnait aux oreilles - étrange d'ailleurs qu'il n'y ait pas plus de mouches, vue l'odeur qu'il dégage, et Manydh se garde de s'approcher de trop près. Magnésie, ce qu'il pue ! Comme pour le châtier de cette pensée bien peu charitable, le mort-vivant lance un ordre de vider les lieux qu'il prend pour lui, bien sûr : à qui d'autre pourrait-il s'adresser, puisqu'ils sont seuls dans ce coin de forêt ? Puis, sans transition aucune, il s'accroche à ses champignons, avant de lui répondre, aussi rigolard qu'à l'origine. Un cerveau mort et revenu à la vie par quelque sombre magie ne doit pas fonctionner comme avant, forcément... les connexions avaient pris un coup, là-dedans.

En tout cas, s'il ne recule pas physiquement, Manydh reste prudent, espérant pouvoir décamper en vitesse si l'énergumène devient agressif. Cette caractéristique n'a certes pas l'air d'être son principal défaut, mais sait-on jamais : il s'est montré sacrément possessif avec ses champignons, et le chamane renonce à l'idée de profiter lui-même, d'une façon ou d'une autre, de la récolte. Bah, il aura bien le temps de s'en trouver, plus tard, plus loin. Il n'a aucune destination, de toute façon, alors, il ne peut pas être en retard... Cependant, un élément du discours plutôt décousu attire son attention, et il répéte, perplexe :
" Vous, vivant ? "
S'agit-il d'une habitude de langage, ou s'est-il mépris sur la nature de l'autre ?

" Qu'est-ce que vous êtes, au juste ? Enfin, sans vouloir vous vexer, mais... je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un comme vous. Même si je ne connais sûrement pas grand chose au monde. "
S'il y avait une conséquence positive à l'éclatement de ce qui avait été son clan, c'était sans doute cette prise de conscience : l'existence ne se résumait pas à un village au fond de Sylfaën. Ou du moins, ce n'était pas obligatoire. Morydwë et Arhiann, qui l'une et l'autre avaient vu du pays, ne semblaient pas s'en porter plus mal. Au contraire. Maintenant, lui-même tenait son occasion de découvrir plus que son horizon habituelle, alors qu'un chamane n'était pas destiné à quitter sa communauté... Il faudrait au moins qu'il aille jusqu'à Endorial, la capitale de la forêt. Qu'il voie les demeures des elfes et les cavalcades des centaures.

Voilà, à son tour de se laisser emporter par ses pensées, quoiqu'il ne les ait pas partagées avec son étrange interlocuteur. Lequel a alors une remarque complètement délirante, qui fait tout de même décrire un tour d'horizon à la tête cornue. Quoi, les arbres ? Ils sont parfaitement normaux, ces arbres. Sans perdre son flegme de façade, le faune s'étonne tout de même.
" Multicolores ? Vous devez avoir une vision bien particulières, dites donc. Pour moi, il sont juste verts, comme d'honnêtes arbres. "
Faut-il voir là une autre conséquence de l'état particulier du ramasseur de champignons ? Ou un abus de dégustation de sa récolte ? Si c'est ça, il doit vraiment en avoir une couche... de quoi réveiller un mort.

" Vous, vivant ? "

Je me stoppe quelques secondes, mon sourire figé, me demandant pourquoi il me sortait ça. Il semblait perdu... Ah ! Mais oui ! Dans mon délire j'avais déjà oublié que je venais de le sortir ! Ahahah, elle est bien bonne, en plus ! J'adore me faire rire tout seul comme ça !

" Qu'est-ce que vous êtes, au juste ? Enfin, sans vouloir vous vexer, mais... je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un comme vous. Même si je ne connais sûrement pas grand chose au monde. "

J'attends tranquillement que mon énième fou rire se calme, puis je bombe machinalement le torse, fier d'être ce que je suis actuellement.

« Un perrack, très chère ! »

Puis, je me souviens soudain, et ce n'est pas trop tôt, que les miens sont très mal vu à l'extérieur de la Perracie, notamment pour leur peeeetite attaque en compagnie de ces rats puants, et je ne veux pas avoir de problèmes, moi !

« Mais un perrack libre, hihi ! Pas comme tout ces crétins décérébrés obéissants sans pouvoir rien y faire au vieux Motch ! Moi, je veux vivre ma non-vie tranquillement, dans mon coin, et avec mes champignons ! »

Je regarde alors aux alentours, méfiant. Qui sait, peut-être qu'un de ces arbres voudrait s'en prendre soudainement à moi, maintenant que j'ai révélé ce que je suis réellement ? Ils sont tellement bizarres, ici, que ça ne m'étonnerait même pas ! Comme ça ne me surprendrait pas non plus que ce gars devant moi s'enfuit aussitôt en hurlant, d'ailleurs... Il n'en a pas tellement l'air, ce qui est bien, car je me renseigne sur ces fameux végétaux étranges.

" Multicolores ? Vous devez avoir une vision bien particulières, dites donc. Pour moi, il sont juste verts, comme d'honnêtes arbres. "

Je hausse les épaules, pas que je sache, en tout cas ! Il a tout de même pris le temps de regarder autour de nous, pour me dire au final qu'ils sont normaux. Même si la question de la norme peut se poser par ici, ainsi que de l'honnêteté des arbres d'ailleurs, j'en conclus de façon savante que c'est un effet des champignons. Un magnifique effet, je dois le préciser ! Et ça, au moins, c'est sûr. Il faudra que je pense à le noter pour plus tard, ça me sera très utile ! Je hausse les épaules encore une fois, car je suis tout de même déçu que ça ne soit pas une particularité du coin...

« Juste les champis, malheureusement... Remarque, ceux que j'ai l'habitude de voir en Perracie sont plutôt marrons et noirs, et ont aussi un sale caractère ! Il suffit qu'ils se soient levés de la racine gauche pour essayer de vous mordre dès que vous passez trop près. Bah ! Au moins, c'est beaucoup plus calme dans les marais, héhé... »

Je regarde mon panier, et ma bonne récolte du jour. C'est encore tentant ! Mais je fais une légère moue, et décide d'arrêter de les grignoter. Après tout, il m'en faut pour ma grotte. Si je me perds en forêt pour en ramasser, mais que je mange tout comme un gourmand pour compenser, comment je vais les faire pousser, après !? Un ou deux rires totalement maîtrisés plus tard, et me voilà reperdu à la contemplation de mes délires totalement sains.

« Dommage, quand même... Hihi... Hey ! Pendant que j'y suis ! Tu as l'air de t'y connaître un peu en champignons, et bien mieux que moi cette forêt, tu connais des directions vers des bons coins pour ces merveilles spéciales ? Pas des basiques sans aucun effet, bien sûr, si tu vois ce que je veux dire. Je pourrais continuer à me balader aléatoirement, et me paumer, pendant plusieurs jours pour les trouver, mais ça me ferait gagner un peu de temps ! »

Un "père-ak" ? La réponse de l'individu ne modifia en rien le sentiment de perplexité de Manydh, et pour cause : il n'avait encore jamais entendu parler de cette tribu reformée au service de Motch'Hollow - pas plus que du nécromancien, d'ailleurs, ou alors, dans de lointains récits racontés au coin du feu, et largement déformés par le temps. Le chamane n'avait pas pu bénéficier autant que ses camarades de telles soirées, occupé qu'il était alors, et à tous les instants, par son apprentissage. Cependant, cela ne l'avait pas empêché de rester curieux - bien au contraire, ses capacités à questionner et à comprendre avaient toujours été encouragées. Aussi ne se priva-t-il pas de demander de plus amples explications, après un froncement de sourcils :
" Vos semblables sont asservis ? Mais, vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas ? "
Il n'y avait pas de pratiques aussi scandaleuses en Sylfaën, tout de même ? Le vaste monde du dehors était décidément bien étrange. La suite des propos du bonhomme ne faisait d'ailleurs que le confirmer.

" Oh, non, ici, les arbres sont vraiment plus... statiques. A moins de tomber sur un ent, ils ne vous ennuieront pas. "
La situation avait quelque chose de vraiment surréaliste : il était là, en train de parler avec une espèce de créature pas vraiment vivante, ni vraiment morte, de la couleur des végétaux et des arbres qui bougent... et l'arbre c'est Sta... ahem.
" Votre coin d'origine a l'air d'être sacrément... "
Dégoûtant ? Maudit ? Non, ce n'étaient pas des choses à dire.
" ... particulier, "
finit-il par conclure avec diplomatie. C'est sûr qu'à côté d'arbres caractériels, et lequel ne le serait pas après avoir perdu sa robe d'émeraude, les marais pouvaient passer pour une promenade de santé.

Revenant à son sujet apparemment de prédilection, le gnome le questionna ensuite sur les champignons. Manydh eut un sourire entendu :
" Vous ne trouverez pas grand monde pour vous donner leurs coins à champignons... Mais en fait, je ne connais pas bien ce côté-ci de la forêt. Je viens de bien plus loin, "
fit-il en montrant la direction du nord.
" Là-bas, j'aurais pu vous aider un peu, mais ici... à part éviter les alentours des villages qui auront sûrement déjà été passés au peigne fin, je ne saurais pas trop... hum... "

En même temps, il réfléchissait à un type mycologique correspondant aux souhaits de l'autre - et qu'il savait comment préparer pour en retirer pour lui-même les effets, sans trop de risques pour sa propre santé. Cette curieuse rencontre lui était finalement sympathique, et puis, si Magnésie l'avait mis sur sa route, il devait y avoir une raison.
" J'ai peut-être une idée... Vous voyez, les petits un peu pourpres, qui font des bouquets grands comme ça sur le bois mort ? "
Il illustra ses dires d'un geste qui consistait à relier ses pouces et ses index en un petit cercle, de la taille des groupes de champignons concernés.
" Il y en a souvent sur les hêtres. Il suffirait de repérer les arbres, et avec un peu de chance, il y aura un petit bout de souche avec quelques champignons. ça vous dit de chercher ensemble ? Evidemment, si on trouve, on partage. "

En fait, plus la discussion avance, et plus ce gars a l'air complètement perdu. C'est à croire qu'il ne connaît pas grand chose à l'extérieur de la forêt ! Pourtant on a fait parlé de nous en ce moment !

" Vos semblables sont asservis ? Mais, vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas ? "

Ooook... Bon, bah c'est réellement le cas, alors. Mais il est curieux, et il n'a pas l'air bête, même s'il n'est sûrement pas aussi intelligent que moi, alors ce n'est peut-être pas un cas perdu ! C'est alors qu'une nouvelle idée de génie me traverse l'esprit, et tout en riant, je me bats avec ma robe pour en extraire la fameuse carte qui m'a aidée à arriver où je suis actuellement. Je la déplie complètement, bien face à lui, et lui pointe du doigt mon lieu d'origine, tout souriant. Il est l'heure pour un cours d'histoire ! Enfin, de ce que je peux me souvenir.

« Là, la grosse étendue noirâtre, au nord de la forêt de sapins, c'est la Perracie ! Hihi... C'est à cet endroit que vivent, enfin tu me comprends, tous mes semblables ! Nous sommes tous des gobelins qui sommes morts il y a des siècles, et ramenés à la vie par un puissant nécromancien, Motch'Hollow, que je surnomme le vieux Motch car il n'aime pas ça, ahah ! Depuis, ils sont sous sa coupe, ses esclaves. Mais moi, j'ai réussi à m'échapper ! »

Pas besoin de m'étendre plus à ce sujet, et hors de question que je divulgue le secret de ma libération ! Mes avis que ça suffira pour qu'il comprenne. Enfin j'espère, hihihi. Je range très rapidement ma carte dans sa cachette, faudrait pas que je la perde, elle m'est trop importante pour me repérer, puis j'observe encore une fois les arbres alors que la conversation les concerne, m'obligeant à plisser légèrement les yeux. C'est qu'ils éblouissent légèrement, tout de même !

" Oh, non, ici, les arbres sont vraiment plus... statiques. A moins de tomber sur un ent, ils ne vous ennuieront pas. "

C'est déjà un bon point, ça ! Même si d'un côté, en Perracie ça avait l'avantage de tenir compagnie quand ils étaient bien lunés ! Quelles bonnes rigolades j'ai eu par moments ! À moins que ce soit mon délire qui m'en donne l'impression...

" Votre coin d'origine a l'air d'être sacrément... particulier "  

Une bonne blague ! Ça, pour sûr, il l'est ! En plus le vieux Motch a bien décoré le tout, même si lui-même et ses larbins sont exécrables... Mais bon, dans tous les cas, c'est un coin où je ne veux plus aller pendant loooongtemps ! Revenons plutôt à nos champignons.

" J'ai peut-être une idée... Vous voyez, les petits un peu pourpres, qui font des bouquets grands comme ça sur le bois mort ? "

Il a pas mal réfléchis avant de me donner cette information. Je comprends parfaitement que peu de monde donnerais leur coin, d'ailleurs. Moi-même, il est hors de question que je les donne à quiconque !! Sauf si je suis payé en conséquence... Peut-être. Ahahah ! Je suis d'autant plus heureux qu'il ait souhaité m'en parler, et je jubile d'impatience à l'idée d'agrandir ma collection naissante ! Je vois très bien ceux qu'il veut parler, et je ne peux m'empêcher de me frotter les mains et de saliver d'avance !

" Il y en a souvent sur les hêtres. Il suffirait de repérer les arbres, et avec un peu de chance, il y aura un petit bout de souche avec quelques champignons. ça vous dit de chercher ensemble ? Evidemment, si on trouve, on partage. "

Partage. Voilà un mot que je n'aime pas du tout ! Mais bon... Je vais me faire violence, exceptionnellement. C'est le premier être vivant sympathique que je rencontre, qui en plus me permet de trouver d'autres champignons ! Même avec un ou deux, je pourrais en faire pousser des tonnes, que je garderais exclusivement pour moi, alors je peux bien lui en laissé une partie. Rah ! Ça me fait quand même mal d'y penser !

« Et comment ! Hihihi... Qu'attendons-nous !? »

Trop pressé, j’emboîte le pas sans plus attendre, laissant ma joie s'exprimer. Je sautille presque, voir danse, selon les points de vues, mais c'est plus fort que moi ! Et j'affirme que ce n'est pas à cause de ce que je mange ! Regardez, même le soleil se fait plus fort, comme pour me suivre et me soutenir ! Le temps se fait beau, optimal, parfait, que demander de plus ! Je vois alors un petit éclair verdâtre me parcourir le bras, et je ralentis d'un coup, sans m'arrêter pour autant, vérifiant mon panier. J'ai failli l'oublier ! Il ne faut pas que je perde ma précieuse récolte, tout de même !

Sous le regard ébahi du faune, la créature sortit un objet qu'il n'avait que très rarement eu l'occasion de croiser : une carte du monde. Il avait bien eu, enfant, quelques leçons à ce sujet - dispensées d'ailleurs par la compagne de son maître, qui venait d'au-delà du grand désert - mais bien rares étaient ceux qui envisageaient sérieusement de s'écarter de leur forêt natale, déjà suffisamment immense pour toute une vie d'exploration. Enfin, ces quelques indications lui permettaient tout de même d'avoir quelques repères : l'étendue aride autour de la ville humaine, et au-delà, les montagnes des nains, le tout bordé par la mer au sud, et la banquise au nord. La forêt de sapins, aussi, ça lui disait quelque chose : c'était de là-bas que venait Morydwë, et il s'agissait probablement de la seule autre zone de Dùralas abritant une communauté conséquente de leur race.

Manydh suivit des yeux le geste du perrack, qui désignait la région pas franchement paradisiaque dont il avait parlé plus tôt. Le reste des explications lui confirma ce qu'il avait pressenti, à savoir, qu'il se trouvait bien aux côtés d'un mort-vivant... et un ancien gobelin, en même temps. Voilà qui commençait à faire beaucoup pour le chamane, qui secoua la tête de perplexité.
" J'aurais grignoté de ces champignons que ce ne serait sûrement pas plus absurde... "
marmonna-t-il, sans pour autant sembler remettre en cause les dires de l'autre. Il finit par hausser les épaules, pour prononcer plus distinctement :
" En tout cas, je n'aurais jamais pensé que le premier mort-vivant que je rencontrerais serait aussi sympathique. C'est pas vraiment cette image-là que donnent les histoires... "
Ce Toz avait beau être un peu étrange, et même, en tant que guérisseur, il aurait tendance à le qualifier de "légèrement dérangé", mais il restait un personnage plutôt agréable à côtoyer.
" C'est peut-être parce que vous vous êtes dégagé de l'emprise de ce sorcier. "

Sa proposition de balade mycologique rencontra un accueil enthousiaste, à croire qu'il avait affaire à un vrai accro à ces substances. S'il avait imaginé qu'il rencontrerait un mort-vivant fou de champignons hallucinogènes... La réalité était vraiment trop étrange ces temps-ci, et se préparer pour lui-même une petite mixture à base de ces chapeaux violets l'aiderait peut-être à mieux saisir ce que le monde attendait de lui dernièrement... non non, ce n'était pas du tout une mauvaise excuse, pas plus que, précédemment, l'idée que Magnésie avait placé ce perrack sur sa route pour lui donner un signe. Enfin, presque pas. Ou alors, juste un peu.

Voilà donc l'improbable duo qui se remet en route, dans un but commun. Le gnome était tellement excité qu'il manqua d'en oublier son panier ! Mais Manydh, qui n'était pas pressé, l'attendit avant de repartir au hasard, guettant les arbres qui les entouraient. En même temps, il repensait aux paroles de l'autre concernant ses origines, un peu plus tôt, et un élément finit par faire tilt dans son esprit.
" Ce... Motch'Hollow, ça me dit quelque chose... Il n'y a pas une histoire comme quoi il aurait été un élève du père Tungstène, à l'origine, ou quelque chose du genre ? Et qu'il a mal tourné, mais que le père Tungstène en s'en est pas rendu compte assez vite ? Ou je confonds avec autre chose ? "
Il n'allaient sûrement pas trouver tout de suite ce qu'ils cherchaient, alors, autant parfaire sa culture concernant ces perracks.

Ils n'ont peut-être pas l'habitude de voir des cartes, par ici, vu la réaction du gamin ! Nous-même n'en possédons pas, mais comme de toute façon c'était le vieux Motch' qui dirigeait, à quoi ça servait ? Hihihi, quel concours de circonstance d'en avoir trouvé une ainsi ! Il prend le temps d'observer, et peut-être de reconnaître certains lieux, mais ce qu'il marmonne ensuite me fait bien rire.

« Ahahah ! Bah si, imagine ! J'aurais pu changer de couleur régulièrement, ou même de forme ! Mon magnifique physique naturel, il n'y a que ça de vrai ! »

Je me dis soudainement, entre deux pensées que je ne saurais retranscrire dans mon état, que beaucoup de choses s'accumulent peut-être trop vite pour lui... Mais il a l'air d'aller bien quand même, alors ça me va !

" En tout cas, je n'aurais jamais pensé que le premier mort-vivant que je rencontrerais serait aussi sympathique. C'est pas vraiment cette image-là que donnent les histoires... C'est peut-être parce que vous vous êtes dégagé de l'emprise de ce sorcier. "

Une petite fierté me fait gonfler le torse à ces paroles. Je l'aime bien, ce petit ! Et oui, un seul et unique perrack c'est libéré jusqu'à maintenant, et c'est moi ! Hihi...

« Tu mets parfaitement le doigt dessus, petit ! Moi, je veux juste être tranquille et libre. Mais je suis le seul à ma connaissance, donc tu as de la chance ! Fais confiance à tes histoires, car elles ont raison, les autres t'attaqueraient à vue sans hésiter. Bon, même si l'inverse est vrai aussi maintenant... À chaque rencontre entre vivants et non-vivants, ça doit finir en combat à mort ! Je suis bien content que ça ne soit pas le cas actuellement, hehe. »

Revenons plutôt au sujet le plus important et intéressant de ce moment, la recherche de nouveaux champignons !! L'avantage d'avoir une personne qui t'accompagne sachant se retrouver dans cette nature trop abondante et vivante à mon goût, c'est que je peux me permettre de courir partout sans avoir à m'inquiéter de me perdre ! Je ne suis jamais en manque d'énergie, et j'aime la mettre à disposition pour trouver cette précieuse substance ! Je pars à droite, à gauche, je reviens derrière un autre tronc, et me jette sur le moindre hêtre que j'aperçois, dans l'espoir de dégotter cette manne ! Malheureusement, rien pour l'instant, et ces arbres ne m'aident même pas... À part clignoter, ils ne savent pas faire grand chose d'autre... Même les fées ne montrent plus de signes de vie... Au moins, ça ne m'empêche pas de rire !

« Petits petits petits ! Je sais que vous êtes là ! Hihihi. »

Alleeez, j'en ai juste besoin d'un ou deux... Ou de trois ou quatre, histoire d'en grignoter un peu ! Ce n'est pas grand chose !!

" Ce... Motch'Hollow, ça me dit quelque chose... Il n'y a pas une histoire comme quoi il aurait été un élève du père Tungstène, à l'origine, ou quelque chose du genre ? Et qu'il a mal tourné, mais que le père Tungstène ne s'en est pas rendu compte assez vite ? Ou je confonds avec autre chose ? "

Je me stoppe alors, j'avais presque oublié sa présence dans mon élan. Pourtant, il est essentiel pour pouvoir retrouver mon petit coin ! Je réfléchis quelques secondes, mais je dois bien admettre que je ne peux pas lui dire grand chose, de toute façon.

« Oulaaah, tu m'en demandes trop ! Nous sommes à la base ses esclaves sans cervelles, alors pour les informations de ce genre, je ne pourrais pas vraiment t'aider ! Tout ce qui est sûr, c'est que nous avons été confinés avec le vieux Motch' pendant très longtemps en Perracie à cause du vieux Tungsty, alors ça a peut-être un rapport, mais sans plus ! »

Je saute sur une autre souche à moitié pourrie, et la soulève pour regarder en dessous. Peut-êêêtre ? Pfff, raté. Seulement une multitude de bestioles grouillantes qui s'échappent dans tous les sens. Je réfléchis quelques secondes. Peut-être que quelques-unes d'elles seraient parfaites pour assaisonner et accompagner mes créations ? C'est à y songer ! Je repose la souche, et reprends mes investigations.

« Si cette histoire a eu lieu, c'est forcément avant notre résurrection. En tout cas, ils ne s'aiment vraiment pas, hihi ! »

Son vis-à-vis, qu'il ne sait pas trop comment considérer - se dire qu'il est tranquillement en train de discuter avec un mort-vivant, ça fait vraiment un drôle d'effet - a l'air tout content de l'entendre affirmer son décalage avec les vilains sbires des nécromanciens présents dans l'imaginaire Dùralassien. En même temps, se dérober à l'emprise de Motch'Hollow n'a pas dû être une mince affaire, et malgré sa méconnaissance de ces choses-là, le chamane pressent un chemin que bien peu pourraient être capables d'emprunter.
" Moi aussi, je préfère ça, "
confirma-t-il, s'étonnant d'être tout près de considérer l'étrange peau verte - d'une teinte plutôt pâlotte, il faut le dire - comme un camarade. Et puis, son soulagement tenait aussi à ce qu'il se savait aussi éloigné d'un guerrier, que le lézard gris d'un mythique basilic.
" Heureusement que, hum, vos anciens semblables sont loin d'ici. "

Sur ce, ils partirent à la recherche des précieux, l'autre semblant déborder d'énergie - mais au fait, d'où pouvait-elle bien lui venir ? - en sautillant d'un côté sur l'autre tout en laissant éclater ici et là son rire caractéristique. Heureusement que la chasse au champignons ne nécessitait pas de discrétion particulière, sinon, il les aurait tous fait fuir depuis longtemps ! Manydh se demanda si l'esprit un peu particulier du perrack n'était pas en train de déteindre sur lui, quand il se figura mentalement leur futur butin, en train de fuir devant un Toz exubérant. Il secoua la tête, tentant de reprendre ses esprits. Encore que... était-ce si important ?

Les légendes des faunes ne disaient rien au gobelin, même s'il lui confirmait le lien entre Tungstène et Motch'Hollow - et sa nature pas franchement amicale. De toute façon, ça devait être, hum... un peu trop éloigné des préoccupations immédiates de l'autre. Et puis, s'il avait passé des années en esclavage chez le nécromancien, même des années de non-vie, il n'avait peut-être pas envie d'en parler à tours de bras. Le guérisseur s'imaginait bien qu'au sortir d'une telle période, on puisse avoir envie de profiter de la vie. Enfin, de la non-vie. Bref, vous avez saisi. Et donc, par exemple, qu'on ait envie de se gaver de champignons aux propriétés uniques, pourquoi pas. Oui, c'était une réaction finalement très compréhensible. On pourrait presque dire, très humaine.

Tout ceci ne faisait cependant pas avancer leurs recherches, et le faune se demandait si son complice était bien efficace, à courir partout comme il le faisait. En même temps, il avait l'air tellement accro qu'il repérerait sûrement ce qu'il cherchait bien avant le chamane... Peinant à le suivre, ce dernier avançait prudemment dans la forêt, même s'il était certainement inutile de se montrer silencieux. Presque par réflexe, il replaça la souche retournée par l'autre, à sa position d'origine, et recommença à guetter la teinte et la forme des hêtres. Il y en avait beaucoup dans cette partie de la forêt, mais les champignons tant attendus ne se montraient pas pour autant. Mi-las, mi-amusé, il lança une question qui pouvait être considérée comme rhétorique :
" Vous n'êtes jamais fatigué de cavaler comme ça ? "

[je lance un dé pour les champis, un CC pour en trouver ]

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'Attaque - Hybride' :

" Moi aussi, je préfère ça, "

Et comment ! Hihi ! Vous imaginez ? Si ce jeunot m'avait attaqué, il n'aurait rien pu faire face à ma puissance incommensurable. Le tuer aurait été ma seule solution... Et puis son cadavre me serait resté sur les bras, il faudrait que je le cache pour ne pas attirer l'attention par ici, qui savait s'il était important ou pas ? Sans oublier le plus important : comment j'aurais retrouvé mon chemin, moi ? Ah ! Est aussi l’indication pour de nouveaux champignooooons ! Non, décidément, tout s'est déroulé pour le mieux. Je suis un perrack chanceux !

" Heureusement que, hum, vos anciens semblables sont loin d'ici. "

Je ris à nouveau. Pour lui, en effet ! Ils ne lui auraient fait aucun cadeau, et le pauvre aurait peut-être fini dans une marmite... Ils mangent n'importe quoi, mes cousins, c'est quelque chose de fou. La moindre chose qui pourrait être comestible, voire même pas en fait, hop ! Dans leur estomac ! Mon régime est bien plus saint. Hihi ! Je me demande, par contre, s'ils me verraient dorénavant comme ami, ou comme ennemi... Huum... Je pense qu'il vaudra mieux agir selon la deuxième solution. Bref ! Retournons encore une fois à notre chasse aux champignons infructueuse !

Ces petits trésors ne veulent décidément pas se montrer, et en plus, il faut que je veille à ne pas perdre de vue mon ami vivant ! Il avait l'air d'avoir du mal à me suivre, mais je ne peux pas me permettre de me retrouver seul. Ce sont des années et des années d'exercices qui m'ont fait devenir l'athlète que je suis aujourd'hui ! Ça, plus le fait que je suis mort... Mais ce n'est qu'un détail ! Du coup, je comprends qu'il est difficile de tenir mon allure. Alors je pars à droite, guettant chaque hêtre et chaque souche morte qui se trouvent à proximité, étudiant méticuleusement chaque parcelle de mes yeux experts, puis je pars à gauche en dansant, passant devant mon guide.

« Hihihihi ! »

Puis je repasse à nouveau vers la droite, à chaque fois en avançant bien évidemment plus loin.

« Hehehihi ! »

Puis je rerepasse à gauche !

« Hihihihaha ! »

Puis... ! Enfin, vous avez compris l'idée, quoi ! Hihi !

" Vous n'êtes jamais fatigué de cavaler comme ça ? "

Je me stoppe alors en pleine course, et je hausse les épaules en faisant une moue vers la direction de mon interlocuteur.

« Fj'fuis moft, fj'n'ai pas befoin de dormir et fj'ne m'fatigue pas, f'est l'afantage ! »

Nooooon ! Je ne suis pas du tout en train de mâchouiller une nouvelle Nitamae tue-dartiques ! Mais en même temps, j'en ai retrouvé de nouvelles au passage, et je n'ai plus de place dans mon panier... Je n'allais tout de même pas les laisser ainsi, seul et désespérés de ne pas avoir été cueillis par moi, si ? J'avale finalement ma bouchée, et ai quelque chose qui me titille le cerveau.

« Oh, mais je ne me suis même pas présenté, avec tout ça ! Enfin, je crois... Hihi ! Bon, dans le doute, moi, c'est Toz ! »

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'Attaque - Peau verte' :

Le chamane s'arrêta, perplexe devant la réponse de l'épouvantail. Il lui fallut un moment pour en discerner le sens au milieu des bruits de mastication, sens qui était encore plus extravagant que ce qu'il aurait pu imaginer. Cela le fit secouer la tête, avant de tenter de comprendre un peu mieux son interlocuteur, mais se mettre à la place d'un non mort risquait de bouleverser sa vision du monde.
" Mhh, vu comme ça... pourquoi pas. Mais il doit bien y avoir des inconvénients à votre, euh... condition, non ? "
Un mort-vivant heureux de l'être, ça n'était pas courant - même si c'était le premier que rencontrait Manydh. Il fallait dire qu'habituellement - toujours de la manière dont le chamane imaginait les choses, et qui était plutôt représentative du cas général - on ne discutait pas vraiment avec des cadavres animés.
" A vous entendre, on croirait presque que c'est un état enviable. "
Dùralassiennes, Dùralassiens, morts-vivantez-vous ! Ne serait-ce pas un slogan qui irait parfaitement avec l'ex-serviteur de Motch'Hollow ? Étonnant qu'aucun nécromancien fou - pléonasme - n'ait encore exploité le filon. Quoique, finalement, "pères-acs, libérez-vous à coups de champignons" serait peut-être plus adapté...

Les champignons, justement : ces fameux violacés n'étaient toujours pas en vue, pourtant, la température et l'humidité des derniers jours étaient parfaites pour leur développement. Et si lui y mettait peut-être moins de zèle que l'autre, c'est aussi que la barre était sacrément haute. Mais après tout, comment aurait-il pu rivaliser avec un être dégagé de toutes les limitations habituelles, celles impliquées par la vie, tout simplement ? Un mort-vivant singulièrement poli, aussi, qui s'avisa avoir manqué les présentations.
" Enchanté, Toz, "
répondit le faune en s'étonnant lui-même d'être si sincère.
" Moi, c'est Manydh... Mais dites, c'est votre nom de... d'avant, quand vous étiez vivant ? Ou vous en avez pris un nouveau ? D'ailleurs, vous vous souvenez de votre vie d'avant ? Enfin, de votre vie tout court ? "
Il se montrait peut-être un peu curieux, mais ce n'était pas tous les jours qu'on avait l'occasion d'en apprendre plus sur l'existence des morts-vivants, par le biais d'un témoin qui vivait - façon de parler - cet état. Et puis, le dénommé Toz n'avait pas l'air d'être le genre à se formaliser pour quelques questions... surtout s'ils finissaient par réussir à trouver ces fameux champignons !

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'Attaque - Hybride' :

" Mhh, vu comme ça... pourquoi pas. Mais il doit bien y avoir des inconvénients à votre, euh... condition, non ? "

Des inconvénients ? Hihi ! Oui, il y a bien le fait que mon nez ne renifle désormais plus rien... Mais, rien qu'en imaginant l'odeur que je dois avoir en bon zombi, au final, c'est aussi un bénéfice pratique, hahaha !

" A vous entendre, on croirait presque que c'est un état enviable. "

Et comment ! Pour quelqu'un comme moi, c'est teeeellement génial ! Je ne peux m'empêcher de partir en fou rire.

« Hihihi ! Il y aurait bien... Deux inconvénients, enfin à la base ! Le principal est le fait d'être totalement décérébré et contrôlé jusqu'à la moindre parcelle par notre nécromant, mais je me suis débarrassé de ce détail, hihi ! »

Je passe la tête à nouveau sous une souche, sans succès, le pied en l'air, avant de me lancer dans une looongue liste de tous les avantages, il faut tout de même qu'il soit au courant, le gamin !

« Eheh ! J'ai de la chance, en vérité ! Des morts-vivants lambda, invoqué par un animiste lambda, n'auraient peut-être pas leur conscience, voir tomberaient en miettes au bout d'un moment. Quelle tristesse pour eux ! Sauf que ce vieux sénile de Motchy est d'une puissance hors du commun. Je possède tout mon esprit lucide et mon corps est tel qu'il devait être lors de ma mort ! Pas de décomposition ! Pas de perte de membres accidentelle ! Au contraire, je bénéficie même d'une régénération ! Hihihi ! Je ne vieillis pas. Je suis immortel... »

À chaque nouvelle énumération, j'appuie machinalement mon index sur mes autres doigts, chacun leur tour, comme pour tenir un compte invisible.

« Je n'ai pas besoin de manger, de boire, ou de dormir. J'ai une énergie illimitée... Ah, mais j'ai déjà dit ça, hihi ! Même coupé de son contrôle et loin de sa magie, celle qu'il a utilisée pour m'animer reste en moi, m'appartient désormais ! En gros, je suis totalement libre de faire ce que je veux ! D'aller où je veux ! De faire mes passioooons !!! »

Enfin, je finis par me présenter, il était temps ! Hihi ! Je ne voudrais tout de même pas manquer de politesse et d'éducation !

" Moi, c'est Manydh... Mais dites, c'est votre nom de... d'avant, quand vous étiez vivant ? Ou vous en avez pris un nouveau ? D'ailleurs, vous vous souvenez de votre vie d'avant ? Enfin, de votre vie tout court ? "

Oulaaah ! Tien, tien, tien ! Ce petit Manydh pose des questions intéressantes, hihi !

« F'est le deufième point faifle, fuftement ! Fe ne... Glurp ! Je ne me rappelle de rien concernant ma vie... Vivante ! Hihi ! Je n'ai des souvenirs qu'à partir du moment où je me suis relevé, ébahis, et où j'ai perdu aussitôt tout contrôle sur mon corps. Alors je me suis donné un nom qui me va à ravir, du genre que l'on retient bien et qui sonne épique ! Hihihi ! »

Pffff, toujours aucune trace de ces champignons... Même si je ne rentrerais pas bredouille, cet espoir me faisait rêver ! Je n'abandonnerais pas encore !

« Hmmm, en vérité, il y aussi un troisième point faible, que je n'avais pas pensé sur le coup ! Je suppose que si quelqu'un déciderait de m'ôter la magie qui me maintient ainsi, je retomberais comme un simple cadavre, pour de bon cette fois-ci... Brrr, ça m'en donne des frissons ! Enfin, qui sait, hihi, peut-être que non ? Je suis peut-être une évolution de l'espèce morte-vivante ? En-tout-cas, il faudrait être sacrément puissant, donc ça va, je ne m'inquiète pas vraiment, hihi ! »

Bon, je ne sais pas combien de temps cette sympathique personne va encore passer en mon agréable compagnie, mais je crois que nous ne sommes pas prêts de tomber sur notre trésor... Les conditions sont bonnes pourtant, je le sens, il doit être bien caché, ailleurs ! Hihi ! Autant continuer à discuter, pendant que je le peux encore !

« Bon ! On n'a pas grand-chose à faire d'autres que parler, hihi ! Alors, tu es qui toi, Manydh ? Jusqu'à maintenant, la grosse majorité des gens qui ne voulaient pas juste me trucider en me voyant s'enfuyaient en courant et en hurlant des : '' Aaaah, un mooonstre ! '' ou des : '' Aaaah, un perraaack ! '', alors cette situation est étrange, hihi ! »

Que pensez-vous de mon imitation de personnes paniquées ? Je suis doué, hein ? Bon, j'ai bien sûr passé sur le fait qu'ils faisaient aussi dans leur pantalon ou s'écroulaient en larmes, mais pas besoin d'aller aussi loin, hihi ! Ooooh ! Nous revoilà dans un coin aux arbres multicolores ! Teeeeellement bieeeen !!

Quoi qu'il arrive par la suite, que l'on revienne bredouille ou non, on aura tout de même bien discuté, et je retrouverais joyeusement ma petite grotte avec mon butin, prêt à les faire pousser et à les cuisiner !

Ps:

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'Attaque - Peau verte' :

[HJ : continuons donc, ou plutôt reprenons ! on arrête quand tu veux]

Décidément, il était tombé sur un sacré énergumène. En continuant de chercher les fameux champignons - il ne le montrait pas autant que le peau gris-verte, mais il avait tout de même bien envie d'en trouver - Manydh l'écoutait avec attention : l'étrangeté du discours ne manquait finalement pas d'intérêt à ses yeux. Si l'autre disait vrai, ce n'était pas non plus tous les jours qu'on pouvait discuter avec un mort vivant de ce qu'il ressentait, et cela apportait des connaissances dont n'importe quel chamane un rien curieux aurait rêvé.

" Finalement, votre libération vous aura apporté une nouvelle vie... ou une nouvelle non-vie, plutôt. Dont vous pouvez faire ce que vous voulez. C'est déjà une belle prouesse, dont tous les vivants ne peuvent pas se vanter. "
Par contre, pas de chance, il ne pourrait pas le questionner sur son passage de la vie à la mort, ou de la mort à la non-mort, puisque le personnage clamait ne pas s'en souvenir.
" Peut-être que les divinités ont voulu vous offrir un nouveau départ... "
supposa-t-il encore, songeur. Il voyait mal la maternelle Magnésie poser son regard sur un peau-verte mort-vivant, mais il y avait d'autres puissances en ce monde, et de toute manière, leurs voies restaient globalement impénétrables aux dùralassiens. Finalement, c'était tout de même positif, puisque Toz avait été soustrait à l'influence d'un nécromancien maléfique...
" En tout cas, vous êtes un cas bien singulier. "

Le faune ne put s'empêcher de rire alors que son nouveau compagnon imitait les réactions dont il avait davantage l'habitude. Pourquoi ne s'était-il pas enfui à toutes pattes ? Il fit une pause, se posant lui-même la question.
" Peut-être que je suis trop bête ou trop ignorant pour avoir peur. Je ne connais pas grand chose du monde, au-delà du village où je suis né. "
Un haussement d'épaules désabusé tenta de chasser le sujet. Il n'avait pas vraiment envie de parler des récents événements, qui avaient rayé de la carte - si jamais il y avait été mentionné auparavant - le dit village, et dispersé sa communauté. Il se força néanmoins à ajouter quelques bribes d'informations : après tout, l'autre s'était largement livré sans rechigner, il lui devait bien quelques explications.
" J'étais le chamane d'une tribu de faunes-bélier. Maintenant, tout le monde est parti, et je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je n'ai pas vraiment envie d'y penser, en fait.  "

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'Attaque - Hybride' :