C'est aux dernières lueurs du jour que Neivin parvint enfin a rentrer en ville. Le chasseur, marchant a pas cadencé et portant une peau de crocodile a moitié brûler sur son épaule, était couvert de terre et de quelques légères estafilade. Sa chasse n'avait pas été de tout repos, surpris par un crocodile qui avait penser inverser les rôles, il avait chuter lourdement dans des ronces et avait carbonisé son assaillant par réflexe d’autodéfense. Un assaillant qu'il dépeça par la suite en ne réalisant que trop tard que la peau abîmé risquerait de se vendre bien moins cher, si ce n'est pas du tout.
Alors que le magicien progressait en direction de la grand-place, autour de lui le bruit pourtant omniprésent de la ville se faisait de plus en plus discret au fur et a mesure que les rues se dépeuplait, les habitants se retirant pour la nuit, ce qui fit presser encore davantage le pas au thérianthrope qui n'avait aucune envie de devoir trimbaler sa peau jusqu’à sa chambre a l'institut de magie.

Passant a travers d’étroites ruelles pour gagner quelques minutes, il arriva rapidement a la grand-place ou, par chance, le marchand de peaux était toujours présent, bien qu'en train de fermer son échoppe. Neivin se dépêcha jusqu'au magasin avant de poser sa lourde peau sur le comptoir, haletant.

- Bonjour... ce serait pour vendre une peau de crocodile...

L'elfe qui tenait le commerce, occuper a fermer la porte de derrière, se retourna accueillir son client. D'abord avec un grand sourire, ensuite avec les yeux écarquillé en découvrant le gros morceau de cuir carbonisé gisant sur sa table. Avec appréhension et sans un mot, le marchand examina la peau sous toutes ces coutures, identifiant ce qui pouvait être récupérer ou non.

- Et bien, je peut vous en donner vingt pièce d'or mais pas une de plus vu son état lui expliqua le marchand qui lui semblait presque choquer par la peau qu'il avait amener.

Sans surprise mais tout de même dépité, le chasseur accepta l'offre. Ce n’était pas grand chose, mais sa lui permettra au moins de manger demain, ou il devra chasser de nouvelles peaux cette fois-ci sans les brûler.

Le félin procéda a quelques étirements, observant le ciel, songeur, tout en s’éloignant lentement de la grand-place. Il aurait aimer aller a la taverne boire un verre, manger un morceau, mais si il voulait se lever aux aurores comme a son habitude, il allait devoir faire l'impasse sur celle-ci au vu de l'heure, devant se contenter de se sustenter rapidement dans les cuisines de l’institut de magie. Décidément, rien ne le réussissait aujourd'hui. Soupirant légèrement, il se mit en direction de l'institut susnommé tout en commençant un livre d'elektrokinesie qu'il sortit de son sac, pour que cette journée soit un minimum productif.

-Hé ! Vous ! La bas ! Le Lowen ! Attendez !

Le katzmann ne réagi pas dans un premier temps au cri qui brisait le calme relatif de la rue, plonger dans sa lecture et n’étant après tout pas un lowen. La voix se rapprocha cependant de plus en plus, et étant après tout également un félidé, Neivin compris qu'il etait sans doute l'objet de cette appel. Il referma son livre d'un coup sec, le rangeant dans sa poche avant de se retourner pour tomber nez a nez avec un humain tout bonnement massif qui contrastait avec l'aspect frêle de l'homme-chat. Celui-ci observa l'individu l'espace d'un instant, remuant ces méninges, mais non, il ne semblait pas connaitre ce colosse.

- Oui ? Demanda t'il simplement, ne sachant pas ce qui l'attendait.

Il s’arrête !

En quelques enjambées rapide, Corbeau rejoint le chasseur qui s'est immobilisé pour l'attendre, rangeant un livre qu'il avait manifestement l'intention de compulser en marchant, ce qui indique certainement qu'il est soit très attentif, soit très lent. Première constatation, ce n'est en fait pas du tout un lowen, un félin certainement, mais pas un homme lion. Une erreur regrettable et qui pourrait peser lourd si le chasseur est d'une espèce aussi susceptible sur ces questions que le seul thérianthrope que corbeau a rencontré jusqu'ici.

-Excusez moi, de loin je vous avais pris pour un lowen... Et je suis désolé de vous importuner mais...

De la main, Corbeau indique la boutique au bout de la rue dont ils viennent tous les deux de sortir avant de poursuivre.

-Je m'appelle Corbeau. Je suis rentré la bas après vous et j'ai cru comprendre que vous veniez d'y vendre une peau de crocodile ? Hors, je suis justement à la recherche d'un chasseur connaissant les frontières et les animaux de la savane...

Ignorant les excuses de l'inconnu, considérant que son "erreur" était sans importance, le magicien écouta attentivement ce que celui-ci avait a lui dire. Il cherchait donc un chasseur habitué de la savane, ce qu'il n’était pas vraiment, ayant peu chasser dans cette zone. Avec sa magie et son peryton, il pouvait cependant se débrouiller aussi bien voir mieux qu'un chasseur classique dans cette zone, ce qui le questionnait était surtout la raison pour laquelle l'homme cherchait ce profil de chasseur. Les peaux étant accessibles au marché, ce n’était certainement pas pour chasser une simple bête comme les autres, il cherchait donc peut-être un guide, chasser un animal spécifique ou dangereux, a moins que ce ne soit une histoire louche comme le braconnage d'espèce protégé, ou pire. Dans ce dernier cas, refuser après avoir eu connaissances de telles histoires pourrait comporter certains risques, il valait donc mieux clarifier ce point.

- Oui c'est bien moi qui l'ai vendu au marché. Je peut tout a fait me débrouiller dans la savane, mais si c'est pour des histoires louches, cela ne m’intéresse pas. Dans le cas contraire, j'aurais besoin d'en savoir un peu plus. Répondit Neivin, un peu soupçonneux.

-Des histoires louches ? Oh non non, rien de louche, au contraire, enfin je crois... Je sais que la garde zéphyr interdit la chasse de certains animaux dans la forêt Sylfaen mais il ne s'agit pas de ça du tout. En fait, je suis forgeron, forgeron d'armures. Et on m'a commandé une armure qui doit être revêtu d'une peau de rhinocéros blanc. Et j'en ai cherché une sans succès dans toutes les boutiques de la ville... D’après ce que j'ai compris il s'agit en fait d'une espèce de rhinocéros albinos, qu'on trouve dans la savane et dont la peau serait plus coriace que les individus normaux, mais ils semblent rare et plutôt compliqués à chasser...

Corbeau interrompt la sa description, prenant conscience que plus il vantera les dangers de la chasse et la résistance de la peau de rhinocéros blanc et plus il a de chance que le chasseur refuse ou lui demande un prix exorbitant pour ses services... Peut être qu'il est plus judicieux de laisser ce thériantrope se faire une idée tout seul des dangers de l'expédition.

-Enfin, je suppose que mon probléme semble du coup assez évident. Comme personne ne vend de peaux de rhinocéros blanc, je me suis dit que je ferais mieux de chercher un chasseur capable de m'en procurer une. Évidemment, je suis prêt à la payer un bon prix.

Le thérianthrope se frotta le menton, réfléchissant a la proposition de l'artisan. Tout d'abord il pensa a la faisabilité de l'oeuvre, le rhinocéros blanc ne lui évoquant presque rien, ne connaissant la bête que de nom. Ce n’était certes pas un très bon point de départ, mais la savane avait la particularité d’être plat et avec une excellente visibilité, contrairement a une foret remplis d'arbres. Il pourrait donc simplement balayer la zone avec son peryton, il finira bien par tomber dessus, un rhinocéros n’étant pas particulièrement discret.
Pour ce qui était de la rentabilité, si son client potentiel ne trouvait cette peau nul part en magasin et n'avait d'autre choix que de faire appel a des chasseurs au hasard, c'est que ce rhinocéros devait valoir son prix. Dans tous les cas, cela semblait plus intéressant que de continuer de vendre des peaux de crocodile cramé qui ne lui apportait qu'une poignée de pièces d'or.

Et bien, cela me prendra un certain temps, c'est un animal rare après tout, mais j'en fait mon affaire. Je me renseignerai sur les prix, mais un morceau suffisant de cuir pour une armure devrait valoir quelques centaines de pièces d'or. Si cela vous convient, je préviendrais le vendeur de peaux local quand j'aurais terminer ma chasse, vous n'aurez qu'a le voir pour savoir si je suis de retour.

Neivin avait une voix confiante malgré le fait qu'il n'avait aucune information sur ce rhinocéros blanc. Non pas qu'il cherchait a mentir au forgeron sur ces connaissances réel de la savane, mais trouver un énorme animal dans un lieu sans cachette, cela ne pouvait que bien se dérouler. Du moins, c'est ce qu'il pensait.