Arhiann venait de terminer un tour de garde en compagnie d’un couple d’elfes, autour du marché d’Endorial. Il n’y avait pas grand danger, mais les uniformes verts trouvaient toujours une querelle de longueur d’étals à régler, ou une accusation de trafic de salades rousses - même si les elfes préféraient généralement les blondes - à tirer au clair. Sa tâche quotidienne terminée, la faune avait profité de se trouver sur place, pour flâner un moment sur le marché, nez au vent, sans but précis. Ce qui n’était pas désagréable, loin de là...

La récréation stoppa pourtant brusquement, lorsque des éclats de voix retentirent non loin de l’hybride. Elle n’était plus en service, mais l’insigne des Zéphyriens restait épinglée sur son vêtement, et même sans cela, elle ne pouvait faire comme si de rien n’était. S’approchant par l’arrière de l’étal d’où provenaient ces échos, elle découvrit un marchand humain, brandissant un objet roux avec force gesticulations. D’où elle se trouvait, elle ne voyait pas à qui il s’adressait, mais elle put entendre très clairement ses dernières paroles :
« Bien sûr, que c’est un renard ordinaire ! Je suis un commerçant honnête, moi, je ne veux pas d’ennuis avec la garde Zéphyr, pensez donc, je ne suis pas fou ! Osez donc m’accuser encore, et je les appelle, vous verrez bien. »
La fille de Magnésie profita de l’aubaine pour s’immiscer, sourire aux lèvres.
« Que se passe-t-il ici ? Auriez-vous besoin d’un arbitrage ? »

Les yeux du vendeur s’agrandirent, et il se troubla un instant à la vue de son insigne verte, avant de retrouver sa contenance. Elle voyait maintenant qu’il proposait toute une gamme de peaux d’animaux, certainement collectées auprès de différents trappeurs, et faisait face à un mouss’queterre fort bien habillé qui examinait calmement la marchandise.
« Ce n’est rien, ce n’est rien, voyons, inutile de vous déranger. Vous savez, le commerce, c’est mon métier, et ma passion, alors, je m’emporte un peu parfois, mais il n’y a pas de problème, nous discutions seulement de ce que je proposais, »
renchérit l’homme sans laisser à son distingué client le loisir d’en placer une. Il fallut que la zéphyrienne lève une main pour l’arrêter et, sans quitter son air confiant, qu’elle donne expressément la parole au rongeur pour entendre un autre son de cloche.

« Ce n’est peut-être rien, mais vous parliez d’appeler la garde Zéphyr. Je suis là, alors, j’aimerais maintenant entendre le point de vue de monsieur, pour avoir la confirmation qu’en effet, tout est comme vous le dites, naturellement. »
D’un signe, le mouss’queterre la salua, à moins que ce ne soit un remerciement pour lui avoir permis de s’exprimer. La voix haut perchée du petit être expliqua, avec un léger accent :
« Je demandais seulement à cet homme de quelle manière il reconnaissait une peau de renard ordinaire, de celle d’un renard à neuf queues. Je suis bien certain que les habitants d’Endorial n’oseraient pas se livrer à un tel commerce, mais ils pourraient être abusés par d’autres personnes moins scrupuleuses… Je n’avais aucune intention d’offenser messire, mais sans doute me suis-je mal exprimé. »
Arhiann soupira discrètement. S’agissait-il vraiment d’un banal quiproquo, ou y avait-il limace sous salade (anguille sous roche) ?

Face au commerçant qui s'apprêtait à répliquer, Arhiann leva les mains.
"  Allons, inutile de s'énerver, vous voyez bien que monsieur ne faisait que se renseigner... Et sa question était d'ailleurs très pertinente. Je ne saurais pas, moi-même, faire la différence entre ces deux types de peaux de renards. Accepteriez-vous de m'éclairer ? Cette information pourrait m'être utile à l'avenir. Certains collègues me renseigneraient certainement, mais puisque vous vous apprêtiez à donner des explication à ce monsieur, je serais ravie d'en profiter également. "

Quasiment pris au piège, l'humain roula des yeux d'un côté et de l'autre, regarda successivement le mouss'queterre puis la faune, en évitant soigneusement leurs prunelles, le tout en se balançant nerveusement d'un  pied sur l'autre. Cherchait-il à cacher quelque chose, ou craignait-il des représailles s'il parlait ? La fille de Magnésie ne parvenait pas à le déterminer.
" Le renard à neuf queues est bien plus gros que le renard roux ordinaire, mais je suppose que je ne vous apprends rien. "
commença-t-il, le ton bien moins enflammé qu'auparavant. Les deux autres acquiescèrent, et le rongeur renchérit :
" Un jeune renard à neuf queues pourrait cependant être de la même taille qu'un renard roux adulte... "
"  Très juste, et votre silence ne va pas encourager la clientèle. Vous ne voudriez pas que l'on boude votre étal, et que cela vous oblige à le réduire ? "
Ce disant, l'ensorceleuse avait tapoté la planche de bois avec l'extrémité de son arme, et s'était concentrée sur les arcanes de la non matière. (jet de dé) Malgré toute son attention tournée vers l'éther qui entourait ses chères étoiles, rien ne se passa pourtant...

Ne perdant pas contenance, l'hybride se redressa, et se tint bien droite, bâton en main, symbole vert des sylvestres clairement visible. Le malaise de l'humain sembla augmenter encore. Il hésita un instant de plus, mais sembla finalement céder au pouvoir de l'insigne zéphyrienne, alliée à l'allure inflexible que s'efforçait de se donner la blonde. Retournant la peau qu'il tenait toujours en main, il en présenta la partie arrière à ses interlocuteurs, et leur expliqua à voix basse :
" La seule manière certaine de les différencier, c'est en regardant du côté de la queue... Même si elle est enlevée, il y a forcément une trace de son attache. Là, vous voyez bien qu'il n'y en a qu'une seule. De mauvais contrebandiers pourraient trancher les huit autres, mais un examen attentif montrerait des traces de cette opération. Ceux qui sont un peu plus malins se contentent d'enlever toute cette partie de la peau... "
continua l'homme en leur montrant la zone où la queue rejoignait le reste du corps.
" Dans ce cas, il n'y a plus de preuve... mais personne ne ferait cela s'il n'y avait pas quelque chose à cacher, si vous voyez ce que je veux dire. Maintenant, je vous ai dit ça, mais j'aimerais mieux pas que ça se sache que ça vient de moi. Y'en a qui risquent de pas aimer, et je tiens pas à avoir des ennuis... "

" Les Zéphyriens sauront veiller à ce que cela n'arrive pas, soyez-en certain. "
" Sauf votre respect, m'dame, les vôtres ne sont pas partout, et des fois, le remède est pire que le mal... Déjà, c'est pas très bon pour moi, qu'on me voie parler aussi longtemps à une garde... "
" Eh bien, je verrai avec mes collègues, et ils jugeront s'il est nécessaire de vous faire accompagner. Ils savent se faire plus discrets que le renard, ne craignez rien. Dites-moi plutôt combien vous demandez pour cette peau, "
reprit Arhiann en cherchant une manière de justifier cette conversation pour d'éventuels yeux invisibles qui surveilleraient le marchand. Elle glissa la somme demandée, arrondie à la décade supérieure, dans la main de ce dernier. Puis, la peau sous le bras, elle s'éloigna de l'humain, suivie par le mouss'queterre qui souhaitait manifestement poursuivre la conversation. Bien disposée envers cette espèce dont elle connaissait un représentant fort sympathique, et reconnaissante du problème qu'avait soulevé celui-ci, elle avança doucement pour rester à sa hauteur.

[je donne 30 PO - j'ai supposé qu'une peau de renard valait à peu près comme une peau de sanglier]

Le membre 'Arhiann' a effectué l'action suivante : Actions

---

'Attaque - Hybride' :

" C'était une question bien intéressante que vous avez posée à ce marchand, "
commença la faune,
" je vous en remercie, elle m'a permis d'apprendre quelque chose de nouveau, qui pourrait se montrer important dans le futur... pour autant que cet humain nous aie dit la vérité. "
" Mais, je vous en prie. C'était bien aimable à vous d'intervenir. Nous autres, qui ne sommes pas à la même hauteur que vous, avons parfois du mal à être pris au sérieux. Mais je pense qu'il nous a dit la vérité. Ou alors, son histoire était vraiment bien montée ! "
Arhiann hocha la tête pour montrer son approbation. Il restait possible que le commerçant leur ait joué la comédie, mais ses explications avaient tout de même semblé réalistes, de même que sa crainte de représailles.

" Il semblerait que cela soit donc bien une peau de renard ordinaire... pas de traces de plus d'une queue. En auriez-vous l'usage ? Nous avons tous les artisans qu'il faut pour la transformer en ce que vous voudrez. J'aimerais vous remercier de cette manière, pour avoir attiré l'attention de la garde Zéphyr sur cette distinction fondamentale. "
" Voyons, fille de Magnésie, ce n'est absolument pas nécessaire... Que voulez-vous, le sort des espèces protégées est cher à mon cœur, savoir que vous reconnaîtrez plus facilement un braconnier si vous veniez à en croiser un, me suffit comme récompense. "
" Permettez-moi d'insister. Vous pourrez garder cette peau en souvenir de notre rencontre... "

Le mouss'queterre eut un petit rire haut perché.
" Eh bien, je ne voudrais pas vous offenser en maintenant mon refus dans ces conditions. Cela devrait pouvoir faire une belle cape... oh, et avec une attache de cuivre, pour rester dans le ton... et une topaze, oui, ce serait parfait, vraiment, totalement parfait. "
A l'évocation de la pierre précieuse, les yeux noirs du rongeur semblèrent briller plus vivement. Trop heureuse de rendre service, Arhiann l'orienta vers le joaillier avec qui elle avait déjà collaboré pour les parties d'ornementations métalliques de ses armes sculptées.
" Je connais un artisan, tout près d'ici, qui réalise de magnifiques objets. Je suis certaine qu'il pourra créer quelque chose qui vous conviendrait. Voulez-vous que je vous montre sa boutique ?"

Accompagnée du bretteur de petite taille, la fille bélier se rendit donc jusqu'à l'échoppe de l'elfe qui travaillait si finement le métal. Elle put constater de nouveau, que la topaze semblait fasciner le petit être à fourrure, et le joaillier dut s'en rendre compte également, car il proposa une attache qui mettrait tout particulièrement en valeur les faces ambrées de la pierre. Un accord fut vite conclu, à la grande satisfaction des deux parties. La faune dut encore insister pour payer la somme due, puisqu'il ne lui semblait pas correct que son cadeau entraîne des dépenses pour le mouss'queterre, et qu'elle estimait lui devoir beaucoup après qu'il lui ait ainsi ouvert les yeux sur les possibles pratiques hors-la-loi. Mais elle se montra décidée, et finalement, ce fut bien elle qui rétribua l'elfe joaillier pour ses matériaux et son travail. Le rongeur n'aurait qu'à repasser le surlendemain, et il aurait sa cape ornée d'une ferrure de cuivre, où brillerait une topaze en symbole de la reconnaissance d'une jeune recrue des zéphyriens.


[don de 170 PO, pour matériau de cuivre + topaze + boulot - et pour faire un compte rond avec le don précédent]

Tout les critères ont été respectés, à savoir :
- le côté amical du PNJ
- l'attirance pour les topazes
- l'intérêt pour les espèces protégées.

Indice de confiance : 10/10

Tu perds 200 PO et gagne 10 points de faction.