Ainsi voici ces fameuses arènes, lieu où je pourrais peut-être retrouver Ghorloz, un de mes meilleurs hommes de terrain d'après Elincia. Les lieux sont pour le moins particulier sans pour autant être originaux. Des gradins surprotégés par diverses structures de métal laissant passer les regards, le tout surplombant une arène au milieu de laquelle deux combattants se donnent en spectacle dans des combats sanglants pour le plaisir malsain des spectateurs présents.

Ce serait ici que Ghorloz aurait été vu la dernière fois, donc ici que mon enquête commence. Je ne prête guerre au jeu de l'arène et à son culte de la violence habituellement, mais je n'ai malheureusement pas beaucoup de choix. Ce n'est qu'en temps que gladiateur que je pourrais observer et retracer le chemin parcouru par mon premier lieutenant. Ce fut donc la mort dans l'âme que je m'inscrivais pour le prochain combat, risquant ma vie pour le plaisir du public. Une longue attente s'installait pendant laquelle je m'habituais au maniement de cette vieille épée et de l'armure usée que je portais puis je fus appelé pour aller fouler le sable de l'arène et faire face à mon adversaire. Le faux nom que j'avais décidé d'utiliser, va devoir devenir un nom connu en ces lieux pour que les accès vers mon ancien soldat se débloquent.

Contre toute attente et après une trop courte explication des règles de l'arène, je faisais face à mon premier adversaire. Un adversaire quelque peu curieux et nettement étrange. Il s'agissait d'une version anthropomorphe et guerrière d'un lapin visiblement. Petite créature enarmurée se voulant être plus rapide et agile que puissante. Doté de griffes pouvant occasionner de sérieux dégâts, malgré sa petite taille, cet adversaire ne devrait pas être pris à la légère.

Après un bref salut respectueux, je me mis en position de combat et me préparais a attaquer cette créature qui promettait d'être difficile à toucher. Tenant mon épée en main dans une position défensive, j'observais mon adversaire, en quête d'une ouverture dans sa garde pour y glisser ma lame. Après cette brève analyse du comportement de mon adversaire court sur pattes, je pus voir un endroit qui ne semblait que peu protégé par sa garde. Un coup d'estoc simple juste en dessous du plexus solaire semblait pouvoir percer et j'avançais pour tenter cette attaque de front. Voyons ce que l'instinct d'un vieux général amnésique est capable de faire lors d'un combat contre un ennemi aussi improbable.

Damné soit ce maudit lapin et béni soit celui qui le finira en civet ! Forcément ! Il fallait forcement que cette ouverture soit un piège ! À peine mon coup d'estoc était lancé dans ce qui semblait être une faille, un peu trop, évidente dans son système de défense et voilà que ce maudit Léporidés l'esquive d'un bond pour sauter sur mon épée. Ce satané mangeur de carotte devait avoir des dons dignes d'un animal de cirque, car c'est du haut de mon épée que cet énergumène m'a porté le premier coup du combat. Un magnifique coup de pied en plein visage qui, par chance, c'est avéré nettement moins douloureux que prévu.

Un peu de sang coulant de ma narine et quelque peu sonné par le coup, je reculais d'un pas, mettant ainsi une distance de sécurité entre moi et cette créature montée sur ressorts. Tandis que je m'essuyais le nez de la main ne tenant pas l'épée, je reprenais ma position de combat, regardant avec attention mon adversaire aux longues oreilles et au sourire narquois. J'avais visiblement sous-estimé ce lapin et il semblerait que son arrogance suite à nos premiers échanges en fasse de même à mon égard désormais.

Se jugeant mutuellement en tournant a une certaine distance l'un de l'autre, faisant des ronds de nos pas dans le sable de l'arène, nous attendions tout deux l'ouverture propice, l'erreur de l'autre pour fondre sur notre adversaire. Ce fut après quelques minutes d'observation acérée que notre seconde passe allait commencer. Mon adversaire aux origines d'oryctolagus cuniculus venait de bondir vers moi. Plutôt que de reculer, je me préparais à contrer son attaque d'un simple coup droit. Simple mais toujours mortellement efficace s'il touche, cela devrait bloquer l'élan de son attaque.

L'impact fut violent, mais il le fut pour les deux combattants. Dans son attaque frontale, notre agile adversaire aux longues oreilles avait réussi à toucher le général de ses griffes. Une belle coupure à l'épaule, juste au-dessus de là ou Kavacha pouvait le protéger. Cependant, le plus gros de la violence de l'attaque fut surtout encaissé par l'adversaire de Greil qui ne s'attendait pas un tel coup.

Non seulement son coup d'épée horizontal l'avait touché de plein fouet dans les côtes, mais celui-ci devait avoir fait bien plus mal que prévu, car le mercenaire en tomba un genou à terre avec sans doute une cote fissurée, ou pire, sous l'armure qu'il revêtait. Reculant à quatre pattes sur le sable de l'arène, aussi rapidement qu'il le pouvait pour se mettre à l'abri et se relever. Notre mercenaire Rabclaw ne prenait plus son adversaire à la légère désormais. Un regard sévère et concentrait regardait Greil avec attention. Le Général se remettait en pose de combat, concentré sur son combat et son épée tenue à deux mains. Malgré le sang coulant de son épaule et de son nez, Greil prêtait une grande attention à son adversaire. Il fallait qu'il arrive à percer sa garde et contre-attaque efficacement pour mettre son adversaire hors d'état de nuire rapidement. Il savait qu'il ne pourrait pas encaisser les coups de son adversaire pendant encore plus que quelques rounds avant de devoir se rendre.

L'attente sembla durer une éternité sans que les deux assaillants ne bougent, se jugeant mutuellement et attendant l'ouverture propice pour une attaque. L'attente fut longue, les deux adversaires attendant chacun une erreur, un instant d'inattention de l'autre pour fondre à l'assaut. Ce ne fut qu'après de longues minutes de suspens pendant lesquelles le public se faisait silencieux, observateur, que l'erreur vint et que l'assaut arriva. Un coup chargé de la part des deux concurrents, lequel d'entre eux va faire mouche ?

La charge fut un succès, sans être un coup exceptionnel non plus. Le coup frontal portée par l'épée du général avait touché le mercenaire rabclaw en plein sur le crâne, faisant une belle bosse dans son casque et sonnant sérieusement ce lièvre de malheur qui peinait à retrouver ses repaires sensoriels. Cependant, l'attaque de l'agile lapin avait aussi fait mouche et c'était un magnifique coup de pied en plein dans le plexus solaire qui avait heurté le général, lui coupant nette la respiration.

Ce qu'on pouvait voir fut donc un général à genoux et tentant de reprendre son souffle, essayant de garder ses distances le temps de retrouver sa respiration en pointant son épée maladroitement vers son adversaire. Ce même adversaire n'était pas en reste d'ailleurs, titubant et chancelant pour essayait d'avancer sans tomber tant ses systèmes visuels et auditifs étaient perturbés par le coup l'ayant sonné. Le pauvre lapin n'essayait même pas d'avancer vers Greil, mais juste de tenir debout. À ce stade du combat, il était facile pour les spectateurs de voir à quel point le manque d'air ou de repères peuvent affecter le mouvement d'un être pensant.

Ce fut au bout d'une minute et presque en même temps que nos deux combattants furent de nouveau opérationnels et prêt à combattre. Presque en même temps, car une fois n'est pas coutume, le mercenaire essaya de prendre le Général de vitesse en lui fonçant dessus toutes griffes métalliques dehors. Le général n'eut que le temps de contre-attaquer, plus par réflexe instinctif que volontairement, en un coup de pointe, coup d'estoc particulier dont la lame est guidée plus précisément par la main non-directrice. Si ce coup porte, le Général pourra blesser son agile adversaire dans un des replis de son armure, handicapant très certainement ses futurs mouvements avec cette armure lourde.

L'attaque précipitée du mercenaire Rabclaw avait réussi à toucher Greil en plein visage, mais ayant été déstabilisé, ce ne furent pas ses griffes, mais bel et bien la paume de sa main qui heurta le visage du général, le faisant saigner un peu plus abondamment du nez et le faisant reculer en arrière sous l'impact. Pourquoi, ou par quoi le mercenaire Rabclaw avait été déstabilisé me demanderiez-vous ? Et bien par le coup d'estoc du général tout simplement. Le coup de pointe porté par notre ancien combattant avait fait mouche au-delà de toute espérance. La pointe de l'épée, poussée par la main directrice et guidée dans son trajet par la seconde main, avait percé sous l'armure du mercenaire et touché profondément l'articulation haute de sa jambe ou si vous préférez : le psoa iliaque. Le muscle étant clairement tranché, le mercenaire ne pouvait plus bondir désormais, et même marcher semblait être un véritable défi.

Le général se relevait, se préparant à un éventuel dernier assaut tandis que le mercenaire blessé tentait de se mettre en garde tant bien que mal. Il ne faut pas prendre à la légère un adversaire qui semble presque vaincu. Cela le général l'avait déjà apprit mainte fois à ses dépens. Le mercenaire allait avoir une posture purement défensive et une attaque créant une trop grande ouverture laisserait l'occasion au Rabclaw de contre-attaquer d'une manière pour le moins mortelle.

Greil était donc concentré à son paroxysme, et cela, malgré les différentes douleurs que ce combat avait lui occasionné. Ce dernier coup, cette dernière attaque, pourrait être décisive pour le combat. Marquant, on point final à ce duel ou le prolongeant encore plus et mettant le général encore plus à mal. Le coup devait être réfléchit et Greil devait profiter de l'allonge que son épée lui offre face à son adversaire muni de griffes ? Ce sera donc un coup circulaire, sans doute horizontal et a hauteur des genoux de son adversaire. La chute devrait le mettre K.O. ou au moins l'empêcher de se relever à nouveau avec sa nouvelle blessure. Une fois prêt, le général approcha son adversaire sur ses gardes en lança son attaque.