Ne jamais fléchir, voilà ce que s'efforçait de faire Ehawee depuis plusieurs mois déjà. Des mois au cours desquels elle voyageait afin de venir en aide à l'esprit d'écorce. Pour qu'il se reconstitue entièrement, elle avait été chercher ses fragments d'âme au quatre coin du monde. Cependant force était de constater avec désarroi que cela ne suffisait pas, il en restait d'autres. De plus la femme ignorait combien de fragment était disséminé par delà Dùralas. La force spirituelle de l'entité ne cessait de chuter et l'elfe le percevait décroître de plus en plus. Néanmoins il y avait encore énormément d'endroit dans le monde qu'elle n'avait pas exploré...

Parmis eux se trouvait une île immense qui ne manquait pas de l'intriguer. En plus de la curiosité qu'Ehawee nourrissait pour Wystéria, elle sentait une force l'appeler lorsqu'elle observait la mer depuis les plages d'Ishtar. N'ayant pas d'autres pistes, et s'étant dégagée un peu de temps en dehors de ses missions zéphyriennes, l'archère s'était décidée à entreprendre le voyage.

Cette fois-ci ce n'était pas pour l'atelier de sculpture qu'elle se rendait à la ville portuaire. Après une nuit reposante dans une auberge (pouvons-nous cependant dire qu'une nuit est reposante à Ishtar ?), l'elfe se mit en quête d'une embarcation. Elle rencontra plusieurs difficultés à trouver un équipage digne de confiance. Premièrement l'elfe ne voulait pas traiter avec des pirates et le port en était infesté. Payer pour se faire détrousser ou poignarder dans le dos en pleine mer dans un endroit où elle n'aurait définitivement pas le contrôle ? Impossible ! Ensuite rares étaient les marins et pêcheurs qui s'aventuraient aussi loin dans les mers maudites. Comme leur nom l'indique, ces mers sont chaotiques et particulièrement dangereuse en plus d'être, là encore, infestée de pirate. La femme se rendait compte qu'il allait être bien plus difficile que ce qu'elle avait imaginé de trouver une embarcation convenable. Ses investigations l'emmenèrent même en dehors de la ville, où les pontons sur la côte laissaient peu à peu place à un sable rose.

Ehawee continuait sa route sur la plage. Seule, elle errait, en se demandant si elle s'y était bien prise pour une fois. Au moins le paysage n'était pas pour lui déplaire : cette étendue bleutée qui venait conquérir le sol rougeâtre dans un perpétuel mouvement lancinant suscitait son intérêt. *Il est peut-être temps de faire une pause ?* songeait-elle avant de s'asseoir au bord de l'eau et de sortir son carnet de voyage.

Son itinéraire était une vraie catastrophe. Énormément de choses s'étaient passées sur son chemin. Tout d'abord, Ishtar était bien l'endroit dans lequel elle désirait se rendre, on lui en avait dit des choses dessus, très controversée par la populaces, certains l'adoraient, d'autres la détestaient. Son départ se situait depuis la capitale humaine, un départ universel à toutes ses expéditions dans les terres sauvages de Dùralas, une valeur sûre à laquelle elle s'attachait sans que l'idée lui vienne de s'en défaire. Connaissant désormais les rues, les recoins et autres bifurcations à éviter, depuis sa tribu, elle ne s'était jamais sentie autant à "la maison" qu'à Stallaraë.

Mais alors, pourquoi son itinéraire s'en trouvait une catastrophe ? Étant grande marcheuse dans l'âme -ou surfeuse de pierres à ses heures perdues-, suivre le chemin ne lui parut aucunement compliqué, suivre un gros très sur une carte et la route qu'elle représentait : du gâteau. Le tout restait de compter les vilaines escarmouches de bandits qui, au bout de la seconde, non loin de la première l'avait fatigué en plus de la foutre en pétard, c'est donc ainsi que les choses se gâtèrent. La route ne lui convenait plus, les étendues sauvages lui tendaient les bras, ni une ni deux, elle coupa droit vers le sud avec la maligne initiative d'organiser un détour vers l'est -Ishtar de son point de vue-. Seule, parmi les montagnes, roches et cavernes de Spelunca -desquelles, pour la plupart émanaient d'étranges, mais surtout peu rassurant bruits indéfinis- elle fit son bout de chemin.

Le deuxième hic dans cette débandade d'orientation fut l'environnement même dans lequel elle déambula. Tout devenait plus long, plus dur, il fallait contourner tel endroit, éviter tel autre, tout ça avec les animaux sauvages déterminés à protéger leur territoire, les horribles nuits à la belle étoile, se planter ensuite sur sa gauche et sa droite, demi-tour et hop, la revoilà sur les railles qui menaient droit à la capitale des pirates. Finalement, c'est dans un état de fatigue déplorable, des écorchures, bleus et griffures qu'elle foula la ville.

Comment était donc Ishtar ? Une question qui lui brulait les lèvres depuis bien longtemps, son parcours ne lui avait pas permis de voir plus tôt la mer, ce qu'elle appelait "le désert d'eau", tant attendue, tant désirée, rêvée... Ces rêves n'eurent atteints qu'une infime partie de ce qu'elle observa : Les vagues, le vent, ce désert unique à son échelle, d'autant plus impitoyable que celui qu'elle eut connu auparavant. Sur un ponton, au coucher du soleil, de lourdes cernes sous les yeux qui ne l'empêchèrent nullement de profitait de cet instant, elle médita là où peu l'eurent fait.

Ouvrir les yeux, redécouvrir ce que le bruit des houles signifiait, par une nuit fraichement éteinte, ce plaisir, cette sensation, cette satisfaction qu'il fallait apprécier pour la comprendre, enfin elle eut découvert la mer. Peu importe sur quoi les gens se concentrer pour donner un avis sur la ville, rien que la mer rattrapait beaucoup des pirates saouls. Les pirates saouls, parlons-en, tout d'abord, elle ne savait pas ce qu'était un pirate avant d'en voir un -pour information elle reconnut assez vite ce qu'était un pirate-. Certes, la majorité bruyante écrasait cette minorité d'habitants et de voyageurs en transit et s'accoutumer à la vie d'ivresse, de chants ou d'autres déplorables façons de se comporter ne se montrait pas des plus simples, mais quand, depuis la vue de Talya, vous venez de passer d'affreuses nuits, au final, elle voyait tout ça comme une berceuse... une étrange berceuse... mais une berceuse.

Nouvelle question : Pourquoi Ishtar ? Pas par simple curiosité de découvrir la mer, elle se serait contentée de Red Sun Belt, non, la plateforme tournante des échanges maritimes offrait une route directe vers Wystéria, cette île aussi crainte qu'enviée... dans la théorie. Elle savait, elle le sentait que sa destiné ainsi que ses actions futures se joueraient sur ce mystérieux lopin de terre sans grandes explications, comme si, tous ses sens n'avaient comme direction que l'océan qui l'y mènerait, Ifri pointait son doigt là où son monde la guidait. Les pirates ne s'aventuraient que très rarement dans les mers maudites et ceux prêt à l'emmener lui demandaient des sommes exorbitantes sans assurance d'arriver en un seul morceau. Ayant déjà perdu beaucoup lors du voyage, payer autant pour cette incertitude, nullement elle n'accepterait ce genre d'entourloupe.

Trois, elle resta trois jours à Ishtar, se baladant innocemment dans les rues, parmi les marins, à la recherche de quelqu'un qui ne lui demandait pas la lune, passant outre le fait qu'ils se trouvaient tous être plus louches les uns que les autres, elle en entendit des histoires, vraies ou pas, ils les racontaient souvent. Des ragots de monstres tentaculaires à dormir debout, des bestioles auxquelles il fallait penser pour sûr.

Dans tous les cas, elle ne se trouvait pas plus avancé qu'à son arrivée au bout de cette escale, rien, même pas un fou, connu pour faire le voyage sur une vieille barque en sale état, n'exigeant que ton âme en échange de la traversée. « Qu'il en soir ainsi ! » se disait-elle, « Cette mer, je la dompterais si elle me le demande. » s'emballait-elle. Et, à la limite du désespoir, se baladant le long de Red Sun Belt, une aberrante idée lui vînt en tête, plus stupide qu'aberrante : si elle surf sur la pierre, rien ne l'empêchait de le faire sur l'eau avec une pierre. Dans la théorie, ça passait, dans la pratique, l'utilisation de son pouvoir changeait du tout au tout quand il s'agissait de faire virevolter une pierre hors de son habitat naturel : Quand une pierre glisse sur le sol, il est très simple de la diriger, du moment qu'elle touche la terre, tout roule. Quand ladite roche quitte le sol pour se trouver hors de porter physique de la jeune femme, la pratique était cocassement complexe, un peu comme tirer à l'arc sur une cible, avec la certitude qu'elle se trouve en face de vous, mais les yeux fermés. Donc, la roche ne surferait pas sur l'eau, elle volerait en touchant l'eau. Loin d'être stupide, il lui fallait un test, un tir de jauge. Abandonnant son sac au sec, elle fit jaillir une grosse pierre plate du sol, forme parfaite, pas trop lourde.

Un désastre, un véritable désastre qui lui coûta presque la vie si elle n'avait pas bondi hors de sa planche au dernier moment en plus d'implémenter cette nage de chien à son sauvetage in extremis. Les yeux écarquillés pointant le ciel, reprenant son souffle, la fin des vagues caressant ses bottes, elle se rendit compte de la chance qu'elle se trimballait. Cinq mètres, à tout casser, elle n'avait fait que cinq mètres. Inatteignable, se faire à l'idée d'abandonner Wysteria lui traversa l'esprit, n'était-elle tout simplement pas prête ? N'était-ce qu'un message ? Assise sur la plage, ses mains avaient séché tandis que ses cheveux peinaient à faire de même, une vieille feuille à la main, elle écrivait parmi les gouttelettes s'écoulant de ses cheveux.

« Ô ma Eva, celle dont nous avions rêvé, auxquelles nos pensées se tournaient, je l'ai trouvé. Elle est là, lorgnant les voyageurs et bateaux qui osent la fouler. Une dune qui ne s'arrête pas, qui glisse sur elle-même sans relâche, que puis-je ajouter ?... »

Que pouvait-elle ajouter ? Elle ne se confrontait même pas à un échec, juste une impasse. À moins que... Le sol tremblait, imperceptible pour les autres, elle le sentait, au loin le lourd poids d'un monstre frapper le sable de ses lourds pas. Une nouvelle planche de roche, moins belle, moins parfaite la souleva lentement avant de se porter debout. Un dernier coup d'œil à la lettre qu'elle n'aurait sûrement jamais envoyé par manque de force mentale, elle la jeta et glissa à toute vitesse. Elle ne cherchait rien, mais parce que l'histoire en décida autrement, le regard fixait ce qui ne paraissait qu'une très grosse ombre à l'horizon, ignorant ce qui l'entourait, elle faillit s'écraser en s'éjectant de son moyen de locomotion.

Bouche bée, les bras ballants, simple spectatrice de cette scène à la limite de l'absurde. Personne ne pouvait imaginer ce genre de choses.

-Un arbre... un arbre qui marche... et qui porte un bateau.

Gribouillant quelques phrases et dessins farfelus, l'elfe se perdait dans les pages et les traits de fusains qui s'agglutinaient sur le papier. Après quelques croquis, celle qui avait à coeur de s'abandonner dans son carnet se retrouva l'inspiration coupée. Le flot s'était tari et une vague sensation désagréable de platitude l'envahissait. Elle ferma le petit journal en cuir et s'allongea sur le sable, plongeant son regard dans le ciel puis fermant les yeux. C'était à ce moment-là que, perdue dans le vide de ses pensées, elle perçut un tambourinement qui se faisait de plus en plus fort. Son corps posé de tout son long sur le sol recevait les vibrations de secousses à intervalle régulier. Elle se redressa, et aperçu sur le côté un être fait d'écorce se mouvoir sur la plage. Un ent ! Reconnu-t-elle, stupéfaite. Ces créatures étaient très rares mais également très respectés de tout individu se préoccupant du bien-être de la forêt. Certains venaient même en aide à la Garde Zéphyr lors des conflits menaçants trop l'équilibre de Sylfaën. Mais celui là, l'elfe n'en avait jamais vu de tel à l'ouest, peut-être venait-il d'une autre forêt ?

-Coucou ! interpella un petit individu perché sur l'immense arbre vivant. L'archère reconnut une voix familière...Après un instant d'hésitation, elle se rappela d'Arkos, il était tout de même difficile d'oublier un tel énergumène. D'ailleurs il était également difficile de passer outre la structure en bois que portait la créature sylvestre. Quelle scène improbable, pensait la femme qui dut prendre un moment pour comprendre ce qui se passait sous ses yeux. C'était alors qu'un éclair de lucidité fusa dans son esprit : bateau ! Il avait un bateau ! Elle rangea son carnet et se releva promptement avant de se diriger vers le lieu de la mise à flot. Peu importait le degré de bizarrerie des événements, s'il était possible de profiter d'une embarcation, elle n'allait certainement pas laisser passer cette chance.

Arrivant à grande enjambées auprès du rôdeur. L'elfe rencontra également un autre individu qui était une jeune femme éclaboussée par l'amerrissage peu délicat de l'ent. Ce dernier prononça quelques mots à l'attention de l'homme avant de repartir aussi étrangement qu'il était venu.

-Bonjour Arkos, fit l'elfe avant de se tourner vers l'inconnue, enchantée, mon nom est Ehawee, ajouta-t-elle avec un court mouvement de tête solennel, suivi d'une question simple et concise. Vous préparez une expédition maritime ?

Plus la situation avançait, moins le sens lui venait et, finalement, parce que l'envie de comprendre ne lui vînt plus, elle se contenta de rester là, en face de cette masse naturelle en approche. Les genoux sur le sable chaud, les yeux dans ceux de l'arbre, ou ce qui lui semblait être ses yeux. Tandis qu'elle perdait son regard, ses oreilles lui accordaient la compréhension de découvrir la vois typiquement masculine d'un fou sur la proue. Quant à son sixième sens, entre chacun des pas du géant, les formes fines des vibrations d'une silhouette bien plus mince se définissait par son flan.

Depuis quelques temps déjà, elle perdait bien trop pieds mentalement, un tout qui s'enchaînait n'ayant de but que le défi, elle se laissait trop porter par les sentiments. Ce bateau, lui, était une chance à saisir avec humilité dont elle fit jusqu'alors son mot d'ordre. La jeune guerrière ferma les yeux, prise pas autant de folie que le fou de la proue, elle accepta les choques de l'Ent, faisant face, il n'en avait que faire de ce qui ne semblait qu'une simple poussière dans le paysage. Sa jambe la frôla si proche que la rafale qui en suivit l'ébranla de l'intérieur. Toujours vivante, si la pugiliste n'en était pas sûre, la vague provoquée par un jet de bateau lui confirma. Trempée, comme lors de la première tentative, elle se redressa, l'Ent la frôla encore. Sa seule mission n'était donc que de servir de transport à un transport, à cette idée, un rictus amusé la conforta dans la croyance d'un destin quelconque dans les mains de celle qu'elle chérissait.

-Et il parle, évidemment.

Il venait littéralement de jeter la suite de son histoire, le tout restait de l'atteindre désormais. Nager... Non, en fait, malgré la chance de l'improvisation, elle ne savait pas faire -vivre dans le désert n'arrangeait pas ça-. Si elle ne savait pas nager, elle pouvait s'improviser mouette pour un court instant, avec un peu de déjà-vu, d'improvisation et de l'élan. La roche sur laquelle elle fit tout ce parcours lui servirait pour un dernier rodéo. Elle glissa, si vite que la distance qui la séparait de la mer disparut sur le moment. Propulsée avec violence, elle s'envola avec brio, maintenant une position exceptionnelle pour se garder droite. Pourtant, beaucoup l'auront appris ou l'apprendrons : ce qui compte, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.

N'étant pas guerrière divine pour rien, elle atterrit en roulades, d'abord maîtrisées... puis moins maîtrisées, des roulés boulés sur le pont avant d'être stoppée par les rambardes -sûrement pas prévues à cet effet-. De nouveau sur pied, elle n'était pas loin du fou de la proue, un homme comme on en pondait plein à la simple exception de sa rousseur qui ne frappa aucunement la jeune femme, habituée à cette teinture naturelle dans sa tribu.

-Vous prenez les passagers clandestins ?

S'inspirant de ce qu'elle put entendre des pirates, elle espérait qu'il ne s'en trouve pas loin mentalement. À peine eut-elle le temps de sortir quoi que ce soit d'autre qu'une elfe se montra, rien que ça, les courbes fines qu'elle ressentit auparavant se décrivaient enfin sous ses yeux. Talya resta figée sans bouger, tout ce petit monde rassemblé au même endroit, dans ces conditions aussi aléatoires, il fallait dire que cela avait le chic pour la travailler, avec cette envie à la limite de l’irrésistible de lui toucher la pointe des oreilles. En plus de lui donner des envies faire des mouvements légèrement tendancieux, elle se montrait d'une excellente aide pour nommer les visages.

-Talya.

Finit-elle par dire en s'inclinant à son tour. Ne sachant trop quoi répondre à la question qui en suivit, elle se tourna vers ce qui s'apparentait le plus au capitaine du bateau, Arkos ou le fou de la proue. Avant même de faire réellement attention à la réponse du fou, elle se pencha sur le côté du bateau, elle flottait ! Elle flottait sur les mers Dùralasienne pour la première fois de sa vie. Son estomac, lui aussi devait être joyeux, car il commençait à se balancer dans tous les sens, tentant inlassablement de rattraper les vagues qui martelaient tranquillement la coque du navire.

-Ouaip, on va vers Wysteria. Et toi, tu fais quoi ici ? T'es 'achement loin de ta forêt-là, quand même, répondit Arkos à l'attention de l'elfe interloquée. Il était vrai que la plupart des elfes vivaient en Sylfaën, mais tout de même, il n'était pas si rare d'en croiser dans les quatre coins de Dùralas. D'autant plus que l'endroit où l'archère et le rôdeur s'étaient rencontrés n'était ni plus ni moins que l'arène baldorheimoise, se trouvant pour ainsi dire de l'autre côté du monde pour la native de l'ouest. Néanmoins la zéphyrienne n'en dit mot et ne perdit pas de vue son objectif.

-Il se trouve que je cherche également à me rendre sur cette île, admit-elle sans artifice autre qu'un demi sourire.

Confirmant l'idée qu'il n'était qu'il n'était pas très pratique de parler à quelqu'un sur un bateau lorsqu'on est au sol et remarquant Talya rejoindre de façon spectaculaire l'humain, l'elfe décida de monter également afin de poursuivre la conversation. Grimpant difficilement en raison de la mousse glissante recouvrant la coque, Ehawee put tant bien que mal atteindre la rambarde par laquelle elle se hissa jusqu'au pont. La sensation désagréable de bascule qu'elle ressentit dès lors mettra sûrement un petit moment avant de disparaître. La jeune femme quant à elle semblait peut-être avoir moins de chance ?Tandis que l'homme extravagant sortait de quoi prévenir une éventuelle nausée d'un placard s'ouvrant par magie, l'archère ressentit autre chose que le mouvement des vagues. En effet, mettant les éléments bout à bout, tout portait à croire que le bateau était habité par une entité qui en avait le contrôle.

-Ce qu'il y a de magique avec les bateaux maudits c'est que, même toute voile dehors et sans ancre amarrée au sol, il peut choisir de ne pas naviguer s'il en a envie et ... Je me sens très sale. Si vous voulez mériter votre place, va falloir travailler un brin, je ne bouge pas tant que je ne suis pas propre. Aller Hop Hop Hop, pas de resquilleurs avec moi.

-Vous avez entendu ?! s'exclama la femme sur les gardes. En vue de la réponse détendue qu'Arkos formula, l'elfe en déduisit que c'était la spécificité du bateau et qu'il en était ainsi. *De quel maléfice cette construction a été victime ?* s'interrogea-t-elle, toujours un peu perplexe. Un bateau maudit ? Il s'agissait donc d'un démon ? La femme avait lu quelques écrits sur les démons, sans vraiment s'y pencher davantage, elle les savait être des entités différentes que les esprits qu'elle connaissait. Ceux-là, n'avaient, à priori, pas de lien avec le monde spirituel et étaient des créatures magiques, et plus précisément liées à la magie noire. C'était tout ce qu'elle connaissait sur eux comme leurs origines étaient...obscures, tout comme leurs desseins.

*Ils sont dangereux.* pensa-t-elle, avant que Salvator ne s'imbrique dans sa tête.
*Bouuuuuuuh. Pilositééé faciaaaaaale, monosourciiiiiiiil, bouuuuuuuuuh* tenta-t-il vainement.
*Ah...Oui...Très dangereux...* songea Ehawee, la mine blasée. Le ridicule du démon eut au moins servi à balayer ses craintes. *Comment ça je suis ridicule ?!* s'exclama-t-il, outré, en s'incrustant dans la narration pour éprouver son indignation. Haha ! En tout cas, je pense qu'à ce moment-là la zéphyrienne avait bien cerné le caractère plus gênant que menaçant du démon. Donc...Ne prêtez pas trop attention à lui, d'accord ? *Non mais qu'on me change ce narrateur de pacotille qui ne sait même pas voir les VRAIS personnages !!* Enfin bref.

-Avons-nous vraiment le choix ? rétorqua l'elfe pourtant peu envieuse de se taper toute la traversée avec un nuisible dans sa tête.

*Je ne suis PAS un nuisible !!*

-Wystéria ? J'en suis !

Macha-t-elle au bord du rafiot, prise par ce soudain et presque attendu mal de mer expresse. Elle ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, étant donné que le bateau n'était pas un transport qu'elle avait l'habitude de prendre... mais le tout restait similaire au peu de voyage en calèche qu'elle eut fait, principalement sur de courtes distances, parce que marcher lui offrait un plaisir très personnel. La première étape du nouveau monde pour elle semblait être ses bottes, assez inconfortables au début, mais uniquement dû au sable qui s'infiltrait, dans le désert, une fois dans les plaines, leurs utilités n'étaient plus remises en question... bref, tout ça pour dire que Talya semblait très sensible aux moyens de locomotion en général.

Avec un seau comme compagnon d'infortune, elle s'assit en tailleur, le dos contre la rambarde, la tête qui tourne et les papillons dans le... non... une tempête dans le ventre, elle admirait le spectacle d'un elfe, d'un humain et d'un bateau maudit qui jouaient au jeu du chantage. Pour une fois, le fait qu'un tas de planches en coque parle ne... -Hey ! J't'entends. lui parut pas extraordinaire donc. -Moi ? Pas extraordinaire ? Oui, lui pas extraordinaire. Après tout, après un arbre qui parle, des gens qui se transforment en loup ou juste tout simplement vert avec de grandes dents ou les deux à la fois, un simple bateau qui s'énerve pour un rien, elle n'était plus à ça près.

Alors que du côté d'Ehawee, le démon bateau ou Salvator pour les intimes, s'amusait à fracasser le quatrième mur, Talya, elle, venait de comprendre l'utilité d'un seau dans ce genre de moment. À balancer tout ce qu'elle avait dans le ventre, un dernier au revoir à ses rations fraîchement achetées de la veille, saupoudrant le tout d'une fantastique sueur froide. Elle ne pouvait rien retenir et le temps semblait passer aussi désagréablement que lentement. Une fois terminée, elle prit de son sac sa gourde d'eau, se rinça la bouche avant de finir son œuvre d'art avec un joli cracha. Prétendant se sentir mieux, elle se leva, sa tête tournait d'autant plus, mais n'ayant plus grand chose dans le ventre, elle se disait que la nausée passerait vite.

-Nettoyer, je sais faire.

-Saloper aussi, on dirait...

Sans prêter attention à cette insupportable voix qui pouvait vriller le cerveau de la personne la plus stable de Dùralas -J'ai... en plus de couper l'écriture de tout bon narrateur qui se respecte, elle attrapa un balaie dans le placard ouvert rien que pour elle, il devait y avoir de la poussière absolument partout dans le bâtiment en lui-même, en plus du pont crasseux. Mais elle avait l'habitude de ce genre de corvée, plus jeune elle aidait ses parents à balayer le sable et la poussière qui rentrait inlassablement dans leur maison. Elle pouvait supporter de faire -et entendre- tout ça, du moment qu'ils finissaient par atteindre l'île tant convoitée.

-Vous m'aidez ? Ce vieux bateau susceptible ne va pas se nettoyer tout seul.

-Hey ! Je suis pas... oh...

En ouvrant la porte de la cale, cette acre odeur significative d'un abandon complet d'activité lui chatouilla les narines, pas le plus gros des soucis, un peu d'aération, des trappes ouvertes par-ci par-là, un petit coup de balaie pour évacuer la poussière et hop, plus grand chose à faire au final. Alors c'est toute pâle et légèrement tremblante qu'elle se mit au travail, la première étape étant la lumière, la deuxième l'aération. Elle trouva donc quelques vieilles lanternes, évitant de peu de se cogner contre le bas plafond, elle les alluma à l'aide d'humides -mais fonctionnelles- allumettes avant de se rendre compte de l'étendue des dégâts, une atteinte à la propreté.

-On a pas bien prit soin de toi mon pauvre.

-Enfin quelqu'un qui me comprend...

La dénommée Talya se releva bien vite de son dégobillage afin de s'atteler au travail. Ehawee qui avait fixé la scène les bras croisés était un peu inquiète pour elle, mais elle n'osa intervenir. Si elles étaient plus proches, elle lui aurait sans doutes proposer de quoi s'hydrater. Elle se contenta de mettre à son tour la main à la pâte. Comme l'une semblait entamer le ménage dans la cale et l'autre entreprenait une pêche à l'arc, l'elfe décida de s'attaquer à la partie extérieure du navire. Elle déposa ses affaires et attacha ses cheveux avant de jauger l'ampleur de ce qui l'attendait.

Le plus important pour l'heure était qu'il soit fonctionnel. Elle ne s'y connaissait pas des masses en ingénierie maritime -Bah voyons...- mais une vérification de la coque lui paraissait de rigueur. Le bois moisi avait pu se craqueler et s'effriter comme de la paille avec le temps. Etonnamment, toute la structure était intacte, comme protégée par ensorcellement de toute la masse vivante et mousseuse qui l'avait recouverte. Ainsi le démon avait une utilité, finalement, car sans cet enchantement l'engin aurait sûrement disparu depuis longtemps, avalé par la végétation. -Ah ! Enfin on reconnaît ma valeur ? Mieux vaut tard que jamais !

S'approchant du gouvernail, l'archère dégaina un petit couteau et s'accroupit.
-Attends attends attends ! Qu'est-ce que tu fais là ?
-Voyons tu as résisté à des siècles de pourriture, tu ne vas pas avoir peur d'un cure-dent, tout de même ? Rétorqua la femme en grattant la moisissure.
-Qu- ! Bon, très bien, mais n'oublies pas les interstices !

Après avoir fini de racler la mousse, rendant la rotation de la roue de nouveau possible, Ehawee s'occupa des cordages. Là encore, le lichen avait tellement entamer son oeuvre que rien n'était utilisable. Il fallait frotter, frotter et encore frotter pour voir apparaître des noeuds qui n'avaient pas étés déliés depuis un bon bout de temps.
-Tête de noeud, oreilles pointues !
-Qu'est-ce que tu peux être insupportable ! Et en même temps si ridicule...soupira-t-elle en se tenant les tempes, de plus en plus exaspérée par la voix torturant son esprit.
-Je te remercie du compliment !
-Tu n'es pas un démon pour rien, pas vrai ?
-Gnih ! Gnih ! Gnih !

Tentant de faire fi du rire affreux qui résonnait dans sa tête, la zéphyrienne se reconcentra sur le nettoyage. A l'aise en hauteur, elle n'eut pas trop de mal à grimper le mât malgré la végétation. Le tout était de défricher les lierres et autres substances verdâtres petit à petit pour se déblayer un chemin jusqu'au sommet, faisant tomber au passage une multitude de miasme sur le pont.

D'ailleurs, le pont était sûrement la prochaine étape après la vigie et les voiles mais avant ça...Quel spectacle s'offrait à elle ! Les yeux rivés sur l'azur, l'archère pouvait contempler amplement cette étendue bleue depuis ce point de vue. Le vent, calme, berçait quelques vagues qui laissaient entrevoir un horizon de tout les possibles : Wystéria nourrissait en elle un désir certain de découverte et d'exploration. Faire une petite pause tout là-haut avant de s'occuper des voiles semblait être une bonne idée.

Prenant une bonne bouffée d'air iodé, la voilà qui aperçu Arkos revenir arc en poigne. Elle lui fit de grands signes et l'interpella, toute sourire. Avait-il réussi sa prise ?

-... 'Fin bref, c'est comme ça que je suis arrivée là.

-Eh béh ! Sacré histoire !

-Difficile à croire, pas vrai ?

-Oh, tu sais, je suis un bateau qui parle donc les déesses et les dieux, je vois pas pourquoi ça existerait pas. Au final, je vais pas me priver d'avoir une potentielle élue à mon bord, ça fera une bonne anecdote à ressortir en hiver, coincé dans la glace.

Cela faisait quelques temps maintenant qu'elle s'épuisait à secouer le balaie dans tous les coins de la première salle de la cale. Ce bateau était un nid à allergies et de trucs qui rampaient sur le sol quand on bouge ne serait-ce qu'un bol. Talya charriait des quantités peu imaginables de cette saleté qui s'incrustait. La poussière était si épaisse que l'utilisation d'un seau ne pouvait pas se discuter : un gros contenant rempli à moitié, transporté dans tous les coins, affamé de bagatelle, inlassablement nourri par cette petite pelle fatiguée par le temps. Pourtant, même si Salvator reprenait confiance en l'estomac de sa passagère clandestine, elle recommençais à recevoir de mauvaises ondes de la part de son ventre, dans le genre gargouillis dérangeant et relents pas folichon-folichon.

-Salvy, il va me... falloir un autre seau !

Elle se mit à courir, remontant de la cale pour s'écrouler sur la rambarde du -Attend, « Salvy » ? bateau, recommençant à tout balancer. Étant donné qu'elle n'avait déjà plus rien, elle ne lança rien, mais était prise de contractions du ventre incontrôlables. Elle se tordait de façon à mettre sûrement tout le monde assez mal à l'aise, mais elle souffrait beaucoup à ce niveau là. Ce second round, pire que le premier, venait de l'achever dans son entièreté. Quand elle eut finalement terminé pour la deuxième fois, elle leva le pouce en l'air avant de dire à qui voulait l'entendre :

-J'vais bien ! Je pète la forme...

-Ah ouais c'est sûr, t'as vraiment l'air d'être au top là. T'es tellement au top que t'es en train de t’évanouir sur moi. Arkos, tu peux pas mettre ta gamine dans un hamac, qu'elle arrête de me vomir dessus ?

-Non, non, c'est bon, je peux le faire toute seule.

Clairement triste de se sentir aussi mal dans un moment aussi excitant de sa vie. Elle aurait aimé faire plus ample connaissance avec l'elfe et l'humain, mais estomac oblige, il fallait qu'elle fasse au moins une petite pause le temps que tout ce mauvais passage ne s'estompe. L'ironie de cette histoire voulait qu'elle en connaisse mieux sur le navire qui parle que sur ses occupants en eux-mêmes. Elle se dirigea vers la cale -quasiment complètement nettoyée- avec une démarche... spéciale : si une limace avait des jambes, elle marcherait probablement comme Talya le faisait. En descendant difficilement dans le bateau, elle vit ce lit de toile, tenu entre deux poteaux qui maintenaient le bâtiment en place, une dernière ligne droite avant de finalement s'allonger -encore plus difficilement- et contempler les planches supérieures, d'autant plus bercer par le remous des vagues.

-Y a pas à dire, t'es une catastrophe ambulante toi.

-Je fais de mon mieux...

-T'en fais pas va, t'es pas la première à qui ça arrive et sûrement pas la dernière...

Salvator continua de lui parler parce qu'il ne semblait avoir que ça à faire, mais elle ne l'écoutait plus vraiment prise dans son délire presque fiévreux, la jeune guerrière commençait déjà à somnoler dans son hamac.

Les choses avançaient vite à bord de l'étrange navire maudit. A eux trois, l'engin était redevenu utilisable en quelques heures. Arkos était revenu de sa pêche et avait récuré le pont et les rambardes. La jeune femme, quant à elle, avait quasiment remit à neuf toute la cale et ne s'était arrêtée que car son mal de mer lui faisait défaut. Elle s'était tordu de douleur et se reposait désormais dans un hamac, afin de tenter de surmonter les contractions qui torturaient son ventre.

De son côté, Ehawee avait fini de décrasser les cordes et les voiles, du moins maintenant étaient-elles en état de fonctionnement comme la masse végétale les recouvrant était partie. Aussi s'était-elle étonné de voir le rôdeur nettoyer le pont avant-même qu'elle n'eut finit de faire choir la fange des éléments supérieurs du bateau. Pourquoi ne pas s'occuper de cela en dernier ? s'était-elle demandé un instant. -On est d'accord qu'il n'a aucune logique ! L'elfe retrouva le sol et rejoignit Arkos et Baguera. *Tu pourrais avoir un peu de respect pour celui qui t'a sorti de la boue et t'a nettoyé.* répondit-elle télépathiquement au démon. -Ouais, ouais...fit Salvator, comme si cela lui importait peu.

-Très bon travail, adressa l'archère exténuée mais satisfaite au rôdeur. Elle ne put que constater l'étonnante propreté de la structure. Au moins, comme ce bois est magique, il a l'air d'avoir été protégé de pas mal de chose. Finalement, il n'était en mauvais état qu'en surface, finit-elle par dire en conclusion de ses observations. Et, tandis que le démon râlait, il semblait malgré lui satisfait de tout leurs efforts, si bien que, balancé par ses sentiments contraires, il déploya sa voile et osa enfin se détacher du rivage. Le mouvement de balancement octroyé par la mise en route du navire surprit l'elfe qui dut se retenir de ne pas chuter, mais en même temps, tout son corps frémit d'excitation quand elle réalisa que le petit équipage faisait cap sur Wystéria. Contemplant avec curiosité l'engin se déplacer en mer, elle redécouvrit la sensation de fendre l'eau. Salvator grinçait par intermittence -Oui bon je suis vieux, et alors ? Ehawee a bien 188 ans et on lui dit rien ! -et transmettait la moindre vibration induite par le mouvement des vagues aux voyageurs.

-Hm...Il n'y a personne à la barre. Est-ce qu'il se dirige lui-même ? demanda-t-elle au propriétaire du bateau.
-Quoi ? Vous allez m'laissez faire tout le travail ? Je ne suis pas une Wyverne en Commun !

Après avoir écouté la réponse de l'humain, la zéphyrienne entreprit d'aller vérifier quelque chose d'important, quoiqu'en dise la situation du navire. Toute à l'heure, elle n'avait pas osé parler à l'harenienne, mais cette fois-ci, elle se devait de lui venir en aide. Pénétrant à l'intérieur de la cale, elle se pencha sur la silhouette fébrile dans le hamac pour l'examiner. Talya s'était reposée quelques temps maintenant mais une sieste n'allait sûrement pas être suffisante vu les vomissements qui s'étaient emparés d'elle plus tôt. L'elfe se positionna devant une petite table contre le mur puis sortit plusieurs instruments de son sac. Là, elle s'attela au broyage de plusieurs brins d'herbes séchés. Elle écrasa ensuite la mixture dans un mortier avec quelques fleurs cueillies en Sylfaën et un peu d'eau de sa gourde. Le liquide verdâtre ne donnait assurément pas envie, mais était, selon l'archère, un moyen efficace de dissiper les douleurs à l'estomac. Néanmoins, fatiguée comme elle l'était de cette recherche d'équipage et de ce furieux nettoyage, l'herboriste improvisée avait peut-être confondu ses substances médicinales.

-Talya, ceci apaisera votre ventre. Tenez, fit-elle en tendant le gobelet à l'humaine qui était libre d'accepter ou non de boire le breuvage d'une inconnue.




Ehawee a concocté une boisson pour aider Talya à guérir, néanmoins, il se peut qu'elle se soit trompé dans les ingrédients ! Si Talya accepte de boire le breuvage, elle devra lancer son dé.
Sur un CC ou CR : le breuvage contient les bons ingrédients et Talya se sent mieux.
Sur un EC : le breuvage ne contient pas les bons ingrédients et Talya est en proie à des hallucinations !

-Pas obligé de me vouvoyer...

Gloussa-t-elle en attrapant le remède d'Ehawee. Elle le porta lentement -et fébrilement- à ses lèvres avant d'en prendre quelques grandes gorgées.

-Oh, c'est... c'est dég...

Elle secoua la tête avant de fixer l'elfe avec une tête pleine de dégoûts, s'apparentant à une enfant qui gouttait du citron cru pour la première fois. Mais très vite quelque chose venait de disparaître, la douleur au ventre, les nausées. Elle se redressa soudainement en lançant un regard illuminé à l'elfe.

-Je... je sens plus rien. Elle s'extirpa du hamac, ça potion était littéralement magique, elle venait de faire effet en deux temps trois mouvements. C'est comme revivre ! Je... je ?...

Elle porta sa main à sa tête. Quelque chose clochait et sa clochait salement quand elle se rendit compte que le visage d'Ehawee ne ressemblait plus à rien. Ce n'était pas comme une liquéfaction, plus comme un effacement surprise qui la menait à ne plus être là, tout en le restant. Le sol s'affaissa soudainement. Elle cligna des paupières violemment, elle se rendait compte qu'il n'y avait plus rien de plausible dans sa vision, mais la lumière revenait. Il y avait ce chemin pavé d'or, ce rayon qui traversait de sa hauteur le haut d'une échelle. Comme happée, elle s'y attacha pour la gravir. Arrivée en haut, elle était dans le désert, devant sa tribu, devant les murailles en terre cuite.

Le monde paraissait faux, il n'y avait ni son, ni voix, ni chemin pavé d'or, juste elle et son habita. Elle ne pouvait pas bouger, quelque chose lui prenait la tête et briser ses jambes sur place. Pourtant, elle pouvait sentir le vent lui caressait le visage et porter ses cheveux contre son gré. Sans prévenir, son corps s'écroula, comme violemment poussée en avant, elle venait d'être propulsé à un endroit qu'elle connaissait parfaitement, mais ses yeux, ses yeux eux, oh... ils avaient du mal à coller les bouts. Elle entendait encore les cries sur le terrain d'entraînement et les gouttes de sueur couler le long de sa tempe. Sur le côté, dans un coin, il y avait ce bâton, lumineux et surréel. Elle le fixa, durant de longues secondes qui semblaient des heures.

En se relevant, elle était sur la colline, à l'ombre de l'arbre mort qui surplombait son village depuis sa hauteur. Juste, elle et le sable dur sous ses pieds. Puis, en tournant la tête, elle se voyait petite fille, elle courait en rond, décrivant d'étranges dessin derrière elle. En s'approchant, la petite fille s'arrêta dos à elle. Elle posa sa main sur son épaule. En se retournant, la fillette disparut en une myriade d'étincelle flamboyante, la réduisant en une minuscule personne, prête à être frappée d'un énorme marteau de forgeron.

L'espace d'un instant, le monde s'était éteint, uniquement parce qu'elle avait fermé les yeux, mais qu'elle ne voulait plus les rouvrir. La brise continuait de la masser. Finalement, quand la jeune femme daigna regarder, il y avait cette immense bateau, assis sous un arbre florissant au bord d'une crique.

-Elle nous a complètement pété entre les doigts ma parole.

Articula sa grosse bouche pleine de planche. La voix résonnait dans sa tête ne laissant qu'une musique, la faisant de nouveau atterrir sur les lieux où elle se trouvait réellement. Elle était sur le bord, collée à la rambarde, violemment repoussé vers l'arrière, des ombres l'entouraient. Elles la harcelaient de toute part, mais Talya se contentait de les repousser mollement de la main tout en se dirigeant vers la proue, on pouvait le revoir, le fou, il grisonnait et, il disparut pour laisser place à un magnifique paysage arc-en-ciel. Un long, interminable, libérateur sourire se dessina lentement sur son visage, ses pupilles complètement éclaté, elle s'allongea. Il ne restait plus qu'elle et les ombres, des papillons prenant le bord et virevoltant dans tous les coins. Une nuée qui assombrissait le soleil et qui étalait la pugiliste de tout son long, les bras derrière le crâne, perdue dans des pensées qui n'avaient plus grand sens.

-J'me sens... hyyyper bien.

Son dos, comme sur un moelleux cousin, rembourré comme personne n'avait encore aussi bien rembourré un cousin, se détendit complètement.

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'Attaque - Humain' :

L'humaine se redressa faiblement, avant d'accepter de boire le breuvage concocté plus tôt tout en indiquant que le vouvoiement était de trop. Elle prit plusieurs lampées, accompagnées d'une grimace, puis, après quelques secondes seulement, Talya regarda l'elfe comme si elle était magicienne.

-Je... je sens plus rien.
-Oh tu ne devrais peut-être p-
Trop tard, la pugiliste se leva prestement, vraisemblablement revigorée.
-C'est comme revivre ! Je... je ?...L'elfe lui adressa un soupir de soulagement
-C'est vrai ? C'est génial, je suis ravie que cela ait fonctionné ! répondit naïvement l'archère avant d'afficher une expression perplexe. Elle fouilla alors les herbes et autres ingrédients utilisés afin d'examiner une nouvelle fois tout cela. C'est tout de même étrange, il ne devrait pas faire effet aussi rapidement...Penchée comme elle l'était dans ses affaires, elle ne remarqua pas que Talya était sortie de la cale accomplir quelques folies de ses songes. Alors, reprenons depuis le début...De l'écorce de frêne broyée...Des racines de monstre-plantes...Des yeux de fées concassés...-Hein ? Des yeux de fées ? Ce ne sont pas vos amies à vous les elfes ? Je parle de la fleur voyons ! Ah et...Qu-...Quelle est cette poudre ? *Malheur, je ne me souviens plus de tout les ingrédients que m'avaient donné la chamane Kosogaï...*. L'elfe prit quelques poussières sur ses doigts et entreprit de l'identifier, la renifler, l'examiner à la loupe, tester son effritement...*On dirait de...La poudre de pin des baldors ! Mélangé à de l'oeil de fée et cela donne de quoi halluciner pendant quelques temps...Par les esprits !*

Se rendant compte de son erreur, la zéphyrienne déboula sur le pont, la mine inquiète. Elle y retrouva la jeune femme devant le mât qui était de toutes évidences en proie à des illusions. Arkos l'avait rejoint également, confus de l'état de cette dernière.

-Mais qu'est-ce qui lui arrive ?
-Elle nous a totalement pété entre les doigts ma parole.
-Euh...Mauvais ingrédient ?! avoua bêtement l'herboriste coupable. Etant donné que la droguée entreprenait de réaliser on-ne-sait quel fantasme, Arkos et Ehawee tentèrent de la faire revenir dans la cale, là où elle pourra redescendre tranquillement.
-Je suis navrée, il semblerait qu'il y ait eu un... léger problème dans le remède...Expliqua-t-elle la gorge nouée. Rien de grave du moins, à part ces hallucinations, il ne devrait pas y avoir d'effets supplémentaires. Rah ! Si seulement j'avais été moins dispersée ! L'elfe se blâmait elle-même quand la pugiliste leur glissa entre les doigts. L'irrécupérable virevolta jusqu'au pont avant de s'étaler sur le plancher comme elle s'étalait dans la béatitude. Le rôdeur et l'archère conclurent d'un regard que si elle restait allongée ici ce n'était pas plus mal, du moment qu'ils gardaient un oeil sur elle.

-J'me sens... hyyyper bien.
-Ça je veux bien te croire ma- Un bruit sourd retentit, coupant les dires de l'humain.
-Hey, c'est quoi ce bordel ? L'indignation de Salvator était suivi d'un second grondement qui fit légèrement basculé l'embarcation, confirmant les soupçons d'un impact sous-marin.
-On tape contre la coque à babord, une bestiole nous attaque ! alerta le démon. Arkos suivit ses indications et alla voir s'il pouvait discerner quelque chose à la surface tandis qu'Ehawee l'accompagna, son arc toujours prêt à l'emploi.
-Que les esprits soient avec nous, je ne sais pas quand Talya sera rétablie, et les dangers des mers maudites sont insondables. Tu perçois quelque chose ?

Elle caressa la fourrure du bois, parce qu'elle était si douce cette fourrure de bois. Y avait-il de la fourrure sur le bois ? Non, de toute façon elle s'en foutait, elle était complètement déchirée aux herbes hallucinogène. Tout paraissait soudainement si lumineux et coloré, elle voyait des milliers de petites étoiles frétillantes et chantant autour des ombres, interrompu par une secousse qui semblait durer une éternité. Bercée par la répétition plus violente d'une nouvelle secousse, elle se tourna face contre terre parce que... parce qu'elle avait envie.. peut-être. Elle éclata de rire le front collé au plancher. En se stoppant d'un coup, elle profita de la confusion générale des deux autres matelot pour se lever et partir voyager plus loin dans les contrés lointaine de la défonce.

Elle commençait à se balader joyeusement sur le pont principal en dansant lentement -presque gracieusement- tournant sur elle-même, gémissant et chantonnant une petite musique qu'elle eut entendu auparavant dans une taverne du coin, dans Ishtar même. Une chanson de matelots, normalement rythmée d'une tristesse mélancolique d'un amour perdu en mer, sur le dernier bateau pour Wysteria. Peu importe ce qui s'acharnait sur la coque, Talya arrivait à le suivre, pour le faire entendre presque comme des percutions destinées à cette dernière. Finalement, elle sautilla pour se pencher au-dessus de l'eau, prêt de la rambarde, lorgnant les flots troublés d'un mouvement distinctif en dessous. Les vagues résonnaient dans son crâne jusqu'à la sortie de la tête d'une créature.

-Un chevaaaaux !...

S'extasia-t-elle en perdant tout principe de liaison pluriel/singulier. Pour sûr, il y avait la tête d'un cheval qui dépassait de l'eau et qui venait de fixer son regard animal droit dans celui la pugiliste. L'espace d'un court instant, elle croyait l'entendre parlait, mais il ne s'agissait que d'une forte respiration, bloquée de façon irrégulière par l'eau qui le gênait. Il replongea la tête dans l'eau, derrière lui, une longue queue de serpentine, claquant les vagues pour disparaître une nouvelle fois. La jeune femme afficha un nouveau sourire illuminé avant de se contorsionner pour simplement se retourner et commencer à faire habilement une roue, puis deux, puis un changement de direction avant de finir par un incroyable bond pour atterrir sur le pont supérieur. Elle leva les mains en l'air, observant les ombres bien plus clair désormais, elles ressemblaient plus à une elfe et un humain, mais très, très, très colorés, l'humain avait des confettis qui dépassaient de ses poches -ne me demandez pas pourquoi, c'est ce qu'elle voyait-.

-Tadaaaaa ! Cria-t-elle mollement avant de refaire une roue sur la poutre. J'peux faire plein d'aut' trucs si vous voulez.

Il n'y avait pas à dire, même sous hallucinogène violent, elle gardait toujours son incroyable souplesse. Sans compter sur l'intervention d'une nouvelle secousse qui la fit glisser pour retomber durement sur le pont principal. Éclatant de rire une nouvelle fois, elle ne s'arrêtait plus de se tenir les cottes, à côté de petits nains de jardins tout aussi hilares qu'elle. Une petite fête mentale organisée.

-Ehaweeeeeeee ! Elle parlait entre deux rires. Je re-veux de la potion magique ! J'en veux des tonneaux entiers !

En voilà une qui passera tout sauf un lendemain de soirée agréable. Dùralas manquait cruellement d'aspirine et de café pour ce genre d'après trip. Nous pouvons d'ailleurs applaudir notre chère et tendre elfe qui vient de droguer une mineure sous vos yeux ébahis alors qu'ils se faisaient désormais attaquer par les dangers des fonds marins des mers maudites. Clap.

L'équipe LesBrasPasCassés commence le combat

Vitesse de la première équipe : 2869

Equipe LesBrasPasCassés :

Ehawee : 1650
Vitesse : 1105
Dégâts : 1085

Talya : 1155
Vitesse : 768
Dégâts : 721
Bonus : Posture du Kokutsu : Contre une classe magique ou un dragon/dinosaure, la vitesse est multipliée par deux mais les dégâts baissent de 10%.
Malus :

Arkos : 1750
Vitesse : 996
Dégâts : 1008 (+ 26/tours)
Bonus : - CC +25%
- Gardien [insigne royal] : Augmente les dégâts de 26/tour.

Ennemis :

Vitesse cumulée des mechant mouillés : 1500

Kelpi des mers : 1600
Vitesse : 500
Dégâts : 300
Bonus :
Malus :
Butin : 1 écaille de Kelpi (objet de quête)

Élémentaire d'eau 1 : 1500 (+100/tours)
Vitesse : 500
Dégâts : 500
Bonus : Pluie reconstituante : La vie de l'élémentaire d'eau est augmentée de 100 à tous les tours.
Malus :
Butin : 1 fiole d'eau élémentaire.

Élémentaire d'eau 2 : 1500 (+100/tours)
Vitesse : 500
Dégâts : 500
Bonus : Pluie reconstituante : La vie de l'élémentaire d'eau est augmentée de 100 à tous les tours.
Malus :
Butin : 1 fiole d'eau élémentaire.

[Attaque Elementaire d'eau 1]

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'Attaque - Humain' :

Tandis qu'Arkos entreprenait de tirer au clair la situation. L'attention de l'elfe fut arrachée par le fabuleux spectacle d'acrobatie de Talya. Le flot de pensée d'Ehawee fut interrompu net tandis qu'elle fixait la pugiliste faire des pirouettes. Dubitative, elle aurait sans doutes rit de tout ce cirque si seulement elle n'en avait pas été à l'origine et qu'il ne serait pas accidentel.

-Je re-veux de la potion magique ! J'en veux des tonneaux entiers ! La zéphyrienne grimaça, en proie à la culpabilité, et n'osa même pas répondre à la conséquence de son erreur, supputant que toutes réponses de sa part alimenterait le délire de la jeune femme. -Non mais quelle irresponsable ! Rappelée à l'ordre non pas par la remarque de Salvator mais par des bruits inquiétants sur le pont, l'elfe retrouva le rôdeur et analysa rapidement la situation. Visiblement, la menace n'était autre qu'un kelpi des mers ainsi que deux élémentaires d'eau, plutôt vulgaire, de surcroît. Arkos avait semblait-il déjà tâter le terrain avec eux puisque celui qui chevauchait l'équidé avait l'une de ses flèches fichée dans le crâne. La question de leur insensibilité aux objets tangibles venait ainsi d'être vérifiée.

Alors que les trois ennemis s'étaient hissés à bord grâce à un courant matérialisé par hydromancie, Ehawee capta quelque chose. Elle usa de sa faculté à plus ou moins percevoir l'âme de toutes entités et il semblait que celui qui avait été blessé possédait bien moins d'énergie spirituelle que son comparse. Ce dernier usa à nouveau de ses arcanes élémentaires pour amener jusqu'à lui une onde aqueuse. L'elfe fut alors témoins d'un phénomène saisissant : l'humanoïde fut en mesure de réalimenter son énergie grâce au liquide qu'il absorbait, reconstruisant au passage son corps qui s'était en partie décomposé suite à l'attaque de l'humain. La femme sylvestre n'allait cependant pas laisser faire la régénération de l'élémentaire. Elle banda son arc et imbua aussitôt sa flèche de sa propre énergie spirituelle. Le tir lumineux fut projeté à vive allure sur l'hydromancien et son âme ne fut plus en mesure de faire corps. Les particules aqueuses qui lui maintenaient forme se disloquèrent à l'impact du projectile, arrosant au passage la rambarde d'une eau autrefois vivante.

La zéphyrienne esquissa un léger sourire satisfait tandis que son regard défiant se plongea sur les deux autres assaillants.

-Ils sont capables de se reformer, prenez garde, indiqua-t-elle à ses- son allié possédant tout ses esprits, bien qu'elle ne doutait pas de l'issue du combat.

(Achève élémentaire 1)

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'Attaque - Elfe' :

Elle ne pouvait plus respirer, sentant lentement sa respiration se couper, à chaque pause elle tentait de récupérer un peu d'air, presque en vain. Elle en venait à un moment ou sa vision se troublait due au manque d'oxygène. Par accoue, un petit suffoquement lui échappait, pour le mieux. La raison, elle rigolait bien trop. Elle était littéralement en train de mourir de rire, une belle fin pour qui voudra, mais bien triste pour une guerrière de sa trempe. Finalement, elle se calma, lentement mais sûrement, elle reprenait son souffle à travers de longues et intenses inspirations. Talya se retourna sur le dos, admirant le ciel qui varier de bleu à vert, puis de vert à jaune avant de terminer sur une jolie teinte de mauve. Non loin, ces deux partenaires d'infortunes -et se mot n'a jamais eu autant de sens qu'à cet instant précis- s'excitaient dans tous les sens face à une soit disante menace qu'on ne pouvait nullement déceler du côté de la junkie en herbe.

Du calme, ce disait-elle, venez profiter du ciel avec moi, pensait-elle. Si seulement. Son sourire vînt à s'effacer, happée par le l'atmosphère autour d'elle, se voyant voler quelque part au-dessus des flots, loin des problèmes, plus proche que jamais de son destin. Comme une vision, sans aucun doute créée de toute pièce par les effets hallucinogène de la potion, l'espace d'un instant, elle y croyait dur comme fer. Cette silhouette qui la fixait par-dessus de le mât, bien au-delà des voiles. Elle la pointait du doigt et ses courbes lui disaient quelque chose. Devenant plus distincte, elle observa sa bouche s'ouvrir lentement tandis que les mots étaient prêts à s'échapper, un conseil peut-être.

-Hé !

Interrompu au meilleur moment, on venait de l'éclabousser au visage sans aucune forme de retenue. Tournant la tête aux alentours, le... ou la responsable n'était autre qu'une forme humanoïde, faites d'eau et... d'eau. Chacune des deux se considéra longuement, Talya, se redressa, assise, sans lâcher ce qu'il semblait être le visage de son agresseur, puis termina enfin convenablement sur ses pieds. D'un pas léger, elle s'approcha avant de tendre la main sur la supposée joue de la forme. En face, aucune réaction. L'élémentaire flottait étrangement au-dessus du sol, les parties de son corps coulant sur le plancher pour remonter depuis une ligne d'eau jusqu'à son tronc et se reformer. Quand elle se mit à bouger, s'était par mimétisme, pour toucher la joue de la pugiliste. Un sourire échappa à Talya, presque épanouit, la comprenant.

Du moins, c'est ce qu'elle crut. Parce qu'après leur petite rencontre romantique digne du plus beau « la belle et la bête » -choisissez qui est la belle, choisissez qui est la bête-, l'élémentaire vînt à lui cracher dessus -toujours depuis son supposé visage- un flot continu et violent d'eau de mer qui fit d'abord reculer, avant de projeter la guerrière en augmentant la puissance, l'affalant un peu plus loin. Un retournement de situation qui ne plut pas du tout à Raoul Duke... non, Talya qui fronça méchamment les sourcils, s'essuyant le visage. Elle tituba en se relevant, l'élémentaire n'avait pas bougé du pont et aspirait comme une paille depuis son dos une tonne d'eau pour reconstituer ce qu'il venait de jeter.

Pour rattraper la distance, Talya se mit à courir, d'abord vaguement en ligne droite, puis elle tourna -toujours aussi vaguement- vers la gauche quand l'élémentaire se remit à jouer les apprentis disperseur de manifestants. De sa rapidité en découla un bond avec une détente plutôt impressionnante, levant la jambe au-dessus de sa tête dans les air, elle éclata son ennemi en deux depuis le crâne, puis son talon en atterrissant au sol... du moins... elle éclata le sol. Après cela, elle jeta un œil rapide à la flaque d'eau qu'elle venait de laisser derrière, satisfaite, son sourire réapparut, retournant flotter dans ses pensées.

-T'es dans quel camp, toi, au juste ?! Hé ! Je te parle ! Arrête de siffloter, idiote !

La très grosse flaque du pont, commença à se rassembler pour former une boule, une très, très grosse goûte d'eau informe qui, comme on sculpterait la roche, s'affinait avec le temps, redonnant sa forme humanoïde à la chose. L'élémentaire n'avait pas dit son dernier mot.