Nous étions enfin parvenu jusqu’aux montagnes des Baldors, chacun de son côtés et suivant son propre chemin pour nous retrouver ici même. Un peu moins d’une semaine s’était écoulée depuis l’annonce de la mission et chacun des membres concernés avait eu tout le loisir pour s’informer, se renseigner et rechercher notre proie commune en chemin. Certains avaient privilégié la rapidité du trajet afin de se renseigner sur place et ainsi ne pas perdre de temps, d’autres, bien plus prudent, empruntèrent une voie bien plus calme, se renseignant au fur et à mesure de leur avancée. Personnellement, je m’étais permis d’emprunter un cheval à Ishtar pour quelques pièces d’or afin d’aller à Baldorheim. C’était à mes yeux, le moyen le moins chère pour parcourir la distance qui me séparait de mon contrat, je n’avais eu ensuite plus qu’à marcher jusqu’aux Baldors et attendre les derniers membres de la mission.

Le point de rassemblement ayant été fixé dans une petite bourgade perdu entre les monts, personne ne viendrait nous gêner ici. Le coin était plutôt tranquille, et le seul établissement ouvert aux clients était une petite auberge miteuse en amont du bourg, sur une petite esplanade naturelle duquel l’auberge surplombait le village. Les montagnes environnantes empêchaient les rayons du soleil de réchauffer la nature et ses habitants, les nuages également faisaient barrages. Si le ciel avait été un temps soit peu dégagé, on aurait pu dire que l’auberge s’était offert la meilleur place pour assister au couché de soleil sur le village. Mais même ce dernier n’était pas bien florissant. Le temps n’était pas en la faveur des habitants vis-à-vis de la récolte et depuis peu, un nouveau mal s’était établi dans les parages. Si nous étions venus jusqu’ici, ce n’était pas vraiment pour venir au secoure du village, mais simplement pour faire notre travaille et récupérer la prime sur la tête du Cyclope se nommant Persön. Il était la seule raison de notre présence, la survie du village m’importait peu. En vérité, même la prime ne m’intéressait guère, mais les affaires sont les affaires et si la congrégation s’en retrouve gagnant de voir rouler une tête géante, alors soit. J’espérais simplement qu’il ne nous fasse pas trop perdre notre temps, au moins qu’il tienne le temps que je m’amuse …

Après avoir mis en commun ce que nous savions à l’auberge, point de ralliement, nous prîmes la route des montagnes, en direction des élevages à proximité pour rendre compte sur place des méfaits de ce Cyclope. Un géant, ça ne passe pas inaperçu et ça manque de discrétion, je n’avais aucun doute quand à ce que l’on trouverait sur place : Des traces de pas et de repas, éparpillé un peu partout. C’est que ça mange beaucoup une créature de cette taille ! Pourtant, une fois sur place, un autre élément était venu s’ajouter à cette liste, un élément qui nous évitait plusieurs heures de recherches. Persön en personne. Visiblement, il était l’heure du repas pour ce dernier. Les informations rapportées un peu plus tôt lors de la mise en commun s’était avérées exacts, ce qui avait écourté notre temps de recherche sur place. Bien. On pouvait donc aller droit au but.

Même si le géant était en vu depuis quelques minutes, il nous fallut quelques minutes supplémentaires pour rejoindre l’individu en question, son imposante taille était plus frappantes devant soi que sur un vulgaire bout de papier. D’autres Géants se trouvaient non loin, moins imposants, mais tout aussi armés et dangereux. L’on pouvait donc supposer que celui qui se trouvait devant nous était bien Persön, le chef des Cyclopes, et les autres qui restaient en retrait, les guerriers qui l’accompagnaient. Le chef est le premier à se servir j’imagine …

Garràn – Si c’est bien lui, les autres géant devraient s’éloigner d’ici naturellement quand on en aura fini avec. Regardant dans la direction des titans armés de gourdins tout aussi impressionnants. C’est la loi du plus fort qui régit les peuples géants.

Si l’on parvenait à l’éliminer, les autres Cyclopes prendraient leurs jambes à leur coup. Ils se rendraient comptes du faussé qui nous sépare, même si, en soit, on se met à plusieurs pour venir à bout de lui. Voyant que nous avions finalement attiré son attention, je décidais de partir en éclaireur tester les réflexes de ce géant tas de muscles. Avec une agilité hors normes, je parvenais à balader le regard du géant sans jamais qu’il ne m’atteigne. Bondissant, évitant et battant férocement mes ailes sombres, ma vivacité laissait mon adversaire de six mètres dans une confusion plutôt frustrante. Voir une mouche se balader devant soi sans jamais l’atteindre, que c’est révoltant. Je commençais à entailler les muscles de ses bras afin de restreindre les mouvements de sa massue et limiter les dégâts. Je laissais également s’échapper de ma poche une de ces potions confectionnée à Ishtar récemment, la laissant se briser sur le bras du géant. Le liquide verdâtre qui s’en échappa se rependit rapidement sur la peau de ce dernier avant de faire parvenir l’odeur dégénérante qui s’en dégage au nez de Persön.

Garràn – Avec ça, il devrait rester tranquille quelques temps … enfin … le temps qu’on lui coupe sa petite tête.


[Utilisation d'un subterfuge Brume de Voilflou]