Le soleil brillait haut dans le ciel de Dùralas en cette sympathique journée de printemps. Les marchands préparaient leurs étals dans les alentours d’Ishtar, un quartier annexe à la ville qui permettait au bazar local de s’installer en toute quiétude. Toutes les spécialités étaient presque représentées dans ce marché à ciel ouvert, des joailliers, des alchimistes, des tanneurs, des herboristes, il n’y avait qu’à demander et vous étiez sûr de trouver ce que vous cherchiez en arrivant là. Une ambiance commerçante où les prix se négocient férocement et âprement entre experts du détail et les grossistes.

Parmi les artisans, se trouvaient également des vendeurs venus des régions lointaines pour exposer des produits considérés comme exotiques dans le sud de Dùralas. Des traqueurs proposant à la vente des aigles du Baldor spécialisés dans la chasse, ou encore des elfes venus de la forêt Sylfaen offrant à prix d’or des herbes et des plantes soit disant rares. Ces commerçants participaient aux échanges commerciaux entre Ishtar et les autres régions, aidant parfois à améliorer les relations, où à les empirer, selon les protagonistes. Il manquait toutefois une nation à être représentée dans toute cette pagaille marchande, la grande et fière Sitlantà, reine des océans.

Bien sûr, il y avait déjà des étals de produits de la mer (pas toujours frais), et des produits abyssaux, mais rien d’officiel envoyé par Sitlantà dans le cadre d’une guilde marchande cadrée. C’est fort de ce constat, corrélé au rapprochement de la faction Pirate envers son peuple, que l’oligarchie locale décida de créer sa propre charte des produits locaux de Sitlantà et de les proposer à la vente de manière officielle à Ishtar. Une phase de test sera réalisée pour convenir des produits les plus vendus à proposer le plus régulièrement aux pieds-secs.

Pour commencer, la capitale allait présenter des produits d’artisanats abyssaux, comme des bijoux, des accessoires en cuir de créature marine ou des potions d’alchimie à base d’algues et de coraux. Les gains issus de ce commerce serviront à renflouer les caisses de l’armée sitlantéenne, toujours en proie dans sa guerre interminable comme les répugnants Skarniens. C’était une opération expérimentale pour les abyssaux qui espéraient à un succès rapide et efficace. Pour cela, ils avaient sorti le grand jeu. Vous pensez bien.

L’inauguration du stand était en ce fameux jour ensoleillé. L’emplacement avait été choisi avec beaucoup de considération, un endroit à l’ombre, mais passant, pas trop au centre des agitations commerciales, mais surtout pas trop excentré non plus. Pour fêter cet événement, une des plus grandes chanteuses de l’histoire sitlantéenne avait été forcée invitée à participer à cette inauguration, histoire d’attirer les pieds-secs et de créer un petit engouement. Il faut préciser que son concert de charité pour Sitlantà, organisé par une des capitaines pirates, avait fait connaître la diva abyssale parmi la population d’Ishtar. Avec un peu de chance, la castafiore boosterait les ventes juste par sa simple présence.

C’est ainsi que Marania, ancienne chanteuse principale de l’amphithéâtre de Sitlantà, épouse de général de l’armée sistlantéenne, sculptrice à ses heures perdues, grand-mère fantasque et demi-murène Abyssale Neutre de son état se trouvait là (heureuse et pas du tout forcée). Elle aussi, sortait le grand jeu pour l’occasion. Un grand voile parme cachait sa chevelure et formait une traîne au sol derrière elle. Sa robe, d’un doré lumineux, était ornée de perles blanches issues des élevages de coquillage océanique. Une tiare d’améthyste posée sur son voile couronne le tout pour lui donner des airs de madone grandiloquente.

Auri, le marchand Abyssal de la Muse à qui avait été confiée la lourde tâche de gérer l’étal sitlantéen, regardait la murène d’un air médusé. Pour sûr, elle allait attirer les regards et les attentions des pieds-secs, mais dans un bon ou dans un mauvais sens ? Tout était possible avec cette prétentieuse diva dont la réputation la décrivait comme mondaine et parfois instable. Tout un programme. Soudainement, il entendit la chanteuse se racler la gorge en déposant les dernières fioles d’alchimie sur le comptoir.

- Bienvenue ! Bienvenue à tous ! Venez découvrir les produits de l’océan, les produits sitlantéens ! Potions, bijoux, ou maroquinerie de la mer, il y en a pour tous !

L’apprentie marchande donnait de la voix pour attirer le chaland. Parmi les commerçants qui gueulaient leurs prix, l’avantage d’avoir une chanteuse sous la nageoire prenait soudainement un sens inattendu. Au concours de vocalise, elle allait tous les écraser sans aucune difficulté. D’ailleurs, la concurrence les regarde dorénavant d’un autre œil. Ces nouveaux venus abyssaux ne seront pas aussi discrets qu’ils l’envisageaient.

Sielk était déjà venu quelques fois à Ishtar. Il y était venu la première fois par hasard au milieu de ses pérégrinations. Bien que les lieux lui étaient inconnus, il avait comme une impression de déjà vu. Cela était courant à cause de son pouvoir et des souvenirs de ses ancêtres mais, cette fois, c'était tout autre chose. Un peu comme une seconde vie. Une fois ce malaise mis de côté, le jeune homme avait erré dans la ville portuaire en pensant être à l'endroit idéal pour trouver ce qu'il cherchait. Ses recherches furent vaines mais, il avait trouvé le dépotoir. En voyant le nom, il était rentré en espérant dénicher des armes sur lesquelles il pourrait récupérer des pièces. Finalement, il découvrit là une arène de combats clandestins. Toutefois, après avoir arpenté la ville, il se demandait s'il y avait quoique ce soit à Ishtar qui ne soit pas clandestin. En effet, il n'avait pas mis longtemps à apprendre que les Pirates avaient la mainmise sur la ville. A partir de là, il était peu probable que la législation locale soit appliquée à la lettre. Cela dit, c'était le cadet des soucis du loup-garou. Autrefois, bien avant que son clan n'en deviennent un, ils étaient au service de la loi et c'est ainsi qu'ils avaient fini par devenir des loups-garous. Une juste punition pour ces agresseurs pensant être les sauveurs. Longtemps, les chefs du clan n'avaient pas vu les choses ainsi. Ils méprisaient leur côté loup. Lorsque Sielk prit la tête du clan, il avait bien étudié l'histoire du clan, chose aisée grâce à son pouvoir. Très vite, il comprit que les loups-garous n'avaient fait que se défendre et avaient choisi de laisser le clan en vie. Durant tout ce temps, le clan de la Lune Noire avait vu leur lycanthropie comme une malédiction. Sielk leur avait fait remarqué que si les loups-garous avaient voulu, ils auraient juste pu les tuer. Cela avait encore du mal à rentrer dans certains esprits mais, Sielk comptait bien changer les choses. Toutefois, tout cela était une autre histoire. Mais, cette autre histoire faisait que Sielk ne se souciait guère de la législation.

Au dépotoir, Sielk avait eu quelques coups d'éclat, des bons comme des moins bon. Mais, cette fois, il n'était pas là pour cela, ne sachant même pas si on le laisserait y remettre les pieds. Lui et son adversaire avaient légèrement foutu le bordel, il fallait bien l'avouer. Si le chef de clan était là aujourd'hui, c'était parce qu'il souhaitait développer leur village. Il avait besoin de fournitures pour les commerces et pourquoi pas, des commerçants qui voudraient venir s'installer. Hors, Ishtar étant une ville portuaire et commerçante, cela semblait un bon début pour mener à bien ses recherches. Le lycanthrope avait alors privilégié le marché, ensuite, il irait examiné le port s'il ne trouvait pas ce qu'il cherchait.

Arpentant les étals, Sielk ne repérait rien de bien intéressant hormis quelques stand de nourriture où il ne manqua pas de s'approvisionner. Il avançait nonchalamment lorsqu'il sentit une main sur sa bourse. Il repoussa le voleur et vit au loin une petite blonde un peu ivre qui attirait l'attention sur elle. Faisait elle diversion pour lui? Si c'était le cas, c'était raté. Sielk projeta l'homme au sol et lui dit:

"Pourquoi vouloir me voler? Ma bourse a pourtant l'air bien vide. Es tu si mauvais voleur? Tiens, prends donc ce qu'elle contient mais, je garde la bourse."

Sielk retourna le sachet et le versa dans les mains de l'homme qui cria alors de douleur. Le lycan sourit et dit en reprenant son chemin:

"Quand tu vas à Ishtar, tu dois toujours avoir un oursin dans ta bourse. Je ne sais plus qui m'a dit ça mais, je comprends désormais pourquoi."

Il allait quitter le marché lorsqu'il entendit une voix surpasser les autres. Cela l'intrigua et il décida d'aller voir. Il vit alors une femme bien différente de celles qu'il avait l'habitude de croiser. Une abyssale? C'était ce que ses propos laissaient penser mais, elle était si différente de celui qu'il avait rencontré sur la plage. Elle semblait moins sauvage et elle savait parler. Bah, ça valait le coup d'aller voir, ne serait-ce que par curiosité. Sielk s'approcha alors et dit:

"Bien le bonjour mademoiselle, madame. Je vous ai entendu mentionner Sitlanta. Est-ce que par hasard, vous seriez une abyssale? Pardonnez ma curiosité et n'y voyez aucune offrande... Non, ce n'est pas le bon mot, attendez je vous prie... aucune offense, voilà, c'est ça! C'est seulement que je n'en ai rencontré qu'un seul jusque là et... Comment dire? Il n'avait pas votre locution et semblait bien décidé à savoir quel goût j'avais. Mais,... Je vous importune et j'ai oublié le plus rudimentaire. Permettez moi de me présenter, je me nomme Sielk Morkmane, chef du clan de la Lune Noire."

Il fit une légère révérence ou quelque chose qui s'en rapprochait mais, il n'était pas à l'aise avec cela. Toutefois, il avait vu dans les souvenirs des chefs que c'était ainsi que l'on saluait chez les bonnes gens. Hors, il ne savait pas trop comment reconnaître les bonnes gens et au cas où, puisqu'elle ne semblait pas être une malandrin, il devait prendre ses précautions. Toutefois, il conservait assez de distance pour ne pas être à portée de crocs au cas où.

La légère brise faisait doucement flotter le voile posé sur les cheveux de la chanteuse. L'air marin d’Ishtar lui plaisait particulièrement, suffisamment humide pour ne pas la dessécher et tout à fait respirable. De ses mains aux longs doigts écailleux, l’apprentie marchande bougeait quelques articles de place sur le stand. Il fallait agencer la chose de manière intelligente, mais surtout esthétique selon ses goûts personnels. En fonction de la taille, de la couleur, des vertus pour les produits d’alchimie, bref, elle tentait de trouver de quoi s’amuser dans cette mission commerciale qui ne lui plaisait guère.

Les premiers clients à se présenter furent servis par Auri, c’était lui le marchand professionnel. Son art de la négociation était efficace, avec un petit supplément de quelque chose, le client avait droit à un petit bonus d’autre chose ! En accumulant les petits suppléments, les gens avaient l’impression de faire de bonnes affaires, repartant avec diverses camelotes abyssales qui ne valaient pas grand-chose à Sitlantà. L’ennui commençait à durement frapper la diva lorsqu’un client s’adressa directement à elle. Un grand homme châtain aux longs cheveux attachés à l’arrière. Il semblait curieux et à la fois gêné de sa propre curiosité. La question fut posée de savoir si Marania était bien une abyssale de Sitlantà. Difficile d’en vouloir à un pied-sec, son allure ressemblant davantage à celle d’une Nagate pour un œil inexpérimenté.

- Bienvenue à vous, jeune homme. Vous pouvez m’appeler Marania, tout simplement. Si vous souhaitez rencontrer des abyssaux, vous êtes au bon endroit et au bon moment. Ceci est l’étal officiel de Sitlantà, la fière capitale de l’océan.

La voix chantante et singulière de la diva avait de quoi interpeller son interlocuteur, un timbre qui ne s’entendait pas sur la terre ferme. Par politesse, elle laissa le pied-sec se présenter. Un chef de clan, spécifiquement, de la Lune Noire, Sielk de son prénom. Cela ne disait rien du tout à l’Abyssale qui ne fit même pas semblant de connaître ce clan. Durant ses voyages en dehors de l’océan, il lui avait été enseigné que ce sont les peuples hybrides qui parlaient de clan, il s’agissait là peut-être d’un spécimen d’hybride qui camoufle sa part animale ? Beaucoup d'incertitudes nécessitent de prendre des précautions.

- Oh, un Abyssal a tenté de vous dévorer ? Vous avez dû croiser un Abyssal de la Tempête un peu trop sauvage. Ils ne sont pas tellement civilisés, quoi que cela dépend des individus. Mais vous avez raison de ne pas rester sur cette désagréable impression que cette expérience à créér. Vous ne m’importunez pas le moins du monde. Profitez de nos produits, vous trouverez votre bonheur.

Pas très à l’aise dans son rôle de commerçante, Marania se faufile de l’arrière du stand jusqu’aux côtés du dénommé Sielk afin de lui faire l’article plus facilement. Ainsi, le jeune homme pouvait désormais voir que l’Abyssale avait bel et bien un corps serpentin qu’elle camoufle sous sa grande tunique dorée à traîne. S’approchant de lui, elle commence à faire la présentation des objets en tentant d’y mettre de l’assurance et de trouver les bons arguments.

- Regardez, vous avez par exemple cet objet d’alchimie purement décoratif. Nous appelons cela le cœur de l’océan, il s’agit d’une eau pure, glacée à tout jamais grâce à un procédé ancestral sitlantéen. C’est un cadeau charmant pour une dame. Sinon, je peux vous proposer cette capuche en cuir saumuré. C’est élégant et vous protégera de la pluie. Tenez, essayez là donc.

Ne laissant pas vraiment le choix à ce pauvre client, elle attrapa la capuche en cuir et la lui installa sur la tête. Un joli nœud pour accrocher le tout sous son menton, et elle lui présenta un miroir pour qu’il puisse s’admirer. C’était évidemment de toute beauté ! La diva n’avait aucun doute sur le fait que ce produit était à la hauteur de la recherche de ce client, même si ce dernier ne cherchait rien, c’était là tout l’art du commerce, n’est-ce pas ? Pour détourner l’attention, et surtout obtenir des informations qui pouvaient l’aider à vendre davantage de produits, Marania questionna le jeune homme sur son clan.

- Où est-ce que votre clan de la Lune Noire est-il situé ? Vous êtes le chef, c’est bien cela ? C’est tout à fait impressionnant. Mon époux est haut gradé dans l’armée sitlantéenne, quant à moi, j’étais l’ancienne chanteuse principale de l’amphithéâtre. Je connais le poids des responsabilités. Alors, vous vous trouvez comment avec cette capuche ? Magnifique, n’est-ce pas ?!

Les yeux grands écarquillés et avec un signe de la tête pour confirmer que oui, vraiment, c’était très joli ainsi. Attrapant une broche qui était à proximité sur l’étal, elle l’accrocha à la veste de Sielk.

- Avec cette perle ornementale géante, c’est parfait, tout à fait la mode sitlantéenne !

Ainsi donc, Sielk avait bien à faire à une abyssale mais, elle n'avait effectivement rien à voir avec le brochet mutant rencontré par le passé. Non seulement, elle n'essayait pas de le manger mais, en plus de cela, elle était plutôt avenante. A peine s'était elle présentée qu'elle tentait de lui vendre des objets de toutes sortes. Elle commença par un objet décoratif qui, selon ses dires, plaisait aux jeunes filles. Sielk s'imagina alors l'offrir à Juni et repoussa aussitôt l'objet. En effet, son amie le lui jetterait probablement à la figure, prétextant qu'elle ne voyait pas comment elle pourrait frapper ou découper les gens avec ça.

"Hum, non... Votre coeur de l'océan est très joli mais, si j'offre ça à mon amie, je vais me le prendre en pleine figure et, si je l'offre à une autre, je ne préfère même pas y penser..."

Puis, l'abyssale commença à revêtir divers apparats sur Sielk. Le lycanthrope arbora un air blasé mais, la laissa faire par politesse. Toutefois, lorsqu'elle eut terminé et lui affirma que tout cela lui allait très bien, le jeune homme rétorqua:

"Hum, je ne remets pas vos paroles en doute mais, je n'éprouve aucun intérêt pour la mode. N'auriez-vous pas plutôt quelque chose qui se mange?"

La diva semblait s'être légèrement calmée et Sielk en profita pour se remémorer les propos les plus intéressants de son interlocutrice. Son mari était un important militaire. Quant à elle, elle était une chanteuse réputée. Le chef de clan dit alors:

"Vous dites que votre mari est un militaire important? Peut-être pourriez vous me le présenter? Une grande chanteuse? Aux vues de votre voix, je n'en doute pas. Si un jour vous vouliez vous produire dans mon hameau, vous y seriez la bienvenue. J'espère bien sûr que d'ici là, nous pourrons au moins prétendre à être un village. En tout cas, vous pourrez y rencontrer quelques personnalités hautes en couleurs."

Il pensait surtout à Juni et son oncle Rufus lorsqu'il disait cela mais, ce n'étaient pas les seuls au village qui avaient de fort caractères. Toutefois, il repensa à pourquoi il était ici. Il dit alors:

"Brave dame, il m'est fort plaisant de converser avec vous et, je me demandais s'il serait possible de conclure un accord commercial. Si les articles que vous m'avez proposé ne m'intéresse pas, nul doute que des membres du clan y prêteront intérêt. Peut-être l'un des votres pourrait venir installer une échoppe au village ou alors, pourriez vous fournir l'un de nos commerçants? Bien sûr, vous seriez dédommagés à juste valeur pour cet accord. Il n'est nullement question de vous lêcher... Euh... laiser."

Sielk rougit de son erreur mais, le mal était fait.

Le client ne semblait pas particulièrement convaincu par le cœur de l’océan proposé par l’Abyssale. Un si bel objet représentant l’art décoratif de type Arona ! Marania avait bien compris qu’il était inutile d’insister pour le moment à ce sujet, apparemment l’homme avait d’autres idées en tête. Il est vrai que si les femmes de son entourage ne sont pas intéressées par l’art, la singulière beauté exotique abyssale ne risque pas de les émouvoir beaucoup. Tant pis, la capuche en cuir saumuré, ainsi que la perle géante en broche, auront peut-être un meilleur succès ?

Le suspens ne fut pas long et le dénommé Sielk ne montra aucun intérêt pour cette magnifique pièce de travail du cuir que la demi-murène lui proposait. Poli, car il n’osait peut-être pas émettre un refus catégorique ou même donner son opinion sur l’habit en lui-même, il s’excusa de ne pas apprécier la mode. Tout cela n’était que des balivernes pour la chanteuse ! Lorsque l’on a des responsabilités comme celles de ce jeune homme, on se doit de se montrer sous son meilleur jour ! C’est montrer l’exemple, mais aussi prouver son statut au reste du monde. Regardez la diva elle-même, elle est en tunique dorée à pierres précieuses, ce n’est pas pour rien !

- Si vous êtes un chef de clan, je vous invite à revoir votre opinion sur le sujet ! Votre rôle vous impose l’élégance, le raffinement et la prestance mon cher ami ! Tout cela ne se gagne pas qu’avec du charisme, mais également par l’allure et les vêtements… De quoi manger ? Non, pas pour le moment, j’en suis navrée.

Malgré ses conseils judicieux, Marania retirait la capuche en défaisant le nœud qu’elle avait noué sous le menton de Sielk. Elle rangea l’accessoire en cuir à sa place, tout en espérant pouvoir le vendre un peu plus tard dans la journée à un autre badaud. Quelques instants après cela, elle retire la broche de la veste du jeune homme pour la remettre à son tour sur l’étal. Pendant ce court moment de rangement, la conversation se poursuivait, notamment au sujet de Tangaroa, son époux. Le titre de haut gradé dans l’armée sitlantéenne intéressait particulièrement le jeune homme.

- Oui, sa fonction est importante et il doit prendre de lourdes décisions tous les jours pour protéger et défendre Sitlantà des attaques des Skarniens. Ces horribles créatures dégoûtantes sont encore à nous narguer, mais je ne doute pas que cela sera bientôt réglé.

Les Skarniens n’étaient jamais très loin dans l’esprit de la demi-murène, comme un rappel à la triste réalité. Néanmoins, ces nuages grisâtres ne faisaient que passer dans la joie de la diva qui entendait les compliments de Sielk. Ce dernier lui propose même de venir chanter dans son village. Tout ceci est très charmant, c’est certain, néanmoins, la chanteuse était habituée à des scènes un peu plus prestigieuses que la place centrale d’un hameau perdu quelque part sur le continent pied-sec.

- Eh bien, ce serait intéressant, je n’en doute pas ! Mais, je dois tout de même préciser qu’il serait plus simple que vous venez à Sitlantà si vous souhaitez rencontrer Tangaroa, mon époux. Vous comprendrez aisément qu’il ne peut pas se déplacer selon son bon vouloir, comme moi.

“Comme moi”, la phrase mourut un peu dans la voix de l’Abyssale, elle qui était là contre sa propre volonté. Il fallait tout de même bien sauver les apparences, elle n'allait pas admettre à cet inconnu qu’elle aussi devait répondre aux efforts de guerre de Sitlantà, et même maintenant dans le cadre de cette mission commerciale. D’ailleurs, le chef de clan passa à l’offensive en entrant directement dans le vif du sujet. Il souhaitait établir un échange commercial avec les Abyssaux et son village. Pour le moins, il n’avait pas peur de se prendre un râteau. Une capitale aurait quelque chose à gagner d’une bourgade ? Sur le papier, non, mais il s’agit ici de la fantasque Marania.

- Un accord commercial entre Sitlantà et votre village ? Pouvez-vous m’indiquer le type de commerce de votre peuple mon cher ? Un accord commercial se doit d’être signé entre deux parties, et les deux doivent être gagnantes dans l’opération. Alors, qu’avez-vous à me proposer ? Je tiens à vous rappeler que si les produits Abyssaux vous paraissent exotiques puisque vous n’avez pas l’habitude d’en croiser, il en est de même pour les produits de la terre ferme à Sitlantà. Une fourrure d’animal qui peut résister à l’eau se revendra bien plus cher à un Abyssal que sur ce marché, par exemple. Mais cela fonctionne aussi avec la nourriture, ou l’art. Tant que le produit est qualitatif.

La diva ne rebondira pas sur le lapsus du Lycan, préférant faire comme si elle n’avait rien entendu. Après tout, elle se devait de se montrer sérieuse, ils étaient déjà en pleine négociation.

Sielk écoutait l'abyssale avec attention. Toutefois, il était quand même bien agacé. S'il comprenait à quoi pouvait servir le charisme, c'était des choses qui le dérangeaient. Pourquoi les puissants devaient ils toujours se livrer à des mondanités pareilles? Pourquoi toujours devoir faire en sorte d'être le plus élégant? Le lycanthrope ne partageait pas cette vision des choses. Toutefois, la cantatrice et marchande n'avait pas tort, tôt ou tard, il devrait jouer le jeu. S'il voulait sortir son clan de l'ombre et faire qu'il soit respecté, il ne pouvait pas se contenter d'aller voir les gens afin de conclure des accords commerciaux. D'autant que sa tenue le faisait passer pour un simple bûcheron. Bah, il avait bientôt fini de réparer sa tenue de technophile et elle avait tout de même plus de prestance. De plus, les technophiles intriguaient pas mal ceux qui ne pratiquaient pas. Il répondit toutefois:

"Madame, sans vouloir vous offensez, le rôle d'un chef est de protéger les siens et non de se pavaner. Toutefois, je crois voir où vous voulez en venir. En m'entichant de breloques et en attirant ainsi le regard des puissants, je pourrais ainsi envisager de m'en faire des alliés. Ce que je ne comprends pas, c'est que ces puissants trouvent tous ses fanfaronnades ridicules alors, pourquoi les rendre nécessaires?"

Sielk observait son interlocutrice ranger les articles tout en semblant déçue de ne pas être parvenue à une vente. Au fond, en vue de sa tenue actuelle, le technophile doutait qu'une capuche et une broche aient suffit à sublimer quoique ce soit. Bah, ça ne pouvait pas y empirer non plus. Toutefois, le demi-loup connaissait d'avantage la réputation d'Ishtar que la ville en elle même et de ce fait, il estimait préférable d'avoir l'air d'un mendiant plutôt que d'un noble.

Marania parla alors des fonctions de son mari et de ses querelles avec les skarniens. Il n'en avait jamais rencontré personnellement mais, quelques un de ses ancêtres avaient eu à faire à eux. Il semblait en effet que ce peuple ne semblait pas particulièrement amical et n'inspirait guère de sympathie. Sielk ne répondit toutefois que par un sourire compatissant à cela, ne se voyant pas expliquer qu'il connaissait tous les souvenirs de ses prédécesseurs. Il accompagna son sourire de quelques paroles de soutien mais, tenta de rester évasif. Après tout, même avec ses souvenirs, il ne savait pas grand chose à leur sujet.

"J'ose espérer que ces affreux skarniens vous laisseront bientôt en paix. Je ne suis pas actuellement en mesure de vous proposer mon aide mais, si vous m'accordez un délai, je devrais pouvoir mobiliser quelques fines lames ainsi que moi-même. Je doute que seule, cette aide suffise mais, votre optimisme face au problème me laisse penser que d'autres se sont déjà ralliés à votre cause."

Sielk n'avait dans l'immédiat pas de réel intérêt à aider les abyssaux mais, s'il leur venait en aide au nom du clan, ce serait différent. Bien sûr, proposer ainsi leur aide sans rien demander n'engageait donc à rien les bénéficiaires mais, on ne crachait pas ainsi sur une main tendue spontanément. Le lycanthrope avait trop peu d'hommes à fournir pour demander quoique ce soit en échange mais, apporter son aide contribuerait à établir un lien. Malgré cela, il faudrait au moins qu'il envoie une missive au village. De plus, en dehors de Juni, seul Dulen était réellement bon au combat. Et Rufus aussi mais, il était rouillé. Enfin, ça c'était lorsque Sielk était parti. Cela faisait déjà quelques temps et Dulen avait commencé à former quelques bretteurs prometteurs. Il avait demandé l'aide de Juni mais, après qu'elle ait cassé le bras de deux de ses apprentis, il lui avait demander de le laisser se débrouiller. La barbare ne s'était pas faite prier et était repartie vagabonder à travers Dùralas pour trouver de vrais adversaires. En dehors des épéistes formés par Dulen, le fait que Sielk ait encouragé le clan à accepter leur forme lycanthrope faisait que tous étaient désormais capable de se défendre mais, se souvenant de ses débuts comme loup-garou, Sielk doutait que cela soit suffisant.

Lorsque la diva proposa à Sielk de gagner Sitlanta, il eut un mouvement de recul. En effet, il se souvint d'un détail important. Cela se trouvait sous l'eau. Bien entendu, il ne comptait pas se rétracter mais, il allait d'abord devoir se munir d'un de ces gadgets pour respirer sous l'eau. Ce qui risquait de rendre le temps de préparation un peu plus long. Bah, ça ne devrait pas être si long que ça. S'il mettait la main sur des plans, il pourrait même les fabriquer lui même.

Vint le moment de parler de l'accord commercial et Sielk fut quelque peu pris au dépourvu. Il pensait simplement payer. Toutefois, l'abyssale semblait d'avantage attendre un échange. Toutefois, elle apportait des réponses dans ses questions. Le jeune chef sourit et répondit alors:

"Bien, nous n'avons pas encore de fourrures de ce genre mais, en tant que technophile, je devrais aisément pouvoir y remédier. Je pourrais également améliorer vos armes. Toutefois, mon clan n'a pas toujours compté beaucoup de guerriers. Nous avons d'avantages de commerces utiles à la vie de tous les jours. Nous avons de nombreux sculpteurs de talents. Quant à ce qui est du tannage, nous n'utilisons pas que les peaux. Nous nous servons aussi des os et de certains boyaux. Notamment, les panses de certains animaux nous servent à fabriquer des instruments de musique. Nul doute que vous seriez curieuse de voir cela, étant vous même connaisseuse en musique. Enfin, peut-être pourrais je venir avec un de ces instruments une prochaine fois et, ne sachant pas en jouer moi même, avec le musicien qui va avec. Et une liste plus exhaustive de ce que nous pouvons vous proposer."

Sielk doutait de pouvoir la convaincre immédiatement mais, prévoir une nouvelle entrevue prochaine pouvait lui être favorable. De plus, d'ici quelques temps, il était certain qu'il aurait réussi à imperméabiliser les fourrures et pourrait ainsi répondre à la demande.

Le jeune homme qui se tenait face à la diva avait encore de nombreuses choses à apprendre sur la vie et sur les autres. C’est en tout cas ce que Marania pouvait se dire en l’écoutant parler des tenues, de l’art de la représentation et de ce qu’il dénommait comme des “fanfaronnades ridicules”. Paradoxalement, les humains apprennent plus rapidement que les abyssaux, mais c’est tout simplement, car leur temps est bien plus compté. Il faut apprendre vite avant de mourir vite. Ce chef de clan, ce charmant Sielk, devra vite se faire une raison et se mettre au niveau des attentes que les siens auront envers lui, en tant que leader.

- Tous les puissants ne considèrent pas cela comme ridicule. La façon de vous vêtir, de vous tenir, dit beaucoup plus de choses sur qui vous êtes, sur ce que vous voulez et sur ce que vous défendez qu’un long argumentaire qui ne serait pas entendu. Si cela vous semble superflu, souvenez-vous bien que ce ne sera pas le cas de vos interlocuteurs. Votre rôle impose cette représentation. Estimez que c’est pour le bien de votre Clan.

La diva parlait avec une certaine grandiloquence en regardant le jeune thérianthrope. Elle n’hésitait pas à le redresser, à lui relever la tête tout en parlant de sa façon de se tenir et de se présenter au reste du monde. Les conseils avisés d’une grand-mère abyssale tomberont peut-être dans l’oreille d’un sourd, mais au moins, ils auront été tentés. Sielk en fera ce qu’il voudra, et même dans le cas où il n'appliquera pas ça rapidement, les arguments sont comme des petits cailloux qu’il embarquera avec lui dans ses poches, toujours là en cas de besoin. La demi-murène espérait sincèrement que Sielk l’écoute, pour son propre bien, surtout qu’il était d’une gentillesse presque naïve, en effet, il se proposait dans l’aide à la défense de Sitlantà.

- Une nouvelle entente diplomatique est en cours afin de ramener la paix à Sitlantà. J'œuvre autant que possible pour cela, mais la diplomatie se travaille sur le long terme.

Sans le citer directement, Marania faisait référence au concert symphonique auquel elle avait participé à des fins caritatives pour la capitale abyssale. Cet événement, organisé par une certaine Charlotte Roseline, avait été un beau succès, et avait permis à la diva de se faire connaître au sein de la faction des Pirates. Il n’était pas nécessaire de faire venir les limiers du clan de Sielk, ce dont ils avaient besoin, c’était des guerriers pouvant se battre sous l’eau face aux horribles skarniens.

Alors qu’elle s’apprêtait à répondre à Sielk sur un sujet bien différent, celui de la négociation commerciale et des éventuels échanges entre la capitale océanique et le village des thérians, la chanteuse fut prise d’un doute. Est-ce qu’elle avait bien posé le cœur de l’océan, ce fameux objet décoratif qu’elle avait présenté un peu plus tôt, à côté des capuches ? Si oui, il avait disparu, dans le cas contraire, elle perdait tout simplement la tête. Quelque chose n’allait pas, car elle était certaine de l’avoir remis à sa place.

Il n’aura pas fallu longtemps à Marania pour apercevoir l’homme à la cape kaki qui se tenait derrière Sielk repartir à grand pas. Cela ne faisait aucun doute par la Muse ! C'était lui qui venait de piquer le cœur de l’océan et pensait pouvoir se tirer sans se faire repérer. Coupant le pauvre Sielk dans son argumentaire commercial bien ficelé, la diva s'élança en quelques glissades rapides à l’assaut du pseudo-cambrioleur et tenta un mouvement à sa ceinture avec ses longs doigts effilés. Avec un peu de chance, elle allait pouvoir récupérer son bien !

Pour le Juge:

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'Attaque - Abyssal' :

Le voleur du cœur de l'océan débute le combat/tour.

Vitesse des joueurs : 670

Sielk Morkmane : 210
Vitesse : 194
Dégâts : 146
Capacités spéciales : /

Marania : 1165
Vitesse : 476
Dégâts : 690
Capacités spéciales : Télépathie : aucun animal ne gît en ces lieux, seulement des humanoïdes...
Virtuose : Les attaques touchent tous les ennemis. Peut activer les partitions magiques

liste des partitions équipées:

Ennemi :

Voleur du cœur de l'océan {Classe furtive} : 800
Vitesse : 800
Dégâts : 400
Capacités spéciales : Vol : Si vous perdez le combat, le voleur vous prendra 50 pièces d'or chacun.
Rapidité : Peut attaquer 2x Sielk.

Voleur attaque à 400 sur Marania, et ajoute la phrase suivante :

"Ainsi donc vous vouliez m'avoir à mon propre jeu ? C'est peine perdue, abyssale de malheur !"

En écoutant Marania, Sielk se rendait compte à quel point diriger était compliqué. Toutefois, il ne dirigeait pas une grande puissance, seulement un clan qui représentait l'équivalent d'un village. Tout ce qu'il voulait, c'était le faire prospérer un peu, y rendre la vie plus agréable. Jusque là, personne n'était venu les embêter ou en tout cas, aucune menace qu'il n'avait su gérer seul. Bien sûr, plus ils se feraient connaître et plus les risques seraient grands. Malgré cela, il en avait assez que le clan de la Lune Noire vive caché. Avec les années, le clan serait voué à s'éteindre en continuant ainsi. Il n'en était pas question. Si Marania avait raison sur le fait qu'il fallait s'adapter, le lycanthrope était persuadé que les mondanités étaient stupides au possible. En quoi porter des costumes dignes de carnaval montrait la puissance? Un bon poing dans la gueule, ça c'était une preuve de puissance. Toutefois, si on se fiait à cela, Sielk ne serait plus chef de clan depuis longtemps. Par contre, le jeune homme était convaincu que l'éloquence valait mieux que n'importe quel apparat. Il dit alors:

"Vous m'excuserez mais, fanfaronner dans des tenues de carnaval est tout de même bien moins percutant... euh... pertinent qu'un discours éloquent. Je ne parle pas d'un discours pompeux avec plein de mots compliqués qui visent à leurrer ceux qui ne sont pas hommes de lettres. Non, je parle d'un discours simple et franc qui évoque des faits, des réactions et dont personne ne peut nier la véracité. Aucun costume ni aucune babiole ne remplacera l'éloquence. Quand bien même un chef revêtirait des haillons, si la pertinence de ses actes et de ses propos suit, nul ne le remettra en cause."

Contrairement à ce que son âge et son vécu laissaient paraître, Sielk avait vu bien des hommes gouverner. Pas de son vivant mais, dans ses souvenirs. Il avait passé des heures à étudier les points forts et les points faibles de chacun. Marania lui donnait d'autres éléments à prendre en compte. Contrairement à ce qu'il laissait paraître, il prenait note de ce qu'elle disait. Toutefois, il avait appris de ses ancêtres qu'il ne fallait jamais renier sa façon d'être et même lorsqu'on apprenait de quelqu'un, il ne fallait pas trop le montrer car dans ce cas, la personne en face aurait une impression de supériorité. Au final, sans même s'en rendre compte, il jouait déjà le jeu des nobles.

Toutefois, un trouble fête avait profité de leur échange pour dérober un objet. Sielk le reconnut aussitôt, c'était le jeune homme qui avait voulu lui voler sa bourse. Cette fois, il était parvenu à ses fins et, en tentant d'échapper à Marania, il bouscula la blondinette éméchée qui en profita pour le traiter de fiente de mouette. Au moins maintenant, Sielk savait qu'elle n'avait rien à voir avec lui. Toutefois, le voleur était rapide et quand l'abyssale le rattrapa, il lui porta un coup de lame. Sielk ne voulait pas se mêler d'un simple vol mais, il ne pouvait pas laisser ce brigand agresser sa camarade. Après tout, s'il ne lui avait pas tenu la jambe, rien de tout cela ne serait arrivé. Aussi, il sorti son fusil et lui décocha un tir dans l'épaule. C'était certes un pari risqué mais, armé d'un fusil, le technophile était plutôt confiant. Il avait des années de pratique derrière lui et son adresse était supérieure à sa force. Il avait fait mouche et son adversaire aurait maintenant du mal à attaquer.

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'Attaque - Thérian.' :

L’abyssale glisse aisément sur le sol mouillé du marché des alentours d’Ishtar. Plus rapide que le voleur qui trébuche au milieu de la foule, elle le rattrape et voit l’objet du délit. Ce scélérat avait bien volé le cœur de l’océan ! Par la Muse et par la Tempête, Marania n’allait pas laisser un pied-sec la voler aussi facilement, c’était un outrage envers elle, envers tous les Abyssaux, pire encore, envers Sitlantà elle-même. D’un mouvement agile et vif, la virtuose cherche à attraper l’objet précieux dans la poche du brigand. Le mouvement, pris dans la course-poursuite de l’homme et de la demi-murène, arrache le tissu de la veste en plus de récupérer le cœur de l’océan. Tant pis, son vêtement est foutu et Marania s’en fiche éperdument, tout ce qu’elle souhaitait, c’était de reprendre possession de son bien.

- “Abyssale de malheur” ?! Mais ?! Mais, comment OSEZ-VOUS parler de la sorte à moi, Marania, première chanteuse de l’amphithéâtre de Sitlantà, l'épouse du général des armées des océans, fille d’Aatahua l’aquamancienne la plus puissante de son temps ? Vous n’êtes qu’un plancton dans l’abysse des temps !

Oui, Marania n’était pas n’importe qui selon ses critères bien établis de la hiérarchie sociale. Clairement, il n’était même pas entendable qu’un tel plouc puisse lui manquer de respect, et la colère montait dans son corps si vite qu’elle ne se rendit même pas compte qu’elle hurlait contre le pied-sec. La chanteuse était prête à fondre sur la gorge du voleur, mais elle fut coupée net dans son élan par le bruit de l’arme à feu de Sielk qui l’avait apparemment suivi dans la course-poursuite afin de lui venir en aide. Habile de visée, le chef de clan avait réussi à brillamment atteindre l’ennemi à l’épaule. La blessure était réelle, mais heureusement non mortelle. Touché, l’homme vociférait des blasphèmes à cause de la douleur.

- Vous irez croupir dans les eaux sales de vos prisons terrestres. Ainsi, vous aurez largement le temps de réfléchir à vos actes et à vos paroles.

Malheureusement pour l’aquamancienne, elle n'avait pas une grande quantité d’eau sous la main pour se battre dignement. Pas de rivière à proximité et la mer était un peu trop éloignée pour pouvoir invoquer l’eau à sa convenance. L’eau d'une flaque suffira peut-être à neutraliser l’homme en attendant les gardes qui devaient roupiller quelque part dans les bordures du marché. Invoquant un sort magique aquatique part le chant, l’eau boueuse est projetée en pleine face de l’homme qui est désormais aveuglé. Un plan simple mais efficace puisque le pied-sec est maintenant vulnérable et ne peut s’échapper. Un premier garde fit enfin son apparition et se fit expliquer la situation par la demi-murène et par le lycanthrope avant de repartir avec le jugé coupable d’office. Voilà une fin qui satisfaisait tout à fait la cantatrice qui pouvait reprendre les négociations avec Sielk.

- Alors, nous en étions où déjà ? Ah oui ! Qu’est-ce que votre clan peut proposer d’intéressant à Sitlantà ? N’hésitez pas à dire des banalités, nous n’avons pas les mêmes références dans l’océan.

Reprenant sa discussion comme si de rien n’était, et surtout comme si elle ne venait pas tout juste d’hurler en plein marché, elle glissait tranquillement pour revenir vers son étal.

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'Attaque - Abyssal' :

Les joueurs l'emportent. Ils gagnent 27 points d'expérience et 42 pièces d'or (dont une bourse de 20 PO sur le voleur).

Marania réussit à voler les 80 pièces d'or !

Le conflit fut vite réglé. Toutefois, Sielk fut surpris de voir les gardes emmener le malandrin pour un petit vol à l'étalage. Bon ok, le lycanthrope lui avait tiré dessus mais, il n'était pas prévu de le blesser ainsi. Dans la précipitation, le trentenaire avait dû se tromper de munitions. Heureusement qu'il visait bien sinon, c'eut été sa tête qui aurait explosé. Ishtar était une ville connue pour ses pirates et ses voleurs alors le chef de clan aurait pensé qu'il se serait juste pris une claque derrière la tête. Bah qu'importait au fond. Ce n'était plus son problème. La dernière fois que Sielk avait eu à faire à un voleur, il n'avait pas eu besoin de lui tirer dessus. Il l'avait rattrapé et ramené à la victime. Résultat, elle l'avait adopté et le gosse avait décidé de prendre Sielk pour son père. Une fin qui pourrait être qualifiée d'heureuse mais, Sielk connaissait à peine celle qui était devenu la mère de l'enfant. De plus, avec l'espérance de vie des elfes, l'enfant atteindrait tout juste sa majorité quand Sielk passerait l'arme à gauche. Enfin bon, sans lui, Lariela ne se serait pas retrouvée avec un chiard sur les bras, aussi, il avait accepté son rôle et s'était engagé à l'aider, sans se douter qu'il devrait bientôt s'y atteler. Au moins, cette fois, le voleur ne l'appellerait pas "papa" et l'abyssale semblait déjà avoir laissé cela derrière elle. Elle avait retrouvé Sielk et lui demandait de nouveau ce qu'il avait à proposer. Il soupira alors pour évacuer le stress des derniers instants puis, il répondit:

"Nous n'avons pour l'instant que peu de produits à proposer. Quelques bibelots en os de sanglier ou des armes. Bien sûr, nous préparons la viande et faisons des vêtements avec leurs peaux. Toutefois, je devrais être en mesure de vous faire la démonstration de quelques innovations sous peu. J'ai réussi à travailler l'élasticité des tissus afin qu'ils résistent à des transformations soudaines. Ce n'est pas encore tout à fait au point mais, je touche le bon bout. Bien entendu, je devrais également être en mesure de l'imperméabiliser afin qu'il puisse être porté sous l'eau sans aucune gène. Ah et nous avons quelques très bon sculpteurs aussi. De plus, afin d'éviter que la pluie ne détériore les habitations, j'ai déjà mis au point une sorte de couche protectrice mais, j'avoue ne pas avoir tester cela en mer. J'imagine que ça ne sera pas suffisant."

Cela ne faisait pas longtemps que Sielk s'était remis au bricolage et à la conception de nouvelles choses. De plus, autrefois, il ne fabriquait que des armes. Bien sûr, aujourd'hui, il voyait le monde d'un autre oeil et cherchait d'avantage à faciliter la vie de tous les jours. Il avait même haït les armes pendant un moment et avait voulu y renoncer. Toutefois, avec le temps et le clan à diriger et protéger, il s'était rendu compte que c'était un mal nécessaire.

Peu importait désormais la suite de l'échange. En réalité, Marania lui avait déjà éclairé une partie de la voie. S'il voulait instaurer des échanges commerciaux, il ne lui suffirait pas d'avoir l'or nécessaire. Il devait également avoir ses propres produits à proposer. Ainsi, peut être devrait il errer un peu moins et passer plus de temps à son atelier. Tandis que la conversation se rapprochait de la fin, le lycan se dit qu'il allait devoir rentrer à Spelunca, ignorant qu'il se laisserait distraire à peine quelques minutes après son départ.

La place du marché des alentours d’Ishtar retrouvait son ambiance habituelle après que les gardes en faction eurent embarqué le malfrat. La demi-murène était désormais bien plus calme, et elle comptait bien reprendre sa discussion commerciale avec Sielk. Avec un peu de chance, ils ne seront plus interrompus par un quelconque voleur peu discret. Ce serait une belle performance de sa part si Marania réussissait à manier une proposition d’alliance commerciale avec un chef de clan ! Elle s’imaginait déjà chargée des partenariats économiques de Sitlantà, c’est dire si elle était convaincue de ses compétences.

- Les vêtements de la terre ferme sont toujours très appréciés dans la mode Sitlantéenne. Mais, plutôt que de chercher des méthodes pour imperméabiliser les fourrures, nous pourrions là encore pratiquer un échange entre votre village et Sitlantà. Si nous vous enseignons notre méthode ancestrale pour protéger vos produits, et ainsi les vendre facilement aux Abyssaux, vous pourriez nous apprendre quelque chose en retour.

Le thérianthrope ne semblait plus si convaincu du bien fondé des produits qu’il avait à proposer à l’heure actuelle. Il était sans doute encore jeune dans ses fonctions de chef, et il n’avait pas dû avoir le temps nécessaire pour peaufiner l’ensemble de son argumentaire et des produits qu’il allait pouvoir proposer. Ce n’était pas grave pour Marania qui comptait bien insister pour qu’un échange ait bien lieu. Quel qu’il soit, elle reviendrait avec un accord sous le bras à Sitlantà, démontrant sa grande capacité diplomatique, mais surtout de négociatrice. Néanmoins, il ne fallait pas effrayer le jeune Sielk, mais plutôt se montrer rassurante.

- Le plus simple serait de faire venir des habitants de votre communauté à Sitlantà. Bien évidemment, nous procéderons à toutes les vérifications de sécurité nécessaires avant le voyage. Nous ne pouvons laisser entrer n’importe qui dans la ville, c’est pour la sécurité de tous.

La demi-murène prenait un air concentré. C’était une très bonne idée en fait ! Faire venir des pieds-secs à Sitlantà, afin de leur enseigner quelques techniques Abyssales et de faire ainsi une promotion détournée de la ville. En retour, les thérianthropes pourraient accueillir quelques abyssaux, ce qui ne ferait pas de mal à certains sectaires de Sitlantà qui auraient bien besoin de voir un peu du pays et de se familiariser avec la terre ferme. Néanmoins, est-ce que le maire acceptera une telle suggestion ? Car si convaincre Sielk n’était pas encore gagné, il fallait ensuite persuader les dirigeants Abyssaux du gain réalisé grâce à cet échange. Il allait falloir la jouer finement, ce qui n’était pas forcément le point fort de notre chanteuse.

- Pour vous démontrer ma bonne volonté, laissez-moi vous offrir une partition de bataille. Il s’agit d’un chant magique à donner au musicien principal de votre village. C’est de ma caisse personnelle, et c’est avec plaisir !

La Diva sortit un parchemin doré de sa besace, enroulé avec un filament composé d’algues marines. C’était une des nombreuses partitions qu’elle appréciait jouer en cas de besoin et qu’elle avait apprises à l’Institut de Magie. Le donner à Sielk ne lui coûtait rien, elle en possédait d’autres exemplaires.