Arhiann s'était légèrement éloignée de ses compagnons d'aventure pour aller remplir sa gourde à l'eau claire d'un ruisseau qui émergeait de la végétation luxuriante et, en cet endroit, bondissait en une petite cascade retombant dans une vasque de pierre irrégulière. N'eut été la présence des dinosaures, le lieu aurait pu être paradisiaque. Comme elle ne percevait aucun de ces pas lourds annonçant la présence des monstres préhistoriques, et qu'ils n'avaient jusqu'à lors pas rencontré d'autres êtres belliqueux, la faune prit son temps. Elle resta même un long moment à contempler le flux aquatique, dont la continuité tranquille avait sur elle un effet apaisant : au moins une chose qui ne changeait pas par rapport à Sylfaën, et cela faisait vraiment du bien après le parcours dans les souterrains, suivi de la première confrontation avec les habitants géants des lieux.

Le froissement de plumes qui attira son attention, par contre, ne ressemblait en rien à celui d'un oiseau de l'ouest - ou alors, il aurait fallu que le père Tungstène soit passé par là pour leur jeter l'un de ces sorts de gigantisme dont il avait le secret, comme lors d'un mémorable événement volailler. Plus curieuse qu'inquiète, elle resta immobile, attendant de voir quelle nouvelle créature cet étrange milieu allait bien pouvoir lui présenter. La surprise fut de taille : il s'agissait bien d'une créature à plumes, de belle envergure même si elle ne rivalisait pas avec les dinosaures terrestres, et multicolore comme un de ces oiseaux que certains nobles se plaisaient à garder en cage pour pouvoir les contempler à loisir. Cependant, la comparaison avec un animal d'agrément s'arrêtait là : elle possédait des griffes aux quatre membres, et des dents acérées se dissimulaient à l'intérieur de son bec entr'ouvert.

L'ensorceleuse n'était pas certaine d'avoir été repérée, aussi continua-t-elle à jouer les statues, tout en ouvrant grands les yeux. Rapidement, elle comprit que la bête était venue chercher la même chose qu'elle : de l'eau. Elle avait dû percevoir quelque chose, son odeur peut-être, car elle avançait avec une prudence extrême, mais aucun souffle de vent ne risquait de rabattre franchement une senteur de faune vers elle. A gestes tout aussi mesurés, Arhiann recula sous le couvert des fougères arborescentes et, réalisant qu'elle avait gardé avec elle sa besace, qui contenait entre autres une généreuse longueur de corde, une idée lui vint. C'était peut-être un peu fou, mais elle s'était mesurée de cette manière à des créatures tout aussi dangereuses par le passé : pourquoi ne tenterait-elle pas de la capturer ? Elle allait devoir faire vite pour ne pas alerter d'autres prédateurs, et accessoirement, pour éviter que son absence n'inquiète ses compagnons, mais il lui semblait qu'avec l'aide de Magnésie, elle pourrait y parvenir.

L'initiative revient à Arhiann.

Vitesse d'Arhiann : 1176

Arhiann : 2434
Vitesse : 703
Dégâts : 3270


Présence de Magnésie (compagnon d'Arhiann) : 1643
Vitesse : 473
Dégâts : 2207




Archéoptéryx : 900
Vitesse : 800
Dégâts : 200
Butin : monture (stats : 300 de vitalité, 200 de vitesse)

L'étrange oiseau s'avançait à sautillements ridicules, mais mesurés, en direction de la vasque naturelle pleine du précieux liquide. Calmant sa respiration comme sa mère le lui avait appris, la faune restait à l'observer sans esquisser le moindre geste, tout le temps où il progressa vers le bord de l'eau. Il restait sur le qui-vive mais, comme l'intruse ne réagissait pas à sa présence, il se percha finalement sur un rocher et tendit le cou pour boire. Arhiann en profita pour sortir un peu de corde de sa besace, mais se figea de nouveau alors que sa proie relevait une gueule pleine de dents acérées, la langue frémissante pour mieux goûter l'odeur nouvelle imprégnant son air habituellement familier. Le manège se reproduisit plusieurs fois, et la blonde songea que c'était un peu comme jouer à "un, deux, trois, soleil", largement pratiqué durant son enfance avec ses jeunes camarades.

Elle avait presque terminé de préparer son lasso, quand la créature, avec un autre de ces sautillements balourds, sembla décider qu'elle s'était suffisamment désaltérée. Non ! L'ensorceleuse ne pouvait pas le laisser repartir et, misant le tout pour le tout, elle s'élança sans plus réfléchir. Les ailes aux superbes couleurs battirent plusieurs fois, mais la nouvelle venue lui coupait la retraite vers la zone d'où il arrivait, ne lui laissant de salut que dans l'eau, ou les rochers abrupts d'où se jetait la cascade. Incapable de prendre son élan pour s'envoler depuis une si petite surface, l'archéoptéryx se retourna vers son adversaire avec un cri strident, en retournant contre elle ses membres antérieurs munis de doigts griffus. Arhiann ne donnait pas cher de sa peau s'il venait à la toucher, il allait donc lui falloir se fier à l'agilité que lui conférait sa petite taille - comparée à celle de la bête - pour se risquer à une approche dangereuse qui, seule, pourrait lui permettre de passer le lasso autour du cou emplumé.

La faune se jeta sous l'aile gauche, espérant profiter de l'effet de surprise pour capturer l'oiseau. Un nouveau appel lui vrilla presque les oreilles, mais elle resta fixée sur son objectif, et visa le bec fortement denté - elle ne dirait plus "quand les poules auront des dents" pour parler de quelque chose censé ne jamais arriver. Le mouvement de la créature, qui cherchait à mordre l'intruse, et celui de la boucle de corde, se rejoignirent avec une harmonie presque irréelle : alors que les pointes garnissant la gueule du monstre effleuraient sa main, elle tira d'un coup sur son lasso improvisé, emprisonnant le terrible dinosaure volant. Elle n'eut cependant guère le temps de profiter d'un soupir de soulagement, car sa prise se rebellait, comme on aurait pu s'y attendre. Le temps que la faune réagisse, elle s'était fait traîner sur quelques mètres - heureusement, elle n'avait pas lâché la corde. Et tandis qu'elle tentait de reprendre sabot ou de s'accrocher à la végétation, l'archéoptéryx, gêné par ce poids supplémentaire, mais pas découragé pour autant, s'écartait de la cascade en battant furieusement des ailes.

Avant qu'elle n'ait pu réaliser ce qui se passait, Arhiann se retrouva enlevée dans les airs, et n'eut d'autre choix que de se hisser en prenant appui sur la patte de l'oiseau - en faisant, là aussi, bien attention de ne pas se blesser à ses griffes sur-développées. Refusant de songer au sol ou à l'endroit où pourrait l'abandonner la créature, loin de ses compagnons et donc, sans grande chance de survie dans cet environnement particulièrement hostile, Arhiann fit des sabots et des mains pour progresser le long du corps singulièrement doux du féroce prédateur. Oh, il tentait bien de tendre le cou pour décrocher ce parasite qui l'ennuyait autant que le pou sur un cheveu ou le jockey sur un cheval, mais elle ne se laissa pas faire, ripostant à coup de sabots, ni n'abandonna le bout de corde désormais coincé entre ses dents. C'est ainsi qu'elle finit par atteindre le cou de l'oiseau préhistorique, où elle put se stabiliser, et reprendre en main le lasso. Il s'agissait maintenant de comprendre comment diriger la bête.

[HJ : je lance juste les dés d'Arhiann, et l'archéoptéryx me servira de "compagnon" pour les autres sujets de cette série "caverne mystérieuse" (pas de changements sur ma fiche, mais ce sera plus clair dans le jeu)]

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'Attaque - Hybride' :

Au début, Arhiann se contenta de s'agripper au plumage de l'oiseau qui s'éloignait toujours plus de la zone où Brendan et Cylicia risquaient vraiment, maintenant, de s'inquiéter de son absence. Puis elle parvint à s'installer un peu plus confortablement - si on pouvait dire - en serrant ses pattes autour du cou de sa monture improvisée, ce qui lui libéra en partie les mains. La bête continuait de faire claquer son bec dentelé tout près d'elle, mais la faune s'était installée juste hors de sa portée. Elle remarqua d'ailleurs que le lasso s'était énormément resserré, et entreprit d'en élargir la boucle, prudemment. Il était temps de faire comprendre à l'animal qu'il avait davantage à perdre en continuant de se rebeller, qu'en se rangeant du côté de ses alliés.

Moins oppressé, l'archéoptéryx se secoua comme s'il ne comprenait pas ce qui s'était passé. Il essaya encore de se débarrasser de sa passagère clandestine à plusieurs reprises, et de diverses manières, mais celle-ci s'était mise à lui parler doucement tout en lissant sa crête de plumes, et le féroce prédateur se fit peu à peu moins agressif. Son vol se stabilisa, et un grand sourire, que personne ne verrait, naquit sur les lèvres de la blonde à contempler la jungle qui défilait en-dessous d'elle. Un moment, elle ne fit que profiter de la tranquillité retrouvée, alliée à la griserie du vol - cela n'avait rien à voir avec un transport en wyverne, où elle partageait une monture avec de nombreux autres passagers, sur un trajet bien défini. Non, là, elle était seule maîtresse à bord, entièrement libre de la direction à prendre, de monter ou de descendre - elle se demandait d'ailleurs si, en s'élevant suffisamment, elle finirait par rencontrer une paroi de pierre, ou si elle pourrait trouver une cheminée ressortant à l'air libre.

Libre, cependant, elle ne l'était pas totalement, de par l'engagement qu'elle avait implicitement pris en se joignant à d'autres aventuriers-explorateurs. Il était grand temps d'aller les retrouver, et donc, de diriger la bête un peu plus précisément. Mais, comment retrouver le lieu où elle avait laissé l'humain et la stryge ? D'en haut, tous les arbres se ressemblaient, tous les cours d'eau pouvaient être celui auprès duquel elle avait trouvé l'oiseau préhistorique, ou ne pas l'être, et ils avaient tant tourné et viré, durant le duel initial, qu'elle était incapable de s'y retrouver... Son aventure dans la caverne mystérieuse allait-elle donc se terminer ainsi, isolée et perdue, incapable de rejoindre ses compagnons, et donc condamnée à plus ou moins long terme ?

L'ensorceleuse avait davantage de ressources que cela. Au cours du rodéo sur archéoptéryx qui l'avait amenée à parcourir une partie du "ciel" souterrain, elle avait très régulièrement utilisé de petites touches de sa magie pour restreindre la bête. Peut-être pouvait-elle les suivre en sens inverse, comme certains petits cailloux blancs d'un conte pour humains... Elle se mit au travail sans tarder, car les dernières traces d'éther risquaient de disparaître rapidement. Dirigeant le grand oiseau comme un cheval - heureusement qu'elle en avait appris un minimum chez les djöllfulins, avec le duergar - elle remonta donc le parcours, tranquille sur la phase de plané apaisé, puis plus chaotique lors des premiers moments de confrontation. Enfin, alors que les parcelles de magie du vide se faisaient de plus en plus difficiles à distinguer, la brillance d'un cours d'eau se jetant en cascade dans une vasque de pierre naturelle lui apparut : c'était là !

Faisant reprendre un peu d'altitude à l'animal, elle termina de remonter le ruisseau sans mettre pied à terre, jusqu'à apercevoir le lieu où elle avait laissé ses alliés la dernière fois. Sauf que le semblant de clairière était vide, désormais... Elle n'avait pas vu le temps passer, mais l'épisode de domptage d'archéoptéryx avait peut-être duré plus qu'elle ne l'aurait pensé. Comment savoir, dans cette caverne où les rayons du soleil pénétraient si étrangement ? A moins qu'ils ne soient partis à sa recherche ? Elle décida de rester dans les airs, et de décrire des cercles concentriques à partir du point de départ, pour voir si elle distinguait une trace de Cylicia ou Brendan, mais la fatigue commençait à peser sur elle, et l'oiseau préhistorique finit par échapper de nouveau à son contrôle, l'éloignant irrémédiablement de ses camarades. Savoir comment et en quelle compagnie elle poursuivra ses aventures, et de quelle manière elle retrouvera les forêts de l'Ouest, serait l'objet d'un autre récit.