Contre

Cela faisait maintenant un petit moment que je patientais derrière la grille menant à l’arène. Le précédant combat était terminé et le sol était en train d’être ratissé maintenir une propreté minimale pour les prochains combattants. La grille s’éleva et les combattants entrèrent sur la piste sableuse et caillouteuse. Je savais très bien qui se cachait derrière ce nom lors de mon inscription au championnat, je me souvenais amèrement de gout de la défaite que j’avais subie autrefois. Nous étions amenés à nous croiser régulièrement à Lédéhi et nous avions tout deux ce même goût pour le combat et l’assassinat ce qui faisait de lui bon compagnon et un dangereux meurtrier. La prudence était de mise, je ne devais pas sous-estimer mon adversaire et avoir pleinement confiance en mes capacités car, si je me souvenais bien, c’est ce dernier détail qui avait causé ma perte : Le manque de confiance en soi.

Garràn – Cela faisait un moment, n’est-ce pas Valphégas ! Avant de débuter le combat, je saluais mon compère et adoptais la même pose décontracté à l’image de notre nonchalance incomparable. Il est temps de constater l’étendue de nos progrès depuis notre dernière rencontre entre ces murs.

Nous savions tout deux que chacun se donnera à fond dans ce combat, laissant de côté nos familiarités, prenant les armes et près à les teinter d’une couleur écarlate. Cette fois-ci l’effet de surprise n’allait probablement pas aussi bien marcher puisque nous avions déjà croisé le fer, quoi que … si je me souvenais bien, je n’avais pas eu le temps d’anticiper sa première attaque à la dague, il avait été beaucoup plus vif et efficace que moi lors de sa première percée. J’allais donc lui montrer que moi aussi je suis capable d’ouvrir le bal comme il se doit. Nos regards se croisèrent, ma main se posa sur le manche de ma faux en toute délicatesse, mes genoux se fléchirent et adoptèrent une position de garde rapide sur ses appuis, les ailes déployées démontrant toute leur envergure. Sur ce point, Valph paraissait bien plus intimidant, il ressemblait véritablement à un faucheur empli d’une certaine malice et d’une confiance en soit à toute épreuve.

La manœuvre ne dura pas plus d’une fraction de seconde, une paire d’ailes brassa l’air avec une violence indescriptible envoyant une bourrasque s’abattre dans les tribunes. Je posais mon pied gauche à deux pas précisément de ma cible, appuyant de toutes mes forces sur le sol afin transvaser l’élan accumulé dans la puissance de mon attaque. Je m’étais entraîné comme un fou dans les sous sol de Lédéhi en cherchant à éliminer mon adversaire en une attaque seulement. Je savais pertinemment que ma faible constitution ne permettait pas de faire durer un combat. La faux partant de très loin derrière moi, la force de frappe n’en serait que plus dévastatrice. Nos regards se croisèrent une fois de plus, quelques secondes avant que le coup ne porte. Il semblait surpris, mais pas seulement. C’était un peu grâce à lui que j’avais autant progressé en un an, à l’image d’un rival, mais également en tant que compagnon d’arme au sein de la congrégation. C’était pour ces raisons-là que je devais tout donner dans cette attaque et advienne que pourra si je me berçais d’illusion…